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Cinema - Page 235

  • LOVE, ET AUTRES DROGUES de Edward Zwick *

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    Jamie est un serial tombeur. De 7 à 77 ans il séduit tout ce qui remue. Il est vendeur de matériel hi-fi (le genre de vendeur frénétique qui me fait fuir ou que je remets à sa place suivant mon humeur !!!). Viré de son boulot, il devient commercial dans l'industrie pharmaceutique. Son objectif est de réussir à vendre un produit censé avoir moins d'effets secondaires que le Prozac. Jusqu'au jour où (nous sommes dans les années 90) le Viagra fait son apparition et notre Jamie est le commercial tout trouvé pour rendre le sourire (façon de parler) aux garçons défaillants, gravir les échelons, devenir number one, conquérir Chicago... Dans le même temps, il croise la route de Maggie une serial baiseuse qui a juste un petit handicap, elle est atteinte de la maladie de Parkinson (version précoce car elle a 26 ans). Mais comme elle n'en est qu'au stade 1 de la maladie elle a encore de l'énergie à revendre, à peine quelques tremblements gênants qui l'empêchent de couper droit !

    Ce qui me fait voir rouge en premier lieu c'est d'imaginer qu'il suffise à un beau gosse de montrer son sourire ultra brite pour que toutes les filles, même celles dotées d'un cerveau tombent entre ses draps. Evidemment il y a les opportunistes très amibitieuses dont le discours est "je veux épouser un médecin" mais j'ose espérer que la majorité des filles aiment se laisser surprendre !

    Revenons en à nos tourtereaux à qui un scenario paresseux tente de donner quelques aspérités pour essayer de nous faire douter qu'ils finiront par couler des jours heureux quoique semés d'embûches (je rappelle que Madame est malade). On voit bien au premier regard subjugué de Jamie, qu'il va aimer Maggie comme un fou et qu'elle va lui rendre son amour au centuple, bien qu'elle soit une fille très seule au monde, dotée d'une intelligence et d'un esprit d'indépendance hors du commun.

    Le film est parsemé de vérités vraies qui nous font certes réaliser que nous avons en France un système de santé haut de gamme, que les "visiteurs médicaux" se prennent souvent pour des toubibs et qu'ils ne réalisent pas, houspillés par leurs objectifs à atteindre, qu'ils sont à la solde d'une industrie pas reluisante, que les médecins peuvent être corrompus ou corruptibles... mais comme tout cela est asséné sur le ton de la plaisanterie, ça ne fait jamais mouche. Nous sommes dans une comédie, aucun doute là-dessus. D'ailleurs, et pour une fois que nos deux chéris n'ont pas de copains/amis repoussoirs (appelez ça comme vous voulez !) du style pot de colle-relou-chemo... il se trouve que Jamie est flanqué d'une espèce encore bien plus malsaine : UN FRERE qui squatte son appartement après avoir été mis dehors par sa femme. Franchement on a du mal à comprendre que bien que très stupide (ah oui, j'oubliais ce film est d'une mysogynie à hurler !) sa femme se soit débarrassée de cet être scintillant qu'est ce garçon gras, libidineux, vulgaire, con et prétentieux ! En plus, il s'appelle Josh Randall... !!! Je me demande réellement si ce genre de rôle et de personnage fait rire quelqu'un !

    J'ai imaginé un instant le même film avec deux acteurs inconnus (ou pire avec Gérard Butler)... ça m'a fait très très peur ! Mais là où le réalisateur ne s'est pas trompé, c'est en convoquant pour jouer les deux chérubins : Jake Gyllenhaal et Anne Hathaway. Tous deux rivalisent de charme, de fraîcheur, de charisme et de beauté. Déjà mari et femme dans "Le secret de Brokeback Mountain", leur complicité à l'écran fait plaisir à voir, ils sont parfaitement assortis et font admirablement bien passer le trouble de leurs émois. J'ai trouvé très belle la scène où Jamie/Jake semble découvrir soudainement, le souffle coupé et comme une évidence que Maggie est celle qu'il aime. Mais bon...

  • MEGAMIND de Tom McGrath ***

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    Pas facile de se faire une place au soleil quand vos parents vous ont expédié tout moutard sur une autre planète en vous donnant des consignes que vous n'avez pas pu entendre. C'est ainsi que Megamind qui a atterri sur Terre s'est fait chiper la place de super héros par MétroMan. Tout ce que Megamind entreprend pour se faire remarquer est anéanti par MetroMan, un super musclé à qui tout réussit. Mais un jour, miracle, Megamind prend le dessus et détruit MetroMan. A lui la ville qu'il peut conquérir et sur laquelle il peut régner. Sauf que sans "ennemi" à combatte Megamind s'ennuie copieux. Il va donc se créer un nouvel adversaire qui hélas... Mais chut je n'en dis pas plus, d'autant qu'au milieu de tous ces super héros plus ou moins loser, se trouve Roxanne, une journaliste super futée et super craquante à la coupe de cheveux de folie qui fait battre le coeur de tous ces bagarreurs en collants !

    Ce film est un feu d'artifice permanent de drôlerie et d'intelligence. C'est simple et compliqué, ça fourmille de bonnes idées et on en oublie parfois même qu'il ne s'agit pas d'un vrai film avec de vrais acteurs tant l'histoire est riche en rebondissements pas niais et que les thèmes de la différence, l'amour et de la rédemption s'enchaînent avec cohérence, habilité et perspicacité. A la fois hommage et parodie de Superman, Megamind le film fait la part belle au personnage féminin, la délicieuse Roxanne, beaucoup moins niaise que Loïs Lane. Humour, émotion, action et personnages attachats sont au programme d'une intrigue qui devient alambiquée et dont on se demande vraiment comment elle va finir !

    J'ai vu ce film en 3D car je n'avais pas le choix. Quand j'ai le choix, je choisis de ne pas... Je ne suis toujours pas adepte du procédé qui pour moi n'ajoute rien ni à l'action ni à l'esthétique. La bonne nouvelle c'est que les lunettes (contrairement à celles que j'avais eues pour "Alice..." de Tim Burton qui pesaient trois tonnes et m'avaient demandé une demi-heure de désinfection car elles avaient déjà été portées...) sont toutes légères (on les oublie complètement pendant la projection) et NEUVES. Je suis repartie avec. Mais je trouve que ça fait quand même une drôle de trombine !!!

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    Il vous reste encore quelques jours de vacances pour offrir ce petit bijou à vos moutards.

    Quant à moi, je ne résiste pas à vous faire partager les délires de 2:

    Thomas Pietrois-Chabassier des Inrockuptibles : "Plus que l'idée assez forte ou le parallèle politique (...), c'est surtout l'essoufflement du système "Shrek", devenu l'art de la tautologie tautologique, qui intéresse ici."

    et de Stéphane Caillet de Critikat : "Dreamworks continue son oeuvre copiste de Pixar avec un film au discours réactionnaire, qui se résume à la mort de la subversion pour faire régner l'ordre."

    Je me demande toujours où ils vont chercher tout ça.

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    PS. : je n'ai pas mis d'indices au petit jeu, mais j'ai ajouté des détails aux photos. Vous devriez trouver fastoche à présent.

  • ANOTHER YEAR de Mike Leigh °

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    Quatre saisons dans la vie de Tom et Gerri (no comment), couple de plus ou moins soixante ans, unis jusqu'à ce que la mort les sépare qui crachent leur bonheur niais et leur autosatisfaction à la face de tout ce qui passe à leur proximité en se foutant comme d'une guigne du désespoir qui les entoure et en particulier de celui de leurs "amis" (il faudra encore une fois que je me fasse expliquer le concept !) Mary et Ken, tout en laissant évidemment supposer le contraire. Le récit démarrant au printemps, c'est rien de dire qu'au bout de plus deux heures exténuantes à supporter ce ramassis d'hypocrisie, la douceur exaspérante de Gerri, l'humour indifférent et pince-sans rire de Tom, l'hystérie horripilante de Mary, la goinfrerie bruyante de Ken... c'est avec infiniment de soulagement que j'ai vu arriver l'hiver.

    Tom et Gerri s'aiment, il est géologue, elle est psychologue. Ils ont un grand garçon de  30 ans qu'ils aimeraient bien voir se caser et ça tombe bien, pile poil pendant cette année là, il va rencontrer l'âme soeur. Quand Tom et Gerri ne sont pas au travail ils sont dans leur jardin. Et quand ils ne sont pas dans leur jardin, ils mangent les légumes de leur jardin en compagnie de Mary pique-assiette sans-gêne et envahissante ou de Ken qui recherche sa Barbie dans les bières et les chips.

    Mary c'est la collègue alcoolique de Gerri. Elle est prête à offrir son corps à tout ce qui se présente de masculin près d'elle, sauf si c'est un gros qui transpire. Ken est un gros qui transpire et c'est dommage car il donnerait bien son corps à Mary. Mais en plus d'être gros, laid et alcoolique, il mange en faisant grand bruit et beaucoup de cochoncetés partout sur son ti-shirt "Penser moins pour boire plus". Mary est quelqu'un d'envieux et d'excessivement irritant, qui parle fort, trop et m'a cassé les oreilles au moins autant que la Brenda Blethyn de "Secrets and lies", voire plus si c'est possible. C'est rien de dire que je n'ai pas été touchée le moins du monde par la "chute" de Mary. On sait qu'elle va moins bien à la fin qu'au début parce qu'elle a les cheveux gras. Quant à la performance de Lesley Manville, je crois que rarement il m'a été donné de voir actrice plus exaspérante. Le pauvre gros Ken lui non plus n'ira sans doute pas mieux à la fin, mais on le lâche en route je crois et de toute façon il avait déjà les cheveux gras au début, preuve qu'il est irrécupérable.

    Et que font Tom et Gerri lorsque leurs "amis" vont si mal ? Ils leur laissent reprendre leur voiture (Mary a par ailleurs énormément de problèmes avec sa voiture, symbole de sa liberté) surtout même s'ils sont ivres morts. Ils consentent parfois à les héberger pour une nuit en prenant leur air complice de bons samaritains mais le matin, mal ou pas mal, tout le monde sur le trottoir et hop, ils ont un jardin à s'occuper. Le soir dans leur lit Tom et Gerri se disent qu'ils ont bien de la chance d'être aussi heureux alors qu'il y a sans doute plein de gens malheureux. Et lorsque Mary revient implorante demander pardon à Gerri d'avoir été une fois de plus odieuse avec sa future belle-fille, Gerri cassante mais de son incomparable et éternel ton doucereux lui dit qu'elle aurait pu téléphoner et lui conseille d'aller voir ailleurs si elle y est un psy.

    L'intermède le plus vraisemblable où passe également, peut-être, en fait j'en sais rien, un petit souffle d'humanité est celui d'un enterrement. Mais au final, l'interlude se noie dans le désintérêt ennuyeux que m'a inspiré cette soupe tiède.

    Bref, une galerie de portraits de gens tous moins aimables les uns que les autres dont je n'ai pas compris l'intérêt de montrer un an de leur petite vie mesquine, ratée ou gâchée.

    Evidemment il y a l'Angleterre belle et bien filmée.

  • MA SEMAINE AU CINEMA

    Cliquez sur le titre des films pour retrouver mes articles.

    LES EMOTIFS ANONYMES de Jean-Pierre Améris ****

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    TOLSTOÏ, LE DERNIER AUTOMNE de Michaël Hoffman ***

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    LE MONDE DE NARNIA : L'ODYSSEE DU PASSEUR D'AURORE de Michaël Apted *

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    MES COUPS DE COEUR

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  • TOLSTOÏ, LE DERNIER AUTOMNE de Michaël Hoffman ***

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    Les derniers mois de la vie de Tolstoï. Alors qu'il aspire au calme, à la solitude et à la paix, le grand homme se trouve au centre des querelles qui opposent sa femme la Comtesse Sofia et son disciple Chertkov, plus tolstoïen que nature. Ce dernier use de son influence pour convaincre Tolstoï de modifier son testament en offrant ses droits d'auteur au peuple russe alors que Sofia entend bien se battre pour qu'elle-même et sa famille ne soient pas lésés. Elle considère comme une injustice que son époux casse son testament alors qu'elle lui a sacrifié sa vie. Un tout jeune homme, Valentin Bulgakov (James McAvoid plus moujik que jamais) grand admirateur de l'écrivain va dans le même temps devenir son secrétaire privé, assister à ces empoignades, découvrir l'amour et perdre quelques illusions.

    Quel spectacle de voir ce couple vieillisant amoureux comme au premier jour se déchirer pour des questions idéologiques ! Alors que Tolstoï n'est préoccupé que de questions éthiques et spirituelles, sa femme Sofia reste attachée aux biens matériels dont il veut absolument se défaire. Leon et Sofia ne peuvent plus vivre ensemble mais la simple idée d'être séparés les détruit également. Le drame conjugal qui se joue sous nos yeux, fait de disputes et de réconciliations est tout entier empli de l'âme russe, d'exaltation, de générosité, de sacrifice et d'incohérences. Alors que Tolstoï est devenu un véritable maître à penser qui combat la violence et prône la vie simple, il rend sa femme responsable de son incapacité à rendre cohérent sa vie et son idéal. Le choix déchirant qu'il va faire va encore attiser l'agitation.

    C'est un film comme je les aime et comme en voit de moins en moins. Follement romantique, plein de tumulte, de passion, d'emportement, de sentiments exaltés. Il pose et répond à une question simple : peut-on mettre en harmonie sa vie, ses ambitions et ses opinions ? Comme le cinéma est parfois plus beau que la vie, il répond de façon catégorique à cette question tout en se permettant une fin moins terrible mais plus poignante que la réalité. Le réalisateur propose aussi une vision incroyable de la "peopolisation" de Tolstoï filmé, "paparazzé", épié dans les derniers mois de sa vie comme une star internationale.

    Les acteurs sont russifiés mais les clichés sont absents, pas de neige, pas de chapka... Helen Mirren est admirable, plus elle vieillit plus elle est belle. La première scène de rencontre entre Tolstoï et son nouveau secrétaire est une merveille. Mon coeur a palpité tout du long. Le seul reproche : les personnages ne parlent pas russe !

  • LES ÉMOTIFS ANONYMES de Jean-Pierre Améris ****

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    Jean-René et Angélique ont deux points communs, mais ils ne le savent pas encore. Ils sont l'un et l'autre atteints d'hyper émotivité et entretiennent une passion pour le chocolat. Pour tenter de combatte ces émotions qui les paralysent, ils ont chacun une méthode pas toujours performante mais qui leur permet néanmoins de tenter de s'insérer dans le monde. Jean-René va régulièrement voir un psy tandis qu'Angélique participe aux réunions des émotifs anonymes qui fonctionnent sur le même principe que les alcooliques anonymes. C'est leur enthousiasme pour le chocolat qui va dans un premier temps les rapprocher puisque Jean-René est patron d'une chocolaterie sur le déclin. Il est à la recherche d'un commercial qui boosterait les ventes. Angélique est une chocolatière talentueuse mais lorsqu'elle se présente pour le poste elle n'ose évidemment pas révéler qu'elle n'a aucune disposition pour la vente mais elle est engagée. Attirés l'un par l'autre, ils vont combattre séparément puis ensemble leur "handicap" pour essayer peut-être de se construire un avenir commun.

    C'est un film délicieux, tendre, drôle et émouvant. Un film qui ne se "la pète pas", qui ne s'impose pas de façon tonitruante mais se déguste et se savoure comme une sucrerie, une gourmandise. Et pourtant tout est loin d'être rose dans la vie des deux personnages que chaque situation nouvelle et inconnue paralyse littéralement. Car il ne s’agit pas ici de l’émotion qui dérange un peu ou qui attendrit mais bien de celle plus asphyxiante capable de troubler et d’affoler jusqu’à l’évanouissement. Cela paraîtra sans doute incongru voire invraisemblable à ceux qui contrôlent tout. C’est pourtant une réalité, ces êtres dépassés, débordés par leur sensibilité existent bien et c’est évidemment parce qu’il connaît bien le problème pour en être un spécimen représentatif que le réalisateur s’est permis de le traiter sur le mode de la comédie sentimentale. Et la plongée de Jean-Pierre Améris dans le monde de la comédie qu’il aborde pour la première fois en 7 films est une totale réussite. Bien que jusque là les thèmes qu’il évoquait tournaient autour du deuil souvent ou de la place que chacun cherche à trouver, il reconnaît que c’est ce film là qui est le plus intime et le plus personnel. Réussir à rire et à faire rire de ces gens qui rougissent, transpirent, bafouillent, perdent leurs moyens et leur crédibilité sans se moquer est pour lui un véritable pari qu’il remporte haut la main. Lui qui ne pouvait sortir de chez lui sans regarder par l’entrebâillement de la porte si personne n’arrivait, qui ne parvenait à entrer dans une salle de classe s’il était en retard, qui a toujours « souffert » de sa grande taille hors normes qui fait qu’alors qu’il souhaiterait disparaître est le premier que l’on remarque et j’en passe… a trouvé le ton et la forme justes pour faire de Jean-René et Angélique deux personnages touchants, aimables voire poétiques et non ridicules ou dramatiques.

    Le côté décalé, un peu désuet du film qui fait évoluer les personnages dans une chocolaterie absolument inconcevable aujourd’hui est parfaitement assumé et délibéré. L’histoire se place pourtant dans le contexte social des difficultés inhérentes aux petites entreprises malgré l’aspect artisanal de l’entreprise et la profession pas courante de chocolatière d’Angélique. Les tonalités chaudes avec dominantes de rouge et de vert et les tenues éclatantes d’Angélique évoquent à la fois les comédies musicales, d’ailleurs Isabelle Carré comme Benoît Poelvoorde nous enchanteront chacun d’un intermède musical, ou sentimentales telle que « The shop around the corner ».

    Il est évident que le choix des deux acteurs pour les rôles d’Angélique et Jean-René, écrits pour eux, est l’atout déterminant du film. En plus de former un couple tout à fait convaincant , ils possèdent l’un et l’autre ce mélange presque enfantin de force, de détermination prêts à braver l’impossible pour se trouver et aussi d’infinie fragilité qui leur font perdre tous leurs moyens avec gravité et conviction. Ils développent également une nature comique qui ne nous surprend pas de la part de Benoît Poelvoorde évidemment, mais qui est plus inattendue de la part d’Isabelle Carré. La voir et l’entendre s’exclamer « ô tiens ? » lorsqu’elle est rejointe au restaurant par Jean-René alors qu’ils ont rendez-vous est tout à fait tordant. Quant à Poelvoorde, filmé avec amour et admiration, il s’offre et nous offre plutôt de jolies scènes de séduction qui le rendent absolument irrésistible et beau notamment lorsqu’il arrive au restaurant justement et lorsqu’il chante.

    Vous l’avez compris, vous trouverez de multiples et bonnes raisons de vous précipiter en salle dès demain (C’EST UN ORDRE) pour voir ce film délicat, drôle et délicieux. Et pour vous donner une raison supplémentaire, dégustez le clip du morceau « Big jet Lane » d’Angus et Julia Stone, la douce B.O. qui reprend des images des Emotifs Anonymes et laissent supposer que Jean-René et Angélique sont heureux…

  • UN BALCON SUR LA MER de Nicole Garcia *

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    Si un homme dit à une femme "c'est toi ?' et qu'elle répond "oui, c'est moi !", elle ne ment évidemment pas, alors pourquoi en faire toute une affaire ? Marc se trompe de fille. Il croit en reconnaître une, mais c'en est une autre. Et l'autre s'amuse... enfin pas vraiment, à prétendre qu'elle est l'une.

    Reprenons.

    Marc, agent immobilier qui a réussi (maison avec piscine dans l'arrière pays aixois... si j'ai bien compris, parce qu'on voit aussi sans cesse des images de Nice, ville morte et qu'on parle aussi parfois de Marseille !) croise un jour Cathy, son amour d'enfance. Celle avec qui il partageait tout jusqu'à ce que les "événements" d'Algérie les séparent. Il passe une nuit ou peut-être un après-midi tristounet au lit avec elle, puis elle disparaît, puis il se met à être de plus en plus distant avec sa femme et sa fille et à se demander si Cathy est vraiment Cathy. Alors Cathy est-elle vraiment Cathy ?

    En emberlificotant son récit d'une histoire à la moirmoile de magouille immobilière, Nicole Garcia s'empêtre dans un récit totalement abracadabrantesque qui n'a rien, mais alors absolument rien à voir avec le sujet qui la préoccupe, l'enfance, l'Algérie, les racines tout ça. Pourquoi avoir embourbé son récit dans cette affaire de manoeuvre avec fausse société et je t'en passe et des plus rocambolesques ? Pourquoi avoir transformé Jean Dujardin en enquêteur justicier ? Mystère. Le propos (effleuré donc) de la mémoire, du temps qui passe, de la nostalgie de l'enfance, des non-dits d'une époque dont on a soigneusement évité de parler, des erreurs, des doutes suffisait à lui seul à faire un film. D'autant que Jean Dujardin; plein d'incertitudes, fait preuve de toutes les nuances requises pour interpréter cet homme nostalgique qui doute, se souvient et finit par décider.

    J'ai lu à plusieurs reprises que les "critiques" faisaient un parallèle avec "Vertigo" d'Hitchcock ! J'avoue qu'en voyant le film ça ne m'a même pas effleurée. Il faut dire qu'on assiste aussi à une authentique et colossale erreur de casting. Marie-Josée Croze, trop "terrienne", est selon moi totalement dépourvue du moindre mystère pour jouer les vamps fatales, alors que Sandrine Kiberlain, honteusement sous-employée ici en est pétrie...

    Ce film est comme sa réalisatrice, sombre et tristouille sans qu'on comprenne vraiment pourquoi. Néanmoins, il démontre ce dont Jean Dujardin, irréprochable, est capable de faire en bon acteur qu'il est et notamment dans les cinq dernières minutes (voir photo du haut). Mais ce film n'est pas encore "le" film de sa vie.

    Quant à la réplique finale, presque tronquée, c'est une merveille et mériterait presque à elle seule le détour...

  • MARDI APRES NOEL de Radu Muntean ***

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    Depuis 6 mois Paul et Raluca s'aiment. Il y a entre eux une différence d'âge significative mais le véritable obstacle à leur amour est que Paul est également marié depuis de nombreuses années à Adriana qu'il aime encore et qu'il a une petite fille de 8 ans, Mara. Lorsqe Raluca et Adriana se rencontrent tout à fait incidemment, les choses se compliquent. Bien qu'Adriana ne soupçonne pas la relation qui existe entre Raluca et Paul son mari, les deux amants se trouvent très perturbés par cette étrange et indésirable entrevue. L'heure est venue des choix et des décisions !

    La première grande originalité, même si on ne verra de Bucarest que ses embouteillages, c'est de nous présenter la classe moyenne de la Roumanie. A aucun moment la situation économique ou politique ne sera évoquée. Ici tout le monde a un travail, un logement, une vie de famille mais ce qui intéresse Radu Muntean ce sont les histoires d'amour. Une qui commence, une autre qui s'achève. Avec ses trois personnages, il explore au scalpel l'intimité de deux couples. Rarement une caméra aura été aussi proche des événements et lors de la longue première scène, le réalisateur nous plonge quasiment sous les draps avec les deux acteurs qui font preuve de beaucoup d'assurance et d'audace. Chaque scène est un plan séquence fixe qui s'étire au maximum comme filmée en temps réel. On est bien loin des images frénétiques où chaque plan semble ne jamais durer plus de 10 secondes. Si le procédé devenu bien rare d'une caméra calme et immobile déroute un peu au début, il ne dessert en rien le film bien au contraire.

    En décortiquant jusqu'à l'os la moindre situation, c'est un réalisme finalement époustouflant qui se dégage de cette histoire tellement banale en soi et pourtant au combien inédite pour les personnages. Leurs réactions réciproques n'ont rien d'exceptionnel mais le réalisateur, en ne s'écartant jamais de Paul, Raluca et Adriana parvient à insuffler un authentique suspens à cette ordinaire affaire d'adultère. Mais le traitement différent et peu classique qui en est fait la rende tout à fait unique et originale. La joyeuse passion récente entre Paul et Raluca s'oppose à la rassurante connivence de Paul et Adriana. La justesse et l'intelligence des dialogues, l'excellence de l'interprétation ajoutent encore à la grande réussite de ce beau film plutôt triste qui avec une fin ouverte ne semble toutefois pas laisser beaucoup de place à l'espoir...

  • DE VRAIS MENSONGES de Pierre Salvadori

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    Jean est amoureux fou d'Emilie mais il n'ose lui déclarer sa flamme. Pourtant il la côtoie chaque jour puisqu'il est l'homme à tout faire (peinture, électricité, pliage des serviettes...) du salon de coiffure dont Emilie est la patronne avec son amie, une nunuche rousse à frange. Un jour, Jean se jette à l'eau et envoie une lettre d'amour anonyme à Emilie qui la benne* illico. Emilie a une mère dépressive qui ne se remet pas du chagrin que son mari l'ait quittée il y a quatre ans. Alors ni une ni deux, Emilie recopie la lettre et l'adresse à sa mère qui se met à revivre !!! Sauf que... bon !

    En fait, je n'ai pas vu ce film. Enfin, si un peu, mais pas complètement. Je suis sortie au bout de trois quart d'heure. J'ai reçu un SMS... (no panic je suis TOUJOURS en mode vibreur)  et j'ai eu subitement autre chose à faire !

    Cela dit, j'étais pas obligée obligée de partir mais au bout de trois quart d'heure j'étais déjà en train de me dire "mais quand est-ce que ça va commencer ???", quand mon vibreur a vribré. Alors finalement, ça ne m'a coûté beaucoup de quitter la salle. En effet, cette comédie m'a tout l'air d'être souriante, mais elle est sans rythme et à base d'un comique de répétition lassant. En trois quart d'heure, oui je sais j'insiste, j'avais déjà pu assister à la redite de plusieurs gags ! Et puis, bon, le gars qui a bac + 28 et qui se retrouve à plier les serviettes dans un salon de coiffure (oui je sais vous allez me dire qu'avec le chômage des jeunes diplômés tout ça... ne vous fatiguez pas) alors que la nouille de service ne sert à rien, ça le fait pas. Les situations sonnent faux dès le début. Voir la mère, Nathalie Baye cheveux défaits traîner en robe de chambre pieds nus dans la rue pour suivre un type et se jeter littéralement à son cou, boaf aussi.

    Alors évidemment Audrey Tautou est adorable et charmante, voir photo n° 2, Sami Bouajila ben... voir photo n° 1 ! j'adore les garçons qui ont l'air trop petits dans leurs jeans, et Nathalie Baye fait bien la fofolle. Mais quand le jeu des acteurs consiste en tout et pour tout à écarquiller de grands yeux ébahis voir photo n° 3 et qu'au bout de trois quart d'heure (je vous l'ai déjà dit ?) il ne s'est toujours rien passé... je ne regrette pas d'être sortie, oui, je sais c'est moche. Même pas honte.

    * du verbe "benner" foutre à la benne quoi !

  • NOWHERE BOY de Sam Taylor-Wood ***

      19536244_jpg-r_760_x-f_jpg-q_x-20101008_111901.jpg19536247_jpg-r_760_x-f_jpg-q_x-20101008_111918.jpg19536242_jpg-r_760_x-f_jpg-q_x-20101008_111900.jpg

    La réalisatrice Sam Taylor-Wood ne nous embarque pas dans un biopic classique. Il n'est pas question ici de la formation et de l'ascension fulgurante du mythique groupe de Liverpool dont le nom ne sera d'ailleurs pas prononcé une seule fois, mais d'une période assez réduite de la vie de son fondateur, John Lennon et plus précisément encore de sa chaotique adolescence.  

    J'aime les Beatles, j'ai les skeuds Blanc, Rouge et Bleu et aussi Abbey Road (mon préféré) et d'autres encore... mais je ne suis pas idôlatre au point de m'être jusqu'ici penchée sur la vie des Fab Four ni de m'être intéressée à leur carrière respective en solo qui suivit la dissolution du groupe. J'ai entendu de fervents adorateurs crier au scandale à propos de ce film. J'ai d'ailleurs retenu une des attaques qui s'avère être complètement fausse mais passons...

    Tout ceci pour vous dire que je vous parle ici du film que j'ai vu, que j'ai adoré et que je ne sais quelle est la part de vérité vraie ou de fantasme de la réalisatrice. En tout cas c'est une histoire, belle, forte, parfois dramatique, deux enterrements et pas de mariage, une histoire pleine de hasards et de coïncidences. La vie et la personnalité de John Lennon ont été marquées de manière indélébile par un événement inconcevable. Alors qu'il avait 5 ans, ses parents lui ont demandé de choisir de suivre l'un ou l'autre. Il choisit son père, et sa mère part sans se retourner. Il regrette immédiatement son choix pour se précipiter vers sa mère. Finalement les deux l'abandonneront et c'est sa sévère tante Mimi qui le recueillera et l'élèvera. Aux alentours de ses quinze ans et alors qu'il n'a toujours pas compris ce qui sépare les deux soeurs à tout jamais, il se partage littéralement entre l'une et l'autre. Autant sa tante Mimi est austère et autoritaire autant sa mère est farfelue, excentrique et totalement immature. C'est pourtant à cette mère fantasque, perturbée et perturbante, dépressive et peut-être pas aussi innocente qu'elle veut le laisser paraître, qu'il doit son amour de la musique. Plutôt bagarreur, mauvais élève et exclusivement préoccupé par les filles, c'est sa mère qui lui enseignera le banjo et lui fera apprécier le rock'n'roll. Lorsqu'il découvrira Elvis Presley, sa vie en sera bouleversée à tout jamais. Très vite il fondera un groupe qui se produira dans de petites fêtes locales. Il rencontrera Paul McCartney, gaucher surdoué et on n'est pas trop surpris en voyant les étincelles immédiates entre ces deux là, la jalousie de petits coqs du haut de leurs quinze ans, de savoir que le groupe n'ait duré qu'une dizaine d'années. Puis George Harrison les rejoindra. Et si le groupe a réussi à se maintenir au-dessus de leur ego respectif, c'est sans doute qu'ils étaient suffisamment intelligents pour comprendre à quel point ils étaient à la fois en osmose (l'harmonie de leurs voix sur les choeurs est unique au monde !) et complémentaires. 

    Mais le propos du film n'est pas là, même si la musique est omniprésente et complètement essentielle à la survie du garçon, c'est ce traumatisme fondateur que John Lennon doit parvenir à dépasser. Constamment tiraillé entre deux femmes, sa mère et sa tante qui se le disputent comme leur possession, il est le plus souvent perdu, ne sachant comme faire pour tenter d'exister sans les perdre ou les blesser. C'est assez déchirant de voir ce garçon colérique, impatient, souvent désorienté, parfois détruit, essayer de se construire au milieu de deux adultes qui aiment trop et qui aiment mal.

    La reconstitution des années 50, l'envie de retourner en Angleterre au bord de la mer, la naissance d'un mythe, le rock'n'roll qui met des fourmis dans les jambes, un bel acteur Aaron Johsnon, une grande actrice parfaite Kritin Scott Thomas, et une autre extravagante, magnifique, femme enfant tourmentée absolument époustouflante Anne-Marie Duff... sont quelques unes des bonnes raisons qui vont vous conduire en salle voir ce film. Et hop yeah !