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cinéma - Page 301

  • A swedish love story de Roy Andersson **

    A Swedish Love Story - Ann-Sofie Kylin et Rolf SohlmanA Swedish Love Story - Ann-Sofie Kylin et Rolf Sohlman

    Pär croise le beau regard d’Annica. Ils ont 15 ans. Ils vont se chercher, hésiter puis s’aimer. Près d’eux, autour d’eux : des adultes complètement à côté de la plaque. Ça se passe en Suède et c’est, forcément, différent.

    Est-ce un mal de tête persistant qui m’a fait (un peu) passer à côté de ce chef d’œuvre annoncé datant de 1969 ? Ce que je ne peux nier c’est que ce film singulier qui alterne bruit et fureur puis calme et douceur ne ressemble à aucun autre, même s’il y plane l’ombre de Bergman. Suède oblige sans doute. Il y a avant tout une ambiance, une façon de filmer ou de sous-entendre que les sentiments vont à la dérive, qu’on finit forcément seul et mal dans sa peau. Le réalisateur était encore tout jeune (27 ans) lorsqu’il a filmé cette histoire d’amour adolescente pure, sincère, forte, belle et passionnée. On y croit, on s’y retrouve. Plus rien ne compte, plus rien n’existe, on abandonne les copains et les après-midi à jouer au flipper et à fumer des clopes, à faire le mariole sur sa mobylette. Il n’y a plus rien d’autre que l’Autre, son regard, son sourire et ses bras. Le moindre de ses gestes est magie, la moindre de ses paroles est rêve. On s’abandonne à la musique qui décrit si précisément cet état hors du monde. Les deux jeunes acteurs, excellents, nous replongent sans résistance dans ce bienfaisant bain d’adolescence.

    Imbriquée dans cette histoire miraculeuse, il y a celle, en périphérie, beaucoup plus sombre des adultes. Ils sont tous moches, ridicules, grotesques et surtout désespérément tristes voire dépressifs. Ils donnent cette impression tenace d’avoir raté leur vie. Et on tremble pour nos deux sublimes tourtereaux plein d’espoir et de promesses. On ne parvient pas à douter qu’ils vont devenir des vieux cons. C’est triste.

  • La fille de Monaco d’Anne Fontaine *

    La Fille de Monaco - Fabrice Luchini et Roschdy ZemLa Fille de Monaco - Roschdy Zem, Louise Bourgoin et Fabrice Luchini

    Chargé de la défense d’une meurtrière à Monaco, l’avocat d’assise Bertrand se voit imposer la présence d’un garde du corps, Christophe, pendant la durée du procès. Très médiatique, Bertrand fait la connaissance de la Miss Météo Audrey lors d’un passage à la télévision locale. Il va tomber sous le charme et l’emprise sexuelle de cette bombe pas farouche et très opportuniste !

    Je ne sais si quelqu’un trouvera la réponse à la très subtile et raffinée question posée sur l’affiche, ce qui est certain c’est qu’après un démarrage assez prometteur le film long et répétitif malgré sa raisonnable durée (1 h 35 mn) endort prodigieusement et ce n’est pas la fin pas très finaude qui réveille !!!

    Je ne la connaissais ni d’Eve ni d’Adam pour cause d’absence de Canal + à la maison, mais pour que Louise Bourgoin soit mon amie et que je puisse me faire une opinion sur ses qualités d’actrice il faudra qu’elle se dévoile en se dévoilant moins… si vous voyez ce que je veux dire. Ici, à part quelques répliques assez drôles qu’elle balance énergiquement, on constate surtout que la nature peut être cruelle… mais pas avec elle, qu’elle a des jambes d’un mètre 30 chacune, des cheveux en cascade parce qu’elle le vaut bien, un ventre plat et de jolis seins moulés dans des robes cousues sur elle (environ 3cm² chaque robe !). Avec le même genre de prestation, Isabelle Adjani avait fait des miracles dans « L’été meurtrier ». Ici l’encéphalogramme reste plat, d’autant que la belle se répand en affirmant « j’aime le sucre et le gras… de dos je ressemble à un travelo…etc ». C’est ça, on va te croire !

    Bref, ce qui accroche vraiment ici, en ce qui me concerne évidemment, ce sont les deux garçons. Leur rencontre, leurs tête à tête, leurs face à face, chacune de leur scène est un régal. C’est bien entre le volubile intellectuel et l’ex loubard taciturne que les étincelles ont lieu. L’histoire de ce trio étant tarte à souhait et complètement invraisemblable, c’est vraiment sur ces deux grands acteurs qu’on s’attarde et c’est leur couple qui est la belle et grande idée du film. Fabrice Luchini est charmant, drôle, séduisant, fragile et j’en passe. Il m’étonne, il m’épate toujours. Ecouter ses répliques est toujours un festin : « ça va trop vite. Je vous assure, ça va beaucoup trop vite ! ». J’adore. Roschdy Zem n’a plus rien à prouver depuis longtemps mais il est parfait, d’abord muré dans son silence et son travail d’APR (Agent de Protection Rapprochée), il lâche un peu ses fêlures. Il est impressionnant, beau, inquiétant et drôle.

    Pour les garçons, donc.

  • THE DARK KNIGHT de Christopher Nolan ****

    The Dark Knight, Le Chevalier Noir - Heath Ledger

    The Dark Knight, Le Chevalier Noir - Heath Ledger

    The Dark Knight, Le Chevalier Noir - Christian BaleThe Dark Knight, Le Chevalier Noir - Christian Bale

    Heath Ledger est mort, pour toujours. Mais il est éternel. A jamais. Et la prestation qu’il nous offre en forme de testament nous laisse encore plus inconsolables alors que sa carrière et ses interprétations devenaient de plus en plus admirables et personnelles. Chacune de ses apparitions ici, dans le rôle du Joker, personnage qu’il n’habite pas mais qui semble le posséder tout entier réjouit, subjugue, impressionne  et fascine. Heath Ledger/Joker est l’âme noire oppressante et fascinante de ce film sombre et torturé. Tête engoncée dans les épaules, sourire perpétuel et humeur à fleur de lame de rasoir, il renvoie les pitreries du grand Jack Nicholson dans la galerie des grimaces clownesques amusantes alors que ce Joker ci est terrifiant.

    Dès la première scène, sidérante, une réussite totale, on est happé par l’ampleur et l’ambition qui jamais ne faibliront. Le Joker est de dos, on ne le sait pas, mais on sait, on pressent que c’est lui ce malade, massif, lourdaud, dément. La vision de son visage, masque, maquillage marmelade imprécise qui épaissit et dissimule ses traits le rendent à la fois pathétique, ridicule et troublant. Son visage de cinglé semble ravagé de larmes alors que fréquemment il éclate d’un rire sardonique. Cruel, hagard et totalement halluciné, il veut offrir à la ville grandiose de Gotham une criminalité à sa mesure. Mais sa résistance à la douleur, ses tendances suicidaires et son incontestable envie de mourir même si elles n’expliquent ni ne justifient son sadisme le rendent troublant. S’il révèle les traumatismes qui le rongent et le dévorent c’est pour mieux les utiliser sur et contre ses victimes innocentes.

    Et alors que Batman et le chef de la police sont occupés à défendre Gotham de plus en plus gangrenée par la pègre et la corruption, ils se trouvent rapidement confrontés à ce mal incarné et incontrôlable qui renouvelle et multiplie les trouvailles pour pousser l’horreur chaque fois un peu plus loin. Parallèlement, l’arrivée d’un nouveau procureur intègre, vertueux et désintéressé offre un nouveau héros à la ville et donne à Batman l’envie de raccrocher la cape, persuadé que les citoyens ont besoin d’un justicier à visage découvert.

    La suite des évènements ne pourra être aussi claire et limpide d’autant que le beau procureur a pris pour fiancée l’amie de toujours de Bruce Wayne, la délicieuse Rachel !!! Le bien et le mal rivalisent sans relâche, les hommes sont des anges ou des âmes damnées, les citoyens ont besoin de modèles braves et irréprochables, de surhomme au-dessus de tout soupçon. L’ensemble est rondement mené et si une une toute petite longueur semble peser vers la fin, la dernière scène, de toute beauté, déchirante pour les amoureux des super héros, laisse lessivé, stupéfait, totalement incrédule !!!

    L’interprétation dans son ensemble et quoique solide, irréprochable, en tout point admirable et inattaquable n’empêche cependant pas de regretter douloureusement Heath Ledger dès qu’il disparaît de l’écran.

    Pour Batman, pour le bien, le mal… tout ça, allez-voir ce grand film tourmenté, empli de mort(s), et pour Heath Ledger et sa démence douloureuse qu'il nous envoie d'outre-tombe !

    Comment un acteur peut-il faire "ça" ???

    Heath Ledger - Le Purificateur