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Cinéma - Page 190

  • COGAN : KILLING THEM SOFTLY de Andrew Dominik **

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    Dans un moment d'euphorie alcoolisée, Markie raconte hilare comment il a braqué lui-même son propre tripot où des types à la mine patibulaire jouent au poker. Mais le jour où il est à nouveau dévalisé par une équipe de bras cassés, la mafia est persuadée qu'il est encore à l'origine du coup. Elle envoie donc son "nettoyeur" chargé de remettre de l'ordre dans tout le bazar. Corriger Markie, retrouver les coupables et tirer dans le tas. Sauf que Cogan est un tueur patraque, un exterminateur fatigué qui répugne à faire souffrir les gens. Tuer oui, y prendre du plaisir non et surtout le faire à distance. Mais le type a néanmoins plus de sensibilité que de morale.

    Dans ce polar languissant va donc se croiser toute une cohorte de personnages qui tentent d'échapper les uns aux autres. Ils vont surtout énormément parler sans qu'on comprenne forcément de quoi et de qui il s'agit. Impossible de nier qu'il y a du Coen et du Tarantino dans cette approche absurde et jacasseuse des agissements de petits truands pas reluisants. Tout est crado, poisseux et sombre. On visite les sous-sols, les arrière-cours, les rues désertées. Et cela se passe pendant la première campagne présidentielle d'Obama. Et alors que le futur Président, omniprésent en arrière plan dans les radios et télévisions rassure le monde sur l'espoir qu'il fait naître et martelle les ondes de ses "yes we can", on ne voit que misère et déliquescence.

    On est hélas bien loin du chef d'oeuvre que fut L'assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford et plutôt face à un film impeccablement filmé certes mais qui se la pète grave et qui tourne un tantinet en rond et dont on se demande fréquemment quand il va enfin commencer. Les conversations interminables et absconses parfois finissent même par avoir par instants un léger effet soporifique.
    En outre, James Gandolfini, adipeux, libidineux, alcoolique est absolument insupportable et cabotine à outrances. Toutes les filles sont des putes et n'ont d'autre objet que de faire courir ce joli monde à sa perte.
    Dommage pour Ray Liotta, encore une fois sous employé.

    Par contre, LA star Brad Pitt, très classe derrière ses lunettes et dans son cuir noir, une des excellentes raisons de voir ce film inabouti, est sobre, ironique, faussement doucereux, las et désenchanté. Il grave une nouvelle fois dans le marbre la qualité d'une interprétation irréprochable. Sa toute dernière réplique "le monde dont nous parle ce type (Obama) n'est pas une communauté, c'est du business" donne une idée de l'atmosphère de plus en plus irrespirable d'un monde définitivement régi par l'argent.

  • LES TROIS MONDES de Catherine Corsini **

    Trois Mondes : affiche

    Le premier monde est celui de Al. Issu d'un milieu modeste, il va néanmoins d'ici quelques jours faire un « beau mariage » avec la fille de son patron, propriétaire d'un garage dont il reçoit la direction en cadeau de noces. Tout semble sourire à Al qui enterre sa vie de garçon avec ses deux meilleurs potes au cours d'une soirée follement gaie et fort arrosée.
    Le deuxième monde est celui de Juliette, étudiante en médecine, pétrie de doutes et enceinte d'un homme qu'elle n'est pas vraiment sûre d'aimer. On peut comprendre... ils sont aussi bien assortis que l'eau et le feu.
    Le troisième monde est celui de Vera, jeune sans papiers moldave qui partage sa vie avec son amoureux. Les deux jeunes gens galèrent à Paris depuis plusieurs années pour tenter de régulariser leur situation.
    Rien n'aurait dû faire se croiser ces trois mondes sauf que la nuit de la beuverie, Al au volant d'une grosse mercédès empruntée au garage de son futur beau-père renverse Adrian, l'amoureux de Vera. Juliette à sa fenêtre est témoin de la scène. Encouragé par ses deux amis, Al fuit, laisse Adrian inconscient sur la chaussée sans même lui porter secours. Le lendemain, rongé de culpabilité mais conscient que se dénoncer bousillera sa vie, son avenir si prometteur, il rend néanmoins visite à Adrian à l'hôpital où il croise Juliette qui le reconnaît...
    Parfois cousu de gros fils blancs très, trop visibles et qui manque vraiment de subtilité : la façon miraculeuse dont tous les personnages se retrouvent (notons au passage que le service de réanimation de l'hôpital est un moulin à vent, un hall de gare...), la soudaine amitié qui lie Vera et Juliette, les sentiments qui secouent instantanément Juliette et Al, le film de Catherine Corsini interroge néanmoins le citoyen et spectateur moyens sur une multitude de questions auxquelles il est difficile d'apporter une réponse. Quelles horreurs sommes-nous capables de commettre pour ne pas perturber le cours idéal de notre vie ? Est-ce que la vie d'un homme a un prix ? Et lequel ? La réalisatrice réussit par instants à installer un climat délétère, une image du monde où des gens "biens" sont capables des pires choses pour préserver leur petit confort. Al n'est pas un sale type jusqu'à ce qu'il se mette à prendre toutes les mauvaises décisions. C'est sa mauvaise conscience qui le travaille et l'empêche désormais de dormir plus que sa morale. Et Raphaël Personnaz, clone d'Alain Delon jeune, même regard bleu sombre, même crispation des mâchoires est parfait en jeune loup aux dents longues, stoppé net, brusquement brisé dans sa spirale de réussite.

    On a beaucoup plus de mal à s'identifier ou à comprendre le personnage de Juliette (Clotilde Hesme) qui s'acharne elle aussi, bien que totalement extérieure au drame, à se foutre dans un pétrin sans nom en tentant de régler les problèmes de tout le monde, de résoudre leurs cas de conscience, de les consoler, d'être leur intermédiaire... Les personnages aussi gentils, aussi altruistes, aussi parfaits ont quelque chose de très agaçant et totalement irréaliste.

    En outre, Catherine Corsini nous présente assez maladroitement toute une bande de moldaves plus inquiétants les uns que les autres et semble régler des comptes avec les garagistes qu'elle nous présente comme des magouilleurs de première, limite mafieux. Et ça c'est drôle... involontairement.

  • TANGO LIBRE de Frédéric Fonteyne ***

    TANGO LIBRE de Frédéric Fonteyne,François Damiens, Sergi López, Jan Hammenecker,zacahrie chasseriaud, cinéma

    La Belgique est un pays différent, énigmatique. Il n'est donc pas surprenant que les cinéastes belges réalisent des films uniques qui moi me fascinent. Ici, JC un gardien de prison appliqué, solitaire et un peu triste prend des cours de tango. C'est la seule fantaisie qu'il s'accorde. Un jour, surprise ! il aperçoit au parloir de la prison où il travaille, sa partenaire d'un soir, Alice. La jeune femme glisse d'une table à l'autre pour rendre visite à son mari et à son amant qui d'ailleurs partagent la même cellule. Forcément, la singularité et la liberté d'Alice attirent JC. Et tout va se compliquer ou s'arranger, ça dépend des points de vue. D'autant qu'Alice a aussi un fils, un ado (Zacharie Chasseriaud, l'ange de Les géants de Bouli Lanners) qui n'entend pas partager encore sa maman avec un troisième larron.

    Frédéric Fonteyne a tout compris. La vie ce n'est pas que des larmes ou que des rires. C'est un mélange des deux, toujours. Et dans son film de parloir et de tango argentin (la danse la plus belle, la plus fascinante du monde) se succèdent la joie, la tristesse et la tension. J'ai vibré à cette histoire insensée, totalement foutraque où il suffit de se laisser porter par l'originalité des personnages pour s'enthousiasmer. Tous les acteurs rivalisent de charme et de tendresse. Quant aux scènes de tango dans la cour intérieure de la prison où des balèzes tatoués s'empoignent pour danser, elles sont euphorisantes !

    Un film qui fait du bien, différent, délirant. Un film belge.

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    NB. : pour cause d'actualité personnelle très perturbée... j'ai encore la possibilité de voir des films (heureusement) mais peu de temps et d'énergie pour rédiger des articles conséquents. Néanmoins je continuerai à vous parler des films que je vous recommande ou pas.

  • REBELLE de Kim Nguyen ***

    a royal affair,comme des frères,cinéma

    Une petite fille de 14 ans parle à son enfant qui va naître. Elle espère qu'il ne ressemblera pas à son père, qu'elle n'aura pas envie de le jeter dans la rivière dès qu'il viendra au monde et qu'elle parviendra à l'aimer... Il faut dire que Komona a vu à 12 ans les rebelles envahir son village. Ils l'ont obligé à tuer ses parents avant d'en faire une enfant soldat droguée qui sera régulièrement violée par son commandant. Un film révoltant, écoeurant, déchirant, éprouvant... (sans violon) et la petite Rachel Mwanda laisse un souvenir inoubliable.

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    NB. : pour cause d'actualité personnelle très perturbée... j'ai encore la possibilité de voir des films (heureusement) mais peu de temps et d'énergie pour rédiger des articles conséquents. Néanmoins je continuerai à vous parler des films que je vous recommande ou pas.

  • POPULAIRE de Régis Roinsard ***

    a royal affair,comme des frères,cinéma

    Une bulle de champagne ou de savon. Romain Duris et Déborah François irrésistibles sont à croquer, drôles. Tels Rock Hudson et Doris Day. Une reconstitution acidulée des années 50 qui ne sent pas la poussière. L'autre meilleure comédie de l'année.

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    NB. : pour cause d'actualité personnelle très perturbée... j'ai encore la possibilité de voir des films (heureusement) mais peu de temps et d'énergie pour rédiger des articles conséquents. Néanmoins je continuerai à vous parler des films que je vous recommande ou pas.

  • COMME DES FRÈRES de Hugo Gélin ***

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    un road-movie qui tient la route... Un premier film. Une histoire tire-larmes sur le papier mais qui réussit intelligemment à maintenir constamment la distance entre le rire et l'émotion sans aucune utilisation de violons glycémiques (cf. Juan Antonio Bayona qui devrait en prendre de la graine). Et des acteurs CRAQUANTISSIMES (Nicolas Duvauchelle, Pierre Niney, Mélanie Thierry...) très drôles et émouvants au point qu'ils pourraient faire pleurer des cailloux. Denis Ménochet en troisième larron et c'était le **** assuré. En tout cas, pour moi LA comédie française de l'année.

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    NB. : pour cause d'actualité personnelle très perturbée... j'ai encore la possibilité de voir des films (heureusement) mais peu de temps et d'énergie pour rédiger des articles conséquents. Néanmoins je continuerai à vous parler des films que je vous recommande ou pas.

  • A ROYAL AFFAIR de Nikolaj Arcel ***

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    Il faut aimer les films historiques, en costumes, tirés d'une histoire vraie. Et c'est mon cas. J'y ai appris des choses qui donnent envie de creuser le sujet concernant un pays dont je ne connais rien. J'adore ça. C'est passionnant. Jamais mielleux. Et les TROIS acteurs principaux sont PRODIGIEUX. Prix d'interprétation à Berlin mille fois mérité pour Mikkel Boe Folsgaard qui joue le roi fou, enfantin, naïf, torturé, perturbé, fragile et bouleversant.

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    NB. : pour cause d'actualité personnelle très perturbée... j'ai encore la possibilité de voir des films (heureusement) mais peu de temps et d'énergie pour rédiger des articles conséquents. Néanmoins je continuerai à vous parler des films que je vous recommande ou pas.

  • THE IMPOSSIBLE de Juan Antonio Bayona *

    The Impossible : photo Tom Holland (II)The Impossible : photo Tom Holland (II)The Impossible : photo Tom Holland (II)

    Le 24 décembre 2004 la famille Benett (papa, maman et les trois garçons, environ 13, 8 et 5 ans) est en route pour des vacances au paradis. En Thaïlande pour être précise. Dans l'avion qui les mène au bout du monde, les préoccupations sont diverses : monsieur s'angoisse, il n'a pas branché l'alarme de la maison. Il est sûr que non. Madame est sûre que si, il l'a fait. Elle est complètement décontractée du gland vis-à-vis de ce problème et du coup, Naomi Watts met sa tête sur le côté en faisant un sourire niaiseux qui semble dire : "ah nan mais j'vous jure, celui-là, quel numéro complémentaire j'ai tiré le jour où !" Par contre, question aérodromphobie, elle est au taquet ! ça, c'est pour bien nous expliquer que nous, pauvres mortels avons des inquiétudes bien crétines alors que dans pas bien longtemps on pourrait mourir dans d'atroces souffrances, et sans assurance ! Car personne ne l'ignore, la famille Benett est en route pour l'enfer puisque le 26 décembre, va s'abattre direct sur ses pieds, le pire tsunami de tous les temps. Et ce film est l'histoire vraie de la famille Benett qui porte un autre nom IRL mais on s'en cogne.

    Les deux premiers jours sont vécus comme dans un rêve. Tout est idéal, l'hôtel, la plage, la météo et la soirée de Noël est à gerber un modèle de perfection avec lâcher de photophores qui s'envolent dans le ciel étoilé. Le 26, madame est à la plage avec l'aîné, monsieur à la piscine avec les deux tiots. Faut qu'on m'explique comment on fait pour se baigner dans une piscine alors que l'Océan Indien est à deux pas ? Et puis non, je préfère ne pas savoir ! Il y a le début d'une amorce de petite tension entre monsieur et madame. Il pourrait perdre son emploi. Elle évoque l'idée de reprendre le boulot (elle est médecin), elle s'est assez sacrifiée occupée des moutards, merde. Ewan l'envoie péter et retourne jouer au ballon. Là, Naomie Watts penche sa tête sur le côté et fait un rictus d'agacement.

    Et soudain slurps, splatch, la vague ! L'horreur. La famille va se trouver séparée en deux groupes, maman et le grand d'un côté, papa et les deux petits de l'autre. Là, il est vrai qu'on peut s'accrocher aux bras du fauteuil car il ne s'agit pas de montrer une vague mastoc qui engloutit tout mais de démontrer que le moindre objet sous l'eau devient une menace, un danger mortel. Le réalisateur prend donc un malin plaisir à malmener Naomie, qui n'a même plus le temps de faire des mines mais simplement de crier mieux que Dakota Fanning chez Spielberg ! Il la propulse, la projette, la secoue, la heurte... Elle se cogne, se déchire, se coupe... Et au cas où on aurait pas tout bien compris, vers la fin... flash-back, Bayona ce sadique, nous en remet une couche pour nous expliquer comment exactement Naomie a eu la jambe à moitié arrachée, l'abdomen perforé, le dos tailladé ! Pour ceux qui rêvaient de voir Naomie morfler, Bayona l'a fait.

    Pour les autres, munissez-vous d'une tonne de kleenex. Car vous allez pleurer. En ce qui me concerne c'était de rire. Mais je n'ai pas de coeur, ça aide. Chaque scène est une aberration et enfonce un peu plus davantage le film dans un pathos écoeurant, accentué par une musique omniprésente à haute teneur glycémique. Jamais encore il m'a été donné d'entendre autant de violons simultanément. Tant de lourdeur frôle l'éléphantisme et j'avais presque honte de découvrir effarée jusqu'où le réalisateur pourrait aller pour tenter de nous manipuler les lacrymales. La scène où le fils aîné séparé de son père se croisent et se recroisent dans un hôpital sans se voir est un modèle de bêtise. Et les scènes idiotes au pathos gluant abondent. Ewan se retrouve à un moment avec quelques rescapés bien choqués. Chacun évoque comment il a vécu l'arrivée de la vague. Ewan dit qu'il aimerait téléphoner à sa famille. Un brave gars qui cherche sa femme et son bébé lui dit d'un air mou : "j'ai presque plus de batterie mais allez-y, téléphonez". Ewan gâche le forfait à pleurer comme un veau et finit par raccrocher. Il rend le téléphone à son proprio et tout le monde pleure autour de lui. C'était émouvant j'imagine. Puis, un type dit "il faut que vous rappeliez". Et là, gros plan sur chaque visage : "oui il faut que vous rappeliez" qu'ils se mettent à geindre tous en choeur... et l'autre tend son téléphone et dit "ziva, appelle". Et là, les bras m'en tombent. Evidemment, je suis d'accord, c'est Ewan McGregor et moi non plus je n'aime pas voir Ewan McGregor tout malheureux, mais pourquoi aurait-il la priorité sur les autres exactement dans la même situation ? Autre exemple, la mère est à l'hôpital, mal en point, très très mal en point. Naomie n'a même plus la force de pencher la tête sur le côté. Son fils l'a sauvée mais à l'hôpital y'a un putain de manque d'étiquettes qui fait que l'organisation c'est pas ça qu'est ça. Le gamin en a bavé des ronds de chapeau pour la ramener en vie et il ne veut plus la quitter des yeux. Et bien elle lui dit : "ya du taf ici, va donc te rendre utile !" J'appelle ça de la cruauté mentale. Sans compter, qu'avec sa jambe arrachée et tout le reste en lambeaux, elle a quand même tenu à sauver un enfant... Et j'en passe et des gentillesses sirupeuses à vous flanquer la nausée. 

    Bien sûr j'imagine qu'il y a dans ce genre de situations extrêmes, inimaginables, des actions inouïes, des actes héroïques, des hommes et des femmes qui se dépassent... Mais pourquoi fallait-il que toute l'humanité et la générosité soient rassemblées dans une seule et même famille ?

    Le final est un modèle d'imbecillité, de crétinerie et même s'il est une insulte manifeste au malheur qui s'est abattu sur cette région, à la mémoire des survivants d'un tel cauchemar comme à celle de tous les morts, je n'ai vraiment pas pu m'empêcher de rire... tant la publicité pour une compagnie d'assurance suisse tombe ici parfaitement incongrue et déplacée. Pour aller dans une région à risques mieux vaut donc se munir d'une bonne police nous dit Bayona. Et le regard embué (tête sur le côté) de Naomie dans l'avion du retour qui jette un dernier coup d'oeil à l'île dévastée semble dire : "elles sont ratées mes vacances, mais le soleil est de retour, je reviendrai".

    Vous allez me dire pourquoi * ? Et bien pourquoi pas ? Mais surtout, il y a dans ce film un petit bonhomme, ado débutant qui porte le film sur ses étroites mais solides épaules. Et il est incroyable. C'est Jamie Bell réincarné. A aucun moment il ne cabotine. Il est étonnant de justesse, jamais larmoyant. Il dégage une force et une intensité rares. Une révélation.

  • LE CAPITAL de Costa Gavras °

    Le Capital : photo Gabriel Byrne, Gad Elmaleh

    "La résistible ascension d'un valet de banque dans le monde féroce du Capital", dit le synopsis. Et effectivement, Marc Tourneuil n'est qu'un petit fouille-merde aux dents longues qui trottine à l'ombre de Jack Marmande, Président de la Banque Phénix qui va renaître de ses cendres, ah ah ah ! Mais lorsque ce dernier, atteint d'un cancer des couilles, est hors circuit, il nomme à sa place pour le représenter provisoirement ce qu'il croit être un second couteau. Fatale erreur, Marc Tourneuil est un requin qui va bouffer tout le monde et même les américains au dessert !

    Je ne vais pas gâcher le peu d'énergie que j'ai en ce moment pour déboulonner un film mauvais, un peu risible et très chiant. Mais quand même sâchez que l'erreur de casting est monumentale et le film ne s'en relève jamais. Je n'ai jamais été attirée par les prestations d'humoristes qui cherchent à faire leur "Tchao Pantin" et Gad Elmaleh se vautre lamentablement. A aucun moment il n'est crédible. Tout chétif dans ses beaux costumes qui coûtent une blinde, il passe son temps à faire des mines graves pour montrer que tout ça, c'est du sérieux et que la finance c'est trop un monde de pourris. Je m'attendais à tout moment à ce qu'il retire son nez rouge et nous lance : "J'suis dons zune mirde intirnationale, j'suis poursuivi, an peut pas rester ici y'a trop di suspense". Et puis non ! Il joue le rôle d'une grosse ordure pourrie jusqu'à l'os qui parfois néanmoins s'imagine pouvoir faire le bien ou dire franchement ce qu'il pense. Ces scènes sont totalement ratées, tout comme celles encore plus inutlies où il s'adresse au spectateur face caméra.

    En outre, Costa nous rabache ce qu'on entend à longueur de journée dans le poste : le monde est gouverné par la finance, les banques, les salauds qui s'enrichissent, prennent aux pauvres pour donner aux riches. Et que voit-on ? Des mecs plus ou moins jeunes, plus ou moins bedonnants, se réunir dans des bureaux plein d'acajou et parler de nombres à 12 chiffres, de machins virtuels, de pouvoir et surtout de l'appât du gain toujours plus essentiel. Bref, plus ils en ont, plus ils en veulent. Mais comment, en moins de temps qu'il ne le faut pour dire "tarte aux myrtilles", Marc/Gad qu'on appelle "Président" (il n'est pas interdit de loler) ascensionne au point d'aller jusqu'à grignoter Gabriel Byrne (sexy, merci) aux statesses ? Mystère. On n'y comprend rien. Marc/Gad regarde des écrans, parle dans son téléphone, organise des visio-conférences, est odieux avec sa femme, court après une top-model inaccessible, prend l'avion... Miami le matin, Londres l'après-midi, Paris dans la soirée. Et c'est RIDICULE. 

    Pour faire bonne mesure et bien enfoncer le clou, nous faire comprendre qu'on est dans un monde manichéen, on a quand même droit au discours gauchisant du tonton, pas rasé, en chemise de bûcheron (l'image du travailleur syndicaliste pour Costa j'imagine) qui s'agace : "les délocalisations, les licenciements c'est pas bien !" Trop fort.

    La cerise sur l'horreur est la vision catastrophique de Monsieur Gavras sur les femmes. On n'évolue pas dans le monde des bisounours, merci, j'ai bien compris. Néanmoins, ce sont toutes des putes ou des sottes ou les deux. La seule personne traitée d'incompétente est une femme. La femme de Marc/Gad (Natacha Régnier, très belle) ne cesse de répéter qu'elle n'a pas besoin de tout cet argent ni que l'homme qu'elle aime gagne 150 000 €uros par mois pour rester. Elle ne bouge jamais un ongle manucuré et accepte de porter une robe de 22 000 €uros. La secrétaire est une nunuche à qui on fait dire "j'ai lu un livre !" La mère, la belle-mère sont des crétines qui tapent des mains en sautillant devant la réussite du petit. Bon, il y a bien Maud Baron (Céline Sallette) qui a l'air d'avoir un cerveau. Mais là encore on tombe dans les extrêmes avec la fille incorruptible, raide comme un passe-lacets, responsable dans une grande banque londonienne, spécialiste de l'Asie, polyglotte, qui préfère discuter qu'aller au restau (impensable pour une fille !) et qui a écrit "LE" livre !

    Le summum de l'exaspération est atteint grâce au personnage aussi inutile qu'absurde et pitoyable de Nassim, pute de luxe dont on ne comprend jamais les aspirations et dont l'actrice qui l'interprète pourra postuler au titre envié de plus mauvaise actrice de tous les temps. A force de tergiverser et de louvoyer sans lui donner satisfaction, elle finira par se faire violer par Marc/Gad... car c'est bien ainsi qu'on traite les femmes dans le monde de Costa la finance.

    Gros suspens à la fin. Gad ne porte plus de cravate... va t'il choisir entre l'hônneteté (le bien) et le délit d'initié (le mal). Si vous me le demandez gentiment je vous le dis...

  • LA CHASSE de Thomas Vinterberg ***

    La Chasse : photo Lasse Fogelstrom, Mads MikkelsenLa Chasse : photo Mads MikkelsenLa Chasse : photo Annika Wedderkopp, Susse Wold

    Lucas est instituteur en maternelle, très apprécié aussi bien par ses collègues que par les enfants. Côté vie privée, c'est plus compliqué, un divorce à problèmes et des difficultés pour obtenir le droit de visite auprès de son fils Marcus. Mais tout est sur le point de trouver une solution. Lucas fait même la connaissance d'une jeune femme pas farouche et partage de longues soirées de beuveries avec ses copains de toujours. Mais un jour, la petite fille de son meilleur ami lui offre le dessin d'un coeur qu'elle a dessiné à son attention. Lucas le refuse gentiment et lui suggère de l'offrir à un enfant de son âge. Profondément ulcérée par ce refus la petite va inventer une histoire et accuser Lucas de choses qu'il n'a pas commises. Lorsqu'elle s'apercevra des proportions que prend l'affaire, elle avouera avoir menti... trop tard, plus personne ne la croira. Le délire collectif est en marche !

    Lors de la rencontre qui suivit avec Thomas Vintenberg (hélas, je n'avais pas encore mon nouvel appareil... et mes photos de cte bombasse de Vintenberg téléphone sont immontrables), il nous a expliqué que les premières scènes servaient à montrer la pureté des personnages. Il a bien fait car, questions de culture sans doute (Vintenberg est danois), voir une bande de néanderthaliens poilus, nus comme des vers plonger dans l'eau glacée après une partie de chasse, puis se mettre minables en hurlant des chansons à boire, puis rentrer chez eux en titubant et être accueillis par leurs femmes hilares (pour ceux qui en ont) "ah ah ah tu es drunk ?" est pour le moins déconcertant. Une fois admis ce postulat on peut regarder ce film en se disant que la pureté des personnages ne leur épargne néanmoins pas l'imbecillité. Et c'est effectivement à un grand déversement d'abbération et de crétinerie auquel nous allons assister.

    Comment, à partir des allégations invérifiables et instantanément crues d'une fillette contrariée une communauté tout entière va s'acharner sur un homme, jadis aimé de tous, qui ne parviendra jamais à se faire entendre ? Voir se déchaîner la bêtise et la haine sans preuve et sans raison est toujours aussi réjouissant que désolant. D'autant qu'ici la nonchalance et la torpeur qui saisissent le "coupable" désigné est particulièrement impressionnante. On a souvent envie de dire à Lucas (Mads Mikkelsen, ici ange de douceur et de résignation) de hurler son innocence et de prouver qu'il n'a rien fait. D'essayer au moins. Même lorsque l'enquête conduira à un non-lieu, les "purs" du début continueront leur besogne de destruction massive. Hallucinant ce que la connerie peut engendrer comme comportements !

    Néanmoins à aucun moment le fait d'écouter la parole des enfants n'est remise en doute. Même si en une scène où le psychologue qui interroge la petite, plus terrifiant qu'un prédateur, influence considérablement ses affirmations. Ici d'ailleurs, ce sont les enfants qui sont le plus crédibles et dignes de confiance. La petite, consciente des dégâts qu'elle a causés ne cessera d'avouer son mensonge et le fils (un ado pourtant !) sera le seul à ne jamais mettre en doute l'innocence de son père.

    Le final... ahurissant. Dans ce pays, les garçons de 14 ans deviennent des hommes lors d'une cérémonie d'intronisation où, brusquement jugés capables de tenir un fusil, ils peuvent aller à la chasse avec les "purs" du début ! La dernière image est... comment dire, troublante !

    En outre, Mads est beau, Mads est grand et Mads est palmé !