MA SEMAINE AU CINEMA
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IL RESTE UN JEU A TERMINER ICI ET UN AUTRE LA !!!
MES COUPS DE COEUR DE LA SEMAINE
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IL RESTE UN JEU A TERMINER ICI ET UN AUTRE LA !!!
MES COUPS DE COEUR DE LA SEMAINE
Le mercredi 2 février 1978, je m'en souviens, j'étais au cinéma. J'ai vu des pilotes de 1945 disparaître en plein désert et paf, 30 ans plus tard Roy Neary (Richard Dreyfus, aaaaaaaaaaah Richard Dryefus) se prend un étrange coup de soleil sur la face et se met à construire une montagne géante au milieu de son salon ce qui fait fuir toute sa famille, et un petit garçon trop curieux disparaît en suivant une jolie lumière qui passe sous la porte... Et puis, alors que l'armée installe un drôle de camp retranché en plein désert (ou presque) j'ai entendu le Dr Lacombe (François Truffaut, aaaaaaaaaaaaah François Truffaut) nous expliquer ce que "rencontre du troisième type" signifie. Et c'était beau, triste, gai, émouvant, fort, intelligent, inédit. Steven Spielberg avait un peu plus de trente ans et sa confiance en l'humanité nous faisait prendre des vessies pour des lanternes et imaginer que les scientifiques avec ou sans moustache aidés de musicologues inspirés pourraient accueillir des alliens pacifiques en leur jouant cinq notes de musique. Nous ne sommes pas seuls il en est convaincu et nous en convainct. C'était naïf ou niais (selon le degré fluctuant de cynisme), mais c'était sublime, on rêvait fort. L'Elu était un brave type de l'Indiana et ce film on peut le voir, le revoir, il "fonctionne".
En 1982, rebelote, le même Spielberg récidive en nous présentant un nouvel extra-terrestre non belliqueux dont il fait le personnage principal de son film "E.T. l'extra-terrestre". Iti pour ses intimes français est un alien écolo qui vient avec ses potes chercher des plantes sur notre bonne vieille planète bleue. Mais il est aussi rêveur et insoumis. Il s'éloigne un peu trop de son vaisseau spatial et ses amis sont obligés de l'abandonner sur Terre. Spielberg ayant en quatre ans un peu perdu ses espoirs en l'espèce humaine adulte, les a placés chez les enfants. Et ce sont donc trois enfants adorables Elliott, Michael et Gertie (aaaaaaaaaaaaah Henry Thomas et Drew Barrymore !) qui recueillent la bestiole dotée de pouvoirs et d'une intelligence hors du commun, et vont l'aider à "téléphoner maison" avant d'y retourner. C'est beau, c'est doux, c'est tendre. Des adultes qui ne sont que des menaces, on ne voit pratiquement que les jambes et les moutards font des prouesses avec leurs VTT pour échapper à l'armée. Avant qu'Elliott et E.T. s'envolent, on avait le coeur battant et lorsqu'ils décollent enfin, des applaudissements ont explosé dans la salle (et pourtant j'étais parisienne à l'époque pas chez les bouseux... public réputé froid !). Encore plus niais ou naïf, peut-être... toujours est-il, qu'aujourd'hui encore E.T. aussi moche et caoutchouteux soit-il est toujours célèbre et adulé des foules du monde entier terrestre et sûrement par l'infini et au-delà.
Pourquoi je vous parle de tout ça ? Simplement parce que ce n'est plus un secret pour personne, cette quiche de J.J. Abrams dont le haut fait d'armes (je le découvre) est d'être le créateur de "Lost" la série... qui a dû voir ces deux films en boucle (et d'autres sans doute) a décidé dans un moment d'aberration totale, absolue et définitive d'en faire... d'en faire quoi au juste ? Un copié/collé, une adaptation, une transposition, une variante, un hommage, une offrande ? Mystère d'autant plus insondable que Steven Spielberg himself dans un moment de sénilité d'égarement lui donne l'absolution en produisant ce sous-produit qui n'aurait rien mérité de plus qu'une sortie directe en DVD. J.J. Abrams a donc une chance inouïe et c'est bien regrettable tant son film manque de tout, sauf d'argent qu'il dépense sur l'écran en cassant ses jouets.
L'action se passe chez les bouseux d'Ohio (pardon pour les Ohioiens) cette fois mais encore en 79 (MDR) où des moutards aussi peu talentueux que peu cinégéniques (sauf Elle Fanning (abonnée aux pères de cinéma trash) dont on se demande ce qu'elle fait là... passer de Sofia Coppola à ce machin !!!) se mettent en tête de tourner un film de zombies avec leur petite caméra super 8 (d'où le titre peut-être, j'en sais rien). Lors d'une scène de tournage, un train déraille sous leurs petits yeux ébahis : "c'est quoi c'délire ???", "j'veux pas mouriiiiiiiiir" !!!"... La présence de l'armée sur les lieux de la catastrophe et de mystérieuses disparitions de citoyens de bouseland la petite ville leur font croire à juste titre qu'il s'agit bien plus qu'un banal accident de train. En effet, rapidement nous découvrons qu'un pauvre E.T. crashé 50 ans plus tôt sur notre bonne vieille Terre d'asile de fous a été capturé, torturé, manipulé tout ça alors qu'il ne demandait qu'une chose "retourner maison". Sauf que là, je peux comprendre qu'on ait envie de lui en coller une dans le buffet. La bestiole mesure trois mètres de haut, constituée d'un métal qui lui fait émettre des bruits pas sympathiques lorsqu'elle se déplace à la manière d'une araignée géante, profère des sons de vieille scierie métallurgique et ressemble à un bric-à-brac entre Alien, Arachnée et le Général Grievious (pour vous donner une idée de la mochitude du machin). Pas le genre de bidule qu'on a envie d'avoir pour pote :
Tous les rôles clichetons des films "d'adultes" équipés d'un seul et unique trait de caractère sont réunis : le mignon et timide drôlement astucieux qui a perdu sa ptite maman (trauma) et amoureux de la belle, le gros de service qui veut maigrir, amoureux aussi mais qui se la mettra sur l'oreille, le trouillard qui vomit dès qu'il a (SOUVENT donc pour faire plus drôle !) peur, le petit fou du labo 4 qui confectionne des explosifs, la belle drôlement mature et intelligente dont la maman s'est tirée et qui vit avec son père alcoolo qui cache un lourd secret (traumas)... et si j'en oublie c'est qu'ils étaient encore plus transparents. Leurs répliques d'une pauvreté abyssale et leur manque de charme sont à faire fuir, et Elle Fanning fashion icône qui a 12 ans mais en paraît 10 de plus n'est absolument pas crédible en gamine de la cambrousse qui s'accoquine avec des moutards qui ont l'air de sortir de la maternelle. Entre autre.
Mais alors pourquoi suis-je restée ? Masochisme ! Et espoir de voir trente ans plus tard le petit miracle se reproduire.
Jamais il n'a lieu et pourtant J.J. met le paquet en reproduisant des scènes copies conformes des originaux. Je ne vous les cite pas, ce serait trop long puisqu'elles foisonnent mais elles laissent de marbre, toutes. Et ont même tendance à mettre de mauvais poil tant elles sont, toutes sans exception dénuées de la moindre parcelle de rêve qui stimulait l'imagination chez Spielberg. Tout comme les personnages sans âme auxquels on ne s'attache ni on ne s'identifie.
Bon allez, je vais pas faire ma bégueule. Dans ce film, il y a un acteur, totalement inconnu de nos services, il s'appelle Kyle Chandler. Il joue le père d'un moutard et aussi l'adjoint au shérif qui flaire tout plus et mieux que les autres, le mec qui a un cerveau en somme. Il est seul au monde et il a réussi (gloire à lui) à se persuader qu'il jouait (bien donc) dans un (vrai) film.
Comment ça il est trop trop mignon malgré son costard de beauf ??? J'avais même pas remarqué. Pffff.
Et pour finir sur une note négative car je ne voudrais surtout pas être responsable en quoi que ce soit de vous avoir encouragés à aller voir ce truc indigne, il y aussi ici Noah Emmerich. Comment ? Vous ne connaissez pas Noah Emmerich ? De nom peut-être, mais vous connaissez son visage (quoiqu'aujourd'hui il s'est fait faire le menton de Grichka).
C'est l'acteur qui joue toujours les troisièmes couteaux dans les films-de-copains. En général il est le pote qui apporte des packs de bière à son pote pour le réconforter.
Là il joue LE vilain militaire qui a les mains sur les hanches ou dans le dos.
A la fin, on sait que le film est fini et ça arrive tout à fait abruptement parce que les personnages principaux sont réconciliés (oui je vous ai pas dit c'est une surprise, ils avaient un peu tendance à se traiter de salopards des fois), ils regardent vers le ciel, ils sont tout sales sur le visage et la lumière est bleue, et ils ont l'air de regretter cette saleté d'E.T. non belliqueux qui bouffaient des humains au ptit déj... c'est vous dire le degré de non belliquosité du tas de ferraille.
Mais il faut quand même rester pendant le générique, parce que pendant le générique on a droit au film que les moutards ont tourné en super 8 : un chef-d'oeuvre !
Mais faites-moi plaisir, n'y allez pas... ou alors allez voir le générique seulement.
Je crois que même sans être fan (c'est mon cas) tout le monde connaît Bono, le groupe irlandais mythique U2 dont il est le leader et ne serait-ce qu'une chanson, l'emblématique (et magnifique) "Sunday, bloody sunday" ! Mais qui avait jusque là entendu parler de Neil McCormick, ami d'enfance de Bono à l'époque où il s'appelait encore Paul ? "Killing Bono" raconte une partie de la lamentable histoire de ce Neil McCormick qui passera plusieurs décennies à se pourrir la vie et celle de son frère (qu'il empêcha de devenir guitariste de U2 alors que Bono le réclamait) en jalousant Bono au-delà de toute raison, persuadé qu'il va créer le plus grand groupe de rock du monde. Mais plus U2 côtoie les anges et les sommets, plus Neil et son group Shook Up sombrent dans le néant. Pourtant au tout début, en 1976 alors que ces jeunes gens ont tous 16 ans, rien n'explique réellement que ce soit le groupe de Bono qui remplisse les salles et pas celui de McCormick, aucun des deux n'étant meilleur ou moins bon que l'autre. Mais beaucoup de chance, infiniment plus de jugeotte et surtout bien sûr de talent finalement ont permis à Bono et U2 de se propulser rapidement très haut. Tandis que McComick d'une arrogance qui frisera souvent la sottise ne fera qu'accumuler les mauvais choix, prendre les mauvaises décisions, frapper aux mauvaises portes, fréquenter les mauvaises personnes. Il faut le voir et l'entendre pour le croire, refuser de vendre une de ses chansons à Rod Stewart au motif que s'il la veut c'est qu'elle est bonne et que donc il peut la chanter lui-même, choisir comme date de concert de son groupe le jour même où un concert gigantesque réunissant toutes les stars du rock mondial est programmé, refuser encore de faire la première partie de Bono (qui ne reniera jamais leur amitié et tentera à plusieurs reprises de l'aider) en argumentant qu'il préfère une salle de 500 personnes venues le voir lui, que 80 000 venues pour U2... et j'en passe.
N'ayons pas peur des mots, McCormick est un abruti de première classe qu'on a bien souvent envie de secouer fermement pour le faire redescendre sur la terre ferme. Ce serait peine perdue. Et pourtant malgré la lose qui colle à lui comme une seconde peau, malgré ses gros mensonges, ses petites trahisons, son parcours et ses comportements pathétiques, il est attachant. Et même si l'on sait que le film est l'itinéraire d'une carrière ratée, on a souvent envie que quelque chose de bon lui arrive enfin. S'attacher à un personnage aussi couillon est une prouesse dont le mérite revient sans doute à Ben Barnes (échappé avec brio du Monde de Narnia) qui s'abandonne comme rarement à un rôle de pauvre type. Tant d'orgueil et d'insolence auraient pu finir par agacer mais l'acteur réussit le prodige d'emporter toutes les scènes vers le haut. Chapeau.
Hélas, le film souffre de pas mal de handicaps. D'abord sa longueur... deux heures, c'est bien long, d'autant que la première incroyablement répétitive semble s'éterniser. Ensuite l'interprétation réellement calamiteuse de Bono et du frère McCormick Yvan qui grimace plus qu'il ne joue. Le niveau s'élève un peu en seconde partie, lorque tout le monde a pris un peu de bouteille. Et puis la partie où Neil se met à fréquenter le "milieu" est totalement ratée. Enfin, j'ai eu du mal à comprendre pourquoi Nick Hamm avait choisi de pencher du côté de la comédie alors que la vie de Neil et de son frère n'a vraiment pas été une partie de rigolade ! Rire du malheur des autres n'est pas mon sport favori... mais pourquoi je dis ça moi ?
Mais je le répète, grâce au talent de Ben Barnes capable de s'assombrir alors que les portes claquent et que ses partenaires grimacent, ce Neil pathétique est touchant et attachant et ne s'enlise jamais dans le ridicule !
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P.S. : j'ai très hâte de revenir vous parler de Super 8...
Vic est un clown de talent, voire de génie et il fait salles combles à chacun de ses spectacles funambulesques et époustouflants. Mais Vic est d'une tristesse folle et constamment insatisfait. En France il aime Elise qui essaie de le comprendre. Mais il la quitte pour tenter de donner un sens à sa vie auprès des indiens mohawks du Canada. Il y rencontre Alexandra qui est médecin. Auprès d'elle il sera heureux un temps, peut-être. Mais trouver sa place dans ce vaste monde prend chez certains êtres à la sensibilité exacerbée une dimension dramatique. Alors Vic disparaît. Grâce à quelques coups de pouce au destin et par une succession de hasards et de coïncidences, les deux jeunes femmes vont se rencontrer au Canada. Elles sont aussi différentes l'une de l'autre qu'il est possible de l'être mais le point commun qui les unit finalement est d'avoir aimé cet homme unique. Elles vont passer quelques jours ensemble, s'affronter...
Voilà un film que j'aurais aimé adoré mais qui, hélas, ne procure aucune des émotions escomptées. Est-ce parce qu'il est tourné en majeure partie par moins 30 qu'il reste aussi froid ? Il y a néanmoins dans ce film trois bonnes raisons de se déplacer et c'est un comble que Claude Miller n'ait pas réussi un beau mélo avec les trois acteurs incandescents qu'il avait sous la main !
Construit à partir de nombreux flash-back, le voyage d'Elise devrait nous aider à reconstituer le cheminement de Vic, mais finalement au bout d'une heure et demi on n'en saura pas beaucoup plus sur cet homme étrange qui n'aimait pas assez la vie.
Mais voir les trois acteurs évoluer ensemble ou séparément est au fond le but incontestable de ce voyage. Ils donnent un sens au film même si hélas il reste une grande déception car tout y semble artificiel. On ne croit pas à l'amour, on ne croit pas à la rencontre des deux femmes ni à leurs réactions mesurées, mais les acteurs réussissent malgré tout des compositions inquiètes, tourmentées.
Les deux filles sont belles. Marina Hands auréolée d'une nouvelle blondeur est tour à tour enfantine puis femme offensée avec la même aisance. Maya Sansa, plus secrète, plus adulte peut-être est la femme blessée qui garde la tête froide malgré sa douleur.
Et au milieu d'elles deux, l'homme et l'artiste insaisissable, James Thierrée, acrobate, musicien, danseur, acteur, héritier de génie de son merveilleux grand-père. Et on ne peut que remercier mille fois Claude Miller d'en avoir fait l'acteur principal de son film tant il impose sa présence et son charme subtils à chacune de ses apparitions. Un acteur magnétique, un artiste fascinant. Vivement que le cinéma lui accorde enfin la place qui lui revient !
Au sud de la Norvège il y a une catégorie d'individus très très zarbis. On les appelle les "Happys Christians" car ces gens sont "heureux à la folie" (le titre du film en VO). Kaya est l'un d'eux. Elle sourit constamment, positive absolument tout mais nous découvrirons que derrière ce radieux sourire se cachent beaucoup de larmes. Son mari Eirik et son fils Theodor, très complices, la rejettent, l'humilient et se moquent d'elle. Dans la maison voisine, un couple emménage. Ils ont un fils du même âge que celui de Kaya, un petit garçon noir qu'ils ont adopté. L'arrivée de cette famille est un véritable événement qui va bouleverser la vie de tout le monde et en tout cas faire prendre conscience à chacun de l'existence et des souffrances de l'autre.
Ce premier film qui vient du froid est un ovni qui mêle habilement et intelligemment drame, comédie et cruauté. Si l'on peut regretter la fin un tantinet trop convenue (quoique...) alors que régulièrement on est troublé voire dérangé, le cheminement pour y parvenir est tout à fait inattendu et fait donc de cet objet totalement enneigé une bien bonne et inespérée surprise en cette période de disette.
L'accueil que Kaja réserve à Elisabeth, Sigve et leur fils Noa est tout à fait sincère et chaleureux. Et d'emblée ce couple qui vient du Nord, peu habitué à ce genre de démonstration la regarde comme une véritable extra-terrestre mais aussi avec un dédain certain. Il est vrai que les manifestations enthousiastes et l'optimisme à toute épreuve de la jeune femme peuvent la faire passer pour un peu simplette voire carrément dérangée. Mais les sourires de connivence qu'Elisabeth et Sigve s'échangent, la condescendance qu'ils affichent vis-à-vis de Kaja, leurs airs de supériorité vont peu à peu céder le pas à de véritables interrogations sur leurs propres comportements. Kaja et son assourdissant besoin d'amour vont finalement être le révélateur de bien des non-dits, de tous les manques et secrets de chacun. Les révélations et retournements de situations en cascade vont s'abattre sur les deux familles.
Et pendant que les parents s'occupent exclusivement d'eux-mêmes, de leurs histoires d'amour et autres problèmes de sexe, les enfants se livrent au "jeu" malsain du maître et de l'esclave. Le fils de Kaja se documente sur Internet et avec délices sur l'histoire de l'esclavage et fait de Noa son esclave.
A intervalles réguliers un quatuor de chanteurs, les pieds dans la neige chantent du gospel avec des mines de bourreaux des coeurs. Ces intermèdes sont absolument réjouissants.
Et les acteurs sont formidables, en tête Agnès Kittelsen l'interprète de la loufoque Kaja qui, selon la formule consacrée, crève l'écran.
Ce film est vraiment original et différent, ne le laissez pas vous échapper. Une découverte.
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MES COUPS DE COEUR DE LA SEMAINE
Chaque jour de chaque année des pèlerins handicapés, catholiques, croyants... se rendent par milliers à Lourdes (Pyrénées, France), lieu de culte célèbre pour ses miracles. Parmi le groupe que nous suivons, se trouve une jeune femme, Christine, tétraplégique depuis de nombreuses années. Comme les autres, elle suit, aidée de son accompagnatrice bénévole le rythme des visites organisées à la grotte, aux différents offices, à la dégustation d'eau bénite etc, en attendant le miracle.
Ne rien savoir des intentions de la réalisatrice est-il préjudiciable au film ? Je n'en sais rien. En tout cas, rarement je me suis sentie aussi mal à l'aise, avec une impression de claustrophobie quasi permanente pendant un film. Lourdes le film se passe bien à Lourdes avec de vrais pèlerins mais il y a aussi au moins trois acteurs connus. Du coup, j'ai eu du mal à situer les intentions : documentaire, observation, critique ? En tout cas, je suis sûre d'une chose, le sentiment de malaise était tenace, même si j'ai des difficultés à l'expliquer. L'impression que tout, au cours de ce voyage minuté est sinistre, que l'humanité présentée l'est encore davantage, que la foi n'est qu'un prétexte, que la charité chrétienne ou simplement humaine est hypocrite, que l'espoir est cafardeux et culpabilisant...
Lourdes est donc ce grand cirque clinquant, une espèce de parc d'attractions avec la religion catholique pour thème. Et c'est d'une tristesse sans nom. On ressent une sorte d'exploitation de la détresse qui donne la gerbe. Les boutiques de bibelots pullulent : boulaneiges Marie (tiens, je ne l'ai pas celle là !), Jésus lumineux, cierges ou lampions... et ce grand commerce dévot/fétichiste semble s'étaler jusqu'au bout de la nuit. Il y a même un restaurant sur les hauteurs : Le Paradis !
Christine, l'héroïne atteinte de sclérose en plaque du film participe donc régulièrement à des voyages organisés. Etant totalement immobilisée et dépendante, c'est pour elle le seul moyen de sortir de chez elle. Parmi les membres de l'ordre de Malte, il y a un jeune homme qu'elle reconnaît et qui participait déjà à un autre voyage, mais à Rome. D'ailleurs Christine trouve que ce dernier était beaucoup plus agréable car beaucoup plus culturel. Christine croit en Dieu certainement mais sa foi n'a pas la ferveur et la conviction que manifestent certains autres participants qui mettent en la Vierge Marie toute leur espérance. On suit avec effarement les différentes étapes d'un tel voyage : les repas pris en groupe dans une cantine déprimante décorée de fleurs en plastique, les interminables files d'attente pour passer devant la grotte miraculeuse, le "parcage" des pèlerins qui souhaitent se baigner dans la piscine d'eau bénite (je suppose), les messes en plein air ou dans des salles immenses genre Zénith et j'en passe. Et le soir se coucher dans une chambre grise qu'on partage avec un autre pèlerin...
Lorsque le miracle survient, qu'un handicapé se lève et marche, ce n'est l'euphorie pour personne. Le miraculé s'interroge sur sa légitimité et les autres aussi, les délaissés qui n'ont pas été choisis se mettent à critiquer l'élu : pourquoi elle ou lui et pas un autre ? C'est très moche. C'est la nature humaine dans toute sa laideur qui envie, convoite et dénigre.
En ce qui concerne les acteurs, je dirais que Bruno Todeschini (dont je n'ai rien compris au comportement) ne semble pas très à l'aise dans son costume de chasseur alpin, que Léa Seydoux est toujours aussi inexistante mais que Elina Löwensohn par contre, compose une religieuse accompagnatrice mielleuse qui peut d'une réplique être cinglante et qui cache parfaitement son secret.
Mais il y a surtout ici une actrice prodigieuse qui ne peut s'exprimer que par son visage. Elle en fait un instrument tout à fait surprenant et ce qu'elle réalise dans les deux dernières minutes, absolument terrible, bouleversant est vraiment digne des plus grandes. Sylvie Testud a bien failli me faire pleurer...
Lors de mon périple parisien du mois de juin, j'ai été invitée par Florian de CinéFriends (merci encore mille fois) à assister à la projection presse de ce film (qui sortira le 7 septembre prochain) au Cinéma du Panthéon dans le Vème et au repas qui suivait en compagnie du réalisateur Vincent Garenq, de Philippe Torreton, d' Alain Marécaux, de quelques journalistes dont je tairai les noms par respect pour leurs familles et d'un autre blogueur Alexandre Mathis plan C. pour les intimes. Evidemment, j'ai accepté. Et l'exercice s'est avéré aussi passionnant que déroutant. J'y reviendrai.
Le film évoque l'histoire d'Alain Marécaux, cet huissier de justice qui fut arrêté en 2001 ainsi que sa femme pour des crimes de pédophilie qu'ils n'ont pas commis. Ils furent incarcérés et enfin libérés, la principale accusatrice s'étant en plein procès rétractée avouant être malade et avoir menti. Personne n'a oublié la fameuse affaire d'Outreau qui suscita un engouement médiatique hors du commun donnant à chacun l'occasion de condamner sans jugement, les faits reprochés étant d'une atrocité également peu commune. Plusieurs années de calvaire pour un homme, sa famille mais aussi une vingtaine d'autres accusés totalement innocents et choisis presque au hasard par les accusateurs (et véritables coupables des faits). Le réalisateur se penche ici exclusivement sur le cauchemar vécu par Alain Marécaux en adaptant son livre "Chronique de mon erreur judiciaire". Le film aborde également l'acharnement quasi obsessionnel du "petit" juge Burgaud qui sera à l'origine de cette erreur monstrueuse.
La première scène est un coup de poing. Il fait à peine jour lorsque la police vient arrêter Alain Marécaux et sa femme. Dès qu'ils pénètrent dans la maison, sans violence mais avec une brusquerie choquante, on reste pétrifié. Choqué aussi par le tutoiement immédiatement utilisé envers les inculpés qui sont instantanément placés en situation de coupables. La scène est quasi documentaire et l'on se dit qu'ainsi un jour, pourquoi pas, on pourrait être à la place de ce couple à qui on annonce qu'ils sont arrêtés pour crime de pédophilie. Leurs trois enfants sont réveillés et quasiment arrachés des bras de leurs parents. Ils ne les reverront plus pendant plusieurs années. L'angoisse qui saisit le spectateur est indescriptible. Impossible de ne pas s'identifier et c'est la première réussite de Vincent Garenq qui ne cherche pourtant pas à choquer gratuitement. Au fond, aucune violence physique, aucun passage à tabac ne seront utilisés contre Alain Marécaux, mais toute une succession de petites humiliations et des confrontations absolument absurdes avec l'accusatrice Myriam Badaoui et un juge qui n'écoute pas ou plutôt n'entend rien. La violence de ce qui arrive à cet homme n'en est pas moins incroyable et scandaleuse. On assiste totalement médusé à une enquête et à un procès quasi exclusivement à charge. Toutes les pistes permettant de discréditer les accusations sont tout bonnement écartées.
Lors de son arrivée en prison, Alain Marécaux reçoit un seul conseil : "ne surtout pas faire savoir de quoi il est accusé" car on sait quel sort est réservé aux violeurs d'enfants dans les prisons alors qu'on sait que chaque cellule est équipée d'une télé. Les conditions de détention (9 dans une cellule prévue pour 4) font froid dans le dos. On se croirait dans la pire geôle du bout du monde. Malgré cela, il est à noter que la représentation du personnel de prison n'a rien à voir avec ce que la plupart des films tentent de nous imposer comme vision. Les gardiens ne sont pas des "matons" sadiques mais plutôt de braves types qui essaient de bien faire leur boulot.
Tentatives de suicide, grève de la faim... Alain Marécaux tentera tout pour hurler son désespoir et se faire entendre. En vain !
Malgré le caractère hautement documentaire du sujet et la manière de le traiter, Vincent Garenq n'en oublie pas pour autant de faire un film et cela bien que l'on connaisse le denouement (relativement) heureux pour le personnage principal. Tout est traité en tension constante, sans musique qui viendrait alourdir le propos ou le rendre encore plus dramatique. Cette descente aux enfers d'un homme qui perd tout, sa famille, son travail, ses biens est saisissante de bout en bout. On reste pétrifié jusqu'à la dernière seconde du générique et même au-delà car pendant toute la projection on a été placé en empathie permanente avec le personnage. Non, ça n'arrive pas qu'aux autres, la machine judiciaire peut broyer des vies sans qu'on puisse rien faire contre. C'est terrifiant.
L'implication de Phillipe Torreton dans ce rôle est admirable, impressionnante et brillante. Il y est juste, sobre et bouleversant comme jamais. Sa transformation physique est hallucinante et son jeu souvent même minimaliste. Il faut dire qu'Alain Marécaux, lui-même officier ministériel de profession se fait une haute idée de la justice française, lui accordant une entière confiance, ce qui l'empêchait sans doute de hurler les évidences de l'injustice dont il était l'objet. On accompagne le personnage sur son chemin de croix en se demandant néanmoins si le métier d'acteur justifie de mettre en danger sa propre santé pour s'approcher au plus près d'une interprétation !
Ce film terrible, éprouvant est utile.
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La seconde partie de cette matinée était donc consacrée au repas partagé entre une dizaine de privilégiés (dont moi-même en personne) et l'acteur Philippe Torreton, le réalisateur Vincent Garenq et Alain Marécaux. Ainsi que vous pouvez le constater sur ce plan en coupe, juste au dessus du cinéma se trouve le restaurant "Le salon"
Cet endroit absolument charmant, entièrement décoré par Catherine Deneuve est un loft de 150m2, prolongé d’une terrasse chauffée et ouvert au public du lundi au vendredi.
L'"exercice" m'a été présenté comme une conversation entre les journalistes (et les deux blogueurs donc) chargés de poser des questions. Chaque invité doit "tourner" à chaque changement de plat (entrée, plat, dessert), ce qui nous laisse en compagnie de chacun d'eux enrivon une demi-heure ! C'est tout à fait passionnant mais aussi assez déroutant. D'autant que sachant ce que conversation signifie (enfin, je le croyais jusque là), lorsque je suis intervenue dans la "conversation", une journaleuiste d'un canard normand s'est mise à agiter les bras avec force moulinets puis a posé un doigt sur sa bouche (comme on le fait pour un moutard qu'on veut faire taire) ! Notre "échange" n'a manifestement été visible que de nous deux mais lorsqu'à la toute fin de l'entrevue elle est venue me faire des excuses donner les explications de ses gestes, je lui ai tourné le dos la coupant en plein milieu de sa dissertation et lui signifiant que discuter avec des personnes comme elles ne m'intéresse absolument pas. Il faut dire que (LOL et MDR), c'est la même (faites ce que je dis pas ce que je fais) qui lors de notre "conversation" avec Philippe Torreton (lui-même normand) s'est mise à lui poser des questions du style :
- "et alors, votre famille est toujours en Normandie ?
- En effet, ma tante vit à Grand Quevilly, répond le très courtois Philippe.
- Oh mais c'est dingue, figurez-vous que je suis native d'Elbeuf Seine Maritime Haute Normandie !!! La vie est dingue non ? si j'm'attendais ? ajoute la décolorée blonde (ce qui est évidemment vital pour le film en question, j'en conviens avec le recul !)
- oui, le monde est vraiment petit "! confirme le très urbain Philou.
Puisque j'en suis au chapitre "comment se faire des ami(e)s ma spécialité en une heure 30 ?"... je continue. Une autre journaleuiste que je nommerai "l'intello de service", sans doute la plus pro et la plus cinéphile nonobstant, mais également la plus énigmatique en ce qui me concerne posait des questions interminables, plus longues que les réponses que les intéressés auraient pu donner. Moi je n'en ai compris aucune, les mots en "isme", en "logue", des machins formels et informels du point de vue de là où l'on se place et l'aspect technique de la notice de la caméra, c'est pas ma tasse. La demoiselle blonde naturelle, si. Vincent Garenq étant un garçon intelligent et très bavard répondait à toutes les questions. Alors que Philippe Torreton faisait souvent : "Gnéééééé ? a pas compris !". Mais la demoiselle ne lâchait pas le morceau tant qu'elle n'avait pas obtenu la réponse qu'elle souhaitait entendre. Fascinant. Elle était quand même tordante lorsqu'elle a fait auprès de Philippe Torreton un rapprochement insistant entre ce film et le cinéma d'Olivier Marchal (lorsque vous aurez vu le film, vous penserez comme moi : "c'est quoi le rapport ?"... même si évidemment, il y a des képis de part et d'autre). Le très poli Philippe disait très poliment qu'effectivement il y avait des scènes de commissariat, de tribunal et même des menottes mais que bon... Le plus tordant de l'affaire c'est lorsqu'un peu plus tard, le même se risque à une comparaison avec "L627" de Bertrand Tavernier. Et la miss de s'offusquer : "mais enfin Msieur Torreton, ce n'est pas le même réalisateur ni le même film !!!". J'en ai conclu que Vincent Garenq et Olivier Marchal n'étaient pour elle qu'un seul et même homme, pour ne pas dire réalisateur.
Le troisième larron n'est pas critique de cinéma et a été parachuté là, un peu comme un blogueur sans légitimité (ooopsss, pardon pour le pléonasme). Il fut l'auteur de plusieurs exploits. D'abord, il a trouvé que Philippe Torreton jouait mal et en faisait trop... Là, encore, c'est chacun pour soi. Moi j'ai trouvé qu'au contraire avec un rôle aussi spectaculaire, il aurait pu céder à l'excès ce qu'il ne fait jamais selon moi. Mais son grand moment qui m'a mise vraiment mal à l'aise c'est lorsqu'il a demandé à Alain Marécaux combien il avait touché en dédommagement de cette erreur judiciaire !!! Mais il a atteint son Anapurna en disant hilare : "avec l'affaire DSK, vous ne vous sentez pas replonger dans tout ça ?".
La quatrième scrivaillonne était timide je suppose et n'a pas ouvert la bouche. Je ne peux donc rien dire à son sujet, veuillez m'en excuser.
La partie médisance LDP étant torchée, passons aux choses sérieuses.
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L'entrée nous l'avons mangée avec Vincent Garenq. Je ne me souviens plus ce que c'était. Si cela vous intéresse, demandez à Alexandre Mathis qui n'en a pas laissé une miette et finissait les verres aussi. Et comme Vincent Garenq est un garçon excessivement bavard (mais très intéressant), il a quitté notre table une demi heure plus tard, en emportant son entrée à la table du plat de résistance !
VIncent Garenq a été bouleversé par l'histoire d'Alain Marécaux qu'il a découvert en lisant son livre. Le film est donc un reflet de la subjectivité d'Alain Marécaux. Il a choisi cette histoire plutôt qu'une autre (puisqu'il y a une vingtaine d'inculpés) parce que tout semblait y aller plus loin. Le fait d'avoir des enfants lui aussi, l'a sans doute davantage sensibilisé puisque les enfants de Marécaux ont été immédiatement retirés à leurs deux parents arrêtés. L'écriture du scénario lui a procuré un énorme coup de blues dont il a eu des difficultés à sortir.
Bien que l'instruction soit un tissu de contradictions, Vincent Garenq n'a pas souhaité faire un film contre le Juge Burgaud, contre la justice et même contre les médias. Il a pour lui une valeur de témoignage et de constat pour que ce genre d'horreur n'arrive plus.
Il reconnaît avoir filmé caméra à l'épaule pour ne pas s'éloigner de Philippe Torreton et montrer dans quel état de stress et de tension il était en permanence. Son choix s'était finalement porté sur cet acteur parce qu'il est le seul à avoir montré un véritable intérêt pour le rôle. Il ne cache pas non plus sa référence à Depardon !
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C'est en compagnie du très très charmant Philippe Torreton que nous avons partagé le plat de résistance. Lui, il parvient à parler ET à manger en même temps, mais toujours très proprement. Il est charmant. Ah, oui je l'ai déjà dit. Très souriant et très élégant. Et toujours très passionné par son métier.
Ce qui saute aux yeux en voyant ce film c'est évidemment la transformation physique : perte de poids considérable (plus de 20 kilos), crâne rasé. Pour l'acteur, la transformation est consitutive du personnage. Il n'envisageait pas sa performance différemment pour rendre compte du personnage.
Le fait qu'Alain Marécaux soit complètement écrasé par son malheur l'a impressionné. Pour lui il n'avait aucune revendication, il souhaitait juste mourir. Pour rendre compte de ce malheur et exprimer la compassion, le cinéma est idéal qui peut placer une caméra où d'habitude il n'y en a jamais. Pour lui, ce film qui se concentre sur l'histoire singulière d'un homme est comme un cri qu'on peut pousser pour faire entendre Alain Marécaux.
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Le dessert nous a donc permis de rencontrer Alain Marécaux le vrai. Et c'était évidemment la partie la plus forte et bouleversante de cet échange. C'est un homme calme, posé et d'une grande douceur. Il semble tellement avoir réappris à vivre qu'il peut parler de cette histoire sans trembler. Pas froidement du tout, au contraire, ça fait mal de l'écouter, mais tranquillement sans manifester de haine.
Tous ses malheurs ont été concentrés sur quatre années et le film ne trahit rien, ne déforme rien de ce qui s'est effectivement passé. Lors de l'arrestation de sa femme et de lui-même, il estime que ses enfants aussi ont été arrêtés. Il est vrai que la façon dont ils sont sortis du lit par les policiers puis de la maison glace le sang. Son fils aîné, le plus "difficile" des deux a tellement donné de fil à retordre aux différentes familles d'accueil qu'il est finalement devenu "pupille de la nation" et a été déscolarisé à l'âge de 14 ans. Il faut savoir (je l'ai appris ce jour là) qu'une des aberrations de notre système est que l'école est obligatoire jusqu'à 16 ans, sauf pour les pupilles de la nation !!! Il voit toujours ses deux fils, mais sa fille qui a aujourd'hui 16 ans ne veut plus le voir. Elle a pris le parti de sa mère et n'a jamais compris ce qui lui était arrivé. Ce que ses enfants ont vécu est insoutenable.
Alain Marécaux nous raconte sa perte de poids (48 kilos) et son désir de mourir. Aujourd'hui, il se reconstruit avec une nouvelle famille mais ne passe pas une journée sans penser à tout ce passé qui le hante. Tout lui a été arraché : sa femme et ses 3 enfants. Il a également perdu son travail et forcément son étude d'Huissier. Il travaillait 11 heures par jour et parfois même le week end pour faire bien vivre les siens. S'il a l'impression de vivre une résurrection professionnelle, il a pris conscience de la place exacte du travail dans une vie.
Quant à voir sa vie retracée au cinéma, il a d'abord craint que son livre soit dénaturé mais après avoir rencontré Vincent Garenq, il a donné son accord car il était consultant sur le scénario et que 12 versions ont été rédigées avant de trouver la bonne. Ce fut une rare violence de voir le film la première fois, mais il ne se sent pas trahi et l'essentiel de sa souffrance s'y trouve.
Il considère qu'en 2001 il a été "embastillé" et que son cauchemar peut hélas se renouveler et arriver à n'importe qui. La position sociale, il en est la preuve, n'est pas un rempart. Il affirme, et on le croit sans peine tant cet homme paraît illuminé de l'intérieur par une espèce de bonté non feinte, qu'il n'en a jamais voulu au petit garçon qui l'a accusé, pas plus qu'à Myriam Badaoui. Par contre, il est toujours en colère contre le Juge Burgaud qui a simplement été admonesté.
La dernière chose qu'il attend aujourd'hui, ce sont les excuses du Juge, qu'il n'a jamais prononcées.
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NB : je tiens à préciser que dans cette affaire il y a aussi de vraies petites victimes d'incestes, de viols et de véritables actes de barbarie... mais que ce n'est absolument pas le sujet du film.
Le collège MachinChose est le plus prisé de tout l'Illinois et on se demande bien pourquoi compte tenu de la bande de profs tarés qui y sévissent. Dans ce collège, il y a notamment Elizabeth, prof (on apprendra bien tard dans le film que la matière qu'elle enseigne doit être la littérature) en Louboutin, gaulée comme Barbie (les seins en moins). Elle méprise et déteste ses élèves tout comme ses collègues car son unique obsession est de se faire épouser par un homme riche et de se payer de nouveaux seins justement, des gros ! Pour obtenir cet argent, elle est prête à tout, même à détourner les gains obtenus laborieusement (par certains) pour laver des voitures. Pendant ses cours, elle dort et passe des DVD aux enfants. Elle peut aussi à l'occasion boire et se droguer. Je pense que vous avez bien compris la trash attitude de la demoiselle qui ne demande qu'une chose : quitter l'enseignement. Mais lorsque son riche prétendant, flairant le côté intéressé de la miss, la plaque, la voilà obligée de rempiler pour un an la pauvre crotte.
ça commence plutôt bien avec un générique de début en forme de madeleine. Je vous le recommande...
Et puis, voir cette prof pas crédible perchée sur ses Louboutin de 12, onduler de tout ce qu'un corps permet d'onduler, dans les couloirs d'un collège où les élèves sages comme des images écoutent attentivement des profs aux méthodes disparates et "space" fait craindre le pire. Finalement avec beaucoup d'indulgence et un peu de plaisir coupable à regarder ce film inutile, ça passe. Il faut dire que contrairement à d'habitude, la vilaine fille ne va pas se transformer en gentille princesse qui aurait pris conscience qu'elle est moche dedans. Même si, bien sûr, elle va commettre quelques rares, inattendues et presqu'involontaires bonne actions, elle va rester ce qu'elle est : une teigne, superficielle et vaine, et en plus quelques unes de ses répliques sont jouissives. A sa collègue (grosse, moche, timide et gentille) qui l'a invitée à déjeûner, la teigne propose :
- "on mange ensemble ?
- oui, c'est moi qui invite, répond la timide.
- oh ben non, dit la teigne, tu as déjà payé la dernière fois. On partage". J'adore !
Vous l'avez compris, la teigne c'est Cameron Diaz au corps interminable et au visage impossible... qui démontre une fois de plus qu'elle n'est pas la meilleure actrice du monde. Quoi d'autre ? Justin Timberlake joue un prof moche (il paraît que c'est un exploit) toujours d'accord avec le dernier qui a parlé, et Lucy Punch est un écureuil (oui, ben je me comprends) loufoque et survolté pas si gentil qu'elle en a l'air. Quelques blags caca prout vomis plus tard, c'est déjà oublié mais pas honteux.
Si Primo avait voté (pour la première fois de sa vie puisqu'il a 18 ans)en ce 10 mai 1981, il aurait sûrement voté Mitterrand. Pour l'occasion et alors qu'il vit dans une minuscule chambre sous les toits à Paris, il retourne en Province chez ses parents. Mais devant l'accueil une fois de plus réfrigérant de son père, il regagne la Capitale et s'inscrute dans une soirée chez des jeunes du XVIème. Il y rencontre une petite bourgeoise superficielle, Gabrielle. Pour être sûr de gagner et de conserver l'amour de la belle, il ment, s'invente un père mort et photographe (le sien n'est "que" fleuriste) et se prétend de droite. Dans le même temps la tout aussi bourgeoise mais beaucoup moins frivole Delphine fantasme sur Primo qui bien sûr l'ignore puisque son coeur appartient à Gabrielle qui va le mettre en pièces...
Ce petit film d'éducation sentimentale entre bourgeois et prolos passerait sans doute inaperçu (et j'en demande pardon à Miss In The Mood qui le défend bec et ongles) s'il n'était illuminé par la présence extraordinaire de deux comédiens véritablement lumineux, d'une grâce, d'une légéreté et d'une profondeur tout à la fois, folles. Il s'agit de Pierre Niney dont le visage radieux embrase littéralement l'écran. Quant à Audrey Bastien (que j'ai croisée IRL) et qui est d'une réserve et d'une gentillesse délicieuse est une actrice à 200 % d'une beauté et d'un naturel inouïs. On aimerait que ces deux là passent leur vie ensemble et fassent plein de petits à leur image ! Dès qu'ils sont l'un et l'autre à l'écran il se crée une osmose et une alchimie comme rarement au cinéma. Le rôle de Primo, immature et passionné que Pierre Niney rend bouillonnant, capable de se jeter (plusieurs fois) par la fenêtre, de percuter un poteau en s'y jetant à toute vitesse s'oppose à la grande maturité de Delphine qui comprend, évalue de loin et patiente posément, calmement. Ils sont faits l'un pour l'autre mais il faudra que Primo redescende de son nuage pour le comprendre.
Les autres personnages sont caricaturaux et pas bien sympathiques : les bourgeois de vrais cons, et les prolos des gens biens...
Mais pour voir les larmes déchirantes de Primo/Pierre et de Delphine/Audrey, leurs sourires éblouissants et leur jeunesse resplendissante il est sans doute important de voir ce film puis d'attendre de les revoir vite tous les deux, ensemble ou séparément.
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P.S. : si quelqu'un a une explication à propos du job que Primo effectue la nuit... je suis preneuse !!!