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cinéma - Page 208

  • ANOTHER HAPPY DAY de Sam Levinson ** (***** pour Ezra Miller, *** pour Demi Moore)

    Another Happy Day : photo Ezra Miller, Sam LevinsonAnother Happy Day : photo Demi Moore, Sam LevinsonAnother Happy Day : photo Ellen Barkin, Sam Levinson

    Est-ce que toutes les tares, maladies, travers et imperfections humaines, génétiques ou pas, peuvent se rassembler en une seule et même famille ? Oui, nous répond Sam -fils de Barry Good Morning Vietnam- Levinson sans plier les genoux. Si le jeune réalisateur de 26 ans avait des comptes à régler avec sa propre famille, il vient d'économiser quelques années de psychanalyse avec ce premier film où s'empilent pathologies chroniques, hystérie collective, cruauté incorrigible et bêtise incurable. Pour ceux qui comme moi considèrent le "groupe" ou la famille comme le lieu idéal où peut s'exprimer et se concentrer toute la méchanceté, tout le crétinisme de la planète et provoquer ainsi des souffrances profondes, ce film sera leur bible ! Et on appréciera au passage toute l'ironie du titre.

    Mais alors pourquoi tous ces gens se fréquentent-ils ? Ont-ils, en plus de leur déficience mentale manifeste, perdu tout libre arbitre leur permettant de dire : STOP ! Evidemment, s'ils exprimaient ce pouvoir de dire non, il n'y aurait pas de film et ce serait un peu dommage de ne pouvoir contempler ce grandiose jeu de massacre, ce mini Festen à l'américaine...

    Mais venons en au cas de la famille Hellman. Passons sur le milieu social, ça n'intéresse pas Sam Levinson. Ces gens sont "pétés de thunes" et ce n'est pas le propos. Pour tenter de voir dans quel imbroglio on met les pieds, je me dois de vous présenter Lynn. Lynn a été mariée à Paul dont elle a eu deux enfants, Dylan (qui se marie) et Alice. Paul a prié brutalement Lynn de quitter la maison. Il a gardé Dylan qui va très bien merci (et se marie) et Alice est restée avec sa mère. Alice va très mal et s'inflige scarifications et entailles depuis des années. La grande question est : Alice viendra t'elle au mariage de son frère et ainsi reverra son père plus vu depuis des années ? Lynn s'est mariée une nouvelle fois avec Lee, un type complètement ailleurs qui ne s'intéresse absolument pas à tous les drames qui l'entourent. Parfois il fait rire Lynn au lit et du coup elle a eu deux autres fils. Ben, atteint du syndrome d'Asperger, et Elliot (Ezra-graine de star-Miller) qui à 17 ans en est à sa quatrième cure de désyntox et souffre quant à lui du syndrome Gilles de la Tourette (permettant ainsi à Ezra Miller de déverser avec brio ses flots d'injures à sa mère, un régal !) associé à des crises d'angoisse et de panique fulgurantes. Il y remédie en ingurgitant tout ce qui lui passe sous la main de drogues, médicaments, alcools... N'en jetez plus la cour est pleine ? Que nenni ! Lynn, très tendue, se rend chez ses parents où toute la famille doit se retrouver pendant tout un week end pour célébrer le mariage de Dylan. La mère de Lynn semble avoir toujours rejeté sa fille qui ne comprend pas pourquoi alors qu'elle même rejette son fils autiste... Le père est cardiaque et manifestement en train de perdre la boule. Il disparaît parfois à la grande inquiétude de tout le monde ou se fige en état de catalepsie. Les soeurs de Lynn sont des mégères stupides, laides, haineuses et envieuses. Leurs enfants, des tarés vulgaires et obsédés. Il ne manque plus que Paul (l'ex mari) un beauf marié à une poupée qui le domine !

    Et voilà, tout ce joli monde va pouvoir déverser ses rancoeurs, sa haine, sa bile, ses moqueries et se détruire sous nos yeux ébahis.

    Ce qui frappe au premier abord c'est la battle de chirurgie esthétique. A ma droite la chirurgie réussie : Demi Moore est une splendeur. A ma gauche la chirurgie abusive et totalement ratée de Ellen Barkin. Regarder son visage est une véritable épreuve et il est difficile de comprendre comment un réalisateur peut avoir plaisir à la filmer. Elle fait peur. Quant à son jeu, je pensais que Keyra Knightley était la plus mauvaise actrice de tous les temps, une sorte de Gérard Butler au féminin, mais non, Ellen Barkin la devance en années certes mais aussi en jeu outré et complètement à côté de la plaque. Evidemment son personnage va mal, mais elle n'a aucune scène sans larmes ni tremblement ce qui la rend absolument invraisemblable et surtout, jamais touchante. On a plutôt tendance à croire qu'elle est bonne pour le cabanon et la camisole !

    Que reste t'il me direz-vous ? J'y viens.

    Il reste Demi Moore garce intégrale et poupée barbie hypnotisante (quand elle est à l'écran on ne voit qu'elle). Elle est parfaite et je ne parle pas que de son physique mais aussi de ses qualités d'actrice... et sa voix !

    Mais surtout, surtout, il y a Ezra Miller, déjà particulièrement génial et terrifiant en Kevin il démontre à nouveau ici quel grand acteur il va être, il est déjà. Le réalisateur semble s'être particulièrement intéressé à son "cas" et a soigné chacune de ses apparitions, heureusement très nombreuses, et de ses répliques. Il semble déjà avoir tout compris et intégré du jeu d'acteur et connaître parfaitement l'effet spécial qu'est son incroyable visage. Il peut être un ange et un démon dans le même plan et faire de son regard une arme de destruction massive.

    Le film c'est POUR LUI qu'il faut le voir et vous ne pourrez plus vous en passer.

    Et les Gaël Labanti qui prétendront encore que je n'aime pas les ados n'auront qu'à dorénavant me parler d'Ezra Miller ! Merci.

  • GO GO TALES de Abel Ferrara **

    Go Go Tales : photo Abel FerraraGo Go Tales : photo Abel Ferrara, Bob Hoskins, Matthew ModineGo Go Tales : photo Abel Ferrara, Asia Argento

    Ray Ruby est le gérant d'un cabaret de Manhattan où s'exhibent de jolies go go danseuses qui rêvent qu'un producteur, un agent, un impresario les remarque. Mais Ray ne sait pas gérer son "affaire". Il doit de l'argent à tout le monde, notamment à ses danseuses qu'il oublie de payer et qui menacent de faire grève, à sa propriétaire à qui il doit quatre mois de loyer et qui menace de fermer l'établissement. Alors Ray joue à la loterie et gagne une prodigieuse somme d'argent. Hélas, il a égaré le billet gagnant !

    Evidemment on est à des années lumières du somptueux et ténébreux "Nos funérailles" (16 ans déjà !) mais il n'empêche que cette sucrerie vaguement champagnisée où de jolies filles se désapent en rêvant à un avenir meilleur (où simplement à obtenir leur salaire) est une récréation où l'on rit beaucoup. Il faut dire que cette journée au "Paradise" est riche en rebondissements. Et surtout les acteurs en profitent pour faire leur show. Willem Dafoe cabotine à la perfection. Bob Hoskins itou. Asia Argento est parfaitement à l'aise à la barre... et fidèle à sa trashitude nous régale d'un french kiss peu ragoûtant avec un chien (parfois je peux comprendre le salaire des actrices !!!). Riccardo Scamarcio est tordant dans un numéro d'italien macho. Et quel plaisir de retrouver Matthew Modine (je ne comprends rien à la carrière merdique de cette acteur qui aurait dû s'envoler vers des sommets...) en coiffeur blond peroxydé, un chiwawa greffé à sa main gauche !

  • MASTER AND COMMANDER de Peter Weir

    FESTIVAL INTERNATIONAL DU PREMIER FILM D'ANNONAY

    A L'AVENTURE

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    Si l'on vous demandait d'élire votre film d'aventures préféré, que répondriez-vous ? En ce qui me concerne, je citerais celui-ci que je compte parmi les plus grands films vus dans ma vie. Mon statut de cinéphile laisse songeur certains mais je m'en contrefiche j'assume. Quel bonheur ce fut donc qu'il soit programmé dans la section parallèle "A l'aventure"  de cette année et de pouvoir le revoir sur grand écran. Ce fut un éblouissement car ce film, je ne crains pas de le dire, est parfait, indémodable, intemporel et ne vieillira jamais.

    En 1805, la flotte britannique résiste à Napoléon, Maître de l'Europe. Jack Aubrey, dit Lucky Jack a pour mission de capturer le galion français "L'Acheron" qui répand la guerre à travers toutes les mers du globe. Le Capitaine de l'HMS Surprise fait l'admiration de ses hommes, officiers et matelots. Ils lui obéissent aveuglément tant ils le respectent. A bord du navire se trouve également un médecin naturaliste, le Docteur Stephen Maturin, meilleur ami de Jack. Ils partagent une passion commune pour la musique et s'y adonnent régulièrement, Jack au violon et Stephen au violoncelle. Les deux hommes s'aiment et s'admirent mais s'opposent régulièrement. Le Capitaine se montre souvent intraitable dans sa manière de conduire ses hommes au combat. Le médecin répugne à prendre les armes et préfère souvent la compagnie des animaux chez qui il ne trouve ni mépris ni humiliation. Leurs désaccords ne font néanmoins que renforcer leur solide amitié et finalement chacun veille sur l'autre.

    Du Brésil aux mythiques îles Galapagos et au Cap Horn, affrontant des froids polaires et des chaleurs accablantes, les hommes de la Surprise suivent leur capitaine jusqu'au bout du monde. Et pourtant son ami lui fera le reproche de confondre devoir et vanité. Sa poursuite du navire français devient obsessionnelle au point de mettre parfois la vie de l'équipage en péril.

    Film d'époque et de combats orchestrés selon les brillantes tactiques militaires du Capitaine, la réalisation de Peter Weir nous en met plein la vue au cours de combats spectaculaires. Mais ce film ne serait pas si grand s'il se contentait d'enchaîner les scènes d'action, aussi géniales soient-elles. La profondeur du propos, des rapports et des liens qui unissent les deux personnages principaux (mais pas seulement) en font aussi un film qui évoque les rapports humains, d'amitié, maître/élève, la superstition, le courage, la lâcheté. L'audace du réalisateur tient au fait d'avoir placé au coeur de son film la relation extraordinaire qui unit deux hommes. Mais aussi d'avoir choisi Russel Crowe massif, gladiateur, chef indiscutable et de le rendre d'une délicatesse inouïe dès qu'il prend son violon. Les scènes où Paul Bettany et lui jouent des morceaux baroques sur leurs instruments pendant que les hommes s'activent sur le pont sont d'une beauté incroyable. Inoubliable.

    La scène dans laquelle le médecin dit au capitaine "Je ne pourrai jamais vous rembourser cette dette" est selon moi un summum d'émotion qui m'a une nouvelle fois touchée en plein coeur...

     Russel Crowe et Paul Bettany sont ici dans leur meilleur et plus beau rôle, et la musique est extraordinaire.

  • THE END de Hicham Lasri

    FESTIVAL INTERNATIONAL DU PREMIER FILM D'ANNONAY

    FILM EN COMPETITION - MAROC

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    Mikhi a d'étranges occupations. Chaque nuit il se rend à l'endroit où les flics brûlent les saisies de cannabis. Il consomme donc gratis et profite des effluves. Il est aussi l'ami, l'indic', le protégé du flic local autoproclamé "le pitbull du système". Enfin, il est amoureux d'une beauté, Rita, jeune fille pas bien finie dans sa tête et "protégée" par ses frères qui ne veulent pas qu'elle leur échappe. Rita et Mikhi rêvent de s'aimer, de faire des enfants, de vivre ensemble !

    Dire que ce film est un ovni n'est pas exagéré. Le noir et blanc est magnifique et les inventions visuelles abondent : écran large, multiples plans à la grue, à l'envers, au ralenti, volutes quasi permanentes... Les personnages très cinégéniques font très bien dans le décor, notamment la jolie Rita, sorte de poupée manga japonaise enchaînée qui déambule comme un automate. Mais cette surabondance d'effets finissent pas lasser et nuire au déroulement de l'histoire qui s'éternise parce que le réalisateur a tendance à se répéter.

    Cela dit, mon voisin de gauche a eu un immense coup de coeur et souhaite pouvoir le revoir d'ici la fin du festival... Ce n'est donc QUE mon avis. Néanmoins, le dernier quart d'heure, plus tourné vers le polar trash avec vengeance du même métal m'a réveillée de cette contemplation nombriliste qui commençait à me paraître un peu vaine.

    Et puis j'ai adoré l'explication marketing du graphisme du  de Mac Donald's : "les hommes l'aiment car il ressemble à des fesses, et les marocains aiment le cul. Les enfants l'aiment parce qu'il ressemble aux seins de la mère nourricière".

  • LE FESTIVAL HORS CHAMPS !

    Comme je vous l'explique dans une vidéo qui fera date... mon ordinateur portatif portable de poche a rendu l'âme tout à coup soudainement dans la nuit de jeudi à vendredi. Oui, je vais au cinéma le jour, j'écris la nuit. Je suis devenue une spice de zombie à qui il manque 192 heures de sommeil, mais ce n'est pas grave. Nous avons donc TOUT perdu, les photos, les vidéos... (sans compter le journal du Warrior qu'il avait écrit là où vous savez et d'autres choses encore...) bref tout ce que j'avais "chargé" depuis mon arrivée à Annonay. Passons...nous nous sommes rendus à Davézieux et avons acheté un nouvel ordinateur, plus grand, plus noir, TOUT NEUF ! Le monsieur du magasin fut très compréhensif et a pris sur son temps de déjeûner hier pour me paramatrer et me configurer un bel ordinateur en parfait état de fonctionnement. Je lui ai dit "c'est bien beau tout ça. Un petit régime ne te fera pas de mal mon Philou (il s'appelle Philippe), mais je fais comment avec toutes les photos et tout ça que j'ai perdus ?". Ce à quoi il m'a répondu que pour les miracles fallait s'adresser directement à qui vous savez !

    Je vais essayer de prendre le temps de reprendre des photos pour vous montrer Annonay sous le soleil, par moins 10, by night etc, mais je promets rien. On est déjà dimanche et... bref ça commence à se terminer ! Je sais que vous appréciez par dessus le live, alors voilà... mais vous ne m'y reprendrez plus.
    Ensuite, votre Warrior vous présente "L'Etape", le lieu de convivialité avant le rush des festivaliers (c'était le matin). Il s'agit d'un endroit chaque année de plus en plus magique. Les vidéos ne lui rendent pas vraiment honneur car en vérité si je mens, c'est un endroit merveilleux. Je tâcherai de refaire une petite vidéo quand il y aura du monde et de la vie à l'intérieur.

     

      

  • L'AMOUR ET RIEN D'AUTRE de Jan Schomburg

    FESTIVAL INTERNATIONAL DU PREMIER FILM D'ANNONAY

    FILM EN COMPETITION - ALLEMAGNE

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    Parfois l'amour est une évidence. Aimer l'autre, être avec lui, se réjouir de ses succès, le soutenir lors de ses échecs, le suivre sans hésitation pour redémarrer une autre vie ailleurs, encore meilleure, forcément, sont les seules réalités quotidiennes. Nul doute ne peut ternir le tableau idyllique et idéal. Erreur. Un mauvais jour, le destin, le sort ou la fatalité s'abat et c'est la stupeur, l'incrédulité. La personne à nos côtés depuis des années n'est pas celle que l'on croyait. En plus d'avoir à surmonter le désastre de perdre l'être qu'elle aimait le plus au monde, Martha se heurte à un mur d'incompréhension infranchissable et à une douleur inattendue. Sans explication Paul disparaît et tout ce qu'elle découvre peu à peu la force à admettre quel étranger mystérieux et incohérent il était. Un imposteur, un mythomane ?

    Au lieu de sombrer dans un chagrin logique, voire commode pour l'entourage, Martha va étrangement, amoureusement réagir, à cause ou grâce à une mèche de cheveux... A la lisière de la folie et du fantastique, cette femme déconcertante mais irrésistible refuse de se laisser abattre.

    Sandra Hüller, actrice absolument fascinante au visage multiple est capable dans un même plan d'exprimer tous les sentiments ou sensations que traverse son personnage, le bonheur, la colère ,la force et la vulnérabilité.

  • AVANT L'AUBE de Raphaël Jacoulot - Président du Jury

    FESTIVAL INTERNATIONAL DU PREMIER FILM D'ANNONAY

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    L’ouverture de « Avant l’aube » évoque « Shinning » ? Raphaël Jacoulot confirme : « il n’y a aucun hasard dans un scenario ».

    Belle entrée en matière de la part de celui qui endosse cette année le rôle de Président du Jury. Selon la tradition le jeudi à 18 H 30 est présenté au cinéma les Nacelles un film du Président. Nous pouvons donc découvrir ou revoir puisque ce film est sorti en 2011 « Avant l’aube » de Raphaël Jacoulot.

    A la fois humble et ambitieux différent et palpitant, le film de Raphaël Jacoulot impose d’emblée une ambiance propice au polar qu’il est : le froid et la neige. La subtilité de la réalisation et de l'interprétation le rendent différent et palpitant. L'introverti Frédéric (l'intense et fiévreux Vincent Rottiers toujours au bord de l'implosion) va peu à peu relever la tête et sans doute croire en l'avenir grâce à son patron sincèrement touché par sa loyauté, désintéressée ou pas. Tendresse et fascination vont réunir les deux hommes, le patron et l'employé jusqu'à ce que l'enquête policière avance. Mais la France d'en bas ne peut côtoyer celle d'en haut sans dommages et Raphaël Jacoulot le démontre de façon implacable et avec maestria. Et c'est sinistre, cynique et répugnant cette bourgeoisie compatissante, faussement charitable, toujours encline à ces petites bassesses et mesquineries ordinaires et qui verse des larmes de crocodile sur son propre malheur. Il est difficile de ne pas penser à Chabrol pour la peinture au vitriol de ces petits bourgeois imbus d'eux-mêmes et condescendants. Mais le réalisateur se démarque néanmoins du maître en osant des hors champs et des ellipses où d'autres se seraient sans doute montrés trop explicites. Ce ne sont pas les grands discours ni même l'action qui rendent ce film encore plus intense, mais bien ses silences, les regards des uns et des autres, la façon dont tous s'observent de loin avec hypocrisie ou violence.

    Si la confrontation patron/prolo des rôles de Bacri, tendu, hésitant et Rottiers avec sa gueule de coupable idéal chemine vers un échec, on ne peut en dire de même de la rencontre des deux acteurs qui impriment au film leur forte personnalité tout en profondeur et subtilité.

    A l’issue de la projection, nous pouvons faire plus ample connaissance avec le réalisateur et échanger avec lui à propos du film et de sa carrière. Ses influences se sont construites au fil des années. Il a grandi en découvrant des cinéastes qui l’impressionnent et le nourrissent. Son premier film « Barrage » passé hélas inaperçu auscultait les rapports mère/fils et rôdait à la lisière du fantastique.  « Avant l’aube » est un polar qui se concentre sur les rapports père/fils. « Ce genre m’intéresse particulièrement nous précise Raphaël Jacoulot, car il me permet d’étudier les personnages et leur complexité, les placer dans des situations d’urgence et observer leurs réactions. Comment un personnage parvient-il à s’immiscer au centre d’un conflit ? » Ici, le personnage de Vincent Rottiers tente de « s’élever » et d’échapper à son milieu. Mais l’idéal dont il a rêvé va se révéler nocif et l’hôtel où tout se joue est un piège qui va se refermer sur lui. Tout le film est construit sur des rapports de classes sociales et les tentatives de rapprochement des différents milieux représentés. Au-delà de ce contexte, le rapport entre le père et le fils est tellement abîmé qu’en situation de crise, leurs réactions ne seront jamais les bonnes.

    En ce qui concerne les acteurs, le réalisateur précise qu’il a écrit le rôle pour Vincent Rottiers chez qui il trouve une véritable force d’incarnation. Pour le rôle du patron de l’hôtel, son choix s’est révélé en cours d’écriture. Raphaël Jacoulot rêvait d’un acteur comme Jean Yanne et c’est Jean-Pierre Bacri qui s’est naturellement imposé « comme une évidence à cause de l’image qu’il véhicule ». On retrouve au début le Bacri qu’on connaît et qu’on aime, bougon, autoritaire et sanguin. Mais le réalisateur a réussi à jouer avec cette image, à amener l’acteur vers autre chose. « Il s’humanise et réalise un travail d’orfèvre dans l’ambiguïté ».

    Pour finir, Raphaël Jacoulot insiste : « plus que la résolution de l’intrigue du polar, il est intéressant de construire le rapprochement possible même s’il va jusqu’à l’échec de la relation entre Frédéric et Jacques. Ces deux là auraient dû être père et fils mais on aboutit finalement à l’éloignement, à l’arrachement des deux personnages »

    Devant la qualité de cette trop brève rencontre, on ne doute pas un instant que les membres du jury ont cette année la chance d’avoir un Président enthousiaste, cinéphile, attentif. Les débats risquent d’être passionnants.

  • CREBINSKY de Enrique Otero

    FESTIVAL INTERNATIONAL DU PREMIER FILM D'ANNONAY

    FILM EN COMPETITION - ESPAGNE

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    Deux frères russes, Feodor et Mijail s’élèvent tout seuls en bord de mer. Leurs parents sont morts après avoir reçu un arbre sur la tête. Normal c’est fréquent. Les deux enfants devenus adultes ne brillent pas particulièrement par leur intelligence. Ils sont parfaitement déconnectés du monde qui les entoure mais ont développé un sens de la débrouille hors normes et un art de récupérer les objets que la mer crache sur le rivage pour en confectionner d’autres encore plus zarbis.

    L'histoire ? Comment vous la raconter sans vous donner la migraine ? Nous sommes vraisemblablement dans les années 40 puisque sur la plage Mijail et Feodor découvrent un pilote nazi mort. Mais il y a aussi une vache qui répond au doux nom de Mushka et qui marche pour rejoindre ses propriétaires morts. Un des frères la prend pour modèle pour une sculpture. Il y a un gardien de phare, des pigeons voyageurs, des américains dans un sous-marins qui veulent débarquer, des Allemands qui cherchent le pilote disparu, une chanteuse, Loli Marlen... et si j'en oublie pardonnez-moi.
    Toute cette humanité se mélange joyeusement. Kusturica n'est pas bien loin mais tout ce grand bazar burlesque m'a semblé un peu vain !

  • SIBERIE MONAMOUR de Slava Ross, GERRY de Gus Van Sant

    FESTIVAL INTERNATIONAL DU PREMIER FILM D'ANNONAY

    1er FILM HORS COMPETITION

    SIBERIE MON AMOUR de Slava Ross

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    Je vous disais déjà ici tout le bien que je pensais de ce film qui fait partie des plus beaux et des plus forts que j'ai vus en 2011. J'ai pu le revoir aujourd'hui et il n'a rien perdu de sa force tragique et éprouvante. Cependant j'avais oublié la splendeur des images pour ne conserver en mémoire que l'histoire de ce petit garçon perdu au milieu de nulle part, près de chiens errants, rendus sauvages et affamés.

     Je vous en parle à nouveau parce qu'il n'a malheureusement connu qu'une sortie confidentielle en France. Si jamais un festival près de chez vous lui fait l'honneur d'une programmation, ne le ratez sous aucun prétexte.

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    A L'AVENTURE

    GERRY de Gus Van Sant

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    Comme chaque année depuis quatre ans, le Festival nous permet d'assister à un "Ciné-concert". Cette fois pour illustrer en sons et en musique le poème cinématographique, sensoriel et contemplatif de Gus Van Sant, le Festival nous fait découvrir "Radiomentale", duo de dj's (présent à 50 %) qui ajoute mystère et angoisse au film qui en était déjà considérablement imprégné.

    Pour mémoire, je vous rappelle qu'il s'agissait du périple de deux amis Gerry et Gerry qui s'aventurent dans la Vallée de la Mort sans boisson ni nourriture et sans avoir prévenu quiconque de leur destination. Rapidement, ils se perdent, s'enfoncent dans le désert et au lieu de se soutenir, s'éloignent de plus en plus l'un de l'autre.

    Hypnotique et envoûtant, la lenteur des plans séquences interminables font de ce beau film expérimental une expérience sensitive, une aventure qui colle parfaitement au thème du Festival.