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Cinéma - Page 227

  • MA SEMAINE AU CINEMA

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    D'UN FILM A L'AUTRE de Claude Lelouch ****

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    WINTER'S BONE de Debra Granik ***

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    SI TU MEURS JE TE TUE de Hiner Saleem ***

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    RABBIT HOLE de John Cameron Mitchell **

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    LA PROIE de Eric Valette *

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    MES COUPS DE COEUR

     

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  • LA PROIE de Eric Valette **

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    En prison pour un braquage, Franck Adrien partage sa cellule avec Jean-Louis Maurel jeune homme détenu pour viol sur mineur alors qu'il clame son innocence. Il ne souhaite pas échanger avec son co-détenu mais le jour où Jean-Louis est victime de violences avec l'approbation des gardiens, Franck intervient. Lorsque Jean-Louis est relâché, sa victime s'étant rétractée, il en profite pour semer des indices et rendre Franck responsable de tous ses crimes. En effet, Jean-Louis est bien un serial killer qui apprécie les petites jeunes filles de 16 ans. Mais il est aussi marié à une illiminée qui rêve d'enfant. ça tombe bien Franck a laissé une femme et une petite fille toute mimi mais aphasique et va s'en occuper... Lorsque Franck comprend que sa famille est en danger, il s'évade de prison.  Poursuivi par une jolie fliquette freinée par sa hiérarchie mais qui sent bien qu'il est trop facile de croire qu'il est responsable de la série de meurtres et semé par le serial qu'il doit retrouver, Franck a fort à faire.

    Cette proie se regarde comme on lirait un polar en se disant "je l'ai déjà lu" voire "quand on en a lu/vu un, on les a tous lus/vus", mais sans déplaisir et sans ennui. Pas beaucoup de surprises donc et même des invraisemblances qui se ramassent à la pelle (l'évasion par exemple), mais du nerf, du muscle et du mouvement. On ne doute pas un instant de l'épilogue mais l'énergie est contagieuse.

    Albert Dupontel est (quasi) immortel et intouchable : qu'il saute du haut d'un pont sur un train en marche, qu'il prenne en courant l'autoroute en sens inverse, qu'il encaisse une balle dans le buffet, qu'il soit suspendu à un arbre et saute dans le vide, qu'il traverse une fenêtre et s'écrabouille sur une camionnette providentiellement garée là (j'en oublie sans doute !), il se relève avec quelques égratignures et repart de plus belle. L'instinct de survie et surtout l'urgence de sauver sa fille sont plus forts que tout. Bébert ne va pas couiner pour quelques bobos. En outre, nous trouverons ici un maton bien sadique, un chef de police bien borné... mais le tirelipompon revient quand même et sans hésitation à Catherine Murino mauvaise actrice s'il en est, qui joue ici une chômeuse en fin de droit (il n'est pas interdit de rire !) et qui semble toujours décorée pour fouler le premier tapis rouge qui se présenterait sous son pied. Quand elle balbutie : "je ne peux plus payer le loyer et l'orthophoniste !", je n'étais pas loin du fourire. Pardon.

  • RABBIT HOLE de John Cameron Mitchell **

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    Becca et Howie dans leur immense et belle maison haut perchée avec vue sur la mer survivent tant bien que mal à l'événement le plus inadmissible, intolérable, inacceptable qui soit : la perte de leur enfant. Et tous ceux qui sont équipés d'une progéniture en plus ou moins bon état de marche savent à quel point l'idée même de la perdre est inconcevable. Il y a une logique à respecter et ce sont les parents qui doivent partir les premiers. Comment vivre lorsque votre petit garçon de quatre ans a échappé un quart de seconde à votre vigilance, qu'il a traversé la route à la poursuite de son chien et s'est fait renverser par une voiture ? Colère, douleur, souffrance, sentiment d'injustice,  de culpabilité, désespoir... voilà de quoi le quotidien est fait, pour l'éternité. Plus un jour. Ce jour maudit où depuis l'on ne peut que se répéter sans cesse et si... et si... et si... ! Becca et Howie, dévastés par le chagrin font souvent comme si, de façon à ne pas accentuer la peine de l'autre ou parce qu'ils croient que l'autre est moins sensible, qu'il s'accomode de ce chagrin qui jamais ne prendra fin. Mais finalement chacun s'isole avec sa façon personnelle de vivre l'inconcevable. Et derrière cette apparence de calme et de tranquillité, c'est l'incommunicabilité et l'incompréhension qui s'installent. Chacun seul au monde avec sa tristesse s'emmure avec l'absent qui envahit chaque instant.

    J'aurais aimé adorer ce film mais malgré la sobriété de la démonstration et l'implication des acteurs, je n'y ai vu qu'un catalogue assez froid de tout ce qu'un deuil de cette cruauté peut provoquer chez les premiers concernés, les parents, mais aussi toutes les réactions qu'il entraîne de la part de l'entourage le plus proche, la famille, les amis, les voisins, les collègues. Contrairement à ce que j'ai lu partout, je trouve que Nicole Kidman nous refait son grand numéro de star aux yeux rougis habillée comme un sac, invariablement avec les mêmes nippes chiffonnées de la veille. Par contre Aaron Eckart (oui il prend une douche après avoir joué au squashe) est d'une rare intensité, tellement perdu à essayer de faire face à ce supplice de tous les instants, à tenter de reconquérir sa femme, à accepter sa façon à elle d'imposer son deuil à elle. Il explose littéralement dans une scène où il hurle la douleur et le manque qui le rongent. Et c'est beau et fort.

    Le couple tente tout pour continuer à vivre. Des séances de thérapie de groupe où ils sont confrontés à d'autres parents ayant connu le même drame, vider la chambre du petit, se séparer de ses vêtements, décrocher ses dessins, des visites dans la famille où quoi que les autres disent est toujours et systématiquement mal interprété, affronter la grossesse d'une soeur, ou les enfants des autres bien vivants... Tout est une torture. Et pourtant, à aucun moment je n'ai été émue, complètement mise à distance par une espèce de démonstration didactique : le deuil chapitre 1, le deuil chapitre 2... Alors que jamais je n'ai senti le chaos et la confusion. Curieusement ce sont les scènes où la mère se rapproche du chauffard responsable de la mort du petit qui apparaissent les plus touchantes, lorsqu'on découvre le visage inquiet de ce jeune homme (Miles Teller vraiment très bien) et quel traumatisme ce drame irréparable représente pour lui.

  • SI TU MEURS JE TE TUE de Hiner Saleem ***

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    Philippe sort de prison. On ne saura pas pourquoi et d'ailleurs on l'oubliera vite. Pas Philippe (c'est l'iirésistible Jonathan Zaccaï les filles !), mais qu'il sort de prison. Il trouve ou possède déjà un petit appart pas loin de la gare du Nord qu'il loue à Geneviève ex beauté vieillissante et pianiste à ses heures, qui réclame parfois son loyer à corps et à cris. Mais surtout à corps... Sur le zinc d'un bistrot où il aime venir écluser des ballons de rouge, Philippe rencontre Avdal, kurde qui parcourt l'Europe à la recherche d'un criminel irakien. Entre ces deux solitudes avinées naît une amitié comme un coup de foudre. Philippe héberge Avdal sans logement. Ce dernier raconte son désir de s'installer en France où il attend d'ailleurs sa fiancée Siba restée provisoirement au pays. Les deux garçons s'entendent comme larrons en foire mais Avdal meurt brusquement d'une crise cardiaque et Philippe se retrouve seul au monde à ne savoir que faire du corps de son ami. En France vous avez 5 jours pour vous décider à vous occuper de votre défunt sinon les autorités compétentes se chargent de le jeter à la fosse commune. Et là, c'est Maurice Bénichou qui l'explique sans la moindre diplomatie, et c'est drôle. Malgré ses efforts pour tenter de joindre la famille d'Avdal et alors que Siba est en route pour la France, Philippe le fait incinérer. C'est compter sans les règles et traditions musulmanes qui ne brûlent pas ses morts.

    Comment résister à ce "petit" film plein de charme, de drame mais d'un burlesque insensé qui parvient constamment à maintenir l'équilibre entre drame et joie ?

    Peut-on rire de tout ? Oui. Surtout quand une urne, même funéraire passe de main en main autour d'une table, le père du défunt ne parvenant pas à supporter la vision de son fils en cendres, et finit par revenir à son point de départ. Oui lorsqu'une porte qui claque fait sursauter jusqu'au plafond Philippe qui accompagne son ami au crématorium. Oui lorsque Philippe transvase le contenu de l'urne dans un récipient plus petit et s'en éclabousse ! Oui lorsqu'encore Philippe ne sait où poser l'urne sans être hanté par des apparitions du mort. Et pourtant les larmes ne sont jamais loin car on a eu le temps de s'attacher à celui qui disparaît du film au bout d'un quart d'heure mais dont il ne cessera d'être question. Et puis, Philippe et plus tard Siba dévastée de chagrin doivent faire leur deuil de leur ami et fiancé et malgré cela le burlesque affleure constamment.

    Pour trouver aide et soutien, Philippe et Siba se sont rapprochés de la communauté kurde de Paris. Là encore on tombe sur une bande de zozos pas catholiques et musulmans quand ça les arrange, menée par un Ozz Nüjen (Mihyedin) au poil dru, absolument tordant lorsqu'il dit à Philippe qui s'étonne de le voir pleurer alors qu'il lui raconte l'histoire d'Avdal qu'il n'a pas connu "dès qu'un kurde meurt, je pleure", associé au non moins hilarant Nazmi Kirik qui se définit comme "kurde démocrate optimiste". Les deux rivalisent d'absurde et de comique lorsqu'ils se mettent à draguer la sublime Siba qui ne laisse personne insensible, à la mode kurde, en lui offrant des fruits. "Je suis content que tu aies mangé ma mandarine" jubilera Mihyedin. D'autres répliques telles que "ta gueule, toi, tu as brûlé un kurde" m'ont fait hurler de rire... mais j'étais la seule dans la salle. Apparemment, on peut rire de tout mais pas avec tout le monde !

    Le pittoresque prendra une tournure plus angoissante lorsque le père d'Avdal débarquera pour à la fois tenter de récupérer le corps de son fils et remettre Siba dans le droit chemin (la ramener au pays) mais qui malgré la mort de son fiancé décidera de rester en France. Le poids des traditions, de la religion, la soumission des femmes dans certaines cultures prendront du plomb dans l'aile grâce à Siba, jeune femme libre, moderne et cultivée !

  • LA NOSTRA VITA de Daniele Luchetti ***

    LA NOSTRA VITA de Daniele Luchetti LA NOSTRA VITA de Daniele Luchetti LA NOSTRA VITA de Daniele Luchetti LA NOSTRA VITA de Daniele Luchetti

    Bien que parents de deux garçons et que son ventre bien rond laisse présager sans difficulté l'arrivée imminente d'un troisième, Elena et son mari Claudio sont amoureux comme au premier jour et passent tellement de temps dans leur chambre qu'on comprend pourquoi (et comment) ils vont bientôt former une famille nombreuse. Toutes les ruses leur sont bonnes pour essayer de n'être que tous les deux. Claudio est chef sur un chantier et si la vie de ce couple n'est pas royale, il ne s'en sort pas trop mal financièrement. Claudio et Elena passent beaucoup de temps avec leurs enfants mais sont aussi entourés d'amis fidèles et d'une famille chaleureuse avec qui ils partagent les week ends au bord de la mer. Hélas, ce bonheur se volatise brutalement lors de l'accouchement qui se passe on ne peut plus mal puisqu'Elena y trouve la mort. Totalement brisé, Claudio, seul avec ses trois enfants va faire toute une succession de choix étranges et hasardeux.

    Il va avant toute chose croire que dorénavant le bonheur de ses enfants ne pourra passer que par l'acquisition de biens matériels. Il ne va dès lors plus rien leur refuser et se met à dépenser sans compter. Il abandonne son travail, se met "à son compte" et entreprend un chantier avec tout ce que cela comporte d'actes hors la loi : embauche de main-d'oeuvre étrangère au noir, pots de vin entre autre. La mort accidentelle d'un roumain sera même dissimulée à la police. Après le prodigieux Mon frère est fils unique en 2007, Daniele Luchetti s'attarde de manière frontale sur l'Italie berlusocinienne en évoquant les petits arrangements dont Claudio sans état d'âme se rend coupable pour s'en sortir. Les leçons du "Cavaliere" semblent porter leurs fruits et l'appât du gain, le désir de paraître, un racisme sournois mais omniprésent sont les nouvelles valeurs prônées comme gage de réussite. Claudio n'est pas un personnage éminemment sympathique et lorsqu'il sera dans la panade jusqu'au cou et même au-delà, rien ne l'arrêtera pour se sortir des emmerdes colossales dans lesquelles il s'est fourvoyé. Claudio n'est pas un père rassurant. Il court, s'agite, hurle, confie ses enfants, se débat contre l'adversité, le chagrin et mollement contre sa conscience, mais tout ce qu'il fait il ne le fait que pour le bien de ses enfants. On n'arrive donc pas à détester le personnage mû par le précepte du chacun pour soi, mais qui veut surmonter sa peine et sa colère par la réussite.

    Evidemment, la conclusion beaucoup trop artificielle comparée à la montée en puissance de la terreur qui s'empare du spectacteur devant les décisions extravagantes et inquiétantes de Claudio, déçoit un peu. Mais il est à noter que Elio Germano, déjà fabuleux dans Mon Frère est fils unique, a reçu la Palme d'Interprétation à Cannes en 2010 pour ce film ci, et qu'il est une nouvelle fois éblouissant, volcanique et profondément attachant.

  • PHILIBERT de Sylvain Fusée **

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    Philibert est un bon garçon d'une vingtaine d'années et il s'est forgé un idéal. Pour lui l'avenir se fera dans l'artichaut lorsqu'il deviendra cultivateur en reprenant l'exploitation de son père. Son autre grand projet est de rester vierge pour épouser la fille qu'il aura choisi par amour. Alors qu'il ferraille joyeusement avec un ami sien, une bien triste nouvelle lui parvient : son père chéri est mourant. Il se rend immédiatement à son chevet et les révélations qui lui sont faites le laissent fort marri. Il ne serait pas fils d'agriculteur mais gentilhomme de bonne naissance dont la mère serait morte en couches. Il répond par ailleurs au joyeux patronyme de Eude Bérendourt de Saint-Avoise. Après réflexion, il préfèrera garder le prénom qu'il porte depuis toujours, mais après avoir préparé son paquetage contenant sa collection de collants moulants multicolores, il se mettra sans délai en route vers la Bourgogne aux fins de retrouver le cruel Duc D'Anjou assassin de son père biologique. En chemin, il croisera la route de Martin, fourbe malandrin qui deviendra finalement son fidèle valet, mais aussi celle d'acortes jeunes filles toujours disposées à courir le guilledou et plus si affinités avec ce jouvenceau qui porte beau et qui aura parfois fort à faire pour résister et conserver sa fleur. Et oui, malgré un physique fort vigoureux, Philibert n'a réellement jamais "donné de joie" à une femme. Inutile de préciser que son périple le conduira à la fois vers le très vilain mais lui permettra également de trouver l'amour. Mais ce ne sont pas tant les péripéties de Philibert qui sont intéressantes mais évidemment la façon dont elles sont racontées.

    Hélas le film de Sylvain Fusée ne tient pas les promesses délirantes du premier quart d'heure et ne cesse de souffrir de regrettables baisses de régime. Il faut dire qu'il doit être assez difficile de tenir le rythme effréné et hilarant du début. Néanmoins, il serait dommage de bouder cette fanfaronnade et lorsque les aventures de Philibert reprennent du poil de la bête, on assiste à un véritable feu d'artifice de drôlerie tant les dialogues approximativement moyen-âgeux sont délicieux et les situations cocasses. Et puis, reconnaissons à Jérémie Rénier de s'en être donné à coeur joie pour notre plus grand plaisir, à jouer ce bellâtre un peu couillon au point de se déclarer volontaire pour être galérien. A la fois parodie et hommage aux films de cape et d'épée, ce Philibert est un peu comme une madeleine qui évoque l'époque folle où Jean Marais, Gérard Barray et Jean-Claude Drouot donnaient aux bécasses telles que moi la liberté de rêver au Prince Charmant autrement qu'en dessins animés. Jérémie Rénier d'une blondeur enfantine, au sourire ultra bright est un très très drôle et bien joli Philibert qui a par ailleurs l'excellente idée de perdre régulièrement TOUS ses vêtements. Je sais que ça peut en ramener certaines à la vie...