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Cinéma - Page 209

  • LES TOILES ENCHANTEES

    Le 25 décembre, dans toute la France, la profession cinématographique, et plus particulièrement les distributeurs de films et exploitants de salles de cinéma se mobilisent.

    Pour chaque place de cinéma achetée, une partie sera reversée à l’association :

    LES TOILES ENCHANTEES.

    Cette initiative est soutenue par la Fédération Nationale des Distributeurs d eFilms, la Fédération Nationale des Cinémas Français et le Dire. Fondée par Gisèle Tsobanian en 1997, l’association sillonne les routes de France et offre aux hôpitaux des projections de films à l'affiche pour les enfants, les adolescents et les jeunes adultes, malades ou handicapés.

    Cliquez sur l'affiche pour visiter le site.

    Le dimanche 25 Décembre 2011, en vous rendant dans une salle de cinéma, vous soutiendrez Les Toiles Enchantées !

  • LE HAVRE de Aki Kaurismäki ****

    Le Havre : photo Aki KaurismäkiLe Havre : photo Aki KaurismäkiLe Havre : photo Aki KaurismäkiLe Havre : photo Aki Kaurismäki, André Wilms, Jean-Pierre Darroussin

    Au Havre Marcel Marx mène une vie pépère auprès de sa femme Arletty qui le couve comme un enfant. Il est cireur de chaussures, ce qui n'est pas simple à une époque où tout le monde porte des baskets. Les rares euros qu'il gagne quotidiennement lui permettent de siroter quelques verres de blanc au bistrot en fumant des clopes avec les copains avant de rejoindre sa chérie qui lui sert son repas comme un Prince et de s'endormir comme un Pacha pendant qu'elle lui repasse ses vêtements pour le lendemain. Il n'est peut-être pas aberrant de supposer que Marcel est heureux malgré cette précarité qui le force entre autre à contracter moult dettes chez la boulangère et l'épicier du coin.

    La vie de Marcel bascule le jour où Arletty tombe gravement malade et se fait hospitaliser pour une longue période. Le même jour, il croise la route d'Idrissa jeune gabonais qui a fait le voyage dans un cargot au fond d'un container oublié sur le quai. Pendant qu'Arletty suit son très lourd traitement et somme le médecin de ne rien révéler de la gravité de son état à Marcel, ce dernier recueille le gamin qui a échappé à la police et lui promet de l'aider à rejoindre sa mère à Londres.

    Voilà un conte de Noël généreux et bienfaisant à des années-lumière de cette ânerie sirupeuse et faux derche. Dans un envirronnement âpre et terne (Le Havre semble être une ville blâfarde et grise) Kaurismäki offre un film pur et doux aux images belles tout simplement belles. Les drôles de paroissiens qui peuplent son histoire ont des trognes qu'on ne rencontre pas souvent au cinéma. Mais cette humanité cabossée va rassembler toute son énergie, sa noblesse de coeur évidente, sa générosité infaillible pour secourir un petit garçon, un migrant, un indésirable de ce côté ci de l'Europe. Une goutte d'eau dans l'océan, un grain de sable dans le désert mais "Celui qui sauve une vie sauve le monde" (parole du Coran et proverbe juif...), Marcel et ses amis vont donc agir avec leurs moyens pour sauver le monde. Mentir à la police, organiser un concert pour récolter des fonds parce que c'est à la mode, se mettre en danger sans rien attendre en retour. Et c'est beau, ça réchauffe le coeur même si l'on a vraiment plus que jamais la sensation d'assister à un conte utopique. L'espace d'un instant on y croit à cette fraternité, ce sens des autres, ce désintéressement. Est-ce que ce sont les plus pauvres, les plus démunis qui peuvent encore venir au secours de plus misérables qu'eux ?

    La révolte et l'indignation de Kaurismäki s'expriment en douceur sans démonstration grandiloquente. Néanmoins quelques images choquantes qu'on imagine même pas, dont l'ouverture du container "oublié" depuis des jours sur le quai avec plusieurs familles hagardes et quelques extraits de "vrais" reportages sur la "zone" où se sont réfugiés les migrants après la fermeture du centre de Sangatte font froid dans le dos. Mais le réalisateur s'attarde surtout avec sa délicatesse et sa poésie sur l'humanité poignante qui habite son film. Il est aidé en cela par des acteurs qui adoptent un rythme et un phrasé qui font rêver tant le langage employé ici est soigné. La légendaire nonchalance de Jean-Pierre Darroussin convient parfaitement à cet univers. Au volant de sa Renault 16 flambant neuve et sanglé dans un pardessus il a vraiment des allures d'Inspecteur Gadget. Quant à André Wilms, je l'aime d'amour depuis que j'ai entendu cette semaine une émission sur France Inter qui lui était consacrée. Interviewé pendant trois quart d'heure passionnantes par Pascale Clark il s'est montré d'une intelligence, d'une drôlerie, d'une finesse, d'une lucidité folles. Sa grande carcasse fatiguée, sa voix et sa diction d'un autre temps imprègnent totalement ce film bienveillant, tendre, naïf et généreux.

  • HUGO CABRET de Martin Scorsese

    Hugo Cabret : photo Asa Butterfield, Martin Scorsese

    Hugo Cabret : photo Asa Butterfield, Martin Scorsese

    Hugo Cabret : photo Martin Scorsese

    Hugo Cabret a 12 ans et est orphelin depuis que son père est mort dans un incendie. Son seul héritage est un automate cassé. Recueilli à contre coeur par son oncle, un alcoolique qui vit dans les appartements de la gare Montparnasse qui étaient réservés aux employés et que tout le monde a oubliés, il devient son apprenti et répare toutes les horloges de la gare. Hugo suit du haut de ses observatoires la vie de la gare. Il aimerait pouvoir réparer son automate mais il lui manque une clé en forme de coeur. Il rencontre Isabelle, la fille adoptive du marchand de jouets de la gare qui justement possède une clé en forme de coeur. Isabelle est fantasque et rêve de vivre une aventure comme dans les livres romantiques qu'elle dévore. Hugo va lui en donner l'occasion en lui faisant découvrir le monde du cinéma.

    Dit comme ça j'ai l'impression que ça a l'air drôlement beau et tentant sauf que ça ne l'est pas. Il faut attendre plus d'une heure avant que l'histoire de Georges Méliès intervienne mais avant cela il faut se farcir celle d'Hugo dont on se fiche un peu, sa rencontre avec cette bêcheuse d'Isabelle et aussi pas mal de digressions répétitives sur quelques personnages sans couleur ni saveur qui peuplent la gare. Qu'a t'on à faire de cette dame qui passe sa vie au café avec son infernal chien ? De cette fleuriste qui n'a jamais un seul client et un étalage toujours plein à craquer ? De ce gros bonhomme idiot qui aimerait bien approcher la dame au chien ? Du flic qui fut orphelin et entend débarrasser la gare de cette vermine de petits moutards abandonnés ? Franchement : RIEN. Quant au vieux monsieur dont on saura rapidement qu'il est Georges Méliès, il est grincheux, injuste et pas attirant pour deux sous ! Tout comme sa femme !

    Que dire de la 3D ! Définitivement, je n'aime pas, même si c'est la première fois que j'ai l'impression de voir un film intégralement en 3D. Dans les autres films vus jusque là, il n'y avait que quelques passages "3déisés" qui n'apportaient strictement rien à l'affaire. Ici, j'ai d'ailleurs plutôt l'impression qu'elle dessert le film qui est du coup totalement dépourvu de passion et d'émotion et n'est qu'un empilement et une accumulation d'effets plus ou moins spéciaux (relief en premier plan, flou en arrière plan !). Evidemment, c'est rigolo lorsque la tête de Sacha Baron Cohen semble sortir de l'écran, c'est très joli de voir tous ces engrenages et ces mécanismes d'horlogerie, de les gravir à en avoir le vertige. Mais quand on a parcouru plusieurs fois les couloirs et divers passages secrets de la gare à toute berzingue sans qu'il y ait réellement de but et aucun suspens que reste t'il ? Pas grand chose. Comme a dit mon voisin de droite, on s'attend à tout moment à ce que Marty sorte un panneau : "regardez comme elle est belle ma 3D !"  Un mix entre l'univers de Tim Burton et Jean-Pierre Jeunet. Un Paris de carton pâte illuminé comme un sapin de Noël avec une musique omniprésente, envahissante et pourtant totalement dépourvue de lyrisme. En se concentrant sur son nouveau joujou et ses gadgets, il me semble que Scorsese en a complètement oublié son histoire et ses acteurs. Hugo/Asa Butterfield est insignifiant, Isabelle/Chloé Moretz exaspérante et Ben Kingley complètement absent. On en est d'ailleurs arrivé à se demander de quoi était constituée la carrière de cet acteur. La réponse a fusé : "Gandhi" et basta.

    Et pourtant, le réalisateur nous le répète à plusieurs reprises : "le cinéma est une fabrique de rêves qui se nourrit de nos rêves", et à ce moment là, on ne demande que cela, rêver ! Se souvenir pourquoi on aime tant le cinéma ! Et ça marche quelques minutes par ci par là, lorsque la vie de Méliès est évoquée en flash back. Comment il est devenu le premier grand réalisateur français alors que les Frères Lumière pensaient que le cinéma n'était qu'une invention sans avenir. Comment il a bricolé ses films dans son château au mille fenêtres. Comment il a inventé les effets spéciaux avec trois bouts de ficelle et ses talents de magicien. Comment il a conçu et réalisé son chef d'oeuvre "le voyage dans la lune". Comment la "grande" guerre a tout anéanti. Comment il s'est retrouvé ruiné et commerçant. C'est lorsque le film devient documentaire, que se succèdent les extraits des films de Max Linder, Buster Keaton, Charlie Chaplin, Douglas Fairbanks... que le coeur se met à palpiter en songeant à tous ces sorciers qui ont traversé le siècle pour nous éblouir et qu'on se prend à regretter qu'on ne vivra jamais assez longtemps pour voir tous les films. On est émerveillé, impressionné, enchanté que ce soit un américain qui se donne la peine de rendre un hommage à ce réalisateur français. On peut imaginer en Hugo Cabret le double du petit Martin Scorsese qui découvre le cinéma et que ça va bouleverser sa vie à tout jamais... mais il faut creuser !

    Au final, j'imagine que les enfants ne seront pas très emballés par les pas très trépidantes aventures d'Hugo et que leurs aînés cinéphiles resteront sur leur fin...

    Si malgré tout vous vous laissez tenter... essayez de retrouver Michaël Pitt et Johnny Depp qui apparaissent dans le film. Moi, je ne les ai pas vus. Par contre j'ai bien vu Marty Himself.

    A ceux qui ne l'ont pas vu à la télé, je recommande mille fois plus le magnifique et passionnant documentaire de Serge Bromberg qui passe dans quelques salles"Le Voyage extraordinaire" suivi de "Le Voyage dans la lune". Cet infatigable restaurateur d'images qui réalise des miracles nous avait déjà éblouis avec "L'enfer d'Henri-Georges Clouzot"

  • MISSION IMPOSSIBLE IV : PROTOCOLE FANTÔME de Brad Bird **(*)

    Mission : Impossible - Protocole fantôme : photo Brad Bird, Tom CruiseMission : Impossible - Protocole fantôme : photo Brad Bird, Jeremy RennerMission : Impossible - Protocole fantôme : photo Brad Bird, Simon Pegg, Tom Cruise

    Les missions impossibles c'est comme les Twilighteries, à chaque épisode j'oublie ce qui a bien pu se passer dans le précédent. Donc, imaginez ma surprise de découvrir Ethan emprisonné et solitaire dans une geôle insalubre hongroise peuplée de malabars aux mines patibulaires alors que j'étais persuadée l'avoir laissé en pleine forme après son arrêt cardiaque. Et encore, je vous parle pas de ma tête d'ahurie quand j'ai appris qu'il était marié, ou l'avait été. Mais bon, vu le timing pour se sortir de tous ses ennuis, le garçon n'a pas trop le temps de penser à la gaudriole même avec une légitime. Il est vrai que ce surhomme ne dort jamais, ne mange ni ne boit jamais, donc j'imagine qu'il doit avoir une libido dans un état proche de l'Ohio. La préoccupation principale de ce type est de toute façon de sauver le monde, point barre ! Et là, il a fort à faire avec un gugus complètement dérangé du syphon qui a dans l'idée de faire péter une bombe atomique sur... en fait, je ne sais plus où, mais ça craint du boudin. D'autant que lors de sa mission qu'il a et qu'il foire, le Kremlin est totalement détruit dans un attentat dont il est tenu pour responsable vu qu'il était sur les lieux. Du coup, le groupe "Mission Impossible" est considéré comme nul et non avenu genre les huiles n'en ont jamais entendu parler. C'est ça le "Protocole Fantôme", ça veut dire que la Maison Blanche et tout le gratin dauphinois discréditent complètement le groupe. Ethan doit donc faire équipe avec deux gars et une meuf qu'il connait à peine et qui n'ont pas l'air tous clairs comme de l'eau de roche (mon parfum depuis... oula depuis longtemps) mais finalement ça ira quand même.

    Alors là je peux vous dire que j'ai pris un pied du feu de dieu, j'ai même failli envoyer un SMS à la miss mais je me suis ravisée pour pas en perdre une goutte. Mais sinon, je lui aurais dit "la première scène de Mission Impossible IV est AMAZING !". Je connais pas le mot en franco français, mais cette scène d'évasion placée en tout début du film est complètement démente. Rien que pour cette scène, lâchez tout et foncez tête première voir la mission. Deuxième bonne raison de voir le film... Ethan/Tom Cruise Ze star qui devrait ici redorer son blason quelque peu flétri, est entouré d'une équipe qui tient la route. Simon Pegg est tordant et efficace, le jusque là très surestimé Jeremy Renner est impeccable, drôle et porte très bien le costume un peu satiné, et la meuf de service Paula Patton flanque une rouste des familles à la Seydoux (le "miscasting" de la mort !) et rien que pour ça elle mérite l'Oscar. Non mais franchement, Brad Bird avait bu ou quoi ? Vous imaginez Léa Seydoux jouant les vamps de service, croqueuse de diamants et tueuse à gages ? Moi, j'en ris encore ! Et puis, elle s'appelle Sabine Moreau ! Quelqu'un pourrait dire aux américains que les français ne s'appellent plus Jean-Pierre ou Sabine et qu'ils ne conduisent plus de 2 CV depuis longtemps ?

    Troisième bonne raison de vous payer une toile ce week-end de frimas pendant que moi je serai au taf, "Louise Wimmer" ne sort que le 4 janvier et il y a dans ce film plusieurs scènes qui valent leur pesant d'arachide. Notamment celle très attendue où Ethan/Tom joue les Spider Man sur la tour la plus haute de Dubaï. Je vous garantis un vertige comme on en ressent rarement au cinéma.

    Evidemment l'intrigue, on s'en cogne un peu... d'ailleurs, j'avoue avoir lâché en route mais ajoutez à cela des vues impressionnantes et grandioses qui vous donnent envie de prendre un billet low cost pour visiter Budapest et Moscou, un humour pas lourdaud, des scènes d'action comme on en a jamais vues, des gadgets comme on en rêve et la découverte d'un inconnu au nez parfait responsable du réchauffement climatique, Josh Holloway et vous foncerez sans hésiter les filles.

  • LOUISE WIMMER de Cyril Mennegun ****

    Louise Wimmer : photo Corinne Masiero, Cyril MennegunLouise Wimmer : photo Cyril MennegunLouise Wimmer : photo Corinne Masiero, Cyril Mennegun

    Louise approche de la cinquantaine, elle a un boulot, quelques potes, une fille et malgré une apparence de vie ordinaire, elle a amorcé une dégringolade qui ne prendra fin que si elle trouve un logement. Depuis 6 mois, elle dort dans sa voiture et ses nombreuses convocations auprès des services sociaux, ne lui permettent d'obtenir que cette réponse douteuse "il y a des cas plus urgents que le vôtre", quand elle ne se voit pas opposer un cinglant "soyez moins arrogante !" Là, exceptionnellement, Louise s'autorise à craquer un peu "je ne suis pas arrogante, je n'en peux plus". Il faut dire que cette grande gigue n'a rien de la petite Cosette tremblante qu'on a envie de protéger et qu'elle met un point d'honneur, comme un dernier rempart à sa chute définitive, à ne demander l'aide de quiconque. Personne ne sait qu'elle est sans logement, sans abri, SDF, ni sa collègue, ni son patron, ses rares copains, la patronne du bistrot qui lui fait crédit, sa fille et l'homme qu'elle retrouve parfois juste pour faire l'amour et qu'elle somme de ne pas parler sous peine de tout gâcher. Louise ne parle pas, ne veut pas parler, elle aime danser et elle agit, et si elle pleure c'est seule, réfugiée dans sa grande voiture, dernière possession qu'elle ne peut perdre sous peine de sombrer irrémédiablement.

    C'est dire si on tremble pour Louise qui doit des sommes indécentes pour quelqu'un qui n'a plus rien que "quelques fringues qui se battent en duel" à l'huissier qui les réclame sans émotion, tout comme on craint le pire et on s'affolle lorsque sa voiture tombe en panne alors que son patron ne tolère pas une minute de retard, ou lorsque deux types qui n'ont pas vu qu'elle dormait à l'intérieur s'appuient sur la voiture. Et bien qu'elle ne soit pas d'emblée aimable de par son attitude revêche et son abord peu engageant, en suivant cette fille fière, sauvage, on la découvre, on fait sa connaissance et on se met à l'aimer et à vouloir qu'elle s'en sorte coûte que coûte.

    Venu du documentaire, le réalisateur propose donc pour ce premier film totalement réussi et abouti un cinéma ancré dans le social. Même s'il ne les revendique pas, lors du débat qui suivait la projection (un des plus enthousiasmant, détendu et drôle que j'ai vécu) il évoque néanmoins Mike Leigh et Ken Loach. Il ne s'embarrasse d'aucune fioriture, ni de barratin inutile, les images suffisent, parlent et racontent tout le poids de la détresse qui accable Louise qui pourtant ne courbe pas l'échine ni ne baisse les yeux. C'est aussi dans les détails que Cyril Mennegun frappe juste. Comment rester digne, rester propre, manger à sa faim quand on n'a rien que quelques euros à la fois ? Toutes ces "petites choses" qui paraissent évidentes quand on a la possibilité de les accomplir. Et sa Louise déborde d'imagination pour réussir à se laver, à faire un repas ou se procurer quelques litres d'essence.

    A une époque où chacun redoute de tout perdre et où le spectre de la pauvreté plane, il est facile d'entrer en empathie avec Louise voire de s'identifier à ce personnage. Comment ferions-nous, comment réagirions-nous si cela nous arrivait ? Comment une HLM perchée au 15ème étage d'une tour de béton peut devenir le rêve ultime de renaissance et permettre à une femme de lever un visage radieux vers le haut ? Cyril Mennegun le dit "ce qui persiste de beau dans ces quartiers, ce sont les personnes qui y vivent". On le sent sincère et concerné lorsqu'il le dit.

    Ce film ne sort que le 4 janvier (un grand jour !!!) mais je tenais à vous en parler déjà même si je le referai à ce moment là, et il sera un des grands chocs de 2012. Un réalisateur est né. Mais aussi, gloire à lui, il nous donne l'occasion de découvrir une actrice (sans doute connue des téléphiles) hors du commun qu'il filme avec amour. En tous points atypique Corinne Masiero est libre, libertaire, communiste, folle, une tornade d'un mètre 80 qui n'a peur de rien, qui peut être la plus ordinaire des femmes et la plus lumineuse des créatures. Une révélation comme il en arrive une ou deux fois par an, un corps, un visage, une voix. Nul doute qu'on va la revoir souvent, ou c'est à n'y rien comprendre !

  • OKI'S MOVIE de Hong SangSoo *

    Oki's Movie : photo

    Oki's Movie : photoOki's Movie : photo

    Voilà ce que nous dit le synopsis : "Quatre histoires courtes sur l’évolution de deux relations liées à la même femme mais aussi sur la nature du cinéma, les complications de l’amour et la difficulté de communiquer sincèrement. Quatre variations sur une même histoire centrale, mettant en scène les mêmes personnages (joués par les mêmes acteurs) et leurs hésitations amoureuses".
    Soit. Quatre petits films donc ("Un jour pour l'incantation", "Le roi des baisers", "Après la tempête de neige" et "Le film d'Oki") qui s'ouvrent et s'achèvent sur le très emphatique Pomp and Circumstance March N°1 de Sir Edward Elgar, et ça surprend car je m'attendais à tout moment à voir surgir celui-ci.

    Sauf qu'en mélangeant tout, l'amour (très peu !), le cinéma et son enseignement, l'alcoolisme d'un des personnages, la rumeur, les rapports humains, leurs tergiversations, leurs petites lâchetés, leurs gros mensonges... le cinéaste en 1 h 20 ne parle de rien et nous embrouille la tête. La mienne en tout cas. Et alors que le quatrième volet où une jeune femme nous conte en parallèle ses deux histoires d'amour à un an d'intervalle, l'une avec un homme d'âge très très mûr, l'autre avec un jeune de son âge, est vraiment intéressant avec sa construction en miroir et l'on voit le résultat d'une promesse tenue qui pourrait commencer à faire battre le coeur... mais le film s'achève et l'on a rien appris et surtout rien ressenti.

    J'en retiens :

    - que si vous rencontrez deux sud-coréens qui parlent dans la rue en se hurlant littéralement dessus, il ne faut pas vous inquiéter, ils devisent de choses et d'autres et se séparent en se souhaitant une bonne journée,

    - qu'il fait très très froid en sud-Corée.

  • STUDIO CINE LIVE : 3 EXEMPLAIRES A GAGNER

    Une nouvelle fois c'est mon Leo qui a les honneurs de la couverture du magazine et cette fois pour un film de mon Clint "J. EDGAR" qui sortira en janvier 2012. Je l'ai rêvé, ils l'ont fait. Je suppose qu'une fois de plus il sera nommé à l'Oscar du meilleur acteur et qu'une fois de plus, il sera snobé. A moins que...

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    A cette époque de bilan annuel, retrouvez également dans ce numéro :

    • le Top 10 de la rédaction des films de 2011,
    • un reportage sur le tournage de "Avengers",
    • un portrait de Michael Shannon, acteur fou de "Take Shelter",
    • une interview d'Yvan Attal,
    • un "dîner en ville" avec neuf acteurs et réalisateurs français,
    • la master-class de Cédric Kahn,
    • "Le voyage dans la lune" de Méliès ressuscité par Serge Bromberg...

    Pour gagner un exemplaire et comme j'ai appris que l'exercice vous manquait... veuillez trouver le titre d'un film dissimulé sous ce fouillis. J'ai passé mon dimanche à peindre de jolis tourbillons sépia spécialement à votre attention.

    UNE SEULE REPONSE A LA FOIS PAR PERSONNE.

    ON NE REJOUE QUE LORSQUE J'AI VALIDE LA REPONSE.

    Les gagnants sont : ludo, fabian, sopel
    Il reste les réponses : 2. 5. 6 et 10 à trouver.

    GAME OVER. Merci.

    1

    BEN HUR trouvé par Ludo

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    2

    LE SEIGNEUR DES ANNEAUX : LE RETOUR DU ROI trouvé par Yohan

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    3

    TITANIC trouvé par Fabian

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    4

    WEST SIDE STORY trouvé par robedete

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    5

    AMADEUS trouvé par Mister Loup

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    6

    GIGI trouvé par Florence 

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    7

    TANT QU'IL Y AURA DES HOMMES trouvé par sopel 

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    8

    AUTANT EN EMPORTE LE VENT trouvé par mel 

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    9

    LE PATIENT ANGLAIS trouvé par marion 

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    10

    LE DERNIER EMPEREUR trouvé par Claire

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  • SHAME de Steve McQueen ****

     Shame : photo Michael Fassbender, Steve McQueen (II)Shame : photo Carey Mulligan, Michael Fassbender, Steve McQueen (II)Shame : photo Michael Fassbender, Steve McQueen (II)

    A première vue Brandon, trentenaire Bo-Bo new-yorkais semble atteint d'une addiction particulière : le sexe. Il ne peut regarder une femme sans l'envisager dans son lit. Et pourtant lorsqu'il sort le soir avec ses amis, il a honte de leur façon lourdaude de draguer. Il est plutôt du genre à ouvrir la porte et s'effacer devant les dames. Il semblerait finalement qu'il ne peut véritablement avoir de rapports que s'ils sont tarifés ou s'il a la certitude que la rencontre sera sans lendemain. Contrairement à certain(s), il parvient néanmoins à tempérer ses pulsions lubriques et envahissantes. Non seulement il se rend régulièrement aux toilettes pour se soulager/contenter seul mais en plus il ne se jette pas sur tout ce qui remue et n'a de relations qu'avec des filles consentantes. Lorsque l'ordinateur qu'il utilise au travail est envoyé en réparation suite à un virus, il flippe un peu Brandon. On saura vite pourquoi et il y a de quoi. Et puis sa soeur débarque et Brandon n'est pas ravi. Il faut dire qu'elle a pas mal de problèmes Sissy et tous les traumas familiaux semblent refaire surface...

    Finalement, on découvre que Brandon ne va pas bien du tout. Il est malade, très, et ça en devient déchirant.

    Dans une ambiance froide et grise, au son d'une musique exceptionnelle où l'angoisse s'insinue peu à peu Steve Mc Queen démontre que la chair est triste et il creuse jusqu'à l'os la douleur de Brandon. MON Michael Fassbender n'y va pas de main morte sous la douche pour exprimer les tourments et la détresse de son personnage. Ses accès de violence et son visage brusquement inquiet le rendent parfois menaçant, pour les autres comme pour lui.  Au-delà de la pudeur, Michaël Fassbender ne s'économise pas et, je suis d'accord, parfois le cinéma c'est vraiment faire faire de vilaines choses à de très jolis garçons...

    Si l'acteur et le réalisateur m'avaient déjà convaincue, je peux affirmer qu'avec ce film difficile, dérangeant mais solide et envoûtant deux stars sont nées. shame de steve mcqueen,michael fassbender,carey mulligan,cinéma

  • FOOTNOTE de Joseph Cedar **

    Footnote : photo Joseph Cedar, Lior AshkenaziFootnote : photo Joseph Cedar, Shlomo Bar-AbaFootnote : photo Joseph Cedar, Lior Ashkenazi, Shlomo Bar-Aba

    Eliezer et Uriel Sholnik sont père et fils et tous les deux chercheurs philologues. En gros et pour faire simple, ils étudient le Talmud, ses origines, d'où il vient, où il va, pourquoi, comment et patin coufin ! Le père a consacré 40 ans de sa vie à cette recherche et alors qu'il atteint au but, un de ses confrères le coiffe au poteau, anéantissant cette somme de travail, et remporte à sa place le prestigieux Prix d'Israël qui couronne le meilleur de sa discipline. Aigri, boudeur et néanmoins convaincu d'être le meilleur, voire le seul, Eliezer développe aussi à l'encontre de son fils et de son travail une sorte de mépris car ce dernier est très considéré par ses collègues et étudiants. Un jour cependant, une bonne nouvelle arrive à Eliezer qui est désigné pour remporter le prix tant convoité. Sauf qu'il s'agit d'une erreur. Le prix est en fait destiné à Uriel qui dès lors fait des pieds et des mains pour que son père soit bel et bien l'impétrant. Vous suivez ? En fait, c'est très simple, mais je raconte mal.

    Etrange film, étrange thème et univers décalé. C'est le formidable "Beaufort" du même réalisateur et le merveilleux Lior Ashkenazi qui marcha sur l'eau un temps... qui m'ont attirée dans cette salle. Je ne le regrette pas car il y dans ce film bancal au moins une scène (très longue) qui vaut à elle seule le déplacement. A la fois burlesque (la pièce où elle se déroule est trop petite pour accueillir tous les participants qui se voient obligés de se lever, déplacer leurs chaises pour fermer la porte) et saisissante de tension, cette scène électrique qui finit en catastrophe est un bijou d'écriture, de suspens et d'interprétation.

    C'est d'ailleurs la caractéristique du film tout entier de mêler le comique et le dramatique. Hélas ils ne font pas toujours bon ménage. L'absurde est beaucoup plus convaincant que le drame (sauf dans la fameuse scène dont je parle ci-dessus), et il devient parfois difficile de suivre l'itinéraire de ce vieux chercheur renfrogné et taiseux, totalement misanthrope à qui le réalisateur accorde peu d'indulgence. Par ailleurs, l'acteur est le sosie incroyable de Michel Galabru (pas drôle) et l'on s'attend à tout instant à ce qu'il le devienne (drôle). Mais non. Autiste, silencieux et quasiment haineux dès qu'il ouvre la bouche, il m'est toujours difficile d'apprécier totalement un film dont le rôle principal est aussi antipathique.

    Mais il reste LA scène réellement parfaite et Lior Ashkenazi...