Voilà, aujourd'hui c'est notre anniversaire de mariage comme le titre l'indique. Il paraît que pour faire son deuil, il faut avoir passé tous les anniversaires, fêtes, bar mitzvah une première fois... Je ne crois pas trop à cette coutume, à cette croyance, ce rite ou je ne sais. Enfin, ça ne me "parle" pas du tout. Aujourd'hui, je ne suis ni plus triste ni moins triste qu'hier. Au contraire je dirai même peut-être un chouya moins triste... car hier, j'ai retrouvé dans le portable de Mouche (que je continue à recharger... c'est d'ailleurs incroyable comme ces machins se déchargent même quand on s'en sert pas) tous les sms qu'on avait échangés et que j'avais perdus lorsque mon portable a fait sa dernière chute mortelle et définitive la semaine dernière. J'en ai profité, ce que je n'avais jamais fait jusque là, pour lire les sms que Mouche échangeait avec d'autres personnes que moi. Et j'ai pleuré des heures, surtout quand il disait fin mai : "j'ai eu peur cette fois mais je vais m'en sortir". De toute façon, je pleure énormément ces temps-ci. Plus qu'il y a quelques semaines il me semble. Il faut dire que dans la vie professionnelle je suis entourée de personnes ("t'es tombé sur un véritable nid !" m'a dit Carole, et c'est vrai) qui ne sont pas correctes avec moi, qui ne l'ont jamais été, sitôt que Mouche n'a plus été là. Et pourtant elles le connaissaient mais ont toujours fait comme s'il n'avait jamais existé. C'était choquant... seulement au début. J'ai vite compris à qui j'avais à faire. Je pense vous l'avoir déjà dit, mon "veuvage" ne m'autorise en rien à exiger quoi que ce soit de qui que ce soit, ni même un comportement plus délicat... et ces personnes, 3 hommes qui ne pourront même pas se reconnaître car ils ne connaissent pas l'existence de ce blog, l'ont bien démontré. Je n'ai reçu d'eux aucune compassion, aucune indulgence et surtout aucun respect. Je parle de respect parce que justement hier j'ai reçu un gentil mail d'une personne (une fille évidemment, Catherine G.) qui se terminait par "respectueusement" et je me demandais pourquoi. Pourquoi respectueusement ? Et j'ai compris ce qui me choquait le plus dans le comportement de ces trois mecs : leur manque total de respect envers moi, si pas envers moi (car il est évident que je ne leur inspire que du mépris) au moins envers mon chagrin ! Lorsque Bibi est allé voir l'un d'eux et lui a dit : "essaie d'être un peu plus correct avec Pascale !", il lui a répondu "moi aussi j'ai des problèmes de famille"... Et Bibi lui a dit : "tu viens de perdre ta femme ?" Il a juste eu paraît-il un petit mouvement d'interrogation. Evidemment, je ne souhaite ça à personne même si forcément ça arrive un jour ou l'autre, mais bon... vous comprenez.
Voilà, je pleure, je pleure. L'absence irréparable, irremplaçable de Mouche. En ce qui concerne notre anniversaire de mariage, ça ne change rien. Mouche n'était pas très au fait des anniversaires. Chaque année, il devait calculer sur ses doigts (enfin, il n'avait plus assez de doigts) pour savoir combien de temps ça faisait... et même pour se souvenir de l'année. ça me faisait rire évidemment. Je faisais celle que ça choquait, je m'en fichais aussi éperdument. D'autant que se marier un 1er novembre par un si beau temps, comme aujourd'hui, entourés seulement de 7 personnes n'était pas vraiment traditionnel. Cette année je ne vous mets que la photo de mes jambes de ce jour là qui en font baver plus d'une...
Mouche se fichait des anniversaires, du sien surtout. Quant à la Saint Valentin... jamais il ne me l'a souhaitée. Sauf une fois, en 2005, je rentrais, la tête dans les étoiles de mon premier festival d'Annonay où j'avais été membre du jury et il m'avait invitée au restaurant. C'était un hasard que ça tombe un 14 février. En rentrant à la maison, j'avais découvert l'affiche qu'il avait accrochée :
"MAISON GARANTIE SANS STAR DE CINEMA".
Il est drôle ma Mouche. Etait, j'ai parfois encore du mal avec ma concordance...
Vous ai-je déjà dit qu'il ne connaissait pas son âge ??? ça doit paraît aberrant mais c'était pourtant la réalité. A quatre ou cinq ans près (en moins bien sûr) il ne pouvait pas le dire sans calculer. Il était d'ailleurs tout étonné de découvrir qu'il avait dépassé la cinquantaine. Enfin si peu et si peu de temps... Et il se plaisait toujours à me répéter que j'étais plus vieille que lui. En tout cas, il me gâtait à mon anniversaire (pourtant je n'aime pas trop qu'on fête le fait de vieillir...) et à Noël aussi. Il aimait faire des cadeaux. En dehors des dates surtout. Mes fleurs préférées sont les chrysanthèmes, pas celles en pot, celles coupées. Chaque année, fin octobre/début novembre j'avais mon bouquet de chrysanthèmes jaunes. Il faut absolument que je m'achète un bouquet de chrysanthèmes jaunes. Vous savez pourquoi la chrysanthème est la fleur de la Toussaint ? Simplement parce que c'est la fleur de saison. Enfin, c'est ce que j'ai entendu dans le poste.
Mais le deuil, c'est quoi au fait ? Je déteste le mot, et l'idée je ne vois pas bien à quoi elle correspond. A la période où on est triste comme un chien perdu ? En tout cas, Bibi encore, m'a dit qu'il avait vu une émission où l'on parlait du deuil, c'est tendance ces jours ci. Bientôt ce sera Noël ! Bref, il y a des étapes dans le deuil, je veux bien le croire mais je ne parlerais pas d'étapes mais plutôt de vagues car le mieux être succède au mal être qui revient pas flux. Récemment ça allait plus mal qu'aujourd'hui par exemple. Le matin je me réveille comme face à un mur : sans projet, sans avenir, sans Mouche. La journée se passe, je vis. Et le lendemain je me retrouve devant ce mur à déconstruire. C'est une sensation tout à fait nouvelle, que j'ai découverte à la mort de Mouche. Je suis très occupée. Les journées sont trop courtes comme elles l'ont toujours été. Je ne connais JAMAIS l'ennui. Mais je ne m'occupe pas pour m'étourdir et oublier, je suis occupée car j'ai plein de choses à faire. Je ne choisis pas de ne pas être effondrée au fond de mon lit même si certains matins, me lever est plus difficile et paraît plus vain et inutile que d'autres. Je ne pense pas être plus forte que d'autres qui sombrent dans le chagrin et la dépression. Le fait est que je ne suis pas dépressive mais que je ne choisis pas ma façon de sur-vivre. Mais cette sensation d'être devant ce mur, devant cette fin, devant cette page qui pèse une tonne et qui ne se tourne pas, comme si je vivais une transition en attendant ma propre mort est désagréable.
Hier j'ai reçu la photo de Mouche que j'ai décidé de changer. J'en ai choisi une plus réaliste, plus récente (c'était chez Carole, le 23 mai 2013) et nous y sommes tous les deux. Et c'était souvent que je le prenais comme ça dans mes bras. C'était naturel. Et il aimait ça. Que je le colle. Que je lui demande comment il va, s'il avait pris ses médicaments. Je crois que pas UN JOUR ne s'est passé sans que je lui prépare ses médicaments. Je réalise à quel point il se soignait pour moi. Toute cette souffrance ! Certes les traitements lui ont permis de survivre 3 ans et demi mais lui ont détruit l'organisme. Que choisir : fusillé ou pendu ??? Heureusement malgré ses souffrances, il était fort au point que nous avons quand même pu vivre ces trois années en faisant grandir notre amour. Immortel désormais. J'ai mis la photo près de l'olivier qu'il m'avait offert et que nous aimions tant. C'est mon arbre préféré. Oui, j'ai un arbre préféré, pas vous ? Je trouve que c'est beaucoup plus agréable que nous soyons tous les deux à cet endroit parce que l'un sans l'autre, ça rend l'amputation trop visible et encore plus douloureuse.
Même si cette photo c'est bien lui, et que forcément c'est moi qui le fais sourire, tel que je l'ai connu si longtemps, prodigieusement beau. Et c'était l'été juste avant que la pute se déclare. Voilà comment une maladie peut faire changer les gens. Mais son sourire lumineux n'a jamais bougé.
Je me demande ce que ça fait aux gens de me voir sans lui à présent. Il y a des gens qu'on ne peut imaginer l'un sans l'autre non ? Je me souviens qu'à une époque nous allions au même salon de coiffure. Quand j'y allais seule, une coiffeuse m'avait dit une fois : "ben, il est où votre binôme ?" J'adore cette idée qu'on nous associe à ce point !
Mon Dada est venue passer quelques jours la semaine dernière. Elle était pourtant déjà venue en juillet et aussi en juin... mais il faisait beau, nous étions dehors, nous avions fait une œuvre d'art. Et ça ne m'avait pas choquée qu'on soit là, toutes les deux, sans lui. La première oeuvre, c'était le 5 mars, la dernière fois qu'elle a vue Mouche. En rentrant chez elle, elle avait dit à sa meuf qu'elle trouvait Mouche pas bien en forme...
La deuxième œuvre, nous l'avons réalisée en juillet :
Je crois que c'est après que j'ai eu ma frénésie de travaux. J'ai réalisé que je savais quoi faire de mes dix doigts. Ah oui, il faut absolument que je vous fasse admirer le résultat.
Et puis, cette fois, on s'est retrouvé toutes les deux le Dada et moi, à la maison, à manger rien qu'à deux, puis à jouer à deux au Composio... (jeu que je vous recommande particulièrement) ça m'a bouleversée. Nous avons tellement partagé de repas ensemble concoctés par Mouche évidemment et joué à des jeux... Ce sont ce genre d'événements qui me font réaliser que plus jamais les choses ne seront comme avant. J'adore les jeux de société. Je ne pouvais jouer qu'avec Mouche et/ou le Dada. Mouche n'est plus là et le Dada est loin. Voilà, ce genre de petits détails qui font mal.
Et puis Anaël, le ptit rigolo qui se marre tout le temps a eu 1 an le 25 octobre et Mouche avait dit en le prenant dans ses bras, l'une des rares fois où il a pu le prendre dans ses bras : "je ne le verrai pas grandir ce petit bonhomme"... Il avait raison.
Admirez Dark Vador qui me fait rigoler et la sorcière qui fait même pas peur !
Avant d'aller rencontrer cette andouille de Leatherface, je suis allée sur la Place Stanislas qui pour la 21ème fois s'embellissait d'un Jardin Ephémère, cette année dédié à la Guerre 14 à "travers une série de 16 scènes végétales, évoquant chacune un aspect particulier du conflit : le feu, la tranchée, le gris, l'uniforme, la sphère ou encore le chaos..." et c'est bien beau. Mais évidemment ça attire beaucoup de monde et les terrasses étaient pleines... Les autres années, nous nous y rendions Mouche et moi, il aimait cette place.
Et comme il y avait trop de monde, j'y suis retournée à la nuit tombée, et c'était bien joli.