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Cinema - Page 197

  • TO ROME WITH LOVE de Woody Allen ***

    Woody, MON Woody, oui lui là, l'olibrius avec les drôles de grandes lunettes ! et bien il revient avec son nouveau film, celui de 2012. Alors bien sûr celui-ci n'est pas de l'espèce brillantissime d'un opus tel que Midnight in Paris qui vous emportait plus loin que l'écran, par delà les rêves, les espoirs et l'imagination. Mais c'est un Woody, DU Woody et donc forcément meilleur que la moyenne ambiante. C'est ainsi, et que personne ne s'avise de prétendre le contraindre.

    Cette fois, Woody nous emmène pour une balade à travers les rues et les sites incontournables de Rome. Il se moque amoureusement des clichés, car comment être à Rome et éviter la Fontaine de Trevi, la Piazza di Spagna, le Colisée ou le Vatican. Il y déroule la carte du Tendre de quelques personnages choisis au hasard. Une histoire chorale où les protagonistes ne se rencontreront pas forcément mais donneront néanmoins un aperçu de quelques romances mêlant quiproquos, malentendus, adultères... Mais pas seulement, la célébrité sera au centre de certaines intrigues. Certains pourraient être célèbres mais ne le sont pas car ils ignorent jusqu'à l'existence de leur don. D'autres le deviennent sans raison ni talent et Woody s'amuse ici de ces énergumènes pathétiques dont la popularité soudaine est pour le moins déconcertante. Pour l'intéressé (ici Roberto Benigni tel qu'en lui-même et toujours drôle) en priorité, qui risque de s'effondrer lorsque, sans plus de raison qu'elles s'étaient tournées vers lui, les caméras s'en désintéressent tout à coup.

    Nous trouvons donc également un couple de tourtereaux bien ordinaires venus en voyage de noces à la Capitale où Monsieur doit trouver un boulot. Mais alors que Madame se perd dans les rues romaines pour trouver un coiffeur, elle tombe sur le tournage d'un film et plus précisément nez à nez avec l'acteur le plus sexy (sic) d'Italie, son idole. Et ce n'est pas Riccardo Sciarmacio... à moins que ! Pendant ce temps Monsieur croise la route d'une affolante prostituée (Penelope Cruz).

    Un couple de bobos new-yorkais, étudiants à Rome hébergent la meilleure amie de Monsieur et c'est l'éléphant dans le magazin de porcelaine qui vient anéantir l'ordonnancement de la petite vie toute tracée. Riche idée de choisir Jesse Eisenberg qui semble plus Allenien que Woody lui-même, tant il est indécis, versatile et confus. Prêt à succomber à la première babillarde pseudo intello et hyper sexuée. Et ce, malgré les mises en garde d'un ange gardien encombrant (Alec Baldwin, sensass !) qui ne cesse de l'avertir du danger imminent.

    Et puis Woody lui-même débarque à Rome avec sa femme (psychiatre évidemment). Après une séance traumatisante d'atterrissage (du grand Woody) il doit rencontrer la future belle-famille de sa fifille chérie qui a choisi de se marier à un avocat gauchiste. Bien sûr, le courant ne passe guère entre la famille italienne et les névrosés new-yorkais. Jusqu'à ce que Woody entende le futur beau-père (croque-mort de son état, car Woody a de plus en plus peur de mourir et ne cesse de nous le répéter) chanter sous la douche, et c'est la révélation. Hélas, le bougre ne réussit à pousser son organe que lorsqu'il fait ses ablutions. Qu'à cela ne tienne...

    Voilà donc, le dernier film de Woody Allen est une sucrerie fondante dont on sort avec un sourire banane accroché à la face. Ceux qui préfèrent faire la fine bouche, jouer les pisse-vinaigre et prétendre à un manque d'inspiration n'ont qu'à aller voir l'Hômmâge au cinéma attendre le prochain ou revoir les anciens. Ce Woody est une récréation intelligemment écrite où il nous dit également à quel point le temps passe et qu'il ne veut pas s'arrêter, incapable de s'imaginer tremblotant dans une maison de retraite. Woody a 77 ans, il crève de trouille mais il est contre la retraite

  • SUMMERTIME de Matthew Gordon ***

    Summertime : photo

    Summertime : photo
    Surpris en train de voler par le Principal du collège dans le casier d'un élève, Robbie 14 ans ne sera pas dénoncé à condition qu'il remette, à la rentrée, une dissertation dans laquelle il évoquera ses vacances d'été. Robbie n'écrira pas une ligne mais exprimera sa rage en voix off. Il faut dire que Robbie a peu de temps et d'occasion pour écrire. Il vit seul avec sa grand-mère, une très vieille femme réduite à l'état de légume et son tout jeune demi-frère Fess qu'il protège et dont il s'occupe avec tendresse et beaucoup d'attention. Son père, il ne le connaît pas et sa mère est partie soigner son spleen en Californie. Elle envoie des cartes postales dans lesquelles elle promet de revenir. Et ne revient pas. C'est cependant le seul rêve de Robbie, celui d'une vie "normale", en famille. Le frère aîné Lucas, un parasite sans envergure, vient parfois squatter la maison délabrée sans pour autant y amener l'espoir.
    L'été est accablant et poisseux dans le Mississippi qui est paraît-il la région la plus pauvre des Etats-Unis. Le rêve américain semble en effet avoir désherté l'endroit, sauf le coeur et la tête de Robbie, solide gaillard de 14 ans toujours à la lisière de la délinquance. Mais il résiste tant bien que mal, parfois aidé à son insu ou à sa surprise par des adultes qui, sans réellement lui venir en aide, ne l'accablent pas ! Tels le Principal du collège, l'obèse shérif qui semble comprendre le désarroi du garçon ou encore les parents d'une copine qui ne porteront pas plainte bien que Robbie lui ait dérobé tout l'argent reçu à son anniversaire. Pour son propre anniversaire Robbie aimerait simplement pouvoir emmener sa grand-mère et son petit frère adorés au restaurant.
    Lorsque Lucas le grand frère refait surface, une nouvelle conquête pendue à son bras chaque jour, Robbie croit en une embellie possible. Mais Lucas, branleur patenté annoncera la couleur à son frère : "Il faut que je retrouve mes esprits. Et si tu trouvais un job d'été pendant que je réfléchis ?" Une fois encore, c'est Robbie qui va assurer le quotidien en faisant office d'esclave dans une station-service paumée au milieu de nulle part. Pendant ce temps, Lucas passe ses journées affalé sur le canapé du salon à cuver, et ses nuits à sortir et détrousser de charmantes jeunes femmes pas farouches. Cette situation inadmissible et la façon dont Lucas, erreur suprême, va rejeter Fess leur demi-frère, vont contraindre Robbie à commettre un acte pour le moins surprenant de la part de ce garçon qui semblait jusque là prêt à tout endurer. Et alors que Lucas était jusque là le connard tête à baffes irrécupérable, sa révélation (très belle scène cruelle) d'un déterminisme implacable et inéluctable s'abat comme une nouvelle injustice.
    Premier film âpre, tendre et parfois angoissant sur une enfance sacrifiée, ce Summertime est aussi une chronique à la fois douce, triste et amère d'un été après lequel plus rien ne sera comme avant. Et ce malgré les efforts insensés de ce gamin buté (formidable William Ruffin dont c'est le premier rôle), solide et finalement désarmé face au cours inexorable des choses !

  • AFTER.LIFE de Agnieszka Wojtowicz-Vosloo °

    After.Life : photo

    After.Life : photo

    After.Life : photo Christina Ricci

    Anna n'est pas à la fête dans sa vie. Elle boude au lit parce son chéri l'écrabouille, elle boude sous la douche parce qu'elle saigne du nez, elle boude à l'école parce qu'elle est enseignante... Quand on lui demande "qu'est-ce qu'il y a qui ne va pas ?". Elle répond "Rien" en penchant la tête, genre "je vais écrire un poème" !

    Alors que son fiancé s'apprête à dégaîner l'arme fatale (une bague de fiançaille), elle croit qu'il veut la plaquer. La nuance est de taille mais Anna est ainsi faite, insatisfaite et complètement à côté de ses louboutin. Elle plante chéri en plein milieu du restau, devant tout le monde, même pas honte, elle monte dans sa grosse auto et s'en va sous la pluie pleurnichante, bouder ailleurs.

    Normalement une fille ne devrait jamais prendre le volant par temps de pluie.

    Donc, paf...Anna ! Putain d'camion !

    Sans transition et sous vos applaudissements, on la retrouve à la morgue couchée sur une table et Liam Neeson s'approche dans son grand tablier et avec sa grosse aiguille à matelas lui recoud le bobo qu'elle a à l'arcade ! Anna est morte mais croit qu'elle ne l'est pas. Elle dit : "mais je ne suis pas morte, laissez moi partir, au secours !" Mais elle ne peut pas bouger. C'est parce qu'elle est vraiment morte je crois !

    Liam soupire : "ralalala ! tous les mêmes ! Vous me faites tous le coup... mais si, ma belle, tu es morte".

    "Noooooooooooooooooooooooooooon !!!" qu'elle dit.

    "Si" qu'il répond. Et ça dure 109 minutes.

    Et pendant cette heure et trente neuf minutes, Liam Neeson va s'employer à expliquer à la belle qu'elle doit faire le deuil des vivants. Ah c'est fin ! Parfois il aura l'air tout gentil, genre "je vous comprends les morts, c'est pas fastoche de passer de vie à trépas, mais je suis là pour vous aider". D'autres fois il aura ses nerfs et l'air inquiétant et fera une piquouze direct dans la jugulaire à Anna. "Pourquoi" elle dira. "Pour pas que tu te raidifis trop vite" qu'il répondra, vu que l'enterrement est dans trois jours. Et nous on pensera qu'en fait elle n'est pas vraiment morte et qu'il veut se la faire. Parce qu'Anna c'est Christina Ricci qui a donc l'occasion en la circonstance de passer tout le film à oilpé ou en nuisette. La demoiselle est fort appétissante malgré sa nuisette très très moche et son maquillage famille Adams. Et Liam a beau être croque-mort, avoir été un Juste, il n'en est pas moins homme.

    Il y aura plein de rebondissements incroyables. La mère d'Anna viendra lui rendre visite. Anna dira "elle a pleuré ?". Liam répondra "non". Et c'est vrai, la mère est une vilaine qui ne pense qu'à sa pomme. Mais elle est dans une chaise roulante. On sent qu'elle est aigrie à cause de ça et elle reproche à Anna de l'abandonner. Comme si elle avait fait exprès de mourir.

    Le fiancé voudra rendre visite à Anna mais comme il n'avait pas encore offert la bague à Anna... Liam dit qu'il est pas vraiment de la famille et il lui refuse l'entrée. Anna lui demande si son Jules a pleuré quand il est venu. Et Liam répond "non," et là il ment. C'est moche. Donc, on se dit que Liam en pince pour Anna, il veut se la garder pour lui tout seul et il va se la faire. Sauf que non.

    Il y aura d'autres macchabées qui viendront tenir compagnie à Anna. Mais elle ne sympathisera avec aucun. Un flic rendra une ultime visite à son frère mais quand il verra Anna allongée nue sur le lit à côté, ça va le chatouiller. On se dit qu'il va se la faire, et non !

    Des portes claqueront, des cymbales percuteront alors qu'à l'écran rien ne se passe, des maccab' surgiront de nulle part juste comme ça pour le fun ! Et même pas je sursauterai !

    La grande question demeure : pourquoi ce film de 2009 n'est-il pas resté dans un tiroir alors que, comme nous en discutions encore récemment avec une voisine de palier, de véritables chef-d'oeuvre restent dans les placards ?

    Et comme en ce moment, les critiques des autres m'agréent (c'est l'été j'ai chaud !), je vous livre celle de Noémie Luciani (du Monde) : "Perdus dans les limbes scénaristiques, deux acteurs tentent vainement de rendre le n'importe quoi crédible, et l'actrice principale fait autre chose".

    Il est vrai que Christina Ricci n'a absolument pas l'air de comprendre ce qu'elle a à faire là !

  • HOLY MOTORS de Leos Carax °

    Holy Motors : photoHoly Motors : photoHoly Motors : photo
    Leos Carax lui-même en personne s'éveille, allume une clope, traverse le mur de sa chambre et se retrouve dans une salle de cinéma où un film est projeté.Tous les spectateurs y sont endormis, ou morts. Allez savoir. Un chien ou plutôt un molosse suit un bébé dans l'allée centrale...
    Au petit jour, Monsieur Oscar quitte son domicile bunker et rejoint sa limousine blanche. Au volant, Céline, une belle dame âgée, la gracieuse, gracile et énigmatique Edith Scob et son chignon hitchcockien ! Elle va trimballer Monsieur Oscar à travers Paris jusqu'à l'aube suivante. Entre temps, son passager aura changé une bonne dizaine de fois d'identité, vécu un épisode de la vie de chacun des personnages, succombé plusieurs fois à l'âge, la maladie ou à un coup de surin mais se sera relevé autant de fois. C'est ça la magie du cinéma. Les morts se relèvent à la fin de chaque scène. Heureusement que Leos Carax vient nous le rappeler.
    Je me suis lovée dans mon fauteuil bien décidée à vivre une expérience inédite, une rencontre du quatrième type, tous sens en éveil et prête à chavirer d'émotion... Sauf que, non, rien. Encéphalogramme plat. Je n'ai été ni éblouie, ni impressionnée et encore moins émue. Si ce film m'est resté totalement hermétique et que je n'ai pu décoder une seule des énigmes qu'il est censé contenir, au moins comprends-je mieux aujourd'hui les propos rassurants du réalisateur qui lui non plus ne sait pas à quoi sert son film. Il laisse le soin à ceux qui aiment se faire des noeuds au cerveau de le lui expliquer : "A chaque sortie de film, j'ai cette pensée obsédante qu'il existe quelqu'un qui le verra bientôt et ensuite en éclairera pour moi magiquement la raison d'être. Je cherche toujours son ombre". Cherche gamin, cherche... Je l'espère satisfait car ce garçon semble toujours très accablé par le monde et l'injustice qui y règne. En tout cas, s'il ne l'est pas (satisfait) c'est qu'il fait preuve de mauvaise volonté car les interprétations de sa promenade en limousine foisonnent. J'ai  par contre beaucoup plus de mal à comprendre cette affirmation : "On fait les films pour des morts, ils sont vus par des vivants". Y voir un mépris certain pour le pauvre spectateur bas de plafond (que je suis) serait sans doute désobligeant de ma part. Ou bien suis-je trop vivante pour comprendre Leos Carax !
    Je ne peux bien sûr nier la performance multiple parfaite de Denis Lavant, muse consentante et abandonnée aux mains de son créateur. Indépendamment de son talent de transformiste, l'acteur met toute son énergie, sa fièvre et sa souplesse au service de personnages contrastés. D'abord banquier qui parle CAC, il brosse consciencieusement une perruque et se transforme en vieille mendiante étrangère que tout le monde ignore sur un pont de Paris. A l'issue de chaque scène ? sketche ? épisode ? Monsieur Oscar remonte dans la limo se démaquille et se métamorphose à nouveau devant son miroir de loge de théâtre. Il sera successivement un père de famille déçu par sa fille menteuse, un acteur en motion-capture (prétexte ridicule au tournage d'une scène porno), la créature monstrueuse de Tokyo, Monsieur Merde (mon personnage préféré mais prétexte à une scène grotesque dans les égoûts avec Eva Mendès), un tueur chargé d'abattre son double (la scène la plus réussie), un oncle mourant qui se confie à sa nièce, un amoureux qui revoit son ex (prétexte à laisser Kylie Minogue pousser la chansonnette pour nous expliquer pourquoi elle est si triste : attention, trauma) et j'en oublie sans doute. Voir Céline/Edith Scob remettre deux billets de 20 €uros à Monsieur Oscar qui rentre finalement chez lui et retrouve sa chérie et ses deux filles qui sont trois chimpanzés est la cerise sur le clafoutis qui me fait réellement penser à un gros foutage de gueule, pour être polie ! Même la sublime chanson de Gérard Manset (qu'il convient d'écouter sans les images) ne parvient pas à sauver cette scène qui fait définitivement sombrer le film dans le porte nawak et le ridicule.
    Mes moments préférés restent cette scène tralalaïesque où une dizaine d'accordéonistes en folie investissent une église, et le final grandiose où après qu'Edith Scob (morte de honte sans doute) ait remis son masque des Yeux sans visage, des limousines commencent à discuter entre elles de l'avenir du pauvre monde... soit environ 4 minutes !

  • LA PART DES ANGES de Ken Loach ****

    La Part des Anges : photoLa Part des Anges : photo

    Pendant les premières minutes on se croirait devant le film de Raymond Depardon 10ème chambre, instants d'audience. De jeunes délinquants défilent à la barre d'un tribunal de Glasgow. Leurs avocats tentent de défendre les causes plus ou moins perdues de ces récidivistes d'agressions, vols et autres délits. Une juge, sensible à la prochaine paternité de Robbie et au fait qu'il a réussi à préserver une relation de couple avec Leonie, future mère de l'enfant à venir, le condamne à une peine de travaux d'intérêt général. C'est ainsi qu'il fait la connaissance de Rhino, Albert et Mo, qui eux aussi ont échappé à la prison. La rencontre avec Henri éducateur paternel, compréhensif et humain va changer leur vie et plus particulièrement celle de Robbie. Contre toute "légalité", Henri emmène les jeunes gens visiter une distillerie en dehors des heures de travaux d'intérêt général et les initie à l'art de la dégustation. Rapidement Robbie se prend de passion pour ce breuvage qu'il ne connaissait pas : le whisky et devient un dégustateur hors pair...

    Ken Loach décide pour cette fois d'offrir une vraie seconde chance à son héros et réalise un film résolument optimiste sans pour autant sombrer dans l'angélisme et le ravissement. Malgré une poisse persistante qui lui colle aux basques, une fatalité et une malchance qui le poursuivent et le rattrapent souvent, une violence instinctive qui ne demande qu'à s'exprimer, Robbie décide de s'en sortir. Pour l'amour d'une femme et d'un enfant. Dès qu'il tient ce tout petit bébé dans les bras, son fils, le jeune homme est transformé. Il se sent devenir important et responsable. Et pourtant ce ne sont pas les épreuves qui vont manquer et s'accumuler pour s'interposer entre lui et cette promesse de vie meilleure. La mouise dans laquelle il se débat à peine, le squat crasseux qu'il occupe, les tabassages de son beau-père qui ne veut plus qu'il revoit sa fille, la haine héréditaire d'un type et de sa bande... Robbie a toutes les raisons de penser qu'il ne s'en sortira jamais.

    Après avoir installé l'environnement dans un contexte social désespérant et une première partie démoralisante, Ken Loach se tourne délibérément vers la comédie alcoolisée et nous offre un Ocean's eleven avec quatre pieds nickelés (dont un particulièrement bas de plafond) qui  vont mettre au point une entourloupe plutôt géniale. Mais forcément hors la loi. Donc, on va trembler pour nos quatre gugus tant leur "coup" semble mal et vite préparé et le suspens sera particulièrement réjouissant. Rire franchement dans un Ken Loach, n'est-ce pas la preuve que ce grand réalisateur infatigablement en colère peut encore nous surprendre ? La part des anges (l'explication du titre est donné doctement dans le film) est une réussite totale. D'une simplicité exemplaire, le scénario nous balade et nous surprend par ces détours burlesques et inattendus. La visite d'une distillerie et une séance de dégustation avec un véritable spécialiste de renom sont insérés opportunément et intelligemment comme deux documentaires à l'intérieur de la fiction.

    Quant à Robbie, petite frappe au visage couturé et regard pénétrant, il est interprété par Paul Branigan, un non professionnel découvert par hasard alors qu'il participait à un programme destiné aux jeunes des quartiers défavorisés. Il est incroyable, d'une justesse et d'une profondeur extraordinaires.

  • DENIS MÉNOCHET EST UNE ACTRICE ROMANTIQUE

    Souvenez-vous, il y a peu je vous parlais du féminisme d'un acteur, que ses signes extérieurs de mâlitude ne pouvaient trahir. Aujourd'hui, je découvre dans Première, qui chaque mois en toute dernière page pose des questions à un acteur ou une actrice, les révélations de Denis je t'aime d'amour, ça va mieux la turista ??? Ménochet : 

    A la question, quel est le film qui vous a donné envie d'être amoureux ? Il répond :

    "Titanic et Sur la Route de Madison... je m'entraîne régulièrement à nager dans l'eau glacée ou à agripper les poignées de portières sans descendre de voiture."

    J'ai ri.

    Il ajoute plus loin "...j'aurais vraiment aimé être Kate Winslet".

    J'ai pensé : moi aussi.

    Et puis : "Le Père Noël existe, sinon comment expliquez-vous que j'ai tourné dans Inglorious Basterds de Tarantino ?"

    Je dis : Quentin est grand.

     

    C'est chou non ?

    Nous pourrons le découvrir enfin dans un premier rôle, le 11 juillet dans le film de Cécilia Rouaud Je me suis fait tout petit, en compagnie de Vanessa Paradis.

    Par ailleurs, n'allez pas croire que je boude les salles obscures. C'est juste que je suis présentement atteinte du syndrome de la page blanche ou writer's block ! Sachez donc que dès que j'aurai rassemblé mes esprits et retrouvé un peu d'inspiration, je vous parlerai du dernier Ken Loach

    LA PART DES ANGES ****

    La Part des Anges

    et de

    THE AMAZING SPIDER MAN * ou **

    qui n'a d'amazing que le titre...

    The Amazing Spider-Man

    En attendant (très impatiemment) de voir :

    HOLY MOTORS de Leos Carax

    Holy Motors

    Mais si vous hésitez ou souhaitez avoir envie d'avoir envie, je vous recommande la lecture du très beau texte de Madame MJG qui est très occupée ces temps ci !

    A très bientôt sur cette antenne !

  • MAINS ARMÉES de Pierre Jolivet

    Grâce à CINEFRIENDS, 5 X 2 places à gagner pour ce film qui sortira le mercredi 11 juillet

    affiche.jpg

    Synopsis : Lucas a 46 ans. Un grand flic, patron au trafic d’armes à Marseille. Maya a 25 ans. Elle est jeune flic aux stups, à Paris. Comme souvent, les armes croisent la drogue. Et Lucas va croiser Maya. Pas forcément par hasard. Flag, braquage, indics… leurs enquêtes vont s’entremêler. Leurs vies aussi.
    Parce que leur histoire a commencé bien longtemps avant leur rencontre…

     

    J'ai découpé des affiches de films. Pour gagner merci de me dire à quels films appartiennent ces images.

    Seules les réponses de 1 à 5 permettent de gagner.

    UNE SEULE RÉPONSE À LA FOIS PAR PERSONNE.

    ON NE REJOUE QUE LORSQUE J'AI VALIDÉ LA RÉPONSE.

    GAME OVER. Merci.

    1

    BAROCCO trouvé par Mister Loup

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    ECOUTE VOIR trouvé par king72

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    NETCHAÏEV EST DE RETOUR par robedete

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    POUSSIERE D'ANGE trouvé par sopel

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    UN NOMME LA ROCCA trouvé par mel

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    CETTE FEMME-LA trouvé par Yohan

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    LE BAR DU TELEPHONE trouvé par marion

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    LES LIENS DU SANG trouvé par sopel

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    9

    LE CLAN DES SICILIENS trouvé par Mister Loup

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    LE DEUXIEME SOUFFLE trouvé par marion

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  • LA CLINIQUE DE L'AMOUR de Artus de Penguern ***

    La Clinique de l'amour ! : photoLa Clinique de l'amour ! : photoLa Clinique de l'amour ! : photo

    La clinique Marshall est dirigée par Monsieur Marshall et ses deux fils chirurgiens. John l'aîné, timide et compétent, Michael le cadet beaucoup plus dilettante et tombeur en série de blouses d'infirmières. Michaël est fou amoureux de la délicieuse Priscilla mais par manque d'audace, il se fait souffler la belle par son frère qui l'épouse. Dépité, Michaël s'enfuit à l'autre bout du monde soigner des esquimaux et rencontrer un ours... John en profite pour faire une formation accélérée en chirurgie esthétique et fait rapidement péricliter la clinique à cause de ses erreurs médicales. Manipulé par une nouvelle infirmière fatale, la pernicieuse Samantha tout en décolleté et en chuchotements suaves, il va tenter de vendre ses parts à l'ennemi, un laboratoire qui a la mainmise sur tout le secteur médical français. Contraint de revenir au pays suite au malaise cardiaque du père, John va tout faire pour remettre de l'ordre dans la clinique.

    Artus de Penguern a une tête impossible et il prête son visage de Pierrot lunaire et tourmenté à John. Son film est à l'image de son personnage, éminemment sympathique et positif, drôle et poétique. Son exil volontaire au début du film n'est sans doute qu'un prétexte pour se donner l'occasion et la possibilité de concocter et de réussir un bel hommage, en forme de copier/coller, à Charlie Chaplin dont on ne doute pas un instant qu'il soit son maître à penser. Passé ce court métrage dans le long, La Clinique de l'amour se veut surtout être un pastiche savoureux des soap opera, ces feuilletons (Dallas, Les feux de l'amour) qui enchaînent les invraisemblances et accumulent les personnages la plupart du temps limités à un seul trait de caractère. Il y a donc la gentille infirmière qui rêve d'une vie tranquille avec un amoureux qui ferait cuire du bacon sur le barbecue pendant que les enfants papillonneraient dans le jardin, l'empathique, la féministe, la garce, mais aussi le tombeur, l'amoureux éconduit, le toubib qui pose des diagnostics longs comme un jour sans pain rien qu'en posant la main sur le front du malade... sans compter tous les rôles secondaires encore plus caricaturaux et qui gravitent autour des principaux ! Les acteurs s'en donnent à coeur joie avec le plus grand sérieux autour de leur réalisateur/acteur, et le spectateur déguste.

    Mais contrairement à ces séries interminables, le réalisateur nous le sert ici à la sauce Y'a t'il un pilote dans l'avion ? Et c'est peu dire que l'on s'amuse à voir ces quelques individus se dépatouiller de situations improbables qui en toute logique mêlent argent, magouilles, arrivisme et surtout l'Amour. Car c'est la rengaine de chaque personnage : trouver l'Amour. Et ce n'est qu'à l'issue de maints coups de théâtre et péripéties plus farfelus et invraisemblables les uns que les autres, que chacun trouvera sa chacune, son double ou sa moitié. Mais aussi que les méchants seront punis (mais pas trop) et les gentils récompensés. Et sous ses airs inoffensifs de plaisante bagatelle un rien j'm'en foutiste, Artus de Penguern nous embarque dans sa folie douce et emballe son scenario jusqu'aux twists de la dernière bobine. Une gourmandise vraiment bienfaisante ! 

  • UN BONHEUR N'ARRIVE JAMAIS SEUL de James Huth *

    Un bonheur n'arrive jamais seul : photoUn bonheur n'arrive jamais seul : photoUn bonheur n'arrive jamais seul : photo Gad Elmaleh, Sophie Marceau

    Sacha est pianiste de jazz dans un club le soir. Le jour, il compose des musiquettes pour des publicités. Chaque soir une fille différente est dans son lit. Sa maman lave son linge et lui fait ses courses. Ses amis sont évidemment indispensables. Rien ne peut venir rompre cette parfaite harmonie et ce qu'il considère comme la liberté. Sauf Charlotte, jeune femme sublime et maladroite, deux fois séparée et trois fois mère, qui lui tombe littéralement dans les bras un jour de pluie. Coup de foudre réciproque et le soleil se remet à luire. Contrairement à la romcom traditionnelle où les tourtereaux doivent patienter plus ou moins deux heures avant de tweeter sous la même couette, Charlotte et Sacha s'aiment très... activement avant que les ex et les amis viennent leur mettre des bâtons dans les roues  !

    L'appartement de Sacha, musicien donc bohême donc montmartois est tapissé d'affiches de films dont celle de Casablanca, qui orne également, que la vie est bien faite !, la chambre de Charlotte. En fond sonore As time goes by à intervalles réguliers, et même Billie Hollyday et des références aux comédies chics  et smarts de Capra ou Hawks. Preuve qu'on est cinéphile. Sauf qu'ici on a plus affaire à une version humaine des Aristochats (le dessin animé) qu'à une élégante  comédie (malgré les robes renversantes de Sophie Marceau). Charlotte est l'artistrocratique Duchesse et ses trois chatons, Sacha le chat de gouttières O'Maley qui va s'enticher (et réciproquement) des moutards bien qu'il ait dit un quart d'heure plus tôt "je hais les enfants".

    A quoi ça tient que ça ne fonctionne pas ? Au couple vedette, mal assorti, définitivement. Au mis-casting irrémédiable. Gad Elmaleh est très sympathique et sans doute l'un des rares humoristes qui m'amuse vraiment. Mais jouer l'amoureux, il ne sait pas faire. Pourtant le réalisateur se préoccupe davantage de son acteur (que de sa sublime actrice) en lui offrant de multiples occasions de faire le show et divers sketches. Et là, on reconnaît son talent de one man showiste !

    Mais quand cessera t'on de mettre des humoristes entre les pattes de Sophie Marceau ?

    Une fois de plus, abandonnée à un rôle où elle démontre quelle reine de comédie elle est, elle se retrouve seule face à un partenaire pas à la hauteur. On souffre pour elle des centaines de litres d'eau qu'elle se prend sur la tête et des gadins en cascade qui finissent par ne plus faire rire !

  • ADIEU BERTHE OU L'ENTERREMENT DE MÉMÉ de Bruno Podalydès **

    Adieu Berthe ou l'enterrement de mémé : photoAdieu Berthe ou l'enterrement de mémé : photo Bruno Podalydès, Pierre Arditi

    Adieu Berthe ou l'enterrement de mémé : photo

    Armand apprend par un SMS que sa grand-mère vient de mourir. Il est presque surpris de découvrir que la vieille dame distraitement oubliée dans une maison de retraite n'était pas encore morte. Il faut cependant organiser les obsèques et il entend bien se charger de cette tache. Mais la vie d'Armand est déjà très compliquée. Il se dépatouille difficilement d'une vie qu'il emberlificote à souhait, incapable de prendre la moindre décision et navigue à vue entre une femme et une maîtresse qu'il aime (presque) autant l'une que l'autre, une belle-mère qui le déteste, un ado de fils qui le méprise.

    En brassant profond et ratissant large, Bruno Podalydès effleure mille thèmes et finalement n'en traite aucun véritablement, c'est dommage mais on ne peut nier et bouder ce plaisir rare de rire souvent, sourire beaucoup et parfois se laisser emporter par l'émotion .Et puis dans la vraie vie aussi il arrive que l'on ait mille choses à "gérer" simultanément. C'est souvent à l'occasion d'un enterrement que certains secrets familiaux font surface. D'autant que Berthe semblait être une grand-mère très discrète qui avait une malle des Indes pour dissimuler des souvenirs dont personne n'avait eu vent... Les frères Poda déploient ici encore toute la fantaisie et l'originalité dont on les sait capables aidés par un casting qui ne ménage pas sa peine pour laisser s'exprimer ses penchants de doux dingos.

    Le choix des pompes funèbres réserve de bien bons moments. Les Pompes Funèbres "Définitif" dont le slogan parle pour elles "Avec Définitif c'est définitif", offrent des prestations all-included aux thèmes divers et variés, "Twilight" ou "Arc en ciel" avec grandes orgues, son et lumière et mines de circonstance. Michel Vuillermoz assure en croque-mort. Quant aux Pompes Funèbres "ObséCool", elles proposent également des cérémonies adaptées au style et au budget des organisateurs, avec mise en bière au son d'une chanson de Georges Moustaki, guitare comprise, par exemple.

    Les indécisions chroniques d'Armand face à ses deux femmes également aimables, son incapacité à grandir pourraient lasser mais Denis Podalydès excelle dans le rôle de Pierrot lunaire à qui l'on pardonne tout. Cela dit, évoquer la mort, l'abandon des personnes âgées, celle qui s'inscruste et régente la vie de ses enfants, l'alzheimer d'une autre, les ados qui jugent sans communiquer, le couple qui s'use, les bévues que font commettre l'abus de SMS... c'est beaucoup pour un seul film qui laisse en plan certains personnages...!