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Cinema - Page 241

  • HORS LA LOI de Rachid Bouchareb ***

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    Chassée de ses terres par des colons français, une famille algérienne (3 garçons, 2 filles et les parents) s'installe à Sétif. Le 8 mai 1945, la population fête la fin de la guerre et profite de ce rassemblement pour revendiquer l'indépendance de l'Algérie. La manifestation se transforme en massacre lorsqu'un policier tire sur un jeune homme. Le père et les deux filles sont tués lors des émeutes. Abdelkader est emprisonné en France comme opposant politique et s'engagera dans le Front de Libération Nationale (FLN) à sa sortie de prison, l'aîné Messaoud le rejoindra de retour d'Indochine, tandis que le plus jeune Saïd s'installera avec sa mère dans un bidonville de Nanterre (saisissante reconstitution) avant de devenir proxénète à Pigalle puis associé dans une boîte de nuit avant de faire fortune dans les combats de boxe.

    Ce n'est pas une leçon d'histoire que nous donne Rachid Bouchareb mais à travers les difficultés d'une famille marquée et secouée par les événements qui ont jalonné l'histoire de l'Algérie, mais surtout celle des algériens de France, il retrace le destin de trois frères qui avaient comme point d'ancrage l'amour indéfectible de leur mère. Des français de France nous ne verrons que les policiers. C'est donc bien du seul point de vue des algériens que le film se situe. Et c'est passionnant parce que le réalisateur nous détaille trois perspectives, trois façons de choisir ou pas de s'en sortir, trois manières différentes de vivre un engagement ou de décider qu'il faut s'en sortir coûte que coûte.

    Ce cinéma a belle allure, c'est un cinéma ample, lyrique et passionné, ponctué de scènes d'action efficaces et puissantes, d'autres plus intimistes. Rachid Bouchareb est à l'aise dans ces deux extrêmes. Film de gangsters, chronique politique, saga familiale, petite histoire des "petites" gens intégrée dans la Grande, "Hors la loi" est tout ça, c'est-à-dire éminemment populaire au très bon sens du terme, jamais prétentieux ou péremptoire mais toujours sincère et romanesque, donc accessible et captivant.

    Incontestable directeur d'acteurs accompli, Rachid Bouchareb réunit pour la deuxième fois son prestigieux casting quatre étoiles (sauf Samy Nacéri, hélas) d'"Indigènes", qui accomplit cette fois encore des prouesses et des miracles. Il faut dire qu'avec ces quatre là, il joue sur du velours. Sami Bouajila s'est emparé du rôle d'Abdelkader l'activiste forcené prêt à tout sacrifier au FLN même ses frères avec une telle détermination qu'il en fait presque peur. Son investissement est tellement radical qu'il en perd parfois toute humanité. Il ne s'accorde aucun répit dans sa lutte mais c'est pourtant à son grand frère Messaoud qu'il laisse le soin d'accomplir toutes les sales besognes. On ne sait jamais tout à fait si c'est à la cause ou à son frère que ce dernier est le plus dévoué. En tout cas, Roschdy Zem, constamment en lutte contre ses états d'âme et sa mauvaise conscience est un colosse aux pieds d'argile absolument fascinant. Jamel Debouze, toujours meilleur, toujours différent, est Saïd, le petit caïd de Pigalle qui refuse de "faire l'esclave chez Renault" et trouve les combines pour s'en sortir confortablement.

    Evidemment je n'oublie pas Bernard Blancan, ici colonel Faivre de la DST, ancien résistant qui continue après la fin de la guerre à faire son boulot "pour la France". Inflexible mais sûr de son engagement patriotique, il est ce flic appliqué néanmoins capable de respecter et d'admirer son adversaire au point de lui dire qu'ils auraient pu faire partie du même réseau de résistance. A ce titre Sami Bouajila et lui ont l'avantage de partager l'une des plus belles et plus fortes scènes du film. C'est aussi à Bernard que revient la très belle réplique finale au double sens et l'on décèle sous l'apparence imperturbable, l'humanité et la désillusion.

     

    NB : si vous ne l'aviez pas regardée en mai, je vous invite à (re)voir la vidéo de l'interview que Sandra M. avait faite de Bernard Blancan à Cannes, mais surtout à aller voir le film évidemment.

  • BENDA BILILI de Renaud Barret, Florent de La Tullaye ****

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    "On" m'a conseillé à plusieurs reprises d'aller voir ce film, en me le vantant ainsi : "il donne une pêche d'enfer !". Et puis bon, voir des handicapés taper sur des boîtes en ferraille j'avais moyen envie, d'autant que j'avais entendu un extrait et que la musique m'avait semblé plus qu'approximative (alors qu'il n'en est rien). Et puis l'autre jour, j'ai entendu dans mon France Inter, Renaud Barret (l'un des deux réalisateurs) parler, non seulement du film, mais aussi du pays où il a été tourné le Congo et des membres du "Staff Benda Bilili" (qui signifie "au-delà des apparences"), ce groupe improbable de 5 handicapés et 3 valides qui fait de la musique comme on respire, pour vivre, mais aussi pour survivre. Avec des instruments pourris ou bricolés, mais des voix en or, ils composent leurs chansons qui parlent de la difficulté de vivre (handicapés ou non) dans un pays et dans une ville Kinshasa, la capitale pourtant (on n'ose imaginer dans quel état est le reste du pays !) dont j'apprends que 95 % vit dans une pauvreté totale..., mais sur des rythmes de folie (bossa, blues...) qui donnent envie de sauter partout. C'est Ricky qui a réuni tous les membres du groupe et qui rêve de devenir le meilleur orchestre du Congo.

    Alors je dirai que non, ce film ne m'a pas donné une pêche d'enfer, il m'a bouleversée mais révoltéé aussi, émue, amusée, emportée. J'espère qu'il passe encore près de chez vous et que vous allez y courir et que comme moi, vous achèterez le disque en sortant car l'histoire de ce groupe est absolument incroyable et extraordinaire, belle, cruelle et brutale.

    Armés d'une patience, d'une énergie et d'une volonté que rien n'entame les Benda Bilili vont mettre à peu près 5 ans avant de pouvoir enregistrer leur disque grâce à la rencontre un peu miraculeuse avec les réalisateurs. Le groupe sera même obligé de se séparer pendant une année au terme de laquelle Ricky part à la recherche de tous ses musiciens qui recommencent l'aventure avec le même entêtement. Ce qui rend ce film si fort et attachant c'est que les réalisateurs ne se concentrent pas uniquement sur les étapes de cette success story qui mènent le Staff au triomphe lors des Eurockéennes de Belfort mais aussi aux conditions de vie de tous ces membres et de la population en général. Ils dorment dans la rue sur des "toncars" comme ils le chantent. Ils avaient la possibilité d'être hébergés dans un Centre qui accueille les handicapés mais il a intégralement brûlé lors d'un incendie... Hommes, femmes et enfants se sont retrouvés à la rue sans que personne ne s'en émeuve. Alors qu'ils ont absolument tout perdu du peu qu'ils avaient, Ricky dira face caméra : "c'est la vie, ce sont des choses qui arrivent". Bon.

    On surprend une conversation dans laquelle deux ados s'interrogent et s'étonnent du fait que leurs aînés veulent absolument se rendre en Europe. "Qu'est-ce que c'est l'Europe ?" dit l'un d'eux. "Ben, c'est un pays où tout le monde ne peut pas entrer et qui a été créé pour que les habitants puissent se comparer à nous !". On sourit devant le sérieux naïf de la conversation et on est écoeuré de constater encore et encore que quasiment tout un continent est dans cet état d'ignorance et de pauvreté extrêmes.

    D'autres répliques font sourire car l'humour fait partie de leur kit de survie. En se rendant à Belfort en bus depuis Orly, voici ce qu'on entend :

    - En tout cas c'est une jolie ville BeDfort.

    - Oh oui, et qu'est-ce qu'ils sont gros leurs poulets !

    - Ben oui, les maigres ils nous les vendent.

    - Oui mais ils nous les vendent pas cher."

    Et tous éclatent de rire !

    Et dans ce film, il y a une star. C'est Roger qui avait 13 ans au début de l'histoire et qui souhaitait plus que tout rejoindre les stars du ghetto. Il a créé un instrument le "satongé", qu'il appelle pompeusement guitare monocorde et qui est constituée d'un arc de bois planté dans une boîte de conserve reliés par un fil de fer. Il en sort des sons absolument inédits, inouïs et stupéfiants. Bien qu'il ne soit jamais allé à l'école, il n'a jamais sombré dans la délinquance grâce à cette passion. Mais en le voyant sur la scène des Eurockéennes mettre le feu à la foule en délire, on ne doute pas que ce petit gars va s'en sortir et qu'il va pouvoir être enfin la fierté de sa maman.

    Le voici avec son drôle d'instrument dans les mains : 

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  • THE TOWN de Ben Affleck ***

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    Doug et sa bande braquent des banques dissimulés sous des masques de carnaval très choupis qui les rendent évidemment méconnaisables. Lorsque Claire, directrice de banque, rencontre et tombe sous le charme de l'adorable Doug, elle ne se doute pas que c'est lui et ses acolytes qui l'ont récemment prise en otage puis relachée. Très perturbée par cette expérience traumatisante Claire va se confier mais faire également l'objet d'une surveillance rapprochée de la part du FBI qui ne tarde pas à la croire complice du gang. Quant à Doug, il cherche à raccrocher mais est, comme souvent dans le monde des truands, rattrapé par le fameux "dernier coup" qui le mettrait à l'abri du besoin mais ne va pas se passer idéalement comme prévu.

    Je n'ai jamais bien compris l'acharnement contre Ben Affleck, acteur éminemment sympathique je trouve (alors que certains GB ou SW sévissent impunément...), en tout cas, mine de rien, il est en train de se créer une belle réputation en tant que réalisateur, et c'est tant mieux. Après un Gone, Baby gone déjà formidable en 2007, il confirme qu'il aime filmer Boston, la ville où il a grandi, et qu'elle se prête merveilleusement bien à sa romance sur fond d'histoire de voyous. Le quartier de Charlestown où l'action se situe détient paraît-il le record mondial des braquages de banques et attaques de fourgons blindés au km2.

    Si Ben Affleck ne renouvelle pas le film de gangsters et qu'il emprunte même pour certaines séquences à de illustres aînés il n'en demeure pas moins un divertissement solide et efficace qui délivre une bonne dose d'adrénaline notamment dans les scènes d'action, mais pas uniquement. Comme dans tout bon film de gangsters on se prend vraiment de sympathie pour le héros truand qui cherche à décrocher alors que les événements ne vont cesser de contrarier cette volonté.

    Le réalisateur (je lui pardonne de ne pas avoir trouvé de rôle pour son frangin MON Casey) s'appuie également sur un casting solide et bien dirigé. Il incarne d'ailleurs avec beaucoup de justesse ce Doug pris entre romantisme et violence. Les filles sont formidables, la délicieuse Rebecca Hall d'abord qui se frotte à ce monde de malfrats en toute innocence, l'étoile montante Blake Lively ensuite, championne du monde des rôles à transformation, ici vulgaire et touchante en amoureuse sacrifiée. Quant aux garçons, j'ai remarqué John Hamm, absolument parfait dans le rôle de l'agent du FBI teigneux, implacable et obstiné. Le grand Chris Cooper emporte le morceau en une belle scène de parloir. Pete Postlethwaite est effrayant en fleuriste impitoyable à l'apparence inoffensive. Quant à Jeremy Renner, il nous rejoue à l'identique et sans nuances, la seule partition qu'il connaisse, celle du chien fou imprévisible. Bof pour lui.

    Pour le reste c'est un sans faute, et j'attends avec impatience le prochain Ben Affleck (avec Casey s'il te plaît Benichou...) !

  • THE RUNAWAYS de Floria Sigismondi **

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    En 1975, deux petites poulettes de 16 ans mal aimées et totalement paumées, mais musiciennes et très préoccupées par leur look croisent la route d'un type complètement barge mais qui a du flair et décide d'en faire des stars à la hauteur des Beatles. Cet allumé est impresario et sent bien tout ce qu'il peut tirer en faisant de ces filles différentes un "produit". Sexe, drogue et rock and roll sont au rendez-vous et auront raison du groupe qui sera formé et ne (sur)vivra que 3 années. Il paraît que ces nanas sont les précurseurs du mouvement punk et qu'elles ont changé la musique pour toujours... ben dis donc.

    Je me souviens parfaitement du toujours électrisant "I love rock and roll" mais j'aurais été bien incapable d'en citer l'interprète. Il s'agit de Joan Jett qui sera en fait la seule à poursuivre une carrière solo après que le groupe soit mort de sa belle mort, les autres et notamment Cheri Currie, la poupée Barbie trash du groupe, ayant laissé pas mal de plumes dans la consommation à hautes doses de toute sorte de substances.

    Le film n'est pas calqué sur le biopic ordinaire qui enchaîne en général l'enfance traumatique, la gloire puis la déchéance. Il semble qu'il y ait une véritable histoire d'amour inaboutie entre Joan et Cheri. La réalisatrice insiste sur l'auto destruction de petites pin up talentueuses qui gobent des cachetons et sniffent des trucs par poignées jusqu'à en tomber. J'aurais aimé qu'elle s'attarde plus sur certains aspects à peine survolés. D'abord, on a un peu de mal à se rendre compte que Joan Jett est une guitariste surdouée. A peine gratouille t'elle quelques morceaux sur sa guitare. Ensuite, le côté féministe des demoiselles me semblent assez primordial et complètement éludé ici. Il en fallait une sacrée paire pour oser les premières et si jeunes se frotter à un milieu exclusivement macho-masculin qui leur fait bien sentir qu'elles ne sont pas les bienvenues. Enfin, la gloire mal assumée, mal vécue parce qu'elles sont mal accompagnées, de ces filles à peine sorties de l'enfance aurait également mérité un traitement plus approfondi.
    Quant au bruit et à l'énergie dégagés sur scène, on ne peut pas dire qu'ils m'aient transportée.

    Que reste t'il ? Deux actrices et un acteur. Kristen Stewart et Dakota Fanning sont méconnaissables et prouvent qu'elles peuvent se sortir des rôles où l'on rêve sans doute de les enfermer. La première, toute menue, sombre et solitaire, émeut grandement dans son rôle de grande fille qui semble entre autre ne pas assumer son homosexualité. J'entends encore les hurlements de Dakota Fanning lorsque son papa de cinéma, Tom Cruise, tentait de la sortir des griffes de vilains extra-terrestres. Elle a bien grandi, bien changé et son auto destruction est un vrai crève coeur. Quant à Michael Shannon, comme toujours, il est parfait en Frankenstein taré. Je me demande si ce type vit dans un hôpital psychiatrique et qu'on ne le sort que pour interpréter ces rôles de déglingos. 

  • CES AMOURS LÀ de Claude Lelouch **

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    Je sais que ça ne se fait pas trop, mais je ne peux pas m'en empêcher, j'aime Claude Lelouch, enfin, son cinéma (car je ne suis pas partageuse...), depuis toujours. Bien sûr, depuis quelques années et quelques films, il m'avait un peu déçue mais je restais fidèle en souvenir du bon vieux temps. Cela dit, il avait nettement repris du service avec "Roman de gare" en 2007, sorte de thriller littéraire, qui réussissait entre autre exploit de faire de Dominique Pinon un séducteur.

    Cette fois, c'est très très étrange ce qui se passe... Claude Lelouch refait quasiment à l'identique "Les uns et les autres" qui date de... je n'en reviens pas, 1981. Evidemment il y a quelques nuances et différences mais en gros, c'est la même chose. Sa caméra, étrangement peu virevoltante balaye la première partie du XXème siècle avec ses événements marquants (deux guerres mondiales, les camps de concentration, la libération, le débarquement...) et au centre, une héroïne qui tourbillonne d'amour en amour, d'homme en homme, échappe au sort réservé aux filles qui ont couché avec un allemand, traverse l'atlantique puis revient en France. C'est aussi grâce à une histoire toute en flash-backs que l'on va découvrir pourquoi Ilva dont la vie nous est contée, se retrouve au début du film dans un tribunal, accusée de meurtre.

    Voici donc une fille qui ne sait pas dire non, ou plutôt qui ne sait pas dire merci, ou plutôt qui ne connaît qu'une façon de dire merci : elle couche, elle tombe amoureuse, éventuellement elle épouse ! Une drôle de fille toute simple qui chamboule tous les garçons qu'elle croise, français, allemand, américain !

    Comme le dit Lelouch : "bien sûr qu'on peut aimer plusieurs fois, à condition que ce soit chaque fois un peu plus". Pourtant son Ilva, il la fait revenir à son premier amour, mais pas vraiment. Enfin bon, je ne vous raconte rien. Un film de Lelouch, c'est comme un livre, on tourne les pages, on déroule de la bobine. On se laisse emporter dès la première scène, lyrique XXL, ou on reste en dehors... et là, mieux vaut s'échapper si on n'adhère pas instantanément ! Moi, je me suis véritablement lovée dans mon fauteuil et pendant deux heures, je me suis laissée balader dans quelques décennies de cinéphilie que les films de Lelouch et les acteurs des films de Lelouch ont toujours accompagnée. Car oui, les péripéties d'Ilva finalement, on s'en cogne un peu. Ce qui compte ici c'est Lelouch, son regard, son enthousiasme, sa sincérité, son amour démesuré et communicatif du cinéma et des acteurs, la musique symphonique omniprésente, sa fidélité à certains acteurs, son don pour en découvrir d'autres auxquels on n'aurait pas pensé (Raphaël a l'air d'un ange et semble particulièrement à l'aise). Tous les excès et toute la passion de Lelouch sont dans ce film qui ressemble à un bilan. Alors bien sûr, il y a un chouya de mégalomanie (plusieurs extraits de son film Les Uns et les Autres), les scènes de camps de concentration sont ratées, voire gênantes, Liane Foly est exaspérante... mais il y a tout le reste. D'abord son incomparable direction d'acteurs, mais aussi sa façon unique de faire que la grande histoire du monde et la petite histoire des anonymes toujours se rejoignent logiquement avec tous ces hasards et ces coïncidences qu'il nous fait avaler comme des couleuvres. Mais ici, il crée un personnage qui n'est autre que lui-même, un petit garçon juif que sa maman a caché dans un cinéma à partir de 1942 pour lui éviter d'être découvert par la Gestapo. C'est ainsi que naît une passion... quand on s'intéresse de très près à ce qui se passe derrière l'écran ou dans la cabine de projection ! Et c'est émouvant de découvrir à quoi ça tient ce qu'on devient !

    Des extraits de films de l'époque où se situe la plus grande partie de l'action de "Ces amours là" sont inclus dans le film car le cinéma y tient une place déterminante. Ainsi peut-on revoir des passages de "Remorques", "Le jour se lève", "Hôtel du Nord" et "Autant en emporte le vent" et avoir le plaisir de retrouver Jean Gabin, Michelle Morgan, Arletty, Louis Jouvet, Clark Gable et... Scarlett. Et lorsqu'au générique défile les dizaines et les dizaines d'acteurs qui ont fréquenté les films de Lelouch on constate qu'il ne doit manquer aucun acteur français et ça donne une sacrée fringale de cinéma.

  • ALAIN CORNEAU

     7 août 1943 - 29 août 2010

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    Je regarde son étonnante filmographie et je m'aperçois qu'à part le premier, j'ai vu tous ses films et même si ceux de 2005 et (hélas !) 2010 ont été pour moi les moins réussis, il aura été l'un de ceux qui marquent à jamais une vie de cinéphile.

    Et s'il fallait n'en choisir et n'en retenir qu'un, ce serait, sans aucune hésitation celui-ci, pour son sujet audacieux, sa musique éblouissante, sa réalisation étourdissante et Guillaume... pour toujours.

  • MA SEMAINE AU CINEMA (et au théâtre)

    Cliquez sur le titre des films pour retrouver mes articles.

    ONDINE de Neil Jordan ****

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    LA RIVIERE TUMEN de  Zhang Lu***

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    SALT de Philip Noyce **

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    LE BRUIT DES GLACONS de Bertrand Blier **

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    600 KILOS D'OR PUR de Eric Besnard **

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    D'AMOUR ET D'EAU FRAÎCHE de Isabelle Czajka **

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    JOSEPH ET LA FILLE de Xavier de Choudens *

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    AU THEÂTRE
     
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    MES COUPS DE COEUR
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  • 600 KILOS D'OR PUR de Eric Besnard **

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    Virgil met au point avec son ami Lionel le casse d'une mine d'or en plein coeur de la forêt guyanaise. Les rejoignent Rémi un français qui traficote déjà sur place, Georges qui s'ennuie ferme dans son restau en France et a besoin d'action et Enzo un bel aventurier énigmatique. Lionel se fait assassiner et sa femme Camille, n'ayant plus rien à perdre prend sa place dans le groupe. Le casse se passe à merveille et 600 kilos d'or pur sont subtilisés au nez et à la barbe de la "Canadian Gold". Souhaitant sauver une indigène enceinte, Camille retarde le départ de l'hélicoptère qui endommagé, est obligé de se poser en urgence. Dans l'impossibilité de transporter 600 kilos d'or à pieds dans un milieu hostile, les "amis" (hum, hum) enterrent le butin (qu'ils comptent évidemment récupérer plus tard) et entreprennent d'échapper à leurs nombreux poursuivants en pleine jungle...

    En ne se montrant pas trop regardant face au dernier "acte" qui force un peu trop sur le mythe du bon sauvage et s'il n'a pas d'autre prétention que de divertir, il est possible de passer un agréable moment devant ce film d'aventures en terrain très hostile. Les méchants sont très méchants et cherchent à faire la peau aux héros, mais ils ne sont pas les seuls dangers à affronter. Notre équipe de traqués aura à faire face à une végétation, une faune et un climat très inamicaux et sera décimée progressivement sans que les survivants n'en soient émus. Un d'entre eux sera grignoté par un serpent d'eau, un autre par une plante très urticante, un troisième fera une rencontre pas sympathique avec une machette et j'en passe. Les acteurs n'ont rien d'autre à faire qu'à prouver qu'ils peuvent être jolis très bronzés en marcel qui colle à la peau, être héroïques ou démontrer comment l'appât du gain révèle la nature humaine...

    Par contre la faute impardonnable est de faire disparaître Jean-Pierre Martins dans le premier quart d'heure !

  • LE BRUIT DES GLAÇONS de Bertrand Blier **

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    Un homme seul marche d'un pas décidé, s'arrête à la grille d'une grande bâtisse et s'annonce comme étant le cancer de Charles, écrivain célèbre retranché derrière ces hauts murs depuis que la gloire, sa femme et son fils l'ont quitté. Il vit là avec Evguénia une très jeune russe qu'il ne va pas tarder à chasser. Sa bouteille de blanc et son saut à glace ne le quittent pas. Dès le réveil il boit des litres et des litres de vin. Depuis longtemps manifestement puisque c'est semble t'il son alcoolisme qui fait fuir tout le monde autour de lui ainsi que son inspiration. Seul Louisa, sa fidèle bonne veille discrètement sur lui ! Malgré la "vie de merde" que lui décrit son cancer, Charles n'est pas du tout prêt à mourir et se montre quelque peu récalcitrant à accueillir les métastases...
    Dès que Jean Dujardin et Albert Dupontel sont en présence et commencent à s'échanger leurs répliques, aucun doute ne subsiste, on est bel et bien chez Blier et même du grand Blier puisqu'on retrouve des accents du génial "Buffet froid" et des joutes verbales surréalistes entre Serrault et Depardieu. Il n'est pas aisé de parler de tumeur, de cancer, de métastases, de chimio et de mort et de réussir à faire rire. Evidemment Blier y parvient parce que les deux comédiens face à face s'en donnent à coeur joie au cours de leurs empoignades et altercations. Mais l'émotion survient également à cause de ou plutôt grâce à l'interprétation parfois désespérée d'un Jean Dujardin très à l'aise dans le phrasé et l'absurdité de l'univers de Blier et qui a l'intelligence de ne pas surjouer l'homme ivre qu'il est du matin au soir en titubant ou bafouillant comme il arrive parfois. Les deux acteurs, en harmonie, vraiment parfaits, sont tour à tour la victime et le bourreau, le fragile et le robuste, le dominant et le dominé. Il arrive même que Charles le malade doive réconforter "son" cancer qui a un petit coup de mou face à l'ampleur, à la difficulté et la noirceur de sa tache.
    Avec son audace, son irrévérence et évidemment un rien de provocation parfois, Blier nous fait approcher la mort et les angoisses qui doivent forcément l'accompagner lorsqu'elle est annoncée. Mais aussi nous interroge sur notre façon de réagir, de l'affronter, de l'accepter ou de la refuser. Et puis, est-il possible aussi que lorsque tout va vraiment mal, on puisse en arriver à se fabriquer tout seul une maladie ? Blier pousse sa folie (douce) jusqu'à envisager un remède à un mal encore souvent incurable. 
    Loin de moi l'envie ou l'idée d'enterrer prématurément Blier évidemment, mais c'est toujours émouvant de découvrir un réalisateur qui vieillit s'interroger aussi précisément sur la faûcheuse !
    Alors pourquoi deux étoiles me direz-vous ? J'y viens. Dans ce film il y a deux garçons fabuleux. Qu'ils soient ensemble ou séparés, ils portent chacune de leur scène très très haut. Mais il y a aussi des filles. Je passe rapidement sur Christa Théret qui ne sert à rien, disparaît rapidement et est aussi insignifiante que mauvaise actrice. Ce qui a vraiment, mais alors vraiment gâché mon plaisir... c'est Anne Alvaro !!! Aaaaaaaaaaaaaaannne AAAAAAAAAalvaro ! Seigneur !!! Avec son masque de cire imperturbable, ses allures de corbeau noir (n'est-elle pas d'ailleurs la porte-poisse de cette grande maison dans laquelle elle voit se succéder de nombreux "parisiens" ?), ses grands yeux inexpressifs comme figés sur l'horreur, sa tristesse insondable, son jeu limité et outré... elle justifie à tout jamais l'emploi et l'existence du mot INSUPPORTABLE !  Or, à peu près à la moitié, elle s'empare du film pour ne plus le lâcher et je m'attends toujours à ce qu'elle se mette à déclamer du Racine, du Corneille ou du Shakespeare de sa voix pédante et affectée ! Elle est censée incarner la tendresse, être les bras dans lesquels chacun rêve de se jeter pour être enlacé, réconforté, rassuré... elle est pour moi repoussante exactement, précisément l'inverse, froide et effrayante. Et je trouve que le couple qu'elle forme avec Dujardin ne fonctionne absolument pas.
    Il y a une véritable et impardonnable erreur de casting entre elle et l'adorable Myriam Boyer qui aurait selon moi symbolisé à merveille la femme à la fois sensuelle et maternelle voire maternante que réclamait le rôle et que chaque garçon du film semble rechercher. Bref, Anne Alvaro a bel et bien gâché le bruit de mes glaçons par une crise d'urticaire géant.
    Blier se fait plaisir avec un groupe de flamenco qui débarque brusquement  sans aucune explication et une scène de provocation gratuite qui n'apporte strictement rien lorsqu'il fait dire à un jeune garçon de 16 ans qui vient de coucher avec la femme (de presque 60) qui l'a élevé qu'il vient de vivre le plus beau moment de sa vie. Mais on ne peut pas lui en vouloir pour ça, il est comme ça Béber.
    Mais Anne Alvaro, non et non ! J'pardonne pas.