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Cinema - Page 192

  • STARS 80 de Frédéric Forestier, Thomas Langmann ***

    Stars 80 : photo Jean-Luc LahayeStars 80 : photo Jeanne MasStars 80 : photo Emile & Images, Gilbert Montagné, Jean Schultheis, Jean-Luc Lahaye, Jean-Pierre Mader

    Oui je sais ce que vous allez me dire ! Alors ne me le dites pas. Je suis déjà suffisamment surprise de mettre *** à un film au générique duquel se trouvent : Images, Gilbert Montagné, Sabrina et les autres ! J'ai eu beau réfléchir, je suis d'accord avec moi-même pour maintenir ma décision. Parce que ce film c'est de la dynamite et absolument pas ce que j'imaginais ce que ce serait. Alors tant pis si j'assume avec difficultés et si je perds le peu de crédibilité que j'avais déjà en tant que cinéphile qui vénère un acteur/réalisateur qui parle à une chaise et vote républicain, qui a péri d'ennui devant le dernier spectacle de Carax, est restée de marbre (voire pire) face à Perdre la raison, trouve que Matthew McConaughey est triplement un excellent acteur, adore presque tous les super héros... Bon, je ne vais pas faire le tour de toutes mes tares et lacunes cinématographiques.

    J'ai aimé ce film.

    Pire.

    Ce film m'a embarquée alors que je ne m'y attendais pas. J'y allais, sans avoir vu la bande-annonce, me disant qu'il s'agissait sans doute d'une espèce d'émission de télé, de show, de spectacle... où des chanteurs has been tentaient de faire acteurs en poussant la chansonnette et que j'y ai traîné Jules un peu à reculons avec des pieds de plomb. C'est dire si ce n'était pas gagné. Nonobstant ces réticences, je n'étais pas contre le fait d'écouter un peu du top 50 des années 80, époque curieuse qui me semble antédiluvienne, ringarde ou vintage c'est selon. Epoque révolue donc, où je regardais beaucoup la télé et écoutais beaucoup la radio.

    Il y a donc deux vrais acteurs (voire trois si je compte Bruno Lochet) Anconina (formidable) et Timsit, deux braves types, Vincent et Antoine un chouilla losers mais obstinés et fans des années 80. Ils tentent de survivre en produisant des sosies dans des spectacles. Leur affaire prend l'eau de toute part et avant que leur banquier ne les lâche définitivement, ils décident après avoir retrouvé un vieux 45 Tours de contacter les chanteurs qui ont été les vedettes d'un seul titre et ont complètement sombré dans l'oubli, de les réunir et de monter un spectacle en souvenir des années 80. Contre toute attente, Peter & Sloane, François Feldman, Début de soirée, Cookie Dingler, Images... (oui je sais, ça envoie du bois) acceptent. Mais le rêve ultime serait de faire participer la star des stars de ces années là, qui hélas vit aux Etats-Unis : Gilbert Montagné !

    Le choc passé de constater qui a morflé (Sloane, Cookie...) et qui pas (Jeanne Mas (fragilissime), Jean-Luc Lahaye...), on s'habitue, on craque, on fond, on s'attendrit et on rit. Franchement. Et contrairement à ce que je craignais, on ne rit pas D'EUX mais avec et grâce à eux. Car même si le scenario est une success story sans l'ombre d'une anicroche dans le parcours, les apprentis acteurs, ex-gloires d'un jour ou d'une saison, armés d'un solide et savoureux sens de l'humour posent sur leur parcours un regard inattendu, sans concession et sans la moindre nostalgie. Ils sont drôles à évoquer ce qui, en plus de leur titre unique, a fait leur gloire : les déboires sentimentaux de Peter et Sloane, le quasi anonymat de Début de soirée dont on ne sait jamais qui est qui, tout comme celui de Cookie Dingler qu'on prend pour Michel Delpech etc... C'est difficile à exprimer mais c'est à mourir de rire, mais jamais ce n'est méchant donc jamais gênant.

    Tout le monde a l'air de se marrer et faire une fête du feu de dieu et le public de toutes les villes de France qui remplit les Zénith suit comme un seul homme. Et dans la salle, je mets quiconque au défi de ne pas agiter les gambettes sous le siège. Impossible de résister à ces chansons qu'on connaît par coeur (sauf Voyage Voyage*... seule la fille aux cheveux zarbis peut la chanter). La séquence à New-York, très Blues Brothers avec Gilbert Montagné en prédicateur gospel m'a sciée. J'avais envie de sauter partout et qu'elle ne s'arrête plus. Une comédie musicale dans le film. Euphorisante.

    Evidemment, acteur c'est quand même un métier et certains chanteurs ont du mal à exister... Mention spéciale à Jean Schulteiss, souriant comme un ravi de crèche, qui ne se donne même pas la peine de "jouer". On le pose, il se met au piano et vas-y mon toc toc, c'est reparti comme en 14 :

     "Je me fous, fous de vous, vous m'aimez
    Mais pas moi, moi je vous voulais mais
    Confidence pour confidence
    C'est moi que j'aime à travers vous"...

    Par contre la prestation de Jean-Luc Lahaye... et là je me pince encore deux jours après à me demander si c'est bien moi qui vais dire ce que je vais dire... m'a complètement mise KO. En parrain (musique de Nino Rota comprise), cuir, chaînes et chemise léopard, complètement alaindelonisé (il parle de lui à la troisième personne), il est exceptionnel. Il se pointe et clame "Jean-Luc Lahaye est dans la place", il récite par coeur son "livre" Cent familles, persuadé d'être LA star, distribue des bisous à des filles qui se pâment, "t'as quel âge ?" lance t'il à une jeunette, "non j'rigole" ajoute t'il. Il est tordant, drôle à un point que vous devez avoir du mal à imaginer ! Sur scène, c'est une bête, dans l'histoire il est le bad boy qui vient mettre avec bonheur un peu de piment dans cette sucrerie pleine de tendresse et de bons sentiments. Il est bien meilleur que certains acteurs confirmés. Une présence, quelque chose en plus quoi...

    Même si c'est éphémère, on sort de la salle avec une pêche d'enfer, un sourire jusqu'aux oreilles et bon sang ça fait un bien fou toute cette énergie !

    *Au dessus des vieux volcans
        Glissent des ailes sous les tapis du vent
        Voyage Voyage
        Eternellement
        De nuages en marécages
        De vent d'Espagne en pluie d'Equateur
        Voyage voyage
        Vol dans les hauteurs
        Au d'ssus des capitales
        Des idées fatales
        Regarde l'océan 
         Voyage voyage 
        Plus loin que la nuit et le jour
        Voyage
        Dans l'espace inoui de l'amour
        Voyage voyage
        Sur l'eau sacrée d'un fleuve indien
        Voyage
        Et jamais ne reviens 

       
        Sur le Gange ou l'Amazone
        Chez les blacks chez les siks chez les jaunes
        Voyage voyage
        Dans tout le royaume
        Sur les dunes du Sahara
        Des îles Fidji au Fuji-Yama
        Voyage voyage
        Ne t'arretes pas
        Au d'ssus des barbelés
        Des coeurs bombardés
        Regarde l'océan 


        Au dessus des capitales
        Des idees fatales
        Regarde l'océan
        Voyage voyage...    

  • ASTÉRIX ET OBÉLIX AU SERVICE DE SA MAJESTÉ de Laurent Tirard **

    Astérix et Obélix : au service de Sa Majesté : photo Edouard Baer, Gérard Depardieu
    Astérix et Obélix : au service de Sa Majesté : photo Fabrice LuchiniAstérix et Obélix : au service de Sa Majesté : photo Edouard Baer, Gérard Depardieu
    A la tête de ses légions bas du bulbe, César continue d'envahir le monde. Son choix se porte sur une île aux rites bizarres : Britania. Même si la victoire est aisée, comme pour la Gaule, César tombe sur un os. Un village d'irréductibles résiste mais s'épuise peu à peu. La Reine des bretons se voit donc contrainte à contre coeur d'envoyer son fidèle serviteur Jolitorax chercher de l'aide en Gaule et surtout de rapporter la fameuse potion magique qui permet encore et toujours aux gaulois de tenir tête à César. Astérix et Obélix sont chargés d'escorter Jolitorax et de remettre eux-mêmes à la Reine un tonneau de potion. Evidemment il y aura plein d'embûches en chemin d'autant que les deux comparses sont flanqués d'un compagnon peu ordinaire en la personne de Goudurix, un ado dans toute sa splendeur dont ils sont chargés de faire l'éducation. Et puis, surprise, Astérix et Obélix vont se brouiller un temps,  ils vont devoir prouver qu'ils ne sont pas "deux hommes qui vivent ensemble avec un petit chien", l'un d'eux va tomber amoureux, Obélix va pouvoir baffer quelques romains et toute cette sorte de choses... comme disent les bretons !
    Mais ce qui compte ici ce sont les acteurs, davantage au service de leurs personnages que d'une histoire dont on n'a en gros, que faire. Si l'on excepte quelques passages sans intérêt, la conversion de Dany Boon en gentleman, la cuite carabinée des légionnaires, le personnage agaçant de Pindépis... il faut bien reconnaître que ce quatrième épisode des aventures filmées des deux gaulois est l'un des plus marrant (loin derrière l'opus Chabat évidemment). J'ai donc bien ri de voir énumérer les préjugés que les anglais et les français ont les uns envers les autres (entre autre, les anglais boivent de l'eau chaude et les français puent...), d'entendre l'accent délicieux et excessifs des acteurs français qui jouent des anglais et surtout leurs répliques traduites littéralement comme par un site de traduction en ligne gratuit, que certaines expressions soient prises au pied de la lettre (un gentleman ne doit jamais courir).
    L'idée de mettre dans les pattes des deux compères un troisième luron est excellente et Vincent Lacoste nous refait son numéro très con mais très réaliste d'ado insupportable dont on ne peut rien tirer. Fabrice Lucchini en César c'est du nanan, pour lui comme pour nous. Une fois encore, alors qu'on l'imagine peu en toge et coiffé de lauriers, il donne l'impression d'improviser chacune de ses répliques. Cet acteur est étonnant au point de se fondre dans chaque rôle comme s'il l'inventait et d'y imprimer sa forte personnalité. Guillaume Galienne est plus vrai que vrai en gentleman qui ne veut pas trahir sa bonne éducation. Les filles sont plutôt bien servies et aussi drôles que les garçons ; Catherine Deneuve en reine imperturbable, Valérie Lermercier en chaperon rigide et Charlotte Lebon en jeune première (même si elle hérite de la robe la plus moche qui soit)... Le casting luxueux réserve plein de bonnes surprises et quelques apparitions inattendues.
    Il semble par ailleurs qu'avec Edouard Baer on retrouve le vrai tempérament d'Astérix. Celui d'un petit bonhomme sûr de lui, de son charme, imbu de sa personne, donneur de leçons et un chouilla méprisant. Evidemment il reste toujours le plus courageux dès qu'il faut défendre l'opprimé et cela même sans potion magique. L'acteur parvient comme personne à faire ressortir le côté un peu pathétique et ridicule du personnage.
    Et Gérard Depardieu fait plus que jamais de cet Obélix un couillon empoté, naïf et immature mais invariablement fidèle en amitié. Tout en lui exprime la douceur et la gentillesse, sa voix, sa démarche, son regard, son sourire. Et c'est extravagant que ce soit avec un tel personnage de BD qu'il nous offre sa composition la plus discrète, modeste  mais aussi la plus touchante depuis bien longtemps !

  • PAPERBOY de Lee Daniels **(*)

    Paperboy : photo John Cusack, Matthew McConaugheyPaperboy : photo Matthew McConaughey, Nicole Kidman, Zac EfronPaperboy : photo John Cusack

    En 1969, dans un coin paumé et très moite de la Floride, le shérif a été assassiné. Ce n'était pas un type bien mais néanmoins pour tout crime il y a un coupable. Et Hillary Van Wetter a la sale tête et le comportement de l'emploi. Chasseur d'alligators, il a toujours la machette à la main. Dans le couloir de la mort, il entretient une correspondance torride avec Charlotte, poupée blonde plus très fraîche mais naïve et sentimentale qui a deux obsessions : ses cheveux (pas facile d'avoir le brushing nickel par ces chaleurs !) et les courriers qu'elle échange avec différents détenus à travers les Etats-Unis. Elle finit par déclarer qu'Hillary est "son homme" et entend faire éclater la vérité sur son innocence. Pour reprendre l'enquête, elle engage Ward Jansen, reporter au Miami Times qui entend se refaire une popularité avec cette affaire. Il sera aidé dans la tâche par son ami Yardley et son petit frère Jack qui tombe instantanément sous le charme de la peu farouche Charlotte.

    Deux atouts fondamentaux dans ce film, les acteurs qui mettent le paquet pour casser leur image et l'atmosphère poisseuse, acqueuse, suitante imposée par le climat subtropical humide et chaud. L'histoire et l'enquête arrivent en troisième position. D'ailleurs, quitte à céder au délit de sale gueule, dès que l'on découvre Hillary (John Cusak, méconnaissable, véritable repoussoir, méchant jusqu'à l'os) on a beaucoup de mal à croire à son innocence. Ce qui compte ici, ce sont les personnages, les rapports qu'ils entretiennent et l'effet que produit sur eux le peu de variations climatiques. Il fait chaud, on étouffe. Que faire sinon éventrer des crocodiles ou baiser ? Pendant que les blancs tentent à peine de réprimer ou de céder à leurs plus bas instincts, les noirs luttent ou subissent le racisme latent, rampant, omniprésent. Il y a donc du sexe, de la haine, de la violence et du sang à Lately/Floride. Et même un petit côté Delivrance, tant il saute aux yeux que, même s'ils ne sont pas des virtuoses du banjo, les inquiétants membres de la famille d'Hillary que l'on visite au coeur de marais inaccessibles, se reproduisent entre eux !

    Plus l'enquête avance moins la culpabilité d'Hillary fait de doute. Mais on s'en moque un peu. On préfère observer et voir évoluer cette étrange faune accablée par la chaleur qui triche et dissimule des secrets. Les deux frères sont au coeur de la tourmente qui émerge peu à peu. Matthew McConaughey dont j'espère qu'il n'a cette fois plus à prouver quel acteur étonnant il est. Après Magic Mike et Killer Joe, il dévoile avec beaucoup plus de sobriété une autre facette de ses multiples personnalités. Zac Efron est épatant et ne se contente pas de jouer les beaux gosses torse nu la plupart du temps. Beaucoup d'émotion émane de son personnage. Les relations d'amour qu'il entretient avec son frère et sa nourrisse noire sont très touchants. John Cusak est parfait. Un salaud aussi irrécupérable doit être aussi jouissif à interprétrer par l'acteur qu'à découvrir par le spectateur.

    Je suis hélas moins convaincue par la prestation de Nicole Kidman. En Barbie défraîchie, naïve, fleur bleue et spontanée, elle est d'une vulgarité aux antipodes de ses rôles de grande gigue élégante et bourgeoise. Mais les trois scènes bien trash dont elle est "l'objet" (dont une (hilarante) qui renvoie Sharon Stone dans ses 18 mètres) ont l'air d'être parachutées là comme pour dire "regardez-moi, je suis Nicole Kidman et je pisse sur Zac Efron !" (entre autre). Elle semble crier "OSCAR" à chacune de ses apparitions et c'est agaçant. Qu'est devenue Virginia Woolf ?

  • GOD BLESS AMERICA de Bob Goldthwhait ***

    God Bless America : photo Joel Murray, Tara Lynne BarrGod Bless America : photo Joel MurrayGod Bless America : photo Joel Murray, Tara Lynne Barr

    En peu de temps Frank accumule la poisse. Divorcé? sa fille (une peste XXL) refuse de le voir au motif qu'elle s'ennuie chez lui. Il est fichu à la porte de son boulot après avoir été accusé (à tort) de harcèlement sexuel par une collègue. Il est en proie à de violentes crises de migraines. Ses voisins lui pourrissent la vie par leurs nuisances sonores et leur sans-gêne et, cerise sur le clafoutis, son médecin lui annonce sans ménagement qu'il est atteint d'une tumeur au cerveau inguérissable. Vautré devant sa télé qui diffuse des programmes affligeants Frank zappe d'une chaîne à l'autre et décide de mettre fin à ses jours. Au moment d'appuyer sur la détente, une idée germe dans son cerveau chahuté à la vision d'une émission de télé réalité consternante où une gamine de 16 ans capricieuse, colérique, détestable, (auto-)proclamée "reine du lycée" filmée 24 h/24 clame "les gens m'aiment car je suis riche et belle". Franck décide donc de partir en guerre contre la bêtise humaine. Vaste programme. Après avoir volé la voiture de ses exécrables voisins, armé, il se rend au lycée de la prétendue princesse et le carnage commence... Roxy, une lycéenne délurée, en révolte contre le système elle aussi, assiste réjouie à l'expédition punitive ! Finalement convaincu par la jouvencelle de ne pas se suicider Frank l'embarque dans son périple justicier.

    Le premier massacre donne le ton, il s'agit d'un rêve... Frank rêve d'exterminer ses insupportables voisins dont un bébé qui a le tort de hurler beaucoup et d'avoir la morve au nez. La bouillie qui jaillit sur les murs et la pauvre mère persuadée qu'un type ne tirerait pas sur un nourrisson donnent le ton, on est là pour rigoler. Cela n'empêchera pas de réfléchir un peu sur les pourquoi et les comment d'une société gangrénée entre autre par l'usage intensif de programmes débilitants et humiliants diffusés par une télévision de plus en plus écoeurante.  Mais il est dommage que le réalisateur n'assume pas le côté immoral, discutable voire contestable du traitement de son propos ce qui l'aurait rendu vraiment dérangeant. Car s'il est vrai que régulièrement des tarés s'érigent en redresseurs de torts et tirent sans discernement sur des "innocents", Bob Goldthwhait nous rend ses deux justiciers éminemment sympathiques. Alors on suit ce jeu de massacre en souriant et en faisant mine de s'offusquer "non, ils ne vont pas oser !"... mais heureusement, ils osent ! L'homme triste entre deux âges et la toute jeune fille survoltée trouvent mille et une raisons de tirer dans le tas, scandalisés que cette civilisation qui prétend évoluer compte si peu de gens civilisés. Alors tout y passe : les racistes, les cathos intégristes, les mal embouchés qui mangent du pop corn au cinéma, un présentateur intolérant... Et la quasi généralisation du port d'armes aux Etats-Unis est évoquée.  Mais là où le réalisateur et ses deux acteurs se "lâchent" complètement c'est dans la condamnation sans appel d'un reality-show, équivalent de feue notre Star'Ac où des candidats convaincus de leur talent viennent beugler leurs rengaines. L'humiliation et les moqueries cruelles dont fait l'objet un garçon obèse, débile et inaudible rend Frank particulièrement vindicatif et le carnage final met un point final granguignolesque à la sanglante cavale.

    Tary Lynn Barr, délicieuse et implacable petite poupée et Joel Murray (le frère de Bill) nounours nonchalant à l'incessante loghorrhée forment un couple improbable mais parfaitement réussi. La question de la pédophilie est résolue en une scène incroyablement belle et pure où le bonhomme qui a une morale, explique à la gamine qui considère leur aventure comme celle des Bonnie and Clyde du troisième millénaire, qu'il ne la désirera jamais puisqu'elle n'est qu'une petite fille. Une évidence. Par contre qu'elle devienne un sniper très doué et sans état d'âme ne le perturbe nullement. Jubilatoire.

  • À VENIR...

    LA CHASSE de Thomas Vinterberg ***

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    vu en présence de Thomas Vinterberg

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    GOD BLESS AMERICA de Bob Goldthwait ***

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    J'ENRAGE DE SON ABSENCE de Sandrine Bonnaire ****

    vu en présence de Sandrine Bonnaire et Augustin Legrand

    images.jpgLA CHASSE de Thomas Vinterberg,GOD BLESS AMERICA de Bob Goldthwait,J'ENRAGE DE SON ABSENCE de Sandrine Bonnaire, cinéma

    PAPERBOY de Lee Daniels **(*)

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    en présence de Zac Efronla chasse de thomas vinterberg,god bless america de bob goldthwait,j'enrage de son absence de sandrine bonnaire,cinéma

  • DESPUÉS DE LUCIA de Michel Franco ***

    Después de Lucia : photo Tessa IaDespués de Lucia : photo Tessa IaDespués de Lucia : photo Tessa Ia

    Un type récupère sa voiture et le garagiste lui énumère la liste impressionnante et interminable des réparations qui ont été faites. Le type roule et en plein embouteillage, à un feu rouge, abandonne le véhicule sur place avec les clés à l'intérieur et on le voit s'éloigner, de dos ! On apprendra rapidement que la voiture est celle dans laquelle sa femme vient de mourir d'un grave accident et que c'est sa jeune fille Alejandra qui la conduisait. Et le film regorge de scènes de ce type, sèches, brutales, muettes, sans explication. Roberto et sa fille quittent l'endroit paradisiaque où ils vivaient pour venir vivre à Mexico et tenter de faire le deuil de Lucia. C'est ainsi qu'Alejandra intègre un nouveau lycée et se fait rapidement des "amis". Alejandra est une jeune fille superbe et bien qu'adolescente, elle est brillante, intelligente mais aussi secrète et ne révèle à personne le drame qu'elle vient de vivre. Par ailleurs, bien qu'entretenant des rapports très tendres avec son père très affecté par la mort de sa femme, à aucun moment elle n'évoquera l'enfer qu'elle vit. Un soir de beuverie, elle couche avec ce qu'elle croit être un gentil garçon qui filme leurs ébats. Dès le lendemain, la vidéo fait le tour du lycée et Alejandra devient la risée de tout le monde, puis "la pute" et enfin le souffre-douleur de toute sa classe.

    Le réalisateur traite du deuil. Du fameux "travail", impossible à faire, à concevoir. Seuls ceux qui n'ont jamais vécu la mort d'un proche peuvent prétendre savoir de quoi il s'agit. Les autres s'arrangent comme ils peuvent avec l'inconcevable. Et Alejandra et son père, quoique tendrement unis, ne parlent pas de leur douleur et s'isolent chacun dans leur enfer.

    Mais le film aborde aussi et surtout le thème de la violence à l'école, du harcèlement scolaire. Et ce qu'il nous offre à voir est simplement insupportable, insoutenable. Et il vaut mieux avoir le coeur et l'estomac solidement accrochés pour résister et endurer le calvaire d'Alejandra. Pourtant Michel Franco a l'intelligence ou la décence de laisser la plupart des scènes de violence hors champs. Mais pas toutes... Il nous donne ainsi à découvrir "l'adolescent", cette variété de bipède absolument déconcertante, inarticulée et nébuleuse dans toute son épaisse monstruosité. Ceux que l'on observe ici sont au-delà de la bêtise et de la méchanceté qui les habitent. Mus selon les individus, par leur crétinerie ou une jalousie épidermique, ils font de l'insouciance, de l'inconsistance et de l'inconscience un art de vivre. A vomir.

    La dernière scène, plan séquence hallucinant, laisse le spectateur cramponné à son siège pendant plusieurs minutes.

    La petite Tessa Ia, magnifique, courageuse illumine le film de sa douloureuse présence.

  • DANS LA MAISON de François Ozon ****


    Dans la maison : photo Ernst UmhauerDans la maison : photo Fabrice LuchiniDans la maison : photo Ernst Umhauer, Fabrice Luchini

    C'est la rentrée des classes. Germain prof de français dans un lycée semble un peu plus désabusé que les autres années et que ses collègues. Et encore davantage lorsqu'il découvre accablé que le Proviseur (discours incroyable de Jean-François Balmer impayable !) entend mettre en pratique une expérience faisant du Lycée Gustave Flaubert un "pilote". Tous les elèves porteront l'uniforme dans le but de les mettre sur un pied d'égalité sans signe ostentatoire de classe sociale. Pour Germain cela donne à ces ados une apparence encore plus grégaire. Mais il n'est pas au bout de ses surprises. Pour connaître le niveau de ses élèves il leur demande de rédiger un texte où ils racontent leur dernier week end. Le résultat est affligeant de banalité et de médiocrité et Germain est persuadé de tenir la classe de seconde la plus nulle qu'il ait jamais connue. Jusqu'à ce qu'il tombe sur le texte de Claude Garcia, élève de sa classe également mais qui raconte avoir observé une famille tout l'été et avoir réussi à devenir le meilleur ami de Rapha le fils. Epaté par l'aisance, le style et l'imagination du garçon bien que choqué par la formule "le parfum particulier de la femme de la classe moyenne" le professeur l'encourage à continuer son histoire. Dès lors le jeune homme va s'ingénier à tenter de retranscrire le récit de ce qu'il observe puis d'interpréter, de modifier le sens ou le cours des événements. La perversion des faits va bouleverser l'existence de pas mal de personnes.

    Et mine de rien la construction du film est vertigineuse et m'a évoqué une oeuvre musicale, une symphonie inachevée. D'abord piano, le récit va crescendo jusqu'à atteindre une forme d'apothéose où tout n'est plus que confusion pour s'achever dans une espèce d'apaisement illusoire, un trompe l'oeil très Fenêtre sur cour où l'on se dit que le prof et l'élève, complices désormais, n'ont pas fini de sévir. Jubilatoire. A suivre... comme dirait Claude Garcia. Le jeune homme, visage d'ange, corps gracile et délicat incarne au premier abord la douceur et l'innocence. Mais parfois sur sa frimousse parfaite passe l'ombre cruelle de l'ironie. Le professeur, comme nous, se laisse prendre par cette apparence inoffensive. Et à un moment on ne sait plus qui du prof ou de l'élève manipule l'autre. Qui admire l'autre, qui le désire peut-être, ou l'idéalise ? Le professeur envie t'il son élève pour son talent, lui qui n'a réussi qu'à écrire un roman médiocre ? C'est un peu comme si Verlaine avait trouvé son Rimbaud et voulait le façonner comme il l'entend. Et les références pleuvent à chaque scène. Comment ne pas évoquer le Visiteur du Théorème de Pasolini puisque Claude parvient à tour de rôle, en fonction des exigences de son prof qui réclame un peu plus d'aspérités, d'obstacles, à séduire chaque membre de la famille très ordinaire de son copain ? D'abord le fils, Rapha, garçon quelconque, sans charme ni talent. Puis le père (Denis Ménochet, acteur impeccable et décidément "transformiste"), brave type fruste, bon père, bon mari quoique vaguement macho mais finalement fragile et harcelé dans son travail. Et la mère (Emmanuelle Seigner, insaisissable, lasse et troublante), la femme qui s'ennuie le plus sur terre et rêve de véranda, son Maison & Travaux continuellement à la main. Et Claude n'a qu'à paraître pour capter l'attention. Il trouble et ensorcelle avec un minimum d'effets (Ernst Umhauer est une révélation).

    Jamais encore il ne m'avait été donné de ressentir cette impression qu'un film s'écrit au fur et à mesure qu'on le regarde alors que le scenario est une impressionnante mécanique de précision. Ce n'est d'ailleurs sans doute pas un hasard si à un moment Germain et sa femme (Kristin Scott Thomas, sensationnelle en gérante d'une galerie d'art très spéciale, mais menacée de fermeture) vont au cinéma et s'arrêtent devant l'affiche de Match Point de Woody Allen. Leur couple d'intellos petits bourgeois, complice et finalement fragilisé ou mis à nu par l'intrusion de Claude, n'est pas sans rappeler celui que formait Woody Allen et Diane Keaton dans Meurtre mystérieux à Manhattan. On rit beaucoup à voir s'affronter leurs points de vue sur la vie, les êtres, l'art, le talent ou le génie. Et à observer leur hypocrisie aussi car le regard méprisant que porte le jeune homme sur la "famille ordinaire" reflète sans aucun doute leur propre opinion. Jusqu'où, sous prétexte de création, sont-ils capables d'aller pour que le récit de Claude devienne une oeuvre littéraire ? L'interprétation d'une oeuvre étant un des thèmes récurrent du film, notamment au travers de la galerie de la femme de Germain. On peut dire tout et n'importe quoi à propos d'une oeuvre, empiler des mot, s'extasier et parler d'art. La double apparition de Yolande Moreau en jumelles est un régal !

    Et à la question "peut-on abandonner toute morale sous prétexte de génie ?". Fabrice Lucchini répond sans hésitation "bien sûr, sinon, on ne lit pas Céline." Et l'acteur débarrassé de la moindre emphase du show man dont il est capable (un régal pour moi qui suis fan par ailleurs) est parfait dans ce rôle idéal du prof de français hyper cultivé. En rien un rôle de composition, puisqu'il empoigne sans cesse dans ce film tous les ouvrages dont il nous parle depuis des années. Flaubert en priorité. Un film qui donne envie de lire et qui brasse un nombre incalculable de thèmes sans sombrer dans un salmigondis psychologisant. Efficace, jubilatoire, cruel, immoral, simple et complexe. Le meilleur Ozon ?

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    Et n'oubliez pas que vous pouvez poser des questions à Denis Ménochet (formidable une fois encore ici), sur ce film mais pas uniquement bien sûr. Je vous laisse jusqu'à dimanche soir, le temps pour vous de voir le film.

  • DENIS MÉNOCHET RÉPOND A NOS QUESTIONS

    Vous le savez depuis plusieurs années, Denis Ménochet est pour moi un garçon acteur indispensable. Le genre qui "grandit" de film en film.

    Vous allez me dire qu'il y a quelques garçons indispensables sur ce blog. Je suis d'accord, sauf que 99 % d'entre eux n'atteindront jamais la destination qui passe par cette route. Tans pis pour eux

    Mais parfois, miracle de la toile, des rencontres se font.

    Ce qui a attiré Denis ici c'est ce titre qu'il a découvert par l'intermédiaire de son agent. Evidemment je lui en voulais à mort un peu à cause de ceci... mais je peux être magnanime et j'ai finalement accepté sa contrition. Je vous passe les détails sur la façon dont nous nous sommes "rencontrés" car il y a de jolies choses (un peu étranges quand même) que je veux absolument garder pour moi...

    Aujourd'hui, à l'occasion du très attirant film de François Ozon dans lequel il est le mari d'Emmanuelle Seigner et qui sortira ce mercredi 10 octobre

    denis menochet,dans la maison de françois ozon,cinéma

    et en accord avec Denis qui accepte de répondre à une interview (en exclusivité mondiale) pour ce blog, je vous propose de participer à cet échange en lui posant des questions si vous le souhaitez.

    Je vous invite donc à m'envoyer vos questions à uupascale@gmail.com Je les lui soumettrai et vous livrerai ses réponses, dès que possible, car depuis des mois, tant mieux pour lui et pour nous, il enchaîne les tournages.

    Souvenons-nous que même s'il travaillait déjà depuis des années, c'est Tarantino, un américain, qui nous a mis face à ce comédien français dans un film prodigieux Inglourious basterds. Denis Ménochet partage avec Christoph Watlz, terrifiant, la capitale et exceptionnelle scène d'ouverture du film. Il est Monsieur Lapadite contraint de faire le choix de sauver sa famille ou protéger ses voisins juifs qu'il cache dans sa cave. La scène époustouflante, renversante est inoubliable et l'un des moments de bravoure du film. Au verbiage obséquieux du nazi manipulateur répondent les doutes, les silences et les larmes de Monsieur Lapadite (Denis). 

    Petite piqûre de rappel :

    Les américains ont essayé de nous piquer Denis puisqu'il a également été de l'aventure Robin des Bois de Ridley Scott (excusez du peu), mais heureusement les réalisateurs français l'ont ramené au bercail. Nous avons entre autre pu le voir en prince charmant chez Mélanie Laurent dans Les adoptés, en ex para traumatisé chez Julie Delpy dans Le Skylab, en amoureux inconsolable et maladroit chez Cécilia Rouaud dans Je me suis fait tout petit. Apparemment, il aime travailler avec des filles...

    A vos plumes claviers donc, soyez imaginatifs et drôles comme vous savez l'être afin que nous sâchions TOUT ce que nous avons toujours voulu savoir sur Denis Ménochet sans jamais oser lui demander. 

  • PAULINE DETECTIVE de Marc Fitoussi *

    Pauline détective : photo Sandrine KiberlainPauline détective : photo Claudio Santamaria, Sandrine Kiberlain

    Alors qu'elle annonce, radieuse, à son psy qu'elle cesse les séances d'analyse parce que tout va bien dans sa vie, Pauline se fait vertement plaquer par son petit ami. Désespoir de la demoiselle qui sombre au fond de son lit. C'est sa soeur qui l'en sort brutalement et l'emmène pour quinze jours de vacances dans un palace de bord de mer en Italie. Pauline, journaliste au "Nouveau détective", journal dédié aux enquêtes criminelles se trouve dès son arrivée, confrontée à la disparition d'une vieille dame dont elle a partagé la chambre la première nuit, l'hôtel étant complet...

    Que dire ? A part observer, que dis-je, admirer la superbe rouquine dans un rôle farfelu et électrique, ce gentil et joli film aux couleurs très "pétantes" (n'oubliez pas vos lunettes de soleil, ça peut piquer les yeux fragiles) est un bonbon acidulé sitôt vu, sitôt oublié. Et pourtant Sandrine Kiberlain, glamourissime, tour à tour ravissante idiote ou enquêtrice très futée est plus que parfaite. Hélas, malgré l'agitation et quelques idées originales (les inserts de couverture de journaux dès que Pauline imagine le pire, la reconstitution de la disparition de la vieille dame) le scénario tourne rapidement en rond, on somnole en rêvant de se prélasser au soleil et on ne rit même pas aux tribulations de cette grande fille sublime qui voit le crime partout.

    Dommage pour Sandrine Kiberlain vraiment formidable et en très grande forme. Mais rassurons-nous, il ne s'agit apparemment que du premier épisode des aventures de cette nouvelle fantômette...