UNE SECONDE FEMME de Umut Dag ***
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Le mariage d'Ayse jeune fille de 19 ans est célébré dans un petit village perdu en Turquie. Immédiatement après la cérémonie, la jeune mariée est séparée de sa famille et emmenée par sa belle-famille en Autriche où elle vivra désormais. La séparation se fait dans les larmes mais la belle-mère d'Ayse rassure sa mère, elle s'en occupera comme de sa propre fille. Il faut dire que Fatma et son mari ont six enfants dont quatre vivent encore avec eux. On ne s'attend pas au premier rebondissement qui intervient dès l'arrivée en Autriche dont je ne vous dis rien si vous n'avez lu les "officiels" qui se chargent de tout révéler... De toute façon, de péripéties et retournements de situations ce film regorge.
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Fatma atteinte d'un cancer a choisi elle-même Ayse pour qu'à sa mort elle s'occupe de toute sa famille. Sauf que rien ne va réellement se passer comme prévu. La jeune fille va devoir affronter l'hostilité voire l'agressivité de ses belles-soeurs dont certaines sont plus âgées qu'elle mais aussi endurer une situation écoeurante et révoltante qui doit demeurer un secret. Elle devient véritablement la bonne à tout faire dans l'appartement où tout le monde vit, entassés les uns sur les autres. Le ménage, la lessive, la cuisine, tout incombe à Ayve qui en plus s'occupe avec beaucoup d'empressement de Fatma très malade, parfois hospitalisée pour des chimios. Elle devra également travailler dans un super marché turc tout en continuant d'assurer la double journée à la maison... Mais malgré cette position d'esclave consentante Ayse fait preuve d'une douceur, d'une prévenance inouïes et de beaucoup de délicatesse vis-à-vis de chacun. Fatma y est particulièrement sensible et entretient rapidement avec la jeune fille une relation de tendresse, une complicité fusionnelles qui accentueront la jalousie de ses filles puis déclencheront une violence effroyable dans une scène hallucinante et dont on n'aurait pas cru capable le personnage qui la déchaîne...
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Difficile d'en dire plus sans trop en dire et dénaturer ce mélo qui certes accumule les coups de théâtre, mais un grand mélo austro-kurde c'est rare, donc précieux. Et une fois de plus, c'est un homme qui pour son premier long métrage s'intéresse au sort des femmes, à leurs sacrifices dans des sociétés archaïques qui ont bien de la difficulté à accéder à la modernité. Les liens familiaux difficiles, le rôle des hommes ici au second plan et le sort des femmes sont au coeur de ce film complexe dont on sent qu'il est le fruit d'observations.
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Les deux actrices principales, la jeune Ayse (Begüm Akkaya) et sa belle-mère Fatma (Nihal Koldas) sont extraordinaires.