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Cinéma - Page 309

  • BEAUFORT de Joseph Cedar ***

    Beaufort
    Beaufort

    Lors d’une des récente et indéchiffrable guerre entre le Liban et Israël, une poignée d’hommes très très jeunes restent en poste à la forteresse de Beaufort (un symbole fort de la guerre paraît-il !) d’où ils surveillent l’ennemi entre les montagnes environnantes. Ils savent que leur départ est imminent, mais en attendant cet ordre libérateur, ils trompent un ennui lourd et essuient de temps en temps quelques tirs de missiles auxquels ils n’ont aucune possibilité de répondre.

    Un film de guerre qui parle de la guerre sans la montrer ou si peu, mais qui témoigne encore et surtout de l’absurdité de TOUTES les guerres. C’est mon côté candide qui parle encore mais comment croire qu’il y ait tant de conflits sur terre alors que les gens qui les font les détestent tant. Ici, l’ennemi est invisible mais la peur est omniprésente. Comment avoir une vingtaine d’années et se dire qu’on sera peut-être mort dans quelques heures ? Et pourtant la jeunesse des personnages n’est à aucun moment un obstacle au sens du devoir très développé chez ses jeunes hommes malgré les ordres stupides, les contre-ordres encore plus crétins qui arrivent par radio d’une hiérarchie qui leur assure que tout est sous contrôle. Malgré cela, il y aura des pertes… Les blessés ou les morts sont évacués par hélicoptère et on laisse malgré tout, sans raison véritable cette poignée d’hommes seuls en haut d’une symbolique colline. L’état-major n’en est manifestement pas à une énormité, une incohérence et une contradiction près tant le maintien de ce groupe semble totalement absurde… jusqu’à ce qu’il en décide autrement et offre aux soldats la possibilité d'un fantastique feu d’artifice qui détruit la colline, la forteresse et les libère. Mais c’est sûrement le réalisateur qui parle le mieux de ce moment fort et impressionnant :

    «"Dans chaque conflit, survient toujours un moment aussi brutal que définitif où la mission, ou l'objectif pour lequel des soldats ont donné leur vie jusque-là, cesse d'exister. Dans Beaufort, ce moment arrive avec la gigantesque explosion qui détruit l'une des montagnes les plus ensanglantées du Moyen-Orient. C'est un moment inoubliable, saturé d'adrénaline, mais aussi une image qui cristallise à elle seule l'inconcevable gâchis de vies humaines. En tant que cinéaste, et ancien soldat d'infanterie, je me sens extrêmement chanceux d'avoir eu l'opportunité de montrer cette image à l'écran."

    En outre il faut saluer l’interprétation absolument remarquable, l’atmosphère originale qui règne (pas de grandes scènes de franche camaraderie, mais quelque chose au-delà, différent indéfinissable et inédit, ), et tous les personnages touchants qui rendent ce beau film désespéré vraiment poignant à l’image du tout dernier plan.

    Beaufort
  • 3 h 10 to Yuma de James Mangold ***

     

    3h10 pour Yuma - Russell Crowe 
    3h10 pour Yuma - Christian Bale
    3h10 pour Yuma - Christian Bale et Russell Crowe

    Dan Evans, fermier poissard du Grand Ouest a perdu une jambe au cours de la guerre de Sécession, la sécheresse rend l’exploitation de son ranch de plus en plus difficile, la Compagnie des Chemins de Fer cherche à l’exproprier, et devant cette accumulation de poisse, il a perdu le soutien et l’estime de sa femme et de son fils aîné. Pour tenter de faire face aux dettes et se refaire une aura auprès des siens, Dan va rejoindre l’escorte qui accompagne le bandit Ben Wade, vers une ville qui répond au doux nom de Contention et le mettre dans le train de 3 h 10 pour Yuma où il sera jugé.

    Alors moi je dis, merci, merci et re encore à James Mangold pour ce western westernisant qui commence « comme un rêve d’enfant, qu’on croit que c’est dimanche et que c’est le printemps »… Ooopsss, scusez, tout le monde sait maintenant qu’un western pour moi c’est une madeleine et que si votre enfance cinéphile a débuté par des Walt Dysneiseries, moi c’est dans le West Ern que j’ai passé la plupart de mes dimanches. Chez d’autres, ça aurait peut-être sûrement provoqué un dégoût ou un rejet… Bref, j’arrête de gagatiser, « on » m’a dit récemment au réveil que mes notes devenaient trop longues...

    De quoi ça cause ?

    Vous savez bien comment ça se passe dans ces cas là ? Il faut pas moins de deux jours et deux nuits de route à dos de bourrin pour rejoindre la gare de Yuma (si vous partez de Beesbee ‘f course), elle est semée d’embûches, d’imprévus et de retournements de situation (c’est pas toujours le même qui est du bon côté du flingue), quand il n’y a pas la cavalerie et les apaches qui s’en mêlent. Ici, tout y est !  Pour un bon, grand, beau western bien réussi tout comme il faut, il y a des ingrédients, comme une recette à respecter et ici, il me semble qu’il n’en manque pas un. Vous ne trouverez pas de cow-boy dépressif, de mythe ou d’ambiance crépusculaire, de far west contemplatif, non c’est du bon gros vieux western classique, impeccable et dépaysant tout bien comme il faut.

    A quoi reconnaît-on un beau western comme celui-ci ?

    L’action d’un western se situe en Arizona ou dans n’importe quel Etat ravitaillé par les corbeaux dans lequel vous pouvez chevaucher pendant des jours sans rencontrer une plume d’indien. On sent toujours comme une base historique derrière l’histoire des personnages de fiction. La guerre de Sécession n’est pas loin et parfois il faut encore choisir son camp : Yankee ou Sudiste !

    Le manichéisme est une constante. Il y a des bons et des méchants fortement marqués, à la limite même de la caricature et on voit tout de suite qui est qui. Ici, le gentil c’est Dan le fermier (Christian Bale magnifiquement blessé) et le méchant c’est Wade le bandit (Russel Crowe qui Russel Crowise à merveille). L’un des deux sera héroïque, forcément, mais ici, la profondeur psychologique des deux personnages donnera lieu à des échanges verbaux plus ou moins captivants. Quand les cow-boys ne sont pas que des bourrins sans état d’âme, c’est un plus non négligeable. Evidemment lorsqu’on met en présence deux grands fauves comme ici, à un moment ou à un autre arrive l’inévitable lutte virile « c’est qui qu’a la plus grosse ! », surtout si une jolie fille fluette aux yeux verts passe dans le coin ! Ils sont virilement drôles les cow-boys.

    Le western développe un racisme omniprésent (même si certains se sont employés à démontrer le génocide dont les indiens ont été victimes). Ce film n’échappe pas à la règle et c’est en général de la bouche d’une brute épaisse sans foi ni loi qu’on entend que les indiens sont cruels et stupides, les noirs de bons nègres laborieux et les bridés des feignants. Le cow-boy ne doute jamais de sa blanche suprématie.

    En outre, dans ce « 3 h 10 pour Yuma », puisque rien n’y manque, on assiste à l’incendie d’une grange avec sauvetage des chevaux à l’intérieur, braquage de diligence, passage dangereux infesté d’indiens, descente dans une mine d’or, arrêt « repos du guerrier » au saloon où une accorte serveuse n’a froid ni aux yeux ni ailleurs, exécutions sommaires, nuit tendue entre hommes au coin du feu de camp, chevauchée périlleuse dans des paysages sublimes et désertiques… et discussions philosophico-psychologiques entre les deux héros que tout oppose mais pas tant que ça finalement, avec le « méchant » charismatique et le « gentil » qui refuse de sympathiser ! Ajoutez à cela une musique toute guitare et trompette (mais là, il manque vraiment Ennio Moricone) qui appuie les moments forts et vous aurez de quoi passer deux heures vraiment formidables, enthousiasmantes pour ce film qui ressemble comme deux gouttes d’eau à un classique, avec deux acteurs convaincants et convaincus.

    Petit bémol pour la fin qui ne va tout au bout du bout de l’affirmation de Russel/Wade qui affirme qu’il est un vrai méchant… dommage !

  • Crimes à Oxford de Alex de La Iglesia °

    Crimes à Oxford - Elijah Wood 

    Une vieille femme est retrouvée morte dans sa maison. Elle a la bouche ouverte et le nez pété. Deux tronches en maths, résolutions d’énigmes et suites problématiques (le maître Seldom et l’élève Martin) se retrouvent par hasard et par inadvertance sur les lieux du crime et vont être conviés pas très aimablement par la police locale à participer à l’enquête. Sachant que la suite de fibonacci a encore frappé, que Mademoiselle Rose se trouvait vraisemblablement dans la salle à manger avec un chandelier alors que l’arme du crime est un coussin (essayez de vous péter le nez à coups de coussin vous verrez !), que Robert Langdon était indisponible, que certains suspects ont des gueules patibulaires mais presque, qui a tué Roger Ackroyd ?

    Que dire de ce Cluedo Agatha Christiesque ? Qu’on s’en fout ? Ce n’est pas très gentil ! Que c’est pompeux, prétentieux, abscons et sans intérêt ? On s’approche mais ça manque encore de civilité ! Néanmoins, nonobstant et pourtant, il y avait matière à… et c’est difficile d’expliquer ce qui cloche… mais ça cloche !

    Que tous les personnages soient suspects dans les dix premières minutes n’est pas gênant, au contraire, c’est même le principe de ce genre d’énigme de nous mener en bateau et de nous faire croire qu’on a découvert qui est le coupable et, les grands jours avec, le mobile ! Mais là, ça ne marche pas ou alors sont-ce les digressions qui s’éloignent du thème principal qui font que par moments vraiment, on frôle le ridicule ? Peut-être bien mais pas seulement. En tout cas là, j’avoue que le fond du burlesque (involontaire… sinon, ça vaut pas !) est atteint lors des scènes d’amour (rarement folichonnes au cinéma) entre Martin (Elijah Wood) et Lorna (Laura Watling) ! Imaginez une belle fille aux gros seins et aux grosses fesses nue sous son tablier de cuisine et avec dans son lit……….. !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!! UN HOBBIT messieurs dames, blanc comme un linge, taillé comme un sandwich SNCF qui baise avec son slip en se tartinant de spaghetti bolognaises !!! Je me doute bien qu’Elijah Wood soit tout à fait en âge de tourner ce genre de scènes mais quand on le met dans un plumard avec une fille pulpeuse et passionnée, il a quand même du mal à nous faire oublier qu’il a été le porteur de l’anneau et quand il roule ses billes bleues en frisant son front, je m’attends toujours à ce qu’il nous dise « où c'est que j’ai mis mon précieux, Sam ??? ». Cela dit, ici il est aussi obsédé que dans le Seigneur sauf qu’il est tout seul dans sa communauté et qu’il cherche à savoir quel est le symbole qui suit : un cercle, un poisson et un triangle !!! C’est dur, je vous jure, moi j’ai vite arrêté de chercher. Les fausses pistes se multiplient, John Hurt joue les gourous énigmatiques et antipathiques sans sourciller et aussi on nous offre un joli court métrage en plein mitan du film à propos d’un matheux qui pour tester les méfaits (ou bienfaits on sait pas) de la trépanation se plante à l’aide un pistolet à clous, un clou dans le crâne et se retrouve à l’hosto sans jambes, sans bras, les couilles à l’air à faire des gloubouloulou… glrrrrrpppp…sluuruuuupppp (ça doit vouloir dire : « putain ça fait mal ! »).. c’est rafraîchissant et vraiment bienvenu et j'ai compris pourquoi les matheux me font chier.

    Sinon, ben oui finalement, ça finit par s’arrêter, trois fois même on croit que ça s’arrête et puis ça s’arrête, l’énigme psychanalystico prout prout est résolue en deux coups de cuiller à théorèmes et postulats, y’a des morts, des victimes collatérales, des survivants et on s’en fout royalement.

    Z’avez pas vu mon pistolet à clous par hasard ???

    P.S. : sinon ah oui j'oubliais, les décors sont magnifiques. Regarde tiens, la vérité si je mens :

     

    Crimes à Oxford - John Hurt et Elijah Wood
  • 12èmes Rencontres du cinéma de Gérardmer

     

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    Belle moisson de films pour ces 12èmes rencontres. Comme il ne s’agit que de films en avant-première qui devraient tous bénéficier d’une sortie plus ou moins conséquente dans les semaines ou mois à venir, je vous en parlerai plus en détails lors de leur sortie officielle. D’ores et déjà, sachez que j’ai pu découvrir :

    - EZRA de Newton I.Aduaka ***, film nigérian qui raconte l’histoire d’un ex enfant soldat sierra léonais qui tente de se réinsérer sous l’égide d’un « tribunal de réconciliation nationale ».

    - PENELOPE de Mark Palansky **, comédie fantastico romantique avec la délicieuse Christina Ricci victime d’un sort et qui ne pourra y échapper que grâce à la rencontre du prince charmant (le très très joli James McAvoy).

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    - RETOUR À GORÉE de Pierre-Yves Borgeaud **, road movie musical qui explore le périple de Youssou N’Dour à travers les Etats-Unis et l’Europe sur les traces des esclaves noirs et de leur musique.

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    - LA CITÉ DES JARRES de Baltasar Kormatur *** polar islandais glacial et déroutant qui brasse maladie génétique et enquête sur un meurtre.

    - LES CITRONNIERS D’Eran Riklis *** comédie dramatique israëlienne où une femme palestinienne entre en lutte contre les autorités israëliennes pour tenter de sauver sa plantation de citronniers qui se trouve sur la Ligne Verte, frontière entre Israël et les territoires occupés.

    Diversité, qualité, surprises étaient au rendez-vous de mes rêves de cinéphiles…

    Gérardmer, c'est aussi, ça :

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  • Les 12èmes Rencontres du cinéma de Gérardmer

    « Devenu un évènement aussi incontournable dans les Vosges que Fantastic’Arts, les Rencontres du Cinéma de Gérardmer se tiendront cette année du 26 au 29 mars. Pour sa douzième édition, 17 films seront présentés en avant-première. Du polar à la comédie en passant par le documentaire, bien des genres seront représentés et comme ces Rencontres sont aussi un panorama du cinéma actuel, ces films viendront d’horizons divers, de la France aux Etats-Unis, en passant par l’Islande et le Québec. Cerise sur le gâteau, beaucoup d’équipes feront le déplacement pour être au rendez-vous et parler de cinéma avec le public. Vous pourrez donc croiser entre deux séances Albert Dupontel et Jean Becker qui viendront présenter « Deux jours à tuer », mais aussi Antoine de Caunes et Catherine Castel pour « 48 h par jour », Miou Miou, Lambert Wilson et Pascal Bonitzer pour « Le grand alibi », Rob Stewart pour « Les seigneurs de la mer » et d’autres ». Trent.

    A BIENTÔT.
  • Un cœur simple de Marion Laine **

    Photos de 'Un Coeur simple'

    Après une cruelle trahison amoureuse, Félicité entre au service de Mathilde Aubain, jeune veuve aigrie seule avec deux enfants. La vie des deux femmes que tout oppose et que tout va finir par rassembler va s’imbriquer l’une dans l’autre, jusqu’à se confondre.

    Félicité est ce cœur simple, ce cœur pur qui déborde d’un amour qu’elle offre sans condition et surtout, hélas sans retour ou si peu, tout au long d’une vie de labeur consacrée aux autres. Dit comme cela, ça fait peur, et c’est vrai que c’est absolument effrayant toute cette méchanceté, cette cruauté qui s’acharnent sur Félicité. Sa vie, son histoire ne sont qu’une succession de déceptions, de trahisons, de pertes, d’empêchements, d’abandons, de sacrifices, de tortures morales ou physiques que Félicité accueille avec rage parfois mais qui jamais ne l’empêcheront d’avancer. Tant d’acharnement concentré sur une aussi gentille personne,  ce misérabilisme exacerbé, cette cruauté incompréhensible finissent dans la dernière demi-heure par rendre le film intolérable avec une envie d’entrer dans l’écran et de l’aider à s’en sortir; à l'éloigner de tous ces gens affreux, bêtes et méchants... La vie de Félicité n’est qu’une accumulation de malheurs et de douleurs entrecoupés par quelques instants de joie vite effacés.

    Mais ce qui aide à supporter cette épreuve est le talent des deux actrices  époustouflantes pratiquement seules à l’écran. Marina Foïs est une nouvelle fois surprenante (bien que détestable) dans un rôle de femme sèche, jalouse, envieuse, qui refuse son amour à tous, préférant feindre de s’enfermer dans le souvenir d’un amour mort. Mais c’est Sandrine Bonnaire qui envahit l’écran de toute sa douleur et sa douceur, ses cris de rage, ses sourires lumineux et fait de son interprétation toute entière un crève-cœur.

    Un coeur simple - Marina Foïs et Sandrine Bonnaire
  • The Darjeeling limited de Wes Anderson ****

     

    A bord du Darjeeling Limited - Jason Schwartzman, Adrien Brody et Owen WilsonA bord du Darjeeling Limited - Jason Schwartzman, Adrien Brody et Owen Wilson
    A bord du Darjeeling Limited - Jason Schwartzman, Adrien Brody et Owen Wilson

    Francis, Peter et Jack sont frères, pourtant ils ne sont plus parlés depuis un an, depuis la mort du père. Francis l’aîné décide de réunir la fratrie pour un improbable voyage à travers l’Inde, à bord d’un train étrange, biscornu et néanmoins magnifique « Le Darjeeling limited ». Cette tentative de recréer les liens fraternels va se teinter d’une quête spirituelle quelque peu farfelue car menée par trois personnages tantôt lunaires tantôt loufoques. L’aventure, les imprévus et l’émotion seront également au rendez-vous.

    Cet extravagant voyage commence par un court-métrage. Il se passe à Paris où l’un des frères, Jack (Jason Schwartzman) tente difficilement de se remettre d’une séparation. Las, la traîtresse (Natalie Portman délicieuse, capture l’écran en quelques minutes de présence) resurgit pour mieux encore perturber notre dépressif… Ensuite, nous sommes directement propulsés à bord du train où les trois frères se retrouvent. La façon dont Peter (Adrien Brody) manque de rater le train mais finit par l’avoir est savoureuse.

    Wes Anderson ne s’embarrasse pas de nous faire savoir comment l’aîné a réussi à convaincre ses deux cadets qui paraissent plutôt perplexes, de participer au voyage mais on constate d’emblée que l’ambiance n’est pas à la fête. Ces trois là ne se comprennent plus, ne se font plus confiance et ne semblent pas tout à fait sûrs de savoir ce qu’ils font là. Ils finissent par se laisser porter par la mollesse et la lenteur du voyage, par les arrêts soudains et hasardeux… peut-être aussi par la beauté, les couleurs (tout est jaune et rouge vif) et les odeurs de ce pays. Difficile de raconter tous les détours burlesques qu’empruntent les trois frères devant la caméra. C’est à la fois énorme et discret, fantasque et original. On ne hurle pas de rire mais on sourit beaucoup, à la folie, emporté par ces trois ahuris si désarmants parfois. Chaque détail compte et l’on sait que Wes Anderson a le sens et le goût du détail qu’on ne comprend pas toujours mais qui fait partie de l’ensemble inévitablement voire de façon indispensable. Pourquoi Francis (Owen Wilson) a-t-il la tête bousillée ? Bien sûr, il a eu un accident de moto (un suicide ?) mais en quoi est-ce utile au scénario ? A rien, juste à le rendre plus fragile et plus ridicule peut-être. Car ridicules, ils le sont, c’est indicible, mais touchants aussi, attachants, pathétiques et émouvants.

    Les trois acteurs forment indissociablement et de façon égalitaire les membres de cette fratrie. Leur point commun d’acteurs semble être une aisance désarmante à jouer les ahuris et aussi une humilité impressionnante qui fait qu’aucun ne tire la couverture à lui. Owen Wilson en grand frère plein de tendresse et de faiblesses tente de jouer les autoritaires et de mener le périple comme un voyage organisé en distribuant chaque jour un emploi du temps qui ne sera jamais suivi. Jason Schwartzman et sa tête d’innocent fatigué qui semble figée dans une expression unique et inerte est monumental en dépressif chronique. Et Adrien Brody, est un grand ado qui ne veut pas grandir, terrifié à l’idée de devenir prochainement papa, encore tout attaché à tous les objets qui ont appartenu à son père. Et oui, comment devenir père quand on se sent encore un enfant ? Il est lui aussi assez impressionnant en funambule caché derrière ses grandes lunettes. Tous les trois ont en commun un côté Buster Keaton et font de l’inexpressivité des sommets de leur interprétation. Et oui, c’est contradictoire mais c’est ainsi. Au final, ce beau, drôle, doux et parfois poignant film raconte l’histoire de trois grands gamins qui s’aiment, qui aiment leur papa et leur maman et qui nous offrent le beau spectacle de leur réconciliation.

    Dire à quel point ce film fou fait un bien fou serait folie !

    Et puis, il y a la visite expresse de ce monsieur... toujours champion du monde toute catégorie du comique métaphysique... essoufflé...

     

    A bord du Darjeeling Limited - Bill Murray
  • Le nouveau protocole de Thomas Vincent *

    Le Nouveau protocole - Clovis Cornillac

    Raoul est bûcheron. Ça se voit, il a une barbe, une chemise à carreaux et un bonnet. Il reçoit un coup de téléphone qui lui annonce la mort de son fils de 18 ans dans un accident de voiture. Il est fou de chagrin jusqu’à ce qu’une jeune femme très très exaltée lui affirme que cette mort serait dû aux effets secondaires d’un protocole médical que son fils aurait suivi lui faisant perdre le contrôle de sa voiture. D’abord sceptique, il va finalement suivre Diane militante alter mondialiste dans son combat contre le lobbie pharmaceutique.

    La première et la dernière scènes, terrifiantes, essaient de nous faire croire que nous allons assister à un film très politique basé sur l’indignation que provoquent les essais cliniques commis sur les enfants africains par les grandes firmes pharmaceutiques. Pour cela, je vous conseille plutôt de revoir « The constant gardener » car ici nous assistons à un petit thriller paranoïaque à l’américaine, survolté et la plupart du temps assez invraisemblable. Si Clovis Cornillac est tendu, très impliqué et plutôt crédible, Marie-José Croze est très très exaspérante.

  • Angles d’attaque de Pete Travis °

    Angles d'attaque - Dennis Quaid

    Le Président des Tas Unis doit faire une conférence en Espagne en présence de plein plein plein de représentants de pays des cinq continents à propos du terrorisme : « va falloir faire l’gendarme à propos de tout ce bazar et qu’on en finisse nondedjiou ! ». Pas de bol, les terroristes i perdent jamais une occasion de se faire remarquer et vlan, il tire sur le Président, et re, on sait jamais ! Et pis après aussi, y'a une bombinette qui explose (voir photo ci-dessus). Branle bas de combat chez les bodyguards, vous vous doutez bien.

    Alors donc, c’est là que le réalisateur (j’arrive même pas à croire que c’est le même Pete Travis qui avait réalisé « Omagh », même pas j’y arrive !), se dit : « tiens, et si je refaisais huit fois la même histoire suivant des points de vue différents selon le principe du be kind rewind, pour voir ??? ». Aussitôt dit, aussitôt fait, sauf que le film il devrait pas s’appeler angles d’attaque (c’est toujours le même !) mais points de vue. Quand ils savent pas ils devraient me demander vous trouvez pas ? Et c’est parti mon kiki pour 1 h 30 de rembobinage multiplié par huit, au rythme de 54 000 images clipesques/seconde, au son d’une musique que tu ne peux écouter que debout, au garde à vous, le ptit doigt sur la couture du pantalon (j’te jure, c’est d’un pratique pour regarder un film !!!) et avec un défilé de stars.

    Bon, y’a William Hurt, il fait le Président. Il a pas dû se documenter sur comment on fait président ou lire « Président pour les Nuls » ou "Président raconté à ma fille", parce qu’il dit des trucs complètement cons du style : « on ne va pas attaquer le Maroc !!! On ne va pas attaquer un pays ami qui ne nous a rien fait !!! ». Vachement crédible comme président, tu vois l’topo !

    Angles d'attaque - William Hurt

    Et puis, y’a Dennis Quaid, qui fait bodyguard. Rien que pour avoir Dennis Quaid comme guard de mon body, je ferais bien président des états unis moi. Pourtant, il a l’air con dans ce film, mais j’sais pas, j’l’aime quand même. Les souvenirs sans doute. Il a la bouche toute retournée vers le bas comme s’il venait de rendre son quatre heures, il a les os de la mâchoire qui palpitent tu vois le truc, comme s’il préparait un sale coup et puis il a la ride du lion (tu sais, la moche entre les deux sourcils) creusée jusqu’à l’os. Au début, il tremble et il prend des médocs et à la fin ça va mieux, il tremble plus, il a fait une course poursuite, ça l’a bien détendu.

    Angles d'attaque - Dennis Quaid

    D’ailleurs à ce propos, il faudrait conseiller à TOUS les réalisateurs de la terre de voir « La nuit nous appartient », comme ça, ça leur passerait peut-être l’envie de tourner des scènes de poursuite en bagnoles. Personne pourra plus JAMAIS faire mieux que James Gray. Ici, on se croirait dans un vieux Hitchcock avec le conducteur qui se penche à gauche ou à droite selon qu’il tourne le volant à droite ou à gauche. T’es toujours là ??? Bon, sauf que chez Hitchcock, le côté kitsch avait un côté chic. Oui, je suis snob et alors. C’est pas tout.

    Y’a Sigourney Weaver qui joue la femme tronc reine de la TV autoritaire et tutti frutti. Ah oui, j’oubliais, y’a Forrest Whitaker qui joue un touriste qui filme tout le bouzin, qui sauve une fillette, téléphone à sa femme et traverse une autoroute à pied. Il joue comme un débutant et il est pathétique et il a oublié qu’il avait été ghost dog !!! Et puis, y’a d’autres acteurs qui jouent des rôles et que je connais pas mais comme je veux savoir des trucs parfois, je suis allée voir qui était cette endive (ché mi in dit "chicon", mais ça n'a aucun intérêt ici !) de Mattew Fox et j’ai compris pourquoi je ne l’avais jamais vu... Pardon, je ne le ferai plus (mais je ne vous mets pas sa photo, il est vraiment trop vilain).

    Angles d'attaque - Sigourney Weaver
    Angles d'attaque - Forest Whitaker

    Sinon, ben quoi sinon, sinon rien voilà tout !

    Ah si, autre chose, Salamanque ça a l’air vachement beau mais là c’était tout cassé (rapport à la bombe qu'y a eue !).

    Et puis, allez c’est bientôt Pâques, une petite devinette pour vos cloches :

    sachant que Saïd Tagmaoui joue dans ce film.

    A votre avis, qui est le terroriste ???

    Et comptez pas sur moi pour vous donner un indice !

  • Il y a longtemps que je t’aime de Philippe Claudel **

    Il y a longtemps que je t'aime - Kristin Scott Thomas et Elsa Zylberstein
    Il y a longtemps que je t'aime - Elsa Zylberstein et Kristin Scott Thomas

    Après avoir purgé 15 ans de prison Juliette est accueillie, (recueillie ?) par sa sœur Léa. Les deux femmes ne se sont pas vues pendant toutes ces années. La famille, honteuse, s’étant chargée de faire de Juliette une paria. Elles vont se reconquérir, se ré-apprivoiser !

    Un film d’amour qui parle de ce lien étrange et fascinant qui unit deux sœurs ne peut qu’être attirant, troublant et effrayant tant ce qui peut souder et désunir deux êtres liés par la même histoire, les mêmes origines est parfois ténu. Elsa Zylberstein la cadette et Kristin Scott Thomas l’aînée incarnent parfaitement et à la limite du morphing parfois les facettes de ces deux vies. Léa dont la « normalité » (beau métier, belle maison, beau mari, beaux enfants) impressionne, va énormément s’agiter pour tenter de redonner goût à la vie à sa sœur, sans la brusquer, sans l’interroger en étant là, parfois maladroitement mais toujours tendrement et sincèrement. Elle va multiplier les sorties, provoquer des rencontres, des réunions entre amis. Sur certaines scènes de groupe, parfois cruelles tant la personnalité et la présence même de Juliette intrigue ou d’autres scènes de « café » plane manifestement l’ombre de Sautet, et c’est toujours bon de découvrir une référence adorée chez un nouveau réalisateur.

    Juliette, d’abord mutique, emmurée dans le silence et la douleur, qui sursaute au moindre bruit, parfois violente et inattendue dans ses réactions va peu à peu refaire surface, difficilement, longuement, douloureusement. Sans pour autant reprendre goût à la vie, elle va réapprendre à aimer et à se laisser aimer. A un « prétendant » qui tente une approche elle dira : « je suis encore loin vous savez», mais à sa sœur qui décuple les preuves d’amour elle va dire « merci ». Les deux actrices sont fascinantes d’intensité et de complicité. A la froideur parfois déchirante de Kristin Scott Thomas répond la fragilité discrète et douloureuse d’Elza Sylberstein. Pour elles deux, le voyage vaut mieux que le détour.

    On pourra également noter la visite touristique de Nancy et l’insistance du réalisateur à présenter un peintre local que j’adore, Emile Friant, et MON Caméo.

    Par contre, je regrette que Philippe Claudel ait choisi de ne pas garder le mystère de Juliette jusqu’au bout en la présentant dans une toute dernière pirouette à prestation césarisable comme une victime et faisant de son film "un secret révélé". Je regrette que la plupart des personnages secondaires soient trop stéréotypés : le flic dépressif, le mari méfiant, l’employé des services sociaux (très) souriante et (très) compréhensive, l'ami compréhensif lui aussi, les collègues agressives… Les maladresses (de jeunesse) telles que l’évocation de la guerre en Irak, de la maladie d’Alzheimer présentée comme un refuge… m’ont paru au mieux naïves, au pire déplacées…

    Ces réserves faites, vous pouvez plonger dans le regard de Kristin Scott Thomas, être boulerversé par la déclaration d'amour réciproque de deux soeurs et savourer une version absolument splendide de « Dis, quand reviendras-tu » de Barbara par Jean-Louis Aubert.

    Il y a longtemps que je t'aime - Kristin Scott Thomas et Elsa Zylberstein
    Il y a longtemps que je t'aime - Kristin Scott Thomas