Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Cinema - Page 200

  • CHERCHER LE GARÇON de Dorothée Sebbagh ***

    Chercher le garçon : photoChercher le garçon : photoChercher le garçon : photo

    Emilie se prépare pour la soirée du 31 décembre. Elle se coiffe, se maquille, met son joli collier... et s'installe devant son ordinateur. Il faut dire qu'une fois encore et malgré ses 35 ans, Emilie va passer ce réveillon toute seule. Mais ce que veut Emilie, c'est un amoureux, des enfants peut-être et surtout vivre une belle histoire. Alors ce soir là elle s'inscrit sur le site de rencontre Meet Me, prend un pseudo de fée et entame rapidement le grand tourbillon des rencontres.

    Et c'est drôle, instantanément. Et pour une fois ce n'est pas un catalogue de filles toutes plus ou moins semblables, accros au shopping et à l'épaisseur de leur taille, mais de garçons bien typés qui ne trahissent pas les pseudos qu'ils ont choisis. Le premier "Les yeux bleus" a effectivement les yeux très bleus et tous les prétendants porteront plus ou moins les stigmates de ce qu'ils veulent montrer en se dissimulant sous un pseudo (oula, il est temps que je parte en vacances moi !).

    Ce film est bourré de qualités : sa durée (une heure 10), même si du coup l'épilogue singulier arrive abruptement, sa délicatesse (les garçons sont moqués sans misandrie), le charme XXL de son interprète principale Sophie Cattani (vue récemment en mère qui lâche son bébé dans Polisse...). Emilie/Sophie a un talent incontestable et se donne un mal de chien pour s'adapter à ce panel de garçons qui se la racontent. Il faut dire qu'elle est très motivée et qu'on peut lui reconnaître la qualité de n'être ni très exigeante ni forcément troublée par le physique des candidats. Nous aurons le romantique relou qui ne s'exprime que par poésie empruntée aux auteurs, le gossbo fan inconditionnel de Hugh Grant (son pseudo Yough, mdr !) totalement déconcerté parce qu'Emilie est plus sensible aux charmes de Johnny Depp, le motard survolté, l'éducateur sportif qui se présente de 3/4 pour éviter de montrer son profil de boxeur, Monsieur X qui joue aux playmobils, le danseur qui danse, celui qui veut trouver SA "relation bonobo", le tunisien timide qui... Mais je ne vais pas tout vous révéler. Il y aura aussi de jolies rencontres impromptues et au final un film formidable, adorable comme son actrice.

  • DARK SHADOWS de Tim Burton *

    Dark Shadows : photo Johnny DeppDark Shadows : photo Eva GreenDark Shadows : photo Johnny Depp, Michelle Pfeiffer, Tim Burton

    En 1772, pour avoir brisé le coeur d'une sublime mais cruelle sorcière, Barnabas Collins industriel chanceux en affaire comme en amour, est transformé par la jalouse en vampire et condamné à "non-vivre" enterré et enchaîné dans un cercueil. Brrrrrrrrr. Deux ans cents plus tard le cercueil est ouvert malencontreusement par des ouvriers et notre vampire assoiffé par deux siècles d'abstinence zigouille sans autre forme de procès ses libérateurs. Il s'empresse de rejoindre son domaine tout surpris de le découvrir en bien piteux état. Il y retrouve quelques-uns de ses descendants vaguement décadents et en tout cas ruinés mais tout contents de voir leur ancêtre apparaître. D'autant plus qu'il promet de leur rendre la splendeur d'antan et de faire revivre l'entreprise familiale. C'est compter sans la haine inapaisée d'Angélique (la sorcière) qui est responsable de la faillite des Collins et ne cesse de se venger d'avoir été abandonnée.

    Quel ennui, quelle mollesse, quelle nonchalance ! Alors oui, l'univers baroque, gothique, fantastique et féérique de Tim Burton est là et on ne peut nier la splendeur des décors. Mais un film ne peut se limiter à cela. Et les mésaventures de Barnabas s'étirent de façon bien monotones malgré le déploiement d'intrigues multiples et de personnages d'une fadeur exceptionnelle. Sans parler de la prestation de certains acteurs à la limite de l'amateurisme (Chloé Moretz exaspérante, Jonny Lee Miller fadasse et inutile, Jackie Earle Haley grotesque, Michelle Pfeiffer grimaçante...).

    On rit aussi et marier vampirisme et humour n'est pas commode sans tomber dans la parodie, mais je suis d'accord avec cette dame qui lit dans les bande-annonces, TOUT, absolument TOUT est montré dans la BA, les meilleurs moments et notamment ceux où l'on rit. Alors à ceux qui n'ont pas de CARTE ILLIMITEE, je recommande la bande-annonce, très bien faite, très attirante mais totalement mensongère puisque si prometteuse et vous fais ainsi économiser entre 9 et 11 euros (suivant les régions et les cinémas)

    Je ne vais donc pas m'éterniser à parler d'un film aussi décevant parce que ça me rend malade que Tim Burton dégringole ainsi avec un opus aussi misérable ! Bien sûr, il y a une scène hot entre Johnny/Barnabas (on se demandait d'ailleurs si cet acteur était encore sexué !) et Eva/Angélique, le vampire tue pour se nourrir (audacieux non ?), néanmoins rendez-nous Sweeny Todd, Sleepy Hollow, Edward, Charlie ou les Noces Funèbres ! Rendez-nous Tim Burton !
    Quid de Johnny Depp allez-vous me dire ? Peu de choses. Son maquillage, son costume, son allure sont splendides. Mais il n'est plus qu'une créature abandonnée consentante à son créateur. Et ses mimiques indignes du grand acteur qu'il m'avait semblé qu'il était. C'était quand déjà ?

    P.S. : Eva Green est sublime, vénéneuse, cruelle, belle, drôle. Vivement un GRAND rôle !

  • MAMAN de Alexandra Leclère **

    Maman : photo Josiane BalaskoMaman : photo Mathilde SeignerMaman : photo Marina Foïs

    Après s'être fait plaquer par un garçon beaucoup plus jeune qu'elle qui partageait sa vie une mère réapparaît dans la vie de ses deux filles qu'elle n'a pas vues depuis 20 ans. Les retrouvailles sont plus que grinçantes et malgré la bonne volonté des deux filles, la mère se montre déplaisante et agressive et n'a que des mots blessants à leur égard. Sandrine et Alice décident donc de kidnapper leur mère pour l'inciter à réfléchir au mal qu'elle leur a fait et continue de leur faire et la forcer à les aimer.

    Peu de surprises dans ce règlement de comptes sous tension extrême entre deux filles mal aimées et leur mère inconsciente des dégâts produits. Une chose est sûre et se confirme encore ici : TOUT est TOUJOURS la faute des mères. Point. Beaucoup de choses sont dites, dont certaines particulièrement bien senties. Mais on n'échappe pas à la caricature. Alice n'a jamais réussi à avoir d'enfant et s'est faite avorter à de nombreuses reprises par peur de reproduire le comportement maternel. Sandrine par contre a deux enfants mais n'a jamais réussi à "garder" un homme ni même à aimer. Son coeur est sec et dur.

    On a surtout ici l'occasion de voir trois actrices particulièrement bien choisies pour leur propension et leur aptitude à être grognons et irascibles. Les trois font merveille dans ce registre et chacune a à son tour son moment de bravoure explosif mais aussi quelques occasions de faire vibrer l'émotion. Je suis balaskophile sans condition. Marina Foïs joue les petits oiseaux perdus à la perfection et laisse exploser sa rage au moment où l'on s'y attend le moins. Et la bonne surprise vient également de Mathilde Seigner sombre et amère.

    Dommage que la réalisatrice abandonne un peu brusquement ces trois femmes blessées, détruites. Comme s'il suffisait d'imposer un dialogue qui n'a jamais eu lieu pour reconstruire ce que tout ce temps perdu a abîmé.

  • BARBARA de Christian Petzold *

     Barbara : photoBarbara : photo

     Barbara : photo Nina Hoss, Ronald Zehrfeld

    En 1980, parce qu'elle est soupçonnée de vouloir passer à l'Ouest, Barbara médecin-pédiatre dans un hôpital de Berlin est punie et mutée dans une petite clinique de Province. On lui attribue un logement minable où régulièrement elle reçoit la visite de deux agents de la Stasi qui lui font subir fouille au corps et de son appartement. Ils ont raison de la pister, car Barbara prépare son évasion vers le Danemark aidée de son bel amant tout blond de l'Ouest qu'elle rencontre de temps en temps en cachette pour une partie de zimboumtralala comme on n'en connaît pas à l'Est. Barbara aussi se méfie, de tout et de tous. De ses collègues qu'elle tient immédiatement à distance et qui prennent son attitude pour du mépris. Cela tombe bien, l'actrice à la bouche déformée par les injections affiche en permanence un petit air supérieur qui convient parfaitement. Doit-elle se méfier de sa concierge aussi ? Mais surtout d'André ce gentil médecin chef au joli sourire qui la regarde avec convoitise mais dont elle craint qu'il soit un agent double ? Désormais la vie de Barbara n'est faite que d'inquiétudes et de soupçons. Heureusement elle a son métier qu'elle aime et pratique avec beaucoup de dévouement et d'application.

    Au début, j'y ai cru. Barbara fait  passer sa solitude, sa trouille et sa méfiance par delà l'écran. J'avais la pétoche. Ne plus pouvoir sortir, entendre un bruit sans se retourner et paf... la paranoïa gagne le spectateur. Et puis le manque de joie ambiant, la tristesse du logement, le style année 80 de l'Est, tout est nickel chrome et donne envie de s'acheter des cornichons Spreewald. Et brusquement j'ai lâché... Le tournant décisif s'est amorcé lorsque son amant annonce à Barbara qu'à l'Ouest, elle n'aura plus besoin de travailler. Là, je me suis dit "aïe, ça sent le roussi !", Barbara n'est pas du genre à se laisser entretenir par un blondin. Nous apprendrons plus tard qu'elle préfèrera cueillir directement le thym et la farigoule dans son jardin pour faire sa ratatouille. Mais je m'égare... Dès lors donc, tout devient affreusement prévisible.

    Mais ce n'est pas uniquement le fait de prévoir chaque scène avant qu'elle n'arrive qui m'a agacée et c'est peu de le dire. Barbara a un métier auquel elle tient et qu'elle exerce avec plus que de la conscience professionnelle. Et là aussi, ça coince. Fallait-il faire de cette femme une quasi sainte qui se dévoue au-delà du zèle à ses patients ? Oui, Barbara est ce genre de médecin (cherchez l'erreur ?) qui passe des nuits auprès de certains malades (soigneusement choisis), qui prend sur son temps de sommeil pour leur lire des histoires... Le gentil docteur André n'est pas en reste et peut écourter un week-end pour revenir à l'hôpital. D'ailleurs, si on le cherche... on le trouve... où ça ? Chez une patiente mourante. Et ô surprise ! Il s'agit de la femme du méchant pourri de la Stasi qui cherche des poux à Barbara ! Hors donc, les ordures ont une vie et ne sont pas épargnés par les calamités ! Les grosses ficelles apparentes commencent à me faire copieusement soupirer !

    Question réalisation, on se croirait chez le Docteur House (oui, mesdames et messieurs au cours d'un zapping frénétique je suis déjà tombée sur le Docteur Mamour).... Barbara et Dédé, mains dans les poches émettent des diagnostics sur leurs patients en un seul regard. C'est fou ce qu'ils sont forts à l'Est, on dirait des américains ! Fallait-il aussi que ce brave nounours de Dédé tombe instantanément amoureux de Barbara rien qu'en l'apercevant par une fenêtre pour la première fois et à 50 mètres ? Evidemment pour ceux qui aiment les filles qui font la gueule (et elle a de bonnes raisons de faire la gueule, merci, je ne suis pas pro stasi non plus...) c'est pain béni. Edith nous a menti. Elle disait "les filles qui font la gueule, les hommes n'en veulent pas !" Il faut le voir ce pauvre docteur, ramer comme un clampin, se faire mousser (en faisant une analyse de texte savante de ceci, à laquelle je n'ai RIEN compris, sauf que du coup j'ai bien vu que la main gauche était inversée) pour tenter de séduire la belle insaisissable qui ne devient souriante que lorsqu'elle a un "service" à lui demander ! Il fait peine à voir.

    Et pendant ce temps Barbara répare son vélo, se lave les cheveux, planque son magot sous un caillou, le change de place, prend des bains, fait du vélo, joue du Chopin sur son piano (et ça me donne envie de revoir "Voyage au bout de l'enfer"), fait un tour à vélo.. et moi je regarde ma montre et ai depuis belle lurette cessé de trembler pour Barbara !

    Et je me souviens de ce film fascinant, romanesque et vraiment flippant "La vie des autres" de Florian Henkel Von Donnersmark.

  • I WISH (nos voeux secrets) de Kore-Eda Hirokazu ***

    I Wish nos voeux secrets : photoI Wish nos voeux secrets : photoI Wish nos voeux secrets : photo

    Depuis le divorce de leurs parents, deux frères vivent séparés. Koichi l'aîné a 12 ans et vit désormais avec sa mère revenue vivre chez ses propres parents au pied du menaçant volcan Sakurajima qui recouvre tout d'une poussière de cendres grises. Le plus jeune Ruy est avec son père, un guitariste de rock, au nord de l'île de Kyushu. Le rêve de Koichi est de réunir sa famille. Aidés chacun par leurs amis respectifs, les deux garçons vont organiser une véritable expédition pour se retrouver et aller ensemble au point de croisement du nouveau TGV. Il paraît que les voeux exprimés au moment précis où se croisent deux trains, se réalisent.

    Dommage que la traduction française se soit éloignée du titre original : "Miracle", car ce film en est un. Comme toujours en ce qui concerne ce réalisateur d'ailleurs, qui après le bouleversant "Nobody knows", le délicat "Still walking", le très triste et très beau "Air Doll" revient nous parler de l'enfance avec toute la fraîcheur, la subtilité et la grâce qu'on lui connaît. Cela peut être surprenant pour nous occidentaux avec notre tendance à sur-protéger nos chérubins mais Hirokazu s'explique :"...je veux être un adulte qui attend ses enfants au retour de leurs aventures, sans en faire toute une histoire". En effet, les adultes sont ici comme partout des trentenaires pas très bien finis, pas vraiment à l'aise dans leur peau (pour la mère... coupable, forcément car c'est le lot des mères à travers le monde !), pas vraiment sorti de l'adolescence (pour le père qui ne lâche jamais sa guitare) et vivent la "disparition" de leurs enfants pendant 24 heures sans la moindre inquiétude. D'ailleurs lorsque les deux frangins se parlent régulièrement au téléphone, ils prennent respectivement des nouvelles du parent absent et s'exhorte mutuellement à "s'occuper" de l'autre.

    Mais les maîtres mots de cette aventure située à moins d'un mêtre 30 de hauteur sont insouciance et obstination. Un road movie emmené par des enfants incroyablement mâlins et matures qui néanmoins ont encore cette part de folie douce et d'inconscience propre à leur âge. La complicité des deux frères (à la ville comme à l'écran) est un autre miracle, mais toute leur bande de copains sont au diapason. On est à des années lumières de l'horripilante et récente Guerre des Boutons (je n'en ai subie qu'une !) où des gosses insupportables jouaient à la guéguerre à coups de répliques et de faits d'armes stupides. Ici l'enjeu est beau, les enfants sont à la fois joyeux et graves mais à aucun moment on a l'impression d'assister à un numéro de singes savants. Enfants et parents peuvent apprécier l'exercice. Ajoutez à cela une formidable bande originale, des couleurs, de l'action, du suspens...

    Ah oui, dernière chose : les grands-parents totalement brindezingues ont un rôle essentiel !

    N.B. : il est recommandé d'aller voir ce film après avoir mangé ! Kore-Eda Hirokazu aime comme personne faire passer tous ces acteurs à table à maintes reprises !

  • LE POLICIER de Nadav Lapid ***(*)

     Le Policier : photoLe Policier : photo

    Yaron fait partie d'une unité anti-terroriste d'élite de la police israëlienne. Avec ses collègues ils forment une équipe soudée par l'amitié. C'est également ensemble qu'ils passent leur temps de loisirs et leurs week-ends, accompagnés de leur famille. De leur côté Shira, Nathanaël et leurs amis n'ont qu'un leitmotiv ; "Il est temps pour les pauvres de s'enrichir, pour les riches de mourir", et entendent le faire savoir dans les plus brefs délais. Yaron et Shira vont se rencontrer, brutalement, de façon fugace.

    Je suis allée voir ce film sans en rien savoir, seulement parce qu'il était israëlien. Et j'ai bien fait, je suis allée de surprise en stupéfaction, ne sachant strictement rien du synopsis ni de ce que j'allais découvrir. Je vous recommande donc d'en faire autant. Allez voir ce film dans le même état d'esprit et de la même façon que moi, puis revenez éventuellement lire la suite et me dire à quel point vous avez aimé car ce film ne ressemble à aucun autre et fait partie des meilleurs que j'ai vus cette année !

    Chapitre 1. On découvre Yaron et ses compagnons en plein exercice physique. Les garçons attaquent sans la moindre difficulté sur leurs biclous, l'ascension d'une belle grimpette. La route est magnifique quoique désertique. Lorsqu'ils s'arrêtent c'est pour s'extasier devant le "plus beau pays du monde" qui est le leur. Chacun hurle son prénom et l'écho leur renvoie. Les présentations sont faites. Yaron retrouve chez lui sa femme enceinte. Une grossesse pathologique qui la maintient allongée jusqu'à l'accouchement qui ne saurait tarder. Il la masse langoureusement en préparation à l'accouchement, esquisse quelques pas de danse pour la faire rire puis retrouve ses amis et collégues.

    On apprend qu'un des membres de l'équipe est atteint d'une tumeur au cerveau et qu'ils sont tous par ailleurs accusés d'avoir réglé un peu nerveusement une opération terroriste qui ressemble davantage à une exécution. Ce que leur avocat leur propose est tout simplement sidérant. Chut, je ne dis rien.

    En quelques scènes explicites mais sans s'encombrer de dialogues indigestes, le réalisateur nous présente cette unité d'élite où la virilité s'exhibe comme un trophée et l'amitié masculine comme une évidence. Yaron est fou de son corps et de ses muscles et ne perd pas une occasion de faire des exercices pour parfaire encore son apparence. Il s'admire dans les miroirs. Et il est difficile de se retenir de rire franchement à voir ces (très beaux) garçons, (merci Monsieur Lapid, qui lui-même n'est pas désagréable à regarder) ne cesser leurs accolades et diverses embrassades à la moindre occasion. Sans parler de ce jeu stupide qui consiste à mettre deux équipes face à face et à se précipiter les uns sur les autres en hurlant et en s'aggripant. Pour finir par se complimenter et s'embrasser à nouveau ! Ici le garçon israëlien est viril et musclé. C'est joli et marrant et peut s'avérer utile lorsqu'on est une baleine enceinte incapable de monter un escalier. Yaron soulève sa femme comme une plume et gravit les étages sans le moindre effort. Il fête dans la plus pure tradition l'anniversaire de sa maman chérie, parle à qui veut l'écouter de sa toute prochaine paternité qui l'intimide, se saisit d'un bébé pour venir se contempler devant un miroir et s'assurer que le nouvel "accessoire" ne nuit pas à son reflet. Et tout cela avec le plus profond sérieux.

    Chapitre 2. Dans un luxueux appartement, Shira, une jeune femme prépare un attentat avec ses camarades, 3 garçons, dont le charismatique Nathanaël qu'elle aime en secret. On découvrira plus tard que sa détermination, son obstination sont bien supérieures à celles des garçons. Et l'amateurisme avec lequel leur prise d'otage est effectuée en contradiction avec la radicalité de leur engagement.
    C'est là que le film prend une dimension supplémentaire. C'est rare de voir un film israëlien où le conflit avec les palestiniens n'est pas (ou à peine) évoqué. Même si la haine des "arabes" est très clairement affichée à plusieurs reprises. Les films relatent régulièrement et presqu'exclusivement cet aspect de la vie au moyen-orient alors qu'ici il est clairement question de la fracture sociale dans un pays divisé entre les riches de plus en riches et les pauvres de plus en plus pauvres !

    Chapitre 3. La prise d'otage et sa résolution. Et c'est comme si on avait trois films en un seul. Et chaque partie est traitée avec précision. Le réalisateur prend son temps quitte à déstabiliser le spectateur qui s'interroge parfois : mais où veut-il en venir ? Tout prend corps et sens peu à peu. Et on sait gré à Nadav Lapid d'avoir réussi à installer une ambiance, un climat, d'avoir étiré les scènes pour en accentuer l'intensité jusqu'au malaise et surtout d'avoir réussi une analyse psychologique en profondeur de chacun de ses personnages.

    Un grand film déroutant, dérangeant et totalement inédit où les acteurs ne se contentent pas d'être (très) beaux.

  • BABYCALL de Pal Sletaune **

    Babycall : photo Noomi RapaceBabycall : photo Noomi RapaceBabycall : photo Noomi Rapace

    Anna et Anders son fils de 8 ans s'installent dans l'appartement d'une barre HLM sinistre. Ils fuient un mari et un père violents qui les a battus, torturés. Les services sociaux s'assurent régulièrement qu'Anna emmène son fils à l'école et qu'elle va bien. Ils lui certifient que son ex mari ne pourra connaître sa nouvelle adresse et qu'elle y est en sécurité. Malgré cela, Anna est terrorisée. Elle ferme tous les rideaux de l'appartement et oblige son fils à dormir avec elle. Lorsqu'il est à l'école, elle l'attend sur un banc à l'extérieur. Mais Anders qui grandit souhaite pouvoir dormir seul dans son lit. Anna accepte mais achète un babyphone afin de pouvoir être alertée au moindre problème. Au magasin où elle achète l'appareil, elle fait la connaissance de Helge, un garçon aussi timide et solitaire qu'elle, qui prend soin de sa mère mourante. Une nuit, elle est réveillée par les cris terrifiés d'une femme et d'un enfant qui lui parviennent par le babyphone. Il s'agit d'interférences sur la fréquence. Cela évoque évidemment à Anna son propre calvaire et elle cherche à savoir d'où proviennent ces cris...

    Aucun doute cette histoire flanque les jetons. Mais il est étrange d'utiliser le thriller horrifique pour parler de la maltraitance des enfants (et des femmes). Le début est très prometteur et comme Anna le spectateur craint que chaque personne qu'elle croise ne soit pas qui elle prétend être. On est, comme elle, affolés et persuadés que le pourri va refaire surface et que le cauchemar va recommencer. Les visites du couple des services sociaux paraissent de moins en moins bienveillantes. A l'école, la présence d'Anna semble déranger. Un mystérieux petit garçon qui ne répond pas aux questions apparaît. Et Anna ne va pas bien, épouvantée qu'il arrive quoique ce soit à son fils. Et puis, on se met à douter de la santé mentale de la jeune femme. Dans sa paranoïa galopante, elle voit des choses. Est-ce son imagination ?
    Et puis le réalisateur finit par se perdre et nous perdre dans un embrouillamini de pistes illogiques qui finissent par ne pas se recouper au final !

    Dommage car Noomi Rapace, trentenaire au physique gracile d'adolescente fragile, incarne admirablement l'inquiétude d'une mère poussée au paroxysme et jusqu'à la folie. Elle est parfaite, mais seule à se dépatouiller d'une histoire incohérente.

  • MARGIN CALL de J.C. Chandor *

    Margin Call : photo

    Margin Call : photoMargin Call : photo Kevin Spacey, Zachary Quinto

    Synopsis : Pour survivre à Wall Street, sois le premier, le meilleur ou triche. La dernière nuit d’une équipe de traders, avant le crash. Pour sauver leur peau, un seul moyen : ruiner les autres…

    Etonnamment récompensé du Grand Prix au dernier Festival du Film policier de Beaune, ce film permet à une belle brochette d'acteurs (passés à l'auto bronzant) aussi talentueux que glamour et chics pour certains (Kevin Spacey, Jeremy Irons, Paul Bettany, Demi Moore, Simon Baker, Zachary Quinto, Mary McDonnel) de s'en donner à coeur joie pour faire leur numéro. Totalement hors sujet dans un festival de films policiers, il m'a un peu agacée. Le réalisateur venu chercher son prix a tenté de s'excuser disant que ce n'était pas à proprement parler un film de flics (merci, on avait vu) mais qu'il y avait des voyous dans tous les milieux... Avec le recul je dirai qu'il s'agit d'un thriller financier !

    Il s'agit donc ici de voir une nuée de vautours traders pleins aux as faire en sorte de perdre le moins de milliers de dollars possibles et se sortir sans trop de dégâts d'une crise financière maousse ! Avoir choisi de réduire l'unité de temps à 24 heures chrono aurait pu être casse-gueule pour ce premier film rondement mené, mais on peut dire que le réalisateur a su garder rythme et tension à cette journée et cette nuit en enfer. Du coup, même si comme moi, vous n'y entravez que pouic à toutes ces salades qui mènent le monde, vous pourrez aisément garder un oeil attentif face aux doctes explications et coups bas en règle. Cela dit, il ne vous sera peut-être pas interdit de sourire lorsque vous verrez Kevin Spacey passer en un claquement de doigt du pourri qui vire ses collaborateurs et annonce aux autres que "the show must go on", à l'humaniste au grand coeur prêt à verser une larmichette ! 

    En direct du Palais Brogniart, à vous les studios !

  • MISS BALA de Gerardo Naranjo *

    Miss Bala : photo

    Synopsis : Au Mexique, pays dominé par le crime organisé et la corruption, Laura et son amie Uzu s’inscrivent à un concours de "Miss Beauté" à Tijuana. Le soir, Laura est témoin d’un règlement de compte violent dans une discothèque, et y échappe par miracle. Sans nouvelle d’Uzu, elle se rend le lendemain au poste de police, pour demander de l’aide. Elle est alors livrée directement à Nino, le chef du cartel de narcotrafiquants, responsable de la fusillade. Kidnappée, et sous la menace, Laura va être obligée de rendre quelques "services" dangereux pour rester en vie.

    Malmener sa très belle et très vaillante actrice Stephanie Sigman, de plus en plus égarée et terrorisée par des tordus sadiques, voilà sans doute le but du réalisateur qui ne convainct pas du tout à dénoncer cette bande de pourris et la corruption ambiante.

  • LES NUITS EN OR DES COURTS MÉTRAGES 2012

    les nuits en or des courts mÉtrages 2012 2012,cinéma

    Pour la 6ème année consécutive l’Académie des César propose une fois encore de manifester son intérêt à celles et ceux qui fabriquent aujourd’hui, dans le monde entier, le cinéma de demain.

    En mai et juin, l’Académie vient à la rencontre du public dans onze salles en France et dix salles en Europe et dans le monde.

    Le temps d’une soirée, l’Académie des César invite à une exceptionnelle soirée cinéma, constituée des meilleurs courts métrages sélectionnés parmi l’ensemble des primés par leurs Académies Nationales de Cinéma.

    7 films seront proposés cette année : LE français L'accordeur de Olivier Treiner, un tchèque, un canadien, un néerlandais, un irlandais, un australien/chypriote (!) et un britannique !

    Personnellement, j'y suis chaque année et je vous invite à ne pas rater cet événement s'il passe dans votre ville. Vous pouvez retrouver toutes les dates en cliquant ICI.