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Cinema - Page 279

  • Commis d’office d’Hannelore Cayre **

    Commis d'office - Roschdy ZemCommis d'office - Roschdy ZemCommis d'office - Roschdy Zem

    Antoine Lahoud est avocat mais il a bien du mal à boucler les fins de mois compte tenu des « petits » dossiers qui ne rapportent rien et pour lesquels il est commis d’office. Jusqu’à ce qu’un avocat véreux qui roule sur l’or lui fasse une proposition qui le mettrait à l’abri du besoin pour le restant de ses jours : prendre la place d’un de ses clients détenu auquel il ressemble. Antoine, intègre et scrupuleux refuse puis de plus en plus coincé par un compte en banque négatif, se résoud à accepter l’invraisemblable marché.

    La réalisatrice, avocate passionnée de cinéma, connaît son dossier. Et c’est bien dans la partie quasi documentaire que son film est le plus séduisant. En effet, l’immersion dans les coulisses des commissariats, des tribunaux, des prétoires, des salles d’audience, des bureaux des juges est vraiment très intéressante et édifiante sur pas mal de points. Le mépris des « ténors » du barreau, la toute puissance des juges, le cynisme ambiant, le désarroi des auteurs de « petits » délits… tout ça fait assez froid dans le dos et on se prend à souhaiter ne jamais avoir affaire à la « justice ».

    Par ailleurs et même si Hannelore Cayre réussit à maintenir un réel suspens dans la partie purement fictive, on a quand même bien du mal à croire à cette histoire abracadabrante de substitution de personne au sein même de la prison. Ce qui fait qu’on se retrouve avec deux films dans un seul et qu’on aurait préféré coller davantage aux basques de la profession du « commis d’office ».

    Cela dit, il ne faut pas bouder son plaisir et surtout ce film assez insolent.

    Il aurait également fallu que la réalisatrice parvienne à canaliser l’outrance de Jean-Philippe Ecoffey car même si on comprend le plaisir que peut éprouver un acteur à interpréter un pourri de cette envergure qui cumule pas mal de tares, son exubérance finit par lasser et être ridicule.

    Mais vous l’avez compris, Antoine Lahoud est interprété par un géant. Roschdy Zem, quasi omniprésent, porte ce film sans faillir. Aussi à l’aise et crédible en robe légèrement débraillée d’avocat, qu’en sweat à capuche et qu’élégant en costume Armani (ou autre, j’y connais rien aux marques, mais un « costard à 30 plaques »… ça doit bien être ça), il assure le charme, l’énergie et la crédibilité du film tout entier. Convaincant, plus charismatique que jamais, drôle, pathétique, émouvant, cet acteur irrésistible est vraiment infaillible.

    Tiens c’est pas dur, rien que pour l’entendre redire encore : « Je veux qu’on soit gentil avec moi », j’irais bien revoir le film. C’est dire si Hannelore Cayre lui doit beaucoup et qu’elle ne s’est pas plantée dans ce choix.

  • Je l’aimais de Zabou Breitman *

    Je l'aimais - Daniel AuteuilJe l'aimais - Marie-Josée Croze et Daniel Auteuil

     

    Pierre emmène sa belle-fille Chloé et ses deux enfants dans une maison familiale isolée en montagne pour l’éloigner de Paris. Elle vient de se faire plaquer par son mari (le fils de Pierre donc) pour une autre femme. Pour faire comprendre à Chloé, hagarde et brisée, comment elle peut réagir face à cette douleur, Pierre va lui raconter sa rencontre et son amour avec Mathilde pour qui il n’a jamais réussi à quitter sa femme Suzanne.

    Voilà typiquement le genre de film que j’étais décidée, préparée et convaincue d’aimer à la folie.

    Et puis quoi ?

    Et puis rien, ou pas grand-chose. Les histoires d’amour dans les chansons ou dans les films finissent mal en général, je le sais et d’ailleurs ici, pas de surprise, on sait d’entrée de jeu que Pierre et Mathilde ne vieilliront pas ensemble. Et d’ailleurs si Mathilde et Pierre se mariaient et avaient beaucoup d’enfants, y’aurait pas de film. D’accord.

    Peu de choses ont fonctionné sur moi. La rencontre coup de foudre, malgré la confusion empotée que Daniel Auteuil tente de rendre crédible quand il doit prendre la parole pour la première fois devant Mathilde, au mieux ne « marche » pas, au pire est ridicule. Ensuite tout va très vite entre eux, ça c’est possible, ça arrive… un grand garçon et une grande fille n’ont pas forcément besoin de se jouer de la harpe celtique pendant 6 mois pour passer à l’acte. Mais que la fille qui évidemment rêve de partager le même appartement, faire les courses, payer le gaz, laver les chaussettes etc, (toutes les choses sexy de l’amour en somme…) exige quasi instantanément des preuves, des actes et des serments, que le garçon qui n’aime plus sa femme, est méprisé par ses (grands) enfants se montre incapable de les quitter… bref, quand deux adultes consentants sont fous l’un de l’autre au point de ne plus pouvoir vivre l’un sans l’autre ne parviennent pas à vivre une relation, l’ennui  et l’agacement s’installent. Devant l’indécision de l’un et les exigences de l’autre, les deux tourtereaux instaurent un ‘pacte’ entre eux : ils continueront à se voir mais se laisseront sans nouvelles entre deux rencontres. Mais même lorsqu’ils se retrouvent, leurs rendez-vous ont lieu au bout du monde, tout entre eux est toujours assombri de tristesse et par l’imminence d’une nouvelle séparation. Des belles amours comme ça, j’en ai trente qui sèchent au grenier et je ne m’en sers plus.

    Est-ce parce que j’ai rencontré le grand amour de ma vie que les heurts et malheurs de Sam et Zette m’ont laissée de marbre ? Je ne sais. En tout cas, ce film dépressif ne m’a pas convaincue. Du tout. Je sais, j'aggrave mon cas !

    Par ailleurs, Zabou Breitman se prend tantôt pour Wong Kaï-Waï en filmant l’amour interdit dans des ruelles de Hong-Kong au son d’un violon hésitant, tantôt pour Claude Sautet avec les passages réalistes où Pierre, patron d’entreprise visite des chantiers. De telles références pourraient être touchantes, elles sont agaçantes. Si elle s’est débarrassée des affèteries et autres effets spéciaux de son précédent film, elle tente ici une nouvelle expérience stupide : les dialogues décalés… Vous savez, comme il arrive parfois sur Ioutioube quand vous écoutez une chanson et que le son ne fonctionne pas en même temps que les paroles ! J'en ai un peu marre de jouer les souris de laboratoire pour Zabou.

    Florence Loiret Caille hérite du rôle pas fastoche et pas glamour de la fille perdue, quittée, cheveux gras qui pleure à gros bouillons face caméra avec le nez qui coule copieux. Marie-Josée Croze n’a pas grand chose à faire à part être jolie dans des tenues pourtant bien bien moches et à sourire tristement.

    Que reste t’il alors ? Et bien Daniel Auteuil, évidemment. Plus que parfait en amoureux qui rajeunit à vue d’œil, en maladroit, en mufle, en lâche !

     

    Je sais que je risque de me fâcher avec Elle… mais j’espère que notre amitié ne souffrira pas de cette divergence de vue !!! (Je le dis devant témoins, comme ça elle ne pourra refuser la main tendue J)

  • Good Morning England de Richard Curtis ***

    TITRE ORIGINAL :

    THE BOAT THAT ROCKED

    Good Morning England - Philip Seymour HoffmanGood Morning EnglandGood Morning England - Rhys Ifans et Bill Nighy

    Dans les années 60 en Angleterre les radios ne sont pas encore libres, mais « pirates ».

    Alors quoi de mieux qu’un bateau en pleine mer du Nord pour diffuser la musique interdite que les filles écoutent en cachette  en hurlant dans leurs chambres, alors qu’un ministre conservateur, démodé et furieux tente de tout faire pour l’interdire ? Pendant ce temps sur le rafiot, l’équipe très éclectique des DJ vedettes, animateurs, chroniqueurs et journalistes mène une vie extravagante entièrement dédiée à la musique (et parfois au sexe…) complètement coupée du monde de la terre ferme.

    Comment vous inciter à vous précipiter (et oui, il faudra beaucoup vous précipiter cette semaine : cf. ci-dessous !) pour voir ce film déjanté, électrique et jouissif à qui je prédis et souhaite une carrière de film culte ?

    Que la salle dans laquelle je me trouvais lui a fait une ovation et que chacun avait un sourire d’une oreille à l’autre et de l’électricité dans les pattes en sortant ?

    Que chaque scène est d’anthologie  ?

    Que les dialogues vifs et savoureux, d’un humour parfois bien tordu mais délirant sont un festin ?

    Que le casting bien disparate réunit une bande de déjantés qu’on a beaucoup de mal à quitter et qui permet à chaque acteur d’avoir sa scène de bravoure.

    Qu’il est impossible d’élire le plus barré parmi Philip Seymour Hoffman, Rhys Hyfans, Bill Nighy, Nick Frost, Rhys Darby, Tom Wisdom, Emma Thompson ou Kenneth Brannagh TOUS au top niveau ?

    Et qu’enfin, la bande son, 300 % rock and roll (les Beatles, les Rolling Stones, les Kinks, Jimmy Hendrix, Dusty Springfield, Janis Joplin, Aretha Franklin, David Bowie… et j’en oublie) est purement et simplement jubilatoire.

    Good Morning England

  • Un mariage de rêve (Easy virtue) De Stephan Elliott ***

    Un mariage de rêve - Jessica BielUn mariage de rêve - Kristin Scott ThomasUn mariage de rêve - Colin Firth

    En voyage aux Etats-Unis, John Whittaker jeune aristocrate anglais épouse Larita blonde américaine torride. Les deux jeunes gens sont fous amoureux mais lorsque, en visite au manoir familial, John présente Larita à sa famille, la jeune femme, libre et moderne, passe instantanément pour une scandaleuse aventurière. Si le père de John n’est pas insensible aux charmes, à l’humour et la gentillesse de Larita, la mère se montre désagréable et hostile dès les présentations

    Après avoir éludé toutes les piques et attaques de sa belle-mère, et devant l’absence totale de réaction de John, Larita décide de riposter.

    Ne vous fiez ni au titre français ni à l’affiche qui laisseraient présager une niénième comédie sentimentale niaiseuse et bas de plafond. Fiez-vous à moi qui vous invite à vous précipiter dès mercredi prochain voir cette romance virevoltante pas si légère et superficielle qu’il semblerait.

    Dans des décors et des costumes d’une classe folle, ce film à l’allure très british réalisé par un australien est aussi un régal pour les yeux. Mais il est avant tout d’une élégance folle, d’un humour impitoyable, pétillant et sombre à la fois dans ses dialogues d’une intelligence rare. Brillant, subtil et tourbillonnant.

    Quant aux acteurs, si Ben Barnes est un peu trop jeune et insipide face à la bombe extravagante, séduisante, espiègle et drôle qu’est Jessica Biel, Kristin Scott Thomas se régale à en faire des tonnes en mère et femme castratrice et acâriatre qui cache un secret de grande amoureuse et Colin Firth affiche une fois de plus son humour pince sans rire et confirme encore qu’il est une sex-bombe sans pareil avec ses tenues et attitudes faussement négligées… Puis il confirme, conclut et nous embarque dans un tango renversant…

    Un régal à la fois très drôle et un peu cruel.

    Un mariage de rêve - Colin Firth et Jessica Biel

  • X-Men Origins : Wolverine de Gavin Hood *

    X-Men Origins: Wolverine - Hugh JackmanX-Men Origins: Wolverine - Hugh Jackman

    Sachez-le, avant d’être un X-Man, Wolverine a été un prequel. Oui. Détendez-vous, retirez votre cagoule, ce n’est pas contagieux. C’est simplement qu’il n’a pas débarqué comme ça, tombé de nulle part en 1963 dans un comic (oui, y’a plein de mots difficiles aujourd’hui, je pourrais aussi vous parler de « spin-off » qui n’est pas une cochonnerie non plus, mais ça serait trop pour un 1er mai) ou en 2000 grâce à Bryan Singer. Non, non, non ! Wolverine, en 1845 s’appelait Logan, j’aime bien Logan comme nom moi. Il était un petit enfant tout transpirant et souffreteux dans son lit et il y avait un autre garçon, son demi-frère Victor avec un regard « par en dessous » qui le matait et le traitait de chiffe molle ou approchant. Un jour, c’est le soir, Logan entend des drôles de bruits dans la maison. Il se lève malgré toute la fièvre et toute la sueur qu’il a et il tue un intrus qui lui dit avant de mourir « j’suis ton père Luke » ou quelque chose du genre. La mère regarde en disant « oh la la la la la ».

    Victor et Logan se sauvent pieds nus dans les bois et ils grandissent avec les problèmes de manucure qu’on sait qu’ils ont. Sauf que Logan c’est encore pire, ses ongles lui poussent directement des phalanges. Parfois ça le gêne pour se gratter le nez. Alors il s’engage dans l’armée avec son frère et d’autres mutants tarés de la tête, dont un ancien Hobbit reconverti (si il croit que je l’ai pas reconnu). Ils font la guerre de Sécession, la guerre 14, la guerre 40, la guerre du Vietnam et Logan est souvent obligé de calmer son frangin un gros sadique (Liev Schrieber : moche bien comme il faut) qui est toujours prêt à violer tout ce qui remue. Bon… bla bla bla…

    Wolverine qui s’appelle toujours Logan, jusqu’à nouvel informé, a le talent de s’arrêter de changer quand il a le physique clintonien d’Hugh Jackman… musclé jusqu’aux clavicules, rarement on voit ça. Un jour, son frère fait une connerie encore pire que les autres : il tue un général. Du coup, tous les deux sont condamnés à mort et passés par les armes, sauf qu’ils sont immortels et que donc, ils survivent. Le commandant Stryker ou un galonné du genre leur dit : « ‘alors c’était comment le peloton ??? », et Wolfie répond « ça fait des guilis ».

    J’ai ri.

    Mais Logan en a ras les baïonnettes de faire la guerre alors il part au Canada vivre avec une fille et il devient bûcheron avec une chemise à carreaux. Parfois, il fait des cauchemars de guerre et il gueule comme un veau, se réveille en hurlant avec tous ses muscles tout brillants et tout sortis, y’en a partout que toi, la fille spectatrice tu dis « aaaaaaaaaah ! ooooooooooh ! pfioooouououououou ! ». La fille, l’autre, elle dit « t’inquiète on va changer les draps », pas farouche qu’elle est de coucher avec un mec qu’a parfois des hachoirs à la place des mains. Bon, faut dire qu’en compensation, son Logan, il sort le matin faire ses salutations au soleil torse poil au sommet des rocheuses et il prend son temps ; ça le détend lui, les filles, ça les énerve.

    Mais le Victor, son demi-frère ne veut pas lui ficher la paix tranquille au Logan. Un jour, il vient le chercher mais comme c’est un fou tordu, il tue la meuf pour bien nous l’énerver encore plus. Avant de mourir elle a la bonne idée de lui raconter une histoire à la con du style « regarde ma lune ça porte chance » et de l’appeler Wolverine. C’est comme ça, qu’après, on va plus trop savoir qu’il s’appelle Logan mais Wolverine…

    Le guss de l’armée le recrute encore pour l’aider à se venger et il lui propose de jouer l’arme fatale en le transformant en Weapon X. L’opération, elle fait hyper mal. Mais lui, il dit « même pas mal » et ça le rend en acier trempé, invincible et tout et à partir de là, il sera toujours en marcel crado avec toute la charpente qui déborde de partout et les griffes qui brillent. Il va tout faire péter, même une centrale nucléaire. Quand ça pète et ça brûle, il marche au ralenti et plissant son front. Il est beau.

    Qu’est-ce que vous voulez faire ? Wolverine c’est mon X préféré. Ah la la, j’allais oublier l’essentiel. A un moment, il s’échappe et on lui a piqué toutes ses fringues, même son marcel… alors il court, il court, il court TOUT NU dans les bois, dans les prés, il saute des barrières, des ruisseaux… malheureusement il croise un péquenaud pudibond qui lui prête des fringues (il meurt le plouc, bien fait !).

    Ce film, il vaut pas une chique, mais je ne me suis pas ennuyée une seconde !

  • Incognito de Eric Lavaine **

    Incognito - BénabarIncognito - Franck Dubosc

    Lucas est devenu une star de la chanson française depuis qu’il a utilisé les textes de son ami Thomas disparu. Depuis 10 ans, il vit dans une luxueuse demeure qu’il partage avec un parasite pique-assiettes désoeuvré devenu un ami, Francis. Lorsque Thomas refait surface alors qu’on le croyait mort, Lucas panique et n’ose lui avouer que c’est grâce à lui qu’il a obtenu gloire et fortune. Pendant 3 jours, Lucas va demander à Francis de se faire passer pour le propriétaire de tout ce qu’il possède aux yeux de Thomas. C’est clair ? Bon, c’est pas grave, de toute façon on sait que c’est pas beau de mentir, d’être opportuniste et d’usurper la place ou l’identité de quelqu’un d’autre. Mais l’essentiel est de bien rigoler.

    Et je dois dire que j’ai ri, beaucoup, malgré le titre sans personnalité, malgré l’affiche hideuse, malgré Franck Dubosc qui n’est pas connu pour toujours faire dans la dentelle comique, malgré Bénabar qui n’est pas acteur mais qui finalement l’est. Bref, beaucoup d’obstacles qui se franchissent aisément grâce aux talents réunis ici et permettent donc de passer un bon moment. Le rythme soutenu, les gags en cascade, les dialogues aux petits oignons font qu’on sort content de la projection. Oui Franck Dubosc est drôle, très, même cul nul avec un sous-pull en lycra… et oui Bénabar se révèle bon acteur avec une palette d’émotions assez large.

    Eric Lavaine parle de son film comme d’un film de copains qui n’a d’autre prétention que celle de divertir. C’est vrai que les rares filles présentes ont bien du mal à se faire une petite place. Mais puisqu’il s’agit d’un film de copains, le pari est réussi.

  • Sœur Sourire de Stijn Coninx ***

    Soeur Sourire - Cécile de FranceSoeur Sourire


    Dans les années 50, Jeannine Deckers qui deviendra plus tard Sœur Sourire, entre au couvent pour échapper à une mère autoritaire et à un père sans envergure. Elle cherche un sens à sa vie qu’elle ne trouvera pas non plus chez les dominicaines qui prônent le silence en accomplissant des travaux ménagers sans intérêt. Son seul réconfort, elle le trouve dans la musique dès que la mère supérieure accepte de lui rendre sa guitare. Elle va composer un véritable hymne à son ordre religieux « Dominique » qui va devenir en un temps record un tube quasi planétaire, détrônant même un temps les Beatles en tête des hit-parades de l’époque.
    D’abord utilisée par l’Église qui voit en « Sœur Sourire » un bon moyen de faire parler d’elle et de renflouer les caisses (la séance de photos où on lui demande de poser de dos pour qu’on ne voit pas son visage mais uniquement son costume, est d’une cruauté inouïe), elle ne va pas tarder à déranger puis à choquer avec son franc-parler, ses positions plutôt audacieuses concernant la liberté féminine et la pilule contraceptive. Elle va rapidement quitter la soutane pour tenter de vivre de son talent. Hélas, sans son habit de religieuse, la chanteuse ne fait plus vraiment recette. L’Église ayant signé un contrat avec la maison de disques, jamais Jeannine ne toucha le moindre centime sur ses droits.
    Ce film un peu trop sage retrace non seulement l’itinéraire de ce « tube » mais surtout la vie ratée, bouleversante et tumultueuse de son auteur. Personnage complexe, plutôt solitaire, autoritaire, égocentrique, intransigeante, pleine de doutes et de douleur, Sœur Sourire dût constamment lutter contre ses parents, le couvent, l’Église, sa foi, son homosexualité, pour finir criblée de dettes, menacée par le fisc et décider de se suicider avec sa compagne Annie.
    Sans la force, le charme, le talent, l’énergie de Cécile de France, ce film aurait sans doute moins d’intérêt. Mais comme toujours, elle est remarquable, exceptionnelle et porte cette douloureuse histoire avec ardeur, classe et conviction.

  • Let's make money de Erwin Wagenhofer***

    En avant première mondiale, je vous offre la première "critique" rédigée par ma Moitié qui est allé voir (pour la première fois) un film que je n'ai pas vu... parce que je suis (moins) révoltée révolutionnaire que lui...

    Let's Make Money

    L’argent travaille ! Dur !

    Ce documentaire nous montre les conditions de travail de l’argent.

    Le traitement du film est à l’image du sujet, ardu. Le réalisateur présente, face caméra les témoignages des nombreux acteurs de l’économie mondiale. Du paysan burkinabé dans son champ de coton, au pape des fonds de pensions, un vieux monsieur qui lit la presse économique en faisant sa gym quotidienne. Les deux extrêmes  de l’économie et toutefois, ils transpirent tous les deux.

    Pour travailler, l’argent a besoin de cynisme :

    « Le meilleur moment pour acheter, c’est lorsque le sang se répand dans les rues. Même si c’est le vôtre. »

    Un cynisme que l’on retrouve à chaque rouage de la machine économique :

    • le pillage des matières premières des pays émergeants organisé et mis en musique par la banque mondiale,
    • le pillage des secteurs d’activité contrôlés par la collectivité (dans le film, l’exemple du tramway de Vienne. En France, nous avons le bradage des sociétés d’autoroute, la privatisation prochaine d’EDF, la privatisation de la pub télé...),
    • le mépris de la personne : avec les transferts d’entreprises en Inde, le pouvoir d’achat a augmenté, du coup la croissance des prix va flamber. «On ne peut pas se permettre d’être généreux, il faudra que les ouvriers fassent des efforts. Des heures supplémentaires, sans être payés. » ; le coût d’un ouvrier y est de 250 € par mois,
    • le mépris de la collectivité : une partie des bénéfices des sociétés est dissimulée à l’imposition et se retrouve de façon anonyme réinjecté dans le système dans les paradis fiscaux. Officialisé, et imposé à 30%, cet argent permettrait à chaque pays du monde de bénéficier d’un budget annuel de 250 milliards de dollars. Pour résoudre les problèmes de la faim et de la santé sur la planète ?

    Le film est un constat. Il n’offre pas de solution, et on en sort révolté. Il a été réalisé avant la crise financière actuelle, et nous fait comprendre le ridicule des décisions du dernier G20 demandant à ceux qui ont rendu le système immoral, de maintenant le moraliser.

    Erwin Wagen ho er est intimement convaincu qu'une issue sera nécessairement collective.

    Alors, unissons nous.

  • Romaine par moins 30 de Agnès Obadia *

    Romaine par moins 30 - Sandrine Kiberlain

    Romaine a un petit ami qui ne cesse de lui faire des surprises. Mais une surprise par jour, au bout d’un moment c’est fatigant. La dernière trouvaille de Justin est d’emmener Romaine pour quelques jours et peut-être pour la vie au Québec. Et la voilà presque malgré elle à l’aéroport sans avoir le temps de dire « ouf » avec un air un peu ahuri et des moon boots aux pieds. Dans l’avion, Romaine s’aperçoit de la panique d’une hôtesse de l’air. Persuadée que l’avion va se crasher, elle fait une révélation à Justin, que paraît-il aucun mec ne peut supporter… Comme Justin est un vrai mec, il plante Romaine toute seule à Montréal qui se retrouve donc obligée de se débrouiller.
    Certains sont allergiques aux films d’ados décérébrés juste trop kikoo lol mdr… Moi, ce sont les films qui parlent de trentenaires immatures, irresponsables, mal dans leurs pompes, incapables de s’engager avec néanmoins le désir de le faire, qui me mettent les nerfs en vrille. Et ici, j'ai vraiment été servie.
    De situations invraisemblables en histoires sans intérêt, suivre les mésaventures de Romaine a fini par devenir vraiment éprouvant pour moi tant je n’y ai pas cru une seconde alors que d'après ce que j'entends chacun est censé pouvoir s'y reconnaître. Et pourtant ça me désole de dire du mal de ce film qui est sauvé in extremis par Sandrine Kiberlain, adorable, très belle (même avec doudoune et bonnet infames, ce qui n'est pas donné à tout le monde...), drôle, énergique et dont il faut reconnaître qu’elle « mouille la chemise » avec beaucoup de dynamisme et une belle conviction pour le défendre !

    On peut aussi noter une fin pour le moins inattendue, mais c’est quand même maigrichon.