Karine Silla Perez a convoqué tout son carnet d'adresses (et quel botin mondain !!!) pour réaliser un film de l'espèce la plus casse-gueule qui soit (quand on est ni P.T. Anderson, ni Lelouch, ni Ozon, Ni Innarritu...) : le film choral qui malgré quelques scènes de danse choupinettes n'est pas une comédie musicale. Mais avoir un casting en or massif (Vincent Pérez, Valeria Golino, Cécile de France, Edith Scob, Gérard Depardieu, Nicolas Giraud, Jalil Lespert, Laure Duthilleul, Firmine Richard, Elsa Zylberstein, Serge Hazavanicius, Catherine Hiegel et évidemment Roxane Depardieu et Iman Pérez "mes filles sans qui je ne serais rien !" et pardon si j'en oublie) n'est pas pour autant synonyme de réussite. Et malgré toute la bonne volonté du monde que j'ai mise à tenter d'être au moins indulgente avec un premier film (entreprise fragile, délicate et émouvante) et encouragée par ceci... je n'ai hélas que pu voir se dérouler devant mes yeux ébahis 1 h 41 mn de ratage (quasi) complet ! avec néanmoins l'immense satisfaction de découvrir sous ces mêmes yeux émerveillés (les miens toujours) la naissance ou plutôt la croissance d'un acteur formidable à qui il est urgent d'offrir un grand premier rôle DRAMATIQUE : Nicolas Giraud !
Néanmoins, il faut reconnaître que les acteurs qui ont chacun à leur tour leur petite scène d'hystérie minute de gloire ne sont pas à blâmer. Ils se donnent corps et âme à un film et à un rôle qui ne leur rendent pas puisque chacun d'entre eux est limité à une seule et unique particularité qui régit entièrement et exclusivement leur vie et leur personnage. Je pense que l'amour que la réalisatrice porte aux acteurs se voit tant elle s'applique à les mettre en valeur. Mais l'étude psychologique voire psychanalytique (le papillon du titre s'est curieusement transformé sur l'affiche en image du test de Rorchard)
vs
et il arrive à ce film le pire qui puisse arriver à un film je crois : le comique involontaire ! Car à moins que tout, absolument tout m'ait échappé, il s'agit bien d'un drame qui se joue ici en principal, et en annexe quelques mésaventures dont certaines auront certes une fin heureuse mais difficiles à vivre au jour le jour.
Au centre ou au sommet se tiennent Billie et Louis. Elle est restauratrice de tableaux évidemment dont un qui veille sur elle puisqu'elle est atteinte d'un cancer en phase terminale. Louis est avocat et leurs deux filles (qui sont aussi les filles de la réalisatrice) sont gentilles, aimantes, attentionnées et se serrent l'une contre l'autre lorsque papa et maman vont le soir au cinéma en tenue d'apparat voir le dernier Woody. Mais avant de partir, papa et maman qui sont trop cools n'oublient pas de leur faire le "Twist contest" de John Travolta et Uma Thurman pendant que les deux neuneus dans leur lit de princesse tapent dans les mains avec un sourire niais accroché à la face. Billie qui est trop forte, vit depuis 6 mois avec son cancer en phase terminale sans avoir rien dit à personne sauf à sa meilleure amie qui n'en a que faire même si elle dit "je suis avec toi toujours". Mais le jour où elle révèle tout au mari qui se chargera de le dire à son tour aux filles, elle se met à porter des foulards sur la tête alors qu'à la scène suivante Valeria Golino arbore sa coiffure à bouclettes !!! Tout le monde vit ça au mieux car la grande doit passer son bac d'abord et la petite apprendre à faire des demi-pointes et des entrechats (au passage si je puis me permettre un conseil totalement désintéressé car je m'en fiche comme de l'an mille et des chevaliers du lac etc... Iman Pérez s'il te plaît, arrête la danse classique, TOUT DE SUITE, tu es légère comme un fer à repasser en fonte !). Et tout le monde de se mettre à croire au miracle, la petite de vouloir apprendre à prier Dieu et la grand-mère de dire "j'vous avais bien dit qu'il fallait les baptiser !!!". Je ne vous parle pas de la déco de l'appartement et de la chambre de la gamine, c'est absolument indescriptible. C'est kitsch, brillant, sombre, étouffant ! Un rêve de conte de fées c'qui paraît. Beurcke.
Vient ensuite Alice l'infirmière de Billie, douce, compréhensive et compatissante "entre femmes on se comprend". Ne cherchez pas, ce genre d'infirmière ne se trouve que dans les films. Alice est mariée à un mec poilu qui passe sa vie au pieux et mère d'un charmant moutard insomniaque, Gabriel, un archange sans doute. Evidemment, jamais le mari ne se lève pour tenter de rendormir l'affreux. Alors Alice fatigue et voit une psy pour son fils... Au secours la psy : "votre fils va bien, c'est vous qui lui transmettez vos angoisses !". Merci, combien je vous dois ? Bien sûr c'est TOUJOURS la faute des mères, des femmes. Quant aux scènes de disputes avec le mari, on n'arrive jamais à trancher : est-ce de la comédie ou du drame ? Dans la salle, ça riait beaucoup ! Moi pas. Serge Hazavanicius et Cécile de France, excellents pourtant, étant néanmoins davantage dans le registre de la comédie, peinent à faire croire au malaise de leur couple. Et se mettent aussi à croire au miracle que leur fistounet dorme un jour, ou plutôt une nuit.
Puis, nous trouvons Marie actrice à succès, qui vit avec Samuel (Nicolas Giraud : le PLUS BEAU rôle du film et surtout le plus intéressant car interprété avec une profondeur sans faille et sans détour vers la comédie par Nicolas Giraud !) musicien, chef d'orchestre totalement absorbé par son interprétation d'une oeuvre sublime de Vivaldi. Mais Marie 38 ans (ce qui n'est pas une maladie) rêve de procréer alors que la semence de Samuel n'est pas bien vigoureuse alors Marie s'obstine, s'acharne, déprime. Et reproche à sa mère d'être la cause de tous ses maux. (Aaaaaaaaaaaaah ! la grande scène du II où la mère coiffeuse (Catherine Hiegel) pose des rouleaux sur la tête d'une cliente pendant que Marie vomit sa haine. Il faut le voir pour le croire.). Oui, tout est toujours la faute des mères. Mais Marie de se mettre à croire aux miracles : "après tout je m'appelle Marie !!!"
Qui d'autre encore ? Ah oui, Paul (Jalil Lespert, très beau, très adulte), le frère de Louis (vous savez le mari de Billie qui se meurt) qui a jadis aimé Marie (la meilleure amie de la mourante) mais qui préfère Natalya la prostipute qui croit au miracle de rembourser les 50 000 euros qu'elle doit à son maq' pour retrouver son fils en Ukraine. Je ne vous dis pas qui va aider Natalya à trouver le pognon. Paul est accessoirement très fâché avec sa mère depuis un an mais je ne vous en dirai pas la cause qui est un vrai... comment dit-on ? buzzz ? Dont la révélation fait un flop total. Je ne vous dirai qu'une chose. Tout est toujours la faute des mères ou des femmes.
Enfin, nous avons en toile de fond de ce film infiniment social... le brûlage de voitures par des vauriens cagoulés et tout le ptit monde sus-cité de s'en offusquer en lisant les méfaits de ces sauvageons dans la presse. "rrrrooo c'est pas bien". Et la réalisatrice de chorégraphier les émeutes du 9-3 (en insistant bien sur l'immatriculation d'un véhicule !!!) avec musique rap soft et plans de nuit enflammés au ralenti.
Non et NON.