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Cinéma - Page 184

  • 11.6 de Philippe Godeau ***

    11.6 : affiche

    Elle n'est pas banale du tout l'histoire de Toni Musulin convoyeur de fonds modèle responsable en 2009 du détournement de 11.6 millions d'Euros dont 2.5 millions n'ont jamais été retrouvés et qu'il assure ne pas avoir cachés. "Quelqu'un s'est servi" dira t'il laconiquement aux enquêteurs. Toni Musulin n'a pas été capturé, il s'est livré lui-même au terme d'une dizaine de jours de cavale. Et lorqu'on sort de la salle, on a en tête bien plus de questions qu'en y entrant.

    A la question "comment ?", le réalisateur répond et nous montre effectivement comment Toni Musulin a organisé et réussi le casse parfait, sans la moindre violence physique et avec un souci pointilleux du détail. Il a la bonne idée de nous laisser découvrir au fur et à mesure chacun des agissements de ce non héros mutique et obstiné. Comment de collègue charmant, de conjoint vivable, il se transforme en être odieux, comment il fait le vide autour de lui pour agir seul et n'impliquer personne. Pour protéger son entourage en quelque sorte.

    La réponse à la question "pourquoi ?" reste confuse, obscure. L'opacité du personnage demeure de bout en bout. Il dira "j'aime la solitude et le silence". Et à peine verra t'on poindre un soupçon de ras le bol envers une hiérarchie qui lui refuse une journée de congé, qui le rend corvéable à merci au prétexte qu'il n'a pas de famille, qui l'escroque sur le paiement de ses heures de travail. Est-ce contre cette société qui ne connaît que la productivité au risque de ne pas respecter le règlement que Toni Musulin se rebelle finalement ?

    Toujours emprisonné pour l'instant et à l'isolement pour ne pas recevoir de pressions de la part des autres détenus sur la prétendue cachette des 2.5 millions, Toni Musulin n'a toujours pas révélé son secret.

    Philippe Godeau scrute et tente d'analyser la personnalité du personnage et c'est une réussite totale car il se repose sur la Ferrari des acteurs français, François Cluzet. Le visage de cet homme est un paysage qui s'anime à peine. Sa voix est un instrument aux modulations uniques. Et le sourire à peine perceptible lorsque le commissaire lui annonce le sort réservé à l'entreprise qui l'exploitait, du grand art !

  • OBLIVION de Joseph Kosinski *

    Oblivion : affiche

    Je crains que Monsieur Joseph Kosinski ait tenté de faire son 2077 - L'Odyssée de l'Inception à grand renfort de zim boum patatra, de rebondissements en cascades et de twist again à gogo. Autant le dire sans tergiverser, c'est complètement raté et un peu d'humilité aurait plus convenu au projet. Ou pas.

    Qu'en est-il de cet oblivion ? En 2077 donc, des extra-terrestres appelés chacals ont déboulonné la Lune et envahi la Terre. Le Terrien toujours aussi bas du bulbe a sorti sa réserve de bombes atomiques et le héros Jack Harper dit en voix off : "on a gagné la guerre mais la terre est dévastée". En effet, il ne reste plus rien. Et le peu d'humains survivants est parti se planquer sur Titan une planète d'un autre système.

    Sur la Terre, dans un appartement high-tech suspendu dans l'air demeurent Jack Harper (Tom Cruise) et Vika (Andrea Riseborough... je crois que j'aime cette fille d'amour), un binome chargé de sécuriser le périmètre avec des gros pistolets en plastique et de réparer les drones. Bon. Plus que 15 jours et le couple rejoindra Titan. Sauf que Jack n'a pas envie de quitter la Terre et qu'en plus il fait un rêve récurrent où une brune à grosse bouche lui fait des sourires niaiseux. Jack est troublé et se réveille toujours en sursaut du coup. Forcément, ça fait peur cette grosse bouche ! Il faudra qu'on m'explique comment, quand on a Andrea Riseborough à côté de soi on peut être troublé par Olga Kurylenko qui sert à rien !!! Mais bon, en même temps faut pas s'affoler... A une époque, on voyait Gemma Arterton qui sert à rien partout et ça s'est calmé. En ce moment c'est la Kurylenko qui sert à rien qu'on voit partout. 

    Soit... Pendant que Jack fait son Maverick au volant de son engin spatial tout en parlant à Bob, la petite poupée qu'il a collée sur le tableau de bord (!!!) Vika ne le quitte pas des yeux sur ses écrans de contrôle qui lui disent "est-ce que Jack et toi vous faites un bon binome ?" et elle répond "oui, un autre jour au paradis". Elle reste à la maison dans des robes à tomber, et le soir, elle lui prépare des ptits plats juteux avant de se mettre à oilpé et de le vamper dans la piscine qui tient toute seule dans l'air. Elle lui dit "viens je vais te montrer un truc". Et elle ne lui montre rien. Jack ne résiste pas. Mais il se baigne avec son pantalon. C'est pour ça.

    Un jour, c'est le matin et Jack s'énerve contre un drone qui veut lui tirer dessus. Et il sauve une fille dans un sarcophage. Pile poil la fille de ses rêves. Je rigole pas, c'est LA fille dont auquel il rêve et qu'il se réveille en sursaut après, rapport à la grosse bouche qu'elle a, qui fait peur. Il la ramène à la maison et Vika fait la tronche dans sa belle robe. Elle veut lui faire une piqûre parce qu'elle a vomi partout. Normal, la fille elle a dormi pendant 60 piges, Julia elle s'appelle, et quand t'as dormi si longtemps, tu vomis. Elle dit "touche moi pas toi, nan mais oh,  allo quoi ?" Jack est bien embêté avec ses deux meufs qui peuvent pas se voir en peinture. Il manque de se faire capturer par des mauvais qui ont des combinaisons noires et des plumes mais il arrive à se libérer. Le chef c'est Morgan Freeman. Là, j'ai textoté à mon mec (parce que les SMS i passent bien entre nous !) : "'tain, y'a Morgan Freeman avec un scaphandre et des plumes, je sais pas si c'est un mauvais ou un gentil !". Et il m'a répondu : " t'inquiète poulette, te laisse pas impressionner par les plumes, Morgan c'est jamais un badass". J'étais rassurée et je me suis concentrée sur autre chose, ça occupe, ça énerve, ça détend.

    Parfois Jack sort du périmètre de sécurité et va dans un endroit pas irradié où il a une maison près d'un étang avec des arbres, des fleurs et tout. Il pique un roupillon en pensant au PSG/Barça foot-ball et... hop, il se réveille en sursaut ! Et puis, il s'éloigne et il tombe nez à nez avec... lui-même. Et Morgan lui montre toute une usine de Tom Cruise. Des Tom Cruise par milliers. On sait plus qui est le bon. Heureusement, il a une petite croûte sur le nez, rapport à un bobo qu'il s'est fait. Et du coup, on sait que le bon, c'est lui. Sauf que non...

    Oh et puis flûte, j'en ai ras le bol de parler de ce film. Et puis je ne veux pas spoiler. ça twist un max à la fin de toutes choses !

  • QUARTET de Dustin Hoffman *

    Quartet : affiche

    Dans cette maison de retraite grand luxe, Beecham House, les pensionnaires sont tous d'anciens musiciens et chanteurs d'opéra qui ont jadis connu leur heure de gloire. Comme chaque année, un gala de fin d'année est proposé à de généreux donateurs qui permettent ainsi à l'illustre maison d'éviter la fermeture. Chacun doit y aller de sa chansonnette ou de son concerto ! Reginald, Cissy et Wilfred voient débarquer avec surprise le quatrième membre de leur ancien quatuor, Jean... celle dont l'ego surdimensionné et toujours d'actualité avait mis en péril les amitiés et les amours du groupe.
    La grande question est de savoir si oui ou non Jean acceptera de remonter sur scène pour ce gala. Le suspense est total et entier vous imaginez bien.

    J'attendais un peu plus de cette comédie du troisième voire quatrième âge ! Mais il faut bien l'avouer c'est mauvais, naïf, paresseux pour ne pas dire ennuyeux, sans grand intérêt et Dustin Hoffman aurait pu s'abstenir ! Toute cette tendresse, toute cette joyeuseté sonnent faux et creux et n'émeuvent jamais. Et puis, c'est bien beau de vouloir mettre en vedette des personnages qui frisent les 80 balais, encore faut-il y mettre un tantinet de réalisme ou alors faire le choix de les laisser en bonne santé ! Un personnage a été victime d'un AVC ? Il boitille à peine. Evidemment, on est pas obligé de se refaire une interprétation à la Anthony Hopkins dans Légendes d'Automne (allez à 1mn20, ça vaut l'jus !) mais quand même ! Une autre est atteinte d'un Alzheimer ! La maladie fait d'elle une petite dame tout à fait adorable et inoffensive qu'il suffit de rabrouer un peu pour la remettre sur les rails. Tout cela est très charmant et totalement surréaliste. Des scènes incongrues sans finesse tombent ça et là pour tenter de faire un lien "transgénérationnel" ! Ah la visite des djeunz et du rappeur et les analogies entre rap et opéra !!! Ah le discours lacrymo-larmoyant de la directrice de la maison de retraite ! Ah le cabotinage de Michael Gambon ! Et je ne dis rien du personnage absolument insupportable de Billy Connolly en vieillard priapique censé être drôle j'imagine.
    Il y a bien de ci de là quelques remarques sur le fait qu'à la vieillesse tout fout le camp, la peau, la forme, la voix... mais c'est tellement lourdingue et niaiseux qu'on frôle l'overdose de bons sentiments !

    Pourquoi une étoile me direz-vous ?

    La musique, sublime. Et puis surtout les oeillades de Tom Courtenay et Maggie Smith, tous les deux très classe, élégants, séduisants. Ils méritaient mieux que ce navet. Le reste est à jeter aux orties !

  • EFFETS SECONDAIRES de Steven Soderbergh °

    Effets secondaires : affiche

    Synopsis : Jon Banks est un psychiatre ambitieux. Quand une jeune femme, Emilie, le consulte pour dépression, il lui prescrit un nouveau médicament. Lorsque la police trouve Emilie couverte de sang, un couteau à la main, le cadavre de son mari à ses pieds, sans aucun souvenir de ce qui s’est passé, la réputation du docteur Banks est compromise…

    Si vous vous attendez à un brulot contre l'industrie pharmaceutique, passez votre chemin et soyez rassurés, le prozac et l'effexor sont réhabilités dans le film : ouf ! Le premier quart d'heure, malin et palpitant nous laisse beaucoup espérer. Un psychiatre multiplie les heures de travail et s'accoquine avec un labo pour arrondir les fins de mois. Un jeune marié sort de prison après avoir purgé sa peine pour délit d'initié et rejoint sa jeune épouse dépressive récidiviste...Hélas passé ce préambule prometteur, Soderbergh fait volte face, triture, manipule et entreprend un virage à angle droit pour bâcler un petit trhiller misogyne où les filles sont des poules de luxe prêtes à tout pour que leur niveau de vie ne baisse pas. Minable !

    Rooney Mara est toute mimi et fait très bien la dépressive mais ne dégage rien aucun mystère. Jude Law est aussi désincarné que Gigolo Jo et il est grand temps que quelqu'un ose lui suggérer de se débarrasser de la houpette ridicule posée sur le sommet de son crâne. Il me fait trop penser à ça. Catherine Zeta Jones est transparente. Vinessa Shaw ne sert à rien et Channing Tatum a une panne d'érection !

    J'étais triste d'entendre ce matin dans le poste que Soderbergh souhaitait arrêter le cinéma. Après avoir vu ce film je me demande si ce n'est finalement pas une bonne nouvelle.

  • STORIES WE TELL de Sarah Polley ***

    Stories We Tell : affiche

     

    Synopsis : Sarah Polley a une famille (presque) normale… Et presque comme toutes les familles, la sienne cache un secret. Quand Sarah le découvre, elle décide de se lancer à la recherche de la vérité.
    Mais quelle vérité ? Celle de ses parents, acteurs comme elle, celle de ses frères et sœurs, celle des amis d'antan ? Jouant les détectives avec une ironie et un naturel désarmants, elle va démêler sous nos yeux la pelote de toutes ces histoires qu'on raconte, et auxquelles on finit par croire. La légende familiale se construit alors sous nos yeux, entre faux-semblants et sincérité, humour et tendresse.
    A la frontière de plusieurs genres cinématographiques, tordant le cou aux clichés du documentaire et du cinéma vérité, cette œuvre inclassable et si personnelle mêle souvenirs et fiction, mystères et fausses pistes, mensonges et révélations. Bref, l'histoire d'une famille comme les autres !

    Comme il arrive parfois aux réalisateurs, l'actrice/réalisatrice Sarah Polley s'offre une psychanalyse à la face du monde et à la recherche de ses origines. En proposant et magnifiant le portrait d'une mère charismatique, envahissante, "bruyante" dira un de ses frères. Incarnation de la joie de vivre et trop tôt disparue cette femme, aussi exubérante que le père est réservé et solitaire ne se révèle pas aussi superficielle et limpide que tout le monde se l'imaginait. En convoquant ses souvenirs et tous les témoins vivants qui ont côtoyé l'absente, frères, soeur(s), oncles, tantes, amants de la défunte, Sarah Polley interroge chacun. Et chacun livre sa vision, sa perception de l'histoire commune. Et c'est fascinant. Un tel assure avoir rencontré tel autre le jour de l'enterrement et ce dernier assure qu'il n'y était pas. La réalisatrice s'amuse à brouiller les pistes et réussit même à instiller un suspense en brassant interviews, vrais documents et reconstitutions avec des acteurs.  

    Sarah Polley qui semble avoir hérité du tempérament enthousiaste de sa maman, aurait pu réaliser un documentaire lacrymal tant ce qu'elle découvre et confirme remet en question de certitudes et semble perturbant. Elle parvient au contraire à se mettre en retrait, observatrice de sa vie et de sa famille et fait de son film, entre vraie fiction et faux documentaire, une oeuvre touchante et universelle.

  • LA CITÉ ROSE de Julien Abraham ***

    La Cité Rose : affiche

    Synopsis : "Mitraillette" a 12 ans. Il vit à la Cité Rose, sa cité qu'il ne quitterait pour rien au monde. Son univers, c’est sa famille : Isma, son cousin de 16 ans, qui admire Narcisse, le caïd du quartier et prend un mauvais chemin. Son grand frère, Djibril, 22 ans, étudiant à La Sorbonne et qui rêve de devenir avocat. Mitraillette, lui, aimerait juste sortir avec Océane, la plus belle fille du collège... Leurs destins sont liés, au sein d'un quartier, au cœur de ses tours où les rêves, parfois, se payent cash.

    Quelques mots sur ce film formidable avant de partir... car en effet, il vaut bien mieux que son affiche, que la niaiseuse jolie phrase en exergue et même que sa bande-annonce qui donne le sentiment de voir tout le film en condensé. Porté par une énergie et une tchatche vigoureuses, le réalisateur réussit à allier la chronique de la vie dans une cité du 93 et une histoire de gangsters. Ses héros issus de toutes les cultures possibles et imaginables se composent d'un melting pot black, blanc, beur, asiatique et gitan. Pour la plupart d'entre eux, Paris c'est Disney Land et ils n'y mettent parfois les pieds que pour de mauvaises raisons. Car hélas la Cité est gangrénée par le trafic de drogue et les petits caïds à la fois minables et redoutables n'hésitent pas à recruter parmi les plus jeunes attirés par l'argent facile et l'illusoire et éphémère prestige tape à l'oeil.

    Drôle et émouvant, courez voir ce film au casting non professionnel épatant.

  • GUERRIÈRE de David Wnendt **(*)

    Guerrière : affiche

    Marisa a une personnalité complexe. Elle est tendre avec sa mère, très proche de son grand-père hospitalisé à qui elle rend de fréquentes visites. C'est ce grand-père adoré qui l'a toujours appelée "ma guerrière", lui apprenant dès son plus jeune âge à résister, à la douleur, à l'effort... avec de drôles de jeux bizarres ! Mais Marisa est aussi la petite amie de Sandro et partage ses idées nationales-socialistes. Ils font partie d'un gang de néo-nazis. Ils sèment la terreur et la violence dans leur petite ville du nord de l'Allemagne.

    Marisa aime son pays mais n'est que haine vis-à-vis de tout ce qui n'est pas allemand, responsable selon elle des difficultés économiques du pays. Sa rencontre avec un réfugié afghan qui souhaite rejoindre sa famille en Suède et Svenja, jeune fille sage hypnotisée par la vie du groupe va faire vaciller ses certitudes.

    Terrifiant portrait réaliste d'une jeune femme qui ne s'exprime que par la haine et la violence, Guerrière fait vraiment flipper. Mais en voulant dénoncer (je suppose, j'espère) la montée ou les dérives de ces fanatiques le réalisateur en fait trop. Trop dans la caricature des néo-nazis crânes rasés, croix gammées et aigle de la Werhmacht tatoués sur tout le corps. Ces brutes décérébrées sont incapables d'aligner deux mots, se gavent en boucle des discours d'Hitler, ruminent sans fin leur haine des juifs et des étrangers. Trop dans la dramatisation, la prise de conscience et le destin de son héroïne.

    Il n'en demeure pas moins un (premier) film fort, courageux au sujet rarement traité. Evidemment, la crise, le désoeuvrement, le poids de l'éducation pèsent lourd dans l'évolution de Marisa tout comme dans la rébellion de Svenja. David Wnendt insiste particulièrement sur l'influence décisive des parents, de la famille. La dernière réplique du grand-père (inattendue pour moi) fait froid dans le dos.

    La jeune actrice Alina Levshin dont c'est le deuxième film, est impressionnante.

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  • MYSTERY de Lou Ye ***

    Mystery : affiche

    Une jeune femme est percutée de plein fouet par une voiture lancée à vive allure. A l'intérieur, des jeunes gens ronds comme des queues de pelles ! Ils sortent de la voiture complètement sonnés et l'un deux achève la mourante à coups de pieds ! Démarrage choc et inattendu pour un film qui ne va cesser de changer de direction et additionner les révélations laissant le spectateur et les personnages KO.

    Lu Jie et Yongzhao sont mariés et semblent heureux dans leur bel appartement. Il a un bon boulot. Elle s'occupe de leur petite fille. Flash-back. Lu Jie fait la connaissance de Sang Qi dont le fils fréquente la même école. Les deux femmes se revoient. Sang Qi se confie en larmes à sa nouvelle amie. Elle craint que son mari ne la trompe. Au moment où elle reçoit cette confidence, Lu Jie aperçoit son mari au bras d'une jeune fille, prêts à entrer dans un hôtel. C'est la fille du début qui a succombé à ses blessures. Lu Jie, effondrée, se met à épier son mari, entame une descente aux enfers. Ce qu'elle va découvrir la plonge dans un abyme d'incompréhension, de désespoir. A la lisière des passions qui agitent les personnages principaux, un inspecteur mène l'enquête.

    Comme dans le nauséabond Love and bruises, Lou Ye martèle que la chair est faible et la plupart du temps bien triste. Les personnages ont bien souvent comme seul argument de s'exprimer avec leur corps dans des rapports parfois contraints. Mais ici, les protagonistes sont plus manipulateurs que victimes et le drame familial, conjugal s'étoffe d'un polar dont tous les pièges se referment peu à peu sur ces êtres immoraux, manipulateurs, destructeurs. La ville de Wuhan et ses fréquentes pluies torrentielles créent une ambiance particulièrement appropriée à cette sulfureuse histoire.

  • LA RELIGIEUSE de Guillaume Nicloux ***

    La Religieuse : affiche

    En 1765, Suzanne jeune fille de 16 ans charmante et cultivée est envoyée au couvent. Ses parents désirent ainsi parfaire son éducation. Malgré sa foi sincère, elle ne comprend pas cet enfermement auquel n'ont pas été soumises ses deux soeurs aînées, mais y consent puisqu'il ne doit durer qu'une année. Sa bonté et son amour de Dieu provoquent l'admiration de la Mère Supérieure. Mais lorsque le curé, ami de sa famille vient annoncer à Suzanne que sa mère souhaite qu'elle prononce ses voeux, elle ne comprend pas ce désamour, refuse, finit par céder contrainte par une révélation de sa mère qui lui demande de l'aider à expier ses propres péchés, puis se révolte !

    Bien qu'on ne quitte quasiment pas l'enceinte d'un couvent, à aucun moment on a la sensation d'assister au procès des pratiques, rites et traditions de la religion catholique. Respectueux mais pas prosélyte, Guillaume Nicloux ne met pas la religion elle-même en cause mais bien les individualités qui la composent. Au travers du combat obstiné de Suzanne, le réalisateur dessine le portrait d'une scandaleuse dont la foi n'a d'égale que la force de caractère et la volonté implacable. Suzanne aime Dieu mais n'entend pas être "enfermée vivante". Et c'est avec infiniment de douceur, de patience et de courage qu'elle va tenir tête à toute la hiérarchie ecclésiastique. L'affronter sans faillir ni se laisser briser. Suzanne est un roseau qui plie souvent mais ne rompt point et se relève toujours de toute la cruauté dont elle est parfois victime. Même la bienveillance et la gentillesse de sa première Mère Supérieure ne la détourneront pas de son but. La cruauté, le sadisme d'une autre l'affaibliront sans l'abattre.

    Suzanne aura tout à affronter, le chantage affectif, la manipulation, la brutalité, le harcèlement moral et physique. Le courage de dire non, son combat pour la liberté sont un véritable hymne à la résistance, à l'émancipation féminine, à l'audace voire à l'héroïsme. Et tout ça sans jamais renier sa foi à laquelle on cherche aussi à lui faire renoncer. Suzanne est une guerrière d'une douceur impressionnante. Et comble d'impertinence, ce sont des hommes, curé, évêque, avocat, père... qui vont la soutenir dans son combat.

    Dire que Pauline Etienne illumine le film de sa radieuse présence est un doux euphémisme.

    NB. : voici l'autre atout imparable, incontournable, irrésistible de ce film... qui donne envie d'avoir besoin, ou besoin d'avoir envie... d'un avocat : 

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