J'AIME REGARDER LES FILLES de Frédéric Louf **
Si Primo avait voté (pour la première fois de sa vie puisqu'il a 18 ans)en ce 10 mai 1981, il aurait sûrement voté Mitterrand. Pour l'occasion et alors qu'il vit dans une minuscule chambre sous les toits à Paris, il retourne en Province chez ses parents. Mais devant l'accueil une fois de plus réfrigérant de son père, il regagne la Capitale et s'inscrute dans une soirée chez des jeunes du XVIème. Il y rencontre une petite bourgeoise superficielle, Gabrielle. Pour être sûr de gagner et de conserver l'amour de la belle, il ment, s'invente un père mort et photographe (le sien n'est "que" fleuriste) et se prétend de droite. Dans le même temps la tout aussi bourgeoise mais beaucoup moins frivole Delphine fantasme sur Primo qui bien sûr l'ignore puisque son coeur appartient à Gabrielle qui va le mettre en pièces...
Ce petit film d'éducation sentimentale entre bourgeois et prolos passerait sans doute inaperçu (et j'en demande pardon à Miss In The Mood qui le défend bec et ongles) s'il n'était illuminé par la présence extraordinaire de deux comédiens véritablement lumineux, d'une grâce, d'une légéreté et d'une profondeur tout à la fois, folles. Il s'agit de Pierre Niney dont le visage radieux embrase littéralement l'écran. Quant à Audrey Bastien (que j'ai croisée IRL) et qui est d'une réserve et d'une gentillesse délicieuse est une actrice à 200 % d'une beauté et d'un naturel inouïs. On aimerait que ces deux là passent leur vie ensemble et fassent plein de petits à leur image ! Dès qu'ils sont l'un et l'autre à l'écran il se crée une osmose et une alchimie comme rarement au cinéma. Le rôle de Primo, immature et passionné que Pierre Niney rend bouillonnant, capable de se jeter (plusieurs fois) par la fenêtre, de percuter un poteau en s'y jetant à toute vitesse s'oppose à la grande maturité de Delphine qui comprend, évalue de loin et patiente posément, calmement. Ils sont faits l'un pour l'autre mais il faudra que Primo redescende de son nuage pour le comprendre.
Les autres personnages sont caricaturaux et pas bien sympathiques : les bourgeois de vrais cons, et les prolos des gens biens...
Mais pour voir les larmes déchirantes de Primo/Pierre et de Delphine/Audrey, leurs sourires éblouissants et leur jeunesse resplendissante il est sans doute important de voir ce film puis d'attendre de les revoir vite tous les deux, ensemble ou séparément.
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P.S. : si quelqu'un a une explication à propos du job que Primo effectue la nuit... je suis preneuse !!!