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cinéma - Page 211

  • L'IRLANDAIS de John Michael McDonagh ***

     L'Irlandais : photo Brendan Gleeson, John Michael McDonaghL'Irlandais : photo John Michael McDonaghL'Irlandais : photo Brendan Gleeson, Don Cheadle

    Quelques mots vite fait à propos de ce film vraiment formidable. J'ai peu de temps de cervelle disponible ces temps ci pour vous en parler comme il le mérite mais je ne voudrais pas que vous passiez à côté au cas où vous hésiteriez.

    Voici dont le synopsis officiel : Boyle est un flic irlandais, flegmatique et solitaire, amateur de Guinness, de poésie et de prostituées à ses heures perdues. En poste dans un petit village de la côte irlandaise où il ne se passe jamais rien, il passe ses journées à faire respecter la loi... au pub local. Malheureusement pour lui, des trafiquants de drogue ont jeté leur dévolu sur cette région endormie comme base de leurs opérations... Le petit village irlandais va bientôt se retrouver au cœur d’une importante opération anti-drogue menée par le FBI ! Les mauvaises nouvelles n’arrivant jamais seules, Boyle doit se coltiner l’agent Everett, un super agent du FBI déterminé et maniaque dépêché sur place... Certes, les procédures de l'élite du FBI diffèrent de celles du flic bedonnant, peu zélé et "politiquement incorrect"... Mais après tout, la méthode "locale" pourrait bien fournir des résultats inattendus !

    Mon avis : l'Irlande, ses pubs, sa Guinness, son racisme, son humour, sa fierté, son individualisme... rien ne manque dans ce qu'on fait comme clichés concernant ce pays et pourtant ce film n'est pas lourdingue. Il faut dire que l'humour décalé des personnages y fait beaucoup. A plusieurs reprises, on se demandera comme l'agent Everett du FBI  si Boyle est complètement abruti ou très futé et comme lui on hésitera pas mal avant de découvrir un héros sous la casquette.

    Le duo Brendan Gleeson, FORMIDABLE et le mot est faible, et Don Cheadle EPATANT que je découvre dans une comédie, fonctionne à merveille. Il faut voir la tête de Don Cheadle lorsque Gleeson lui sort toutes les énormités possibles à propos des noirs, des banlieues, des trafiquants etc. Tordant.

    Et puis l'Irlande, sa bruyère, sa lande, ses trognes, sa musique... Immanquable s'il vous plaît.

    P.S. : Mark Strong en english de service est génial aussi.

  • A DANGEROUS METHOD de David Cronenberg °

     A Dangerous Method : photo David Cronenberg, Michael FassbenderA Dangerous Method : photo David Cronenberg, Viggo MortensenA Dangerous Method : photo David Cronenberg, Michael Fassbender, Viggo Mortensen

    Vous connaissez le Père de la psychanalyse, mais connaissez-vous son oncle et sa tante ? Il s'agit de Carl Jung et de Sabina Spielrein une jeune femme qui voulait être médecin mais qui développa une névrose comac à cause des brutalités de son père. La demoiselle devint la première patiente de Carlito qui testa sur elle la fameuse psychanalyse de la chaise qui deviendra plus tard celle du divan. Le malade cause et le thérapeute est assis derrière sur un fauteuil où en général il fait des petits dessins en somnolant. Sauf si la patiente l'intéresse comme c'est le cas ici. Et voilà notre Jung qui tombe amoureux de la Sabina et lycée de Versailles. Ce qui ne se fait pas à cause du transfert / contre-transfert et patin couffin !

    J'ai ouï dire que ce film était didactique. Il n'en est rien car on apprend rien ou peu de choses. Un flot de paroles, d'interprétations des rêves où chacun scrute l'autre jusqu'à l'os et où il en ressort qu'on ne guérit jamais de ses névroses. Au mieux on les accepte, comme Sabina vierge de honte qui va faire remplacer la main menaçante de papa et se faire administrer des fessées orgasmiques par Michael Fassbender Carl Jung. Au pire on devient fou à lier.

    La relation sado (Carl) maso (Sabina) est donc au coeur du film. La fille en question serait un être doté d'une intelligence hors du commun lui permettant de devenir un docteur du même métal. Soit, on veut le croire. Or, le jeu frénétique et nerveux de Melle Keira ne nous rassure pas. Si elle hurle beaucoup moins vers la fin, je ne lui confierais pas ma santé, mes névroses et mes nerfs pour autant..

    Quant au duel, à l'affrontement Jung - Freud, on l'attend encore. A un moment Sigmund dit à Carl : "vous vous rendez compte que notre conversation a duré 13 heures !". A l'écran, c'est sûr on ne peut l'avoir en temps réel mais il n'en reste RIEN. Une autre fois, les deux compères s'en vont à New-York porter la bonne parole. On les voit dans le bâteau (on voit d'ailleurs pratiquement le fond bleu...), on aperçoit la statue de la Liberté et... nothing. Ce qui s'est passé aux States ; "on leur apporte la peste", n'est pas dit dans la chanson. Evidemment Freud met son kiki partout ou plus exactement, il ne le met plus nulle part. Alors ça le chatouille. Le fait qu'il ne baise pas justifierait qu'il explique le moindre des comportements humains par la sexualité. Tandis que Jung qui a une femme très fortunée qu'il embrasse sur le front mais à qui il fait des enfants en batterie et une maîtresse complètement félée des pâtes, s'exprime beaucoup côté libido et aimerait bien mettre un peu d'ésotérisme dans le bousin. En outre, il a des prémonitions et ça énerve Freud qui ne croit pas à toutes ces balivernes. Mais quand Freud s'énerve il reste calme, c'est impressionnant. Ou alors il fait une crise cardiaque en disant calmement "il doit être doux de mourir". Plus tard il commence quand même à être un peu jaloux de Carlito. On ne sait s'il envie ses nouvelles théories ou s'il lorgne du côté de Sabina. A croire qu'il n'y a qu'une meuf entre Vienne et Moscou. Pour tenter de mettre de l'eau dans le gaz, Sigmund dit à Sabina que Carl est un aryen et qu'en temps que juive elle ne devrait pas se mélanger à lui. ça lui fait avancer la machoire, mais pas trop.

    Il y a des scènes étranges. Par exemple quand Sabina reçoit du courrier, elle va le lire en pleurant fort, en tremblant aussi sur le banc situé dans le jardin public en face de chez elle. Ou quand elle entre chez elle, elle laisse la porte ouverte. Bon, je crois qu'en plus d'être folle et d'être interprétée par la pire actrice de tous les temps (la Gérard Butler féminin), cette fille est complètement tarée. J'en sais rien,  je ne suis pas toubib.

    Et ce film est raté.

    Michael Fassbender et Viggo Morgenten sont en service minimum syndical. Je ne vous dis rien des doctes poses de Vincent Cassel, j'ai les lèvres gercées. Mais l'Oscar reviendra sans doute à Keira Knitghley qui joue la folle hystérique toutes dents dehors et yeux exorbités. Mais tout cela n'est que bagatelle en comparaison de ce que cette fille fait avec sa machoire qu'elle avance jusqu'à la limite de la rupture. Une cascade, un exploit, une prouesse. 

  • LA DELICATESSE de David et Stéphane Foenkinos *

    La Délicatesse : photo Audrey Tautou, David Foenkinos, François Damiens, Stéphane FoenkinosLa Délicatesse : photo Ariane Ascaride, Audrey Tautou, David Foenkinos, Olivier Cruveiller, Pio Marmai

    Deux tourtereaux s'aiment d'amour tendre, ne se quittent plus, vivent ensemble, se marient. Tous les ans ils se retrouvent comme s'ils ne se connaissaient pas sur le lieu de leur rencontre. C'est trop romantique. (Etant donné que mon Jules et moi nous sommes embrassés pour la première fois sur du crottin de cheval, on n'y retourne jamais... Fin de la parenthèse). Leurs parents sont merveilleux et s'entendent à merveille. Et puis un jour, François sort faire un jogging, Nathalie s'endort en lisant, et... Pio... Marmaï. Le téléphone sonne et dès qu'elle arrive à l'hôpital, Nathalie ne peut que s'entendre dire "votre chéri d'amour est dans le coma". Elle a beau dire "faut le réveiller là !". Il meurt. C'est l'effondrement quoiqu'elle a ce geste, courageux ou inconscient entre tous, de rassembler toutes les affaires de François et de tout bazarder illico. Le garçon n'était pas envahissant, deux sacs suffisent. Nathalie reprend vite fait le travail avec acharnement. Les années passent, Nathalie repousse les avances de son patron canon qui se meurt d'amour et un jour, alors qu'elle a entendu sa collaboratrice dire à ses collègues que seul le travail compte pour elle depuis la mort de son mari... elle se lève de son bureau, s'avance vers Markus qu'elle n'avait jamais vu/regardé jusque là et l'embrasse fougueusement, goûlument, bref, en plein dans sa bouche. Markus aime beaucoup ça mais il est un garçon aussi beige que les murs de l'entreprise et aux pulls tellement improbables qu'on ne doit même plus les trouver dans les foirfouilles Emaüs ! Le geste de Nathalie le bouleverse, il est amoureux. Mais Nathalie est un astre solaire alors qu'il n'est qu'un crapaud qui ne se transformera jamais en prince charmant. Nathalie résiste, mais Markus est couvert d'humour et bien que leur relation fasse jaser dans l'entreprise et au-delà, Nathalie va braver le terrible et fameux "regard des autres" et leur avis aussi tant qu'on y est.
    Et dès lors le postulat de départ ne fonctionne pas. Si Nathalie/Audrey Tautou est tout a fait mimi et adorable elle n'est certes pas une espèce de "Yoko Hono capable de faire se séparer le groupe le plus mythique de tous les temps" comme le dit un personnage du film. Et Markus/François Damiens, s'il n'est pas Michael Fassbender Brad Pitt évidemment, il est loin d'être le laideron repoussant qu'on essaie de nous présenter. Même si aucun plan insistant sur sa calvitie ne lui est épargné. Mais comment résister à un type qui vous dit "je pourrais partir en vacances dans vos cheveux !" ? avec tout le mal qu'on se donne sans que PERSONNE ne le fasse jamais remarquer.

    Alors il y a bien de ça de là quelques petites scènes toutes mimis entre les deux tout nouveaux amoureux qui ne feront que s'effleurer. Mais le film croule sous les clichés et la banalité : la collègue commère pour ne pas dire totalement LDP, le patron très beau mais plus relou qu'un dragueur de super marché, la meilleure amie compréhensive qui devient la reine des connes à la première occasion, la maman chiante comme la pluie qui débarque pour faire manger sa fille (manger c'est important) alors qu'elle est anéantie par le chagrin et que donc ingurgiter une ratatouille avec les légumes cuits séparément est le cadet de ses soucis, le papa complice de tous les temps, la grand-mère adorable dans son adorable maison avec son adorable jardin... et j'en oublie peut-être ! Alors non, halte au feu, n'en jetez plus, la cour est pleine.

    Heureusement, il reste le charme et le naturel d'Audrey Tautou, l'humour et le potentiel de séduction évident de François Damiens. Mais ce tout petit film mineur est tout ce qu'il y a de plus gentillet, sans plus.

    NB : le Gérard de la plus moche collection de vêtements posés sur une actrice (Audrey) est attribué à la Costumière du film. Bravo à elle.

  • LES TOILES ENCHANTEES

    Le 25 décembre, dans toute la France, la profession cinématographique, et plus particulièrement les distributeurs de films et exploitants de salles de cinéma se mobilisent.

    Pour chaque place de cinéma achetée, une partie sera reversée à l’association :

    LES TOILES ENCHANTEES.

    Cette initiative est soutenue par la Fédération Nationale des Distributeurs d eFilms, la Fédération Nationale des Cinémas Français et le Dire. Fondée par Gisèle Tsobanian en 1997, l’association sillonne les routes de France et offre aux hôpitaux des projections de films à l'affiche pour les enfants, les adolescents et les jeunes adultes, malades ou handicapés.

    Cliquez sur l'affiche pour visiter le site.

    Le dimanche 25 Décembre 2011, en vous rendant dans une salle de cinéma, vous soutiendrez Les Toiles Enchantées !

  • LE HAVRE de Aki Kaurismäki ****

    Le Havre : photo Aki KaurismäkiLe Havre : photo Aki KaurismäkiLe Havre : photo Aki KaurismäkiLe Havre : photo Aki Kaurismäki, André Wilms, Jean-Pierre Darroussin

    Au Havre Marcel Marx mène une vie pépère auprès de sa femme Arletty qui le couve comme un enfant. Il est cireur de chaussures, ce qui n'est pas simple à une époque où tout le monde porte des baskets. Les rares euros qu'il gagne quotidiennement lui permettent de siroter quelques verres de blanc au bistrot en fumant des clopes avec les copains avant de rejoindre sa chérie qui lui sert son repas comme un Prince et de s'endormir comme un Pacha pendant qu'elle lui repasse ses vêtements pour le lendemain. Il n'est peut-être pas aberrant de supposer que Marcel est heureux malgré cette précarité qui le force entre autre à contracter moult dettes chez la boulangère et l'épicier du coin.

    La vie de Marcel bascule le jour où Arletty tombe gravement malade et se fait hospitaliser pour une longue période. Le même jour, il croise la route d'Idrissa jeune gabonais qui a fait le voyage dans un cargot au fond d'un container oublié sur le quai. Pendant qu'Arletty suit son très lourd traitement et somme le médecin de ne rien révéler de la gravité de son état à Marcel, ce dernier recueille le gamin qui a échappé à la police et lui promet de l'aider à rejoindre sa mère à Londres.

    Voilà un conte de Noël généreux et bienfaisant à des années-lumière de cette ânerie sirupeuse et faux derche. Dans un envirronnement âpre et terne (Le Havre semble être une ville blâfarde et grise) Kaurismäki offre un film pur et doux aux images belles tout simplement belles. Les drôles de paroissiens qui peuplent son histoire ont des trognes qu'on ne rencontre pas souvent au cinéma. Mais cette humanité cabossée va rassembler toute son énergie, sa noblesse de coeur évidente, sa générosité infaillible pour secourir un petit garçon, un migrant, un indésirable de ce côté ci de l'Europe. Une goutte d'eau dans l'océan, un grain de sable dans le désert mais "Celui qui sauve une vie sauve le monde" (parole du Coran et proverbe juif...), Marcel et ses amis vont donc agir avec leurs moyens pour sauver le monde. Mentir à la police, organiser un concert pour récolter des fonds parce que c'est à la mode, se mettre en danger sans rien attendre en retour. Et c'est beau, ça réchauffe le coeur même si l'on a vraiment plus que jamais la sensation d'assister à un conte utopique. L'espace d'un instant on y croit à cette fraternité, ce sens des autres, ce désintéressement. Est-ce que ce sont les plus pauvres, les plus démunis qui peuvent encore venir au secours de plus misérables qu'eux ?

    La révolte et l'indignation de Kaurismäki s'expriment en douceur sans démonstration grandiloquente. Néanmoins quelques images choquantes qu'on imagine même pas, dont l'ouverture du container "oublié" depuis des jours sur le quai avec plusieurs familles hagardes et quelques extraits de "vrais" reportages sur la "zone" où se sont réfugiés les migrants après la fermeture du centre de Sangatte font froid dans le dos. Mais le réalisateur s'attarde surtout avec sa délicatesse et sa poésie sur l'humanité poignante qui habite son film. Il est aidé en cela par des acteurs qui adoptent un rythme et un phrasé qui font rêver tant le langage employé ici est soigné. La légendaire nonchalance de Jean-Pierre Darroussin convient parfaitement à cet univers. Au volant de sa Renault 16 flambant neuve et sanglé dans un pardessus il a vraiment des allures d'Inspecteur Gadget. Quant à André Wilms, je l'aime d'amour depuis que j'ai entendu cette semaine une émission sur France Inter qui lui était consacrée. Interviewé pendant trois quart d'heure passionnantes par Pascale Clark il s'est montré d'une intelligence, d'une drôlerie, d'une finesse, d'une lucidité folles. Sa grande carcasse fatiguée, sa voix et sa diction d'un autre temps imprègnent totalement ce film bienveillant, tendre, naïf et généreux.

  • HUGO CABRET de Martin Scorsese

    Hugo Cabret : photo Asa Butterfield, Martin Scorsese

    Hugo Cabret : photo Asa Butterfield, Martin Scorsese

    Hugo Cabret : photo Martin Scorsese

    Hugo Cabret a 12 ans et est orphelin depuis que son père est mort dans un incendie. Son seul héritage est un automate cassé. Recueilli à contre coeur par son oncle, un alcoolique qui vit dans les appartements de la gare Montparnasse qui étaient réservés aux employés et que tout le monde a oubliés, il devient son apprenti et répare toutes les horloges de la gare. Hugo suit du haut de ses observatoires la vie de la gare. Il aimerait pouvoir réparer son automate mais il lui manque une clé en forme de coeur. Il rencontre Isabelle, la fille adoptive du marchand de jouets de la gare qui justement possède une clé en forme de coeur. Isabelle est fantasque et rêve de vivre une aventure comme dans les livres romantiques qu'elle dévore. Hugo va lui en donner l'occasion en lui faisant découvrir le monde du cinéma.

    Dit comme ça j'ai l'impression que ça a l'air drôlement beau et tentant sauf que ça ne l'est pas. Il faut attendre plus d'une heure avant que l'histoire de Georges Méliès intervienne mais avant cela il faut se farcir celle d'Hugo dont on se fiche un peu, sa rencontre avec cette bêcheuse d'Isabelle et aussi pas mal de digressions répétitives sur quelques personnages sans couleur ni saveur qui peuplent la gare. Qu'a t'on à faire de cette dame qui passe sa vie au café avec son infernal chien ? De cette fleuriste qui n'a jamais un seul client et un étalage toujours plein à craquer ? De ce gros bonhomme idiot qui aimerait bien approcher la dame au chien ? Du flic qui fut orphelin et entend débarrasser la gare de cette vermine de petits moutards abandonnés ? Franchement : RIEN. Quant au vieux monsieur dont on saura rapidement qu'il est Georges Méliès, il est grincheux, injuste et pas attirant pour deux sous ! Tout comme sa femme !

    Que dire de la 3D ! Définitivement, je n'aime pas, même si c'est la première fois que j'ai l'impression de voir un film intégralement en 3D. Dans les autres films vus jusque là, il n'y avait que quelques passages "3déisés" qui n'apportaient strictement rien à l'affaire. Ici, j'ai d'ailleurs plutôt l'impression qu'elle dessert le film qui est du coup totalement dépourvu de passion et d'émotion et n'est qu'un empilement et une accumulation d'effets plus ou moins spéciaux (relief en premier plan, flou en arrière plan !). Evidemment, c'est rigolo lorsque la tête de Sacha Baron Cohen semble sortir de l'écran, c'est très joli de voir tous ces engrenages et ces mécanismes d'horlogerie, de les gravir à en avoir le vertige. Mais quand on a parcouru plusieurs fois les couloirs et divers passages secrets de la gare à toute berzingue sans qu'il y ait réellement de but et aucun suspens que reste t'il ? Pas grand chose. Comme a dit mon voisin de droite, on s'attend à tout moment à ce que Marty sorte un panneau : "regardez comme elle est belle ma 3D !"  Un mix entre l'univers de Tim Burton et Jean-Pierre Jeunet. Un Paris de carton pâte illuminé comme un sapin de Noël avec une musique omniprésente, envahissante et pourtant totalement dépourvue de lyrisme. En se concentrant sur son nouveau joujou et ses gadgets, il me semble que Scorsese en a complètement oublié son histoire et ses acteurs. Hugo/Asa Butterfield est insignifiant, Isabelle/Chloé Moretz exaspérante et Ben Kingley complètement absent. On en est d'ailleurs arrivé à se demander de quoi était constituée la carrière de cet acteur. La réponse a fusé : "Gandhi" et basta.

    Et pourtant, le réalisateur nous le répète à plusieurs reprises : "le cinéma est une fabrique de rêves qui se nourrit de nos rêves", et à ce moment là, on ne demande que cela, rêver ! Se souvenir pourquoi on aime tant le cinéma ! Et ça marche quelques minutes par ci par là, lorsque la vie de Méliès est évoquée en flash back. Comment il est devenu le premier grand réalisateur français alors que les Frères Lumière pensaient que le cinéma n'était qu'une invention sans avenir. Comment il a bricolé ses films dans son château au mille fenêtres. Comment il a inventé les effets spéciaux avec trois bouts de ficelle et ses talents de magicien. Comment il a conçu et réalisé son chef d'oeuvre "le voyage dans la lune". Comment la "grande" guerre a tout anéanti. Comment il s'est retrouvé ruiné et commerçant. C'est lorsque le film devient documentaire, que se succèdent les extraits des films de Max Linder, Buster Keaton, Charlie Chaplin, Douglas Fairbanks... que le coeur se met à palpiter en songeant à tous ces sorciers qui ont traversé le siècle pour nous éblouir et qu'on se prend à regretter qu'on ne vivra jamais assez longtemps pour voir tous les films. On est émerveillé, impressionné, enchanté que ce soit un américain qui se donne la peine de rendre un hommage à ce réalisateur français. On peut imaginer en Hugo Cabret le double du petit Martin Scorsese qui découvre le cinéma et que ça va bouleverser sa vie à tout jamais... mais il faut creuser !

    Au final, j'imagine que les enfants ne seront pas très emballés par les pas très trépidantes aventures d'Hugo et que leurs aînés cinéphiles resteront sur leur fin...

    Si malgré tout vous vous laissez tenter... essayez de retrouver Michaël Pitt et Johnny Depp qui apparaissent dans le film. Moi, je ne les ai pas vus. Par contre j'ai bien vu Marty Himself.

    A ceux qui ne l'ont pas vu à la télé, je recommande mille fois plus le magnifique et passionnant documentaire de Serge Bromberg qui passe dans quelques salles"Le Voyage extraordinaire" suivi de "Le Voyage dans la lune". Cet infatigable restaurateur d'images qui réalise des miracles nous avait déjà éblouis avec "L'enfer d'Henri-Georges Clouzot"

  • MISSION IMPOSSIBLE IV : PROTOCOLE FANTÔME de Brad Bird **(*)

    Mission : Impossible - Protocole fantôme : photo Brad Bird, Tom CruiseMission : Impossible - Protocole fantôme : photo Brad Bird, Jeremy RennerMission : Impossible - Protocole fantôme : photo Brad Bird, Simon Pegg, Tom Cruise

    Les missions impossibles c'est comme les Twilighteries, à chaque épisode j'oublie ce qui a bien pu se passer dans le précédent. Donc, imaginez ma surprise de découvrir Ethan emprisonné et solitaire dans une geôle insalubre hongroise peuplée de malabars aux mines patibulaires alors que j'étais persuadée l'avoir laissé en pleine forme après son arrêt cardiaque. Et encore, je vous parle pas de ma tête d'ahurie quand j'ai appris qu'il était marié, ou l'avait été. Mais bon, vu le timing pour se sortir de tous ses ennuis, le garçon n'a pas trop le temps de penser à la gaudriole même avec une légitime. Il est vrai que ce surhomme ne dort jamais, ne mange ni ne boit jamais, donc j'imagine qu'il doit avoir une libido dans un état proche de l'Ohio. La préoccupation principale de ce type est de toute façon de sauver le monde, point barre ! Et là, il a fort à faire avec un gugus complètement dérangé du syphon qui a dans l'idée de faire péter une bombe atomique sur... en fait, je ne sais plus où, mais ça craint du boudin. D'autant que lors de sa mission qu'il a et qu'il foire, le Kremlin est totalement détruit dans un attentat dont il est tenu pour responsable vu qu'il était sur les lieux. Du coup, le groupe "Mission Impossible" est considéré comme nul et non avenu genre les huiles n'en ont jamais entendu parler. C'est ça le "Protocole Fantôme", ça veut dire que la Maison Blanche et tout le gratin dauphinois discréditent complètement le groupe. Ethan doit donc faire équipe avec deux gars et une meuf qu'il connait à peine et qui n'ont pas l'air tous clairs comme de l'eau de roche (mon parfum depuis... oula depuis longtemps) mais finalement ça ira quand même.

    Alors là je peux vous dire que j'ai pris un pied du feu de dieu, j'ai même failli envoyer un SMS à la miss mais je me suis ravisée pour pas en perdre une goutte. Mais sinon, je lui aurais dit "la première scène de Mission Impossible IV est AMAZING !". Je connais pas le mot en franco français, mais cette scène d'évasion placée en tout début du film est complètement démente. Rien que pour cette scène, lâchez tout et foncez tête première voir la mission. Deuxième bonne raison de voir le film... Ethan/Tom Cruise Ze star qui devrait ici redorer son blason quelque peu flétri, est entouré d'une équipe qui tient la route. Simon Pegg est tordant et efficace, le jusque là très surestimé Jeremy Renner est impeccable, drôle et porte très bien le costume un peu satiné, et la meuf de service Paula Patton flanque une rouste des familles à la Seydoux (le "miscasting" de la mort !) et rien que pour ça elle mérite l'Oscar. Non mais franchement, Brad Bird avait bu ou quoi ? Vous imaginez Léa Seydoux jouant les vamps de service, croqueuse de diamants et tueuse à gages ? Moi, j'en ris encore ! Et puis, elle s'appelle Sabine Moreau ! Quelqu'un pourrait dire aux américains que les français ne s'appellent plus Jean-Pierre ou Sabine et qu'ils ne conduisent plus de 2 CV depuis longtemps ?

    Troisième bonne raison de vous payer une toile ce week-end de frimas pendant que moi je serai au taf, "Louise Wimmer" ne sort que le 4 janvier et il y a dans ce film plusieurs scènes qui valent leur pesant d'arachide. Notamment celle très attendue où Ethan/Tom joue les Spider Man sur la tour la plus haute de Dubaï. Je vous garantis un vertige comme on en ressent rarement au cinéma.

    Evidemment l'intrigue, on s'en cogne un peu... d'ailleurs, j'avoue avoir lâché en route mais ajoutez à cela des vues impressionnantes et grandioses qui vous donnent envie de prendre un billet low cost pour visiter Budapest et Moscou, un humour pas lourdaud, des scènes d'action comme on en a jamais vues, des gadgets comme on en rêve et la découverte d'un inconnu au nez parfait responsable du réchauffement climatique, Josh Holloway et vous foncerez sans hésiter les filles.

  • LOUISE WIMMER de Cyril Mennegun ****

    Louise Wimmer : photo Corinne Masiero, Cyril MennegunLouise Wimmer : photo Cyril MennegunLouise Wimmer : photo Corinne Masiero, Cyril Mennegun

    Louise approche de la cinquantaine, elle a un boulot, quelques potes, une fille et malgré une apparence de vie ordinaire, elle a amorcé une dégringolade qui ne prendra fin que si elle trouve un logement. Depuis 6 mois, elle dort dans sa voiture et ses nombreuses convocations auprès des services sociaux, ne lui permettent d'obtenir que cette réponse douteuse "il y a des cas plus urgents que le vôtre", quand elle ne se voit pas opposer un cinglant "soyez moins arrogante !" Là, exceptionnellement, Louise s'autorise à craquer un peu "je ne suis pas arrogante, je n'en peux plus". Il faut dire que cette grande gigue n'a rien de la petite Cosette tremblante qu'on a envie de protéger et qu'elle met un point d'honneur, comme un dernier rempart à sa chute définitive, à ne demander l'aide de quiconque. Personne ne sait qu'elle est sans logement, sans abri, SDF, ni sa collègue, ni son patron, ses rares copains, la patronne du bistrot qui lui fait crédit, sa fille et l'homme qu'elle retrouve parfois juste pour faire l'amour et qu'elle somme de ne pas parler sous peine de tout gâcher. Louise ne parle pas, ne veut pas parler, elle aime danser et elle agit, et si elle pleure c'est seule, réfugiée dans sa grande voiture, dernière possession qu'elle ne peut perdre sous peine de sombrer irrémédiablement.

    C'est dire si on tremble pour Louise qui doit des sommes indécentes pour quelqu'un qui n'a plus rien que "quelques fringues qui se battent en duel" à l'huissier qui les réclame sans émotion, tout comme on craint le pire et on s'affolle lorsque sa voiture tombe en panne alors que son patron ne tolère pas une minute de retard, ou lorsque deux types qui n'ont pas vu qu'elle dormait à l'intérieur s'appuient sur la voiture. Et bien qu'elle ne soit pas d'emblée aimable de par son attitude revêche et son abord peu engageant, en suivant cette fille fière, sauvage, on la découvre, on fait sa connaissance et on se met à l'aimer et à vouloir qu'elle s'en sorte coûte que coûte.

    Venu du documentaire, le réalisateur propose donc pour ce premier film totalement réussi et abouti un cinéma ancré dans le social. Même s'il ne les revendique pas, lors du débat qui suivait la projection (un des plus enthousiasmant, détendu et drôle que j'ai vécu) il évoque néanmoins Mike Leigh et Ken Loach. Il ne s'embarrasse d'aucune fioriture, ni de barratin inutile, les images suffisent, parlent et racontent tout le poids de la détresse qui accable Louise qui pourtant ne courbe pas l'échine ni ne baisse les yeux. C'est aussi dans les détails que Cyril Mennegun frappe juste. Comment rester digne, rester propre, manger à sa faim quand on n'a rien que quelques euros à la fois ? Toutes ces "petites choses" qui paraissent évidentes quand on a la possibilité de les accomplir. Et sa Louise déborde d'imagination pour réussir à se laver, à faire un repas ou se procurer quelques litres d'essence.

    A une époque où chacun redoute de tout perdre et où le spectre de la pauvreté plane, il est facile d'entrer en empathie avec Louise voire de s'identifier à ce personnage. Comment ferions-nous, comment réagirions-nous si cela nous arrivait ? Comment une HLM perchée au 15ème étage d'une tour de béton peut devenir le rêve ultime de renaissance et permettre à une femme de lever un visage radieux vers le haut ? Cyril Mennegun le dit "ce qui persiste de beau dans ces quartiers, ce sont les personnes qui y vivent". On le sent sincère et concerné lorsqu'il le dit.

    Ce film ne sort que le 4 janvier (un grand jour !!!) mais je tenais à vous en parler déjà même si je le referai à ce moment là, et il sera un des grands chocs de 2012. Un réalisateur est né. Mais aussi, gloire à lui, il nous donne l'occasion de découvrir une actrice (sans doute connue des téléphiles) hors du commun qu'il filme avec amour. En tous points atypique Corinne Masiero est libre, libertaire, communiste, folle, une tornade d'un mètre 80 qui n'a peur de rien, qui peut être la plus ordinaire des femmes et la plus lumineuse des créatures. Une révélation comme il en arrive une ou deux fois par an, un corps, un visage, une voix. Nul doute qu'on va la revoir souvent, ou c'est à n'y rien comprendre !

  • OKI'S MOVIE de Hong SangSoo *

    Oki's Movie : photo

    Oki's Movie : photoOki's Movie : photo

    Voilà ce que nous dit le synopsis : "Quatre histoires courtes sur l’évolution de deux relations liées à la même femme mais aussi sur la nature du cinéma, les complications de l’amour et la difficulté de communiquer sincèrement. Quatre variations sur une même histoire centrale, mettant en scène les mêmes personnages (joués par les mêmes acteurs) et leurs hésitations amoureuses".
    Soit. Quatre petits films donc ("Un jour pour l'incantation", "Le roi des baisers", "Après la tempête de neige" et "Le film d'Oki") qui s'ouvrent et s'achèvent sur le très emphatique Pomp and Circumstance March N°1 de Sir Edward Elgar, et ça surprend car je m'attendais à tout moment à voir surgir celui-ci.

    Sauf qu'en mélangeant tout, l'amour (très peu !), le cinéma et son enseignement, l'alcoolisme d'un des personnages, la rumeur, les rapports humains, leurs tergiversations, leurs petites lâchetés, leurs gros mensonges... le cinéaste en 1 h 20 ne parle de rien et nous embrouille la tête. La mienne en tout cas. Et alors que le quatrième volet où une jeune femme nous conte en parallèle ses deux histoires d'amour à un an d'intervalle, l'une avec un homme d'âge très très mûr, l'autre avec un jeune de son âge, est vraiment intéressant avec sa construction en miroir et l'on voit le résultat d'une promesse tenue qui pourrait commencer à faire battre le coeur... mais le film s'achève et l'on a rien appris et surtout rien ressenti.

    J'en retiens :

    - que si vous rencontrez deux sud-coréens qui parlent dans la rue en se hurlant littéralement dessus, il ne faut pas vous inquiéter, ils devisent de choses et d'autres et se séparent en se souhaitant une bonne journée,

    - qu'il fait très très froid en sud-Corée.

  • STUDIO CINE LIVE : 3 EXEMPLAIRES A GAGNER

    Une nouvelle fois c'est mon Leo qui a les honneurs de la couverture du magazine et cette fois pour un film de mon Clint "J. EDGAR" qui sortira en janvier 2012. Je l'ai rêvé, ils l'ont fait. Je suppose qu'une fois de plus il sera nommé à l'Oscar du meilleur acteur et qu'une fois de plus, il sera snobé. A moins que...

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    A cette époque de bilan annuel, retrouvez également dans ce numéro :

    • le Top 10 de la rédaction des films de 2011,
    • un reportage sur le tournage de "Avengers",
    • un portrait de Michael Shannon, acteur fou de "Take Shelter",
    • une interview d'Yvan Attal,
    • un "dîner en ville" avec neuf acteurs et réalisateurs français,
    • la master-class de Cédric Kahn,
    • "Le voyage dans la lune" de Méliès ressuscité par Serge Bromberg...

    Pour gagner un exemplaire et comme j'ai appris que l'exercice vous manquait... veuillez trouver le titre d'un film dissimulé sous ce fouillis. J'ai passé mon dimanche à peindre de jolis tourbillons sépia spécialement à votre attention.

    UNE SEULE REPONSE A LA FOIS PAR PERSONNE.

    ON NE REJOUE QUE LORSQUE J'AI VALIDE LA REPONSE.

    Les gagnants sont : ludo, fabian, sopel
    Il reste les réponses : 2. 5. 6 et 10 à trouver.

    GAME OVER. Merci.

    1

    BEN HUR trouvé par Ludo

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    2

    LE SEIGNEUR DES ANNEAUX : LE RETOUR DU ROI trouvé par Yohan

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    3

    TITANIC trouvé par Fabian

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    4

    WEST SIDE STORY trouvé par robedete

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    5

    AMADEUS trouvé par Mister Loup

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    6

    GIGI trouvé par Florence 

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    7

    TANT QU'IL Y AURA DES HOMMES trouvé par sopel 

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    8

    AUTANT EN EMPORTE LE VENT trouvé par mel 

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    9

    LE PATIENT ANGLAIS trouvé par marion 

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    10

    LE DERNIER EMPEREUR trouvé par Claire

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