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cinéma - Page 197

  • CORNOUAILLE de Anne le Ny **

    Cornouaille : photo Jonathan Zaccaï, Vanessa ParadisCornouaille : photo Vanessa Paradis

    Odile vit une relation compliquée à Paris avec Fabrice. Comprendre que le garçon est très marié et très père de famille. La mort d'une tante qui lui lègue la maison de famille bretonne va éloigner un temps la jeune femme de la capitale. Bien décidée à vendre la jolie bâtisse aux volets qui claquent avec vue sur la mer au plus vite et retourner à la ville, Odile va finalement reprendre contact avec ses racines, revivre ses traumas d'enfance, rencontrer des indigènes, retrouver Loïc son ami d'enfance !

    Et tout cela sans même un petit air de biniou qui aurait pourtant été le bienvenu tant il colle parfaitement au climat, à la faune et à la flore environnantes. Mais Anne Le Ny préfère se concentrer sur l'aspect des contes et légendes qui abondent dans une Cornouaille qu'elle impose délibérément ici comme mythique. Hélas l'aspect fantasmagorique voire fantastique d'une réalisation un peu amorphe ne semble pas maîtrisé. On a du coup un peu de mal à "croire" aux rêves significatifs d'Odile ainsi qu'aux apparitions de fantômes censés apporter des révélations sur l'histoire de sa famille. Dommage, car les bonnes intentions (qui ne font pas forcément les bons films) sont là. Ansi que l'interprétation sensible et efficace de Vanessa Paradis qui porte le film grâce à sa belle et intense présence. Jonathan Zaccaï se sort impeccablement d'un personnage antipathique (preuve qu'il est un excellent acteur !) qui oscille, tergiverse, hésite sans qu'on comprenne toujours bien pourquoi. Quant à Samuel Le Bihan, il est hélas ectoplasmique.

    Et puis les films qui assènent péremptoirement que la famille, les racines sont essentielles et indispensables "on est tous liés les uns aux autres tu ne le savais pas ?" dit le personnage fantôme de la tante, m'agacent un peu !

    Reste qu'Anne Le Ny nous donne la sensation de nous emmener gentiment vers une fin banale, convenue et prévisible et pas du tout. C'est un bon point. Et puis la Bretagne, celle où nous sommes tous frères et soeurs (puisqu'on à Quimper... ah ah ah !) est sublime par tous les temps.

    Mais pour retrouver l'univers humain et hyper sensible de la réalisatrice, mieux vaut se tourner vers ses deux premiers films Ceux qui restent et Les invités de mon père.

  • TOTAL RECALL MÉMOIRES PROGRAMMÉES de Len Wiseman **

    Total Recall Mémoires Programmées : photo Colin FarrellDouglas Quaid est ouvrier à la chaîne. Son métier ne lui plaît pas. La nuit, il fait de vilains cauchemars qui font peur, mais sa gentille femme tente de le rassurer au petit matin en petite culotte. Sauf que tout le monde le sait depuis le Total Recall avec Schwarzie, la femme de Doug c'est rien qu'un fake ! Bon, ça se passe en 2048 (je crois) et le monde est divisé en deux... l'Union Fédérale Britannique dirigée de main de fer dans un gand de velours par une crapule d'un côté et la Colonie où vivent entassés les péquenauds de l'autre ! Un soir de déprime, Doug se rend chez Total Recall. Cette société vend du rêve et consent, moyennant une petite séance de chaise électrique, à vous implanter de beaux souvenirs indélébiles dans la tête. Doug se laisse tenter mais en pleine procédure, la machine s'enraye et notre Doug se trouve propulsé en plein coeur d'un conflit qui oppose la police, l'Etat, de curieux résistants et lui, au milieu est poursuivi et recherché par tout le monde. Son identité n'est pas celle qu'il croit. Il serait agent secret ou double... en tout cas, vraiment de quoi y perdre son latin. Quant à sa femme, elle est bel et bien du côté des méchants mais une autre donzelle très avenante va faire son apparition et semer encore davantage le trouble dans l'esprit perturbé de Doug.

    Après le premier quart d'heure où il nous est offert de contempler Colin Farell torse nu (décidément la saison est aux garçons qui ne pensent qu'à tomber le marcel !), le film passe directement la cinquième et fonce pied au plancher jusqu'à la dernière bobine. Plus une seconde pour respirer et surtout réfléchir. La nature relativement absconse, pour ne pas dire franchement incompréhensible du scenario finit du coup par être accessoire. Dommage que le réalisateur ait choisi l'option de nous en mettre plein la vue (et les oreilles !) sans se préoccuper de laisser une chance à son histoire et à ses personnages. Au bout d'un moment Len Wiseman finit par ne plus être intéressé que par le côté pyrotechnique de son entreprise, et il faut bien le reconnaître, cet aspect est franchement réussi. Les courses poursuites, surtout celles réalisées à pieds, sont exceptionnelles. Les décors futuristes de Londres, crades et pluvieux de la Colonie (très 7ven)sont magnifiques. Les gadgets, notamment un téléphone directement implanté dans la main, les chorégraphies des véhicules en apesanteur impressionnants. Mais au bout d'un moment, trop de bruit et de fureur finissent par lasser et j'ai fini par ne plus du tout me sentir concernée par toute cette agitation sur l'écran et le film devient vraiment fatigant.
    Il est donc permis de s'occuper l'esprit en contemplant la rivalité des deux actrices qui se disputent Colin à grands coups de mandales et dont les visages rivalisent d'étrangeté. Les deux brunettes, jadis bien mignonnes, Kate Beckinsale et Jessica Biel se livrent à un déconcertant concours de duck faces, savant mix entre Lana et Sandra !

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    Dommage pour Colin Farell très convaincant en héros totalement perdu. Avec ses grands yeux d'enfant triste, son regard égaré, affolé, sa fragilité dissimulée sous les muscles, son étonnement réjoui de se découvrir pianiste... ce rôle paranoïaque voire schizo lui convient à ravir ! Et son tout dernier regard inquiet en dit long sur la "guérison" du personnage.

  • MAGIC MIKE de Steven Soderbergh **(*)

    Magic Mike : photo Adam Rodriguez, Channing Tatum, Joe Manganiello, Matt BomerMagic Mike : photo Channing Tatum, Matthew McConaugheyMagic Mike : photo Matthew McConaugheyMagic Mike : photo Alex Pettyfer, Channing Tatum, Joe Manganiello, Matthew McConaughey

    Le jour Mike est couvreur-maçon (le costume lui sied à merveille), la nuit il se métamophorse en Magic Mike (l'effeuillage lui convient parfaitement) ! Il est le "champion", le clou d'un spectacle de strip-tease pour filles orchestré par Dallas, ex strip-teaseur lui-même atteint par la limite d'âge. Il faut dire que dans la profession, afficher 30 ans au compteur est synonyme de has been. Mais le rêve de Mike est de créer sa petite entreprise de "customiser de meubles", sauf que les banques, c'est connu, ne prêtent qu'aux riches. Et Mike a beau chausser ses lunettes d'intello, revêtir un costume du dernier chic et faire du gringue à l'employée de banque pour lui mendier un prêt, l'époque, même sous le soleil de Floride, n'est pas facile, même si vous cumulez idées et talent...  Un jour, sur un toit, Mike rencontre Adam, jeune branleur feignasse de19 ans qui rêve d'argent facile. Mike retrouve en Adam le jeune homme qu'il a été. Il le prend sous son aile, lui fait rencontrer Dallas qui n'a pas de mal à déceler les aptitudes d'Adam pour le grand déballage. Il sera rapidement surnommé Kid et ses 19 ans feront la joie des spectatrices... Hélas, Adam a une soeur aînée étudiée pour gâcher le film pourrir la vie des garçons, ainsi que des prédispositions certaines pour se mettre dans les embrouilles !

    Rien n'est plus différent d'un film de Soderbergh qu'un film de Soderbergh et après le pas bien du tout Piégée, malgré la présence de Michaël Fassbender, cette nouvelle pelloche soderberghienne est beaucoup plus enthousiasmante et pas uniquement grâce aux très beaux garçons payés pour ôter leurs vêtements.

    La question est : pourquoi le réalisateur a t'il boursouflé son intrigue d'une bluette sentimentale uniquement crédible grâce à la force de conviction de Channing Tatum ? Pourquoi cette blonde moralisatrice et donneuse de leçons ? Sans ce personnage insupportable chargé de faire comprendre aux garçons que ce qu'ils font n'est pas bien et cette actrice approximative, le film aurait eu ses *** sans l'ombre d'une hésitation. Soit. Oublions ce personnage superflu dont on a d'ailleurs bien du mal à concevoir qu'elle puisse attirer Mike/Channing dans ses rets.

    L'idée de l'effeuillage du corps des filles offert en pâture comme de la barbaque me révolte et me révulse. Tout comme ces soirées où des filles -souvent d'âge certain- hystériques glissent des billets dans le string des garçons. C'est donc légèrement hésitante et dubitative que je suis entrée en salle. Mais je ne voulais rester sur l'énorme déception de Piégée... J'aurais eu bien tort de ne pas entrer. Car ce qui mène ce film c'est l'enthousiasme et l'humour. Ces garçons aiment leur sublime corps à la folie c'est évident mais leur strip tease ne ressemble en rien à celui des filles qui ont toujours l'air de souffrir mille morts. Ils s'amusent comme des fous et c'est follement communicatif. En fait tout le monde s'amuse, les garçons sur la scène et les filles du public. Donc, oui, les meilleures scènes de Magic Mike sont les shows, très interactifs car chaque soir des filles sont invitées à rejoindre les garçons. C'est tordant et les chorégraphies sexys et acrobatiques vraiment époustouflantes et jouissives réjouissantes. A ce titre Channing Tatum est très très impressionnant. Mais impressionnant à un point que je ne puis vous expliquer et j'en suis d'ailleurs encore bouche bée ! Mais le plus excitant jubilatoire est surtout que ce soit dans un rôle où son incroyable physique dément de G.I. soit son moyen d'expression que Channing Tatum puisse enfin démontrer qu'il est un acteur. Drôle et touchant, il a enfin un personnage à défendre grâce à ce Mike qui rêve d'une autre vie sans pour autant renier ou avoir honte de celle qu'il vit. Et puis, il a quelque chose en lui de... oui je vais oser, Heath-je pleure-Ledger. Très bonne nouvelle donc.

    Quant à Matthew McConaughey, Lone Star forever, en grand manitou du sexe soft, déglingué et dont les yeux crient dollars, il est déchaîné et hilarant. Les grands numéros de cabotinage maîtrisé sont formidables sur grand écran ! Et lui s'en donne à coeur joie.

  • THE SAPPHIRES de Wayne Blair ***

     Les Saphirs : photo Chris O'DowdLes Saphirs : photo Deborah Mailman, Jessica Mauboy, Miranda Tapsell, Shari SebbensLes Saphirs : photo Jessica Mauboy, Shari Sebbens

    Australie - 1968. 3 soeurs, Gail, Julie et Cynthia ont un talent évident pour la musique et le chant. A l'occasion d'une audition, elles sont repérées par Dave, musicien irlandais, alcoolique. Il s'improvise impresario et réussit à leur obtenir une tournée au VietNam pour soutenir le moral des marines. Leur cousine Kay, aborigène comme elles quoique blanche, les rejoint. Leur périple à travers le Delta du Mékong va leur apporter gloire et amour.

    Résumer ainsi cela peut paraître simpliste et fleur bleue. Normal, ça l'est (parfois). Sans doute le fait que le scenario soit tiré d'un roman écrit par le fils d'une des quatre demoiselles n'y est pas étranger, car oui, cette histoire  s'inspire d'une histoire vraie. Mais cela ne nuit pas à la qualité du film et n'empêche en rien de l'apprécier et de passer 1h40 vraiment euphorisante.

    Alors que le quatuor est plutôt versé dans la country américaine, Dave les oriente avec bonheur vers la soul qui convient parfaitement à leurs voix. Cela donne une bande originale excitante et les filles y mettent leur coeur et toute leur énergie pour assurer des interprétations extraordinaires. Par ailleurs, rarement il est donné de voir des actrices si peu à leur avantage au départ devenir de véritables bombes à mesure que le film progresse. Dès qu'elles sont sur scène et avec des chorégraphies pourtant minimalistes et en dehors de leurs qualités vocales, leurs déhanchements et leurs clins d'oeil sont incroyablement sexys.

    Cette success story chaleureuse et optimiste ne serait évidemment pas si séduisante et différente si elle ne se déroulait en grande partie au VietNam. Depuis Good Morning Vietnam, je ne me souvenais plus avoir vu un film évoquer cette étrange guerre au cours de laquelle semblaient cohabiter les pires excès et horreurs et un côté club méd'. Wayne Blair n'élude pas ces deux aspects même s'ils ne sont évoqués qu'en filigrane. Par ailleurs, un film aborigène avec un réalisateur, des acteurs aborigènes est une denrée suffisamment rare pour qu'on s'y intéresse. Et même si c'est sur un ton simpliste et naïf, on apprend des choses assez écoeurantes sur la façon dont ce peuple est traité et même si les problèmes racistes semblent se résoudre comme par l'enchantement d'une baguette magique, ils sont également évoqués.
    Bouder son plaisir serait un tort.

    Vous ai-je dit que l'acteur principal Chris O'Dowd est formidable et les quatre filles aussi Deborah Mailman, Jessica Mauboy, Shari Sebbens, Miranda Tapsell.

  • EFFRACTION de Joël Schumacher °°

    Effraction : photoEffraction : photoEffraction : photo

    Kyle est négociant en diamants. Bonjour le métier tout pourri. Sa femme Sarah ne tient pas une galerie d'art mais est architecte et a conçu leur maison bunker ultra sécurisée. Ils y vivent au milieu de nulle part avec leur fille Avery bien antipathique comme une ado il se doit. Une bande de malfrats cagoulés se présente à la porte et bien sûr, Kyle leur ouvre !!! C'est bien la peine d'avoir des alarmes et des caméras partout si c'est pour ouvrir au premier gus qui se présente et dont il ne voit même pas les visages. Passé ce détail sans lequel il ne pourrait y avoir de film sachez néanmoins que la suite est à l'avenant du prologue et que jusqu'à la dernière seconde on reste médusé par une chose aussi laide et stupide !

    La famille Miller est donc prise en ôtage par quatre voyous qui veulent de l'argent, des diamants, un rein, l'amour... cela fluctue au fur et à mesure que le film avance. Mais Kyle, au lieu d'ouvrir son coffre, résiste et tient tête aux vilains armés jusqu'aux dents.

    Scenario indigent, rebondissements invraisemblables et involontairement risibles, acteurs has been ridicules à la ramasse et que leur réalisateur prend un plaisir certain à torturer, glorification de la légitime défense, célébration de la famille, condamnation de l'adultère... je ne m'éternise pas, j'ai le cerveau liquide ! 

  • LADY VEGAS - LES MÉMOIRES D'UNE JOUEUSE de Stephen Frears **(*)

    Lady Vegas - Les Mémoires d'une joueuse : photo Rebecca HallLady Vegas - Les Mémoires d'une joueuse : photo Bruce WillisLady Vegas - Les Mémoires d'une joueuse : photo Catherine Zeta-Jones

    En Floride, Beth exerce le beau métier de strip-teaseuse à domicile. Lassée de tomber sur des clients pas toujours fiables ou bien intentionnés, elle se rend à Las Vegas avec l'ambition de devenir serveuse dans un bar ! Dès son arrivée, de jeunes demoiselles pas farouches la mettent en relation avec Dink, parieur sportif professionnel. La petite entreprise de Dink connaît parfois la crise mais la facilité déconcertante de Beth à prendre les paris met illico Dink en confiance. Il l'embauche et la considère immédiatement comme un véritable porte-bonheur. Alors qu'il considère sa femme qui répond au doux prénom de Tulip, comme un porte-poisse. La dame, furie botoxée, n'apprécie d'ailleurs guère la complicité nouvelle de Dink et Beth qui saute aux yeux instantanément. Par ailleurs, l'aisance de Beth lui donne rapidement de l'assurance, ce qui va l'amener à commettre des erreurs auprès de bookmakers dont l'activité est illégale aux Etats-Unis...

    Après le calamiteux et pas du tout drôle Tamara Drewe avec l'insupportable Gemma Arterton, Stephen Frears nous offre cette petite sucrerie ensoleillée au royaume du bling-bling et de l'argent facile (et de la faillite catastrophique). Evidemment, je n'ai pas compris le début du commencement du fonctionnement de cette activité lucrative et manifestement addictive qu'est le pari mais l'important n'est pas là. Même si les ressorts et rebondissements de l'histoire permettent de rester connecter, ce sont ici surtout les personnages et les acteurs qui valent le déplacement.

    La jolie et pétillante Rebecca Hall (qui craque pour Dink, je comprends à 200 % !!!) est absolument adorable en banlieusarde naïve mais futée qui manie les chiffres et les lettres avec brio. L'apparition de Catherine Zeta-Jones en mégère vulgaire, cupide et jalouse fait d'abord craindre le pire et une impression de déjà vu. Mais finalement le film est plus subtil qu'il n'y paraît et le personnage de Tulip évolue, montre ses failles, parvient à être touchant et Catherine Zeta-Jones démontre son (ou ses) talent(s) comme il y a bien longtemps qu'elle ne l'avait fait. Mais évidemment, c'est Bruce Willis qui monopolise l'attention. Une nouvelle fois il casse son image de gros dur qui sauve le monde et se montre particulièrement fragile en anxieux, parfois colérique et très hypocondriaque. Son look short et chaussettes blanches montantes lui donne une allure de papy un peu abruti. Bien joué Bruce, car dès que la caméra s'approche de son visage, sourire enjôleur et regard qui tue... on voit bien que cte bombasse en a encore et toujours sous le capot. D'ailleurs la petite Rebecca/Beth a bien du mal à contrôler ses élans malgré la différence d'âge. Mais Tulip et un scenario malin sont là pour que les choses ne soient pas aussi prévisibles qu'on aurait pu l'imaginer.
    En outre, il est rare de voir un film énergique, dynamique avec des personnages aussi positifs et on sort de la projection de ce film plein d'entrain et de bonne humeur !

    Et une furieuse envie de revoir Bruce Willis dans un grand rôle à lui tout seul...

    P.S. : Joshua Jackson est très bien aussi !

  • À COEUR OUVERT de Marion Laine °

     À cœur ouvert : photo

    À cœur ouvert : photo

    À cœur ouvert : photoDès qu'on franchit le seuil de l'appartement de Mila et Javier, on est tout de suite renseigné, nous sommes ici chez un couple qui ne laisse de place à personne d'autre. Il semblerait qu'il s'agisse de fusion, passion, fascination, un truc en ion. On peut y voir aussi beaucoup d'addiction, domination et soumission ! Un truc en ion de toute façon. Mais bon, en même temps, comme le sujet n'est pas traité, on s'en fiche un peu de la façon dont ils s'aiment et vont se démolir. Je spoile et alors ? Les films ratés ne risquent rien !

    Une maxime ? Pensée ? Devise ? Réflexion mouarf ? nous accueille dans l'appartement. Sur une ardoise accrochée dans l'entrée au milieu de photos du couple qui respirent la joie, le bonheur et l'allégresse, on peut lire : "Je t'ai tellement rêvé, que tu en perds ta réalité." Comme on a environ une bonne dizaine de fois l'occasion de la lire pendant le film au point de s'en souvenir plus tard... et qu'on voit tout aussi nettement vers la fin que certains mots s'effacent progressivement... c'est qu'elle a son importance capitale voire majuscule. Amis de la poésie donc, bonjour !

    Cela dit Mila et Javier ne sont pas poètes, oh que non ! Ils sont même très scientifiques puisqu'ils exercent le beau métier de chirurgiens. Du coeur évidemment ! Bon d'accord E. Ramirez et J. Binoche en chirurgiens, on s'accroche, on se motive et on y croit ! D'autant qu'il semblerait qu'ils soient des sommités dans la pratique de leur art. En tout cas, il n'est pas interdit de faire semblant (d'y croire) car les deux acteurs mettent la main dans le cambouis (façon de parler) et pétrissent du coeur défaillant à même la poitrine béante de leurs patients !  Et lorsqu'ils opèrent conjointement, face à face, quasiment cheek to cheek, il leur arrive de se donner un ptit coup de boule par dessus l'opéré ! Le boulot terminé, ils vont faire la fête avec leurs collègues, se mettent minables, dansent frénétiquement jusqu'au bout de la nuit, boivent des coups et rentrent chez eux sur leur moto ivres morts en zigzaguant, hilares pour se finir au lit et se malaxer mutuellement leurs chairs encore fermes. Une seule scène de sexe, bien soft et bien ridicule comme il se doit (pas un sein, pas un cul visible !!!) suffit à nous faire comprendre que Monsieur et Madame s'entendent bien au plumard et que ça cimente le reste. Quoique.

    Sauf que non, ça ne prend pas. On n'y croit pas. Et ce n'est pas l'accumulation de problèmes qui va leur tomber dessus qui rendent perplexes mais l'absence totale d'alchimie entre les deux éléments du couple, disons les acteurs, qui jouent chacun pour soi. J'y reviendrai.

    En attendant, il est évident que Monsieur a "un problème avec l'alcool" comme on dit sobrement. En gros, pour monter sur scène et opérer à coeur ouvert, Javier a besoin d'un petit remonte pente. Sujet tabou à la maison car pour Mila : "c'est sa vie, il fait ce qu'il veut". On continue d'y croire... Sauf que lorsque le directeur de l'hôpital (je vous la fais courte) met Javier sur la touche, le problème avec l'alcool se transforme en alcoolisme profond et le pauvre Javier se retrouve à attendre dans leur appart' avec vue sur la mer, que Mila rentre du boulot. Laquelle découvre qu'elle est enceinte, s'empresse de prendre rendez-vous pour une IVG, ce qui semble être une décision de la plus haute sagesse. Sauf que, sous l'emprise de l'alcool sans doute, Javier se met à développer une fulgurante fibre paternelle et pour garder son homme Mila décide de ne finalement pas se débarrasser du moutard. Voyant son mec sombrer inexorablement dans l'alcool au point de vider l'appartement de tous les meubles (normal) puis de casser les murs à coups de pioche (normal bis), Mila s'inquiète mais le traite comme un marmot, ce qui a tendance à taper sur le haricot du Javier, qui est un homme quand même, merde ! Mais Juliette est là, face à Edgar, "droite comme le reproche". Et ça gave rapidement. Instantanément.

    Crise dans le couple donc qui jusque là était habitué à TOUT maîtriser, même et surtout le bonheur.

    Le couple sombre dans la déprime, l'angoisse, la méfiance et l'hystérie. Quelques souvenirs du bon vieux temps les poussent à continuer à s'appeler "Monkey" (lol) (ah le tatouage de Juliette !!!) et à entrer par effraction au zoo pour s'extasier devant les bonobos et boire des canons sur un lac... Bref.

    RIEN ne fonctionne.

    Les acteurs ? Ils atteignent le degré zéro de la connivence et de la complicité. Chacun cabotine à souhait et singent (c'est le cas de le dire) les effets de la passion. A moins d'un miracle, Juliette Binoche confirme l'impression laissée par Copie conforme de Kiarostami, elle n'a plus rien de naturel. Même son jadis célèbre et si spontané éclat de rire n'a plus rien de sincère. On ne voit plus un personnage mais Juliette Binoche qui s'exprime : "regardez quelle grande actrice je suis !" Sauf que non, Juliette est seule au monde et ne laisse aucune place à ses partenaires qui s'agitent autour d'elle pour essayer d'exister ! Fatigante, elle surjoue en permanence et ne convainct ni dans la joie ni dans la peine !

    Et alors que l'exaspération avait cédé le pas à l'agacement (ou l'inverse), une scène survient, étonnante et plutôt ambitieuse voire réussie où une opérée inconsciente "vit" métaphoriquement son opération... mais il est trop tard et les dix dernières minutes aberrantes font définitivement sombrer le film et ses acteurs.

    Dommage pour Edgar Ramirez, pas mal, et surtout les seconds rôles : Hippolyte Girardot, Amandine Dewasmes, Aurélie Petit qui méritent mille fois mieux que de tenir la chandelle à Mademoiselle BInoche.

  • JUSQU'À CE QUE LA FIN DU MONDE NOUS SÉPARE

    de Lorene Scafaria **

    jusqu'à ce que la fin du monde nous sépare de lorene scafaria,steve carell,keyra knightley,cinéma

    Avec Steve Carell, Keyra Knightley

    Dans 21 jours un astéroïde percutera la terre. Bruce Willis étant occupé à Vegas, le monde, qui se limite aux Etats-Unis d'Amérique évidemment, n'a plus qu'à commencer le décompte et s'en remettre à Dieu ou à Oprah ! La télé qui émet encore, affiche le compte à rebours et c'est un peu flippant de voir les jours, les heures, les minutes avancer à reculons.

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  • ANNALISA de Pippo Mezzapesa **

    Annalisa : photo Cosimo Villani, Luca Schipani, Nicolas Orzella

    Annalisa : photo Aylin Prandi

    C'est l'été, il fait très chaud dans ce village du Sud de l'Italie et forcément les ados s'ennuient. Après une scène de torture inaugurale, Veleno "Poison" le torturé, et Zazà le sauveur, deviennent amis. Et pourtant tout les sépare, notamment leur milieu social. Zazà joue au foot et son entraîneur l'a convaincu qu'il pourrait se faire remarquer par le sélectionneur de la Juve. Il rêve de se sortir des quartiers populaires où il croupit, parfois "utilisé" par son frère aîné pour ses traffics en tout genre. Quant à "Poison", il aimerait s'émanciper, se libérer de son milieu bourgeois où il ne s'épanouit pas non plus.

    Les matchs de foot, les baignades, la drague rythment mollement la vie des amis jusqu'au jour où ils aperçoivent en haut d'un bâtiment, une jeune fille prête à se jeter dans le vide. Libre, belle, sensuelle et énigmatique, Annalisa devient l'objet de tous les fantasmes et l'imagination des garçons va bon train. La légende qui entoure la jeune fille donne aux garçons un peu d'audace et pas mal de crétinerie.

    Parallèlement aux divagations des jeunes gens, les élections municipales se préparent. Et à force de multiplier les pistes, le réalisateur nous égare, on ne sait plus trop où il veut en venir et l'attention se détourne un peu d'une histoire insaisissable. Dommage car il parvient par moments à imprégner son film de troublants battements de coeur. On peut également regretter, comme il arrive fréquemment, qu'un traducteur fou (restons bien élevé) ait choisi de remplacer le titre initial Il paese delle spose infelici (Le pays des épouses malheureuses) par Annalisa... 

    Cela dit, le film est visuellement très beau. L'écran est constamment écrasé de soleil dans des tons ôcres très élégants. L'utilisation des ralentis appuyés de musique classique surprennent par la rupture insolite qu'ils imposent soudain. Mais cette éloquence, cette virtuosité maladroites et déconcertantes laissent néanmoins présager d'un avenir pour Pippo Mezzapesa dont il ne nous reste plus qu'à attendre un deuxième film plus convaincant.

  • LE TEMPS QUI RESTE de François Ozon (DVD) ****

    C'est l'été et j'ai décidé de me faire une cure de Melvil, car s'il est Laurence Forever et Anyways... ce garçon, malgré une filmographie impressionnante, a peu de premiers rôles à son actif. En voici un qui m'avait bouleversée en 2005. Si vous n'avez jamais vu ce crève-coeur de François Ozon, précipitez-vous sur le DVD.

    Le temps qui reste : photo François Ozon, Melvil Poupaud

    Le temps qui reste : photo François Ozon, Jeanne Moreau, Melvil Poupaud

     Un jeune homme, mourant, choisit de refuser tout traitement et de vivre les quelques jours qui lui restent seul, absolument seul. Il choisit de faire le deuil des vivants, il s’applique à se montrer antipathique à tout son entourage pour ne leur laisser que remords et culpabilité. Ce jeune homme n’est pas sympathique.

    C’est le monde à l’envers. Dans une telle situation « on »cherche l’amour, la compassion, à laisser de soi une belle image ou à vivre « le temps qui reste » dans l’urgence en réalisant tout ce qu’on n’a pas pu faire… Romain est différent et au fond peut-être a-t-il raison, quand rien ne va plus, quand la fin est proche, c’est sûrement l’enfance qui nous appelle vers des plages bretonnes… Romain c’est Melvil Poupaud, beau et athlétique au début puis beau et squelettique à la fin, un sourire d’ange, une démarche de plus en plus incertaine et chancelante, il se révolte à peine sinon par quelques larmes, quelques sanglots et un long cri déchirant, à se claquer la tête contre les murs.

    Malgré la progression implacable de la maladie, malgré la fin qui se rapproche inéluctable, le film ne déploie ni pathos ni scène racoleuse. Après l’exécrable « 5X2 » François Ozon réussit l’exploit de nous tirer les larmes sans violon et sans tirade explicative. Cet anti-héros avance jusqu’à cette plage de sable où il s’offre une dernière glace au chocolat qu’il savoure des yeux avec gourmandise, mais les métastases au foie l’empêchent d’aller au bout de cet ultime plaisir qui le ramenait aux douceurs de son enfance. Avant ce plongeon dans la mer, il aura essayé de dire au revoir à ceux qu’il aime malgré tout… mais lorsqu’il dit « pardon », il est seul et personne ne l’entend. 

    Seule sa grand-mère aura droit à ses confidences Et la grand-mère c’est Jeanne Moreau, capable d’entendre qu’elle est la seule à pouvoir le comprendre puisque comme lui « elle va mourir bientôt ». Jeanne Moreau est sublime et magnifique, belle et magique, émouvante et consolante. En deux scènes, elle nous rappelle ce qu’est une actrice : une présence indiscutable…et lors de ces deux scènes on n’a aucun doute : Jeanne Moreau et Melvil Poupaud sont une grand-mère et un petit-fils. Entre ces deux-là il s’est vraiment passé quelque chose et là, notre plaisir de spectateur est à son comble et à travers le brouillard qui embrume le regard on se prend à rêver d’une grand-mère comme elle, qui ne juge pas, qui ne conseille pas, qui dit « je t’aime ».

    Voilà, des acteurs magnifiques, une histoire forte racontée simplement, c’est le cinéma.