Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Cinéma - Page 191

  • APRÈS MAI de Olivier Assayas °

    aprÈs mai de olivier assayas,lola creton,cinéma

    Cette fois je ne me trompe plus de date. C'est bien aujourd'hui que sort ce film vide et creux qui met en colère quand on sort de la projection tant il est vide et creux et mal interprété...

    Au début des années 70, mai 68 n'est plus qu'un souvenir, mais quelques irréductibles croient  encore en la révolution, la contestation, la lutte ! Et ils sont bien les seuls et ce ne sont pas ces personnages et ce film mous du genou qui vont nous en convaincre. On a en effet bien du mal à croire à l'engagement et à la lutte de ses petits bourgeois qui s'ennuient et tentent de se frotter au prolétariat. Mais qui rêvent surtout de vie facile en communauté dans des hôtels particuliers luxueux.

    Assayas allume souvent de grands brasiers, pendant que  le héros (son double ?) se consume d'amour  pour une beauté inutile et sans talent, une grande emmerderesse qui prend de grands airs pour déclamer (oups pardon, je voulais dire marmonner) des phrases dénuées de sens qui la rendent mystérieuse aux yeux des garçons prompts à tomber dans le panneau de ces filles insaisissables dépourvues de charme pourtant.

    Ce film ne donne nullement envie d'être jeune à nouveau et démontre surtout magistralement qu'être acteur est un métier. En effet, la jeune Lola Creton est la seule professionnelle tandis que les autres acteurs, amateurs ou non professionnels se mettent VAINEMENT en quatre pour tenter d'exister à l'écran en "récitant" leur texte ! L'interprétation plus qu'approximative est un désastre.
    En outre, à part pour se faire plaisir et plonger dans les vieux souvenirs personnels d'Assayas, on a dû mal à comprendre l'intérêt de filmer la jeunesse de cette époque et ces jeunes là en particulier, sans charme ni audace.

  • AMOUR de Michael Haneke °°

    Amour : photo Emmanuelle Riva, Jean-Louis Trintignant, Michael Haneke

    Michael Haneke a une théorie imparable : les gens qui s'aiment ne peuvent vivre séparés. Et pour nous le démontrer il nous inflige deux interminables heures d'une étude au scalpel sur la fin de vie. Un documentaire à diffuser sur une chaîne de télé aurait fait l'affaire et on aurait sans doute alors parlé de télé-poubelle, de voyeurisme en observant cette agonie, avec râles, hurlements, paralysie, bave, incontinence.

    J'ai bien failli sortir, non parce que la déchéance de l'une et le dévouement de l'autre étaient insoutenables mais parce que c'était insupportable pour moi qui suis un coeur d'artichaut de n'être jamais, à aucun moment émue. Et donc encore moins bouleversée.

    Mais il y a dans ce film (Palme d'Or à Cannes au cas où vous auriez oublié et je m'interroge !!!) Jean-Louis Trintignant et il est malgré tout exceptionnel. Et sa voix n'a pas changé et c'est un régal de douceur cette voix qui rassure, qui calme, qui apaise ! L'Amour, il le porte en lui. Je suis moins convaincue par le personnage d'Emmanuelle Riva. Evidemment, c'est elle la malade, mais lors de ses rares moments du début où elle va encore bien, elle semble n'être souvent qu'un reproche vivant, agacée par cet homme.
    En résumé, Michael Haneke place dans la bouche de Jean-Louis Trintignant cette réplique qui reflète exactement ce que j'ai ressenti et résume le film, l'expédie là où il aurait dû rester :

    "Rien de tout cela ne mérite d'être montré".

  • OLIVER SHERMAN de Ryan Redford ***

    Oliver Sherman : photo Garret DillahuntOliver Sherman : photo Garret Dillahunt, Kaelan MeunierOliver Sherman : photo Donal Logue

    Vétéran d'une guerre dont on ne connaîtra rien, Sherman Oliver traverse le pays pour retrouver Franklin, l'homme qui lui a sauvé la vie alors que ses compagnons l'auraient laissé pour mort. Les retrouvailles sont chaleureuses et chargées d'émotion et Sherman est accueilli chez Franklin. Ce dernier est parvenu à se reconstruire après l'épisode traumatisant de la guerre. Il a notamment fondé une famille, il a une femme, deux enfants et trouvé un emploi dans une ville tranquille alors que Sherman, blessé à la tête, solitaire et fragile ne parvient pas à s'intégrer à nouveau dans la vie civile malgré les sept années qui ont déjà passé. Les premiers temps, les deux hommes passent leurs soirées ensemble à jouer au billard et écluser des bières mais Sherman devient peu à peu envahissant, inquiétant voire menaçant. Franklin, poussé par sa femme et sentant sa famille en danger tente d'expliquer à son "ami" qu'il doit partir. Pas si simple.

    Deux versions d'un même trauma sont étudiées brillamment ici. Franklin est l'image même de la bonté. Il possède en lui des trésors d'indulgence et d'humanité. Bien sûr, il a vécu la même guerre que Sherman mais est parvenu par sa force et sa volonté à dépasser le traumatisme et à se reconstruire. L'arrivée de Sherman exhume souvenirs et événements que Franklin avait ensevelis. Néanmoins il n'est que patience et compréhension vis-à-vis de son ex compagnon de combat instable et dérangé. Sherman reste totalement immergé dans ses souvenirs. Il passe ses journées à la bibliothèque et ne lit exclusivement que ce qui concerne la guerre. Il se sent exclu, incompris, différent, inutile.

    Le face à face est tendu mais le réalisateur, dont c'est le premier film, parvient à faire en sorte que seul le spectateur s'en aperçoive. La gentillesse et la compréhension de Franklin pourraient confiner à la naïveté et le "dérangement" de Sherman à une forme de préméditation de ce qui va advenir ; mais c'est beaucoup plus subtil que ça et Ryan Redford installe, maintient et intensifie le climat de tension du début à la fin. Si on n'a pas trop de doute quant à savoir qui fera l'objet de la violence qui va finir par se déchaîner, on tremble à de multiples reprises, lorsque Sherman s'approche du berceau, revient au domicile alors que la femme de Franklin y est seule, donne son couteau au petit garçon de 4 ans... On croit toujours prévoir ce qui va advenir et finalement on est encore cueilli dans les toutes dernières secondes !

  • AUGUSTINE de Alice Winocour °

    Augustine : affiche

    Augustine, 19 ans est la proie de crises convulsives et incontrôlables. Elle se tord de douleurs, se roule par terre et parfois se paralyse. A la suite d'une crise plus violente encore que les autres elle se rend en consultation à la Salpêtrière où elle est rapidement remarquée par le Professeur Charcot (Jean-Martin, ne pas confondre avec Jean-Baptiste son fiston explorateur des zones polaires, merci Wiki) qui se passionne pour une maladie déconcertance : l'hystérie ovarienne ! Hospitalisée parmi un grand nombre d'autres jeunes femmes atteintes du même mal mystérieux et toutes admiratives de Charcot, star insaisissable, inaccessible de l'hôpital, Augustine va devenir son sujet d'étude favori, exclusif, son cobaye humain auquel il va soumettre toutes les avancées de ses recherches.

    Pourquoi ça tombe sur moi ? Je suis stupéfaite de découvrir une critique unanimement dithyrambique devant ce film. Il va donc falloir que je décortique les arguments pour expliquer pourquoi je ne l'ai pas aimé alors qu'il possède deux arguments de poids, de choc : une histoire passionnante ET Vincent Lindon, le grand, l'unique, le magistral, le Président, Vincent Lindon ! Pourtant la mise en place est intéressante et on plonge immédiatement dans un univers anxiogène et une reconstitution très appliquée de l'hiver 1885, brumeux à souhait. L'arrivée relativement tardive de Charcot, la star, toujours pressé et entouré de sa "cour", qu'on ne fait d'abord qu'entrevoir entre deux portes est intrigante et riche de promesses. Et puis... rapidement, l'ennui, le rédhibitoire et impardonnable ennui s'installe et on finit par bâiller copieusement devant les redites et se désintéresser totalement du sort d'Augustine, d'autant que la réalisatrice semble tirer une balle dans le pied de son film (c'est une image !) en faisant ressentir exactement l'inverse de ce qu'elle voulait démontrer. En tout cas je l'espère. Sinon, un film misogyne réalisé par une femme serait plus qu'une aberration ! Tel quel on pourrait même aller jusqu'à penser qu'Augustine est une simulatrice ! Ce qui n'est pas le cas.

    Voir ces hommes regarder ces femmes exprimer une sexualité inhibée de façon aussi spectaculaire et applaudir aux conférences de Charcot au cours desquelles Augustine placée sous hypnose, exprime mieux que jamais le mal qui la ronge, est écoeurant. Ils applaudissent, ils sont au cirque. Jadis ces femmes "possédées" étaient brûlées pour sorcellerie. Et bien qu'il s'en défende mollement, Charcot est le grand initiateur de ce spectacle qui n'est pas en l'honneur des hommes toujours prompts à voir chez les femmes un côté machiavélique.

    En outre, on n'a jamais aucune idée du temps qui passe et devant une guérison aussi spectaculaire et rapide on aurait tendance à dire aux hystériques : jetez-vous dans un escalier et baisez avec votre médecin ! Par ailleurs, à aucun moment la réalisatrice ne se donne la peine de nous présenter même succinctement le parcours de Charcot et sans Wiki, je n'aurais su qu'il fut neurologue, professeur d'anatomie et grand maître de Feud himself et j'en passe et des plus prestigieuses. Et son Augustine, victime non seulement d'une maladie traîtresse et cobaye d'un monde exclusivement masculin voyeuriste qui se repaît  de ses crises spectaculaires à haute teneur sexuelle, ne se rebelle jamais. A peine bougonne t'elle un "de toute façon vous ne m'écoutez jamais !" Où est le "manifeste féministe" dont j'ai entendu parler ? Sachant que la donzelle finit pas offrir à Charcot ce qu'il souhaitait puisque soudainement il s'est mis à voir en elle, non plus un sujet d'étude mais un objet de désir ! Ce revirement nous permet néanmoins de pouvoir admirer de dos, Vincent Lindon, nu comme un vers et c'est fort plaisant. Dos massif, puissant, et fesses magnifiques ! A ce moment, seul devant son lavabo, que fait-il ? S'interroge t'il pour savoir si l'engin conviendra à la demoiselle convoitée ? Même si elle est à l'initiative d'Augustine, la scène où elle s'offre à Charcot est aussi déconcertante que ridicule. Mais la réalisatrice a tout compris au cinéma : on montre les hommes nus de dos et les femmes nues de face !

    On pourrait savoir gré à Alice Winocour de ne pas prendre le spectateur pour un abruti et de ne pas offrir toutes les clés, de ne donner aucune explication... mais finalement, à force de ne RIEN dire, on finit par ne RIEN comprendre. Que fait, que cherche Charcot ? Le voir mettre sa signature sur des croquis de cerveaux fait-il avancer la science ? Les oeillades appuyées échangées entre différents personnages, Charcot et sa femme (Chiara Mastroianni, raide dans son corset amidoné), Charcot et son assistant (Olivier Rabourdin sous-employé)... finissent aussi par lasser et on ressort de ce film pesant en se disant qu'il faut deviner où il voulait en venir.

  • ARGO de Ben Affleck ***

     Argo : photo Ben AffleckArgo : photo Alan Arkin, Ben Affleck, John Goodman

    Argo : photo

    Alors que la révolution iranienne fait rage en ce 4 novembre 1979, des militants font irruption dans l’ambassade américaine de Téhéran. Tout le personnel est pris en otages et passera plus de 400 jours en captivité, mais 6 d'entre eux réussissent à s'échapper. Encore plus exposés dans les rues de la ville que prisonniers à l'intérieur de l'ambassade, ils trouvent refuge au domicile de l’ambassadeur canadien. La CIA met alors son meilleur agent "exfiltreur"  sur le coup pour ramener les 6 américains au pays, sains et saufs. Mais rien que pour pénétrer dans ce pays, l'agent Tony Mendez a besoin d'une "couverture". Aidé par un ami responsable des maquillages du film La Planète des Singes, pour lequel il a obtenu un Oscar, et par un producteur cabotin, il décide de monter une fausse maison de production chargée de réaliser un faux film dont le tournage aurait lieu en Iran. Et justement un scénario minable, improbable, dort dans les archives du producteur : ARGO...

    Alors oui, ce n'est peut-être pas le moment de montrer clairement que l'Iran est bien le dernier pays où il ferait bon aller faire du tourisme. Mais est-ce jamais le "bon" moment avec l'Iran ? Oui, le héros s'auto-proclame "bon américain" et les bannières étoilées flottent aux frontons des maisons. Oui les états-uniens sont toujours persuadés qu'ils sont les rois de l'univers et au-delà, qu'ils sont les gentils et qu'un jour ils sauveront le monde de sa folie furieuse... Oui, oui, oui, mille fois oui à tout ça, ainsi qu'au fait que ce film manque une nouvelle fois cruellement de Casey. Ah la famille !

    Mais aussi, une fois encore rendons grâce au cinéma de nous révéler des événements étonnants qui étaient passés sous silence à l'époque, même si l'acte héroïque du véritable Tony Mendez fut récompensé et révélé plus de 20 ans plus tard. Et à Ben Affleck de continuer son chemin de réalisateur éclectique. Après son complexe et passionnant Gone Baby Gone, suivi d'une plongée bostonienne chez les gangsters avec The Town, il démontre à nouveau que coiffer sa casquette de réalisateur n'était pas le fruit d'une lubie passagère. Et il réussit selon moi, haut la main son thriller d'espionnage en maintenant constamment la tension tout au long de cette histoire rocambolesque, une farce tellement grotesque qu'on a parfois du mal à croire que la CIA lui ait donné son accord.

    En tout cas, Tony Mendez est un héros. Il faut une sacrée dose de courage ou d'inconscience pour se jeter ainsi dans la gueule du loup (l'anti-américanisme ambiant fait froid dans le dos) pour sauver des gens terrifiés, peu enclins aux effusions, pas vraiment reconnaissants, même s'ils finissent pas coopérer. Ben Affleck endosse le rôle du héros. Look eightie idéal, physique imposant, mélancolie du preux chevalier solitaire, il est parfait. Même s'il ne les élude pas, il n'abuse pas des scènes épuisantes à propos de la famille du poor lonesone cow-boy et intègre une scène aussi inutile qu'agréable à regarder et qu'on peut intituler : regardez mon beau, puissant, velu et musclé torse nu !!!

    Ben Affleck réussit les scènes d'action, de foules et les copient/collent à la réalité. Nous verrons les "vraies" scènes au cours du générique de fin. Il réussit à rendre palpable l'enfermement et la terreur des 6 personnes. Mais comment a t'il choisi son casting qui rivalise de fadeur ??? En outre, il parvient à être drôle en menant une petite charge anti-hollywoodienne, bien aidé par les deux cabots géniaux que sont Alan Arkin et John Goodman. Le dernier quart d'heure joue parfaitement avec les nerfs déjà à vif du spectateur et j'aime ça. Bref, un bon film, efficace.

  • N'AIE PAS PEUR de Montxo Armendàriz ***

     N'aie pas peur : photo Michelle JennerN'aie pas peur : photo Belén Rueda, Michelle Jenner

    N'aie pas peur : photo Lluis Homar, Michelle Jenner

    Quelques mots sur ce film lourd et difficile avant qu'il ne disparaisse complètement des écrans.

    Sylvia n'est encore qu'une toute petite fille lorsque son papa adoré, au terme d'une séance de chatouilles lui murmure ces mots en lui retirant sa culotte "n'aie pas peur". Ce cauchemar va durer des années. Mais Sylvia va grandir, car quoiqu'ils aient à endurer comme épreuves, peu de choses empêchent les enfants de grandir. Elle n'aura qu'une amie tendre, attentive mais qu'elle ne mettra pas dans la confidence. Elle se réfugiera dans la musique. Accrochée à son violoncelle comme à une béquille. Elle cherchera un temps à faire des études qui l'éloigneraient de son bourreau mais il s'y opposera. C'est au travers de jeux de rôles avec ses poupées que Sylvia exprimera le mieux ce qu'il lui fait endurer. En entendant ces horreurs, sa mère croira à un délire d'enfant. Plus tard, elle ne verra en elle qu'une ado perturbée jamais satisfaite. Car Sylvia ne cessera d'hurler sa détresse et de réclamer du secours, mais en silence... en traînant un spleen maximum, en étant la proie de crises d'angoisse infernales et de coliques incontrôlables.

    Ce n'est que vers ses 25 ans que Sylvia décidera brutalement, d'une étrange façon, de résister enfin et de se reconstruire. Et pourtant, entre temps, elle aura tenté plusieurs fois de se séparer de ce père, cet homme "qui l'a le plus aimée, mais a bousillé sa vie" et elle reviendra le voir presque implorante "fais moi des chatouilles", car elle ne connaît pas d'autre façon d'être aimée. Sa mère, dont nous sommes persuadés qu'elle a compris l'abomination, a préféré quitté cet homme et lui abandonner sa fille qui l'a pourtant suppliée de l'emmener avec elle. Ils vivront pendant des années comme un couple sans que personne jamais ne se doute de rien.

    Le film propose quelques témoignagnes d'enfants devenus adultes, jadis victimes d'inceste, comme si le réalisateur, qui a le bon goût de fermer la porte avant chaque scène d'inceste, voulait faire le tour de toutes les façons de survivre à cette dévastation. L'histoire de Sylvia aurait suffi mais tous ces témoignages renforcent la puissance d'un thème rarement traité au cinéma.

    Les moments forts se succèdent portés par deux acteurs extraordinaires qui empoignent leur rôle avec une grande détermination. Le grand Lluis Homar réussit courageusement à ne pas nous faire vomir d'horreur en restant toujours comme en retrait. Sans ,jugement ni explication de la part du réalisateur. Son mélange d'autorité et d'humilité ne laisse aucun doute, Sylvia ne pouvait pas lui échapper. Quant à Michelle Jenner, elle interprète cette jeune femme brisée avec une intensité folle. Elle est d'une beauté, d'une grâce, d'une douceur douleureuses, bouleversantes. J'ai très hâte de retrouver cette étonnante et magnifique actrice.

  • LOOPER de Rian Johnson ***

    Looper : photoLooper : photo Emily BluntLooper : photo Joseph Gordon-Levitt

    En 2044, des mafieux pourris jusqu'à l'os ont inventé une machine à remonter le temps. Ils envoient dans le passé des tueurs chargés d'éliminer des témoins gênants. Ces sales types sans foi ni loi ni grandes compétences mais frimeurs et drogués car plein aux as s'appellent des "loopers". Leur boulot est assez simple, équipés d'un "tromblon", une arme qui éclaterait un moustique à 200 mètres, ils se contentent d'attendre aux abords d'un champ de maïs qu'un gars leur tombe du ciel directement sur les pieds, cagoulé, les mains dans le dos et de tirer. En échange de ce service, ils reçoivent une coquette somme en lingots d'or qu'il leur est conseillé de capitaliser jusqu'aux jours où ils se retrouvent face... à eux-mêmes. La plupart des "loopers" tirent sans rechigner sur leur "moi" âgé. Dans ce cas, la "boucle est bouclée" et ils n'ont plus qu'à se ranger des voitures. Parfois, un looper hésite à se tirer dessus et là, ça fiche un sacré bazar. C'est ce qui arrive au jeune Joe... d'autant que le vieux Joe, informé de ce qui va lui arriver... a réussi à ôter le sac qu'il devait porter sur la tête. Une seconde d'hésitation et paf, la machine s'enraye. Contre toute attente, les deux Joe ne vont pas s'allier, ne vont pas s'entendre. Et le vieux Joe va se mettre à la recherche du pourri qui sera responsable de l'assassinat de sa femme 30 ans plus tard et qui est à l'heure actuelle un enfant. Cet élément, empêcher un petit garçon de devenir une ordure, ne lui pose d'ailleurs aucun problème... Ce qui n'est pas l'élément le plus inattendu du film.

    J'arrête là de me retourner le cerveau et je vous conseille d'en faire de même et vous recommande également de laisser votre logique au vestiaire avant de voir ce film FORMIDABLE et unique en son genre. Même s'il lorgne avec humilité du côté des Matrix, Inception, Memento et compagnie avec une petite dose homéopathique de Damien, la Malédiction. Et même si j'en suis encore à me demander comment et pourquoi, alors qu'ils sont renvoyés dans le passé... ce sont les jeunes qui sont chargés de tuer les vieux !!! Vous me suivez ? Moi non plus. Peu importe. A cette même époque, certaines personnes ont développé un mini pouvoir télékinésique à peu près inutile sauf à draguer des filles impressionnées de voir un garçon faire tournicoter une pièce par le seul pouvoir de la pensée. Ce don minable et vain prend une toute autre dimension et d'autres proportions chez un petit garçon isolé avec sa jolie maman dans sa ferme au milieu de n'importe où et qui pourrait bien être le futur pourri responsable de la mort de la femme de Joe. Ou pas !

    Vous ne suivez toujours pas ? C'est normal.

    Néanmoins, je vous recommande vivement de ne pas faire l'impasse sur ce grand petit film qui sans surenchère d'effets spéciaux envahissants (la deuxième partie se passe dans une ferme au milieu d'un champ je vous le rappelle) va vous en mettre plein la vue et vous laisser sur le fondement avec un final tellement inattendu, renversant que je n'ai pu m'empêcher de dire "oh" ou "noooon !"  de stupéfaction, c'est dire !!! Quant aux réponses à certaines questions, et bien, je pense qu'il faut revoir la chose.

    Bruce Willis est beau et bon comme Bruce Willis. Il porte toujours admirablement le ti-shirt blanc taché de sang, a toujours ses magnifiques yeux verts et son regard qui semble frisotter. Et Joseph Gordon Levitt, parfois méconnaissable, lui ressemble comme un double et a poussé le perfectionisme jusqu'à emprunter ses tics et ses tocs. Impressionnant.

  • FRANKENWEENIE de Tim Burton **

    Frankenweenie : photoFrankenweenie : photo

    Victor est un petit garçon différent. Victor doit sans aucun doute être le double de Tim lui-même qui a dû proposer à ses parents incrédubles de visionner des petits films bidouillés dans sa chambre ou son grenier avec ses jouets. Victor pourrait être un petit loustic exclu s'il n'avait un ami à la vie à la mort en la personne de Sparky. Un chien affreux, mais plus fidèle qu'un chien. Le grenier de Victor c'est un peu le labo IV du savant fou et il utilise tout ce qui lui tombe sous la main, y compris les ustensiles de cuisine de maman, pour tenter des expériences inédites. Et ça tombe bien, le professeur de sciences de l'école propose un concours qui récompensera la meilleure expérience scientifique. Mais un drame survient. Paf... Sparky se fait renverser par une voiture. Il faut dire que ce nigaud avait une fâcheuse tendance à courir sans discernement après la première baballe lancée. Victor est effondré. Ses parents lui assènent des banalités telles que "Sparky sera toujours dans ton coeur !" et ça lui fait une fichue belle jambe de savoir que l'être qu'il a le plus adoré sera toujours dans son coeur. Ce qu'il veut c'est qu'il soit là, en chair et en poils. Et Victor est inconsolable mais mâlin comme il est, en combinant des bidouillages électriques, les éclairs des orages... il parvient à ramener Sparky à la vie. Il se rend rapidement compte qu'il doit tenir cette prouesse cachée mais ce ne sera pas possible bien longtemps. Des personnes mal intentionnées vont découvrir le secret de Victor et blablabla et blablabla...

    Je ne m'éterniserai pas pour vous dire qu'avec Tim je vais de déception en attente et en désillusion. Alors évidemment c'est sublimement beau à regarder. Les personnages sont magnifiques, du pur Tim, avec leurs grands yeux incroyables qui s'ouvrent sur un monde étonnant puis cruel. Bien sûr, Victor s'appelle Frankenstein, sa copine Van Helsing et c'est lolant. Bien sûr le héros a toujours un petit air de Johnny même si ce n'est pas lui qui double cette fois, Lydia est coiffée comme Wynona Rider dans Beetlejuice, le prof de chimie ressemble comme trois gouttes d'eau à Martin Landau et Christopher Lee. Mais une fois de plus, j'ai eu le sentiment que Tim recyclait du Burton, un peu d'Edward par ci, un peu de gothique par là. Et pour ceux qui ont une idée de ce que ça peut bien vouloir dire (moi le concept même m'échappe toujours), sans doute de la poésie et les sempiternels thèmes sur la vie, la mort, les êtres, les monstres, la différence, la cruauté d'un monde impitoyable... Mais je crois que j'en ai ma claque de les voir ressasser sans surprise.

    Alors bien sûr, il y a LA scène de la résurrection qui vaut plus que le détour, elle vaut le voyage, tant ici le bricolage fait place au génie. Mais ça dure 5 minutes. La mysoginie m'a sauté aux yeux comme jamais, la mère passe son temps dans sa cuisine, ou un aspirateur à la main et lit un roman à l'eau de rose qu'elle ne parvient pas à finir... Définitivement, je crois que ce que j'ai préféré dans ce film, c'est la musique de Danny Elfman...

    Une fois de plus, je cherche en vain le chef-d'oeuvre annoncé et je me retrouve comme Roxane face à Christian avec l'envie de dire à Tim Burton : "Délabyrinthez vos sentiments !...Allez rassembler votre éloquence en fuite !.. Vous m'offrez du brouet quand j'espérais des crèmes !"

  • J'ENRAGE DE SON ABSENCE de Sandrine Bonnaire ****

    J'enrage de son absence : photo Alexandra Lamy, Jalil Mehenni, William HurtJ'enrage de son absence : photo Augustin Legrand, Jalil MehenniJ'enrage de son absence : photo Jalil Mehenni, William Hurt

    Afin de régler la succession de son père récemment décédé Jacques, qui vit désormais aux Etats-Unis, revient en France. Il en profite pour revoir Mado qui avait partagé sa vie une dizaine d'années plus tôt, et avec qui il avait eu un fils. Lors de ces retrouvailles chaleureuses, on ne doute pas un instant qu'entre Jacques et Mado une forme de sentiments, si ce n'est l'amour, est toujours bien présent. A moins qu'il ne s'agisse de l'émotion qui fait ressurgir brutalement les souvenirs de leur douloureux passé. L'enfant né de leur union est mort à 4 ans dans un accident de voiture. C'est Jacques qui conduisait. Mais alors que Mado a "refait sa vie", s'est mariée et a eu un autre enfant, Paul 7 ans, Jacques n'a jamais réussi à faire le deuil de cet enfant perdu. Il souhaite néanmoins rencontrer Paul. Et entre l'homme triste et le petit garçon, le coup de foudre est instantané et réciproque. La relation d'abord ténue devient rapidement de plus en plus profonde et cette complicité insaisissable dérange et inquiète Mado qui interdit à son fils de revoir Jacques. Sauf qu'il est trop tard, l'homme et l'enfant sont devenus indispensables l'un à l'autre. Et ils vont continuer à se retrouver le plus souvent possible en cachette. 

    Et j'espère qu'aucun "critique" encarté n'a révélé la façon dont Jacques et Paul vont finalement continuer à se voir car ce stratagème est un des premiers chocs de ce film qui en réserve pas mal...

    Chacun des protagonistes va se mettre à mentir. Mado à son mari en ne lui révélant pas qu'elle a revu son ex compagnon. Paul à ses parents en gardant le secret de ses rencontres avec Jacques. Et chacun va faire peser sur les épaules de ce petit garçon incroyable le poids terrible de leur douleur et de leurs mensonges. Ce petit Paul qui mènera sa réflexion jusqu'à exprimer que si celui qu'il continue d'appeler "mon petit frère" alors qu'il ne l'a pas connu et serait plus âgé que lui, n'était pas mort il n'aurait lui-même pas vu le jour. Terrible de se dire et de penser que sa propre existence tient à la disparition d'un enfant. Et les paroles rassurantes de son merveilleux et si doux papa (étonnant Augustin Legrand (ne cherchez pas "je connais ce nom... je connais ce visage...", les Enfants de Don Quichotte, c'est lui)) ne réussiront pas à l'apaiser.

    Sandrine Bonnaire, actrice supra sensible choisit pour sa première réalisation (Je m'appelle Sabine était un documentaire) de nous parler du chagrin le plus inconsolable qui soit, la perte la plus injuste, inadmissible, inenvisageable, la mort d'un enfant. Alors ce n'est rien de dire que la vision de ce film est une épreuve et qu'il est d'une tristesse insondable. Mais pas seulement, si elle creuse jusqu'à l'os la douleur d'un homme brisé, perdu, on finit par se demander jusqu'où cet homme dévasté va aller pour tenter de calmer sa douleur. Que va t'il se passer entre cet enfant qui n'est pas le sien et lui ? Pourquoi ce lien soudain et mystérieux ne va t'il cesser de croître ? Comment cela va t'il finir ? La tension est donc constante, permanente et ne cesse de s'enfler jusqu'à un final sidérant. Une scène d'une intensité, d'une violence, d'une tristesse comme on n'en voit rarement et qui laisse le spectateur anéanti dans son fauteuil. Et tout ce déchaînement de fureur provient du personnage dont on l'attendait sans doute le moins...

    Pour nous faire partager et vivre toute cette douleur, Sandrine Bonnaire s'est entouré d'un casting complice à la hauteur de son ambition. Alexandra Lamy est son double. Physiquement d'abord. Même mâchoire carrée, même sourire éclatant, même fossette. Mais elles possèdent aussi la même profondeur "terrienne" tant elles semblent toujours l'une comme l'autre ne pas faiblir, ne pas flancher, être là, résister. Le petit Jalil Mehenni est parfait, fragile et solide. Augustin Legrand, un géant de douceur et de compréhension. Et William Hurt, dans son par-dessus bleu erre comme un fantôme désespéré à la recherche de l'impossible. Son beau visage livide, mélancolique, ses yeux rougis et délavés, sa démarche lourde portent toute la tristesse du monde. A tout jamais inconsolable. Et c'est lui qui prononcera cette phrase si belle "j'enrage de son absence"... une rage constamment contenue, intériorisée qu'il parvient par cette interprétation prodigieuse, phénoménale à rendre aussi palpable qu'inimaginable !

  • SKYFALL de Sam Mendès ***

    Skyfall : photo Daniel Craig, Naomie HarrisSkyfall : photo Daniel Craig

    James -Ô ! James- est en mission à Istanbul et comme toujours pour une scène inaugurale qui décoiffe, l'Agent Secret est obligé de filer le train à un vilain qui détient une liste vitale pour la survie de l'Agence. Mais cette fois c'est dans un très seyant costume de tergal gris clair qu'il fonce en moto sur les toits du Grand Bazar d'Istanbul puis au "volant" d'un engin de chantier sur un train en marche, écrabouillant aux passages quelques "coccinelles". James mouille et tache la chemise à toutes berzingues. M. suit la scène par satellite depuis son QG pluvieux  londonien, commentée par Eve (je ne vous dis pas le nom de famille de la demoiselle...) chargée de récupérer 007 à l'issue de la mission.

    Sauf que... Eve risque de perdre James de vue et M. ordonne à Eve de tirer.

    Agent touché.

    Laissé pour mort,  mais récupéré par une sirène, James traîne un spleen comac en Turquie, se met minable chaque nuit, joue à la roulette russe (ou approchant) avec un scorpion et essaie de pardonner ou d'oublier que M. l'a trahi, abandonné, abattu. Lorsque le MI6 est mis en pièces par une attaque terroriste visant M., James revient en vrac, en pièces détachées à Londres prêt de nouveau à défendre son pays mais surtout sa chère M. menacée jusque dans son ordinateur par une organisation inconnue et sommée par les hautes instances de l'Etat de prendre sa retraite. Un certain Mallory est déjà prêt à s'asseoir dans son fauteuil tout chaud.

    Vexée comme un pou et nullement surprise que James réapparaisse "où étiez-vous donc passé ?", elle ne lui offre même pas le gîte et le couvert pour se faire pardonner une oraison funèbre honteuse, en plus de sa trahison ! Sa seule explication : les intérêts de la Patrie. Et ça tombe bien, James est fait du même métal. Le pays d'abord. La mission s'il l'accepte, après avoir passé des tests d'aptitudes comme un bleubite, est de découvrir qui a attaqué le MI6 désormais planqué 6 pieds sous terre. Sauf que James, diminué par ses blessures rate les tests. Mais M. n'en est pas à un mensonge près et double zéro sept reprend du service.

    Pour faire court c'est moins bon que Casino Royale (le meilleur de tous les temps selon moi, en comptant les épisodes de ce poilu de Sean, de cette endive de Roger et même de Pierce que j'ai longtemps tenu pour meilleur que les deux précédents !) mais cent mille fois meilleur que Quantum of Solace qui servait à rien, sauf à abuser de Daniel Craig. Cette fois ça ne ressemble pas non plus tout à fait à un James tant ça psychologise (et j'aime ça) à tous les étages mais c'est du très bon néanmoins.

    Ce qui change c'est que James est tout diminué. Daniel Craig a dû renoncer à dormir pendant au moins quinze jours pour avoir la tête qu'il a au début du film ! Après, ça s'arrange au niveau des valoches sous les yeux et comme il est plusieurs fois torse nu, on peut constater que, exceptées les égratignures, tout va bien pour lui et pour nos yeux merci ! Et puis James prouve que tout ce qu'il fait, ce n'est pas pour jouer les gros bras aux quatre coins de la planète, il aime son pays, il est prêt à mourir pour lui mais aussi à se sacrifier pour M. plus impitoyable et dure que jamais, qu'il aime comme sa maman et qui le lui rend d'une bien étrange façon. C'est très beau quand ils sont tous les deux à s'appliquer consciencieusement à ne pas montrer leurs sentiments réciproques. Mais on n'est pas dupes on sait qu'ils s'aiment. Mais M. a eu d'autres préférences jadis. Et James a été enfant... Alors Sam Mendès ressort l'Aston Martin, la musiquette des années 60 et propose un nouveau Q (Ben Wishaw, IMPECCABLE !), fort en thème et en informatique, chargé de proposer des gadgets à James. Et comme le réalisateur n'est pas un manchot, les décors sont parfois à couper le souffle de beauté (Istanbul, Macau, l'île abandonnée...), il assure dans les scènes d'actions époustouflantes alors pourquoi, mais POURQUOI a t'il chargé son film d'une demi-heure de blabla en trop ?

    Je termine par le dossier : James et les garçons femmes, le sexe, l'amour tout ça ! Il est l'homme d'une seule femme, il l'a dit et démontré dans Casino Royale et il le prouve, il demeure fidèle à feue Vesper Lynd. Quel homme ! Néanmoins, James n'en est pas moins homme avec des besoins mais il préfère les brunes c'est évident. Et voilà que Javier Bardem, déguisé en vilain Silva s'est teint en blonde pour tenter de le faire changer d'avis. Après s'être fait chatouiller par Le Chiffre/Madds Mikkelsen,

    James se fait de nouveau attacher sur une chaise pour endurer les délicates carresses de Javier et nous fait la révélation la plus inattendue qui soit...

    Skyfall : photo Daniel Craig, Javier Bardem