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Cinema - Page 306

  • Wonderful Town d’Aditya Assarat ***

    Wonderful Town - Anchalee SaisoontornWonderful Town

    Quelques années après le tsunami qui ravagea le sud de la Thaïlande en 2004, Ton, jeune architecte chargé des travaux de reconstruction d’un grand hôtel, s’installe dans un petit hôtel déserté des clients et des touristes. Il cherche le calme et la paix, loin de sa vie de citadin de Bangkok. Il y rencontre Na, jeune femme qui s’occupe de l’hôtel vide, mécaniquement et sans grand enthousiasme.

    Cette ville de Takua Pa, a été ravagée par la tempête mais il n’en reste que quelques traces de bâtiments vides, abandonnés. L’endroit, entre mer et montagne redevient peu à peu paradisiaque mais les touristes sont toujours absents et sur les habitants pèsent une insondable tristesse. Quant à l’amour naissant de Ton et Na, il ne va pas plaire à certains voisins désoeuvrés, jaloux de leur bonheur et dont la vie a sombré pour certains dans la délinquance.

    Le réalisateur insiste particulièrement sur ce qui ne se dit pas mais qu’on perçoit dans les silences et les quelques brides d’intimité que livrent les personnages. Le poids des absents semble accablant. Chacun dans cette région a dû perdre des proches et se reconstruire avec de nouvelles responsabilités, de nouvelles habitudes. C’est le cas de Na qui doit prendre en charge l’éducation du fils de son frère complètement irresponsable. Dans une autre scène, où rien n’est révélé, on découvre que Ton qui dit simplement, calmement en pleurant au téléphone « non, je n’y retourne plus » a lui aussi un lourd passé, des regrets, un chagrin. C’est difficile et rare de voir un film où ce qui ronge et envahit les personnages d’espoir et de tristesse n’est pas divulgué. La pudeur extrême du réalisateur rend donc ce premier film particulièrement envoûtant, accompagné d’une musique extraordinairement apaisante et d’effets sonores étrangement inquiétants.

    La fin sidérante qui rend le titre particulièrement ironique, prouve une fois encore que les catastrophes qui s’abattent sur l’homme et auxquelles il survit, peuvent le rendre par ennui, jalousie, oisiveté, paresse, désoeuvrement vainement barbare…

  • Bataille à Seattle de Stuart Towmsend **

    Bataille à Seattle

    En 1999 se tenait… devait se tenir la troisième Conférence de l’Organisation Mondiale du Commerce à Seattle. Devant l’ampleur des manifestations pacifistes de plus d’un millier d’ONG, la première journée a dû être annulée. Hélas, quelques « sauvageons » profitant du bazar ambiant ont contraint les forces de police à intervenir faisant de la ville un véritable champ de bataille. L’état d’urgence et un couvre-feu ont même été mis en place dans la ville où il pleut 364 jours par an et où l’on passe des nuits blanches… C’est « grâce » et par ces évènements diffusés par toutes les télés du monde que la lutte anti-mondialiste fut médiatisée et qu’on comprit ce qu’est l’OMC. Presque 10 ans plus tard, pas grand-chose a changé c’est toujours une poignée d’hommes dans le monde qui bousillent des millions de vie sans que personne ne pointe d’armes sur eux.

    Dans la catégorie « les bonnes intentions ne font pas les grands films », celui-ci pourrait servir de maître étalon tant les faiblesses et naïvetés sautent aux yeux… et en priorité les histoires « périphériques » assez bêtas ainsi que certains personnages caricaturaux à l’extrême. Mais on peut passer outre car Stuart Townsend, acteur dont c’est le premier film en tant que réalisateur se fait didactique avec chiffres et documents à l’appui, faisant parfois tendre sa fiction vers le documentaire. La sincérité, le sérieux et l’enthousiasme de son projet suintent par tous les pores de la pellicule (et oui !) et c’est déjà énorme.

    Ici pas de super héros, mais des filles et des garçons acharnés, courageux, tenaces, pétris de convictions, d’idéalisme, d’optimisme et d’espérance avec un message simple et clair :

    IL FAUT SAUVER LA PLANÈTE !

  • G.A.L. de Miguel Courtois **

    GAL - Natalia Verbeke et José Garcia
    GAL - José Coronado

    Pour lutter contre les attentats de l’ETA dans les années 80 en Espagne, se sont créés les GAL (Groupes Antiterroristes de Libération). Manul Mallo et Marta Castillo, journalistes, vont se consacrer à prouver que ces groupes violents et criminels responsables de quelques morts de sympathisants de l’ETA mais surtout de pas mal de victimes n’ayant aucun rapport avec les terroristes, sont commandités par les plus hautes instances du gouvernement espagnol.

    L’argument peut paraître quelque peu obscur mais ne vous laissez pas arrêter par ce détail car le film dont la première demi-heure est quelque peu laborieuse (quoique magnifiquement interprétée) se révèle au final être un thriller politico-policier captivant…

    Le réalisateur explique : « Ce qui reste pour moi un mystère, c'est effectivement à quel point si peu de gens sont au courant. Que l'affaire ne soit pas sortie en France, alors que toutes les victimes du GAL étaient françaises, est bien la preuve d'une connivence entre ministères."

    Au-delà de ce contexte « histoire vraie » assez hallucinante puisque des ministres et des fonctionnaires de police se sont retrouvés derrière les barreaux, l’enquête des journalistes est vraiment intéressante et menée « à l’américaine » dans la tradition des « Hommes du Président » avec menaces, bâtons dans les roues et acharnement envers et contre tous. Elle devient absolument passionnante dès lors qu’on s’attache aux pas et qu’on s’attarde sur le personnage de Paco Ariza, flic appliqué, jet setter, volcanique et impulsif qui jure comme un charretier et qui va payer les pots cassés. L’acteur Jordi Molla (surprenant, démesuré, génial) est sans doute pour beaucoup dans la tournure impétueuse et débridée que prend alors le film tout en restant très sérieux et concentré sur son sujet.

    La bluette sentimentale et contrariée des deux journalistes n’apporte rien, ni au film ni aux personnages. Elle donne juste à José Garcia l’occasion de nous faire ses yeux de lover velours qui lui vont si bien. Au-delà de ça, sa partenaire Natalia Verbeke et lui sont épatants, justes, crédibles, impeccables.

    Il faut voir ce film surprenant et singulier malgré son démarrage diésel…

    ne serait-ce que pour son trio d'interprètes :

    GAL - José Garcia (à gauche)
  • Les hauts murs de Christian Faure **

    Les Hauts murs

    Pour avoir fait plusieurs tentatives d’évasion dans un orphelinat, Yves, 14 ans est placé en Maison d’Éducation Surveillée. Il n’en sortira qu’à sa majorité s’il ne passe pas directement par la case bagne car c’est le seul avenir qu’on prédit à ces enfants « pupilles de la nation » considérés sans hésitation comme de la mauvaise graine.

    « Les hauts murs » commence comme se terminait « Les quatre cents coups » : un tout jeune homme émerveillé court sur la plage, il court même vers la mer… C’est lui, Yves, le héros de cette histoire vraie qui rêve de partir sur un bateau vers l’Amérique que l’on voit bien vite rattrapé par des policiers. Et dès les premières minutes, les brutalités commencent. Yves est conduit derrière ces hauts murs où l’on y découvre dans une bâtisse froide et austère des adolescents mal traités, considérés comme des coupables. La première grande force de ce film est de nous révéler la réalité de ces établissements et on est effaré d’apprendre qu’ils ont existé jusqu’en 1979… alors qu’aujourd’hui encore on entend parler de créer des endroits où l’on apprendrait à vivre aux ‘sauvageons’ qui ont la nocivité greffée dans l’ADN ?

    Derrière ces hauts murs, véritable univers carcéral, antichambre du bagne, les enfants étaient traités comme des malfaiteurs et quand ils n’étaient pas battus par les surveillants, matons insensibles et stupides, ils pouvaient être violés par les plus âgés des pensionnaires. Yves qui sera vite surnommé « Monte Cristo » pour ses velléités d’évasion choisit le rêve de son projet de voyage pour s’en sortir. Un autre, moins solide optera pour le suicide. Le quotidien de ces grands enfants rythmé par des coups de sifflet et qui ne reçoivent aucune éducation est une bien curieuse façon de traverser ce passage initiatique vers l’âge adulte. Ils subissent, survivent, mal nourris et se créent néanmoins de beaux et précieux moments d'amitié et de solidarité. Les rares tentatives de rebellions sont vite réprimées sous les coups d’un surveillant.

    Les adultes de cette histoire sont pratiquement tous au-delà de la caricature du sadique, du faible ou de l’inconscient et ne sont jamais, ou si peu, préoccupés par cette enfance qu’on martyrise sous leurs yeux.

    D’un classicisme vraiment bienvenu je trouve et sans effet tire-larmes (si ce n’est une musique très insistante dans les moments les plus lourds), ce film qui pourrait être la version très très sombre des « Choristes » est porté par l’ensemble de ses jeunes acteurs tous remarquables sans exception.

    Les Hauts murs - Emile Berling et Guillaume Gouix

  • Le grand alibi de Pascal Bonitzer *

    Le Grand alibi - Mathieu Demy
    Le Grand alibi - Mathieu Demy

    Monsieur le Sénateur (Pierre Arditi, tellement rocailleux qu’il va finir par être inaudible) et Madame (Miou Miou tellement effacée qu’elle va finir par disparaître) reçoivent dans leur grande demeure/château avec piscine. Les invités s’aiment ou pas, se supportent ou pas sans qu’on sache vraiment quels liens les lient les uns aux autres. Mais on saura qui couche ou a couché ou couchera avec qui. Passionnant… Evidemment, on le sait, le scénario est tiré d’un roman d’Agatha Christie donc rapidement il y a un meurtre que sera chargé d’élucider le lieutenant Grange et les nombreux personnages semblent avoir tous une bonne raison d’avoir assassiné le Professeur Pierre Collier, au bord de la piscine avec un 7-65 !

    Que dire ! Oscillant entre sérieux et burlesque Pascal Bonitzer hésite sans cesse et ne se décide jamais. Dommage, burlesque ça aurait pu être bien. Du coup, on  ne sait jamais non plus sur quel pied danser et l’apathie des personnages finit par gagner le spectateur qui s’assoupit mollement dans son fauteuil. Si ce n’est une scène (trop courte) entre Miou Miou et Pierre Arditi qui nous sort de la torpeur, ce n’est pas rien de dire qu’on s’en fout un peu, beaucoup, passionnément de tout ça. A propos des acteurs, tous relativement apathiques devant défendre des personnages plutôt antipathiques, je dirai que Valeria Bruni tedeschise comme d’hab’, Anne Consigny complètement hagarde se ridiculise, et je décerne à Catherine Murino la palme d’Or de l’actrice tête à claques comme il y avait longtemps que je n’en avais pas rencontrée (la phrase est mal ficelée et tordue… mais j’ai la flemme). Elle a cependant le privilège d’avoir à proférer la réplique la plus tordante que j’ai entendue depuis longtemps également : « ne fais pas cette tête, tu ressembles à Bob l’Eponge »… Et ayant pu faire la connaissance très très récemment dudit Bob dans une salle d’attente où la télé braillarde et matinale était allumée, je peux confirmer que ce n’est pas un compliment.

    Que reste t’il et pourquoi une étoile me direz-vous ? Parce que j’en ai assez et plus qu’assez de cette hémorragie de bulles, qu’il faut que cela cesse et qu’il y a aussi et surtout les yeux de Mathieu Demy, la voix de Mathieu Demy, le sourire de Mathieu Demy, la barbe de Mathieu Demy… Mathieu Demy…

    Et puis aussi, un film dont le grand alibi est la connerie mérite bien une étoile... Non ? Mais si !

    Ah ! hélas je n’ai plus le temps (ce soir j'ai Cluedo) de vous parler de la… prestation ? apparition ? de Dany Brillant… hélas je n’ai plus le temps. Dommage si j’avais eu le temps je vous aurais parlé de Dany Brillant…. J MDR. LOL. PTDR…

  • L’un contre l’autre de Jan Bony °°

    L'Un contre l'autre - Victoria Trauttmansdorff et Matthias Brandt

    Ann, institutrice maternelle avec ses élèves et Georg, policier zélé et apprécié de ses collègues sont mariés depuis trop d’années mais donnent toujours (on se demande pourquoi et comment tant ils portent l’un comme l’autre le masque de la sinistrose sur le visage…) l’illusion d’un couple uni et modèle. La réalité est toute autre. Ann bat Georg, jusqu'au sang, jusqu’à devoir le faire conduire à l’hôpital parfois ! Que s’est-il passé ?

    En ce qui me concerne, j’y ai vu l’usure d’un couple qui a atteint le point de non retour où l’on ne voit plus chez l’autre que ses faiblesses et ses insupportables défauts, sans qu’aucun ne parvienne à l’admettre et à prendre la seule décision qui s’impose. Simpliste ? Sans doute. Mais au-delà, il est évident qu’Ann est malade, hystérique, dépressive et qu’elle déteste sa vie. Le réalisateur en ajoute une couche bien freudienne en nous montrant le père, connard intégral et autoritaire qui justifie que quand on a un père comme ça, on devient forcément castratrice. Ann a fait fuir jusqu’à ses enfants qui n’en peuvent plus de ses insatisfactions et réflexions permanentes. Avec Georg, le faible mari, aucune discussion même entamée par un sourire ne peut aboutir car Ann n’est jamais contente et même plutôt paranoïaque et méfiante. Ce n’est jamais bien, le bon moment, la bonne formule ou la bonne façon. Georg encaisse sans réagir les coups portés avec la main, les poings, les pieds puis divers objets qui tombent sous la main de la furie. Il rentre le soir avec des fleurs et jure à Ann qu’il ne la quittera pas. Ann continue de cogner, d’insulter, de mépriser et d’imposer sa loi. Leur quartier, leur immeuble, leur appartement, tout leur environnement est un appel au suicide. Tout est étroit, confiné, sombre, claustrophobique, ratatatiné et le réalisateur en remet encore une épaisseur en tournant l’hiver près du périph dans des couleurs sinistres et blafardes… certains parleront de clair-obscur « intéressant »… pas moi. C’est moche. Tout est moche. Georg a une tête à claques, un air de chien battu… et la morale de cette lugubre histoire est qu’un homme battu ne le reste jamais très longtemps… La situation se retourne contre le bourreau, et elle aime ça la salope !!! Pouah !

  • Deux jours à tuer de Jean Becker °°

    Deux jours à tuer - Albert Dupontel

    Comme l’affirme l’exécrable expression populaire, Antoine a tout pour être heureux : une jolie femme toujours souriante dans sa cuisine, de jolis enfants qui se couchent à 19 heures sans broncher, une belle maison de bourge (mais pas suffisamment grande pour que les enfants aient chacun leur chambre !!!), une énorme voiture qui se fait flasher à 240 sur l’autoroute, un métier merveilleux (publicitaire), des amis infaillibles, et surtout un chien fidèle… Par un beau matin de printemps, Antoine pète un plomb et décide d’envoyer péter tout le monde, femme, enfants, amis (mais pas le chien). Chacun en prendra pour son grade pour pas un rond et sera rhabillé pour l’hiver au même tarif.

    De mémoire de cinéphile je ne me souviens pas avoir vu un film aussi détestable de bout en bout avec la très désagréable impression d’être prise pour une conne. Les films de Jean Becker toujours ancrés dans le terroir étaient jusque là naïfs au mieux, au pire réacs comme je l’ai lu souvent. Il s’y dégageait néanmoins un parfum pas désagréable de sincérité, de bonhomie et les bons sentiments s’y ramassaient à la pelle. Ici, dès le début et la tirade surfaite d’Antoine au boulot, calquée sur celle des nez de Cyrano sonne faux. La suite sera à l’avenant et la méchanceté d’Antoine ne sera à aucun moment justifiée malgré la grande révélation finale (qu’on flaire au bout d’un quart d’heure… demandez à moitié, je lui avais dit « non, me dis pas que… ? » Et si U_U) par ce qui lui arrive. Comme Jean Becker prend le spectateur pour un con, j’ai appris qu’il avait demandé dans le dossier de presse de ne pas révéler la fin du film… Le pauvre ! Je mets au défi quiconque de ne pas avoir compris dès le début du film, mais je vais respecter ce vœu uniquement parce que je suis lâche et je ne veux pas d’ennui avec la police. Cela dit, quoiqu’il arrive à ce type, jamais on n’accepte ni on ne comprend pourquoi il en vient à régler ses comptes avec autant d’acharnement et de brutalité, surtout pour implorer beaucoup plus tard une demande de réhabilitation aux yeux de tous… Ses amis sont riches, bon, et alors. Apparemment l’argent qu’ils ont, ils ne l’ont volée à personne et lui aussi semble s’être bien repu du système qu’il condamne. Lorsqu’il décide de tout quitter il le fait quand même au volant de son énorme voiture ostentatoire. Avant cela il regarde sa femme dans le blanc des yeux et lui affirme qu’il ne l’aime pas. Il prend un malin plaisir à être inutilement cruel avec ses enfants (je dirai 5 et 8 ans…). Seul le chien sera épargné et méritera jusqu'au bout caresses et attention.

    Et le voilà parti, direction l’Irlande où vit son père, misanthrope et pécheur à la mouche devant l’éternel qui l’a abandonné à l’âge de 13 ans. Grandes retrouvailles, grandes révélations… que dalle et le pire, l’émotion est absente, le cœur et les yeux demeurent irrémédiablement secs. Reste quelques vues superbes de l’Irlande mais c’est trop peu pour que cessent les soupirs de consternation devant cet inutile et stupide jeu de massacre.

    Que penser d’un film dont la première heure est une épreuve, la dernière demi-heure un attrape-nigaud et qui ne traite bien que les chiens ? Rien de bon en tout cas. Fuyez.

  • Iron Man de Jon Favreau ***

    Iron Man - Robert Downey Jr.
    Iron Man
    Iron Man - Robert Downey Jr. et Gwyneth Paltrow

    Tony Stark est un fabricant/marchand d’armes, milliardaire (forcément), cynique, play-boy, jet-setter qui tombe TOUTES les filles rien qu’en battant des paupières. Il est cool, il  est beau, il a la classe... on se calme ! Une vente d’armes tourne mal en Afghanistan et voilà le VIP chic et choc kidnappé par des très méchants et contraint sous la torture de fabriquer le missile du troisième millénaire pour ses ravisseurs. Il parvient à les berner et à construire une armure hig-tech révolutionnaire (dans une grotte afghane, scusez du peu) qui va lui permettre de s’échapper. Revenu à la civilisation, l’ex fournisseur d’engins de mort veut se racheter une conduite…

    Il n’y a pas que les westerns dans la vie.. et non, il y a aussi les super-héros et il y avait des lurettes que je n’étais tombée sous le charme d’un d’entre eux (Monsieur Indestructible, ça compte ou pas ?). Alors là, yououououpiiiiiiiiiiiiiiiiiih en voilà un nouveau, tout neuf, jamais vu, que je ne connaissais même pas car je ne suis pas lectrice de comics. Qu’à cela ne tienne, je vais me rattraper.

    On peut se demander ce que serait ce super héros et ce film tout entier (quoique fort réussi à tout point de vue) sans Robert Downey Jr. qui s’impose instantanément comme le super héros qui va sauver la planète. Celui  qu’on attend donc. Et pourtant il a quelques ratés au démarrage ou à l'atterrissage parfois et se prend de sacrés gadins... tordant, forcément, c'est Robert qui tombe. Robert Downey Jr est cet acteur incroyable, époustouflant, le seul qui puisse rivaliser en charme, séduction, humour, second degré et cool attitude avec George Clooney, pas moins… mais qui hélas crame sa vie par les deux bouts de chandelle et qui revient régulièrement comme un survivant ! J’espère que cette résurrection est la bonne, la définitive car chacune de ses apparitions dans chacun de ses films est étourdissante. Cet acteur est EXTRAORDINAIRE ! Bon, stop… revenons en à notre homme d’acier ce qui est absolument incorrect puisque l’armure est faite de titane etc… et ben, voilà déjà que je parle comme Tony Stark. C’est merveilleux. Donc Tony, c’est Robert qui est Iron… et le film se termine par « The truth is : I’m iron man ! » et donc, on attend la suite à peine sorti de la salle. C’est bien bon.

    Tony-Robert-Iron en chie des ronds de chapeau pour faire régner la paix après avoir vendu la guerre mais à ses côtés il a la fidèle et indéfectible Pepper Potts (absolument charmante Gwyneth Paltrow) qui en pince grave pour son patron (comme nous… toutes… si, si !). Régulièrement ils se regardent le fond d’œil humide et se jurent  réciproquement en tremblotant du menton « je n’ai que vous sur terre » et se le prouvent… sans jamais se toucher car cet amour plus fort que l'amour est platonique ! Le méchant traître comme il se doit est l’ami de 30 ans : on le voit dans son fond d’œil aussi dès sa première apparition. Et puis le message naïf, tout cool mais qui fait toujours du bien à entendre est : « la guerre c’est pas bien, la paix c’est mieux ».

    Mais le nec, le must, le plus…c‘est Robert Downey Jr que je ne me lasserai jamais d’entendre et voir balancer ses répliques idéales avec son œil de velours qui frisotte et son sourire à peine esquissé telle que « Servez-moi un scotch, je meurs de faim »… si c’est pas cool ça !

  • Ulzhan de Volker Schlöndorff °

     

    Ulzhan - Philippe Torreton
    Ulzhan

    Charles a le cœur dévoré de chagrin. Sur une photo qui ne le quitte pas : une femme et deux enfants manifestement disparus… Nous apprendrons plus tard que oui, ils le sont, disparus. Pour noyer ce chagrin et s’oublier lui-même Charles boit des litres de vodka, abandonne papiers, voiture et portable sur le bord d’une route oubliée du Kazakhstan et part à pied into the wild…

    En route il va croiser Ulzhan, institutrice qui enseigne le français à de petits kazakes hilares. Ulzhan est une très jolie jeune fille évidemment aux cheveux savamment enroulés dans un crayon et qui va tout abandonner sur un battement de cils pour suivre Charles qui ne cessera de la repousser. Autre rencontre celle de Shakuni, clodo itinérant « marchand de mots »… En plein cœur des steppes de l’Asie Centrale et compte tenu de l’opulence manifeste de ses habitants, dépenser son argent à acheter des mots semble tout à fait vraisemblable. Le plaisir impatient que j’avais à retrouver plus de trente ans après Heinz Bennent (Oscar le Tambour, souvenez-vous) a été totalement gâché par sa prestation turbulente au-delà du ridicule et du supportable. Il est vrai que tous les « Raymond la Science » de la terre m’ont toujours paru ronflant, gonflant, gavant… Les divagations effleurées sur les goulags et les essais nucléaires dans la « région » (comme ils disent dans le poste) n’arrangent et n’apportent rien à l’affaire. Autant dire qu’on ne croit pas une seconde à ces rencontres providentielles pas plus qu’à cet amour et à cette amitié prétendument salutaires. L’aspect contemplatif de l’histoire échappe totalement, malgré l’application de Philippe Torreton à porter la misère du monde sur ses larges épaules, tant les dialogues sont niais « Pourquoi êtes-vous institutrice Ulzhan ? », « Quel est ton secret Charles ? », et les situations artificielles. Au bout d’un moment la musique pseudo ethnique de l’incontournable Bruno Coulais, la beauté époustouflante des paysages tantôt ravagés tantôt à couper de souffle de magie finissent par ne plus suffire à remplir le vide et l'invraisemblance, ont raison de la patience tandis qu’un ennui et un désintérêt incommensurables se sont installés, définitivement.

  • Funny Games US de Mikael Haneke ***

    Funny Games U.S. - Naomi Watts, Tim Roth, Michael Pitt et Brady CorbetFunny Games U.S. - Michael Pitt
    Funny Games U.S. - Tim Roth et Brady Corbet

    Ann, George et Georgie, la famille idéale épanouie américaine se rend en vacances avec bateau et grosse voiture dans sa superbe résidence secondaire au bord d’un lac. A peine sont-ils arrivés que deux jeunes gens très polis, trop polis, Peter et Paul s’introduisent chez eux sous un fallacieux prétexte. Ann a juste le temps de se méfier qu’il est déjà trop tard. Les deux garçons vont proposer un jeu en forme de pari à la famille : « d’après vous serez-vous encore en vie dans douze heures ? ».

    Je ne pourrai faire aucune comparaison car je n’avais pas vu la première version autrichienne du film d’Haneke, j’avais trop peur. Cette fois, je me suis dès le générique et à juste titre cramponnée à mon siège et j’ai avalé ces presque deux heures d’ultra violence, quasiment en apnée. Pourtant seuls les effets seront montrés à l’écran, les coups portés restant toujours hors champ. Le réalisateur a bien compris que faire travailler l’imagination est plus pertinent que d’imposer des scènes de torture explicites.

    Depuis le jour où j’ai vu « Black Mamba » enterrée vivante dans « Kill Bill » je n’ai jamais connu expérience aussi traumatisante et flippante au cinéma. Sauf que dans « Kill Bill » il ne s’agissait que d’une scène… Autant vous le dire, ici tout le monde y passe : le chien, le petit garçon, le père, la mère. Face à eux deux tarés bien perturbés et visiblement désoeuvrés qui déciment des familles par simple goût du jeu et de la violence gratuite. Torturer moralement puis physiquement leurs victimes terrorisées EST le jeu mais évidemment ils sont les seuls à jouer bien qu’ils prétendent le contraire. L’autre principe de base du jeu est de ne jamais se départir d’une correction qui confine à l’obséquiosité. Pour interpréter ces deux dépravés, Haneke a fait appel à Michael Pitt, assez génial, horripilant à souhait, plus inquiétant que l’Alex d’Orange Mécanique avec ses gants blancs, son sourire perpétuel et sa coupe de cheveux débile et à Brady Corbet (vous vous souvenez ? le petit garçon traumatisé de « Mysterious Skin ») parfait en déséquilibré incontrôlable. Quant aux victimes, on ne peut que rendre grâce à Haneke d’avoir vu en Tim Roth (toujours extraordinaire) un acteur et non un emploi. Jusque là pratiquement toujours cantonné à quelques rares exceptions près (comme dans le magnifique et boudé « L’homme sans âge » de F.F. Coppola) aux rôles de vilains pervers, il est ici la pure victime, celui qui dès le début est rendu impuissant car immobilisé par une jambe cassée et donc obligé d’assister sans pouvoir réagir à ce qu’on inflige à sa famille. Naomi Watts, victime aussi mais comme souvent, met ici une belle énergie à résister, en vain mais jusqu’au bout, à ses tortionnaires. Le petit garçon, Tom Gearhart, dans un rôle quasi muet interprète la terreur et nous la communique avec effroi.

    La mise en scène est exemplaire dans un décor qui se veut chic mais qui m’a plutôt évoqué un hôpital psychiatrique… tout ce blanc !!! Et puis, brusquement et alors que le pire est arrivé… une accalmie dans l’horreur nous fait entrevoir un espoir. Dans une scène à la fois éprouvante et pleine d’espérance, les survivants cherchent et trouvent les moyens de s’en sortir. Les bourreaux ne sont plus là et la tension n’a pourtant jamais été aussi extrême et insupportable. Je vous laisse découvrir la suite…

    Que faut-il en penser ? Que la violence et le sadisme peuvent faire irruption dans votre vie avec une telle brutalité qu’on a du mal à imaginer comment on réagirait. Mais aussi comment des êtres humains peuvent faire subir « ça » à d’autres êtres humains restera toujours une question sans réponse pour moi. Haneke semble amorcer un semblant de réponse en évoquant les images dont nous sommes littéralement gavés et leur interprétation. A un moment le très dérangé Peter zappe frénétiquement hypnotisé devant la télé. Plus tard, alors que les évènements ont pris une tournure inattendue qu’il n’avait pas prévue et qui ne lui convient pas, Paul prend la télécommande et rembobine le film qu’on est en train de voir pour que l’issue soit celle qu’il a planifiée. Manifestement, pour certaines personnes déséquilibrées (ou pas) fiction et réalité se confondent et fusionnent… sauf que dans la réalité souvent quand on tire un coup de feu à balle réelle, elle fait des dégâts irréversibles.

    Film indispensable ou inutile, je n’en sais rien… Grand film dérangeant, traumatisant et admirable : oui !

     

    Funny Games U.S. - Affiche américaine