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cinéma - Page 185

  • JURASSIC PARK 3D de Steven Spielberg **

    Jurassic Park : Affiche

    A partir d'une goutte de sang absorbée par un moustique fossilisé le milliardaire John Hammond et son équipe ont réussi à clôner et faire renaître sur une île, une dizaine d'espèces de dinosaures. Il s'apprête maintenant avec la complicité du docteur Alan Grant, paléontologue de renom, et de son amie Ellie, à ouvrir le plus grand parc à thème du monde. Avant l'ouverture prochainement programmée, les petits enfants de Hammond visitent l'île en compagnie d'Allan (Sam Neil tout mimi) qui déteste les enfants : "ça crie, ça fout le bordel et ça pue..." pas faux de Ellie (Laura Dern charmante) qui rêve d'avoir des enfants et d'un matheux cool qui se prend pour une rock star (Jeff Goldblum, très rock star)... Mais l'affreux jojo (au propre comme au figuré) Dennis Nedry (Wayne Knight exaspérant) cupide et malveillant provoque toute une série de catastrophes et notamment une coupure électrique. Les dinosaures prennent possession de l'île etc...

    Et voilà, c'est reparti, une nouvelle génération de jeunes et moins jeunes mutchachus va découvrir et se passionner pour les dinosaures très vilains mangeurs de viande et les très gentils et très très grands végétariens. Et pourquoi pas, faire naître des vocations de scientifiques en suivant la très plaisante démonstration du fonctionnement de l'ADN et comment le trafiquer ?

    Ça fonctionne toujours aussi bien, même si évidemment les vieux de la vieille n'auront plus l'effet de surprise et l'impatience de découvrir les bestioles admirablement remises en mouvements par le taulier. Les scènes de poursuites et de cache cache s'enchaînent à un rythme suffisamment soutenu pour ne pas s'ennuyer et les effets spéciaux sont magnifiques parce qu'invisibles la plupart du temps. Les mastodontes ont l'air plus vrais que vrais. Et puis c'est marrant de voir les ancêtres de nos ordinateurs et d'entendre un moutard s'extasier : "oh un CD-Rom interactif !!!".

    Mais une fois encore j'émets les plus grands doutes et plus vives réserves quant à l'utilité de la 3D. Je trouve toujours que ça ne sert strictement à rien excepté à assombrir l'image. J'espère que le temps n'arrivera jamais où nous n'aurons plus le choix entre 2 et 3 D comme c'est le cas pour ce film.

    Les acteurs sont charmants, plein d'humour et de passion pour leur métier et très efficaces dès que leur instinct de survie est mis à contribution. Trop cool.

  • UPSIDE DOWN de Juan Solanas °°°

    Upside Down : Affiche Jim Sturgess, Kirsten Dunst

    Je sais, je DOIS vous parler de Mud et vous pouvez d'ores et déjà vous précipiter pour le voir. Mais avant, comme je me sens parfois un peu responsable de votre argent de poche, je tiens à vous mettre en garde contre cet Up Side Down ! En effet, nous ne sommes qu'en mai et déjà je crois tenir MON navet de l'année. Je me demande comment il serait possible d'atteindre ce degré de nullitude et de mochitude. Par contre si vous êtes l'heureux  détenteur d'une quelconque carte illimitée vous pouvez toujours aller perdre deux heures de votre précieuse vie pour évaluer l'étendue de l'horreur !

    Qu'en est-il donc ? Et bien la terre a été détruite, ou presque, encore. La guerre, le pétrole tout ça. Une voix off miello-dépressive nous explique qu'il y a désormais deux mondes : çui d'en bas (les pauvres, sales, puants qui travaillent), çui d'en haut (les riches, beaux, blonds, pleins aux as, qui... travaillent aussi !). Quand on passe d'un monde à l'autre, on voit pas la différence à l'oeil nu : c'est moche ! Un peu comme si la pelloche de 300 hou ha avait été repeinte en marron caca chiasseux. La voix off du début est tellement anémiée qu'on ne comprend rien du tout de toute façon. En bas, chez les moches qui puent vit un petit garçon orphelin Adam. Sa tata lui fait des crêpes volantes et rose. C'est moche et il aime ça. Sa tata est une fée. Mais moche. On est en bas.

    Adam est comme il se doit un garçon solitaire astucieux et en levant la tête il aperçoit Eden (lol les prénoms non ? Pourtant les serpents c'est dans Mud qu'on les trouve)... Et leurs mutchachus Caïn et Abel tant qu'on y est... mais je vais trop vite, je m'emballe !). Ils se font coucou tête bêche (je déteste cette expression mais elle va bien avec le film) et par un astucieux système de cordages ils se retrouvent en haut de la montagne et quand ils sont ados, ils se roulent des pelles car l'up side down kiss c'est un peu la spécialité de Kirsten Dunst ! Mais un jour cette couille d'Adam lâche la corde et Eden tombe par terre, la faute à Voltaire et ya du sang qui coule.

    10 ans passent.

    Adam travaille dans un atelier pourrave avec un gros noir boîteux et un moche jeune et barbu. Il est en train d'inventer une crème anti-rides, redensifiante anti-âge qui repulpe et remodèle le visage. Il se fait embaucher par la très très grosse entreprise d'en haut (j'ai oublié le nom) mais garde la tête en bas quand même. A la télé il voit une belle fille avec une belle peau, des belles dents et une chevelure belle color blond lumière. C'est elle. Eden. Grâce au gros noir qui boîte il rejoint le monde d'en haut (interdit aux pauvres sinon c'est la pendaison direct) en mettant du plomb dans ses bottines mais au bout d'une heure ça chauffe et ses pieds crament, il doit vite redescendre... enfin, remonter mais à l'envers. Eden est devenue amnésique à cause de sa chute sur la tête. Pendant trente trois secondes, elle ne se souvient pas d'Adam et puis elle s'en souvient. C'est cool.

    Et là, j'ai dû cligner des yeux parce que même pas ils couchent et elle attend des jumeaux qui vont sauver le monde... parce que dans le liquide amniotique les bébés ils flottent tous égaux entre eux non ? Simple.

    Je ne m'éternise pas. C'est laid... mais d'une laideur peu commune. C'est bête, simplet, mal bidouillé avec une bonne idée de départ totalement dissoute dans une storiette d'amour dont on se fout comme de son premier patin, des personnages dont on n'a que faire. Mais le miracle c'est que Jim Sturgess (cte pauvre Adam !!!) parvient à ne pas être ridicule malgré la pauvreté de son rôle. Quant à Kirsten Dunst (cte pauvre Eden), elle n'a pas grand chose à faire que de jolis sourires Ultra Brite et boire des coups à l'envers ou danser le tango argentin... une parmi d'autres des étrangetés sans signification ni justification de ce film fatigant à regarder par sa laideur et le fait que la moitié des acteurs ont la tête en bas ! Et je ne vous parle pas de la BO new-âge volatile et éphémère ! Non, je ne vous en parle pas.

  • HANNAH ARENDT de Margarethe Von Trotta ****

    Hannah Arendt : Affiche

    En 1961 Hannah Arendt, philosophe juive allemande volontairement exilée à New-York depuis la montée du nazisme exprime le souhait de suivre le procès d'Adolf Eichmann responsable de l'envoi des juifs en camps de déportation. N'ayant pu assister aux  Procès de Nuremberg, elle met toute sa force de conviction pour être sur place à Jérusalem. C'est finalement pour le journal New Yorker qu'elle va être le témoin de ce procès historique à la suite duquel elle écrira Eichmann à Jérusalem. C'est en effet de cette "expérience", de son observation de cet homme, Eichmann, qu'elle tirera son concept longtemps incompris, décrié, de "la banalité du mal".

    Si (comme moi) vous ne connaissez d'Hannah Arendt "que" le nom et cette idée largement utilisée aujourd'hui de la "banalité du mal"... vous sortirez peut-être de la vision de ce film fasciné par une femme, une pensée mais aussi une actrice et une réalisatrice. Car réussir à filmer la pensée en action peut paraître relativement surréaliste. Margarethe Von Trotta y parvient secondée admirablement par une actrice d'exception, Barbara Sukowa. Recevoir ainsi une leçon d'histoire et de philosophie n'est pas courant au cinéma. Et "rencontrer" une pensée aussi complexe, d'une intelligence inouïe s'exprimer avec une telle puissance, une telle détermination, une telle évidence est un cadeau. Ce film qui nous offre Hanna Arendt et Barbara Sukowa est un cadeau.

    Hannah Arendt enseigne à New-York à des étudiants énamourés qui boivent littéralement chacune de ses paroles, se précipitent pour lui allumer ses cigarettes et la vénèrent des yeux. On les comprend. On imagine sans peine qu'elle a dû bouleverser la vie de pas mal de boutonneux, comme le fit jadis pour elle Martin Heidegger dont elle fut un peu plus que l'élève !

    Lorsqu'Hannah se trouve face à Eichmann, petit homme enrhumé, enfermé dans sa cage en verre, elle est stupéfaite. Le film rend parfaitement compte de ce moment d'effarement total. L'homme ne fait pas peur, il est d'une extraordinaire banalité. Puis l'évidence apparaîtra lorsqu'elle l'écoutera répondre aux questions de ses juges. Eichman est certes l'administrateur de la "solution finale concernant la question juive" mais il est d'une médiocrité telle qu'il est incapable de penser. Pour lui "la loi c'est l'honneur". Le "juif" n'existe pas en tant que personne. Et Eichmann n'est qu'un exécutant scrupuleux, tout entier asservi à son patron, l'autre Adolf ! Lorsqu'on lui demande s'il aurait tué son père si Hitler le lui avait demandé, il répond "oui, s'il m'en avait apporté la preuve". Lorsqu'on lui demande si la preuve lui a été donnée que 6 millions de juifs devaient périr, il ne comprend pas la question. Hannah Arendt ne cherche pas à banaliser le crime de cette ordure mais sa médiocre personnalité. Mais je ne m'aventurerais pas davantage à tenter d'exprimer en quelques mots la pensée complexe et fascinante de cette femme...

    La réalisatrice utilise quelques images d'archives du procès. On les connait mais on est toujours remué de voir cet homme au rictus excécrable rester calme et répondre avec respect et courtoisie au Président du Tribunal. Quelques témoignages de rescapés font toujours froid dans le dos. Certains s'évanouissent, perdent leur sang-froid, fondent en larmes... Comment une telle chose a pu être possible ? On aura beau retourner cette question dans tous les sens, on n'obtiendra jamais la réponse.

    A cause de cette théorie donc, cette "banalité du mal", Hannah paiera le prix fort et perdra l'amitié de certains de ses proches. Mais elle sera également victime d'insultes, d'accusations qu'elle considèrera comme des calomnies sans pour autant les dénoncer, de menaces même de la part du gouvernement israëlien. Elle devra s'isoler et souffrira mais fera toujours face sans faiblir ni renoncer à sa théorie.

    La lumière éclatante de la sublime Jérusalem s'oppose à l'atmosphère enfumée de l'appartement New-Yorkais. Les soirées entre intellectuels, les rapports incroyables qu'elle entretenait avec son mari sont d'autres moments passionnants de ce film fort, remarquablement puissant dans sa simplicité. Interprété avec génie par une actrice étonnante. Fascinant.

  • IRON MAN 3 de Shane Black **(*)

    Iron Man 3 : Affiche

    Il paraît que le synopsis c'est ça : "Tony Stark, l’industriel flamboyant qui est aussi Iron Man, est confronté cette fois à un ennemi qui va attaquer sur tous les fronts. Lorsque son univers personnel est détruit, Stark se lance dans une quête acharnée pour retrouver les coupables. Plus que jamais, son courage va être mis à l’épreuve, à chaque instant. Dos au mur, il ne peut plus compter que sur ses inventions, son ingéniosité, et son instinct pour protéger ses proches. Alors qu’il se jette dans la bataille, Stark va enfin découvrir la réponse à la question qui le hante secrètement depuis si longtemps : est-ce l’homme qui fait le costume ou bien le costume qui fait l’homme ?"

    Je veux bien, mais en fait on s'en fiche un peu. De l'histoire je veux dire. Que d'ailleurs le synopsis n'évoque même pas. Pourtant, il y  a deux super méchants. Un type autoproclamé LE Mandarin au look Ben Laden qui est en route pour détruire la planète à petits feux... à coups d'attentats perpétrés sur des innocents. Et un scientifique autrefois évincé par Tony Stark qui ne l'a pas pris au sérieux et qui revient 15 ans plus tard avec des arguments (Guy Pearce, très très méchant, ce que sa puissante mâchoire laissait supposer). Et puis Pepper Potts vit avec Iron Man. Ils ont une maison... oumpf la maison !!! Mais Iron/Tony ne parvient plus à dormir. Il bricole non stop dans son atelier high tech et il a de super méga grosses crises d'angoisse et Robert simule super bien les crises d'angoisse !

    Je me souviens que le second opus (pour ne pas dire épisode qui ferait trop cheap pour un blog aussi distingué) était décevant. Celui-ci me semble être le meilleur des trois. Pourquoi ? Parce que. La réponse est dans le nom de l'acteur. Non, la réponse c'est le nom de l'acteur. Non, la réponse C'EST L'ACTEUR : ROBERT DOWNEY Jr. Ce type est exceptionnel et si vous ne l'appréciez pas : fuyez en sens inverse pauvres fous ! Car c'est un festival. Lancé en mode "je fais ce que je veux", il lâche les chevaux. Si tant est qu'il les ait retenus un jour ! Drôle, sexy, élégant, amoureux, angoissé, découragé, agacé, désespéré... l'acteur n'a pas besoin de partenaire pour faire le show car il s'adresse souvent à une machine, et qu'il est un effet spécial à lui tout seul. Néanmoins, les trop rares échanges avec sa moitié Gwyneth sont les moments les plus charmants du film. On peut donc être Iron Man et être complètement à côté de la plaque au point d'offrir des fraises à sa chérie qui y est allergique... entre autre balourdise. Et puis, rarement il aura été donné de voir un super héros aussi vulnérable qui se trompe, se fait capturer, prend des bûches et s'écrabouille comme une lavette !

    Cela dit on se demande pourquoi le réalisateur a mis dans les pattes d'Iron un moutard aussi singe savant qu'exaspérant, forcément sans papa et délaissé par sa môman. Y'a vraiment des baffes qui se perdent.
    On pourrait également se demander ce que sa Majesté Ben Kingley vient faire ici en cruel Ben Laden mais on finit par le comprendre... et l'acteur se fend d'une grande performance...

    Quant à Robert/Tony-Iron, il rend cette troisième aventure hilarante et irrésistible.

  • L'ÉCUME DES JOURS de Michel Gondry ***

    L'Ecume des jours : Affiche

    Colin a une belle vie. Il est si riche qu'il n'a pas besoin de travailler. Il passe son temps à créer des machines insensées comme ce pianocktail qui permet de composer des boissons en fonction des accords interprétés. Il vit avec Nicolas, son conseiller, avocat et cuisinier. Son meilleur ami, Chick n'est pas issu du même milieu et doit travailler en usine, d'autant plus qu'il a une passion ruineuse. Fan du philosophe Jean-Sol Partre, il se procure chaque oeuvre, chaque conférence et même l'effigie de son idole grandeur nature. Pour l'aider à assouvir sa passion onéreuse, Colin offre à Chick le quart de sa fortune. Côté coeur, tout va bien. Chick et Alise s'aiment, Nicolas et Isis s'aiment et Colin trouvant injuste de ne pas être amoureux, rencontre Chloé ("avez-vous été arrangée par Duke Ellington ?") et l'épouse. Tout va bien, la vie est belle... mais plus pour longtemps. Chick délaisse Alise au profit de Jean-Sol Partre, Nicolas ne cesse de tromper Isis et le nénuphar qui pousse dans le poumon de Chloé bouleverse tout l'univers. 

    N'en déplaise aux  Inrocks et autres pisse-vinaigre qui un jour peut-être aimeront le cinéma, ça leur déridera peut-être un peu les fesses fera un bien fou, Michel Gondry  a presque tout bon ! Et pourtant j'avais peur. On ne touche pas à l'Ecume des Jours. C'est LE roman de l'adolescence, de la jeunesse. Celui qu'on lit, qu'on relit et qu'on n'oublie jamais. Celui que même ceux qui ne lisent pas ont lu ! C'est un monument, une cathédrale et sans doute réputé inadaptable au cinéma. Et pourtant en regardant le film, on lit le livre en images et on a envie de le re-lire, de fouiller dans la bibliothèque et de retrouver la vieille version toute cornée  découverte en terminale ou avant, celle avec le nénuphar ou la tête de Boris en couverture. Le roman date de 1947.  Et cette histoire est incroyable, extraordinaire, toujours actuelle. J'espère qu'une nouvelle génération de teenagers va dévaliser les librairies et tomber amoureuse de Colin, Chloé, Isis, Nicolas, Chick et Alise, et du style époustouflant de l'auteur !

    Evidemment, il y a deux segments bien distincts. Avant et après le "nénuphar" de Chloé. Et Michel Gondry accomplit la prouesse de nous mettre dans le même état d'esprit que ses personnages. En entrant dans cet univers, celui de Vian animé par Gondry, on passe une heure avec un sourire figé en mode découverte, admiration et émerveillement. Le réalisateur n'oublie rien mais ne se contente pas de faire figurer des gadgets en pagaïe mais bien de rendre vivant le monde surréaliste, onirique où les objets prennent vie, l'influencent ou agissent en fonction des événements. Jamais on aurait cru pouvoir voir le fameux pianocktail, la voiture nuage, la sonnette insecte, la souris, les doublezons, les fenêtres qui repoussent, la chambre qui rapetisse, ou assister à une démonstration de "biglemoi"...

    Lorsque le film commence Colin se taille "en biseau les coins de ses paupières mates, pour donner du mystère à son regard" comme dans le livre. Et toute la fantasmagorie déployée par Vian refait brusquement surface. Et Colin (incarné idéalement par Romain Duris au jeu tellement surréaliste) apparaît, innocent, gentil, superficiel car "Il était presque toujours de bonne humeur, le reste du temps il dormait". Le temps de l'insouciance où les amoureux dansent, vont à la patinoire, boivent, s'amusent est éphémère. Et la seconde partie, dès le mariage de Colin et Chloé, est peu à peu et de plus en plus sombre, menaçante, angoissante. L'appartement si grand, si lumineux  devient lugubre, marécageux. Il rétrécit. Les couleurs s'estompent jusqu'à disparaître. Il ne reste plus qu'un noir et blanc brumeux, dramatiquement chargé.

    Mais Gondry ne se contente pas de la forme, le fond est là aussi. Et le réalisateur, comme Vian, dénonce le monde du travail, l'exploitation, le rendement, les cadences, la médecine impuissante, l'Eglise cupide et mercantile, l'administration, le culte de la personnalité illustré par le personnage de Jean-Sol Partre, l'individualisme... Par ailleurs Colin, à l'instar de Vian est un grand amateur de jazz et pas n'importe lequel. La BO est donc admirable et les apparitions de Duke Ellington un régal.

    Mais curieusement, on est beaucoup plus bouleversé par les modifications de l'environnement, par ce monde qui devient funeste et par Colin misérable, obligé d'accepter des emplois extravagants, (fabriquer des armes à la chaleur de son corps, travailler pour une administration qui prédit les événements) dans des conditions épouvantables que par l'histoire d'amour dramatique. J'avais le souvenir d'un grand roman d'amour triste à mourir, et du film je retiens surtout un profond désespoir provoqué par la perte de l'innocence, la fin de l'insouciance  douloureusement expérimentées par Colin.

    Je n'arrive pas à dire si L'ECUME DES JOURS est un grand film ou un beau film ou les deux (sûrement les deux) mais il est à coup sûr, différent, inventif, subtil... désespéré.

  • THE GRANDMASTER de Wong Kar-Waï °°

    The Grandmaster : Affiche

    Un vieux maître du nord (ou peut-être du sud) de la Chine, à la tête de l'Ordre des Arts Martiaux sentant sa fin prochaine veut passer la main et trouver lui-même son successeur.

    Un combat amical doit avoir lieu et désigner le meilleur d'entre tous.

    Ip Man (prononcez YipMan), maître du sud (ou peut-être du nord) s'en vient combattre tous les grands maîtres du sud ouest (ou peut-être du nord est) et démontre qu'il est pas mauvais en castagne. Même son chapeau blanc ne tombe pas.

    Ip passe plusieurs ateliers et combat des vieux roudoudous qui ont de jolies ballerines. Il affronte le grand maître très menaçant : "si tu casses mon biscuit, c'est que t'es le plus fort !!! (gros gros fourire entre le Warrior et moi-même... j'ai cru que j'allais devoir quitter la salle ou faire pipi sur place).

    Personne a jamais cassé mon biscuit autant que tu le sâches".

    Il casse le biscuit. Il est fort.

    Puis il se bat contre la fille du grand maître du début. Elle connaît la Botte de Nevers et lui met une râclée. Celui qui casse un meuble est le vainqueur.

    Elle lui montre ses 64 mains et lui ses 8 pieds. Il lui dit "montre moi ta fleur sous ta feuille". Elle dit... elle dit rien en fait, genre "t'es pas celui à qui je montrerai ma fleur". Elle finit assise sur la rampe d'escalier fière comme un bar tabac et lui s'en va avec un sourire en coin. Genre, même pas peur.

    Le vieux du début est assassiné par un traître. La fille veut se venger. Mais ça ne se fait pas. Les filles doivent se marier et faire des enfants. "Tant pis je me vengerai quand même" qu'elle dit. Alors le train passe pendant 10 minutes et elle se venge. Mais elle saigne de la bouche. Du coup, elle fume de l'Opium et écrit des lettres : "avec ma fleur sous ma feuille je rêve de toi".

    Ip Man s'en bat le chifumi, il a une femme et deux enfants en 1936 mais il écrit des lettres : "celui qui se couche avec le..." non pas ça "si tu ne regardes pas en arrière c'est que tu vas de l'avant". Non, "si tu vis dans le présent, c'est que l'avenir te regarde"... Euh, non, "si tu t'intéresses au passé..." Enfin bref.

    Pendant quarante ans, il est très très riche et n'a pas besoin de travailler. Sa vie est un éternel printemps. Joie. Sa femme lui lave le torse avec une éponge, il lui lave les jambes avec un chiffon. Ils se regardent et font des enfants. Mais les filles,  ça sert à rien alors il les laisse crever de faim.

    Après c'est l'hiver. Tout le temps. Il neige.

    Ip va connaître l'impérialisme, la république, l'invasion japonaise, la guerre de sécession pour finir avec un passeport hong-kongais sous la bannière d'Elizabeth deuxième du nom. Il va créer une école de formation de petits scarabées et aura pour élève Bruce Lee. Mais ça, c'est une autre histoire qui nous sera contée dans The GrandMaster II, le retour du KungKungFufu si on est très sages. Je sens que je vais être très très vilaine.

    Pourquoi mais pourquoi ce film ?

    Alors réglons la question du comment. C'est sublime. Tout en ocre et en noir, en ombres et en scintillements. Les ralentis ralentissent admirablement et les accélèrés accélèrent comme des pros. Les combats sont de somptueuses chorégraphies (même si je regrette l'absence de combat dans les bambous) et Monsieur Wong filme comme personne la pluie, les gouttes qui s'écrabouillent dans les flaques et les combats dans la fausse neige. Ses gros plans interminables sur ses deux magnifiques et imperturbables acteurs (enfin surtout Tony Leung je t'aime d'amour Chiu Wai) sont... interminables. Et la musique est sublime, parfois très Ennio Morriconnienne. Ce qui n'est pour me déplaire

    Mais sinon. Why ? Pourquoi ? Perche ?  为什么 ???

    On n'y comprend rien de rien. Les personnages apparaissent et disparaissent. On passe d'une époque à l'autre, sans transition, sans justification. La leçon d'histoire tombe comme un cheveu sur la soupe. Les personnages sans âme ne s'expriment que par citations tarabiscotées de Lao Tseu pour changer la vie. Et un quart d'heure avant la fin, Monsieur Wong nous explique qu'on a failli voir un film d'amour, oh et puis non. Puis il nous somme de nous émouvoir sur le destin de personnages qu'il a fait disparaître sans raison...

    Alors le code de l'honneur, la vengeance et tout le tralala, on s'en cogne un peu. Quand le sublime ressemble autant à un big big porte nawak, on quitte la salle un peu énervé.

  • LES GAMINS de Anthony Marciano **

    Les Gamins : affiche

    Thomas rencontre Lola et boum patatra c'est le coup de foudre. Les deux jeunes gens ont le même humour, alors chabadabada ! Mais Lola présente Thomas à ses parents et là, c'est le drame. Gilbert, le père de Lola, est en pleine déprime et crise de la cinquantaine. Il ne supporte plus sa femme dont il ne voit plus que les défauts. Gilbert parvient à semer le doute et le trouble dans l'esprit pas bien fini de Thomas et réussit à le convaincre que le mariage est un tue-l'amour et qu'il devrait y regarder à deux fois avant de s'engager.

    Les deux gamins du titre, deux ados totalement débridés sont donc ce trentenaire et ce cinquantenaire ingérables, irresponsables, persuadés que la vie n'est qu'une succession de fêtes. Ils vont donc s'en donner à coeur joie car chacun trouve en l'autre son double, son alter ego.

    J'ai ri, mais j'ai ri !!! J'en ris encore tiens. Ce manifeste régressif , cette plaisanterie immature est totalement hilarante pendant une heure. Situations insensées, répliques bas de plafond, délires ados... les deux compères ne craignent pas le ridicule et ne sont pas avares de leur agitation. Et puis deux "guests" en mode parodie viennent achever l'hystérie ambiante.

    Alors pourquoi, mais POURQUOI Anthony Marciano a t'il bifurqué si près du but ? Pourquoi a t'il transformé son délire en rom'com ordinaire en faisant rentrer ses deux zigotos dans le droit chemin ? Pourquoi n'est-il pas allé au bout de cette comédie barrée, pas trop méchante mais un peu quand même, et politiquement incorrecte mais pas trop non plus ??? Dommage. La fin est ratée, complètement. Et la scène lors d'un sommet international (ça vient faire quoi exactement ici ???) où les propos d'un iranien sont "mal" traduits n'est pas drôle du tout. Mais alors pas du tout, du tout !

    En tout cas, le réalisateur peut remercier Alain Chabat. Lancé en mode allumé, fêlé des pâtes, flippé, totalement barré, il est absolument GéNIAL et n'a rien perdu de son humour et son excentricité uniques ! Ce film c'est lui, lui et rien que lui. Le pauvre Max Boublil (que je ne connaissais pas... oups, pardon !) est bien transparent à ses côtés !

  • AMOUR ET TURBULENCES de Alexandre Castagnetti *

    Amour & Turbulences : affiche Ludivine Sagnier, Nicolas Bedos

    Julie rentre à Paris après un séjour à New-York. Dans l'avion, elle se trouve placée juste à côté d'Antoine qu'elle a quitté trois ans plus tôt. Antoine bambocheur de première ne s'est pas remis de cette rupture et son meilleur ami lui conseille de mettre à profit les 7 heures de vol pour reconquérir la belle. Mais Julie doit se marier dans une semaine. L'affaire n'est donc pas aisée.

    Comédie sentimentale américaine à la française, ou française à l'américaine, difficile de trancher. En tout cas, tous les ingrédients incontournables tournent en boucle et piétinent. Le réalisateur qui enferme ses personnages dans l'avion choisit le flash-back pour nous faire revivre la rencontre, l'amour puis la rupture des deux tourtereaux, avec parfois les mêmes événements relatés du point de vue de chacun. Rien de bien neuf si ce n'est quelques trucs de mise en scène plutôt sympas et élégants. Et pour une fois le copain relou n'est pas obèse même s'il ne parvient pas à "pécho" et, miracle... il est parfois drôle, merci Jonathan Cohen. Mais je ne parviens pas à comprendre pourquoi les scénaristes se sentent forcément obligés d'humilier un personnage (pauvre Arnaud Ducret !). Au début, Julie téléphone à son fiancé qu'elle couvre de "je t'aime" et "tu me manques, j'ai hâte de te retrouver". Ledit fiancé est alors un type tout ce qu'il y a de plus charmant et fréquentable. Comment se fait-il qu'à l'arrivée, la demoiselle se retrouve face à un connard insupportable ? Est-il indispensable, est-ce drôle de prévoir un mariage pour le faire annuler et faire passer le fiancé pour le dernier des abrutis (pauvre Arnaud Ducret, bis !). Bref.

    Antoine est donc un type qui "drague tout ce qui bouge, et même ce qui ne bouge pas" et est incapable de s'engager plus de quinze jours avec une fille. C'est un mufle un peu lourdingue qui séduit en emmenant ses conquêtes en haut de la Tour Eiffel. Il peut aussi être poète à ses heures perdues : "habille-toi comme une pute, comme j'aime". Evidemment le rôle convient parfaitement à Nicolas Bedos qui endosse avec pas mal d'ironie le costume du pignouf grossier et égoïste. Il nous fait par ailleurs une démonstration croquignolette de "douche à la française". Il est d'ailleurs plus souvent torse nu qu'habillé... et le torse va bien, merci. Le véritable atout du film c'est lui, son charme, son humour, sa dérision. Même si on a un peu de mal à l'imaginer dans un autre registre que la comédie.

    Julie est une jeune femme pas bien finie qui cherche encore sa voie, rêve du grand amour exclusif et vit chez sa maman. Cette dernière est Clémentine Célarié, toujours un verre de champagne à la main comme il se doit et grande classe. Conversation entre la mère et la fille en train de faire un jogging : "accélère t'as pris du cul"... "accélère t'as pris du bide" ! Ludivine Sagnier est vraiment très très mignonne mais sinon  what else ? Elle semble monter sur roulements à billes lorsqu'elle se déplace. Et ses tentatives pour  paraître élégante et distinguée dans ses jolies robes et perchée sur ses hauts talons ne sont pas très naturelles.