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Cinéma - Page 255

  • THE GHOST WRITER de Roman Polanski ****

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    Un « Ghostwriter » est l’expression anglaise et beaucoup plus poétique de ce que nous appelons élégamment « un nègre ». Un de ces travailleurs de l’ombre, un « fantôme » est contacté pour reprendre l’écriture des mémoires de l’ancien Premier Ministre Britannique Tony Blair Adam Lang. C’est dans une île isolée au large de Boston qu’il rejoint le premier ministre et son équipe de proches, de collaborateurs et de gardes du corps pour peaufiner le travail déjà amorcé. Très rapidement il découvre que son prédécesseur ne serait pas mort tout à fait naturellement. Il va plonger peu à peu dans les arcanes du pouvoir, le jeu des apparences rarement conformes à la réalité, les grosses manipulations, les petites trahisons et réciproquement. Mais aussi il va rencontrer un homme autoritaire, colérique et charismatique qui souhaite que ses mémoires correspondent le plus possible à l’image d’une réussite exemplaire, et des femmes manipulatrices et apparemment dévouées au grand homme.

    Et voilà donc ce « fantôme », homme assez ordinaire placé dans des situations très inhabituelles qui vont progressivement devenir de plus en plus troublantes et mystérieuses.

    Je laisse le soin aux professionnels de la profession de voir si ça leur chante des correspondances entre la vie privée de Roman Polanski et celle du personnage de cet ex ministre rattrapé par son passé et une histoire peu reluisante qui doit le conduire devant le Tribunal pénal international de la Haye !!! J’y vois moi le grand film d’un grand réalisateur qui de la première à la dernière image nous manipule, nous secoue, nous conduit là où il veut sans nous perdre en route jamais, nous fait pénétrer dans les intrigues et manoeuvres du système politique international. C’est assez vertigineux et Polanski réussit cela à merveille. Un peu comme dans « Frantic » où comme ici le personnage principal se demande continuellement dans quelle machination il est tombé mais qui ne peut s’empêcher de s’aventurer toujours davantage dans ce merdier pour en connaître tous les rouages. Une mécanique, un dispositif, un engrenage infernal qui le conduisent de plus en plus loin sur des pistes de plus en plus malsaines, menaçantes et dangereuses pour lui. Et rien ne l’arrête. A mesure que des pièges se referment sur lui et qu’il en réchappe de plus en plus miraculeusement, il persiste dans son « enquête » et se met toujours davantage en péril.

    Polanski soigne tout dans ce thriller parano-politico-hitchcockien passionnant, solide et labyrinthique. De l’interprétation à la musique dont les premières notes nous plongent instantanément dans l’atmosphère ténébreuse idéale, en passant par l’environnement et les couleurs. La maison du ministre perdue sur une colline balayée par les vents violents du large est un blockhaus, un véritable bunker isolé, protégé, surveillé et à la moindre occasion envahi par les journalistes de télévision et de radio. L’intérieur chic et raffiné est d’une excessive froideur. Le « ghostwriter » est immédiatement conduit dans un bureau dont l’immense baie vitrée donne sur la mer. De là, il peut observer les allées et venues, surprendre des conversations téléphoniques sans les entendre, imaginer sans comprendre vraiment ce qu'il voit.

    Encore un film que j’ai eu envie de revoir immédiatement après être sortie de la projection. Que les grands (pas par la taille) réalisateurs continuent de réaliser de grands films au mépris de la 3 D et des effets spéciaux, est vraiment réjouissant. Oui, je trouve jouissif et jubilatoire de constater qu’il y a encore des histoires à raconter comme des puzzles à reconstituer et des acteurs à admirer. Ewan MacGregor dont la filmo est de plus en plus solide prouve une nouvelle fois l’ampleur de son registre. Son physique encore juvénile convient parfaitement à ce personnage qui se retrouve au coeur d'une histoire trop grande pour lui. Pierce Brosnan démontre quant à lui qu’il n’est jamais trop tard pour obtenir le plus beau rôle de sa carrière. Ce film bouillonnant, brillant et tortueux, dont la dernière image est une splendeur, est diabolique.

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  • UNE EDUCATION de Lone Scherfig ***

    Une éducationUne éducation Une éducation

    Jenny a 16 ans et vit dans la banlieue de Londres. Excellente élève promise à un brillant avenir, elle fait la joie de ses professeurs et la fierté de ses parents. Mais curieuse de tout et fascinée par la France existentialiste de Saint Germain des Prés, elle s'étiole entre un père borné et rigide et des profs qui ne comprennent pas son appétit de vivre autre chose. Il faut le dire franchement, au collège de jeunes filles en uniforme, aux cours de violoncelle et avec un prétendant de son âge très fadasse, Jenny s'emmerde copieux. En Angleterre en 1961, deux choix s'offraient aux filles : faire des études brillantes et rester vieille fille ou trouver un "bon parti" qui vous met à l'abri de tout. Lorsque cette deuxième option se présente en la personne de David, le père de Jenny est tout prêt à oublier les rêves d'entrée à Oxford qu'il avait fait pour sa fille.

    La rencontre de Jenny et David, à la fois drôle et très originale, les place instantanément sur la même longueur d'ondes. Celle de l'humour. Jenny est bien jeune mais elle est vive, intelligente et très cultivée. David a plus du double de l'âge de Jenny mais il est immédiatement attirée par cette jeune fille différente. La façon dont David "embobine" ses parents est extraordinaire. Plein d'attentions aussi bien envers le père que la mère, il se comporte comme le gendre idéal mais avant cela comme un homme rassurant. C'est assez stupéfiant de voir avec quelle désinvolture et quelle inconscience ils jettent leur fille dans les bras de David. Mais les deux tourtereaux sont amoureux et ils multiplient les combines pour passer une soirée, puis une nuit, puis un week end ensemble !

    Les combines c'est d'ailleurs un peu un aspect du "métier" de David qui flambe et fait la fête. Jenny est éblouie et avec lui, elle découvre le luxe et l'insouciance. La vie jusque là si morne devient un divertissement permanent. Par ailleurs, David se montre plein d'attentions, de délicatesse jusqu'à accepter d'attendre qu'elle ait 17 ans, âge auquel elle a décidé de perdre sa virginité.

    Quel talent il fallait pour ne pas faire de cette audacieuse "éducation" une histoire répugnante et licencieuse ! Mais en creusant un peu, j'ai découvert que la réalisatrice était celle du délicieux, déroutant et frémissant "Wilbur". Je ne suis donc pas étonnée. Mais surtout, pour ne pas tomber dans le graveleux et faire de Jenny une Lolita qui devient adulte, elle a aussi misé sur deux interprètes d'une finesse et d'une subtilité rares.

    Peter Sarsgaard déploie ici un charme considérable qu'il avait eu peu l'occasion de révéler jusqu'alors. Le mystère dont il s'entoure parfois nous fait craindre qu'il fasse souffrir Jenny. On attend que survienne le "drame" mais il tarde à venir et David dévoile peu à peu ses cartes faisant tomber une à une toutes les réticences de Jenny. Quant à Jenny, elle est interprétée par Carey Muligan actrice de 25 ans, tout à fait crédible en gamine de 16 ans qui par le simple miracle d'une coiffure et d'une robe devient une jeune femme d'une beauté et d'une élégance fabuleuses. Qu'une gamine mignonne se transforme en élégante branchée sosie d'Audrey Hepburn (je suis obligée de le reconnaître, même si on le lit partout) est tout à fait stupéfiant. Et en voyant Carey Mulligan s'emparer de ce rôle dans cette histoire juste et cruelle, brillamment interprétée, on ne peut s'empêcher de penser qu'une star est née.

     

    P.S. : moi qui ai découvert Londres en 2009, je dois dire que ce film m'a donné l'envie irrésistible d'y retourner, ce qui n'est pas rien, en plus du reste.

  • Le jeu cinéma du lundi

    a pris du retard.
    Mille pardons aux fidèles. Prenez le temps de nettoyer vos lunettes.
    Pour patienter, je vous invite à lire, voir, regarder, entendre des compte-rendus au coeur du sujet

    de la Cérémonie des César 2010

    - en direct des catacombes ici,

    - en mondiovision exclusive .

    Et pour le plaisir des yeux, ne ratez en aucun cas "Les velus de la semaine" ici !

    Hasta plus tard.

  • MA SEMAINE AU CINEMA

    SHUTTER ISLAND de Martin Scorsese *****

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    LIBERTE de Tony Gatlif ***

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    A SINGLE MAN de Tom Ford **

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    ENSEMBLE C'EST TROP de Léa Fazer **

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    FROM PARIS WITH LOVE **

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    MES COUPS DE/AU COEUR
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    Les garçons aux yeux jaunes sont irrésistibles...
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  • LES CÉSAR EN DIFFERÉ EXCLUSIF MONDIAL !

    J'ai un peu tardé à vous le dire mais cette année encore j'étais accréditée pour suivre en direct et au coeur de l'événement

    LA CÉRÉMONIE DES CESAR 2010 - 35ème du nom,

    chez moi avec un plateau télé et à ce titre, je remercie Alain Terzian, tous mes parents, les deux, là où qu'ils soient (ils doivent être fiers de moi), Tahar Rahim, Eric Sprenger, Marion Cotillard, Les frères Lumière et Jules Berry sans qui toute cette aventure n'aurait pas eu lieu...

    Les autres années, je suis toujours très agacée par les commentaires que j'entends de ci de là après la cérémonie mais cette année, je dois dire qu'en 35 ans (oui bon, ça va !) de César je n'ai jamais vécu une cérémonie aussi longue et ennuyeuse ! Les deux maîtres de cérémonie haut de gamme

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    n'ont jamais réussi à faire décoller l'ambiance tant dans la salle que sur scène malgré tous les efforts de Valérie (Gad m'est apparu particulièrement éteint) : rien, et leur duo censé fonctionner sur la base d'un vrai couple à la ville a fait un flop intégral. Dommage.

    Rendez-nous Alain Chabat ou Antoine De Caunes ! C'est un ordre !

    Evidemment ce que j'aime en midinette bas du plafond assumée c'est voir de la robe de princesse, mieux encore de la robe de princesse qui tourne, des gaffes et des larmes, pouvoir m'esclaffer "ouah, la vache !!! c'qu'elle a vieilli/grossi/changé !". Mais cette année il faut reconnaître que c'est bien la...

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    coiffure de Laetitia Casta qui a surpris son monde. Le métier de star ne doit pas être simple tous les jours. Porter une telle coiffure (je ne parle pas du rouge à lèvres "suivez-moi jeune homme") n'est pas donné à tout le monde. Elle, elle assume, grave. Chéri et moi dans notre petit pyjama molletonné en pilou  étions moins glam'choc. Ne protestez pas, je sais reconnaître un couple glamour quand j'en vois un. Mouarf.

    Et c'est l'arrivée d'une soixantenaire (Sigourney qui cause très bien français en plus), plus belle à 60 qu'à 40 qui était rageante ! Bon allez voir la vidéo si ça vous chante, moi ça me met les nerfs en vrac. Mon Jules qui veut avoir la paix qu'est trop gentil des fois, a beau me dire : "pleure pas choupinette d'amour pour la vie de toujours... elle fait de la WellBox, du Cellu M6 tous les jours, pis là, rapport aux César toussa, elle a fait coiffure, manucure, pédicure, maillot, épilation, maquillage et tout !"... j'suis pas sûre sûre que je pourrais encore porter une robe cousue sur la bête sans ressembler à une chipolata et puis un sourire ultra brite avec les dents dans le bon ordre, j'ai pas ça en rayon non plus. Et puis je sais pas faire coucou comme ça avec la main. Genre ! Alors, donnez-moi UNE raison de sourire après ça. Bref.

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    La jeune Présidente était cette année la franco-internationale Marion Cotillard, très belle, très souriante, sa voix vibrait un peu mais son joli discours de déclaration d'amour de-pour-par-au cinéma pas toujours clair était mimi comme tout. Enfin, moi j'attendais surtout qu'elle bégaie, qu'elle bafouille ou qu'elle éclate en sanglots... mais rien. Oui, ben moi avec un prompteur, je vous fais la même chose sans plier les genoux, alors, hein, bon !

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    Après c'était enfin donc parti mon kiki et je vais vous la faire courte sur les César remis aux profesionnels des professions techniques sans qui le cinéma ne serait pas ce qu'il est certes... mais quand même, à quelques rarissimes exceptions près et outre le fait qu'ils ont parfois des physiques de radio : MAIS QU'EST CE QU ILS SONT CHIANTS !!! Je ne citerai pas de noms mais à chaque fois, on n'y coupe pas : on a les prétentieux, les intellos, les timides qui parlent jamais alors du coup là avec leur micro ils y vont de leur loggorhée interminable et de leurs remerciements lénifiants.

    Au lieu de remercier Pierpoljak dont on n'a que faire et qu'on ne connaît ni des lèvres ni des dents pourquoi n'utiliseraient-ils pas les quelques minutes qui leur sont imparties à nous parler de leurs métiers ? Hein je vous pose la question ? Mais la poser, est-ce la résoudre ? Je vous pose la question ?

    En gros, je vous fais grâce des noms, on ne les retiendra pas (pardon aux familles qui les soutiennent dans l'épreuve de la vie de tous les jours, ils ont un métier eux ! etc...), mais je ne conteste aucun choix car j'en serais bien incapable :

    • Meilleur court-métrage : "C'est gratuit pour les filles" de Claire Burger et Marie Amachoukeli (et là, je suis enchantée parce que ce court je l'ai vu au Festival de Cabourg, donc je sais qu'il le mérite).

     ROMY, C’EST L’ENFER PAILLETÉ Reblog from : diskurs: Romy Schneider - L’enfer d’Henri-Georges Clouzot

    • Meilleur film étranger : "Gran Torino" de Clint Eastwood. Je ne parlerai qu'en présence de mon avocat. Mais quand même Kyle qui cause bien français, contrairement à Papounet qui ne sait dire que "kif kif bourricaud", est très bien de sa personne. 

     

    Ensuite viennent les récompenses des gens qu'on connaît et des films qu'on a tous vus !

    • Meilleur espoir féminin : Mélanie Thierry dans "Le dernier pour la route". J'avais choisi Pauline Etienne et j'ai nettement préféré Mélanie dans "L'autre Dumas" (parce que les rôles d'épaves, ça ne me fait pas rêver peut-être) mais elle le mérite et il est grand temps que la profession la reconnaisse comme un espoir étant donné qu'elle tourne depuis 10 ans. Le monde est cruel parfois. Il faut être sacrément blindé pour faire partie de cette belle et grande famille !!! Cependant Mélanie a eu la bonne idée de venir avec son fiancé et je trouve que ces deux là ont bien raison de se reproduire.
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    • Meilleur espoir masculin : Tahar Rahim pour "Un Prophète". Etrange d'être à la fois un espoir et un acteur confirmé. Mais l'Académie n'en est certes pas à une abbération près. J'ai quand même eu chaud que MON Tahar ne reçoive QUE cet accessit !
    • Meilleur premier film : "Les beaux gosses". Rien à dire, ce film est une réussite réjouissante et la modestie de Riad Sattouf raffraîchissante.
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    • Meilleure actrice dans un second rôle : Emmanuelle Devos pour "A L'Origine". Elle était selon moi une des plus belles filles de la soirée, mais pas seulement. Naturelle, intelligente et simple. J'ai adoré le film et l'actrice dans ce beau rôle.

    Emmanuelle Devos, gagnante d'un César, ...

    •  Meilleur acteur dans un second rôle : Niels Arestrup pour "Un Prophète", inconstestable plus que jamais puisqu'il joue le rôle de César dans ce film. Il y est une fois de plus extraordinaire. Mais, la fatigue se faisait-elle sentir ou j'ai vraiment vu deux sourires s'afficher sur son visage ?

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    Je ne rêve pas ? Y'aurait-il une justice dans cette vie terrestre ? Les seins de Laetitia sont bel et bien en train de capituler ? Non ?

     

    • Meilleure actrice : Isabelle Adjani dans "La journée de la jupe". Alors là je suis très embarrassée. J'ai aimé ce film. J'ai adoré la prestation d'Isabelle que j'aime d'amour et que je trouve si rare et pourtant si précieuse mais là... je n'ai pas compris. J'aurais préféré qu'elle exprime clairement les raisons de son bouleversement au lieu de suffoquer comme une première communiante, puis de brusquement cesser de pleurer comme une actrice et nous lire ses feuillets, elle qui parle si bien d'ordinaire, et de façon tellement convaincante !!!
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    • Meilleur acteur : Tahar Rahim pour "Un Prophète" (heureusement mais bizaremment André -"vous m'aimez alors ?"-Dussollier n'était pas nommé car j'aurais eu des brûlures d'estomac". Mais là je suis d'accord à 300 %.) Tahar Rahim est un acteur, un grand. Son bonheur, son enthousiasme et sa fraîcheur faisaient plaisir à voir. Il faut simplement qu'à l'avenir il trouve une façon de s'habiller pour les cérémonies qui ne le fasse pas ressembler au ptit gosse de province qui s'habille en dimanche pour venir chercher sa récompense, qu'il rase cette hideuse moustache... et qu'il tourne, qu'il tourne, vite, vite !
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    • Meilleur réalisateur, meilleur film : Jacques Audiard pour "Un Prophète". Justifié, mérité, incontournable... bien que Jacques Audiard m'ait semblé particulièrement indifférent à cette avalanche de récompenses
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    En outre, nous avons appris que Laura Smet allait bien. Ravis pour elle mais je m'en fiche un peu beaucoup. Fabrice Lucchini a rendu un bel et sobre hommage à Eric Rohmer. Mais le montage d'extraits a confirmé que j'étais bel et bien et définitivement pas rohmérienne... D'ailleurs, 20 secondes de Marie Rivière et j'avais une poussée d'eczéma. C'est malin. L'hommage à Jocelyn Quivrin m'a semblé particulièrement court et mal fait. Mélanie Laurent a des yeux révolver. Marc-André Grondin (coucou Rémi Bezançon !!!) était l'un des plus drôles, venant chercher son prix et faire un discours "vintage" sur le prix d'interprétation qu'il n'avait pu recevoir l'an passé. Mais le moment le plus "space", abstrait, décalé et énigmatique revient à Jeanne Balibar, complètement stone qui a débagoulé les paroles d'une chanson complètement incompréhensibles pour finir par des grognements de cochon qui ne l'a même pas fait rire elle !!!

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    En résumé et conclusion, je dirais, mais je peux me tromper, que pour obtenir un César, il vaut mieux tourner avec Jacques Audiard.
    C'était, en direct de mon king size bed, quelques unes de mes impressions sur cette soirée qui dit merci de plein de façons !
    P.S. : au fait, est-ce que vous avez vu "Un prophète" ???
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  • LIBERTE de Tony Gatlif ***

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    En 1943 dans un village français débarque une famille de tziganes avec ses roulottes, ses moutards, ses animaux et son attirail ! C'est la guerre et le glorieux gouvernement de Vichy a décrété l'interdiction aux "bohémiens" de ce peuple nomade de circuler librement, et ce bien avant que le raciste gouvernement nazi en demande lui aussi la déportation... Les tziganes doivent se sédentariser sous peine d'être internés dans des camps de concentration. Malgré la manoeuvre du Maire et vétérinaire du village qui cède pour 10 francs sa propre maison afin que Taloche et sa famille s'y installent, ils seront quand même inquiétés, poursuivis, arrêtés...

    Il n'y a que Tony Gatlif pour nous parler de ce peuple qu'on ne connaît que par les clichés qui subsistent encore. Les "roms" font toujours peur mais le réalisateur nous les présente de l'intérieur, nous immerge au creux, au coeur de leur campement et brusquement on se retrouve en pleine nature pour les observer. Pourquoi leur mode de vie nous est-il si incompréhensible ? Simplement parce qu'il est différent et comme toujours c'est de la différence que naît la crainte et de la crainte la folie et la bêtise qui autorisent certains hommes à en persécuter d'autres ! mince je parle comme un maître Jedi moi ! J'ai eu la sensation d'être parmi les indiens, oui comme ceux d'Amérique dans les westerns. La famille est un tout indivisible. On ne se sépare ni des enfants, pas même pour les mettre à l'école, ni des vieux, jamais.

    Une institutrice humaine et "résistante" (Marie-Josée Croze, subtile), un maire généreux et tolérant (Marc Lavoine, convaincant) qui recueille un petit garçon errant "P'tit Claude" (Mathias Laliberté... craquant) fasciné par les Bohémiens tentent par tous les moyens de protéger voire de sauver, non pas des "Roms" mais d'autres êtres humains. Ainsi le réalisateur rend t'il à la fois hommage à ces "justes" qu'on ne connaît pas et offre surtout un peu de la reconnaissance qu'attendent les tziganes qui ont connu, au même titre que les juifs, la barbarie de l'extermination.

    Et évidemment un film de Tony Gatlif ne serait pas vraisemblable s'il ne débordait d'énergie, de vitalité, d'espoir et de musique ! Et c'est le cas une fois encore. Ce film en liberté sent l'air pur, le courage et la vitalité. Et même s'il est traversé de moments d'angoisse, de désespoir, de découragement et de beaucoup d'injustice, le réalisateur a décidé qu'on ne pouvait emmurer la liberté !

    Pour exprimer cette liberté, cette indépendance, cette insoumission, Tony Gatlif a choisi un comédien, acteur, musicien, acrobate, fabuleux, fascinant et unique au monde : James Thierrée. Son rôle de Taloche, un peu simplet, sans doute secrètement amoureux de l'institutrice, est une espèce de farfadet qui court, virevolte, grimpe aux arbres, se jette de branche en branche ! Il est comme un animal sauvage qui se roule dans la terre, libère l'eau et pousse des cris de bête dès qu'on cherche à l'enfermer. Ce doit être usant pour lui de s'entendre constamment remettre face à son ascendance, mais je dois avouer que sa ressemblance impressionnante avec son génial grand-père me bouleverse jusqu'aux larmes moi !

  • A SINGLE MAN de Tom Ford **

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    George ne se console pas de la mort de Jim son grand amour, le compagnon qui partageait sa vie depuis 16 ans. Au bout de huit mois de chagrin et alors que "se réveiller le matin est devenu une douleur concrète", qu'il faut chaque jour se dire qu'il va falloir tenir jusqu'au bout d'une nouvelle journée, George décide d'en finir. Il va passer cette journée qui ne sera définitivement pas comme les autres à préparer méticuleusement son suicide. Faire des choses essentielles, symboliques et d'autres tout à fait quotidiennes et ordinaires. En outre, il assurera les cours de linguistiques qu'il donne à l'université de Los Angelès. Mais la vie, le destin, les rencontres, les imprévus font que tout ne se passe pas toujours comme on l'a décidé.
    Alors que la famille de Jim a refusé que George assiste aux obsèques, il entreprend seul le fameux travail de deuil, parfois aidé par sa meilleure amie  (Julianne Moore : EXASPERANTE) qui, amoureuse de lui, se désole qu'il la repousse on le comprend, un tel pot de colle !!! mais on la comprend aussi, Colin, on a très envie de le coller.
    Pour incarner cet homme fier et blessé qui doit cacher sa souffrance parce qu'aimer un homme au grand jour quand on est un homme est encore inconcevable dans l'Amérique de 1962, Tom Ford a choisi le stradivarius des acteurs de grande classe. J'avoue que sans lui, ce film m'aurait sans doute laissé indifférente.  Tout chez Colin Firth est synonyme d'élégance et de distinction. Mais sous l'apparente froideur couve le feu de la passion, c'est évident. Sur son visage que le réalisateur inspecte au plus près passe toutes les émotions d'un homme qui ne sait plus s'il doit vivre ou mourir, qui ne conçoit plus la vie sans la personne qu'il a le plus aimée mais qui s'aperçoit aussi que séduire et être séduit peut encore redonner un sens à l'existence. Et puis lors d'une longue séquence muette, George/Colin mime et répète plusieurs fois et en différents endroits de sa maison la scène de son futur suicide. Avec un flegme tout british mais parfaitement hilarant, il cherche manifestement à ce que le coup de révolver fasse le moins de dégât possible. C'est un moment très drôle et j'espère que c'est volontaire parce que j'étais la seule à rire... Mais ce moment est quand même relativement surprenant, il faut l'avouer, dans un film qui se prend au sérieux. Il aurait pu ou dû être un grand mélo mais Tom Ford a choisi de soigner davantage l'esthétique que l'émotion. Tout comme il ne fait que survoler le thème de la différence évoqué lors d'un cours en amphi. Incontestablement tout est très beau à regarder, tout est parfaitement propre, bien rangé, à sa place. Pas la moindre poussière dans les maisons, pas le moindre brin d'herbe qui dépasse dans les jardins, un plan fixe interminable devant une affiche géante de "Psychose", des pauses absolument pas naturelles, des conversations qui tombent comme des cheveux sur la soupe avec de jolis garçons de passage, un jeune homo avec son pull en mohair blanc, un autre qui joue torse nu au tennis, l'intérieur très raffiné de la maison d'architecte de George... tout, absolument tout semble être là pour faire beau, nimbé de beaucoup de couleurs et enveloppé d'une bande sonore très "in the mood for lovienne"...  mais toute cette application manque furieusement de naturel. Comme cette scène insupportable où Julianne Moore a un fourire. J'ai rarement vu une scène aussi ratée !
    Tom Ford refuse qu'on parle de son film comme d'un film traitant de l'homosexualité. Pour lui il s'agit d'une histoire d'amour universelle. Sans doute, mais un réalisateur hétéro n'aurait sans doute pas promené sa caressante caméra sur Colin Firth qui se déshabille, (et s'habille avec beaucoup de classe et de raffinement) et ça c'est plutôt une bonne nouvelle pour les filles comme pour les garçons qui aiment les garçons !
  • SHUTTER ISLAND de Martin Scorsese *****

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    Le marshal Teddy Daniels débarque avec son nouveau coéquipier Chuck Aule sur Shutter Island qui abrite un hôpital psychiatrique pour dangereux criminels. Ils sont chargés d'enquêter sur la disparition d'une patiente, Rachel Solando enfermée pour avoir tué ses trois enfants, ce qu'elle nie. Quelques mots et des chiffres griffonnés sur un bout de papier sont les seuls indices qu'ils retrouvent dans sa chambre/cellule qui était verrouillée lorsqu'elle s'est échappée... Contraints de rester sur l'île car une violente tempête empêche tout bateau de les ramener sur le continent, Teddy va plonger au coeur d'une enquête qui va réveiller en lui un passé douloureux.

    Comment parler d'un film dont j'ai absolument tout aimé, sans l'abîmer, le trahir, n'en rien révéler, ne pas en dire trop mais suffisamment pour me libérer un peu de son emprise envahissante, exigeante ? Car oui, ce film est un film qui hante, envoûte, ensorcelle. C'est au-delà de la leçon de cinéma, bien plus et bien autre chose que cela. Il est un peu comme il arrive parfois, la justification ou l'illustration même qui fait que ma passion pour cet art qui fascine, trouble et protège ne faiblira pas.

    Dès la scène d'ouverture, il est impossible de ne pas être pris du même mal de mer que Teddy qui supporte difficilement la traversée mouvementée en raison de la tempête qui se prépare. En tentant de se raisonner lui-même "ce n'est que de l'eau... beaucoup d'eau", on comprend queTeddy est un homme fort, pour qui se maîtriser est essentiel.  Mais on comprendra encore bien mieux plus tard pourquoi l'eau l'effraie tant. Au début Teddy affiche une belle assurance, ainsi qu'une certaine prestance vestimentaire, exceptée une hideuse cravate (seule note "légère" de cette histoire) curieusement barriolée qui dépare un peu avec l'austérité et la fonction du bonhomme.

    L'arrivée sur l'île ne laisse pas l'ombre d'un doute : rien ne sera simple sur cette île. L'accueil tendu des gardiens armes aux poings, celui distant du directeur, la découverte de patients enchaînés qui se promènent, puis celle des bâtiments austères et imposants, tout sur l'île semble hostile. L'un des bâtiments est réservé aux femmes, un autre aux hommes, un troisième, juché sur une colline, le bâtiment C (un ancien fort de la guerre de sécession) auquel on ne peut avoir accès qu'avec une autorisation spéciale, aux malades particulièrement dangereux, et au loin un phare ! Le tout baigné d'une lumière grise, brune, verdâtre.

    Le marshal et son coéquipier vont rencontrer les dirigeants de l'établissement dont un mystérieux docteur allemand (Max Von Sidow), les soignants dont l'énigmatique psychiatre chef (Ben Kingsley calme et glaçant), les gardiens mais aussi certains patients suffisamment lucides pour être interrogés. Et cette affaire étrange de disparition inexplicable va faire ressurgir chez Teddy les souvenirs les plus traumatisants de son passé. Ancien GI (nous sommes en 54), il a participé à la libération du camp de Dachau en 1945. Les barbelés électrifiés tout autour de l'hôpital lui évoquent ceux des camps, la présence du docteur allemand le mène à la piste d'expérimentations médicales sur des êtres humains comme les pratiquaient les nazis. Des images insoutenables vont revenir lui marteler la tête de migraines insupportables.

    Le souvenir de sa femme tant aimée, morte dans un incendie, qui l'obsède et dévore ses nuits de cauchemars va encore ajouter au tumulte qui vrille son crâne et à celui qui s'abat au dehors sous forme d'incessantes trombes d'eau. Car la tempête se joue autant dans les esprits qu'au travers des éléments déchaînés.

    Je n'en dirai pas davantage car le Maître Scorsese nous embarque, nous manoeuvre et nous remue jusqu'à plus soif, nous inondant d'un flot incessant d'informations, d'événements et de rebondissements jusqu'à la dernière seconde de la dernière réplique.

    Alors laissez-vous gagner, emporter aussi. C'est tout le mal que je vous souhaite, car ce film est un torrent qui à la fois dévaste et comble l'appétit cinéphile. C'est de la maestria à l'état pur. On en rêve, Scorsese le fait. Ce film est une merveille incontestable et si je ne devais en retenir qu'une scène, je parlerai de celle incomparable où la caméra magistrale tourne autour d'un couple enlacé et en larmes peu à peu recouverts d'une pluie de cendres jusqu'à ce que la femme en feu disparaisse, se consume, laissant l'homme à jamais inconsolable. Une scène d'amour comme on n'en voit peu. INOUBLIABLE.

    Cet homme, cet acteur, ce prodige c'est Leonardo di Caprio qui souffre, s'enfièvre et s'affaiblit comme personne et comme jamais dans ce film, dans cette interprétation exemplaire qu'il porte haut, si haut, qu'on souffre, s'enfièvre et s'affaiblit avec et pour lui, jusqu'à la réplique finale. Un acteur prodigieux, remarquable dans un film exceptionnel.

  • ENSEMBLE C'EST TROP de Léa Fazer **

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    Au cours d'un dîner infernal familial et dominical, Marie-France découvre que son mari la trompe. Folle de colère et de douleur elle va se réfugier chez son grand garçon Sébastien qui est marié avec Clémentine avec qui il a deux enfants. Le provisoire s'éternise car non content de l'avoir trompée, ce mari presque soixantenaire a une liaison avec une jeune femme de 30 ans sa cadette qui attend un enfant de lui... Tout se complique évidemment et lorsque l'enfant paraît, l'infidèle s'aperçoit qu'il a fait fausse route, qu'il s'ennuie avec sa nouvelle très jeune femme. Il aimerait bien rentrer au bercail mais Marie-France a de son côté pris goût à sa nouvelle liberté.
    Je vous passe les détails vaudevillesques et abracadabrants de cette comédie joyeuse et grave qui pointe quelques aspects de la vraie vie d'aujourd'hui même s'il est évident que rarement toutes les catastrophes s'abattent sur la même famille, quoique... et qu'elles sont encore plus rarement résolues en quelques coups de cuillère à pot ! Entre les envahissants, les velléitaires, les irresponsables, les donneurs de leçons, les anxieux, les insouciants... la famille trimballe son lot de boulets. Mais je dois dire qu'il y avait bien longtemps que je n'avais tant ri à une comédie française et que ce sont plus les acteurs que le film lui-même qui sont responsables de mon hilarité.
    Evidemment retrouver pour la dernière fois Jocelyn Quivrin à qui ce film est dédié est une raison suffisante pour le voir. Mais il faut reconnaître que Nathalie Baye, complètement déchaînée, d'une fantaise rare, d'un abattage réjouissant, d'un naturel, d'une classe et d'une drôlerie exquis est absolument irrésistible.
    Et puis, le petit plus vient d'Eric Cantona, que j'ai toujours trouvé grand, grand acteur et qui est ici très à sa place en Prince Charmant...