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cinéma - Page 275

  • La camara oscura de Maria Victoria Menis **

     Maria Victoria Menis dans La Camara Oscura (Photo)

    En 1892, Gertrudis naît sur un bateau qui amène des immigrants juifs en Argentine. Déçue d’avoir une fille, la mère rejette l’enfant qu’elle trouvera toujours laide au point de la cacher sur les photos de famille. Le physique de Gertrudis ne va pas s’arranger avec le temps (pour vous donner une idée, imaginez un corps de fille avec la tête de Jean Reno : aiuuuuutooooo !).

    Ses parents vont la marier à un riche propriétaire local, ravi d’épouser une femme laide qui ne pourra le tromper. Toute sa vie, elle lui servira de bonne à tout faire, même des enfants qui seront tout aussi indifférents à leur mère que le reste de la terre.

    Depuis l’enfance, Gertrudis cultive sa richesse intérieure et se réfugie dans la lecture de contes, de poésies, plante des fleurs, se promène nonchalamment en soupirant...

    Jusqu’au jour où son mari reçoit pour quelques jours un photographe qui devra réaliser des clichés de la famille et des travaux au champ. Gertrudis est en admiration devant les récits de ce français qui a parcouru le monde avec son appareil photos…

    Voilà typiquement le genre de film beau et chiant. Et même très beau. Mais à part nous dire que la beauté cachée des laids se trouve à l’intérieur qu’y a-t-il ? Nada.

    Cela dit, on peut facilement se laisser happer par la douceur grisante de l’ensemble, admirer chaque plan qui mériterait qu’on s’y attarde et peut-être (comme moi) se laisser cueillir par une fin aussi exquise qu’inattendue qui rattrape la torpeur dans laquelle on aurait pu se laisser emporter.

    Un film délicat. Ce n'est déjà pas si mal.

  • Jusqu’à toi de Jennifer Delvoldere *

     Mélanie Laurent, Jennifer Devoldere dans Jusqu'à toi (Photo)

    Chloé est jeune, belle mais timide, un peu sauvage (limite misanthrope), un peu rêveuse, un peu farfelue, inapte à la vie et au bonheur et surtout très très seule. Elle vit à Paris, travaille avec des gens qu’elle juge médiocres, a un père qui fut absent mais qui voudrait devenir présent, une amie en mal d’enfants…

    De l’autre côté de l’Atlantique il y a Jack, jeune, beau, largué par sa copine. Il se retrouve donc très très seul, un peu rêveur, un peu farfelu. Il a un ami, hobbit buveur de bières et c’est à peu près tout. En regardant au fond d’une bouteille de coca, Jack gagne un séjour à Paris.

    Comment faire pour que ces deux tourtereaux qui ne le savent pas encore se rencontrent ???

    Simplement, faire en sorte que leurs valises soient perdues et qu’on vienne rendre à Chloé celle qui ne lui appartient pas. Comme la jeune femme est très romanesque, elle va se mettre à fantasmer sur le propriétaire du bagage perdu en en inventoriant le contenu.

    Vont-il se rencontrer ? Se comprendre ? S’aimer ?

    Vous le saurez en allant voir cette comédie sentimentale qui remplit pratiquement point par point le cahier des charges du genre.

    Si le courage vous en dit, vous pouvez relever les aberrations et autres machins très agaçants (et venir m’en faire part). Par exemple :

    - c’est fou ce que les personnages des comédies sentimentales ont de facilités pour prendre l’avion, faire des allées et venues d’un continent à l’autre.. alors qu’ils n’ont même pas de quoi se payer leurs locations de DVD,

    - c’est fou ce que les personnages des comédies sentimentales ont comme problèmes psychiatriques avec leurs parents… avez-vous déjà vu une mère qui ne cumule pas toutes les tares de la mère abusive, ou un père qui ne soit pas complètement passé à côté de sa progéniture etc,

    - c’est fou ce que les personnages des comédies sentimentales peuvent dire comme conneries exaspérantes ou risibles. Exemple, Chloé travaille dans une revue qui parle de médicaments. Elle raconte à Jack que sa mère était pharmacienne et qu’elle l’aidait à ranger les boîtes de médicaments quand elle était petite : « je devais avoir besoin qu’on me soigne, qu’on me mette des pansements, qu’on s’occupe de moi… ».

    Au secours !!!!

    Je dirais que le seul, l’unique intérêt réside en la présence de la délicieuse, charmante, adorable, craquante Mélanie Laurent qui défend ce petit film amorphe avec fantaisie et une belle énergie.

  • Simon Konianski de Michal Wald ***

     Jonathan Zaccaï, Nassim Ben Abdeloumen, Micha Wald dans Simon Konianski (Photo) Nassim Ben Abdeloumen, Popeck, Micha Wald dans Simon Konianski (Photo)

    Simon a 35 ans, il est au chômage, sa femme dont il est toujours amoureux l’a fichu dehors, il se retrouve contraint de venir vivre provisoirement chez son père Ernest. Parfois Simon a la garde d’Hadrien, son petit garçon de 6 ans passionné par les histoires de déportation de son grand-père, et particulièrement du Kapo Michal. Rien ne va vraiment bien pour Simon donc qui forme avec son père un « couple » typiquement juif : qui s’adore mais ne se comprend pas et ne cesse de se crier dessus. Régulièrement la famille se réunit pour un repas où sont également présents l’oncle Maurice traumatisé et persuadé que la Stasi va venir l’arrêter et la Tante Mala qui parle énormément. Simon en a plus qu’assez de ces histoires de camps de concentration et de conflit du moyen orient. Il est d’ailleurs taxé de pro-palestinien par ses proches…

    A la suite d’un évènement inattendu, toute la famille doit se rendre en Ukraine.

    Le road-movie qui démarre la seconde partie du film conduira les héros qui vivent en Belgique, à travers l’Allemagne remplie de nazis, et la Pologne bourrée d’alcoolos.

    C’est drôle, et même très drôle souvent et parfois l’émotion se mêle aux rires. Simon visitera même malgré lui le camp où son père a été déporté. Forcé de récupérer son fils qui y est entré contre son avis, l’émotion est vive de visiter ce camp désert où le silence qui pèse des tonnes fait travailler l’imagination. Le réalisateur désamorce cette soudaine gravité et il est impossible de ne pas exploser de rire lorsque Simon court après son fils en criant : « on ne court pas dans les camps ! ».

    Dommage qu’il y ait quelques temps morts car ce film poéticomique semble du coup se chercher parfois. C’est vrai qu’on comprend que le fil du rasoir doit être inconfortable pour tenter de ne choquer ou de ne blesser personne. En tant que « goy » respectueuse et parfois hantée par cet inconcevable et infâmant épisode de l'histoire, j’ai trouvé vraiment touchant, audacieux et réussi de mêler dans un même film des mots et des idées plus ou moins tabous, plus ou moins sacrés, plus ou moins maudits. Bravo à Michal Wald de n’en esquiver aucun.

    Jonathan Zaccaï, Popeck et le petit garçon Nassim Ben Abdemoulen sont tout simplement formidables, ensemble ou séparément. Mais toute la galerie de « vieux » ex-déportés, rescapés est impeccable aussi.

  • L’attaque du métro 123 de Tony Scott *

    (SOUS CETTE NOTE, IL Y A UN JEU PASSIONNANT... NE LE RATEZ PAS)

     John Travolta, Tony Scott dans L'Attaque du métro 123 (Photo) Denzel Washington, Tony Scott dans L'Attaque du métro 123 (Photo)

    « John : allo ? Denzel ? comanxé ch’gros ?

    Denzel : gros, gros, faut pas pousser. Juste enveloppé. 100 kilos les jours pairs. Comment tu vas ma couille ? ça farte ?

    -  oh ben tu sais, le train-train. On fait pas du neuf avec du vieux pas vrai ?

    -  oh toi alors, toujours le mot pour rire…

    -  C’est pas tout ça, ch’gros…

    - Arrête euh avec ça… C’est rien Bébé, c’est John ! Al dente les pâtes hein Bébé ?

    - Ouais, ouais, bon… y’a le Scott qui m’a appelé là, il veut faire un remake de « The taking of Pelham 123 », il appellerait ça « The taking of Pelham one two three ». J’en suis. Il me demande de choisir mes partenaires. J’ai pensé à toi. T’as rien de prévu en septembre/octobre ? C’est cool. On tourne à New-York et ça sort en été.

    -  Ridley Scott ??? Banco man, je signe… Bébé ? Je vais tourner avec Ridley Scott. ‘tain j’suis chaud bouillant moi…

    - Oula, t’emballe pas vieux… C’est que Tony, le frangin .

    - Oh mec, non ? Comment tu me la joues là ? J’ai déjà donné avec le Tony. Ça va faire 10 ans qu’il a deux mains gauches.

    -  Ouais je sais, je sais. C’est pas sur ce coup là qu’on aura l’Oscar, mais ça peut lui faire voir le fond du tunnel à Tony et nous ça nous paye des vacances. Et puis, y’aura l’autre bouffeur de pizzas. Comment i s’appelle déjà ?

    -  Turturro ? nooooooooooon pas ce rital de mes deux? Il va encore nous gaver avec ses blagues juives à deux balles et nous sortir sa langue façon Yézousse Couinetana !

    - T’inquiète, j’contrôle. Lui aussi il est dans le creux de la vague. Je gère ! Il vient cachetonner et il rentre faire le pizzaïolo dans le Bronx au bout de trois jours.

    -  Bon, vas-y, balance la purée. C'est quoi le taf.

    -  Alors moi je suis Ryder. Total look barjot, boucle d’oreille, tatouage, crâne rasé. Je prends les voyageurs d’une rame de métro de New-York en otages et je menace d’en tuer un par minute si dans une heure on m’amène pas la rançon. Genre, le film en temps réel t'vois ? Toi, t’es l’aiguilleur. C’est avec toi et personne d’autre que je négocie. Les keufs rappliquent dans ton burlingue, le macaroni balance ses trois répliques merdiques mais vu qu’il est incompétent, c’est toi qui interviens. T’façon, je veux parler qu’à toi.

    - Oh la la, le métro, des terroristes, New-York en danger, un négociateur… l’est même pas arabe le terroriste. Personne va i croire à ce truc.

    - T’inquiète, j’suis catho intégriste dans le film. Et on est deux gros malins, on se comprend, presque on sympathise. Tous les deux on a des trucs à cacher.

    - Et y’aura du cul un peu ? de la castagne ?

    - Yo man détends-toi, y'aura du gros son et une image cracra mais du cul ? euh non, y'a pas d'meufs, juste une monomaniaque du bidon de lait mais... c'est un film de couillus man… y'a une super poursuite sur le pont de Manhattan à la fin. Ah et puis j’oubliais. Y’a James Gandolfini aussi…

    - Encore un enfoiré de rital ??? C'est une pub pour Panzani ton truc ou bien ?

    - Ouais, mais non et puis il a une super réplique ! Il joue le maire de New-York et à un moment il dit : « scusez m’sieurs dames… j’ai pas mis mon costume de Rudolf Giuliani ce matin ! ».

    - Tordant t’as raison. Et à part ça ? on a quoi à se mettre sous la dent ???

    - Ben rien, enfin quand même on dézingue un  peu les otages, ça change.

    - Et je pourrai avoir une boucle d'oreille moi aussi ?

    - C'est ça, et on s'roule une pelle à la fin ?

    - T'es con, j'te jure !

    - Bon allez, sans rire, pour la boucle, ça devrait pouvoir s'arranger. Tu sais ch'gros, c’est le genre de film t’en-a-vu-un-tu-les-as-tous-vus, on joue les couillus, on torche ça en 3, 4 semaines, le reste c’est des effets spéciaux et on passe à la caisse… ».

  • J'ai tué ma mère de Xavier Dolan ****

    Je vous avais déjà dit ici, à quel point ce film est formidable.

    Mais pas suffisamment.
    J'y reviens donc aujourd'hui car je l'ai revu et il me semble que je suis bien loin d'avoir rendu compte combien il est en fait impressionnant, remarquable, époustouflant...

    Et, ce qui m'avait un peu échappé à la première vision : absolument bouleversant.

    J'en suis sortie cette fois chavirée avec la certitude d'avoir vu une histoire d'amour, un grand film d'amour.

    Si les références incontestables à Gus Van Sant et Wong Kar-Waï sautent aux yeux, ce qui est encore plus indiscutable c'est le caractère unique et personnel de ce premier film qui déborde d'idées prestigieuses et le rendent singulier, original, à nul autre pareil : ralentis surprenants et totalement injustifiés, texte qui s'affiche sur l'écran, décadrages audacieux, musique totalement pertinente...

    Il est fréquent chez les cinéphilesphages de mon espèce d'établir un classement des films préférés en fin d'année. Incontestablement, en cette moitié d'année, je peux annoncer haut et fort que :

    "J'ai tué ma mère" est (pour l'instant) MON COUP DE COEUR 2009.

    Vous êtes convaincus ?

  • LA-HAUT de Pete Docter et Bob Peterson***

     Bob Peterson, Pete Docter dans Là-haut (Photo) Bob Peterson, Pete Docter dans Là-haut (Photo) Bob Peterson, Pete Docter dans Là-haut (Photo)

     

    Carl est un rêveur fasciné depuis l'enfance par un explorateur dont il suit les exploits aux "actualités" du cinéma. Tout jeune, il rencontre Ellie, une fillette très délurée et mignonne comme tout. Seule la mort pourrait les séparer. Les années passent, Carl épouse Ellie et lui promet, croix de bois, croix de fer, de l’emmener en haut des chutes spectaculaires qui les font rêver depuis toujours. Ils économisent toute leur vie et à cause de tous les aléas qui empêchent parfois que la vie tourne rond et de réaliser ses projets… Ellie mourra avant que ce rêve ait pu se concrétiser.

    Carl est inconsolable et décide de faire le voyage seul. Pour s’échapper de son quotidien brisé et solitaire, il accroche des centaines de ballons multicolores et sa maison s’envole. Sans le savoir, il embarque Russell avec lui, un petit scout rondouillard de 9 ans qui veut réaliser sa B.A. (sans trop y croire vraiment) : aider une personne âgée...

    Ensemble, ils vont vivre de multiples, dangereuses, trépidantes ou drôlatiques aventures, rencontrer des animaux étranges un peu couillons, d’autres plus malins, des gentils et des méchants. Carl va même croiser le héros de son enfance au milieu de nulle part.

    Je sais qu'il va encore vous falloir patienter deux jours avant de voir ce petit bijou. Mais si vous ne devez choisir qu’un film d’animation cet été et emmener vos enfants, choisissez celui-là car il peut à la fois ravir les petits et plaire aux plus grands.

    Vives, énergiques et bouillonnantes, on ne s’ennuie pas une seconde pendant les aventures de Carl et Russell. Les couleurs éclatantes, les décors fabuleux font pétiller les yeux. La première partie, quasi muette et plutôt réaliste, véritable prouesse de profondeur et d'émotion qui mériterait un film à elle toute seule... n’élude pas les petites misères et gros chagrins qui parcourent une vie d’homme. Quant à la seconde, menée tambour battant et virevoltante, elle fait la part belle aux péripéties et au danger. Ajoutez à cela pas mal d’humour et le personnage du petit Russell vraiment craquant et vous ne pourrez pas résister.

    On peut aussi s'amuser à trouver quelques beaux et sages messages/conseils : l'amour, l'amitié, les sentiments sont plus précieux et essentiels que les biens matériels. Dans la vie, il faut "voyager léger" semble nous dire ce film grave, profond et... aérien. Ne vous encombrez pas de poids inutiles, l'essentiel est ailleurs mais pas forcément loin, et de toute façon "invisible pour les yeux". 

    Enfin, il faut noter l'audace incontestable de ce film qui, à une époque où la dictature de l'apparence et de la jeunesse triomphe, d'oser donner les rôles principaux à un vieillard grognon et à un petit garçon tout rond.

  • Brüno de Larry Charles *

     Sacha Baron Cohen, Larry Charles dans Brüno (Photo)

    Brüno est un (faux) journaliste de mode, autrichien, homosexuel, stupide. Il souhaite devenir mondialement célèbre et pour y parvenir il se rend dans la Mecque de la célébrité : Los Angeles/Hollywood. Il s’aperçoit que proposer à des producteurs consternés ses idées d’émissions trash, porno ou ses interviews-réalité de stars plus ou moins has been, ne suffit pas. Il est convaincu que pour réussir, comme George, Tom ou Brad il faut être hétéro…

    A un moment, un personnage du film suggère à Brüno de plutôt faire des films X, ce n’est peut-être pas une si mauvaise idée. Ainsi le réalisateur ne serait-il plus obligé de flouter ses ébats (pourquoi à certains moments et pas à d’autres ?) ou mettre des petits carrés noirs sur les parties intimes pour montrer ce film bites-couilles-poils-trous du cul… L’interdiction aux moins de 12 ans est à ce titre d’une hypocrisie sans nom. Quoi et qui est-elle censée protéger ?

    A mon sens, « Brüno » n’a pas grand intérêt et aucune valeur éducative même s’il prétend mettre les américains (pourquoi eux plus que nous d’ailleurs ?) face à quelques-uns de leurs travers : l’homophobie, le puritanisme, la télé réalité, les marchands de promesses (médiums ou pasteurs), le charity business (grand moment néanmoins où Paula Abdul accepte de s’asseoir sur un ouvrier mexicain à quatre pattes qui lui sert de fauteuil tout en expliquant, parée comme pour la cérémonie des Oscar, que ses priorités sont son amour des autres et son besoin d’aider son prochain…) etc.

    Le plus gênant c’est qu’on a constamment la sensation que certains passages sont en caméra cachée, d’autres complètement scénarisés.

    On a du mal notamment à croire que Brüno soit allé provoquer des islamistes au Liban, qu’il ait pu être intégré à l’armée ou (à un tout autre niveau) que Bono, Sting et Elton John aient été filmés à « l’insu de leur plein gré ».

    A partir de là, rien ne fonctionne, même si je mentirais en disant que je n’ai pas ri, un peu, mais vraiment pas beaucoup.

    Je n’avais pas vu « Borat » et n’ai aucune envie de le voir.