5ème jour de chimio/7.
Aujourd’hui c’était youpitralala et j’ai eu du mal à suivre le rythme sex and rock and roll imposé par mon leucémique.Le sang d’un autre ça le booste, c’est fou.
Là c'était la partie sex !
Z'avez vu, j'ai mis ma toque en dégageant les oreilles pour varier les plaisirs !
Continuez à donner votre sang, ceux qui donnent leur sang… je précise que mon Choupinou est Médaille d’Or des donneurs de sang !!! ça se trouve c’est son sang qu’on lui remet dedans !!!
Donc, au programme, nous avons discuté à bâtons de chaises rompus (en fait, je ne sais jamais si ce sont les chaises ou les bâtons qui sont rompus…), nous avons discuté en direct live sur MSN avec Anne-Soiz (l’apprentie LDP qui était membre du jury avec moi au Festival de Paris Cinéma Capitale Tour Eiffel), puis nous avons fait une partie de Composio (l’est passé à la décontamineuse le composio… sauf certains éléments alors on doit tout se souvenir dans notre tête, les mots, les scores tout ça). On n’a fait que quatre manches mais quand même. Ça vaut. J’ai retrouvé mon Jules tel que je le connais car il était fin vénér de perdre. Moi j’étais MDR, mais ça l’a gavé et du coup il a jeté le composio dans les toilettes et il a tiré la chasse.
J'avais fait une photo de quand il fait la tête parce qu'il perd... et hop, elle a disparu pendant le voyage.
D'ailleurs à ce propos, je crois bien que je me suis fait flasher. J'ai du mal à me traîner à 90 à l'heure.
Bon alors, du coup, je vous mets une photo au hasard.
Ensuite, je lui ai fait la lecture. Il aime bien. T’façon, apparemment, il sait plus lire. En tout cas, il n'y arrive plus.
Ah oui ? Les scores :
Hémoglobine : 7.7, cte honte !
Plaquettes : 30 000, minable,
Globules blancs : 770…
Autrement dit, c’est pas le quart d’heure que je lui ramène une cochonnerie de l’extérieur. Lundi je vais aller voir mon bibtou pour savoir s’il n’y a pas des « protocoles » à mettre en place pour être blindée contre les intempéries. Je me vois mal être obligée de ne pas pouvoir aller à l’hôpital…
En tout cas, je suis de plus en plus aimable avec mon dissemblable. Dès que je me pointe dans un lieu où il y a du monde je m’emballe dans mon écharpe. Y’a plus que mes yeux qui dépassent. Et quand je prends l’ascenseur pour monter voir mon chéri au septième ciel, rebelote et dix de der, je me r’emmitouffle. Vous avez remarqué, ou c’est moi ? que quand quelqu’un entre dans un ascenseur, il pouffe, soupire, halète et vous balance son haleine de phoque ou de poney (ça dépend de l’heure du jour) contaminée. Et quand on culmine à 1 m 60, on se prend toutes les effluves des gros pourris de la caisse. Chier.
Bon, donc je disais, j’ai lu. Déjà avant qu’il soit tout malade, Hervé aimait bien que je lise tout haut. Et là, j’ai reçu aujourd’hui même le roman de David S. Khara : Le Projet Bleiberg, avec une dédicace à l’intérieur très belle, forte et touchante comme il sait faire et qui dit entre autre, et Hervé et moi avons adoré l’expression, que …
« la vie est un sport de combat ».
C’est beau non ?
J’avais déjà lu et très apprécié le premier roman de David « Les vestiges de l’aube », gagné de haute lutte grâce à la Reine des Pintades (celle qui m'a fait découvrir en vrai le Mojito sans sel)… Et là, j’avoue que nous sommes déjà complètement emportés par l’histoire… Dès le premier chapitre on est piégé. Celui qu’on pensait être le héros d… chut, je ne dis rien. C’est une sorte de thriller sur fond de nazisme qui entremêle le passé de 1942 et le présent. C’est passionnant dès la première page. Lectrices compulsives qui passez par là, et j’en connais, précipitez vous sur ce livre !
Je ne sais combien de temps je vais mettre à le lire car comme il a été décontaminé, il ne peut donc plus sortir de la chambre stérile, et là, Hervé a tenu trois chapitres. Donc, j’en lirai un peu tous les jours je pense…
Le Grand Manitou du Service est passé aujourd’hui. Il a dit gentiment à Hervé : « il faut vous faire à cette idée, pendant les six prochains mois, vous êtes malade ! ». En fait, il n’y aurait pas deux… mais TROIS « cures » d’un mois à faire en chambre stérile.
S'ils croient qu’ils vont nous décourager en nous apprenant les mauvaises nouvelles au compte goutte, ils ne savent pas à qui ils ont affaire.
Et puis l’interne Caroline est passée aussi. C’est la préférée d’Hervé. C’est celle qui lui a défoncé le buffet pour le myélogramme (relisez vos notes, ça veut dire ponction de moelle) et j’ai l’impression que ça crée des liens ces trucs là.
Demain, je travaille… mais je vais à l’hôpital quand même.