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Cinéma - Page 297

  • Parlez-moi de la pluie d’Agnès Jaoui ***

    Parlez-moi de la pluie - Jean-Pierre Bacri et Agnès JaouiParlez-moi de la pluie - Jean-Pierre Bacri et Jamel Debbouze

    De retour dans la maison de son enfance qu’elle doit vider après la mort de ses parents, Agathe retrouve sa sœur Florence (son mari, ses enfants) et Mimouna la « nounou » algérienne qui l’a élevée. Le fils de cette dernière, Karim entreprend de réaliser avec son ami Michel un documentaire sur « Les femmes qui ont réussi ». Son choix se porte sur Agathe, romancière à succès qui souhaite s’engager en politique.

    L’argument ne semble être qu’un prétexte pour permettre aux protagonistes de ce film un peu choral (mais pas trop… 5 ou 6 personnages essentiels) de se croiser et Agnès Jaoui de brasser en les effleurant avec bonheur, douceur et fermeté des thèmes qui lui sont chers : les couples qui se font et se défont, ceux qui n’osent pas, le deuil, l’engagement, le sexisme en politique et quelques manifestations de l’humiliation ordinaire. Chaque personnage a des raisons de souffrir : Agathe de se débattre dans un monde d’hommes, Florence de ne pas être heureuse dans son couple, Michel de ne pas avoir la garde de son fils, Karim et Mimouna du racisme…

    Ce qui frappe dans un film du célèbre couple Jaoui/Bacri c’est l’esprit de troupe qui semble régner, comme si la chanson « Les copains d’abord » avait été écrite pour eux. Mais c’est l’évidente complicité du nouveau tandem Jamel/Bacri qui fait merveille tant les deux hommes semblent sur la même longueur d'ondes avec l’impression que l’aîné enveloppe parfois son cadet d’un regard plein de tendresse et d’admiration. Alternant les moments de franche rigolade et de pure émotion et même si la fin nous propulse de façon inattendue (de la part des scénaristes) dans un monde idéal, on sort de la projection avec une nouvelle fois le sentiment d’avoir vu une histoire qui raconte la nôtre, qui parle de ce qu’on a un peu vécu, ressenti. Une histoire pleine de doutes, de certitudes puis d’hésitation, des petits bonheurs, des grands chagrins comme dans la vraie vie.

    L’un des grands talents d’Agnès Jaoui c’est son incontestable direction d’acteurs et ici tous sont au diapason d’une partition écrite sur mesure. La réalisatrice s’expose en se donnant le rôle pas très sympathique de la femme autoritaire, sûre d’elle et tranchante en surface. Pascale Arbillot est adorable en sœur mal aimée. Bacri compose un grand Bacri, moins bougon mais encore plus fragile qu’à l’ordinaire. Et Jamel impose une jolie présence pleine de retenue et d’émotion. Mais l’ensemble du casting est soigné aux petits oignons par des dialogues écrits sur mesure qui font mouche à chaque réplique.

    Rire et s'émouvoir, un rêve au cinéma.

  • Coup de foudre à Rodhe Island de Peter Hedges **(*)

    Coup de foudre à Rhode Island - Steve CarellCoup de foudre à Rhode Island - Juliette BinocheCoup de foudre à Rhode Island - Juliette Binoche et Steve Carell

    Depuis quatre ans que sa femme est morte, Dan élève seul ses trois filles mignonnes, gentilles, sages et compréhensives. Il n’a plus aucun espoir de retrouver l’amour sauf qu’il va croiser la route de Marie dans une librairie et en tomber instantanément fou amoureux. Ça arrive. Ça existe.

    Si.

    Et alors, chabadabada ???

    Pas du tout. Vous avez déjà vu un long métrage d’un quart d’heure vous ? Donc, lors de vacances en famille… je devrais dire en tribu car tout le monde est là, les sœurs, les frères, leurs conjoints, leurs moutards et les parents (ou grands-parents), je ne vous dis pas la taille de la maison au bord de l’eau… Dan découvre que Marie est la toute nouvelle petite amie de son frère chéri. Comment faire pour s’en sortir, faire comme si, et ne faire de mal à personne ? Dur.

    Donc, tous les ingrédients de la comédie sentimentale américaine sont là, version la famille c’est merveilleux (mais que la famille américaine est donc envahissante !!!), et on ne doute pas un instant de l’issue. Alors pourquoi celle-ci est-elle franchement au-dessus du niveau des autres ? D’abord parce que le rythme, même si on a souvent envie de dire à tous ces gens qui se mêlent de ce qui ne les regarde pas d’aller se faire voir ailleurs, ne laisse filtrer aucun temps mort. On ne s’ennuie pas, c’est déjà pas mal et personne n’est humilié, c’est prodigieux.

    Mais la réussite totale c’est le casting, le duo d’acteurs qu’on ne s’attend pas forcément à trouver dans une bluette. Juliette Binoche est un astre qui pétille et resplendit. Et puis surtout Steve Carell à qui aucun registre ne résiste, ni le comique, ni l’émotion, ni la séduction.

    Je suis fan de Steve Carell, définitivement !

     

  • Les cendres du temps de Wong Kar-Waï ???

    Les Cendres du temps - Redux - Leslie CheungLes Cendres du temps - Redux - Leslie Cheung

    Dans une Chine désertique hors du temps, de jeunes gens prompts à dégaîner leur sabre, drapés dans des kimonos chamarés ou en haillons (selon les saisons), se croisent, se décroisent et se recroisent. Ils n’ont à la bouche qu’une seule phrase « si tu ne fais pas ci (ou ça), je te tue », un seul mot « vengeance » et une seule règle « vivre ivre et mourir en rêvant ». Partant de là, quatre saisons passent et le filtre rouge/orange/ocre utilisé avec excès finit par piquer les yeux. Les combats sont filmés au ralenti comme il se doit, le sang gicle et je découvre médusée alors qu’apparaît le mot « fin » () qu’il s’agissait d’amour. Totalement incompréhensible, ce film qui manque de mystère mais pas d’abstraction m’a laissée sur le bas côté… Et puis Tony Leung et Maggie Cheung étaient tellement jeunes (ah oui, j’ai oublié, il s’agit du « redux » de 1992) que je ne les ai même pas reconnus…

    Peut-être la critique des Cahiers du cinéma (ils me feront toujours bien rire) vous éclairera t’elle : « Ce décalage fait du redux un objet à la fois innovant et daté, fulgurant et lesté du passé, l'artefact d'un paradoxe temporel ».

    Heureusement depuis, Monsieur Wong m’a terrassée avec « In the mood for love » et davantage encore avec « 2046 ».

  • Jar City de Baltasar Kormatur ***

    Jar City - Ingvar Eggert SigurðssonJar City - Ingvar Eggert SigurðssonJar City

    A Reykjavik, l’inspecteur Erlendur voit son enquête sur la mort d’un vieil homme le ramener quarante ans en arrière. Une photo mystérieuse de la tombe d’une petite fille le conduit à Jar City où il découvre une insolite collection de bocaux contenant des organes. Il s’agit d’un véritable fichier génétique de la population islandaise…

    Ce polar islandais noir, crasseux, glacial et déroutant brasse maladie génétique et enquête sur un meurtre. C’est aussi pratiquement le seul film en « odorama » connu tant une certaine scène d’exhumation pousse le réalisme sordide jusqu’à nous faire croire qu’on est présent sur place et à nous boucher le nez !

    C’est un polar aux allures macabres, cynique et parfois drôle qui semble piétiner autour de pistes multiples qui perdent l’enquêteur et le spectateur, pour finir par les retrouver, les surprendre et les troubler. Les paysages sublimes balayés par le vent et le froid ajoutent à l’atmosphère étrange de ce film issu d’un pays exotique et méconnu baigné dans une singulière lumière. C’est aussi un acteur immense et atypique Ingvar Eggert Sigurösson au physique pas banal, au regard implacable, aux tenues vestimentaires d’un autre âge, qui, sous son apparence inquiétante d’enquêteur nonchalant  qui mange des choses étranges… et sans état d’âme, se révèle être un papa poule doux et protecteur.

    Une rareté, une curiosité bizarre et étonnante, un voyage en terre inconnue.

  • La belle personne de Christophe Honoré **

    La Belle personne - Louis GarrelLa Belle personne - Léa Seydoux et Grégoire Leprince-RinguetLa Belle personne - Louis Garrel et Léa Seydoux

    Dans un lycée parisien où les profs et les élèves rivalisent de beauté éthérée et se mélangent au gré de leurs amours possibles ou interdites, Junie est la « nouvelle ». Elle va chambouler la tête, le cœur et la vie d’Otto, un garçon de son âge et de Nemours, son prof d’italien.

    Evidemment on ne peut le nier et comme l’a écrit Madame de La Fayette « jamais cour n’a eu tant de belles personnes ». J’aurais aimé adorer ce film pour plein de raisons. Notamment parce qu’il est de Christophe Honoré qui m’a valu mes plus belles émotions « trufaldiennes » (oups !) et cinématographiques de ces dernières années et la découverte de quelques acteurs sublimes. Hélas, cette mayonnaise n’a pas pris, je n’ai cru ni à l’histoire ni aux effets collatéraux en cascade qu’elle entraîne. La patte de Christophe Honoré est là pourtant, indéniablement, ne serait-ce que dans sa façon inimitable de filmer Paris qui donne encore et encore le désir de redécouvrir la ville en dehors de tout circuit touristique. Mais la passion censée animer et détruire les trois personnages en présence m’a laissée de glace. Elle nous est imposée sans qu’on comprenne bien pourquoi et comment cette gamine boudeuse aux yeux rouges (elle vient de perdre sa maman…), ado dans le pur style fille perdue cheveux gras, peut séduire et ravager le cœur des deux garçons. Il faut dire que la fille, la toute nouvelle Léa Seydoux qui semble enflammer aussi les critiques malgré sa diction approximative et son jeu limité ne m’a pas convaincue du tout ; et qu'ils cessent de la comparer à Adjani, pitié ! Il faut dire aussi que mon cœur de pierre était déjà resté de marbre devant la « Naissance des pieuvres » l’an passé, autres ados ronchons et soupirantes. J’aime être emportée par le souffle épique et romanesque des passions romantiques mais je pense que les émois adolescents et capricieux des cours de récré ne me captivent pas. Autant une héroïne shootée au spleen existentialiste peut électriser quand elle est interprétée, incarnée par une actrice qu’on sent bouillonner et animée de l’intérieur autant il ne reste que des bouderies lunatiques exaspérantes quand c’est une petite fille qui s’y colle…

    Face à elle, les deux très aristocratiques Louis Garrel (sublime, qui peut alterner dans la même scène humour, légéreté et désespoir) et Grégoire Leprince Ringuet (la grâce et la ferveur incarnées) sont les joyaux de ce film également illuminé par les apparitions (c’est rien de le dire) luminescentes, flamboyantes, fulgurantes des merveilleuses Chiara Mastroiani et Cothilde Hesme.

  • Rumba de Fiona Gordon, Dominique Abel, Bruno Romy ***

    Rumba - Dominique Abel et Fiona Gordon Rumba - Fiona Gordon

    Fiona grande gigue rousse toute en jambes et Dom échalas squelettique sont profs, elle d’anglais, lui d’éducation physique, ils s’aiment à la folie, vivent ensemble et gagnent des concours régionaux de danse latino, leur passion commune. Un suicidaire malchanceux va venir semer la panique dans ce quotidien radieux où l’imprévu n’avait pas sa place. Les catastrophes vont s’enchaîner : après un accident de voiture, Fiona perd une jambe, Dom est amnésique et oublie ce qu’il a fait ou vu la minute précédente, ils perdent leur travail, leur logement flambe et, pis que tout, Fiona et Dom se perdent…

    Dit comme cela ça paraît complètement loufoque. Et ça l’est et même bien plus que ça. Mais que peut-on attendre d’un ovni quasi muet franco-belge dont la boîte de production porte le doux nom de « Courage mon amour » ? La réponse est dans ce film qui pousse l’absurde au-delà de ses limites. Les influences et références sont tellement évidentes que je n’en parlerai même pas tant les trouvailles qui pleuvent en abondance rendent ce film complètement novateur.

    Fiona et Dom ne sont pas très beaux, leurs visages mobiles se transforment au gré d'expressions « cartoonesques » mais dès que leurs corps caoutchouc s’animent au rythme de trépidantes ou langoureuses rumbas, c’est un enchantement. Les chorégraphies totalement inédites sont un véritable ravissement et il est difficile de quitter Fiona des yeux tant elle invente à chaque pas, à chaque son. Entre les quelques scènes de danse, on assiste à l’effondrement de la vie de ces deux tourtereaux. C’est un drame incontestable mais traité sur le ton de la farce espiègle, alors on rit. On rit beaucoup aux calamités qui s’abattent sur ce couple lunaire, poétique et amoureux. Chaque gag est étiré à l’infini, essoré, rincé jusqu’à ce qu’on ne puisse plus rien en extraire (ce qui ne manquera pas d’agacer les grincheux). La moindre situation donne lieu à des péripéties ubuesques qui déclenchent le sourire, le rire ou l’hilarité. Profs qui me lisez, courez voir ces doux dingues et peut-être l’un d’entre vous pourra lutter pour que soit institutionalisée la sortie des professeurs de l’école de Fiona et Dom, c’est à mourir de rire !

    L’émotion n’est évidemment pas absente puisqu’on se met à trembler aussi et à se demander si les deux amants vont finir par se retrouver. Mais le moment le plus magique, poétique, miraculeux et prodigieux survient quand on s’y attend le moins. Alors que Fiona et Dom, obstinément optimistes malgré l’accumulation de malheurs qui les accablent, finissent par véritablement se décourager, effondrés, lui par terre, elle dans sa chaise roulante… ce sont leurs ombres qui se mettent à danser sur le mur.

    Je crois qu’on peut appeler ça un instant de grâce.

  • Max la Menace de Peter Segal **(*)

    Max la menace - Steve CarellMax la menace - Steve Carell

    Maxwell Smart est un gratte papier grisâtre d’une agence de renseignements américaine, entre FBI et CIA (j’imagine). L’agence s’appelle CONTROL et Max rêve d’en être un de ses mythiques et légendaires « agents de terrain » pour porter de beaux costumes et une cravate assortie. Par un concours de circonstances il accède à cette promotion et se voit chargé de démanteler la dangereuse organisation KAOS dont le chef Siegfried (Terence Stamp, magnétique…) envisage d’équiper les dictateurs (instables et imprévisibles !) du monde entier en armes nucléaires. La co-équipière de Max est la terrible « agent 99 » aussi belle que redoutable !

    A ranger dans la catégorie sitôt vu sitôt oublié ce film à l’humour régressif assumé fait passer un délicieux moment plein de joie et de bonne humeur. Nouveau retour quelques décennies en arrière (décidément) il rappellera encore aux plus âgés d’entre nous que ce Max a bercé notre enfance. C’était l’agent secret le plus balourd et ringard qui soit et qui parlait dans sa chaussure équipée d’un téléphone ; il rejoignait son bureau après avoir franchi de lourdes portes blindées et tapé un code dans une cabine téléphonique ascenseur, au son d'une musiquette inchantable mais inoubliable... ça y est, vous y êtes ! Ce Max nouveau parle aussi à sa chaussure mais beaucoup moins, mais il est également équipé de gadgets insensés tel un lance-flammes dans un couteau suisse, et rien que de l'entendre, et le voir, dire "est-ce que que je serais transparent ?", à force de se faire bousculer voire piétiner, est hilarant ! Moins couillon et même beaucoup plus malin que OSS 117, moins glamour que James-Ô James !-Bond (quoique) ce Max là possède un atout XXL : son interprète, Steve Carell que je ne connaissais que par son très beau et très subtil rôle de dépressif dans « Little Miss Sunshine » (décidément, il faut d’urgence que je me mette à l’humour caca prout pour découvrir des acteurs tels que lui et récemment Adam Sandler). Ici, l’humour bas de plafond fait des prouesses et il faut bien reconnaître que 9 fois sur 10, c’est drôle, très. Steve Carell possède cette espèce de détachement nonchalant, cette fantaisie métaphysique digne de Bill Murray (qui fait ici une apparition… tronquée) et comme il ne se départit jamais d’une raideur plutôt adorable dans sa folie, on meurt d’envie de lui demander d’aller encore plus loin dans l’extravagance, la loufoquerie et l’outrance.

    Max/Steve Carelll est accompagné dans ses exencitricités par l’Agent 99/Anne Hattaway qui s’en donne à cœur joie en prouesses physiques et scènes de séduction et parvient à assurer plus que bien face au rythme comique faussement paresseux de son partenaire.

    Les scènes d’action se succèdent à un rythme d’enfer, les effets spéciaux sont parfaits car invisibles mais vous l’aurez compris la machine de guerre de cette parodie de films d’espionnage, celui dont on  a envie de dire « mais il ne s’arrête jamais ! » c’est Steve Carell.

  • Comme les autres de Vincent Garenq *

    Comme les autres - Pascal Elbé et Lambert WilsonComme les autres - Lambert Wilson

    Dans un Paris de carte postale avec vue sur la Tour Eiffel où l’on trouve une place pour se garer juste devant l’appartement avec jardin… Philippe et Emmanuel s’aiment depuis longtemps. Emmanuel veut un enfant et Philippe pas. Alors Philippe quitte Emmanuel qui décide de faire quand même une demande d’adoption. Mais comment devenir papa quand on est homosexuel ?

    Le manque d’ambition dans le traitement d’un sujet grave et dans l’air du temps est assez décevant. Si l’ensemble est joli à regarder, on assiste quand même à une succession de saynètes et à un empilement de clichés :

    -          les homosexuels lisent « Têtu »,

    -          ils portent des chemises mauve,

    -          ils décorent leur appartement avec goût,

    -          les hétéros (hommes) lisent « L’Equipe »,

    -          les vieilles filles rêvent d’enfants,

    -          sans enfant, pas de bonheur et d’épanouissement possibles…

    Si Pascal Elbé, d’habitude excellent, nous la joue ici plus virile que Rambo, Anne Brochet est délicieuse en meilleure copine en mal d’amour… mais le petit miracle se produit dans l’interprétation juste et touchante de Lambert Wilson, convaincant, drôle et émouvant dans son rôle de futur papa perdu et amoureux.