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Cinéma - Page 228

  • JE N'AI RIEN OUBLIE de Bruno Chiche ***

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    Conrad est un grand garçon d'à peu près 60 ans qui commence à yoyoter de la cafetière. C'est en fait l'alzheimer qui s'insinue peu à peu. Du coup, il ne se souvient pas de ce qu'il a fait deux secondes avant mais se trouve par contre envahi des souvenirs de sa petite enfance. C'était le temps béni  où il était l'ami, le quasi frère de Thomas qui aujourd'hui le rejette. Cette mémoire sélective qui va puiser trop loin dans le passé,  n'est pas du goût d'Elvira matriarche presque octogénaire qui règne sur le domaine et la famille Senn et qui semble cacher quelques secrets. Conrad, qui a toujours vécu aux crochets de cette famille, leur a servi de jardinier, de gardien, d'homme à tout faire n'est plus le bienvenu depuis qu'il a mis accidentellement le feu à une maison de vacances de la tribu. Alors qu'Elvira a organisé en très grandes pompes le mariage de son petit fils et héritier chéri Philippe avec Simone, jeune beauté un peu perdue qui va essayer de s'intégrer au clan, Conrad fait irruption pendant la fête tel l'éléphant dans un magasin de porcelaine. Sa maladie l'empêchant de vivre seul désormais, Elvira décide, à la stupéfaction de tous, de l'héberger dans une "petite" maison au fond du domaine. Curieusement, la jeune mariée délaissée puis trompée par son goujat de mari et Conrad vont devenir amis. Pensant l'aider à faire travailler sa mémoire, Simone va en fait contribuer à faire ressurgir un passé que certains cherchaient à effacer ou mieux, à ne pas connaître. 

    Il ne faut pas être extralucide ou fin psychologue pour comprendre le fameux secret qui pèse sur certains membres de la famille. D'ailleurs, les explications finales fumeuses et alambiquées sont tellement compliquées qu'elles m'ont laissé comme un arrière goût d'à peu près et l'impression d'avoir même loupé une révélation... Malgré cela, ce film étrange, tantôt léger, tantôt inquiétant m'a profondément troublée. Il règne dans cette grande demeure aristocrate où Elvira (Françoise Fabian d'une beauté diabolique et d'une incroyable cruauté) impose sa loi, une atmosphère souvent pesante où l'on sent bien que l'hypocrisie et les mensonges sont une seconde nature pour chacun. Pour Thomas (Niels Arestrup, beau, charmant et souriant comme rarement jamais..) boire et se saoûler lui permet d'oublier et notamment d'oublier pourquoi il boit. Il élude l'évocation de son mariage échec et de son divorce avec Elisabeth (Nathalie Baye, douce et désenchantée) qui a préféré la sécurité en le choisissant lui plutôt que Conrad qu'elle a aussi aimé. Thomas repousse Conrad, préférant se persuader que sa maladie le rend gâteux. La relation qui naît entre Conrad et Simone (Alexandra Maria Lara, belle et digne) réserve de beaux moments de complicité. Et c'est finalement elle qui va, en toute innocence, réveiller le passé infâmant.

    C'est doux, profond, lumineux, sombre et cruel, parfois même envoûtant et ce casting singulier mais harmonieux où chaque interprète brille d'intensité est sans doute l'un des attraits essentiel de ce film classique et raffiné. Mais pas seulement... Et puis il y a Gérard Depardieu, fragile comme un oiseau, de plus en plus calme, doux et léger à mesure qu'il se dilate...

  • TOUS LES SOLEILS de Philippe Claudel °

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    Veuf depuis que sa petite Irina a 6 mois, Alessandro ne s'est jamais réellement consolé de la mort de sa jeune épouse et se consacre exclusivement à son travail de professeur de musique baroque et à l'éducation de sa fille qui a aujourd'hui 15 ans. Non seulement il est un peu dépassé par l'adolescence de la demoiselle qui lui reproche comme le font toutes les filles de cet âge de ne pas la laisser grandir tranquillement mais aussi, il héberge depuis de nombreuses années son frère aîné, mollement anarchiste qui ne fait rien d'autre qu'attendre en robe de chambre la chute de Berlusconi... C'est d'un drôle !

    Jamais encore je crois il ne m'avait été donné de voir le spectacle assez désespérant d'un très bon acteur aussi seul au monde se débattre avec infiniment de talent d'ailleurs, pour sauver un film. Hélas même si Stefano Accorsi n'a nullement à rougir de sa prestation, bien au contraire, ce film est d'une niaiserie et d'une platitude à pleurer, répétant à l'envi quelques gags répétitifs (le frère en pyjama/peignoir par exemple... heureusement l'odorama n'a pas été inventé mais faisons confiance à James Cameron, et les copains lourds de chez relous !!!)

    Evidemment, c'est gentillet et sans cynisme, ça pourrait être divertissant et rafraîchissant... mais c'est franchement tellement balourd, et voir ce (beau) garçon entouré d'une bande d'amis assez crétins : le dragueur moche comme un pou qui collectionne les filles de l'Est et se moque de leur accent dès qu'elles ont le dos tourné, le juif moche comme deux poux et bête comme un caillou et accessoirement chirurgien !!!, le gaffeur moche comme une armée de poux qui ne sert à rien qu'à être lourd, c'est fatigant, usant, pas drôle, pas drôle et pas drôle. Chacun est comme il arrive parfois limité à un seul et unique trait de caractère, qui plus est pas bien glorieux. Je ne vois pas qui rêverait d'avoir de tels amis d'autant que manifestement TOUS les week-ends passés ensemble (puisqu'ils ont eu la bonne idée d'acheter une maison délabrée en commun) semblent être une épreuve ! Qui plus outre, et non des moindres, TOUS les acteurs qui jouent les amis sont plus mauvais les uns que les autres. Il faut dire que la direction ne semble pas être le fort de Philippe Claudel. Il n'est pour cela qu'à voir l'une des premières scènes où les fameux (doigts comme des crochets pour représenter des guillemets) amis attendent patiemment que l'autre ait achevé de dire sa réplique pour démarrer la sienne. Ce qui fait que dès le départ le film sonne faux et creux !

    Heureusement les quelques scènes où Alessandro et sa fille (la tout à fait juste et charmante Lisa Cipriani) sont ensemble ou s'affrontent offrent de bien jolis moments de tendresse ou de complicité. Hélas leur relation est parasitée par l'entourage et les personnages annexes, dont celui du frangin parasite qui s'efforce de trouver une femme à son frère par le biais d'internet et qui donne de bien étranges conseils à la factrice..

    Par respect pour sa carrière, je ne dirai rien de l'apparition ectoplasmique d'Anouk Aimée, par contre je me permets de suggérer à Clotilde Coureau de continuer à faire princesse comme métier...

    Dans ce film, il y a donc Stefano Accorsi (ET C'EST TOUT, ABSOLUMENT TOUT) au charme incontestable qui parvient malgré ce scenario bas de plafond à faire exister un père, un frère, un ami, un futur fiancé, un prof comme on aurait rêvé en avoir. Oui, un prof qui se met à danser la tarentelle sur le bureau en plein cours et qui a le sourire de Stefano Accorsi, mille fois oui. Et en plus il chante ! Et bien ! Ah que ce bel acteur mérite mieux !

    Cela dit, loin de moi l'envie de vous faire louper un chef d'oeuvre, il y a plein de gens qui aiment :

    LE FIGAROSCOPE -  Marie-Noëlle Tranchant

    (...)une chronique chaleureuse où Philippe Claudel décline les saveurs de ce que les anciens auraient appelé une vie bonne : la musique, l'affection, l'amitié, la fantaisie, l'altruisme lui donnent un équilibre, une harmonie légère qui repousse les ombres.

    JOURNAL DU DIMANCHE - Carlos Gomez

    Un film chaleureux qui tourne le dos au cynisme ambiant.

    LE PARISIEN - Alain Grasset

    Dialogues ciselés, situations cocasses et justes, interprétation au diapason, Clotilde Courau formidable, on sort de cette comédie sur l'amour, l'amitié, la mort, vraiment très heureux.

    TELE 7 JOURS - Viviane Pescheux

    (...) une charmante comédie familiale, constellée de situations cocasses (...).    

    TELERAMA - Guillemette Odicino

    Philippe Claudel rend un hommage modeste et enjoué à la comédie italienne, aux films de copains façon Yves Robert et à... la tarantelle, danse traditionnelle qui rythme ce sympathique feel good movie.

  • EASY MONEY de Daniel Espinosa **

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    JW étudiant appliqué et doué d'une école de commerce ferait tout pour faire réellement partie du milieu privilégié dont sont issus ses petits camarades de promo. Grâce à son physique très avenant et beaucoup d'aplomb il réussit à intégrer les soirées tape à l'oeil des "fils de"... où l'alcool, la drogue et les jolies filles sont l'ordinaire. Certaines nuits il travaille pour gagner l'argent qu'il claque avec ses "amis". Jorge est un dealer en cavale qui souhaite rejoindre son pays d'Amérique du Sud après avoir réalisé un dernier coup et avoir mis sa mère et sa soeur enceinte à l'abri du besoin. Mrado, tueur à gages serbe se voit confier la garde de sa petite fille au moment où ça tombe le plus mal... Qu'y a t'il de commun entre ces trois garçons ? Rien au départ mais tous trois avides d'easy money vont se retrouver embarqués puis impliqués dans la même "affaire" d'importation de cocaïne censée les enrichir tous rapidement...

    Un polar venu du nord c'est très rare, donc c'est précieux et celui-ci est efficace bien qu'il n'ait rien de réellement original. D'ailleurs pas grand chose nous permet de comprendre qu'on est en Suède, pays où l'on ne s'attend pas à trouver le destin croisé de ces trois ambitieux qui ont des rêves trop grands pour eux. C'est sombre, violent, souvent tendu. Le dernier quart d'heure est impressionnant et fait vraiment flipper. La conclusion réserve son lot d'imprévus. Mais le réalisateur bien que doué a sans doute lui aussi rêvé au dessus de ses moyens en faisant durer son film au-delà du raisonnable. J'avoue qu'à un moment j'ai un peu lâché et qu'entre les arabes, les serbes, les russes, les sud américains... je ne savais plus très bien qui courait après qui.

    Mais il y a une "chose" absolument renversante et inoubliable ici, c'est l'acteur principal, totalement inconnu de nos services et pour cause, il n'a manifestement pas encore sévi ailleurs que dans ce film. Parfois je me mets même à douter : est-ce que Dieu existerait ? En effet, Joël Kinnaman (retenez ce nom, merci !) est de pratiquement tous les plans. Physiquement c'est un mix harmonieux et réussi de Guillaume Depardieu, Christophe-Greystoke-Lambert et Thomas Dutronc. Rien à jeter croyez moi sur parole. Quant à son talent d'acteur, il le démontre à chaque seconde de ce rôle assez écrasant en endossant à la fois les costumes chics d'un yuppie opportuniste et la dégaine wesh-wesh d'un petit casseur. Pas sympathique puisque régulièrement en train de mentir voire de trahir juste par cupidité, il se révèle particulièrement intense lorsque les choses se mettent à virer vinaigre. Ce garçon est une révélation et Monsieur Espinosa peut lui dire un grand merci !!!

  • THE COMPANY MEN de John Wells *

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    Qu'y a t'il de commun entre Bobby Walker, Phil Woodward et Gene McClary ? Ils sont fiers de leur belle et grande maison, de leur voiture, éventuellement de leurs enfants mais surtout de leur travail. Tous les trois sont employés à divers échelons de la grande entreprise GTX. En un mot, ils se félicitent de leur réussite. Trois expressions sur pattes, en chair et en os de l'american dream. A ces trois là rien ne peut arriver. Sauf que si. Dans l'univers impitoyable du travail de nos jours, rien ne tient, ni les amitiés de 30 ans, ni l'ancienneté... Drame chez nos trois cadres sûrs de leur avenir, de leur infaillibilité, de leurs avantages acquis jamais remis en question : le chômage. Faisant l'objet d'une restructuration, de chute des profits, de baisse des actions, la grande GTX doit dégraisser et n'y va pas avec le dos du licenciement sans préavis. En moins de temps qu'il n'en faut pour le croire Bobby, Phil et Gene se retrouvent sur le parking de l'entreprise avec le fameux carton toujours prêt à servir en cas d'urgence. Chacun va réagir à sa manière et rien ne manque des aléas et rebondissement que provoque un tel chamboulement des certitudes. Si le sacro-saint capitalisme se met à déboulonner ses nantis où va le pauvre monde ? Et bien au Pôle Emploi.

    Donc tout est parfait ici, la démonstration, la quantité d'informations réalistes et documentées, l'interprétation, tout. Alors pourquoi n'ai-je pas accroché, mais alors pas du tout ? La seule explication que j'ai trouvée est qu'il y a peut-être trop de stars dans ce film pour qu'il ait l'air vrai. En effet, il m'a été difficile de ne pas voir Ben, Tommy Lee, Chris et Kevin au lieu de Bobby, Phil, Gene et Jack.

    Bobby va sortir la tête de l'eau après avoir joué au fanfaron et affirmer qu'en quelques jours il aurait retrouvé un emploi. Plusieurs mois plus tard, il a dû dire adieu à sa porshe, à son abonnement au club de golf, son fils revend sa console de jeux vidéo pour aider, sa femme (drame !) reprend un travail (et pour une fois, saluons l'effort, elle n'est ni photographe ni propriétaire d'une galerie "en ville" mais infirmière). Un peu plus tard Bobby, femme et enfants doivent abandonner leur maison/château et retourner vivre entassés dans deux pièces chez les parents. Bobby se trouve par ailleurs contraint d'accepter un travail d'ouvrier sur les chantiers de son beau-frère qui possède une petite entreprise de travaux publics. C'est là que l'on découvre que le prolo n'a pas une jolie maison alors qu'il pourrait vu qu'il en construit pour les autres, qu'il mange et dort avec la truelle à la main, et qu'il lui arrive d'être en retard au boulot parce qu'il est bourré. Alors que le cadre à attaché-case se bourre la gueule, mais le soir, ce qui est beaucoup plus chic. Bon j'avoue que Kevin Kostner en prolo qui crache sa haine des patrons dans chaque phrase, je n'y ai pas cru une seconde.

    Phil Woodward (Chris Cooper en mode dépressif) qui de son côté a commencé au bas de l'échelle pour finir dans les bureaux vit beaucoup plus mal son chômage et malgré les judicieux conseils de son 'conseiller' de se teindre les cheveux, lâchera prise plus rapidement que les autres, d'autant que sa charmante épouse lui demande de ne pas rentrer trop tôt à la maison pour ne pas éveiller les soupçons des voisins. Le chômage, c'est la honte, surtout pour l'entourage.

    Quant à Gene MacLary (Tommy Lee Jones qui risque une cascade à un moment : une amorce de sourire !) après s'être aperçu qu'il ne servait à rien de coucher avec la DRH, que sa régulière qui réclame les jets privés de l'entreprise pour partir en vacances avec ses copines n'est vraiment pas une personne fréquentable, et qu'il ait expliqué à Bobby son protégé, que c'était mieux avant... va réagir positivement, vendre ses actions et créer une entreprise !

    Voilà.

    Ah oui, vous ai-je dit que Ben Affleck est très très bien ?

    Non ?

    Ben Affleck est très très bien.

  • RANGO de Gore Verbinski ***

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    Un caméléon de compagnie s'ennuyait ferme chez ses propriétaires. Plutôt froussard et n'ayant de toute façon pas trop d'occasions de démontrer son courage, mais doté d'une imagination débordante il s'inventait des histoires dans lesquelles il était un brave. A la suite d'un accident de la route (trop long à vous expliquer), le caméléon se trouve éjecté d'une voiture et erre en plein désert de Mojave. Il se traîne péniblement jusqu'à la bien nommée ville de Dust (Poussière) où les étrangers tels que lui ne sont pas les bienvenus. Contraint de détourner l'hostilité des autochtones et remettant en marche son talent de conteur imaginatif, il s'invente un pseudo RANGO et des aventures où sa bravoure et ses exploits forcent l'admiration. Nommé shérif par le Maire de la ville, Rango est chargé d'identifier et de combattre les prédateurs qui terrorisent Dust dont un serpent maléfique lui-même inquiété par un faucon.

    Bien qu'on ne puisse oublier que Dust la ville est peuplée exclusivement de reptiles, rongeurs, amphibiens, batraciens et autres cloportes (ce qui n'est pas toujours très ragoûtant), il n'en demeure pas moins que Rango le film est un western un vrai. En tout cas une parodie voire un hommage aux grands westerns et plus encore aux fameux westerns spaghetti où l'on parle avant de dégaîner, où l'on s'observe longuement avant de tirer. Le film est également truffé de références pas uniquement westerniennes et le cinéphile peut se régaler à les retrouver : Les Sept Mercenaires, Il était une fois dans l'Ouest, Las Vegas Parano, Le Seigneur des Anneaux, Arizona Dream... Par ailleurs les thèmes brassés et la lenteur de la progression de l'action font que ce spectacle souvent délirant me semble davantage destiné aux adultes ou aux grands enfants ! On peut même y déceler des considérations politiques éminemment actuelles telles l'écologie, la peur de l'autre/étranger et la manipulation des masses. En effet, Dust est une ville dont les habitants sont épuisés par le manque d'eau. Le précieux liquide est d'ailleurs la denrée rare et inestimable placée comme épargne dans un coffre à la banque. L'eau est distribuée parcimonieusement chaque mercredi suivant un rituel immuable. Mais alors que le "peuple" se déssèche, le Maire semble toujours mystérieusement prospère lui qui a compris que dans l'adversité il lui faut un modèle à admirer. Les habitants, menés par la jolie et ardente Fève et Rango devenu plus combattif vont peu à peu se révolter contre leur condition.

    Merveilleux film d'animation en 2D (halleluyah !) Rango est bouillonnant de vivacité, d'inventivité et d'humour. Dans des décors si beaux et réalistes qu'ils ont parfois l'air d'être vrais, les protagonistes bénéficient d'un doublage voix luxueux. Johnny Depp est Rango le héros. Il exécute une nouvelle fois son grand numéro de déjanté au point qu'on arrive parfois à l'imaginer sous le caméléon. Il est entouré de Isla Fisher, Abigail Breslin, Ned Beatty, Harry Dean Stanton, Bill Nighy, Alfred Molina, Ray Winstone. Et c'est savoureux. Timothy Olyphant ayant la charge emblématique (et réussissant une imitation à s'y méprendre) de doubler L'Esprit de L'Ouest alias l'Homme sans Nom, alias... je vous laisse deviner. 

  • MA SEMAINE AU CINEMA

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    ROUTE IRISH de Ken Loach ***

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    WE WANT SEX EQUALITY de Nigel Cole ***

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    LES YEUX DE SA MERE de Thierry Kliffa **

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    LEGITIME DEFENSE de Pierre Lacan **

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    L'AGENCE de Georges Nolfi *

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    MA PART DU GÂTEAU de Cédric Klapisch °°° 

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    MES COUPS DE COEUR DE LA SEMAINE

     

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  • WE WANT SEX EQUALITY de Nigel Cole ***

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    En 1968, les ouvrières de l'une des usines Ford en Angleterre, travaillent en atelier dans des conditions déplorables. Il y fait une chaleur tropicale l'été et dès qu'il pleut c'est l'inondation à l'intérieur du bâtiment. Mais elles s'accommodent tant bien que mal de ces conditions. Jusqu'au jour où elles découvrent, ô suprise ! qu'à travail égal les hommes sont bien mieux payés qu'elles. Aidées d'un syndicaliste qui prend fait et cause pour ces femmes, elles vont se battre jusqu'à rencontrer la ministre du travail Barbara Castle et obtenir gain de cause. Grâce à elles, le combat des femmes pour le "sex equality" a fait un considérable bond en avant.

    Voilà au moins quatre jours que j'essaie de vous parler de ce film formidable et je me retrouve bec bé comme une poule qui aurait découvert un opinel. Alors je vais vous le faire à la sauvage comme la pauvre blogueuse face à l'angoisse de l'écran blanc. Ce film est formidable et il FAUT que vous courriez le voir :

    • parce que le sujet a été rarement (voire jamais depuis Norma Rae en... 1979) traité,
    • parce que les grèves de femmes font tellement peur aux hommes qu'il faut voir leur air stupide lorsqu'ils constatent qu'elles peuvent stopper la production même au-delà des frontières,
    • parce qu'il faut les voir aussi ces pauvres choux sans arguments traiter ces courageuses d'"Amazones en bigoudis",
    • parce qu'ils trouvent naturel d'être soutenus lorsque eux font grève et trouvent leur grève à elles inconvenante et injustifiée,
    • parce qu'elles tiennent bon malgré les lessives et le repassage qui s'accumulent,
    • parce que ce que les hommes considèrent comme des droits ne sont que des privilèges qu'ils s'accordent sans justification,
    • parce que Bob Hoskins en féministe acharné est génial,
    • parce que Sally Hawkins a un charme fou et qu'elle et ses copines ont de l'énergie et du courage à revendre
    • parce que Miranda Richardson est remarquable en ministre rousse incendiaire obligée de se bagarrer contre son propre camp, entourée qu'elle est de machos misogynes décérébrés,
    • parce que Rosamund Pike est étonnante en jeune femme surdiplômée que son abruti de mari traite comme une Barbie incapable de penser et qui l'empêche de travailler,
    • parce que Brighton est toujours infiniment cinégénique...

    Ce film est formidable, comment voulez-vous que je vous le dise autrement ?

  • LES YEUX DE SA MERE de Thierry Klifa **

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    Ce que Mattieu Roussel romancier sans inspiration a en tête n'est guère reluisant : "infiltrer" la vie de Lena Weber star de la grand messe cathodique du 20 h pour en publier une biographie non autorisée qui sera forcément un best-seller. Il faut dire qu'il y en a des choses à dire sur les non-dits de la vie de famille de Lena. Une mère indigne, une mère absente, une mère qui abandonne son enfant à la naissance parce qu'il compromettrait sa carrière. Mais aussi une mère morte, une mère adoptive, une mère de substitution... Et puis un père mort, forcément idéal, victime du franquisme. Un tout jeune homme de 20 ans également dont on ne comprend pas immédiatement comment il va intégrer l'histoire.

    Matthieu donc, profite d'un congé de grossesse dans l'entourage professionnel proche de Lena pour se faire embaucher et devenir en un clin d'oeil l'assistant, celui qui devance le moindre désir et se rend donc ainsi parfaitement indispensable. Mathieu redouble de charme et de douceur et séduit tout ce qu'il approche en une oeillade. Y compris Maria, la fille de Lena, danseuse étoile. Les deux femmes entretiennent des rapports réfrigérants, la première reprochant sans fin à la seconde d'avoir privilégié sa carrière de grand reporter à son éducation. Mais l'histoire se reproduit parfois, les enfants battus deviennent des parents qui battent etc... La douce Maria (la toujours insupportable et douce Géraldine Pailhas pour une fois pas cocue... désolée, ce n'est que mon avis, quand ça passe pas, ça passe pas. Cette actrice on voit qu'elle "joue" !) s'est toujours réfugiée auprès de sa tante Judit (IMMENSE et magnifique Maria Paredès) omniprésente, aimante et rassurante. Cependant il me faudrait un peu plus qu'une actrice espagnole, et non des moindres, et un titre maternisant pour rapprocher comme je le lis beaucoup, ce petit mélo touffu du sublime et limpide "Tout sur ma mère" du grand Pedro. C'est dit !

    Et oui, on comprend vite que tous ces personnages, certains à Paris, d'autres en Bretagne vont finir par se rencontrer ou au moins avoir un pan de l'histoire en commun. La manière dont s'y prend le réalisateur pour parvenir à ses fins relèvent parfois du miracle et les coutures cousues au gros fil blanc finissent rapidement par se voir et rendre la moindre rencontre parfaitement invraisemblable et très maladroite. Le summum revenant à un accident de voiture, suivi de comas, plaies, croûtes et bosses... résolus en un claquement de doigts...

    Toute proportion gardée dans l'ambition, le personnage de Mathieu (interprété avec beaucoup de trouble et de charme par Nicolas Duvauchelle) m'a rappelé celui de Terence Stamp dans le Théorème de Pasolini où un mystérieux Visiteur venait semer le trouble dans une famille bourgeoise. Mais ici, rien de sulfureux et on sent trop ici la patte de la famille Thompson (Christopher au scenario) dont les préoccupations tournent autour des heurts et malheurs de grands bourgeois auxquels finalement rien ne peut arriver. Dans le dernier quart d'heure l'émotion commence enfin à poindre mais on y arrive après moult artifices...

    Evidemment chez Thierry Klifa, et ce n'est pas rien, il y a le casting cinq étoiles et un amour infini pour les acteurs. Cela dit, il n'y a pas assez de Catherine Deneuve dans ce film. Même si elle est la figure centrale de l'histoire elle n'en est pas le personnage principal et de Catherine je ne suis jamais rassasiée tant elle m'ensorcèle et me fascine, ici encore et toujours.

    Nicolas Duvauchelle (il faut articuler mon garçon) sort avec bonheur et réussite de ses rôles de bad boy, et réussit une étreinte infiniment touchante avec un jeune garçon. Marina Foïs est convaincante en maman poule qui craint le pire. Retrouver Jean-Marc Barr est toujours un plaisir... En un mot, la direction d'acteurs est primordiale et Thierry Klifa excelle dans l'exercice mais il faudrait qu'il se rassemble un peu, condense ses histoires au lieu de les multiplier et de les démêler de façon un peu moins mécanique et convenue.

  • MA PART DU GÂTEAU de Cédric Klapisch °°°

    MA PART DU GÂTEAU de Cédric Klapish, gilles lellouche, karin viard, cinémaMA PART DU GÂTEAU de Cédric Klapish, gilles lellouche, karin viard, cinéma

    L'usine où travaille France ferme ses portes. Au chômage, seule avec trois filles à élever et après une tentative de suicide... elle profite d'une opportunité de formation de femme de ménage pour "monter" à Paris. Là, elle se fait embaucher par Stéphane (ou Steve pour les intimes) le trader précisément responsable (en partie) de la fermeture de son usine. Au début elle n'en saura rien mais plus tard si, et ça ne va pas se passer comme ça. Non mais.

    Je ne vais pas m'apesantir et m'éterniser sur un film aussi mauvais et ridicule. Mais qu'a essayé de prouver ou démontrer Klapisch en tournant cette chose plutôt laide et bête ? Même Venise parcourue lors d'une scène honteusement balourde et misogyne, est sans âme. Mais là je ne résiste pas au plaisir de vous relater l'intermède vénitien : une très très jeune et très maigre mannequin draguée à la rustaude par Gilles Lellouche est emmenée pour un week end dans la Sérénissime. Arrivée sur place Tessa (oui Tessa, car les parisiennes s'appellent Tessa ou Melody... les filles du Nord se prénominent France ou Josy !!!) s'extasie "ôôô c'est beau" lit-on sur ses lèvres alors qu'elle vaporette sur le Grand Canal ! Mais le soir, alors que Gilou lui offre une nuisette (bien moche d'ailleurs) et lui demande de lui faire la danse des sept voiles avant de lui faire subir les derniers outrages... la belle jeunette est toute surprise : "mais euh... monsieur, je ne couche pas le premier soir !!! Il faut que je sente les choses moi !". En gros, "tu te la mets sur l'oreille mon Gilou, tu te la fumeras plus tard". Mais le Gillou n'est pas du genre à se laisser berner par la minaudeuse, et après un temps de réflexion s'exprime : "ah tu veux sentir des choses et bien tiens je vais t'en faire sentir une !!!" Le "viol" n'est que suggéré bien sûr, mais il est difficile d'appeler différemment ce qui se passe lorsqu'une fille n'est pas consentante et qu'un garçon la plaque sur un plumard !!! En résumé, la Tessa de Paris est fort naïve et un rien couillonne. Elle peut embarquer avec un quasi inconnu pour un week end en Italie et supposer que le garçon ne va QUE la couvrir de cadeaux. Cadeaux qu'elle rendra plus tard, la Tessa étant finalement naïve, couillonne mais honnête. Quant à l'homme, ce pourceau libidineux, il ne peut imaginer qu'une fille ne peut "s'obtenir" qu'en l'achetant. Beurcke.

    Bon je ne vous parle même pas de la mer du Nord filmée comme dernier terrain vague... En tout cas ici, c'est assez simple finalement, les traders/riches sont des hommes et des femmes puants, mauvais et vaniteux qui ne peuvent que se reproduire entre eux. Les prolos sont pauvres et gentils. Ils se serrent les coudes et boivent des coups dès que ça va mal et rentrent en titubant le soir chez eux. Surtout s'ils sont du Nord, pensez donc !

    C'est peu dire que tout sonne faux. D'autant que pour rendre encore ce film plus insauvable, il souffre d'un "mis-casting" définitif. Gilles Lellouche n'a pas la mâchoire carrée de Michaël Douglas et en trader à cravate, il n'est jamais crédible. Idem pour Karin Viard, malgré tous ses efforts et elle est le seul point positif du film avec l'énergie qu'elle met à tenter d'être cette femme de ménage... ça ne passe jamais. Comment évoquer aussi les répliques et les dialogues débités comme des sentences ou des maximes censés symboliser la lutte des classes et le goufre entre les nantis et les démunis ?

    Et puis que dire finalement du virage opéré dans le dernier quart d'heure qui fait définitivement sombrer ce film dans les abysses du ridicule qu'il avait jusque là frôlé à de nombreuses reprises ?

    Pouah.

    P.S. : je ne parle pas de Jean-Pierre Martins qui une fois de plus gâche son talent dans un film râté. Regardez le sur la photo, n'a t'il pas l'air de dire : "pendant que vous faites les cons dans cette bouse, je joue avec le moutard !". Il ferait mieux de lire les scenarii.