Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Cinema - Page 269

  • Hôtel Woodstock d’Ang Lee ***

     Emile Hirsch, Ang Lee dans Hôtel Woodstock (Photo) Demetri Martin, Ang Lee dans Hôtel Woodstock (Photo) Demetri Martin, Jonathan Groff, Mamie Gummer, Ang Lee dans Hôtel Woodstock (Photo)

    Quelle bonne idée de la part d’Ang Lee de nous raconter la fabuleuse histoire du concert mythique d’août 1969 («trois jours de musique et de paix») non pas du point de vue de l’organisation du concert en lui-même mais d’un point de vue beaucoup plus trivial et logistique. Comment très concrètement accueillir les 5 000 spectateurs prévus, qui au final seront 500 000 dans un trou paumé du nord de l’Etat de New-York ?

    Le film s’inspire donc de l’histoire d’Elliot Triber (l’acteur Demetri Martin une nouvelle révélation) qui retrouve ses parents dans leur motel minable qui n’accueille plus que de rares clients mécontents et menacé de saisi par la banque pour cause de traites impayées. Découvrant que le village voisin refuse de recevoir les hippies qui « menacent » d’affluer, Elliot contacte les producteurs (dont Jonathan Groff, roi de la coolitude absolue, impayable) et leur propose le champ voisin qui lui appartient. C’est ainsi que le garçon va connaître la plus grande aventure de sa vie, tacher de faire savoir à ses parents qu’il est gay, vivre son premier trip sous acide, renflouer les caisses du motel et tenter de voir un concert…

    Film à la fois déjanté et très sage ces deux heures sont un bonheur très drôle et nostalgique. On les passe en compagnie de cette faune bigarrée et insouciante qui rassemble les opposants à la guerre au Vietnam, les vétérans qui en sont revenus cassés (Emile Hirsh, encore très bien), les fous de musique qui attendent Bob Dylan qui ne viendra pas, les riverains catastrophés de l’ampleur de l’ «invasion». C’est formidable, réjouissant, ça a marqué à tout jamais toute une génération et pourtant dans ce film, on ne fait qu’apercevoir très au loin l’extravagance et le gigantisme de l’évènement et entendre furtivement quelques notes ou quelques échos de la voix reconnaissable entre mille de Janis Joplin.

    P.S. : à noter une prestation de Liev Schreiber absoluement adorable en représentant du service de sécurité très particulier...

  • L’affaire Farewell de Christian Carion ***

     Emir Kusturica, Guillaume Canet, Christian Carion dans L'Affaire Farewell (Photo)

    Dans les années 80 les blocs de l’Est et de l’Ouest étaient en pleine guerre… froide ! Un colonel du KGB qui ne croit plus au communisme tel qu’il est pratiqué dans son pays décide de faire passer des documents et informations confidentiels aux services secrets occidentaux. Il y parvient par l’intermédiaire d’un jeune ingénieur français qui travaille à Moscou. C’est cette « affaire » qui est à l’origine de l’affaiblissement du régime soviétique, de la fin de cette guerre froide et finalement de la chute du mur de Berlin.

    Christian Carion aime que la petite histoire rejoigne la grande et il réussit après « Joyeux Noël » à nous conter un des évènements les plus marquants du XXème siècle par le biais de faits totalement inconnus du grand public.

    Des faits d’espionnage on ne connaît que ceux de James Bond. Ici, rien n’est spectaculaire et les protagonistes très humains ont une vie, une famille à protéger, des sentiments et même beaucoup d’estime l’un pour l’autre. En nous montrant ces hommes très ordinaires immergés dans l’histoire du monde, le réalisateur choisit une atmosphère froide et brutale qui peut surprendre mais finalement tout est beaucoup plus réaliste. Pas d’action donc, mais une ambiance de complot, de méfiance, de doute, de suspicion, de danger et de peur.

    Guillaume Canet est l’ingénieur français sans histoire entraîné malgré lui dans cette histoire insensée et d’abord utilisé à son insu. Toujours conscient des risques qu’il prend il est constamment inquiet et tendu. Partagé entre le désir de protéger sa femme et donc de lui mentir et séduit par la détermination du colonel russe.

    Ce dernier est interprété par Emir Kusturica, crédible dans son désir de sauver ou au moins de changer le monde et touchant de lucidité sacrificielle.

    Avec l’insistance à montrer Ronald Reagan comme un ex acteur dépité de n’avoir pas tourné avec John Ford et qui regarde en boucle la scène finale de « L’homme qui tua Liberty Valance », le réalisateur semble nous dire que ceux qui tirent les ficelles ne sont pas toujours les plus compétents pour le faire. On le sait.

    Les quelques (trop) rares apparitions de Niels Arestrup en directeur des services secrets français dont Mitterrand doute, rappellent à quel point on a envie de voir et revoir encore cet acteur gigantesque.

    Un film d'espionnage à échelle humaine, c'est rare et captivant.

  • Clint, les autres, et moi, et moi, émoi…

     

    Vous le savez sans doute à présent dans trois semaines j’ai rendez-vous en tête à tête avec Clint. Si vous ne le savez pas encore, allez voir ici.

    Pour fêter l’évènement, nous serons entourés de quelques curieux (environ 3 000) mais peu importe… Arrête de rêver Trêve de plaisanterie, je serai à Lyon du 13 au 18 octobre pour la première édition du Festival LUMIÈRE 2009. Pour tout savoir, rendez-vous là.

     

    clint-eastwood-20070120-200779.jpg clint au bain image by zaza069

     

  • Rien de Personnel de Mathias Gokalp °

     Denis Podalydès, Jean-Pierre Darroussin, Mathias Gokalp dans Rien de personnel (Photo)

    Les dirigeants de la Société Muller organisent un grand raout pince-fessiers où les employés et leurs conjoints, cadres ou pas sont conviés. Il s’agit en fait d’un exercice d’évaluation noté, où les salariés face à un comédien devront improviser une situation et tacher de se sortir au mieux des pièges tendus. Rapidement, plus personne ne sait qui est qui et tout le monde se méfie trop ou pas assez.

    Bien que le président Muller en personne vienne pousser la chansonnette pour détendre tout le monde, des rumeurs de licenciements et de rachat de la société circulent et rendent l’atmosphère de plus en plus pesante.

    On sait que les entreprises organisent ce genre de séminaires, ces tests d’évaluation minables où chacun doit flinguer l’autre pour s’en sortir. On y croit un peu mais pas bien longtemps. Lorsque l’on découvre Jean-Pierre Darroussin comme pétrifié aux toilettes essayant de faire son nœud de cravate tout en répétant pour lui-même la meilleure façon de dire « bonsoir », on se dit même que c’est bien parti. Et puis très vite, on se désintéresse et on n’y croit plus. Il faut dire que bien que Mélanie Doutey prenne admirablement bien la lumière, elle ne convainc pas en cadre pas encore vraiment dynamique mais déjà aux dents longues. Ensuite, j’ai un peu oublié tout ce qui se passe. Pour combler le vide et remplir 1 heure et demi de pellicule le réalisateur nous présente plusieurs fois la même scène vue d’un angle et par un personnage différents.

    Mais l’endroit est tellement laid, l’image tellement hideuse que je n’avais qu’une hâte : sortir de ce musée de momies.

    La scène d’hystérie de la pauvre Mélanie Doutey, le dossier top secret avec toutes les révélations sur le rachat de l’entreprise qui circule pendant la soirée, le balayeur qui prend la place du PDG, la jalousie du mari de Zabou… c’est trop qu’il n’en faut pour que quoique ce soit, soit finalement crédible.

    Et pourtant Jean-Pierre Darroussin, Denis Podalydès et Bouli Lanners sont très bons. Mais pas assez pour sauver de l’ennui ce film inutile et qui ne fait pas peur et pourtant dieu (ou un autre) sait à quel point le monde de l’entreprise me fait trembler. Pas là.

  • Cinéma, Clint, (mon) mes amours…

    Même si la première représentation cinématographique privée a eu lieu à Paris le 22 mars 1895, vous savez tous que le cinéma est né il y a 114 ans à Lyon du cerveau  génial de deux ingénieurs français et frangins, Auguste et Louis Lumière.

    Ah quel nom prémonitoire pour ceux qui éclairent ma vie J !

     

    Bizarrement jusqu’à présent aucun festival n’était organisé dans la ville lumière. Cette bizarrerie est aujourd’hui effacée car :

    du 13 au 18 octobre 2009,

    l’Institut Lumière organisera un nouveau festival de cinéma rendu possible grâce au Grand Lyon et à la Région Rhône-Alpes, également soutenu par le Conseil général du Rhône, la Ville de Lyon, le Ministère de la Culture et de la Communication et le Centre National de la Cinématographie.

    Quand je vous aurai dit que le Président en est Bertrand Tavernier et que Thierry Frémaux assisté de Margriet Spilman en assurent la Direction Générale vous commencerez sans doute à comprendre dans quel état je me trouve présentement.

    Car oui, j’y serai de l’ouverture à la clôture.

    Quand je poursuivrai en vous révélant qu’une rétrospective intégrale sera consacrée au génie du western italien Sergio Leone, vous saisirez mon engouement pour ce festival.

    Mais quand je conclurai en vous annonçant que l’INVITÉ D’HONNEUR n’est autre que :

    Monsieur Eastwood en personne, mon Clint à moi Y (SI !),

    qu’une soirée hommage aura lieu le samedi 17 octobre à l'Amphithéâtre du Centre de Congrès de Lyon en SA PRÉSENCE, vous serez peut-être encore loin d’imaginer à quel point je compte les semaines, les jours, les heures…

    Je n’ai pas encore établi précisément mon programme mais les films de Clint (quel bonheur de les revoir sur écran géant !) diffusés seront :

    • Un frisson dans la nuit (Play Misty for Me, 1971)
    • L’Homme des hautes plaines (High Plains Drifter, 1973)
    • Breezy (Breezy, 1973)
    • Bronco Billy (Bronco Billy, 1980)
    • Honkytonk Man (Honkytonk Man, 1982)
    • Pale Rider, le cavalier solitaire (Pale Rider, 1985)
    • Chasseur blanc, cœur noir (White Hunter, Black Heart, 1990)
    • Impitoyable (Unforgiven, 1992)
    • Un monde parfait (A Perfect World, 1993)
    • Sur la route de Madison (The Bridges of Madison County, 1995)

    Mais pas seulement évidemment, et pour tout connaître de cet évènement inouï qui me fait perdre le peu de latin qui me restait (la boule, c’est fait depuis longtemps), je vous invite à vous rendre sur le site du Festival, ICI.

    clint41.jpg image by VirginiaOlga

  • L’armée du crime de Robert Guédiguian ***

     Grégoire Leprince-Ringuet, Robinson Stévenin, Robert Guédiguian dans L'Armée du crime (Photo) Robinson Stévenin, Simon Abkarian, Robert Guédiguian dans L'Armée du crime (Photo)

    L’Internationale Communiste demande au poète arménien Missak Manouchian de prendre la tête d’un groupe de français juifs, pour la plupart d’origine étrangère pour organiser la résistance à Paris en une véritable armée méthodique et structurée. Ce film nous relate la formation, quelques attentats et l’arrestation de ce groupe pratiquement dans sa chronologie. En effet, le film débute alors qu’une voix off égraine le nom des 22 hommes et de la femme du « Groupe Manouchian » condamnés à mort et exécutés en février 1944, « morts pour la France ».

    Ni suspens, ni surprise donc puisqu’on sait dès la très belle scène d’ouverture qu’aucun des « héros » de l’histoire ne survivra. Les camions longent la Seine et les dernières images qu’ils aperçoivent sont celles de couples d’amoureux qui s’enlacent, d’une mère avec un landau, de jeunes gens qui discutent ou d’autres qui se promènent… des visions de la vie et du monde qui continueront alors qu’ils gardent l’espoir que la lutte se poursuivra, mais sans eux. Olga la femme du groupe demandera d’ailleurs à Manouchian en voyant le landau : « tu crois qu’il y a une bombe dedans ? ».

    Les membres du groupe seront recrutés sous les directives du poète qui répugne à la violence et surtout à tuer des hommes lui-même, par éthique. Mais il renoncera à cette « morale » au nom de tous les siens et du souvenir d’un discours d’Hitler qui affirmait : « qui se souvient des arméniens ? ». Il choisira souvent de très jeunes hommes engagés, voire enragés dans une lutte contre l’occupant nazi mais qui agissent en solitaires au risque de compromettre les actions collectives. Il s’agit notamment du jeune lycéen Thomas Elek (Grégoire Leprince-Ringuet toujours plus que parfait et de plus en plus solide) et de Marcel Rayman (Robinson Stévenin, violent, ardent et fiévreux) dont le père est envoyé en camp de concentration sans qu’il puisse rien faire. Il tuera en pleine rue un grand nombre de soldats et surtout un général allemand qui sera à l’origine du déchaînement de la police française contre cette résistance que la propagande nommera terrorisme, rebaptisant même le groupe « l’Armée du crime » afin de la discréditer aux yeux des français.

    Je découvre que le classicisme, l’application impeccable mise dans la reconstitution de l’époque de cette histoire vraie est ce que l’on reproche le plus à ce film, alors que je trouve justement que c’est une partie de ce qui en fait sa principale qualité et sa grande force. La simplicité, l’absence de lyrisme ou d’emphase, la sobriété de scènes difficiles telle que la rafle du Vel d’Hiv (dont il est rappelé qu’aucun allemand n’y a participé…), le choix de ne pas montrer l’exécution font de ce film pédagogique un document juste et essentiel d’un épisode de cette guerre de l’ombre dont on n’avait jamais entendu parler. Malgré cette absence manifestement assumée de romanesque, il n’en est aucunement pour autant austère, loin de là.

    Quant à l’interprétation, elle est irréprochable. On sent l’implication et l’émotion de chaque acteur au travers de chaque personnage, même des plus jeunes.

    La participation de la police française à traquer ces combattants permet à Jean-Pierre Darrousin de composer un inspecteur Pujol fourbe et sournois au-delà de l’application zélée.

    Si Virginie Ledoyen, quoique très bien, manque un peu du bouillonnement que nécessitait son rôle d’amante passionnée, le grand Simon Abkarian par contre, prouve à nouveau quel acteur magique, magnétique il est.

    Mais comme le dit Marcel/Robinson Stévenin : « la résistance, c’est pas un métier d’avenir »…