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Cinéma - Page 187

  • GANGSTER SQUAD de Ruben Fleisher ***

    Gangster Squad : affiche

    En 1949, la Cité des Anges est aux mains de Michey Cohen. Ce parrain colérique et violent, ex champion de boxe, règne sur la drogue, la prostitution, les armes et cherche à étendre son pouvoir jusqu'à Chicago. La corruption de la police, de la justice et des politiques permet au mafieux de ne rencontrer aucun obstacle dans ses différents business. La ville est gangrénée jusqu'à l'os quand enfin arrive un chef de Police honnête. Il propose au Sergent John O'Hara de former une équipe qui sera chargée de mettre un terme aux affaires illégales du parrain. Par contre cette brigade n'aura aucune existence officielle et les hommes agiront sans leur insigne de policier.

    O'Hara s'entoure donc de cinq hommes parmi les plus courageux, endurcis par les années de guerre encore récentes.

    Enfin un film de cinéma ! Que c'est bon de parfois se vautrer dans son fauteuil pour voir un film certes déjà vu avec hommages à l'appui (un brin de L.A. Confidential par ci, un soupçon d'Incorruptibles par là) mais qui procure un plaisir fou sans prise de tête ni envie de se pendre en sortant de la salle. Une histoire bien racontée, de belles images, un casting rutilant, du glamour, des boîtes et des restaurants chics même s'ils accueillent les pires crapules qui soient, de la musique d'époque, de la violence (inutile), des ralentis pour accentuer la droiture inaltérable des protagonistes et les mettre en valeur... Bref du cinéma comme j'aime.

    Sean Penn en fait des tonnes, mais j'aime que les acteurs en fassent des tonnes parfois. Et puis les incorruptibles portent le borsalino à ravir. Josh Brolin pas mal du tout. Ryan Gosling même s'il doit empester le vieux cendrier est le roi de la coolitude absolue, de l'élégance et de la galanterie avec les dames. Et Emma Stone est magnifique.

    Un vrai kiff je vous dis !

  • SHADOW DANCER de James Marsh**

    Shadow Dancer : affiche

    Synopsis : Colette McVeigh vit à Belfast avec sa mère, ses frères et son fils. Elle est une fervente activiste de l'IRA. Elle est arrêtée suite à un attentat manqué à Londres, et Mac agent du MI5 lui offre le choix : passer 25 années en prison ou espionner sa propre famille. Pour protéger son fils, elle accepte de faire confiance à Mac et retourne parmi les siens. Mais quand une opération secrète menée par ses frères est déjouée, les soupçons se multiplient et les actions de Collette vont les mettre, elle et sa famille, en grand danger.

    Un petit air de déjà vu : le film de terroristes irlandais. Mais le "plus" est que cette fois il s'agit d'une femme. Et que le physique gracile et le visage "innocent" de l'actrice Andrea Riseborough brouillent les pistes et notre perception. L'actrice est extraordinaire. Clive Owen totalement éteint...

  • BLANCANIEVES de Pablo Berger ***

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    Le conte des frères Grimm revu et corrigé en Espagne à Séville dans les années 20, en noir et blanc, en format carré, muet et dans le monde de la tauromachie. Je précise d'entrée qu'aucun animal ne semble avoir n'a été martyrisé durant le tournage et qu'aucune mise à mort ne conclut les scènes de corrida.

    Carmen n'est pas encore née lorsque son père, torero célèbre et prestigieux se fait encorner par un taureau. Il sort vivant de cet accident mais reste paralysé des bras et des jambes. Sa femme meurt en mettant au monde une petite fille. Inconsolable de la perte de sa femme tant aimée, il rejette immédiatement l'enfant. La petite s'en va vivre avec sa nounou et mène une enfance parfaitement heureuse tandis qu'une infirmière vénale met le grappin sur le toréro paralysé, son magot et son magnifique chateau. Lorsque la nounou meurt à son tour, Carmen revient vivre au chateau paternel mais sa marâtre lui offre un taudis pour chambre, lui coupe sa magnifique chevelure d'ébène, l'empêche de voir son père, et la condamne à n'être qu'une souillon, une bonne à tout faire, un genre de Cendrillon. La rencontre avec une troupe ambulante de nains toreros va changer  une nouvelle fois la vie de Carmen qui sera désormais surnommée "Blancanieves".

    Sans tomber dans la nostalgie, les regrets ou la facilité une peu vaine du "c'était mieux avant", il faut bien reconnaître que ce film muet, en noir et blanc, sublimé par une lumière  exceptionnelle et une musique magnifique est une splendeur. Le réalisateur joue avec les lumières, les ombres, façonne les espaces (la chambre du torero paraît démesurée), il scrute les visages au plus près comme pour ausculter les âmes, et s'attarde particulièrement sur celle irrémédiablement noire et funeste de la marâtre. Incarnée avec sensualité et délectation par la somptueuse Maribel Verdu, elle est une sorcière de conte la plus machiavélique, perverse et sadique qui soit. Je vous laisse découvrir toutes les ruses et perfidies dont elle est capable. Tout comme je ne dis mot sur ce qui la rend folle de rage et l'incite à offrir la fameuse pomme empoisonnée à Blanche-Neige. Si la dame est très préoccupée par son physique et son apparence, elle n'interroge pourtant pas son miroir pour savoir qui de la jeune fille ou d'elle est la plus belle (la jeune Macarena Garcia est elle aussi une beauté rayonnante). Elle entre néanmoins en furie en découvrant ce qu'elle considère comme le pire affront imaginable. Et là, Pablo Berger teinte son propos d'un humour inattendu et fait un magnifique clin d'oeil à la superficialité de notre époque.

    L'esthétique formel indiscutable de ce film inclassable, original d'une fulgurante beauté ne néglige en rien l'histoire. Le réalisateur prend évidemment de grandes libertés vis-à-vis du conte original et les surprises n'en sont que plus appréciables.

    J'aurais comme seul regret à émettre, le manque d'émotion tout au long du récit malgré tous les déboires éprouvés par l'héroïne et une interprétation irréprochable. Cette affirmation, ce regret sont totalement anéantis par la dernière scène et surtout la toute dernière image sublime, déchirante, inattendue.

  • HAPPINESS THERAPY de David O'Russell **

    Happiness Therapy : affiche

    Qu'est-ce qui différencie cette comédie sentimentale américaine de toutes les autres ? Simplement le fait que les deux tourtereaux qui sont les seuls à ne pas savoir qu'ils seront ensemble avant la fin de la dernière bobine, sont deux dépressifs maousses ! Pat sort, aidé par sa mère et contre avis médical, de huit mois d'hôpital psychiatrique. Il a une injonction de ne pas approcher sa femme et le lycée où il était enseignant sous peine de retourner direct chez les barjots. Pat a surpris sa femme sous la douche avec un collègue, ça l'a rendu fou de rage et il a démolli le portrait de l'inconséquent. C'est alors qu'il a été déclaré "bi-polaire non diagnostiqué". Cela signifie qu'il avait déjà une fâcheuse tendance aux sautes d'humeur avant ce déplorable passage à l'acte ! Ayant tout perdu, femme, logement et travail, il est contraint de retourner vivre chez ses parents. Entre sa maman qui le couve et son papa sujet aux tocs et très superstitieux, il aura fort à faire puisque son obsession est par ailleurs de renouer avec sa femme dont il est (seul) persuadé qu'elle est toujours amoureuse de lui. Mais lors d'un repas chez son meilleur ami, il rencontre Tiffany, jeune veuve maniaco-dépressive qui sort d'une période de nymphomanie active !

    En hésitant constamment entre la farce (Pat/Bradley court avec un sac poubelle sur lui et sursaute chaque fois que Tiffany/Jennifer entre dans le champ par exemple) et le drame (les rapports avec les parents, leur culpabilité face au "mal" dont souffre leur fils), le réalisateur nous laisse aussi dans un entre-deux peu convaincant. Et au final, ce film est mignon et joli comme toute rom-com avec deux acteurs craquants, adorables et vraiment très très plaisants à admirer. D'autant que Tiffany met entre les mains de Pat un marché/chantage : elle remettra une lettre à son ex s'il consent en échange à être son partenaire lors d'un concours de danse auquel elle tient beaucoup. Cela donne lieu à des scènes de répétitions et un final dansé qui nous démontrent que Brad et Jenn' ont pris des cours de danse et sont très jolis à regarder.

    Cela dit cette façon de traiter de la dépression est bien étrange. D'abord Pat et Tiff' pètent la santé. Evidemment Pat court avec un sac poubelle sur le dos et porte fréquemment des t-shirts immondes de l'équipe de foot locale, mais c'est pour faire plaisir à son papa. Quant à Tiff', elle est toujours tirée à quatre épingles et décorée comme pour un réveillon. Pourquoi Bradley Cooper, supposé être prof d'histoire semble t'il avoir perdu toute culture et être redevenu un petit garçon incapable de contrôler la moindre émotion ? Par ailleurs j'ai eu un peu de mal à croire au personnage de Jennifer Lawrence. Sans remettre en cause son talent (cette fille toute jeunette a déjà tenu tout un film sur ses épaules), ça saute aux yeux qu'elle a 20 ans et en paraît 15. Difficile donc d'imaginer qu'elle ait eu le temps de se marier pendant trois ans, d'être veuve, de faire une dépressoin et d'être nympho au point que seul le train ne lui soit pas passé dessus. Cette réserve mise à part, elle est magnifique et met toute son énergie à sortir Brad/Pat de sa torpeur. Bradley a toujours un physique très très facile, et un regard à tomber. En grand garçon tout perdu, il est même vraiment touchant et sort complètement de son very bad trip. Et Robert De Niro fait lui aussi une belle prestation décalée, émouvante et sobre.

    Par contre je vous parle pas du boulet meilleur ami et de sa femme : deux caricatures d'êtres humains qui risqueraient de me faire dire des choses désagréables sur les personnages et les acteurs, et je n'ai pas envie. Il y a déjà une autre personne qui me fout les nerfs en ce moment, mais ça, c'est une autre histoire...

    Un gentil film donc, plein de hapiness,

    mais de dépression et de thérapie : point.

  • 7 PSYCHOPATHES de Martin McDonagh ***

    Marty est scénariste à Hollywood mais sèche complètement devant sa page blanche. Pour son prochain scénario il n'a que le titre : 7 psychopathes mais pas la moindre idée de comment commence ou finit l'histoire. Billy son meilleur ami est un barjot qui se rêve acteur mais démolit le portrait des réalisateurs qui ne l'engagent pas. Pour arrondir ses fins de mois, ce fêlé des pâtes a organisé avec un ancien tueur à la retraite un trafic de chiens. Ils les kidnappent et les ramènent à leurs maîtres pour toucher la récompense. Sans mettre ce lucratif passe-temps entre parenthèses, Billy se propose d'aider Marty à retrouver l'inspiration. Il passe une annonce dans un journal dans laquelle il demande à de véritables psychopathes de se manifester. En rencontrant des serial-killers, Marty sera forcé, c'est évident, de faire travailler son imagination. C'est donc ainsi que Marty et Billy vont être confrontés à un gangster sadique dont le chien adoré a disparu, à un serial-killer de serial-killers masqué, à un tueur amoureux et quelques autres tarés bien allumés ! Jusqu'au règlement de comptes final qui doit obligatoirement s'achever dans un bain de sang.

    Tout aussi barré mais forcément moins surprenant que le formidable Bons baisers de Bruges, ce film ne mérite pas ses 3 ***, mais 2 ** ne seraient pas suffisantes. Malgré une loufoquerie, un humour très noir et des situations abracadabrantes totalement improbables, il faut bien reconnaître que le scénario un poil mou, répétitif et paresseux recycle en boucle la bonne idée du départ. La toute première scène est un hommage appuyé mais réjouissant à Tarantino. Hélas toutes les saynètes qui suivront ne seront pas de ce niveau. Le réalisateur semble se reposer entièrement (et il n'a finalement pas complètement tort) sur l'atout imparable du film : son casting de luxe. Et le trio de tête mérite à lui seul de faire le déplacement.

    Marty/Colin Farrell, scénariste irlandais alcoolique en panne sèche d'inspiration est vraiment impayable lorsqu'il prend des notes, écrit trois mots puis en rayent deux. Et ses sourcils mobiles et indépendants l'un de l'autre sont une attraction. On sent bien que ses relations avec Billy/Sam Rockwell, toujours très à l'aise dès qu'il s'agit de faire le mariol et totalement siphonné, vont conduire à la catastrophe. Ces deux là sont parfaits pour jouer les abrutis rapidement dépassés par des événements trop grands pour eux.

    Christopher Walken (adepte comme Clint du pantalon taille hyper haute porté directement sous les aisselles) n'a toujours rien perdu de sa superbe, même si ici, à de nombreuses reprises il se fait appeler sans broncher "le vieux" :-( Son regard transperce toujours l'écran. On ne sait jamais s'il va afficher le plus craquant sourire ou faire déferler sa colère. Son visage est magnétique et sa démarche de danseur chaloupée. Il réussit la performance d'être émouvant dans un film qui n'a pas la prétention de l'être. Et puis encore, il a une tirade unique au monde dans laquelle il défend les femmes au cinéma et encourage son pote scénariste (et tous les scénaristes) à leur écrire des rôles qui soient autre chose que des faire-valoir de leurs homologues masculins. "Je connais des tas de femmes qui savent faire des phrases correctes de plus deux mots" dit-il, ou quelque chose d'approchant. 

    Aaaaaaaaaaaaaaah ! Christopher ! What a fucking legend !

  • LINCOLN de Steven Spielberg **

    Les 4 derniers mois de la vie d'Abraham Lincoln, 16ème Président des Etats-Unis et premier à avoir été assassiné. En 1865, il vient d'être réélu pour un second mandat. Il est confronté à la guerre de Sécession qui fait rage et déchire le pays depuis 4 ans et à laquelle il veut mettre un terme. Le Nord abolitionniste s'oppose au Sud conservateur notamment sur la question de l'esclavage des noirs. Lincoln va mettre toute son énergie et sa détermination pour faire accepter le XIIIème Amendement de la Consitution des Etats-Unis d'Amérique, abolir et interdir l'esclavage et toute servitude involontaire.

    Pour cette noble et légitime cause, Lincoln va faire preuve d'un courage et d'une fermeté sans faille. Il ira jusqu'à faire du porte à porte pour recueillir les dernières voix qui manquent et il semble que l'amendement ait été adopté avec une majorité de seulement deux votes ! Difficile d'entretenir un quelconque suspens avec un événement dont on connaît l'issue et à ce titre la scène du décompte des voix est assez ridicule. La musique de John Williams s'enfle jusqu'à l'explosion comme si le moindre doute subsistait. Spielberg sait-il que nous sommes en 2013 et qu'on sait que l'esclavage est aboli ?

    Néanmoins, ce film est parfait. Oui, parfait. Mais trop. Trop de tout. Trop long. Trop didactique. Trop répétitif. Les mêmes scènes se renouvellent tout au long de deux heures trente interminables où toute une ribambelle de personnages, de noms nous sont imposés sans qu'on comprenne toujours qui est qui et qui fait quoi. A ce titre Tommy Lee Jones (bravo pour la moumoute, il peut remercier le perruquier, c'est un marrant !) dans le rôle de Thaddeus Stevens (jamais entendu parler !) est très représentatif. Au début on est absolument persuadés qu'il est un opposant à Lincoln et ses aberrantes idées progessistes. Or, on découvre un peu plus tard qu'il est un ardent défenseur de l'abolition de l'esclavage à laquelle il travaille depuis trente ans ! Il faut dire que les nombreux dialogues et tirades ampoulées, pompeuses et théâtrales mériteraient la plupart du temps d'être réécoutées une seconde fois pour en saisir toute la finesse, ou au moins le sens. Car Lincoln est un film bavard, très très bavard. Et Lincoln le personnage est un homme bavard. Tout comme ses collaborateurs, on finit par se lasser de ses petites histoires métaphoriques et tortueuses dont il a le secret. Lincoln est incapable d'appeler un chat, un chat. Pour lui c'est un Felis silvestris catus, un mammifère carnivore de la famille des félidés. Et c'est fatigant tout ce verbiage grandiloquent souvent injustifié.

    Oui ce film est fatigant. Et très laid aussi. En 1865, il n'y avait pas l'électricité. Tout se passe donc dans une semi-obscurité, dans des teintes grisouilles et verdâtres donnant à l'ensemble une image très moche, boueuse, craspec comme la sale guerre qui fait rage. Il n'y avait pas le chauffage central non plus et on se les caille menu à la Maison Blanche.

    Lincoln est un type bien, un grand Président, un orateur hors pair, un stratège exceptionnel. Il était aimé, adulté, respecté. Mais Spielberg en fait un saint, une icône figée dans un seul et unique combat qui l'épuisera. Le général Grant, fin psychologue, lui dira d'ailleurs "je vous ai vu l'année dernière, vous avez pris dix ans". Il est vrai que Lincoln a une cinquantaine d'années et ressemble à un vieillard. Il faut dire que sa vie privée est pour le moins tumultueuse aussi et qu'il doit gérer son instable, cyclothymique et autoritaire femme Mary, inconsolable depuis la mort d'un de leur fils et se bagarrer pour que Robert leur fils aîné ne s'engage pas dans l'armée.

    Lincoln est donc un film qui se regarde être LE film politique ultime mais dont on sort en se disant "sitôt vu, sitôt oublié" avec néanmoins (je ne suis pas à une contradiction près) l'envie d'en savoir plus sur ce personnage, sa vie, son oeuvre ! Et puis il y a Daniel Day Lewis, acteur sublime dont chaque rôle est toujours un événement d'autant plus estimable qu'il est rare. L'humour, la douceur, l'humanité, l'intelligence, la fermeté de son personnage déferlent sur l'écran avec une évidence, il EST Lincoln. Pourquoi a t'il fallu qu'on lui ajoute numériquement des échasses pour le faire paraître immense (Lincoln atteignait presque les deux mètres), ses jambes ressemblent  du coup à deux bâtons et lui mettre une tonne de farine sur le visage pour le faire paraître fatigué ?

    Lincoln est un film bizarre, prétentieux, fatigant, à la fois trop grand et comme s'il n'était que le brouillon de ce qu'il aurait dû être.

    Pfiou, je vais dormir un peu...

  • ULTIMO ELVIS de Armando Bo ***

    Ultimo Elvis : affiche

    Carlos Gutiérrez n'est pas un homme comme les autres. Le jour il est ouvrier, le soir il se transforme en Elvis et travaille pour le compte d'une agence de sosies. Il endosse le costume à paillettes du crooner/rocker, celui de Las Vegas et assure l'animation de mariages ou soirées. Être Elvis est plus qu'un passe-temps, c'est une mission, un ordre, une vocation, un sacerdoce. Carlos (qui ressemble autant à Elvis que moi à Susan Sarandon) est persuadé d'ÊTRE la star au point de se faire appeler Elvis, d'écouter et de regarder ses concerts et ses interviews en boucle et de se nourrir exclusivement de tartines/bananes/beurre de cacahuètes pour grossir autant que le King. Sa vie privée est un ratage total. Sa femme l'a quitté et il voit peu sa fille Lisa Marie (tiens donc !). Elles ont un peu honte de lui, ne le comprennent pas. Mais Carlos a un but dont il ne parle pas. Un accident va le forcer à devoir s'occuper seul de sa petite fille pendant un temps. Il ne renonce pas pour autant à son grand projet car son leitmotiv est qu'il ne faut jamais abdiquer et réaliser ses rêves coûte que coûte.

    Cette histoire est d'une tristesse sans nom voire perturbante par certains côtés, tant l'idée fixe de Carlos frôle parfois la folie. Carlos a manifestement perdu le sens de toute réalité et ne tient debout que par son obsession dont rien ne peut le détourner. Malgré le physique pour le moins ingrat de son interprète, on ne peut que tomber sous le charme de John McInerny, colosse solitaire obsessionnel et pathétique qui a hérité comme don du ciel d'une voix d'ange. Lorsqu'il endort sa fille au son des ballades les plus douces d'Elvis, c'est un véritable enchantement. Chaque fois qu'il endosse le costume du King, c'est de toute façon un émerveillement pour les oreilles.

    Suivre John McInerny pendant une heure trente est une épreuve et un bonheur. Toute cette tristesse, ce désespoir laissent KO mais on ressort accompagné par Elvis et ça réchauffe...

  • RUE MANDAR de Idit Cebula **

    Rue Mandar : affiche

    Charles, Rosemonde et Emma se retrouvent pour assister aux funérailles de leur maman. La fratrie a des liens distendus et la vente de l'appartement familial du 13 rue Mandar à Paris sera l'occasion de révéler les non-dits, les rancoeurs mais aussi les tendres souvenirs.

    Comme pour certains romans, les réalisateurs ont parfois envie de raconter leur expérience personnelle de la famille. En général la "disparition" des parents est déterminante pour la survie d'une famille car c'est le premier jour du reste de la vie. Celui où les enfants même grands, même adultes, deviennent orphelins, sans plus personne sur qui se reposer ou faire peser le poids de leurs échecs, de leurs erreurs, de leurs hésitations ou de leurs réussites. La famille c'est ce grand barnum imposé où des personnes sans affinités particulières, n'ont parfois d'autres liens que ceux du sang et sont parfois obligées de cohabiter. Et même provisoirement, cela peut être l'enfer. Idit Cebula choisit de repeindre les murs de sa vie en rose bonbon. En une heure trente tout est résolu, les discordes, les critiques, les rancoeurs. Il y a toujours celui ou celle qui assure avoir plus de chagrin, celui ou celle qui s'est le plus occupé des parents alors que d'autres ont "fait leur vie", celui ou celle qui était le ou la préféré(e). Et c'est vrai, il y a tout cela dans une famille, et plus encore car ici la famille est juive et tout semble amplifié, plus démonstratif, plus exubérant. Et c'est sans doute ce qui fait le charme de ce gentil film où l'on rit pas mal.

    La réalisatrice n'élude pas le chagrin, et l'on sent bien qu'elle a vécu le drame de devoir vider la maison de ses parents. Le moment où l'on doit trier, éliminer, donner, garder devient celui où tout devient vital. Plonger le nez dans les vêtements, retrouver des saveurs, des senteurs, des moments oubliés, s'immerger une dernière fois dans l'enfance...

    Si Edit Cebula néglige un peu les conjoints réduits à de pauvres pantins compréhensifs que l'on écarte, les deux soeurs et le frère rivalisent de charme et de drôlerie. Il faut dire que Sandrine Kiberlain, grande bringue libre, bordélique, partie trouver ses racines en Israël, Emmanuelle Devos psychanalyste submergée par ses émotions et le départ de son fils du foyer et Richard Berry, grand frère qui retient son chagrin en se montrant agressif savent à la perfection alterner les instants comiques et ceux plus dramatiques de leurs personnages.