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Cinéma - Page 280

  • Coco avant Chanel de Anne Fontaine *

    Coco avant Chanel - Audrey TautouCoco avant Chanel - Audrey Tautou

    Comme son titre l'indique et comme sans doute plus personne ne l'ignore, ce film retrace la vie et les difficultés de Gabrielle dite Coco, mais juste avant qu'elle ne devienne Chanel. Petites provinciales abandonnées dans un orphelinat par leur père, Gabrielle et sa soeur vont d'abord être chanteuses sans talent de beuglants plus ou moins bien fréquentés, puis couturières chez un tailleur, avant de trouver chacune un « protecteur » chez lequel elles s'installent. Pour Coco, il s'agit d'Etienne Balsan, châtelain richissime, propriétaire et éleveur de chevaux, d'abord très intrigué puis séduit et amoureux de cette petite bonne femme pas comme les autres. C'est vrai qu'elle est différente de toutes les «cocottes» de l'époque qui étalaient leur condition grâce à leur apparence; plus elles portaient de plumes et de « quincaillerie » plus elles s'estimaient respectables. Coco ne le voit pas ainsi, elle qui est déjà différente par son physique qui ne correspond pas aux canons des voluptueuses de l’époque. Maigre et androgyne, elle ne supporte pas toutes ces dentelles, toutes ces parures, ces maquillages. Elle va peu à peu créer le style et la mode qui vont libérer les femmes, les « décorseter », leur permettre de respirer enfin, et même sans être fashionista à « blog de filles » avec les « pieds en dedans » l’envie de suivre cet itinéraire semblait passionnant.

    Hélas, on voit peu de choses concernant la création, les affres et difficultés de devenir unique dans un monde et à une époque où le travail des femmes était considéré comme inutile. Evidemment on voit plusieurs fois Coco se glisser parmi les « belles » et soupirer « trop de dentelles, trop de maquillage, trop de tout », déjà chez les bonnes sœurs de l’orphelinat elle scrutait les ourlets des cornettes. Bien sûr on la voit s’extasier puis porter le fameux pull marin à rayures bleues des pêcheurs lors d’une escapade à Deauville, ajouter un (moche) col Claudine sur une robe (encore plus moche) à carreaux, couper une cravate pour en faire un nœud, porter des pantalons d’hommes trop grands pour elle… Sinon, c’est à peine si on la voit couper quelques tissus sans voir le résultat final. Et comble de tout, le film s’achève sur ce qui marque le début de l’ascension de Chanel : un défilé de très longs mannequins très maigres qui portent moult froufrous, dentelles et robes vaporeuses…

    Le film qui reconstitue manifestement à la perfection un triste orphelinat, puis les bars à filles de provinces, puis la vie chichiteuse du Paris de la Belle Époque, se concentre surtout sur les relations amoureuses ou pas, de Coco avec deux hommes : Balsan d'abord (Benoît Poelvoorde, formidable, qui possède toujours cette intelligence ou cette facilité à balancer ses répliques comme s’ils les avaient écrites lui-même ) puis Boy Capel (Alessandro Nivola moins sexy qu'un flacon de parfum), tous deux très riches et qui seront néanmoins bien utilisés par la belle indépendante pour lui permettre de réaliser ses rêves. Les acteurs ne sont donc pour rien dans ce semi ratage, ou semi réussite (diront les plus indulgents) et surtout pas Audrey Tautou qui semble posséder et rend admirablement la volonté, le courage et l’obstination de son modèle jusqu’à finir dans les derniers plans (simplement grâce à une coiffure et à un maquillage… pas un masque en latex de 3 cms d’épaisseur) à lui ressembler étonnamment. Il ne faut pas oublier Emmanuelle Devos qui s’amuse comme une folle et aère le film à chacune de ses apparitions. Partager entre le désir de plaire, d’être à la mode et celui de se libérer de tout ce tralala, capable d’interpréter à l’écran une mauvaise comédienne, elle est irrésistible.

    Mais, interminable et paresseux, je me suis mise à bâiller poliment (avec ma main devant ma bouche) devant ce film tout propre sur lui et plein de froufrous…

  • Un été italien de Michaël Winterbottom ***

    Un été italien - Colin FirthUn été italien - Colin Firth

    Sur une route enneigée de la banlieue de Chicago, la maman conduit pendant que les deux filles jouent pour passer le temps à deviner la couleur des voitures qu’elles croisent. Un moment d’inattention et c’est l’accident. Les deux filles survivent, la maman meurt. Face au cataclysme provoqué par ce drame et alors qu’il devient au fil des mois de plus en plus insupportable de vivre dans l’appartement familial, le père, prof de fac, profite d’une opportunité de poste à Gênes en Italie pour aller y vivre avec ses filles. La petite, Mary, va emmener avec elle le fantôme de sa maman et sa culpabilité (elle se sent responsable d’avoir détourné la vigilance de sa mère au volant), la grande va tenter de vivre sa vie d’adolescente, découvrir une forme d’indépendance, les premiers émois amoureux, sous le regard attentif et préoccupé du père.

    Le titre original du film est « Genova » et il est évident qu’elle est le 4ème voire le 1er personnage de cette histoire qui parle de deuil, de « survivance », d’amour. Ecrasée de soleil sur la plage, grouillante d’animation dans ses artères principales, moderne et chargée d’histoire, ombrageuse et parfois inquiétante par son labyrinthe de ruelles où il est si simple de se perdre, la vision de cette ville donne tour à tour l’envie de faire ses bagages pour aller y séjourner tant elle est mystérieuse et colorée et de ne jamais y mettre les pieds tant elle semble grouillante, bruyante et survoltée.

    C’est dans ces méandres que les trois personnages vont tenter d’apaiser la confusion et le chagrin qui règnent dans leur cœur et dans leur âme. Et on peut dire que le réalisateur sans pourtant jouer sur l’émotion, au contraire, met le cœur du spectateur à rude épreuve en scrutant et décortiquant tous les tourments endurés après un tel anéantissement.

    Les rapports entre le père et ses filles, ainsi que ceux des deux sœurs qui se rejettent tout en s’adorant, sont admirablement bien vus et décrits. Mais je crois que rarement le dévouement proche de la dévotion, la tendresse, l’inquiétude, la vigilance et l’amour paternels n’ont été si bien incarnés à l’écran. Le père Colin Firth débordant d’amour, est contraint de faire passer son propre chagrin au second plan. Sans effet appuyé, sans larme, patiemment, calmement, rongé d’angoisses par moments lorsqu’une de ses filles nage un peu trop loin, lorsqu’une autre disparaît, fait preuve d’une attention permanente, de tous les instants, de jour comme de nuit, la petite étant sujette à des cauchemars effroyables, la grande se permettant des retours de plus en plus tardifs après ses soirées… Délaissant les opportunités de rencontres, repoussant une vieille amie amoureuse de lui, il se consacre tout entier et sans partage à ses filles (les deux jeunes actrices sont formidables) avec un naturel renversant.

    A force de faire le grand écart entre tous ses films et en regardant de plus près sa filmographie, je me demande si Michaël Winterbottom n’est pas en train de devenir un des mes réalisateurs préférés tant il réserve de surprises à chaque fois. Ce film, tout en délicatesse, charme et pudeur est un nouvel ovni dans sa filmo, un coup de cœur et un coup au cœur.

    Quant à Colin Firth !!!

    Aussi…

  • 17 ans, encore de Burr Steers*

    17 ans encore - Zac Efron

     

    Mike a 37 ans s’est fait virer de chez lui par sa femme qui lui en veut (en gros) d’avoir passé les 20 dernières années à ronchonner et à lui reprocher d’avoir choisi de l’épouser et d’avoir eu des enfants très tôt au lieu de faire la belle carrière universitaire à laquelle il était destiné. C’est vrai qu’avant d’être un loser que ses enfants méprisent, Mike avait été la star du lycée, vous savez celui qui marche au ralenti dans les couloirs, celui sur lequel toutes les filles se retournent en faisant « waoh ! » mais qui aime la plus belle, celui dont le meilleur ami est le souffre-douleur de l’équipe de basket et qu’il défend etc. Tout ce qui reste à Mike, c’est son meilleur ami Ned, fan de BD, d’Heroic Fantasy et de tout ce que la littérature et le cinéma font de super-héros ! ça aide d’avoir un tel ami qui ne sera pas trop étonné de voir Mike revenir un beau matin dans la peau de l’ado qu’il était. La faille spatio-temporelle ne nous sera pas expliquée, on est bien loin de « Retour vers le futur » et on pourra même chanter Halleluya à la fin et « vive la famille ! » si on veut et qu'on est de très bonne humeur.

    J’avais décidé de ne pas parler de ce film parce qu’il est impossible d’en dire du bien ou du mal tant il est sage et propret avec même un gros chouilla de pudibonderie (on ne couche pas avant le mariage… faire l’amour sert à faire des enfants… au secours !!!). Et puis, si vous croyez que c’est amusant de se faire traiter CHEZ SOI de vieille qui se souvient plus qu’elle a été ado (cf. le consternant « LOL »… zut, ça me reprend !) !!! Et puis, j’ai découvert que le réalisateur Burr Steers (deux onomatopées pour un nom, faut le faire non ?) était celui du merveilleux, poétique et méconnu « Igby » et comme je ne peux ni dire vraiment du bien, ni vraiment du mal de ce « 17 ans, encore » je vous le livre tel quel brut de décoffrage.

    Sachez donc que le Mike en question n’est pas projeté dans le passé mais qu’il se retrouve simplement dans son corps de 17 ans à l’époque où il en a 36. C’est clair ? Il est donc dans le lycée de ses propres enfants, partage la même classe que sa fille, devient le protecteur de son fils, se fait draguer par sa fille, par sa femme, joue toujours aussi merveilleusement au basket, danse comme un Dieu… et que l’ado en question est une coqueluche ! Non il n’a pas une infection respiratoire, il est « juste » la nouvelle idole des ados qui sont trop in love avec lui : Zac Efron, sa mèche dans l’œil, ses abdos en béton, son sourire émail diamant, ses yeux azur des mers du sud, sa démarche chaloupée…

    J’avoue que ce que j’ai préféré c’est quand il se prend au moins huit baffes à la suite sans broncher. Oui j’ai ri. Et surtout, le pote qui d’ordinaire dans ce genre de film n’est que le faire-valoir du héros, en général obèse, ou binoclard, ou très con, ou surdoué (ou les quatre à la fois) m’a semblé ici emporter toutes les scènes où il apparaît. C’est Thomas Lennon, l’acteur qui joue cet ami. La scène où il parvient enfin à inviter dans un restaurant très chic la principale du lycée est un régal. Alors qu’il fait des tas de bruits étranges pour goûter le vin et que la belle s’offusque un peu :

    (de mémoire) :

    - lui : « je suis prêt à dépenser xxxxx milliers de dollars pour acquérir le bâton de Gandalf le Gris dans « Les deux tours », mais je suis très mal à l’aise dans ce genre d’endroit. »

    - elle : « Ce n’est pas dans les « Deux tours » mais dans la « Communauté de l’Anneau » que Gandalf est gris. Dans « Les deux Tours », il revient en Gandalf le Blanc »,

    - lui : !!!!!!!

    - elle (plus tard) : « prends possession de mon Donjon »..

    Et ils se mettent à parler en langage elfique. Ça j’adore !

    17 ans encore - Melora Hardin et Thomas Lennon

    (Thomas Lennon avec sa cape d'invisibilité...)

  • Still Walking de Kore-Eda Hirokazu ***

     

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    Dans la famille Yokohama, il y a le père médecin ombrageux à la retraite, la mère qui n’a jamais travaillé mais régale tout le monde de ses plats compliqués, une fille épouse d’un gros feignant et mère de deux enfants, un fils qui vient de se marier avec une jeune veuve qui a un fils.

    Mais dans cette famille, il y a surtout un grand absent qui prend toute la place, le frère aîné mort une dizaine d’années plus tôt en sauvant un adolescent de la noyade. Depuis, chaque année tout le monde se réunit à la date anniversaire de cette mort pour commémorer la mémoire du cher disparu.

    Autour de ce festin (il est recommandé de voir ce film le ventre plein sous peine de saliver) chacun va peu à peu, une fois de plus vraisemblablement, manifester sa peine, son chagrin inconsolable, mais aussi vont surgir les douleurs et les frustrations qui ont fait que ce frère absent est devenu l’idéal pour les parents, celui qui est paré de toutes les qualités, celui qui aurait repris le cabinet du père alors que l’autre fils n’ose même pas révéler qu’il est au chômage, celui qui n’a plus ni faille ni défaut et qui est même mort tragiquement en héros.

    Au cours de ce week-end les vacheries et « vérités » vont fuser de toute part et en même temps on assiste à une véritable avalanche d’hypocrisies, chacun cherchant tour à tour à essayer de faire bonne figure en affichant une politesse insistante. Comme chaque année, la mère pousse même la mascarade jusqu’à inviter celui qui a été sauvé. C’est un homme jeune mais pas très brillant, sans charme ni talent, obèse et qui fera l’objet pendant une scène d’une cruauté sans nom des moqueries de tous, essayant une fois de plus de prouver sa reconnaissance d’être encore là à la place du fils tant aimé. Lorsque le fils demandera à sa mère de cesser de l’inviter, elle lui répondra que c’est impossible, que son chagrin serait encore plus insupportable si elle n’avait personne à détester.

    Une fois encore, voilà un film qui décortique les rapports au sein d’une famille, mais aussi la difficulté voire l'impossibilité qu'ont les enfants à voir leurs propres parents vieillir comme s'ils étaient immortels. Chacun essaie  de trouver sa place au-delà des sentiments, des secrets, des injustices. C’est difficile, voire impossible pour certains. Tout le monde se croise, chacun essaie de faire ce qu'il peut, et lorsque les enfants et petits enfants rentrent chez eux, laissant les vieux parents seuls dans la grande maison, ensemble mais séparés par un mur infranchissable de silence, on reste comme eux, envahis de tristesse et de résignation.

    Le réalisateur avec délicatesse, subtilité, un humour discret et inattendu parfois et beaucoup d’amertume nous laisse entendre que malgré toute la détresse que provoquent certaines pertes, il faut s’appliquer à vivre avec les vivants pour ne pas risquer de passer sa vie rongé de regrets…

  • ADORATION de Atom Egoyan ****

    Adoration

     

    Simon est un adolescent introverti et taciturne, mal dans sa vie, mal dans sa peau, tourmenté par une histoire familiale pesante. Ses parents sont morts dans un accident de voiture, son grand-père qui ne va pas tarder à mourir lui aussi, lui fait des révélations dérangeantes et il vit avec son jeune oncle (le (très très beau…) frère de sa mère) plutôt secret et mélancolique.

     

    Tout cela serait relativement ordinaire si Simon ne se laissait prendre au piège d’un exercice apparemment inoffensif proposé par sa prof de français. A partir de la traduction d’un texte, Simon se prend à développer une histoire dans laquelle son père serait un terroriste qui aurait déposé une bombe dans le sac de sa mère enceinte lorsqu’elle devait prendre un vol pour Béthléem, via Tel-Aviv et rejoindre sa belle-famille. Encouragé par sa prof, Simon va décrire et détailler cette histoire insensée jusqu’à y croire lui-même et fasciner d’abord ses camarades de classe. Puis par le biais de « tchats » sur Internet de plus en plus de personnes à travers le monde vont se sentir touchées et vont donner leur avis, leur sentiment, juger, condamner, chercher à comprendre et relayer l’histoire, un peu comme l’effet du battement d’ailes d’un papillon… L’un des aspects, peut-être pas le plus saisissant mais sans doute le plus significatif étant que certains passagers du vol dans lequel aurait dû avoir lieu cet attentat imaginaire se considèrent comme des victimes rescapées.

     

    Atom Egoyan nous plonge une nouvelle fois au sein d’une famille relativement banale qui n’a jamais réussi à exprimer le non-dit, dire la douleur ou tenter de formuler la vérité. A l’aide d’un puzzle quasiment kaléidoscopique absolument fascinant et troublant il nous emporte à un rythme soutenu et époustouflant mais dans une aisance totale au cœur de la famille, explorant grâce aux évènements qui l’ont composée, le mensonge, le racisme, la responsabilité, la tolérance, la religion, la communication, l’éducation, ce qu’on en fait, comment on y résiste ou comment cela forge ou détruit les êtres ? Les allers retours entre passé et présent sont limpides, peu à peu la lumière apparaît et les réponses aux questions évoquées sur l’affiche s’éclaircissent, nous laissant néanmoins avec de nombreuses interrogations (sur le phénomène monstrueux qu’est devenu Internet notamment) car évidemment ce manipulateur d’Egoyam ne nous emmène pas forcément là où on pensait aller.

     

    Ce film engloutit le spectateur dans des abîmes jubilatoires de griserie, l’interprétation est un délice de tous les instants (profondeur et intensité du jeune Devon Bostick, d'Arsinée Khandjian et de Scott Speedman) la musique obsessionnelle donne le frisson, mais…

     

    AVERTISSEMENT : vous plongez dans les cinq premières minutes ou jamais..

  • Rachel getting married de Jonathan Demme ***

    Rachel se marie - Bill IrwinRachel se marie - Rosemarie DeWitt Rachel se marie - Debra Winger et Anne HathawayRachel se marie - Debra Winger, Rosemarie DeWitt et Anne Hathaway

    Depuis une dizaine d’années, Kym a passé plus de temps en cures de désintoxication que chez elle. Lors d’une « permission » elle rejoint l’immense demeure familiale pour assister au mariage de sa sœur Rachel. Au cours de ce week-end à la fois festif et sombre beaucoup de révélations, de secrets, de non-dits vont s’exprimer ou être dévoilés.

    On est aux Etats-Unis donc là-bas, mariage signifie grandes pompes, grande réconciliation, discours des parents, des témoins, des amis, répétitions dans les moindres détails, préparatifs frénétiques, angoisses du temps qu’il va faire etc… Sauf qu’ici, compte tenu de la « maladie » de Kym, tout ne va pas se passer exactement comme prévu. Jonathan Demme (merci à lui) prouve que même avec une caméra à l’épaule, le spectateur ne se retrouve pas forcément à faire jusqu’à la nausée un tour non désiré de grand huit. Au contraire, pour une fois la caméra à la fois mobile et stable qui suit les personnages de près donne une dimension quasi documentaire au film et semble aider les acteurs (tous vraiment formidables) à être d’un naturel déconcertant (à deux ou trois tirades très mélodramatiques d’Anne Hattaway (affublée d’une coiffure de balai brosse) près…). Il faut rendre hommage à l’actrice dans ce rôle très casse-gueule, plutôt antipathique de cette fille « malade » qui traîne un lourd secret dont elle ne peut se débarrasser (on comprend, le traumas est ici particulièrement violent) ne peut s’empêcher de se maudire et de toujours faire en sorte que toute l’attention soit constamment concentrée sur elle. Son besoin d’amour et de pardon est impossible à rassasier. Malgré la tendresse des siens qui doivent aussi tenter de vivre  avec le poids d’une tragédie dont on ne peut rester qu’inconsolable !

    Ce film parfois dur, cruel, réaliste et d’autres fois léger qui laisse place à la fête alterne avec bonheur et un grand savoir-faire les scènes lourdes, intenses et douloureuses et celles où les personnages parviennent à s’abandonner en prévision de l’avenir et d’une tentative de bonheur et d’apaisement. Il pose des questions essentielles et a le bon goût de les laisser sans réponse. Doit-on se débarrasser ou vivre avec son passé pour avancer ou ne serait-ce que pour continuer à vivre lorsqu’il devient envahissant ou point d’être paralysant ?

    Les acteurs sont merveilleux : Anne Hattaway à la fois fragile et insupportable, qu’on a alternativement  envie de protéger tant elle souffre ou de frapper pour la faire taire,  Rosemarie Dewitt absolument prodigieuse dans le rôle de Rachel, et sosie de Debra Winger qui joue justement le rôle de la mère et dont chaque apparition (me) donne des frissons et Bill Irwin époustouflant dans le rôle du père si tendre et si perdu face à ses filles exigentes et fragiles.

    Un film sur une famille différente et ordinaire ! Une bonne surprise de taille.

  • OSS 117 Rio ne répond plus de Michel Hazanavicius **

    OSS 117 : Rio ne répond plus - Jean DujardinOSS 117 : Rio ne répond plus - Jean DujardinOSS 117 : Rio ne répond plus - Jean Dujardin

    Trois ans après, l’agent secret français le plus con de France, Hubert Bonisseur de la Bath allias double un sept, est de retour, mais 12 ans ont passé. C’est la magie du cinéma. Heureusement, OSS l’est toujours autant. Con, je veux dire. Sa mission, car il en a une et il l’accepte : récupérer un micro film à Rio, dont on apprendra qu’il peut être très compromettant pour l’État. Pour retrouver un ex nazi, il aura comme partenaire une (séduisante bien sûr) lieutenant colonel du Mossad, Dolorès, dont il aura évidemment bien du mal à admettre qu’elle est son égale.

    Comme dans le premier « épisode », on se fiche un peu de l’intrigue car on sait qu’elle sera résolue à la surprise de 0SS lui-même qui ne comprend pas grand-chose à ce qu’on lui demande mais qui bénéficie toujours d’un pot monumental pour se trouver sur les bonnes pistes et s’en sortir sans (presque) une égratignure. Ce qui l’intéresse davantage c’est de tester son pouvoir de séduction qu’il juge lui-même irrésistible sur toutes les jupes et maillots de bains qui passent et aussi de prendre très à cœur le rôle de couverture qui lui revient. Ici, il est censé être photographe reporter pour un magazine. Ne ratez donc pas l’album de ses photos qui défile pendant le générique : c’est du grand.

    Pour le reste c’est un festival Dujardin avec un véritable récital de répliques qu’il profère parfois avec la certitude qu’elles sont évidentes de drôlerie et d’autres fois persuadé qu’elles sont d’une intelligence, d'une finesse d'analyse à toute épreuve. Mais qui d’autre que Jean Dujardin pourrait les débiter sans nous faire hurler de honte. Car sa bêtise, son ton péremptoire, sa prétention et sa misogynie ne sont rien à côté de son racisme qui démontre plutôt son ignorance et son incompréhension de tout ce qui n’est pas français mais qui frôle parfois le négationnisme. Qui d’autre que Dujardin peut réussir à nous faire rire avec « ah oui ? l’Holocauste ? Quelle histoire !!! » ou encore « ne pourrait-on un jour envisager une réconciliation entre l’Allemagne Nazie et les Juifs ? ». Sans parler de sa définition d’une dictature ou des communistes !!! Tout ce qu’il dit est une accumulation d’énormités qui résume pourtant assez bien tout ce qu’on peut entendre comme banalités, âneries, lieux communs et clichés. Mais concentré dans une seule et même personne, c'est "énorme" ! Dans un tout autre registre, qui d’autre que Dujardin peut porter un tel maillot de bain ? Qui d'autre que Dujardin peut hésiter entre aller à droite ou à gauche quand il n'y a qu'un seul chemin à suivre ? Qui d’autre que Dujardin danse le twist comme ça ? Qui d’autre que Dujardin rit comme ça ?

    Sinon, il y a du soleil et des belles filles, Louise Monnot qui porte parfaitement la mini-jupe s’en sort mieux que je ne l’imaginais (mais la pauvre qu’a-t-elle à faire à part se désoler ou s’agacer d’avoir un tel boulet comme partenaire ?) et Pierre Bellemare en chef de service est vraiment très bien.

    Mais vous l’avez compris, ce qui est irrésistible dans ce film, c’est Jean Dujardin.