John est tueur de loups et autres bestioles sauvages pour une compagnie pétrolière. Son travail consiste à protéger les employés des bêtes enragées qui rôdent autour de la station dans le grand nord. Mais il a aussi un gros chagrin, sa femme est morte (c'est normal il n'a jamais été bon être la femme de Liam Neeson dans les films, ni dans la vraie vie d'ailleurs...). John n'a plus le goût à rien et surtout pas à la vie. Un soir de solitude et de désespoir encore plus profonds il pointe le canon de son fusil dans sa bouche pour en finir, mais ne parvient pas à tirer. Il prend l'avion avec ses collègues pour rejoindre Anchorage en Alaska. Après quelques fortes secousses annonciatrices, l'aéroplane se crashe au milieu de nulle part ne laissant que 6 survivants sur les 50 ayant pris place dans l'engin. Les 6 guguss qui se connaissent peu et ne s'apprécient pas davantage vont devoir se serrer les coudes pour s'en sortir. Vue l'ambiance, on se dit qu'ils ne vont pas tarder à s'entre bouffer. John (Liam Neeson, vraiment très bien) s'autoproclame rapidement chef ce qui n'est pas du goût de tout le monde. Mais il prouve rapidement que son boulot qui en faisait bien marrer certains lui a permis d'acquérir une connaissance pointue des us et coutumes des canidés qui viennent dès les premières minutes faire une inspection des lieux qui ne ressemble en rien à une visite de courtoisie.
Le film catastrophe qui met en lumière la capacité d'hommes ordinaires à s'entraider, à se dépasser dans des situations extraordinaires voire extrêmes comme c'est le cas ici, on a déjà vu. Ici, ces hommes vont devoir non seulement lutter contre un froid intense, le manque de nourriture, peu de moyens, tout ayant été détruit dans l'accident, mais surtout contre l'agressivité d'une meute de loups menaçants et affamés eux aussi. Le hasard et la malchance ont fait que l'avion s'est écrasé sur leur territoire dont ils n'entendent pas concéder la moindre parcelle. Chaque nuit, ils attaquent dans le but de tuer et décîment peu à peu la troupe déjà pas bien nombreuse. La différence avec d'autres films du même tonneau est peut-être la façon dont John dès le début annonce clairement à un compagnon de galère en train d'agoniser, qu'il est en train de mourir. Pas de : "tiens bon, tu vas t'en sortir", mais "tu es train de mourir, une grande chaleur va t'envelopper et ce ne sera pas désagréable". La scène est forte et donne le ton. Ces hommes vont non seulement développer un instinct de survie qui semble toujours s'intensifier dans ces moments tragiques, mais aussi apprendre en un temps record à accepter qu'ils vont mourir. Car l'hécatombe ne s'arrêtera pas. La détermination, l'acharnement des loups sont exceptionnels. Dommage donc avec de si bonnes idées que le réalisateur nous mette en présence d'hommes absolument inintéressants et plutôt bourrins dont on ne découvre qu'un aspect de la personnalité. Il y a le boulet "relou" de bout en bout dont le rêve serait de "tirer un coup une dernière fois". Celui qui refuse qu'on lui donne des ordres et qui prétend pouvoir s'en sortir seul. Le bon gros gentil noir qui fait des cauchemars la nuit, celui qui a le vertige. Et j'ai déjà oublié les caractéristiques des uns et des autres qui ne brillent de toute façon pas par leur intelligence. Sans parler de l'indigence des dialogues "oh, j'entends de l'eau, il doit y avoir une rivière pas loin !". On découvrira tardivement dans la grande scène que j'ai appelée "la collec' des porte-feuilles" que leur attitude crétine n'était qu'une façade pour dissimuler les gros coeurs plein d'amour qui battent sous la doudoune !
En tout cas, nos lascars crèvent de trouille et on les comprend. Régulièrement, les loups (pfff, tout en animatronic), d'une taille infernale et monstrueuse les attaquent, les mordent, les déchiquettent, les tuent. Les hommes avancent coûte que coûte vers le sud dans la neige et blizzard et ce n'est pas facile. Ils sautent d'une montagne à l'autre grâce à une corde confectionnée avec les moyens du bord. Grand moment !!! Ils font des feux de camp pour tenter de se réchauffer et un soir au coin du feu, ils deviennnent copains comme cochons mais aussi experts en psychologie masculine, chacun interprétant savamment l'attitude de l'autre. Au secours ! De toute façon, il y avait déjà belle lurette que je m'ennuyais copieusement. Je suis plus mer que montagne, alors les grandes étendues neigeuses... au bout d'un moment !
Et puis, miracle ! alors que je sentais l'épilogue proche, les cinq dernières minutes tiennent ni plus ni moins du génie. Contre toute attente et prenant le spectateur complètement au dépourvu, au lieu d'asséner la fin la plus prévisible attendue, la dernière scène est d'une force, d'une profondeur et d'une beauté inouïes et sensationnelles. Une totale surprise à deux égards. D'une part l'endroit où John/Liam (qui se dépasse aussi dans cette ultime scène !) se retrouve, m'a complètement cueillie, déconcertée, époustouflée. D'autre part, qu'un film américain démontre la non existence de Dieu en non personne est une rareté aussi inattendue que surprenante. Et pour ces cinq dernières minutes sublimes qui rattrapent deux heures d'ennui, je dis merci Joe, et dommage aussi. Surtout.