TO ROME WITH LOVE de Woody Allen ***
Woody, MON Woody, oui lui là, l'olibrius avec les drôles de grandes lunettes ! et bien il revient avec son nouveau film, celui de 2012. Alors bien sûr celui-ci n'est pas de l'espèce brillantissime d'un opus tel que Midnight in Paris qui vous emportait plus loin que l'écran, par delà les rêves, les espoirs et l'imagination. Mais c'est un Woody, DU Woody et donc forcément meilleur que la moyenne ambiante. C'est ainsi, et que personne ne s'avise de prétendre le contraindre.
Cette fois, Woody nous emmène pour une balade à travers les rues et les sites incontournables de Rome. Il se moque amoureusement des clichés, car comment être à Rome et éviter la Fontaine de Trevi, la Piazza di Spagna, le Colisée ou le Vatican. Il y déroule la carte du Tendre de quelques personnages choisis au hasard. Une histoire chorale où les protagonistes ne se rencontreront pas forcément mais donneront néanmoins un aperçu de quelques romances mêlant quiproquos, malentendus, adultères... Mais pas seulement, la célébrité sera au centre de certaines intrigues. Certains pourraient être célèbres mais ne le sont pas car ils ignorent jusqu'à l'existence de leur don. D'autres le deviennent sans raison ni talent et Woody s'amuse ici de ces énergumènes pathétiques dont la popularité soudaine est pour le moins déconcertante. Pour l'intéressé (ici Roberto Benigni tel qu'en lui-même et toujours drôle) en priorité, qui risque de s'effondrer lorsque, sans plus de raison qu'elles s'étaient tournées vers lui, les caméras s'en désintéressent tout à coup.
Nous trouvons donc également un couple de tourtereaux bien ordinaires venus en voyage de noces à la Capitale où Monsieur doit trouver un boulot. Mais alors que Madame se perd dans les rues romaines pour trouver un coiffeur, elle tombe sur le tournage d'un film et plus précisément nez à nez avec l'acteur le plus sexy (sic) d'Italie, son idole. Et ce n'est pas Riccardo Sciarmacio... à moins que ! Pendant ce temps Monsieur croise la route d'une affolante prostituée (Penelope Cruz).
Un couple de bobos new-yorkais, étudiants à Rome hébergent la meilleure amie de Monsieur et c'est l'éléphant dans le magazin de porcelaine qui vient anéantir l'ordonnancement de la petite vie toute tracée. Riche idée de choisir Jesse Eisenberg qui semble plus Allenien que Woody lui-même, tant il est indécis, versatile et confus. Prêt à succomber à la première babillarde pseudo intello et hyper sexuée. Et ce, malgré les mises en garde d'un ange gardien encombrant (Alec Baldwin, sensass !) qui ne cesse de l'avertir du danger imminent.
Et puis Woody lui-même débarque à Rome avec sa femme (psychiatre évidemment). Après une séance traumatisante d'atterrissage (du grand Woody) il doit rencontrer la future belle-famille de sa fifille chérie qui a choisi de se marier à un avocat gauchiste. Bien sûr, le courant ne passe guère entre la famille italienne et les névrosés new-yorkais. Jusqu'à ce que Woody entende le futur beau-père (croque-mort de son état, car Woody a de plus en plus peur de mourir et ne cesse de nous le répéter) chanter sous la douche, et c'est la révélation. Hélas, le bougre ne réussit à pousser son organe que lorsqu'il fait ses ablutions. Qu'à cela ne tienne...
Voilà donc, le dernier film de Woody Allen est une sucrerie fondante dont on sort avec un sourire banane accroché à la face. Ceux qui préfèrent faire la fine bouche, jouer les pisse-vinaigre et prétendre à un manque d'inspiration n'ont qu'à aller voir l'Hômmâge au cinéma attendre le prochain ou revoir les anciens. Ce Woody est une récréation intelligemment écrite où il nous dit également à quel point le temps passe et qu'il ne veut pas s'arrêter, incapable de s'imaginer tremblotant dans une maison de retraite. Woody a 77 ans, il crève de trouille mais il est contre la retraite