Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Cinéma - Page 273

  • Simon Konianski de Michal Wald ***

     Jonathan Zaccaï, Nassim Ben Abdeloumen, Micha Wald dans Simon Konianski (Photo) Nassim Ben Abdeloumen, Popeck, Micha Wald dans Simon Konianski (Photo)

    Simon a 35 ans, il est au chômage, sa femme dont il est toujours amoureux l’a fichu dehors, il se retrouve contraint de venir vivre provisoirement chez son père Ernest. Parfois Simon a la garde d’Hadrien, son petit garçon de 6 ans passionné par les histoires de déportation de son grand-père, et particulièrement du Kapo Michal. Rien ne va vraiment bien pour Simon donc qui forme avec son père un « couple » typiquement juif : qui s’adore mais ne se comprend pas et ne cesse de se crier dessus. Régulièrement la famille se réunit pour un repas où sont également présents l’oncle Maurice traumatisé et persuadé que la Stasi va venir l’arrêter et la Tante Mala qui parle énormément. Simon en a plus qu’assez de ces histoires de camps de concentration et de conflit du moyen orient. Il est d’ailleurs taxé de pro-palestinien par ses proches…

    A la suite d’un évènement inattendu, toute la famille doit se rendre en Ukraine.

    Le road-movie qui démarre la seconde partie du film conduira les héros qui vivent en Belgique, à travers l’Allemagne remplie de nazis, et la Pologne bourrée d’alcoolos.

    C’est drôle, et même très drôle souvent et parfois l’émotion se mêle aux rires. Simon visitera même malgré lui le camp où son père a été déporté. Forcé de récupérer son fils qui y est entré contre son avis, l’émotion est vive de visiter ce camp désert où le silence qui pèse des tonnes fait travailler l’imagination. Le réalisateur désamorce cette soudaine gravité et il est impossible de ne pas exploser de rire lorsque Simon court après son fils en criant : « on ne court pas dans les camps ! ».

    Dommage qu’il y ait quelques temps morts car ce film poéticomique semble du coup se chercher parfois. C’est vrai qu’on comprend que le fil du rasoir doit être inconfortable pour tenter de ne choquer ou de ne blesser personne. En tant que « goy » respectueuse et parfois hantée par cet inconcevable et infâmant épisode de l'histoire, j’ai trouvé vraiment touchant, audacieux et réussi de mêler dans un même film des mots et des idées plus ou moins tabous, plus ou moins sacrés, plus ou moins maudits. Bravo à Michal Wald de n’en esquiver aucun.

    Jonathan Zaccaï, Popeck et le petit garçon Nassim Ben Abdemoulen sont tout simplement formidables, ensemble ou séparément. Mais toute la galerie de « vieux » ex-déportés, rescapés est impeccable aussi.

  • L’attaque du métro 123 de Tony Scott *

    (SOUS CETTE NOTE, IL Y A UN JEU PASSIONNANT... NE LE RATEZ PAS)

     John Travolta, Tony Scott dans L'Attaque du métro 123 (Photo) Denzel Washington, Tony Scott dans L'Attaque du métro 123 (Photo)

    « John : allo ? Denzel ? comanxé ch’gros ?

    Denzel : gros, gros, faut pas pousser. Juste enveloppé. 100 kilos les jours pairs. Comment tu vas ma couille ? ça farte ?

    -  oh ben tu sais, le train-train. On fait pas du neuf avec du vieux pas vrai ?

    -  oh toi alors, toujours le mot pour rire…

    -  C’est pas tout ça, ch’gros…

    - Arrête euh avec ça… C’est rien Bébé, c’est John ! Al dente les pâtes hein Bébé ?

    - Ouais, ouais, bon… y’a le Scott qui m’a appelé là, il veut faire un remake de « The taking of Pelham 123 », il appellerait ça « The taking of Pelham one two three ». J’en suis. Il me demande de choisir mes partenaires. J’ai pensé à toi. T’as rien de prévu en septembre/octobre ? C’est cool. On tourne à New-York et ça sort en été.

    -  Ridley Scott ??? Banco man, je signe… Bébé ? Je vais tourner avec Ridley Scott. ‘tain j’suis chaud bouillant moi…

    - Oula, t’emballe pas vieux… C’est que Tony, le frangin .

    - Oh mec, non ? Comment tu me la joues là ? J’ai déjà donné avec le Tony. Ça va faire 10 ans qu’il a deux mains gauches.

    -  Ouais je sais, je sais. C’est pas sur ce coup là qu’on aura l’Oscar, mais ça peut lui faire voir le fond du tunnel à Tony et nous ça nous paye des vacances. Et puis, y’aura l’autre bouffeur de pizzas. Comment i s’appelle déjà ?

    -  Turturro ? nooooooooooon pas ce rital de mes deux? Il va encore nous gaver avec ses blagues juives à deux balles et nous sortir sa langue façon Yézousse Couinetana !

    - T’inquiète, j’contrôle. Lui aussi il est dans le creux de la vague. Je gère ! Il vient cachetonner et il rentre faire le pizzaïolo dans le Bronx au bout de trois jours.

    -  Bon, vas-y, balance la purée. C'est quoi le taf.

    -  Alors moi je suis Ryder. Total look barjot, boucle d’oreille, tatouage, crâne rasé. Je prends les voyageurs d’une rame de métro de New-York en otages et je menace d’en tuer un par minute si dans une heure on m’amène pas la rançon. Genre, le film en temps réel t'vois ? Toi, t’es l’aiguilleur. C’est avec toi et personne d’autre que je négocie. Les keufs rappliquent dans ton burlingue, le macaroni balance ses trois répliques merdiques mais vu qu’il est incompétent, c’est toi qui interviens. T’façon, je veux parler qu’à toi.

    - Oh la la, le métro, des terroristes, New-York en danger, un négociateur… l’est même pas arabe le terroriste. Personne va i croire à ce truc.

    - T’inquiète, j’suis catho intégriste dans le film. Et on est deux gros malins, on se comprend, presque on sympathise. Tous les deux on a des trucs à cacher.

    - Et y’aura du cul un peu ? de la castagne ?

    - Yo man détends-toi, y'aura du gros son et une image cracra mais du cul ? euh non, y'a pas d'meufs, juste une monomaniaque du bidon de lait mais... c'est un film de couillus man… y'a une super poursuite sur le pont de Manhattan à la fin. Ah et puis j’oubliais. Y’a James Gandolfini aussi…

    - Encore un enfoiré de rital ??? C'est une pub pour Panzani ton truc ou bien ?

    - Ouais, mais non et puis il a une super réplique ! Il joue le maire de New-York et à un moment il dit : « scusez m’sieurs dames… j’ai pas mis mon costume de Rudolf Giuliani ce matin ! ».

    - Tordant t’as raison. Et à part ça ? on a quoi à se mettre sous la dent ???

    - Ben rien, enfin quand même on dézingue un  peu les otages, ça change.

    - Et je pourrai avoir une boucle d'oreille moi aussi ?

    - C'est ça, et on s'roule une pelle à la fin ?

    - T'es con, j'te jure !

    - Bon allez, sans rire, pour la boucle, ça devrait pouvoir s'arranger. Tu sais ch'gros, c’est le genre de film t’en-a-vu-un-tu-les-as-tous-vus, on joue les couillus, on torche ça en 3, 4 semaines, le reste c’est des effets spéciaux et on passe à la caisse… ».

  • J'ai tué ma mère de Xavier Dolan ****

    Je vous avais déjà dit ici, à quel point ce film est formidable.

    Mais pas suffisamment.
    J'y reviens donc aujourd'hui car je l'ai revu et il me semble que je suis bien loin d'avoir rendu compte combien il est en fait impressionnant, remarquable, époustouflant...

    Et, ce qui m'avait un peu échappé à la première vision : absolument bouleversant.

    J'en suis sortie cette fois chavirée avec la certitude d'avoir vu une histoire d'amour, un grand film d'amour.

    Si les références incontestables à Gus Van Sant et Wong Kar-Waï sautent aux yeux, ce qui est encore plus indiscutable c'est le caractère unique et personnel de ce premier film qui déborde d'idées prestigieuses et le rendent singulier, original, à nul autre pareil : ralentis surprenants et totalement injustifiés, texte qui s'affiche sur l'écran, décadrages audacieux, musique totalement pertinente...

    Il est fréquent chez les cinéphilesphages de mon espèce d'établir un classement des films préférés en fin d'année. Incontestablement, en cette moitié d'année, je peux annoncer haut et fort que :

    "J'ai tué ma mère" est (pour l'instant) MON COUP DE COEUR 2009.

    Vous êtes convaincus ?

  • LA-HAUT de Pete Docter et Bob Peterson***

     Bob Peterson, Pete Docter dans Là-haut (Photo) Bob Peterson, Pete Docter dans Là-haut (Photo) Bob Peterson, Pete Docter dans Là-haut (Photo)

     

    Carl est un rêveur fasciné depuis l'enfance par un explorateur dont il suit les exploits aux "actualités" du cinéma. Tout jeune, il rencontre Ellie, une fillette très délurée et mignonne comme tout. Seule la mort pourrait les séparer. Les années passent, Carl épouse Ellie et lui promet, croix de bois, croix de fer, de l’emmener en haut des chutes spectaculaires qui les font rêver depuis toujours. Ils économisent toute leur vie et à cause de tous les aléas qui empêchent parfois que la vie tourne rond et de réaliser ses projets… Ellie mourra avant que ce rêve ait pu se concrétiser.

    Carl est inconsolable et décide de faire le voyage seul. Pour s’échapper de son quotidien brisé et solitaire, il accroche des centaines de ballons multicolores et sa maison s’envole. Sans le savoir, il embarque Russell avec lui, un petit scout rondouillard de 9 ans qui veut réaliser sa B.A. (sans trop y croire vraiment) : aider une personne âgée...

    Ensemble, ils vont vivre de multiples, dangereuses, trépidantes ou drôlatiques aventures, rencontrer des animaux étranges un peu couillons, d’autres plus malins, des gentils et des méchants. Carl va même croiser le héros de son enfance au milieu de nulle part.

    Je sais qu'il va encore vous falloir patienter deux jours avant de voir ce petit bijou. Mais si vous ne devez choisir qu’un film d’animation cet été et emmener vos enfants, choisissez celui-là car il peut à la fois ravir les petits et plaire aux plus grands.

    Vives, énergiques et bouillonnantes, on ne s’ennuie pas une seconde pendant les aventures de Carl et Russell. Les couleurs éclatantes, les décors fabuleux font pétiller les yeux. La première partie, quasi muette et plutôt réaliste, véritable prouesse de profondeur et d'émotion qui mériterait un film à elle toute seule... n’élude pas les petites misères et gros chagrins qui parcourent une vie d’homme. Quant à la seconde, menée tambour battant et virevoltante, elle fait la part belle aux péripéties et au danger. Ajoutez à cela pas mal d’humour et le personnage du petit Russell vraiment craquant et vous ne pourrez pas résister.

    On peut aussi s'amuser à trouver quelques beaux et sages messages/conseils : l'amour, l'amitié, les sentiments sont plus précieux et essentiels que les biens matériels. Dans la vie, il faut "voyager léger" semble nous dire ce film grave, profond et... aérien. Ne vous encombrez pas de poids inutiles, l'essentiel est ailleurs mais pas forcément loin, et de toute façon "invisible pour les yeux". 

    Enfin, il faut noter l'audace incontestable de ce film qui, à une époque où la dictature de l'apparence et de la jeunesse triomphe, d'oser donner les rôles principaux à un vieillard grognon et à un petit garçon tout rond.

  • Brüno de Larry Charles *

     Sacha Baron Cohen, Larry Charles dans Brüno (Photo)

    Brüno est un (faux) journaliste de mode, autrichien, homosexuel, stupide. Il souhaite devenir mondialement célèbre et pour y parvenir il se rend dans la Mecque de la célébrité : Los Angeles/Hollywood. Il s’aperçoit que proposer à des producteurs consternés ses idées d’émissions trash, porno ou ses interviews-réalité de stars plus ou moins has been, ne suffit pas. Il est convaincu que pour réussir, comme George, Tom ou Brad il faut être hétéro…

    A un moment, un personnage du film suggère à Brüno de plutôt faire des films X, ce n’est peut-être pas une si mauvaise idée. Ainsi le réalisateur ne serait-il plus obligé de flouter ses ébats (pourquoi à certains moments et pas à d’autres ?) ou mettre des petits carrés noirs sur les parties intimes pour montrer ce film bites-couilles-poils-trous du cul… L’interdiction aux moins de 12 ans est à ce titre d’une hypocrisie sans nom. Quoi et qui est-elle censée protéger ?

    A mon sens, « Brüno » n’a pas grand intérêt et aucune valeur éducative même s’il prétend mettre les américains (pourquoi eux plus que nous d’ailleurs ?) face à quelques-uns de leurs travers : l’homophobie, le puritanisme, la télé réalité, les marchands de promesses (médiums ou pasteurs), le charity business (grand moment néanmoins où Paula Abdul accepte de s’asseoir sur un ouvrier mexicain à quatre pattes qui lui sert de fauteuil tout en expliquant, parée comme pour la cérémonie des Oscar, que ses priorités sont son amour des autres et son besoin d’aider son prochain…) etc.

    Le plus gênant c’est qu’on a constamment la sensation que certains passages sont en caméra cachée, d’autres complètement scénarisés.

    On a du mal notamment à croire que Brüno soit allé provoquer des islamistes au Liban, qu’il ait pu être intégré à l’armée ou (à un tout autre niveau) que Bono, Sting et Elton John aient été filmés à « l’insu de leur plein gré ».

    A partir de là, rien ne fonctionne, même si je mentirais en disant que je n’ai pas ri, un peu, mais vraiment pas beaucoup.

    Je n’avais pas vu « Borat » et n’ai aucune envie de le voir.

  • Victoria : les jeunes années d’une reine de Jean-Marc Vallée ***

     Emily Blunt, Rupert Friend, Jean-Marc Vallée dans Victoria : les jeunes années d'une reine (Photo) Jean-Marc Vallée dans Victoria : les jeunes années d'une reine (Photo)

    Alors voilà, l’histoire est racontée dans le titre, je ne peux pas mieux dire et on n’est pas trompé sur la marchandise. La Reine Victoria avant d’être la grosse bonbonne qu’on connaît par les images et qui fut (jusqu’à présent) la Reine d’Angleterre qui régna le plus longtemps, a été une jeune fille belle comme le jour, passionnée et amoureuse folle de celui qui devint sont mari. C’est peut-être aussi la seule reine à avoir été heureuse avec son homme j'imagine.

    En tout cas, avec ce joli film, si je ne tiens pas la bonne surprise de l’été, je ne m’y connais plus. J’avoue que bien échaudée par les horribles derniers films de princesses, je me suis rendue voir celui-ci sans conviction.

    Erreur, c’est épatant.

    Une véritable comédie sentimentale en froufrous. Le Sissi du 3ème millénaire avec des pianos, des violons, du vent dans les cheveux, des bonnes manières, de la dentelle, des intrigues, des convoitises, des complots mais aussi et surtout les grands et beaux sentiments de deux tourtereaux fous d’amour mais réfléchis, intelligents et conscients de leurs responsabilités et obligations. Avec en joyaux sur la couronne, une déclaration d’amour tellement touchante qu’elle en ferait (presque) venir les larmes aux yeux et donnerait envie d’avoir plusieurs épisodes de Victoria : les années de la maturité, Victoria et ses enfants, Victoria face au drame, Victoria grand-mère etc…

    Il faut dire aussi que si l’histoire est rondement et bien menée, sans temps mort et sans niaiserie, le casting est tout simplement royal, rien de moins.

    Emily Blunt est Victoria tour à tour fragile puis autoritaire mais toujours juste et magnifique. Rupert Friend a l’air tout droit sorti d’une gravure du XIXème et incarne à ravir l’amoureux follement romantique. Mais on retrouve ici avec délice Paul Bettany hotissimo en Lord Melbourne, Thomas Kreschtman élégamment guindé en roi Léopold de Belgique, Miranda Richardson rigide puis libérée… et plein de seconds rôles impeccables tout fringants en costumes de princes et princesses.

    Bon, je sais pas vous, mais moi je sors ma « robe qui tourne ».

  • Adieu Gary de Nassime Amaouche ***

    Et aussi Adieu Yasmine, car il me semble en effet important de rappeler que l’acteur principal du film qui tient le rôle de Samir est mort samedi dans un accident de scooter. En dehors de ses amis et de sa famille, il doit être douloureux pour toute l’équipe de soutenir ce beau film ainsi endeuillé.

    …………………………………………………….

     Jean-Pierre Bacri, Yasmine Belmadi, Nassim Amaouche dans Adieu Gary (Photo) Dominique Reymond, Jean-Pierre Bacri, Nassim Amaouche dans Adieu Gary (Photo)

    Samir sort de prison et rejoint son père et son frère dans la petite maison qu’ils occupent dans une cité ouvrière qui se vide progressivement. Le dernier espoir de cette communauté dont le lien, en dehors de la mixité ethnique est l’évidence d’appartenir au milieu ouvrier, semblait résider dans l’usine locale qui vient de fermer ses portes. A mesure que l’usine est démontée pièce par pièce, on accompagne quelques uns des habitants du quartier qui choisissent de rester, de partir ou simplement de rêver de le faire...

    Dans ce petit monde clos, il y a :

    Francis (Jean-Pierre Bacri) qui a travaillé toute sa vie sur une machine et continue de la réparer, pour rien, par amour du travail bien fait et accompli, jusqu’à ce qu’elle soit emportée. Avec ses façons tendres, bourrues et maladroites, il tente d’inculquer à ses grands garçons qu’il a eus avec une marocaine morte depuis, la valeur et l’importance du travail.

    Maria (Dominique Reymond) la voisine très très proche de Francis, et mère d’un ado, José, qui croit que son père est Gary Cooper et qui regarde mutique tous les vieux westerns de l’acteur en attendant le retour du héros. Maria qui, sous le regard inquiet de Francis teste des médicaments pour l’industrie pharmaceutique.

    Samir, le fils qui est sans doute « tombé » à la place d’un autre (on le comprendra, peut-être, sans effet appuyé de la part du réalisateur), accepte un travail qu’il trouvera rapidement humiliant : déguisé en souris pour la « semaine du fromage », il remplit les rayons d’une supérette avec son frère Icham qui rêve de partir au bled qu’il ne connaît pas. Il apprend d’ailleurs, dans des scènes assez hilarantes à parler l’Arabe avec énormément de difficultés.

    Il y a Nejma (sublime Sabrina Ouazami) dont Samir tombe amoureux (on le comprend) mais qui va choisir de quitter cette province sinistrée pour « monter » à Paris.

    Et puis, il y a José qui attend Gary à côté d’Abdel aimé de tous, dangereusement insoupçonnable bien que revendeur de drogues…

    Mille thèmes sont brassés ou effleurés sans zèle ni prosélytisme par un réalisateur qui aime, respecte, écoute les autres : le monde ouvrier, les syndicats, l’intégration, les racines, le rôle et la place de la religion dans une société laïque et on applaudit Nassime Amaouche de réussir un film de cinéma aussi beau (visuellement), aussi fort avec autant de délicatesse.

    Il est entouré par le lumineux Yasmine Belmadi, les très solides Jean-Pierre Bacri et Dominique Reymond, et on comprend aussi la participation amicale de Bernard Blancan dans un film aussi discrètement militant.

    Sans oublier le dernier "personnage" du film, la sublime et obsédante musique du Trio Joubran.

    Dans la chaleur écrasante d’un été du sud de la France, cette cité se résume à une allée bordée de platanes, entourée par l’usine abandonnée et la voix ferrée. Elle finira par le miracle du cinéma par se transformer en un véritable décor de western avec son unique rue déserte, balayée par la pluie et traversée par un poor lonesome cow-boy : Gary Cooper himself ? J Pur instant de magie cinéphile et mélancolique.

    Un film et des personnages regroupés autour d’une valeur frémissante qui paraît désuète et dépassée : la fraternité !

     Nassim Amaouche dans Adieu Gary (Photo)

  • Sans rancune de Yves Hanchar °

     Milan Mauger, Yves Hanchar dans Sans rancune ! (Photo)

    1955 en Belgique – Laurent, orphelin de père (mort lors d’un raid aérien pendant la seconde guerre mondiale), viré de son lycée, intègre une pension pour garçons. Rapidement, il croit que le prof de littérature n’est autre que ce père disparu quand il avait deux ans. Avec un copain, il va tenter de trouver des preuves et par ailleurs poussé par ce même prof, entamer l’écriture de son premier roman.

    Difficile de croire qu’un tel film fût possible. Il faut dire qu’un réalisateur qui ose faire dire à un de ses personnages « Mozart, c’est de la guimauve » ne peut pas être bon. Définitivement. Malgré tout le respect que j'ai pour Schubert.

    Sorte de mixture ratée entre « Le cercle des poètes disparus » et « Les choristes », ce film semble avoir été tourné à l’époque où il se situe (ce qui n’est pas un compliment pour les années 50 qui recèlent évidemment des pépites). Vieillot, daté, naïf, écrit avec les genoux… il faut vainement chercher ce qu’on peut en sauver. Je dirai : de magnifiques paysages et le pauvre et tout jeune Milan Mauger qui mérite mille fois mieux car on a vraiment l’impression que ce beau garçon peut transformer le plomb en or.

    Pour le reste, c’est tellement mauvais qu’on a peine à le croire. Pour une fois, je dirai aussi que le film est à l’image de l’affiche : propre, bien rangé avec un sourire bêbête dessus. Thierry Lhermitte, engoncé dans un rôle de prof présumé fantasque, qui doit faire naître vocations et sentiments de liberté chez des ados, est ridiculement prétentieux et sûr de lui. Rien à voir avec le charismatique professeur Keating ou le gentil pion des Choristes…

    Les dialogues sont d’une pauvreté, d’une indigence rares et les situations d'une bêtise à pleurer.

    Exemples : la grande punition des élèves est "va regarder les vaches" et l'on retrouve le pauvre héros au milieu des près à faire ses devoirs ;

    ou bien,

    lorsque Laurent intègre le pensionnat il doit partager son coin de dortoir avec un couillon, "Boulette" il s'appelle, méchant comme une teigne... par un beau matin de printemps (il fait toujours beau dans ce film ; mais parfois il fait froid alors tout le monde met son manteau et un personnage dit "ferme la fenêtre il fait froid", mais il fait beau quand même), ils deviennent les meilleurs amis du monde sans qu'on sache pourquoi ni comment...  Bref.

    L’histoire prévisible d’un bout à l’autre est absolument sans intérêt. On n’aura pas l’explication du titre quoique… profs et élèves se serrent la main le premier et le dernier jours de l’année en s’appelant par le prénom et en se disant « sans rancune » d'un air entendu.

    Quant à savoir si le prof est vraiment le père de Laurent !!!

    Oui ou non

    ou les deux,

    c’est comme vous voulez.

    On s’en fout.