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cinéma - Page 210

  • L'AMOUR DURE TROIS ANS de Frédéric Beigbeder °°°

    L'Amour dure trois ans : photo Frédéric Beigbeder, Gaspard Proust, Joey Starr

    Avant la fin du générique de début, Marc Marronnier tombe amoureux, est heureux, se marie puis divorce. La bonne nouvelle c'est que cela nous permet d'être débarrassé d'une non actrice exaspérante en moins de cinq minutes. Mais c'est à peu près la seule bonne nouvelle que j'ai à vous annoncer car le reste sera inversement proportionnel au petit bruit joyeux qui ouvre le film : celui d'un bouchon de champagne qu'on débouche. Notre Marc est à la fois critique littéraire et serial noceur noctambule. De son mariage raté il tire des généralités et décrète que l'amour dure trois ans. Il rédige  donc, tout en pataugeant dans son vomi, un roman qui sera refusé par deux grandes maisons d'édition et accepté par une troisième ah ah ah ! Evidemment toutes les femmes (sauf une) se ruent sur le livre qui devient un best-seller mais Marc désire rester incognito car il est tombé amoureux de la femme de son cousin, Alice (rencontrée lors de l'enterremment de sa grand-mère), et elle a détesté le livre. Mais c'est compter sans la roublardise de l'éditrice qui révèle l'identité de Marc. Du coup, Alice qui avait quitté son mari (je n'ai pas bien compris comment elle s'était laissé séduire... mais c'est un fait) pour Marc, quitte Marc et retrouve son mari à qui elle annonce qu'il a un micro pénis, ce qui est très désagréable. Entre autre...

    Mais Marc a des amis ou des parents tout aussi puants, superficiels et indécis que lui. Un père (choix judicieux de Bernard Menez à qui Gaspard Proust ressemble comme deux gouttes d'eau) très fier d'être priapique à 70 ans avec sa jolie femme de 50 ans sa cadette, une mère féministe libérée (j'imagine) qui écrit des best-seller comme son fils, aux titres chic et choc "Je suis une mère célibataire et je vous emmerde" et méprise ses lectrices (ah la séance de signature !!!), un copain ex noceur qui se range auprès de sa compagne, une snobinette qui parle anglais parce que c'est plus... c'est plus quoi au fait, j'ai oublié ! Et toute une galerie de portraits de personnes qui gravitent plus ou moins dans le monde de la littérature, dans des appartements avec piscine intérieure, un verre d'alcool dans une main, une jolie fille à portée de l'autre. C'est consternant, exaspérant et surtout JAMAIS drôle. Et pourtant sont convoqués à intervalles réguliers : Shakespeare, Bukowski (pour le côté trash je suppose), Finkelkraut et j'en oublie, pour démontrer à quel point tous ces gens sont des intellectuels. Le pauvre Marc Levy s'en prend plein la tête pour pas un rond. Mais pour prouver que nous sommes finalement bel et bien dans le monde des bisounours, Marc Levy en personne apparaît à la fin du film avec la première femme de Marc l'actrice qui sert à rien. Le roman de Marc est refusé par de grands éditeurs parisiens, cela prouve à quel point Beigbeder est beau joueur. Il y a même de virulentes critiques de ce roman  preuve que Fredo n'a peur de rien et qu'il accepte même la critique. Et quelle mise en abîme !!!, imaginez que le personnage du film écrit un  livre qui s'appelle "L'amour dure trois ans" à l'intérieur du film qui s'appelle "L'amour dure trois ans" tiré d'un livre écrit par le réalisateur qui s'appelle... ouh j'en ai le vertige !

    Que vous dire encore ! La bluette sentimentale ??? Sans intérêt et pas crédible pour deux sous. Comment imaginer que cette grande gigue de Louise Bourgoin qui pète la santé puisse tomber amoureuse d'un bonnet de nuit chétif et souffreteux tel que ce Marc/Gaspard ? Qui a fait croire à Gaspard Proust qu'il était acteur d'ailleurs ? Ce monde est cruel. Quant à Louise Bourgoin, elle est trop grande, trop belle, trop vivante pour un type qui va lui pourrir la vie par sa jalousie et son manque de confiance en lui. Il n'empêche que c'est une femme qui dit qu'Alice/Louise a un fort capital d'emmerdeuse ! Les femmes sont des emmerdeuses, c'est un fait indiscutable, c'est Beigbeder qui le dit. On croit rêver !

    Le film est donc à l'opposé des légères petites bulles du breuvage haut de gamme qu'on entend pétiller dès l'ouverture : complètement patapouf, bête, prétentieux, snob, faussement intello mais vraiment misogyne. Cela dit si les femmes ne sont que des harpies nymphomanes et vulgaires, les garçons ne sont pas mieux servis tant ils sont repoussants d'immaturité et de couardise.

    ......................

    Néanmoins, mais le film (où est le cinéma là dedans d'ailleurs ?) n'en est pas moins mauvais et ennuyeux pour autant, il y a Joey Starr ! Ce garçon est vraiment incroyable. Dans le rôle du copain, il semble être le seul à avoir un cerveau. Et, ô miracle, il réussit à TOUT faire passer : une allusion pédophile, un mariage homosexuel. C'est parce que je l'ai vu apparaître que je me suis décidée à ne pas quitter la salle avant la fin. Hélas il n'a que trois scènes trop courtes et le réalisateur a l'idée tout aussi absurde qu'inattendue (mais est-ce étonnant ?) d'interrompre celle où il chante avec Michel Legrand.

  • EL GUSTO de Safinez Bousbia ***

    El Gusto : photoEl Gusto : photo

    El Gusto : photo

    Alors qu'elle achète un petit miroir dans une boutique algéroise, Safinez Bousbia sympathise avec le commerçant, un vieil homme qui lui montre d'anciennes photos. Elle découvre que cet homme a eu le Premier Prix du Conservatoire d'Alger et qu'il a fait partie d'un groupe de musique arabo-andalouse célèbre, que ce groupe a été séparé de faits par les "événements" et que ses membres ne se sont pas revus depuis 50 ans. Touchée par la passion encore vive du vieil homme, la réalisatrice se met en tête de retrouver les membres du groupe dispersés entre l'Algérie et la France et de les réunir. Plusieurs années de travail, heureusement couronnées par la re-formation du groupe baptisé "El Gusto" qui signifie en gros : bonne humeur, celle qui fait "oublier la misère, la faim, la soif".

    Le mot qui vient à l'esprit pour évoquer ce film est nostalgie. Cependant tout au long de ce voyage à travers le temps on peut parler également de gaieté, jubilation, passion. Il faut dire que ces charmants messieurs n'ont pas leur pareil pour décrire et faire revivre avec énergie toute une époque située entre la "guerre d'Allemagne" comme ils disent et la "révolution". Une émotion très forte saisit le spectateur en découvrant la casbah d'Alger dégradée, détruite ou à l'abandon. Et pourtant les vues, la visite d'Alger sont sublimes. Au début des années 60, ses habitants en ont été chassés, rapatriés en France ou relogés dans des cités à l'extérieur de la ville. C'est ainsi que tous les membres de ces orchestres jadis renommés ont été séparés nourrissant chacun de leur côté une profonde nostalgie de l'époque. Chacun regrettant par dessus tout de n'avoir jamais pu vivre de la musique, obligé d'exercer un métier n'ayant rien à voir avec leur passion. Evidemment les côtés les plus négatifs voire franchement douloureux sont juste effleurés mais il m'est impossible de reprocher à un film aussi enthousiasmant d'être optimiste et d'insister copieusement sur le côté "c'était mieux avant". Il n'en demeure pas moins qu'interviewés séparément de chaque côté de la méditerrannée ces musiciens gourmands vantent avec infiniment de conviction un climat, une atmosphère, une époque où juifs, chrétiens et arabes vivaient en harmonie, de la même façon. La religion ou plutôt LES religions semblaient n'être que ce qu'elles devraient toujours être : une affaire privée !

    C'est donc avec beaucoup d'intêrêt, d'émotion et le sourire aux lèvres qu'on suit le récit de ces hommes qui ont la musique chaâbi (mélange de musiques berbère, populaire et andalouse) qui coule dans les veines. Et c'est avec infiniment d'impatience qu'on attend la dernière partie du film où ils sont enfin rassemblés en France. Leurs retrouvailles festives sont scandées comme le repète Robert Castel par "tu te souviens ?" où certains craignent de ne plus être à la hauteur des autres artistiquement et aboutissent à des concerts ébouriffants à Marseille puis à Paris. Les voir saisir leurs violons, darboukas et autres ouds et tout l'univers s'arabojudéoandalouïse et c'est magnifique :

  • SEMAINE TELERAMA du 18 au 24 janvier

    Comme chaque année Télérama propose à ceux qui les auraient manqués comme à ceux qui les ont déjà vus, de voir ou de revoir les 15 meilleurs films de 2011 selon la rédaction de l'hebdomadaire, pour 3 €uros la place avec le Pass Télérama.
    En ce qui me concerne, le seul que j'ai raté est "Il était une fois en Anatolie", j'espère pouvoir y remédier. Et je retournerai peut-être voir "Black Swann" car je n'aimerais pas être passée à côté d'un chef d'oeuvre.
    Cliquez sur les affiches pour découvrir toutes les salles qui participent à l'opération en France.
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  • UNE NUIT de Philippe Lefèbvre **

    Une nuit : photo Jean-Pierre Martins, Philippe Lefebvre (II), Roschdy ZemUne nuit : photo Philippe Lefebvre (II), Roschdy ZemUne nuit : photo Philippe Lefebvre (II), Sara Forestier

    Chaque nuit Simon Weiss commandant à "La Mondaine" se voit attribuer un chauffeur qui doit le conduire au gré de sa volonté et des affaires en cours dans tous les endroits chauds de Paris. Cette nuit c'est la jeune sous-brigadier Laurence Deray qui l'accompagne. Elle suit docilement ce vieux routard que tout le monde connaît, appelle par son nom ou son prénom dans ce Paris noctambule. Il n'a peur de rien ni de personne et c'est sans doute sa proximité avec la faune parfois bien louche de ce monde interlope qui fait qu'il est également surveillé de près par l'I.G.S. qui flaire en l'homme un ripou. Effectivement, tout au long de cette nuit, de bars suspects en boîtes chics, de soirées privées en établissements sulfureux, Simon va faire découvrir à la jeune Laurence tout un monde où la drogue, l'argent, les affaires et les embrouilles s'imbriquent et se confondent.

    Comme dit l'un des personnages : "Passer une nuit avec Simon Weiss (et donc, Roschdy Zem, de plus en plus sexy) est passionnant, on ne s'ennuie pas". Sa haute stature, sa prestance et son flegme permettent à l'acteur très à l'aise de composer un très imposant flic pas comme les autres, suffisamment ambigu pour être crédible et qu'on s'y attache.

    Le réalisateur filme un Paris de nuit et sous la pluie (c'est plus romantique a dit Woody Allen) où il n'y a pas une voiture qui circule, où l'on peut se garer du soir à l'aube sans difficulté, et écume toutes les boîtes connues ou moins qui sous une apparente respectabilité cachent de sombres trafics ou magouilles. Tout n'est pas toujours très clair au niveau des intrigues mais cela permet en outre de voir défiler toute une série d'acteurs à trognes qui composent leur numéro de noceurs, truands qui se cherchent une respectabilité ou travestis bien réjouissante.

    Dommage que Philippe Lefèbvre ne se contente pas de filmer "Une nuit" dans la vie d'un flic et cherche à boucler une intrigue, voire plusieurs en quelques heures. Quant au twist final... il a été repéré bien avant la fin par mon voisin de droite !

    Cela dit il y a Roschy Zem, grand dans tous les sens du terme, et même il sourit deux fois (quel cascadeur !!!) et Sara Forestier vraiment très bien.

  • UNE VIE MEILLEURE de Cédric Kahn *

    Une vie meilleure : photo Cédric Kahn, Guillaume Canet, Leïla Bekhti

    Une vie meilleure : photo Cédric Kahn, Guillaume Canet, Slimane Khettabi

    Yann rencontre Nadia et c'est "chabadabada" dès le premier rendez-vous. Après une première nuit torride Yann découvre que Nadia a un petit garçon d'une dizaine d'années. No problemo, Yann est un grand gamin qui peut encore jouer à l'hélicoptère téléguidé avec le petit pendant que maman les observe d'un oeil humide et attendri. Il est cuisinier dans une cantine scolaire, elle est serveuse dans un restaurant. Lors d'une promenade près d'un étang, ils tombent nez à nez avec une bâtisse abandonnée mais néanmoins à vendre dans laquelle ils voient leur avenir. Ni une ni deux, ils foncent à la banque et contractent un crédit aussitôt accepté. Il manque quelques milliers d'euros ? Qu'à cela ne tienne, un mauvais conseilleur leur indique les prêts revolving qui leur permettent de financer un apport. Joie, bonheur à tous les étages ! Sauf que le jour du passage de la Commission de Sécurité... l'établissement n'est pas aux normes et l'autorisation d'ouvrir est refusée. Et voilà les deux tourtereaux empêtrés dans la spirale du surendettement. Fichés à la Banque de France, ils n'obtiennent plus un centime pour finir les travaux. Le couple ne survit pas aux problèmes. Nadia accepte un travail lucratif au Canada. Elle confie son fils à Yann en lui promettant de le faire venir dès qu'elle aura trouvé un logement décent. Mais quelques mois plus tard, elle ne donne plus signe de vie et Yann est de plus en plus réduit à la misère...

    La rencontre ? Je n'y ai pas cru. Les problèmes de ce petit couple de tourteraux ? Pas plus. J'ai toujours vu Leïla Bekhti et Guillaume Canet qui jouaient des surendettés et pas les personnages d'une histoire plausible et tellement actuelle. Partant de là c'était déjà difficile de me faire avaler la pilule. Lorsque Nadia disparaît... le film trouve un léger sursaut grâce à l'interprétation de Guillaume Canet dont la rage et l'obstination deviennent tout à coup crédibles.

    Mais le traitement du film est tellement calamiteux qu'à aucun moment on ne sent de révolte ou d'indignation face à cette dégringolade due en partie à la complexité implacable d'un système. Et puis, à l'instar du raté et récent "Toutes nos envies" de Philippe Lioret qui ne réussissait pas à choisir entre deux thèmes... Cédric Kahn mélange tout, se prend les pieds dans le tapis et ne cesse de semer de nouvelles embûches (et non des moindres !) sur le chemin déjà pas facile de Yann et Nadia. Il brasse large : en plus du surendettement, tout y passe, les marchands de sommeil, le statut illégal de la garde du fils de Nadia et lors de la partie canadienne... au secours !!! Je ne vous dis rien. Incapable de traiter ses sujets dans un seul film, il passe sans transition d'un thème à l'autre... Lorsque Yann s'occupe (très bien : "voler c'est pas bien") du fils de Nadia, ses problèmes insolubles de dettes disparaissent, et lorsqu'il s'occupe à nouveau de trouver de l'argent, l'enfant disparaît mystérieusement !

    Le final est à pleurer... de rire !

    Que certains osent faire un parallèle entre ce film qui n'émeut pas et ne fait pas bien peur et la galère sans nom de "Louise Wimmer" est totalement aberrant !

  • TAKE SHELTER de Jeff Nichols **(*)

    Take Shelter : photo Jeff Nichols, Michael Shannon (II)Take Shelter : photo Jeff Nichols, Jessica ChastainTake Shelter : photo Jeff Nichols, Jessica Chastain, Michael Shannon (II), Tova Stewart

    Curtis semble posséder ce qu'il y a de mieux sur terre. Il est celui dont ses collègues disent "tu as de la chance !" Et effectivement, il a une femme superbe et aimante, une petite fille délicieuse, une jolie et grande maison, un bon boulot, des potes. La seule ombre au tableau pourrait être le handicap de sa fille, sourde et muette, mais sa femme et lui assument tellement et mettent tellement tout en oeuvre pour qu'elle soit une enfant comme les autres que rien ne pourrait assombrir le tableau. D'ailleurs ne sont-ils pas en attente d'ici quelques semaines d'une opération miraculeuse qui va permettre à la petite de se voir poser des prothèses auditives ? Cerise sur le crumble, Curtis a une excellente mutuelle !

    Fin de l'histoire ? Que nenni. Brusquement Curtis devient la proie de visions d'apocalypse : une terrible tempête menace la terre. D'épouvantables cauchemars qu'il juge prémonitoires confirment ses hallucinations. Mais Curtis se fout comme de l'an 40 de la fin du monde, ce qui le préoccupe uniquement c'est sa petite famille qu'il veut protéger. Dès lors et jusqu'à l'obsession il se met à aménager l'abri anti-tempête de son jardin, multipliant les dépenses, hypothéquant la maison, contractant un prêt, s'absentant du travail...

    "Take shelter" n'était pas loin d'être le grand film qui aurait justifié les termes de "magnifique", "vertigineux", "magistral" lus et entendus un peu partout. J'ai trouvé qu'il ne l'était pas car Jeff Nichols commet de fâcheuses erreurs qui nuisent au climat anxiogène du film qu'il avait pourtant réussi à installer dès les premières images. Dès le premier cauchemar de Curtis et alors que rien ne nous laisse supposer qu'il s'agit d'un cauchemar, le réalisateur nous rassure : ce n'est "qu'un" cauchemar, aussi terrible soit-il. A partir de là, dès que des situations nous paraîtront un tantinet hors normes, l'effet d'angoisse sera largement atténué. La scène où sa femme est seule trempée au milieu d'une pièce avec gros plans insistants sur un grand couteau de cuisine est à ce titre parfaitement ratée et ridicule. Il poussera même la maladresse jusqu'à nous faire sursauter en faisant apparaître des ombres imaginaires donc, devant une porte ou une fenêtre. C'est dommage. Même si on ne doute pas un instant que Curtis devienne de plus en plus dérangé dans sa tête par l'ouragan qui s'y installe, on ne tremble pas comme on aurait dû.

    Néanmoins, il reste le traitement souvent original d'un film de fin du monde qui voudrait en général que chacun prenne soin de chacun. Pas de héros qui veut sauver l'humanité et même s'il est seul contre tous à affirmer que la tempête approche, il ne cherche qu'à mettre sa femme et sa fille à l'abri. Pas d'altruisme exacerbé chez Curtis, le sort de ses semblables lui importe peu. L'autre grande particularité est que Curtis ne s'isole pas dans sa "folie". Il reste conscient des changements qui s'opèrent en lui et cherche à les comprendre. Il ne tarde pas à consulter son médecin qui le dirige vers une psychologue. Il rend visite à sa mère enfermée depuis 25 ans dans une unité de soins spécialisés pour schyzophrénie paranoïde (la totale !) et craint l'hérédité de ses troubles. Il finit par en parler à sa femme dont, autre surprise, l'amour et la compréhension sont infaillibles. Et malgré l'énergie qu'il met à s'en sortir, rien ne l'arrête dans l'aménagement de l'abri. On s'affole parfois de constater à quel point la femme de Curtis lui garde sa confiance et continue de lui confier leur petite fille si fragile et cela met heureusement un peu de stress dans une approche parfois trop lisse de ce qui devrait être terrifiant.

    MAIS, il reste les acteurs. La désormais parfaite mère américaine est une fois encore ici représentée sous les traits gracieux et doux de l'excellente Jessica Chastain. Et il y a Michaël Shannon, géant paumé et anéanti au visage de plus en plus tourmenté. Il incarne avec une intelligence rare les abîmes de perplexité qui peuvent ravager un homme brusquement rongé par un mal qui le domine et finit par l'envahir. Son impressionnant calme apparent, sa douceur contrôlée, ses larmes de panique, son unique scène de colère qui laisse tout le monde pétrifié sont la pièce maîtresse de ce film qui vaut surtout pour lui.

    La tempête extrême va t'elle survenir ou n'est-elle que le fruit de l'aliénation d'un esprit anxieux ? Il faut aller voir le film pour le savoir !

  • LES CRIMES DE SNOWTOWN de Justin Kurzel ***

    Les Crimes de Snowtown : photo Justin Kurzel, Lucas PittawayLes Crimes de Snowtown : photo Daniel Henshall, Justin Kurzel

    Une femme élève tant bien que mal et seule ses quatre garçons dans une banlieue crado du Queensland au sud de l'Australie. Un jour elle fait confiance à un gentil voisin qui la drague un peu et lui confie ses rejetons pour se rendre "en ville". A son retour elle apprend le drame : le sale type a abusé des enfants. Il a d'abord pris des photos puis les a violés. Débarque alors d'on ne sait où John Bunting qui s'installe dans la maison et entend rassurer et protéger la famille. Jamie, le fils de 16 ans est particulièrement attiré par cet homme tendre et doux, charismatique et sécurisant. Les premiers "châtiments" pour punir le coupable qui est hélas rapidement relâché par la police sont presque amusants pour les gamins : tags sur la maison, cadavres de kangourous découpés et déposés devant la porte. Il n'en faut pas plus pour faire fuir le criminel en quelques jours qui prend ses cliques et ses claques et disparaît. Mais John ne va pas en rester là et entend bien débarrasser la ville de tout ce qu'elle comporte de pédophiles et autres violeurs d'enfants. Puis il va étendre son bras justicier sur les drogués, les homosexuels et aussi sans doute sur certains qui ont eu la malchance de se trouver au mauvais endroit au mauvais moment... Bref, le killer inside him ne peut plus s'arrêter, il va tuer sans raison et entraîner Jamie dans sa folie meurtrière et d'autres membres de la communauté.
    Ce film aurait dû être un grand film si le réalisateur avait maintenu jusqu'au bout le parti pris du hors champ. Les crimes suggérés, les traces que les tueurs effacent, les corps qu'ils jettent suffisaient amplement à révéler l'horreur des actes et à maintenir la tension, ainsi que le regard de plus en plus affolé de Jamie contraint lui aussi de passer à l'acte pour abréger le martyr, l'agonie d'une "victime"... et pas n'importe laquelle... Mais Justin Kurzel, comme s'il finissait pas se complaire à filmer des atrocités a préféré brusquement se concentrer en gros plans sur des scènes sans fin de tortures abominables qui fait basculer le film vers un autre genre.
    Il n'en demeure pas moins que ce film dérangeant, malsain, brutal, cru, violent donne à voir une humanité désoeuvrée, sans repère, sans travail, sans éducation qui se laisse embrigader par le premier beau parleur qui passe. Les "réunions" organisées par John qui réunissent tous les parents du coin sont particulièrement caractéristiques. Chacun y va de ses accusations et condamnations : "le premier qui touche à mes gosses je le zigouille". Mais entre le discours délirant de prolos avinés et désoeuvrés et le passage à l'acte il y a parfois un monde. Sauf que John est un serial killer, sadique de surcroît et qu'il a rendu Snowtown célèbre dans les années 90 pour sa série de meurtres effroyables car cette histoire est vraie.
    L'interprétation subtilement délirante de Daniel Henshall (la scène où il contemple une de ses victimes agonisante est un sommet !) dans le rôle du tueur au visage et au sourire d'ange et celle de Lucas Pittaway dans celui de la victime de plus en plus victime qui devient bourreau sont les atouts majeurs de ce film inégal, un peu long mais troublant et inquiétant.
  • LET MY PEOPLE GO de Mikael Buch **

    Let My People Go ! : photo Mikael Buch, Nicolas Maury

    Let My People Go ! : photo Amira Casar, Clément Sibony, Jean-François Stévenin, Mikael Buch

    Ruben vit son amour pour Teemu dans la béatitude la plus complète en Finlande jusqu'au jour où (pour une raison que je ne révèle pas tant elle est abracadabrantesque !) Teemu met son amant à la porte avec tous ses bagages. Sans logement et désespéré par cette rupture Ruben rentre en France la mort dans l'âme et retrouve sa famille juive, très juive. Dévasté par le chagrin, le pauvre Ruben a la poisse qui lui colle aux basques et en profite pour se poser des questions existentielles sur son homosexualité, sa famille, la place qu'il y occupe et sa judéité. Ruben a fort à faire car il est entouré d'une soeur dépressive qui a épousé un goy qu'elle voudrait quitter, d'un frère impulsif (aaah Clément Sibony ! si rare !!) toujours prêt à en découdre, d'un père infantile qui lui fait des confidences qu'il ne veut pas forcément entendre et d'une mère forcément abusive et envahissante !

    Malgré quelques scènes qui flirtent avec l'émotion (et l'adorable et très lunaire acteur Nicolas Maury peut se montrer aussi drôle que très très touchant) tout ceci est traité sur le ton de la farce qui parfois vire au grand n'importe quoi. Ce n'est pas méprisant ou péjoratif de dire que ce film ne sert à rien car il ne fait pas avancer le schmilblick mais il est drôle souvent bien qu'il empile les clichés sur les homosexuels et les juifs mais de façon tout à fait assumée et sans une once de perfidie manifestement.

    La partie finlandaise est kitsch à souhait et arbore des couleurs vives, flashy, sur-saturées qui ne sont pas sans rappeler Jacques Demy ou Pedro Almodovar. La comparaison s'arrête là car on a rarement vu un film avec si peu d'argument qui parvienne à maintenir l'attention jusqu'à son dénouement sirupeux. Les scènes et les personnages abondent et se succèdent sans véritable cohérence parfois mais permettent aux acteurs de composer dans le plus grand sérieux des numéros de clowns plutôt loufoques.

    Franchement, il serait malvenu de bouder ce petit plaisir.

  • LOUISE WIMMER de Cyril Mennegun ****

    Louise Wimmer : photo Corinne Masiero, Cyril MennegunLouise Wimmer : photo Cyril MennegunLouise Wimmer : photo Corinne Masiero, Cyril Mennegun

    Louise approche de la cinquantaine, elle a un boulot, quelques potes, une fille et malgré une apparence de vie ordinaire, elle a amorcé une dégringolade qui ne prendra fin que si elle trouve un logement. Depuis 6 mois, elle dort dans sa voiture et ses nombreuses convocations auprès des services sociaux, ne lui permettent d'obtenir que cette réponse douteuse "il y a des cas plus urgents que le vôtre", quand elle ne se voit pas opposer un cinglant "soyez moins arrogante !" Là, exceptionnellement, Louise s'autorise à craquer un peu "je ne suis pas arrogante, je n'en peux plus". Il faut dire que cette grande gigue n'a rien de la petite Cosette tremblante qu'on a envie de protéger et qu'elle met un point d'honneur, comme un dernier rempart à sa chute définitive, à ne demander l'aide de quiconque. Personne ne sait qu'elle est sans logement, sans abri, SDF, ni sa collègue, ni son patron, ses rares copains, la patronne du bistrot qui lui fait crédit, sa fille et l'homme qu'elle retrouve parfois juste pour faire l'amour et qu'elle somme de ne pas parler sous peine de tout gâcher. Louise ne parle pas, ne veut pas parler, elle aime danser et elle agit, et si elle pleure c'est seule, réfugiée dans sa grande voiture, dernière possession qu'elle ne peut perdre sous peine de sombrer irrémédiablement.

    C'est dire si on tremble pour Louise qui doit des sommes indécentes pour quelqu'un qui n'a plus rien que "quelques fringues qui se battent en duel" à l'huissier qui les réclame sans émotion, tout comme on craint le pire et on s'affolle lorsque sa voiture tombe en panne alors que son patron ne tolère pas une minute de retard, ou lorsque deux types qui n'ont pas vu qu'elle dormait à l'intérieur s'appuient sur la voiture. Et bien qu'elle ne soit pas d'emblée aimable de par son attitude revêche et son abord peu engageant, en suivant cette fille fière, sauvage, on la découvre, on fait sa connaissance et on se met à l'aimer et à vouloir qu'elle s'en sorte coûte que coûte.

    Venu du documentaire, le réalisateur propose donc pour ce premier film totalement réussi et abouti un cinéma ancré dans le social. Même s'il ne les revendique pas, lors du débat qui suivait la projection (un des plus enthousiasmant, détendu et drôle que j'ai vécu) il évoque néanmoins Mike Leigh et Ken Loach. Il ne s'embarrasse d'aucune fioriture, ni de barratin inutile, les images suffisent, parlent et racontent tout le poids de la détresse qui accable Louise qui pourtant ne courbe pas l'échine ni ne baisse les yeux. C'est aussi dans les détails que Cyril Mennegun frappe juste. Comment rester digne, rester propre, manger à sa faim quand on n'a rien que quelques euros à la fois ? Toutes ces "petites choses" qui paraissent évidentes quand on a la possibilité de les accomplir. Et sa Louise déborde d'imagination pour réussir à se laver, à faire un repas ou se procurer quelques litres d'essence.

    A une époque où chacun redoute de tout perdre et où le spectre de la pauvreté plane, il est facile d'entrer en empathie avec Louise voire de s'identifier à ce personnage. Comment ferions-nous, comment réagirions-nous si cela nous arrivait ? Comment une HLM perchée au 15ème étage d'une tour de béton peut devenir le rêve ultime de renaissance et permettre à une femme de lever un visage radieux vers le haut ? Cyril Mennegun le dit "ce qui persiste de beau dans ces quartiers, ce sont les personnes qui y vivent". On le sent sincère et concerné lorsqu'il le dit.

  • CAFE DE FLORE de Jean-Marc Vallée

    Je vous ai déjà parlé de ce film car j'ai eu le bonheur de le voir à Venise en septembre dernier en présence de l'équipe du film. Heureusement, il sort en salle le 25 janvier et je vous en reparlerai. Je vous garantis un film qui ne vous laissera pas indifférent tant il est différent justement. J'espère que comme moi vous serez émus aux larmes par ces histoires croisées dont il ne faudrait rien dire (et donc rien lire) pour plonger au coeur des histoires que le réalisateur nous raconte. Ce n'est qu'au bout d'une heure et demie de film qu'on commence à comprendre enfin. Alors de grâce : ne lisez pas les critiques et laissez vous aller. Plusieurs mois plus tard ce film me bouleverse encore rien qu'à l'évoquer. Et la musique, vous m'en direz des nouvelles...

    Aujourd'hui grâce à Way To Blue, je peux vous proposer 4 X 2 places à gagner.

    Pour remporter ces places c'est très simple. Vous devez terminer la phrase (après avoir regardé la bande annonce) et trouver de quel film est tirée la photo découpée.

    Seules les réponses 1, 2, 3 et 4 permettent de gagner.

    Les autres sont pour que vous puissiez continuer à vous amuser comme des foufous.
    Et n'oubliez pas de terminer de jeu ICI.

    UNE SEULE REPONSE A LA FOIS PAR PERSONNE.

    ON NE REJOUE QUE LORSQUE J'AI VALIDE LA REPONSE.

    J'ai oublié de préciser que pour participer au concours il faut impérativement devenir fan de la page facebook. (condition UGC)

    LES GAGNANTS SONT : King72, Fred, Ed et Yohan.

    GAME OVER. Merci.

    1

    "c'est pas supposé...arriver deux fois dans une vie."

    DOUX OISEAUX DE JEUNESSE trouvé par King72

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    2

    AN AFFAIR TO REMEMBER trouvé par le Dada

    "je te demande...pardon"

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    3

    THE GHOST AND MRS MUIR trouvé par Fred

    "j'ai l'impression d'avoir...fucké l'affaire"

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    FROM THE TERRACE trouvé par Yohan

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