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J'interromps brièvement et provisoirement le rythme que je m'étais imposée avec mon cahier de textes pour vous enjoindre à fuir ce film urgemment, c'est une arnaque. Il est mauvais, abscons et ridicule.
Jason Bourne et surtout Matt Damon peuvent continuer à dormir sur leurs quatre'z'oreilles, cet héritage ne leur arrive pas au talon d'Achille. D'ailleurs, puisqu'il semblerait que la mort de Jason Bourne ne soit pas avérée (comme ils disent dans le poste), il n'est pas impossible que Matt/Jason refasse surface dans le prochain épisode. Va savoir Charles. Non mais parce que Jeremy Renner, à la base, j'ai juste envie de dire un truc :
AU S'COURS !!!
Il est bien gentil le garçon, et bravo d'avoir poussé de la fonte pour renforcer les pectos, les deltos et surtout les grands obliques qui rendent les filles choses... mais non, définitivement non, ça le fait pas. Il exprime rien le garçon... Et en plus il a abusé de l'auto-bronzant, ça le rend orange. Bon, c'est pas le tout de savoir piquer un cent mètres, il faut aussi avoir un truc dans l'oeil, dans le regard ou dans le sourire... quelque chose quoi, qui fait que ! Et là, non, rien, que dalle, nada, nikto !
Bon alors le truc c'est que Aaron Cross (Jerem' donc) est tout seul en Alaska avec son barda et il se fait subir des épreuves tout seul. Il franchit les collines d'un bon, il affronte des loups, il saute dans les arbres, il se fait cuire un oeuf, tout ça dans le vent et la froidure neigeuse. Régulièrement, il prend ses comprimés, un vert pour la forme, un bleu pour l'intellect (lol). Sauf que bon... il perd sa boîte à pilules : le drame ! De l'autre côté des glaciers, vers les Etats-Unis d'Amérique, un complot est ourdi par un journaleux qui veut révéler au monde des trucs qu'il faut pas. Pas grave, il est dégommé. Mais bon, on sait jamais, le gouvernement décide d'éliminer tous les gus génétiquement modifiés dans le genre d'Aaron. Sauf que sans le savoir, il rate Aaron, il zigouille un loup. Mais personne le sait. Alors vlà notre Aaron qui trouve un avion (la facilité de ce mec à trouver des véhicules est juste h.a.l.l.u.c.i.n.a.n.t.e) et s'en revient aux states avec un objectif ! Se venger ??? Macache ! Il veut ses comprimés. Il faut dire qu'il a un peu chaud aux fesses car figurez-vous qu'avant d'être Numéro 5 (je vous passe les détails) Aaron était un pauvre gars à qui il manquait 12 points de QI pour être trouffion dis donc. Faut le faire (et là, j'avoue j'ai ri !) ! Mais un sergent chef-oui-chef a bidouillé les tests et notre Aaron qui en fait s'appelait Ken ou Frank (j'ai oublié) intègre l'armée. Mais il était tellement con que même tirer avec une kalach, il savait pas faire. Alors il est revenu d'Irak en pièces détachées et c'est là qu'il a pris son abonnement au Waouh Fitness Club pour faire du muscle avec la barbaque.
Donc, il revient, mais au début personne sait qu'il revient puisque tout le monde croit qu'il est mort alors que c'est le loup. Pendant ce temps dans le labo où travaille Rachel Weisz qui a son diplôme en bio-chimie moléculaire génétique des pilules vertes et bleues, un type qui a le badge rouge (celui qui te fait entrer dans la salle où y'a que ceux qui ont les badges rouges qui peuvent entrer) a respiré trop fort les vapeurs de ses fioles à pilules et du coup, il prend un flingue et déboulonne tous ses collèges. Sauf Rachel Weisz, la tronche en pilules. Trauma pour la Rachel qui rentre chez elle. Et là, alors que le gouvernement qui n'en est pas à un meurtre près s'apprête à la désouder, Aaron déboule, la sauve et lui dit "t'as pris ta pilule ?". On se dit : chouette, va y avoir du sexe, sortez les moutards. Sauf que non, il veut SES pilules à lui cet égoïste, la verte ET la bleue. Et la Rachel lui dit :
"c'que tu peux être couille mon Aaron, tu savais pas que t'étais sevré de la bleue ???"
"Gné, je suis sevré de la bleue" qu'il dit ? "Et tu pourrais pas me sevrer de la verte aussi" ? qu'il demande.
"Oui, qu'elle répond, mais, c'est rapport à ton QI, ça craint, j'ai peur que tu redeviennes un légume tu comprends... et moi ce que j'aime, ce sont les pilons de poulet".
"Bon alors, tant pis, c'est pas grave qu'il dit, et si on allait en vacances à Manille ?"
Dans la famille Smith, on ne fait pas d'étincelles avec le cerveau. De ce côté de l'Atlantique nous dirions que ce sont des beaufs. Mais des bien gratinés aux petits oignons. Les Groseille au moins ne s'entre zigouillaient pas ! Il y a Chris 22 ans qui a un don inné pour se mettre dans de sales draps de combines foireuses. Le père, pas bien futé, pochtron et remarié à une poupée vulgaire et peu farouche. Et la petite soeur Dottie, Lolita vierge un peu hallucinée, somnambule à ses heures, molle et alanguie sur son lit. On est au Texas dans une banlieue pas reluisante de Dallas et cette bande de déficients mentaux va se mettre dans une situation de plus en plus inextricable "grâce" à Chris qui doit rapidement rembourser une dette de 6 000 dollars. L'idée lumineuse d'assassiner sa mère et d'empocher le montant de l'assurance-vie dont Dottie est la bénéficiaire, germe dans son cerveau débile. Pour se charger du sale boulot, il s'adresse à Joe, shérif réputé pour arrondir ses fins de mois difficiles de fonctionnaire en accomplissant ce genre de basses besognes. Toute la famille approuve le deal. Mais Killer Joe aime se faire payer d'avance ce qui est impossible en l'occurrence. Qu'à cela ne tienne, la jeune Dottie lui a tapé dans l'oeil, elle lui est donc offerte en guise de caution. Mais Joe, en plus d'être très sentimental (il tombe amoureux de Dottie) est du genre qui finit tout travail commencé. Donc, lorsque Chris, sans doute aussi vaguement amoureux de sa soeur... décide de faire marche arrière, il est déjà trop tard !
On pourrait, pour faire genre court, évoquer les Coen voire Tarantino mais finalement ce film a sa dimension propre et le vétéran William Friedkin démontre à nouveau qu'il n'a pas son pareil pour mettre le spectateur mal à l'aise. Evidemment ce Killer Joe ne filera pas des semaines de cauchemars comme l'Exorciste en son temps, mais l'absence totale de morale de tous les personnages, leur bêtise crasse, l'outrance des situations, la violence latente qui finit toujours par se déchaîner en font un divertissement à la fois malsain mais finalement réjouissant. Car Friedkin ne se refuse aucun excès et la sacro-sainte famille (américaine) est présentée comme l'endroit et l'entité les plus nocifs, insalubres et pernicieux qui soient. On se dit que non, le père et son fils ne vont pas offrir Dottie à ce psychopathe ! Tout comme on supposait un peu plus tôt que ce petit ange de Dottie s'opposerait à ce qu'on zigouille sa mère ! Mais non, le réalisateur y va à fond les manettes dans l'horreur. C'est tout juste s'il ne nous dit pas que cette mère (qu'on entr'apercevra à peine...) ivrogne, qui a voulu étouffer sa fille non désirée quand elle était bébé, qui se fait sans doute tabasser par son idiot de fils, ne mérite pas ce qui va lui arriver.
Pourquoi, au lieu de crier au scandale, peut-on se réjouir du spectacle des agissements de cette famille de déséquilibrés ? Parce que c'est tellement bien fait, excessif que ça en devient tordant, que l'énergie jubilatoire qui parcourt le film est contagieuse et aussi, et surtout, que les acteurs sont entrés sans condition dans cet univers délétère. Emile Hirsch encaisse les coups avec beaucoup d'humilité et de courage, et s'emploie avec maladresse à rectifier le tir de ses erreurs. Juno Temple, ambiguë à souhait, allie la provocation involontaire d'une Lolita trash à l'innocence d'une ado vierge qui ignorerait tout de son pouvoir de séduction. Gina Gershon incarne à la perfection la femme plus tout à fait jeune, lasse et vulgaire. Elle a néanmoins l'honneur et le privilège d'être la seule à sembler posséder un cerveau en état de marche. Thomas Hayden Church incarne le père et c'est avec une virtuosité certaine qu'il a l'air parfaitement abruti qui convient.
Mais le tueur sans émotion, froid comme un reptile, l'ange exterminateur au "regard qui blesse" qui glace le sang dès qu'il apparaît, qui ôte ses gants mieux que Rita Hayworth dans Gilda, qui aime le pilon de poulet... c'est Matthew McConaughey. Enfin, grâce à ce film (et aussi à sa prestation hilarante dans le récent Magic Mike) il semble être reconnu et non plus moqué comme le piège à minettes qu'il a été. Bien sûr, il a souvent sombré dans des rôles faciles et des bluettes sentimentales oubliables. En ce qui me concerne, évoquer Matthew McConaughey et c'est Lone Star qui me vient en tête, film qui commence certes à prendre de la bouteille mais sans rien perdre de sa perfection. Je suis donc d'autant plus ravie de constater que Matthew soit reconnu et fêté. Que fait-il ici ? Il se prend très au sérieux. Il le fait avec tellement de génie que ce rôle sera sans doute LE ou un des grands rôles de sa carrière. Qu'il ôte ses gants, qu'il fasse cliqueter son zippo, qu'il retire son chapeau pour se lisser les cheveux... chacun de ses mouvements semble être la démonstration du second degré. Mais pas seulement, la scène où il raconte, comme s'il s'agissait d'un conte de Noël, à une Juno Temple fascinée ou effrayée que pour se punir de l'adultère de sa femme un type s'est brûlé les couilles est stupéfiante et du même tonneau que celle où Christopher Walken expliquait le trajet de la montre de son père dans Pulp Fiction. Et ce texan pure jus, bon père, bon mari, qui ne parle que famille, enfants et ranch dans ses interviews devra renoncer éternellement à montrer ce film à ses enfants. La scène du pilon de poulet... flippante, hilarante, absolument inconcevable sera sans doute un des grands moments de sa carrière (et de celle de la pauvre actrice...).
Dottie/Juno Temple prévient dans le film sans qu'on y prenne garde "je vais bien si on ne m'énerve pas". Et vers la fin Dottie le prouve : "je commence à m'énerver là"... Friedkin déchaîne les enfers et nous cloue au fauteuil.
Merci.
Oui, j'aimerais être clouée à un fauteuil de cinéma.
Avant de passer aux choses sérieuses, voici les deux films "intéressants" de ma série.
LE GUETTEUR de Michele Placido **
Le commissaire Mattei (oui vous avez bien lu, Mattei, il faut oser non ?) est face à un tireur d'élite dans une petite salle grisâtre où sont interrogés les vilains. Ce sniper a dégommé quelques-uns des "hommes" de Mattei lors d'un flag' sur le braquage d'une banque. Ce tireur embusqué a donc permis au reste de l'équipe, les complices, de prendre la fuite. Mattei est colère mais reste calme. Le sniper est calme mais on décèle plein d'ironie dans le léger sourire goguenard qui ne quitte pas ses lèvres. Il refuse de parler et réclame SON avocat. La routine entre les flics et les voyous... Flash-back ! Comment en est-on arrivé là ? Quel lien obscur et enfoui relie Matei et son tireur d'élite ? Et brusquement en plein polar, surgit un sexual-serial-killer qui aime torturer et dépecer ses jolies et blondes victimes !
En multipliant les intrigues et les énigmes, Michele Placido (revoir plutôt le GRAND Romanzo Criminale) se perd et nous égare un peu. J'avoue avoir parfois eu du mal à faire le lien entre les tenants et les aboutissants. Le réalisateur aurait eu plus d'inspiration à rester concentré sur le face à face amorcé dans la première séquence. Soit. Il n'en reste pas moins une machine noire efficace qui se prend très au sérieux et se regarde comme une enquête dans laquelle on espère trouver des réponses. Trop proche du cinéma d'Olivier Marchal pas toujours inspiré... ce film manque un peu de personnalité pour être grand. Dommage parce que la première scène du braquage vu du point de vue des flics embusqués laissait envisager ou plutôt donnait l'espoir d'un film vif et déroutant. Certes, il reste les acteurs. Daniel Auteuil, homme blessé, mâchoires serrées, fait le minimum syndical. Olivier Gourmet que j'ai toujours un mal de chien à "cerner", passe sans transition et sans plier les genoux du type sûr de lui, inquiétant, hautain au plus lâche et pleurnichard énergumène, prêt à tout pour sauver sa peau.
Mais c'est mon Mathieu Kassovitz avec son beau regard triste qui tire le mieux son épingle de ce jeu mortel en tueur froid et implacable.
Wilee est le roi de la pédale. Sur son vieux biclou à pignon fixe, à une seule vitesse et sans frein, il est le coursier à vélo le plus rapide de New-York. Il s'amuse comme un petit fou à déjouer toutes les embûches au milieu des taxis et des voitures, mais aussi des piétons de la grosse pomme. En fait tout ce qui circule dans cette ville survoltée est l'ennemi du coursier à vélo. Mais Wilee n'a encore rien vu. Il a un peu plus d'une heure pour remettre un pli mystérieux qui lui est confié par une jeune personne très inquiète. Mais dès qu'il entre en possession de cette enveloppe au contenu d'abord inconnu, Wilee se retrouve pris au piège d'une course poursuite infernale, d'un contre la montre insensé dans lequel il est la cible d'un type très énervé par des dettes de jeu à rembourser et poursuivi par un flic un peu bas de plafond !
Difficile d'imaginer le gracile mais craquantissime Joseph Gordon-Levit dans un rôle aussi physique. Erreur ! Il est épatant en coursier athlétique à l'oeil bionique. Capable de calculer simultanément trois trajectoires différentes pour éviter les chutes et de se faufiler dans la circulation grouillante et désorganisée. Michael Shannon est plus "attendu" (mais pas mal quand même) dans son rôle bien rodé de psychopathe, violent, excité et imprévisible. Mais peu importe l'intrigue et les personnages annexes, on n'a d'yeux que pour le charmant J.G-L, son regard qui frise et ses cascades qui lui valurent d'ailleurs un paquet de points de suture. Un film dynamique et nerveux qui file la pèche !
Agathe se trimballe avec une urne funéraire contenant les cendres de son époux fraîchement décédé. Alors qu'elle se demande quoi faire de l'objet, elle rencontre deux islandais paumés et sans abri (une mère (Didda Jonsdottir, actrice catastrophique ! et son grand dadais de fils) ! Les deux urluberlus trouvant Agathe bien sympathique, s'installe chez elle sans lui demander la permission.
Il semblerait que le film veuille traiter de "thèmes" forts tels que le deuil, la solidarité et la crise pourquoi pas, tant qu'on y est... sauf qu'à force de vouloir à tout prix mettre de la loufoquerie dans des sujets forcément dramatiques, la réalisatrice ne parvient qu'à accoucher d'un machin pas drôle, pas triste et sans intérêt. Les acteurs se débattent, se démènent devant nos yeux consternés.
Projeté dans la belle et grande Salle Darsena à Venise, je suis restée (difficilement, nous avons failli quitter la salle !) après la projection pour entendre ce que l'actrice principale Florence Loiret-Caille et Solveig Anspach avaient à dire de ce film. Comment elles le défendaient !
Hélas, la réponse est à l'image du film : VIDE, NEANT, RIEN. Aussi gênées que peu prolixes, les deux femmes étaient ridicules. Je suppose que la réalisatrice a eu très envie de filmer une grue (l'engin de chantier) et un phoque (la bête de zoo)... C'est son droit le plus strict et grand bien lui fasse. Mais de là à faire un film...
Cela dit, aucune sortie n'est prévue pour l'instant. Vous y échapperez donc peut-être.
Iva, metteur en scène de théâtre, insiste pour que son mari Damien, professeur de civilisation chinoise intervienne auprès de son père, conseiller d'Etat, afin qu'il permette à Zorica, jeune sans papiers de ne pas être expulsée. Sauf que les relations entre Damien et son père n'ont jamais été satisfaisantes et Damien ne parvient pas à demander quoi que ce soit à cet homme. A la périphérie de cette histoire pleine de compassion, de charité désintéressée nous assistons au délitement du couple que forme Iva et Damien, à leurs difficultés à élever leur fils Noé (la mère se préomme Iva... LOL !) une tache de même pas 10 ans qui méprise et insulte quotidiennement ses parents sans que ceux-ci réagissent, à la rencontre de Damien avec une jeune femme souriante et mystérieuse, aux relations de Damien avec ses potes...
et on se fiche à peu près de tout. Même si on peut s'agacer fort des rôles annexes. Tels ce couple de lapins priapiques qui ne cessent de baiser dans toutes les pièces même lorsqu'ils ne sont pas chez eux (le but ? prouver qu'ils sont amoureux !), ou ce gosse de, ché pas moi, 9 ans, 10 ans peut-être INSUPPORTABLE, ordurier, désagréable, moche, débile, Raymond la Science... (l'euthanasie en vente libre pour ces gosses merci !) dont l'intérêt m'échappe encore !
Les rôles de femmes sont sacrifiés. Isabelle Carré peine à convaincre dans son énième rôle de femme douce, souriante et positive. Et le twist la concernant est invraisemblable. Christin Scott Thomas, pas convaincante en cougar metteur en scène est mauvaise pour la première fois de sa carrière sans doute.
Dommage, parce que Jean-Pierre Bacri en mari et prof fatigué, revenu de tout et sans énergie, est ici à son meilleur, juste et bouleversant, et ses affrontements avec ce cabot de Claude Rich offrent quelques moments vraiment réjouissants. Hélas, le tout, affreusement répétitif, mou et ennuyeux laisse un arrière goût d'à peu près.
A noter cependant UNE scène hilarante où Bacri se réveille après avoir passé la nuit dans le même lit qu'un très jeune et très beau serveur de restaurant japonais ! La scène est à HURLER DE RIRE, et je ne m'en suis pas privée et j'ai failli m'étouffer. Mais c'est bien peu.
Ah si, à trois fauteuils de moi : Nanni Moretti, comme le dernier des quidam. C'est ça Venise, "tout" se mélange. Il est beau Nanni... mais j'étais déçue qu'il voit ce film français.
Je vous dis qui est Hortense ? Bon allez, non, je ne vous le dis pas !
Au début des années 70, mai 68 n'est plus qu'un souvenir, mais quelques irréductibles croient encore en la révolution, la contestation, la lutte ! Et ils sont bien les seuls et ce ne sont pas ces personnages et ce film mous du genou qui vont nous en convaincre. On a en effet bien du mal à croire à l'engagement et à la lutte de ses petits bourgeois qui s'ennuient et tentent de se frotter au prolétariat. Mais qui rêvent surtout de vie facile en communauté dans des hôtels particuliers luxueux.
Assayas allume souvent de grands brasiers, pendant que le héros (son double ?) se consume d'amour pour une beauté inutile et sans talent, une grande emmerderesse qui prend de grands airs pour déclamer (oups pardon, je voulais dire marmonner) des phrases dénuées de sens qui la rendent mystérieuse aux yeux des garçons prompts à tomber dans le panneau de ces filles insaisissables dépourvues de charme pourtant.
Ce film ne donne nullement envie d'être jeune à nouveau et démontre surtout magistralement qu'être acteur est un métier. En effet, la jeune Lola Creton est la seule professionnelle tandis que les autres acteurs, amateurs ou non professionnels se mettent VAINEMENT en quatre pour tenter d'exister à l'écran en "récitant" leur texte ! L'interprétation plus qu'approximative est un désastre. En outre, à part pour se faire plaisir et plonger dans les vieux souvenirs personnels d'Assayas, on a dû mal à comprendre l'intérêt de filmer la jeunesse de cette époque et ces jeunes là en particulier, sans charme ni audace.
Synopsis : Christina, bientôt 30 ans, vit dans la région de Charleroi en Belgique, avec Marco, son petit ami. A la mort de sa grand-mère, elle hérite d’une maison en Corse. Dans son entourage, personne ne semble savoir pourquoi la vieille dame possédait cette maison. Sa famille presse Christina de vendre son bien. Mais elle s’y refuse. Elle veut comprendre pourquoi sa grand-mère lui a laissé cet étrange legs. Elle voit aussi en cet héritage une occasion unique de remettre en question sa vie monotone. Sur un coup de tête, elle part seule à la découverte de sa maison. Ce voyage va bousculer son existence. Et celle de ses proches.
Pas grand souvenir de ce film vu au dernier Festival International du Premier Film d'Annonay qui empilait les clichés sur une région et ses habitants bougons et nationalistes (sieste matin, midi et soir et après, dodo !) sauf que l'actrice Christelle Cornil est absolument formidable et François Vincentelli itou.
La délicieuse Rachel n'a que 9 ans et des tas de problèmes. Des parents bornés qui la sur protègent d'une façon tellement excessive et maladroite qu'ils en deviennent tyranniques. Une mère importée de Tunisie qui la gave de boulettes, un père juif rescapé des camps de concentration (nous sommes dans les années 70, so vintage !) et une grand-mère quasi muette qui partage sa chambre !!! Sa rencontre avec une psy (on rêve d'avoir Isabella Rosselini comme psy !) et Valérie une gamine de son âge délurée va changer et bouleverser le cours de sa vie.
Chaque personnage est caricatural jusqu'à la nausée et le film n'est qu'une succession de vignettes gentillettes ou cruellettes sur l'enfance, ses mystères, ses joies, ses secrets. Une certitude néanmoins : tout, absolument TOUT, les traumas, les malheurs du monde, la peste bubonique... est TOUJOURS la faute des mères. Un espoir est vaguement laissé aux grand-mères pour donner un peu d'espoir aux enfants et colmater les dégâts de vos irréparables erreurs. Quant aux pères, ils sont comme souvent absents... bien trop occupés à travailler ou à soigner leurs appétits. Je sais, dans ces années là, les femmes n'étaient (déjà) pas à la fête ! Mais parents de France et d'ailleurs : euthanasiez-vous les uns les autres pendant qu'il en est encore temps.
En s'appliquant on pourra sentir l'odeur de l'encre dans l'encrier et éprouver la sensation de brûlure sur nos genoux écorchés d'enfants, éventuellement du vent dans nos mollets. So what ? Pas grand chose.
Sauf deux fillettes suffisamment géniales pour éveiller en nous l'enfant qui sommeille.
Je ne m'explique toujours pas le dernier quart d'heure, insoutenablement dramatique mais il est assez difficile de résister aux deux petites filles Juliette Gombert et Anna Lemarchand... et surtout de lui résister à ELLE.
Synopsis : Dans un futur proche. Frank, gentleman cambrioleur à la mémoire fragile, vit en vieux solitaire grincheux jusqu'au jour où son fils lui impose un nouveau colocataire : un robot ! Chargé de s'occuper de lui, celui-ci va bouleverser la vie du vieil ours. Frank va nouer une vraie relation avec son robot jusqu'à mettre au point un braquage des plus inattendus. Robot & Frank : le tandem le plus improbable de l'année.
Allons à l'essentiel, je vous fais la version courte : CON-STERNANT !
FILM DE CLÔTURE DE LA MOSTRA DEL CINEMA - VENISE 2012
Ne vous réjouissez pas trop vite, je continue encore de me gondoler quelque temps et ne suis d'ailleurs pas pressée de rentrer.
Mais je tiens néanmoins à vous dire quelques mots à propos de ce film qui me tient particulièrement à coeur et que j'ai donc vu samedi en clôture de la Mostra de Venise. Il est évident que je vous en reparlerai jusqu'à plus soif au moment de sa sortie nationale le 26 décembre prochain.
Le film est inspiré de l'oeuvre dense, complexe, passionnante et intimidante de Victor Hugo. Une histoire terrible et incroyable. Celle de deux enfants. L'un Gwynplaine défiguré dès son plus jeune âge par une cicatrice qui donne à son visage un sourire permanent, victime des comprachicos qui a l'époque enlevaient ou achetaient les enfants, les mutilaient pour les exposer comme des monstres. L'autre Déa, une fillette aveugle que Gwynplaine a sauvée de la mort une nuit de tempête. Les deux enfants abandonnés, orphelins sont recueillis pas Ursus, un saltimbanque, philosophe et guérisseur. Sous des dehors rugueux et misanthrophe le vieil homme dissimule des trésors de tendresse et de bonté. Incidemment, il découvre que le visage du garçon provoque l'hilarité et c'est ainsi que le spectacle de "L'homme qui rit" voit le jour. La petite troupe sillonne alors avec bonheur les routes d'Angleterre. Gwynplaine et Dea s'aiment et deviennent inséparables, sous l'oeil bienveillant et inquiet d'Ursus qui sait que pour vivre heureux il est préférable de vivre cachés. Les foules se pressent pour découvrir Gwynplaine, lui assurent une célébrité sans cesse croissante jusqu'à arriver aux oreilles de la Cour...
D'emblée il faut écarter l'idée de l'adaptation à la lettre d'une oeuvre littéraire grandiose et colossale. Il s'agit ici de la vision d'un réalisateur à propos d'une histoire qui le hante depuis ses quinze ans. L'histoire de deux adolescences meurtries par la différence. Alors que le handicap de Dea aveugle semble vécu sereinement, Gwynplaine souffre de son apparence. Comment en étant à ce point différent, monstrueux, trouver sa place dans ce monde et être heureux ? Rien que l'idée d'évoquer cette douleur, celle de ne jamais se sentir à sa place suffit à me bouleverser. Et le film l'est, bouleversant, par la grâce de cette vision personnelle qui transforme l'oeuvre, sans jamais la trahir, en un conte horrifique, terrifiant sans pour autant négliger un humour apaisant alors que le drame pèse inéluctablement. Et par celle d'acteurs véritablement habités par la beauté et la puissance de leurs personnages. Chacun semble avoir compris que "La vie n'est qu'une longue perte de tout ce qu'on aime". Malgré cette menace qui les nargue, Gwynplaine s'abandonne un temps à l'illusion d'être accepté sans masque, malgré sa différence et à celle encore plus folle de changer le monde puisqu'il obtient soudainement le pouvoir de siéger au Parlement. Sa diatribe face à la Reine et aux parlementaires : "Ce qu'on m'a fait, on l'a fait au genre humain", puissante, bouleversante vire à la farce. Des bouffons ridicules le remettent à sa place, trop tard.
Dans un décor de carton pâte assumé, revendiqué, Jean-Pierre Améris ne cherche pas la réconstitution historique. On ne verra donc pas de "carrosses rouler devant des châteaux du XVIIIème siècle". On restera plutôt concentrés sur les personnages principaux et leurs visages, même si l'ambiance "timburtonnienne" évoque Edward aux Mains d'Argent et la mer synthétique celle admirable du Casanova de Fellini. Mais qu'on ne s'y trompe pas, le sublime, génial, inoubliable Joker composé par Heath Ledger s'inspire totalement de l'Homme qui rit de Victor Hugo (et non l'inverse). Il n'y a donc rien de paradoxal à ce que le "masque" de Gwynplaine l'évoque de façon aussi troublante. Mais alors que le Joker blessé aussi au plus profond de sa chair n'aspire qu'au mal, Gwynplaine est d'abord un jeune héros courageux qui a sauvé une fillette, puis un homme honnête qui rêve de justice et d'amour. Marc-André Grondin incarne avec une belle présence inquiète et naïve cet être meurtri, aimé au-delà de ce qu'il espère et totalement ébloui par cet amour.
Emmanuelle Seigner belle et cruelle Duchesse se servira un temps de Gwynplaine pour surmonter un ennui abyssal et l'utilisera comme une distraction. Elle verra en lui le véritable miroir de son âme noire. "Ce que tu es dehors, je le suis dedans". Et l'actrice offre à son personnage une intensité et une fêlure touchantes qui évoquent la Madame de Merteuil des Liaisons Dangereuses.
Dea est la jeune fille pure qui aime et protège Gwynplaine, parfois malgré lui. Elle connaît l'essentiel invisible pour les yeux. Elle ne peut comprendre que Gwynplaine craigne qu'elle ne l'aime plus si elle venait à découvrir sa laideur. "Comment peux-tu être laid puisque tu me fais du bien ?". Christa Théret, une nouvelle fois surprenante incarne avec une grâce magnifique cet ange aveugle, simple et vertueux. Elle est d'une expressivité réellement impressionnante empruntée aux grandes actrices du muet. Et ici comme une réincarnation, jusque dans ses gestes de la Virginia Cherril des Lumières de la ville de Charlie Chaplin.
Quant à Gérard Depardieu, jamais aussi bon que dans les grands classiques qui ont contribué à sa gloire, il est ici exemplaire de sobriété. D'une présence forcément imposante, il laisse néanmoins toute la place à ses partenaires et à cet ange fragile et gracile qu'est ici Christa Théret. Et pourtant chacune de ses apparitions alternativement drôles ou bouleversantes le rendent une fois encore inoubliable dans ce rôle de père déchiré, impuissant à sauver ses enfants de leur destin.
Jean-Pierre Améris nous saisit donc dès la première image implacable et cruelle et ne nous lâche plus jusqu'au final poignant. Il concentre son histoire en une heure trente, sans digression inutile accompagnée d'une musique ample et idéale. Et c'est à regret que l'on quitte ces personnages follement romanesques et romantiques.
Le film de clôture que je verrai donc tout à l'heure est "L'Homme qui rit" de Jean-Pierre Améris (tiré du roman de Victor Hugo) et pour ceux qui suivent ce blog depuis des années, ils savent qu'entre Jean-Pierre et moi c'est une longue et belle histoire. Il était le Président du Jury du Festival d'Annonay lorsque j'en étais un des huit membres cinéphiles. Quand je vous dis et répète chaque année qu'il faut tenter votre chance... Cela dit, je ne pense pas que tout le monde puisse avoir la chance de "tomber" sur un Président aux qualités humaines hors normes, fidèle en amitié, attentionné... tel que Jean-Pierre Améris (j'en ai testés d'autres depuis... non, je ne citerai pas de nom). Depuis nous sommes restés en contact. Nous nous voyons une ou deux fois par an en fonction de certains événements cinématographiques. Il m'a invitée sur le tournage d'un de ses films "Maman est folle"... Bref, pour faire court... aujourd'hui, grâce à Jean-Pierre et à Audrey, secrétaire de production, j'ai pu assister à la Conférence de Presse, au cocktail... ! C'est pour ce genre de moments aussi que le cinéma est formidable. Je vous donnerai davantage de détails lorsque j'aurai vu le film et surtout lorsqu'il sortira en France en fin d'année. Les thèmes de la monstruosité, de l'apparence, de l'amour sont abordés, ainsi que la gloire, la déchéance, le théâtre, la solitude...
En attendant, voici quelques photos. En vrac, Jean-Pierre Améris, Christa Théret, Marc-André Grondin, Emmanuelle Seigner et des inconnus sur le tapis du photo call :-)
Il me reste peu de temps pour vous parler des films que j'ai vus et qui valent le détour. Je vous propose donc un bref aperçu de ce que j'en ai pensé.
Portez-vous bien en mon absence car si pour vous l'été et les bienfaisantes vacances ne sont plus qu'un souvenir, pour moi, ils ne font que commencer... ENFIN !
Soyez sages, allez au cinéma et ne lâchez rien !
BROKEN de Rufus Norris ***
Les menaces grondent de toute part autour de Skunk, pré-ado de 11 ans ! Elle n'est guère rassurée par son frère aîné qui lui assure que son entrée en sixième sera un cauchemar. Et brusquement dans cette période transitoire, même son quartier semble devenir hostile. Son voisin Rick, un peu fêlé du bocal mais inoffensif se fait tabasser par un autre voisin tout récemment veuf et père de trois filles qu'il tente de protéger. Bizarrement, c'est Rick que la police vient arrêter. Il faut dire que les trois pestes délurées et perturbées par la mort de leur maman sans doute, passent leur temps à racketer leurs camarades d'école, à les rosser à la sortie de classe ou à accuser les hommes qu'elles rencontrent de les avoir violées. Un garçon de passage et un tout nouveau prof (Cillian Murphy...) offriront à Skunk ses premiers émois amoureux. Le diabète de type I qu'elle combat depuis la naissance lui causera quelques tracas...
Malgré les catastrophes en cascade qui s'abattent sur Skunk, son entourage, son quartier... il serait dommage de passer à côté de ce (premier) film pas vraiment réjouissant mais étrange et attirant. La première scène où un bébé très agité dans une couveuse est apaisé par la main de son papa qui se pose sur son front donne néanmoins le ton et l'on comprend qu'il y aura beaucoup d'amour dans cette histoire. Et puis par la grâce d'une petite actrice d'une dizaine d'années, rayonnante, craquante, au sourire irrésistible, gloire à Eloïse Laurence (...) et à un acteur immense (par le talent) ici paternalissime et d'une douceur incroyable, Tim Roth, le film devient fort et attachant.
DAVID ET MADAME HANSEN de Alexandre Astier **
Madame Hansen-Bergmann souffre d'une amnésie intermittente suite à un violent traumatisme (que nous découvrirons beaucoup plus tard). Elle est placée dans une clinique suisse très chic. Le protocole de soins prévoit qu'elle puisse sortir parfois accompagnée d'un membre de l'équipe soignante et avec un programme précis. Tout nouvel ergothérapeute dans cette clinique et pas vraiment à cheval sur le règlement, David finit par céder aux pressions de sa patiente qui s'ennuie pour détourner un peu le protocole.
C'est le propre des personnes entreprenantes et audacieuses de s'aventurer là où on ne les attend pas. Alexandre Astier, artiste multi-cartes et multi-fonctions, devant, derrière la caméra et au pupitre de la très jolie partition musicale est de cette trempe. Et son film bénéficie et souffre de son trop plein d'énergie, de talent et d'imagination. Du côté des "moins", je placerai le dernier quart d'heure qui vire hélas à la psychologie de bazar et offre une (presque) résolution miraculeuse des problèmes. Par ailleurs, ne pas connaître le traumatisme de Madame Hansen n'aurait nui en rien à l'entreprise. Et même si on lui souhaite évidemment d'aller mieux, que ses progrès surgissent par l'agilité d'un ergothérapeute qui justement ne paraissait pas très doué n'est pas très crédible.
Par contre, on ne remerciera jamais assez Alexandre Astier (excellent acteur, bougon, boudeur et drôle) d'avoir choisi Isabelle Adjani pour être sa madame Hansen. La star s'est totalement fondue dans l'univers et le langage abrupt du réalisateur. Elle est drôle, déconcertante, brutale, hautaine, méprisante. Elle manie l'insulte avec brio. Et on la retrouve telle qu'on l'aime, capable de brisures soudaines. D'une fragilité incroyable et envahie soudain d'une détresse déchirante (qu'hélas Alexandre Astier explique un peu maladroitement) Isabelle Adjani est semblable à la "Elle" de l'Eté meurtrier (30 ans déjà !) où elle pouvait passer de façon étonnante voire inquiétante de la joie à une tristesse inconsolable !
Les fans d'Astier et d'Adjani peuvent être aux anges ! Ils sont à leur meilleur.
DARK HORSE de Todd Solondz **
Abe,
Abe est gros, paresseux, pas bien malin et pas bien sympathique. Il a la chance de travailler dans l'agence de son père, agent immobilier. Mais son incompétence égale sa fainéantise. Il rencontre Miranda, malade et déprimée qui vit aussi chez ses parents. Elle n'a aucune attirance pour Abe mais accepte quand même de l'épouser.
Pas grand chose à dire de ce film un tantinet soporifique dans lequel il est bien difficile d'éprouver de l'empathie pour son héros, alors qu'il aurait dû (normalement) provoquer beaucoup de compassion compte tenu de la façon dont il est traité par son entourage. Je ne sais à quoi cela tient. A l'acteur sans doute ou au personnage pas bien intéressants.
Mais il y a dans ce film un Acteur grandiose et qui explose l'utilisation de tous les superlatifs dont je suis capable tellement il est merveilleux. Hélas comme il se fout de ses fans inconditionnelles et de sa carrière en pointillés, il n'apparaît jamais que dans des seconds rôles, qu'il rend géniaux certes mais qui sont insuffisants à combler le manque. Son dernier GRAND rôle il le tenait auprès de Leo dans Attrape-moi si tu peux. Mais où est le Ray de Nos Funérailles, le Nicolas de The Deer Hunter, le Capitaine Koons de Pulp Fiction, le Nathan de La porte du Paradis... sans oublier Dead Zone, Milagro, Le Prince de New-York... Ce qui fait quand même quelques chefs-d'oeuvre à son actif, je suis d'accord.
Quant à Todd Solondz, il semble s'être endormi sur ses lauriers. Il ne dérange pas, peut-être parce qu'il n'est pas ici question de pédophilie. Mais pour savourer cet artiste à sa juste valeur, mieux vaut découvrir ou redécouvrir les fabuleux et étonnants Palindromes et Life during wartime.
Dans un luxueux hôtel sur les rives du Lac de Côme en 1906, des aristocrates plus ou moins fortunés s'enviennent passer l'été et laisser libre court à leur goût des intrigues. La venue de Madame Solario, jeune, belle, ruinée et scandaleuse parce que récemment divorcée d'un homme qui aurait pu être son père met un peu de piment dans le quotidien de ces oisifs. L'arrivée inopinée d'Eugène Ardent, le frère de Madame Solario qu'elle n'a pas vu depuis de longues années, décuple encore l'inclination naturelle de cette société à jacasser sous cape. Eugène et Nelly (qui se fait appeler Natalia !) prennent rapidement conscience de l'emprise naturelle qu'ils exercent sur les autres. Ils s'associent pour séduire de riches partis qui leur permettraient de renflouer leur compte en banque. Sans compter que les sentiments qui unissent le frère et la soeur sont eux aussi scandaleux et vont les obliger à fuir.
Très friande du cinéma délicat et parfois un peu suranné de René Féret, cette Madame Solario est une déception. La faute en grande partie à Marie Féret (fille de...) jusqu'alors mystérieuse et ici bien peu crédible en femme fatale. On a beaucoup de mal à admettre qu'elle soit responsable de cette hécatombe de jeunes hommes qui voient en elle la femme rêvée. Son physique d'une autre époque est idéal mais son non-jeu lui donne un air totalement fuyant comme si la plupart du temps elle ne comprenait pas ce qui lui arrivait ! Dommage car autour d'elle, il y a le troublant Cyril Descours, hélas affublé d'une ridicule moustache, Salomé Stévenin coquette et virevoltante. Ces deux là semblent être des professionnels solides perdus au milieu d'un casting d'amateurs. La palme revenant à un acteur (vraisemblablement) russe Andreï Zayats dont le jeu catastrophique a bien failli déclencher mon hilarité !
Bien que l'ensemble soit par instants légèrement soporiphique, il faut reconnaître que les décors (pas de Roger Hart), les costumes (pas de Donald Cardwel), l'environnement chic et idyllique du Lac de Côme, les dialogues raffinés, les moeurs affectés et hypocrites plongent le spectateur indulgent dans une atmosphère vaporeuse qui n'est pas sans rappeler le cinéma de James Ivory, époque Chambre avec vue, Howards End, Vestiges du jour. Et procurent surtout une irrésistible envie de découvrir le roman de Gladys Huntington dont le film est tiré et qui doit être beaucoup plus troublant que ce que l'on découvre à l'écran. Et rien que pour ça...
Avec beaucoup de surprise et d'émotion Mounir découvre qu'il ne peut plus se passer de Murielle. Il veut l'épouser et "faire sa vie" avec elle. Murielle, heureuse et lumineuse jeune femme, par ailleurs prof de français, accepte. Mounir prend cette décision sans même consulter le Docteur Pinget, le père adoptif grâce à qui il a pu vivre en France depuis son enfance. C'est aussi celui qui a épousé la soeur de Mounir afin qu'elle obtienne des papiers français. Le Docteur Pinget est un "homme bien", généreux. Il assure à Mounir une vie matérielle confortable et après avoir manifesté une légère et très chic réticence -le docteur Pinget est un homme raffiné- ("tu vas quand même pas épouser la première qui te suce") accepte que Murielle vienne s'installer avec eux dans l'appartement. Pour le mariage, le bienfaisant Docteur Pinget offre le voyage de noces aux tourtereaux. Les inconscients acceptent le cadeau, à condition (accrochez-vous au pinceau, je retire l'échelle) qu'il les accompagne !!! Et ainsi va la vie et Murielle se met à pondre un enfant chaque année, une fille, une autre fille, une troisième fille et... enfin, un garçon ! Le rêve pour papa et beau-papa ! Et tout ce petit monde s'entasse dans un minuscule deux-pièces étouffant jusqu'à l'asphyxie qui ne va pas tarder à suffoquer Murielle sans qu'elle parvienne réellement à mettre des mots sur son mal-être croissant ! Le déménagement dans une vaste demeure immaculée ne changera rien à l'affaire. Quand c'est trop tard, c'est trop tard.
Avec ce film est née une nouvelle catégorie : le film exécrable, agaçant auquel j'ai l'impression que même le réalisateur n'a rien compris. Et moi non plus, tant je me sens en décalage avec la dithyrambe quasi générale.
Déjà, si comme moi vous n'avez jamais entendu parler de Geneviève Lhermitte dont l'histoire effroyable inspire le film, restez-en là et ne lisez rien, ni ici ni ailleurs car vous risquez de perdre 99% de l'effet de surprise qu'il pourrait effectivement susciter. Et éventuellement l'émotion. Hélas, en ce qui me concerne, et moi qui ai pourtant la larme si facile au cinéma, mes yeux et mon coeur sont restés secs. Et pourtant c'est un calvaire, un chemin de croix, une descente aux enfers qu'il nous est donné à observer ici, en voyeurs. Je n'avais qu'une envie, traverser l'écran et arracher, le personnage et Emilie Dequenne à ce cauchemar. Je me suis longtemps demandée jusqu'où le réalisateur repousserait les limites. Quel plaisir sadique il prenait à démolir, enlaidir et torturer son actrice, admirable Emilie Dequenne et à nous imposer ces épreuves ? J'aurais aimé, comme rarement ça m'est arrivé, être le Président d'un Tribunal et condamner à perpétuité deux hommes (et trois avec le réalisateur tant que j'y suis) pour non assistance à personne en danger qui ne cesse d'appeler au secours. "On" va me dire que je juge. Et juger c'est LE mal. Je sais et je m'en fous. Sauf que vraiment je ne comprends pas à quoi sert ce film. Qu'est-ce que le réalisateur a bien voulu faire passer comme messages, comme sensations, comme sentiments ? En gros, où veut-il en venir ? A quoi sert ce film ? Vraiment. C'est un cauchemar sans subtilité. Tout est lourd, prévisible. Les personnages masculins sont des caricatures sans la moindre nuance, réduits chacun à un seul et unique trait de caractère. Mounir est vélléitaire, inconsistant, hésitant. Le Docteur Pinget abusif, envahissant, parfois colérique comme un enfant qui taperait du pied. Rien jamais ne viendra nuancer leur attitude.
Devant ces deux abrutis monstres, une femme abandonnée sombre misérablement dans une dépression abyssale sans qu'aucun d'eux jamais ne vienne à son secours. Au contraire, ils semblent prendre un plaisir pervers à l'enfoncer davantage. Mounir en disparaissant pendant des semaines car môssieur a besoin de repos, le Docteur Pinget en humiliant Murielle de ses piques assassines, "pour qui tu te prends ?", "enlève ça, tu es ridicule", "tu crois que c'est bon pour tes enfants de te voir comme ça ?" Et la musique baroque, le Stabat Mater de Haendel entre autre, vient encore enfoncer le clou d'une réalisation patapouf pour nous signifier massivement à grands coups de contrepoint, que le drame qui sourd ne va pas tarder à nous jaillir en pleine face. A ce titre, la petite fille qui rampe vers son supplice pour monter l'escalier est encore une démonstration sadique de la finesse ambiante !
Et ce ne sont pas les vagues discours prétendûment accusateurs sur le colonialisme, le gentil blanc tout puissant (et tout de blanc vêtu d'ailleurs) s'en vient sauver les pauvres maghrébins reconnaissants, qui vont rehausser le niveau ! Mais je crois que ce qui m'exaspère le plus est que la folie de Murielle soit explicitement affirmée. Or, c'est évident, elle est tout sauf folle. Et non, Murielle n'a absolument pas perdu la raison !
Cependant, dans ce salmigondis aberrant, il y a trois acteurs prodigieux. Tahar Rahim fabuleux dans son aveuglement, Niels Arestrup dans son numéro parfaitement rôdé de grincheux autoritaire et magnifique et surtout Emilie Dequenne dans une composition inqualifiable tant ce qu'elle fait et donne ici est au-delà de ce que peu d'actrices ont réussi à offrir jusqu'ici !
Alex n'a qu'une passion dans la vie : sa voiture, un machin jaune citron customisé jusqu'à plus soif ! On ne peut même pas dire que sa compagne, la courageuse et compréhensive Rachel et leur petite fille Jennifer, passent en seconde position ; au mieux, il ne sait comment s'y prendre avec elles, au pire elles ne l'intéressent pas. En outre, exprimer des sentiments est au-delà de ses compétences. Ce dont il est certain, c'est de s'être fait piéger par Rachel qui lui aurait "fait un enfant dans le dos". Par contre il partage ses soirées avec son meilleur ami atteint de la même ivresse du tuning, du barouf des enceintes, de la vitesse et des jeux vidéo (avec des voitures dedans). Mais un soir alors qu'il est lancé à toutes berzingues sur la voie rapide, Alex renverse, tue un piéton et prend la fuite. Il ne parle à personne de son accident mais rapidement taraudé par la culpabilité, son comportement change.
Avec un tel sujet, le réalisateur aurait pu faire de son héros un loser marginal. Il choisit et c'est tant mieux, d'en faire un type ordinaire qui a un boulot, un logement, vit une relation durable. Le quotidien sans charme ni saveur d'Alex est parfaitement décrit. Et si lui ne rêve que de voitures qui font vroom, Rachel aspire à une vie de famille avec de vraies vacances à la mer. Elle pourrait être le point d'ancrage d'Alex, mais il est aveuglé par sa passion à laquelle il sacrifie tout. L'accident dont il est l'auteur va justement le mettre face à ses responsabilités. Mais dans un premier temps il va choisir d'épier la mère du jeune garçon mort, puis tout faire pour la rencontrer. En se rendant chez ses propres parents, il tentera bien de chercher une oreille compatissante voire attentive. Quelle erreur ! En une scène cruelle, le sort des relations familiales est réglé. Puis Alex rencontrera la mère du jeune homme... Et là, le réalistateur se prend complètement les pieds dans le tapis. Et la partie centrale du film subit une vraie baisse de régime, d'intérêt et de tension à cause de cette improbable rencontre. La scène où Alex rejoint la mère du garçon à l'étage est d'une absurdité et d'une invraisemblance sans nom ! Etant donné le nombre d'années que Christophe Sahr a passé à travailler et retravailler son scenario, comment se fait-il que personne ne lui ait dit que cette scène ne tenait pas la route ?
Nonobstant cette sortie de piste, il faut reconnaître que la toute dernière scène, inattendue voire inespérée rattrappe les faiblesses. Johan Libéreau fait une nouvelle fois des prouesses dans le rôle d'un petit merdeux, taiseux et maussade qui résiste à voir la lumière. Et Christa Théret est impressionnante en jeune femme amoureuse, responsable, attentive et tolérante.