Sin nombre de Cary Fukanaga ***(*)
Sayra doit émigrer du Honduras vers les Etats-Unis en compagnie de son père qu’elle vient de retrouver. Casper membre de la terrifiante Mara mexicaine (gang de bandits qui tuent et terrorisent d’autres bandes du même tonneau, sans cause, sans raison… juste pour terroriser et tuer !!!) y fait intégrer Smiley un jeune garçon d’une dizaine d’années. Pour entrer dans la Mara, c’est simple. Il suffit de se laisser tabasser de treize coups (pieds ou poings, ils sont par regardants) par plusieurs costauds. Puis, pour gagner ses premiers galons : un tatouage par fait d’armes, rien de plus simple également ! Tuer un membre d’une bande adverse ! Ces gens là existent vraiment. Ils n’ont aucune revendication, aucune lutte, leur point de ralliement est un cimetière.
Lorsque Sayra, son père et son oncle se retrouvent sur le toit d’un train rempli d’émigrés en route pour la terre promise américaine, ils sont attaqués par le chef de la Mara locale dont Casper et Smiley font partie. Pour venger l’assassinat de sa fiancée, Casper tue le chef de la bande qui s’apprêtait à violer Sayra. Dès lors, il doit fuir et choisit de rester sur (on ne peut dire « dans » puisque ces passagers clandestins voyagent sur le toit) le train. Il sait qu’il va mourir et le plus difficile pour lui est de ne pas savoir quand.
Il ne reste à Casper qui n’a plus rien et plus rien à perdre qu’à survivre quelque temps avec ces migrants qui se méfient de lui, essaient de s’en débarrasser pendant qu’il lutte pour ne pas dormir. Tous doivent également faire face à la police de l’immigration, à la police tout court et aux bandes de truands organisées, groupes qui vivent comme des misérables mais n’hésitent pas pour autant à s’en prendre à plus misérables qu’eux, sans parler des intempéries, du climat.
Terrifiant, saisissant, sacrément fort, terriblement pessimiste, le jeune réalisateur dont c’est le premier film nous donne des nouvelles d’une partie du monde qui ne va pas bien sans pour autant tomber dans le misérabilisme. Cela dit entre le désir de fuite de certains et leurs difficultés parsemées sur le chemin pour y parvenir en restant en vie ne sont pas sans rappeler les horreurs commises dans une certaine « jungle » française. Ce qui nous amène à repenser égoïstement à la chance de ne pas être né dans certains coins de la planète…
La partie où la jeune Sayra tombe assez brutalement amoureuse de son sauveur, le survivant en sursis qu’est Casper, est nettement moins convaincante et pas vraiment justifiée. Néanmoins on est face à une œuvre de fiction magnifiquement interprétée qui traite de thèmes réels très lourds pour un film qui ne l’est jamais.
P.S. :
Si j'avais une rubrique les ptits gars de la semaine, le très Tchoupinou réalisateur y aurait sa (bonne) place... Mais il ne suffit pas d'être joli, encore faut-il avoir du talent. C'est le cas. Alors : plaisir des yeux