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cinéma - Page 292

  • Il Divo de Paolo Sorrentino **

    Il Divo - Toni Servillo

    Giulio Andreotti, aujourd’hui sénateur à vie, a été Président du Conseil Des Ministres italien à sept reprises jusqu’en 1991. Plus que la carrière politique, ce film relate quelques unes des « affaires » de meurtres, d’exécutions et de magouilles dans lesquelles Andreotti dit « l’inoxydable » a été impliqué. Condamné à 24 ans de prison qu’il ne fit jamais pour cause d’immunité parlementaire, le jugement a été annulé par la Cour de Cassation.

    Evidemment on est toujours saisi d’effroi chaque fois qu’on nous rappelle par quels grands malades nos pays sont gouvernés. Hélas ici il s’agit d’un film italien fait pour les italiens et à part quelques « grands » noms célèbres (Aldo Moro, le général Dalla Chiesa, le juge Falcone en ce qui me concerne…) un pauvre petit français pas bien calé en politique étrangère ou en politique tout court a beaucoup de mal à suivre les multiples histoires, la profusion d’informations qui lui sont livrées à un rythme trépidant. Car ici, il faut le reconnaître, la caméra est virtuose, la musique renversante, les couleurs, les décors sublimes, les ralentis appropriés, les cadres magnifiques… mais au bout d’une heure vertigineuse on perd complètement pied devant la surabondance de noms et de personnages.

    Dommage car cet homme détestable, craint par tous, toujours calme, sournois, froid, cynique est un personnage de cinéma hors du commun qu’on a parfois du mal à croire réel. Laid, bossu, petit, le réalisateur semble le faire évoluer à dessein dans des décors trop grands pour lui qui le rendent encore plus insignifiant physiquement. Mais dès qu’il ouvre la bouche, chacune de ses phrases tranche comme un couperet. Son visage est une espèce de masque impénétrable, épais et presque effrayant. Les rares sourires qui fendillent ce faciès se transforment en rictus qui le rendent encore plus repoussant. Même sa façon de serrer la main en ne tendant que le bout des doigts est antipathique. Et pourtant cette ordure a bien de la religion et ses actes sont évidemment dictés par Dieu lui-même. A un moment Andreotti confesse 217 morts et plus de 700 blessés. Seule la mort d’Aldo Moro (un pur naïf) tourmente quelque peu sa conscience, ainsi que des migraines insupportables qui semblent lui faire vivre l’enfer et l’empêcher de dormir.

    La performance de Toni Servillo, à la fois drôle et inquiétante est assez époustouflante.

  • The Spirit de Frank Miller *

    The Spirit - Gabriel MachtThe Spirit - Gabriel Macht The Spirit - Scarlett JohanssonThe Spirit - Sarah Paulson

    Denny est un ex-flic. Depuis qu’il est revenu du royaume des morts, il est  devenu une erreur de la nature et se fait appeler « The Spirit ». Son ennemi juré est Octopus, une erreur aussi, qui terrorise la ville de Central City. The Spirit devient un héros avec cape, masque de zorro et cravate rouge vif. Il est amoureux de sa ville mais aussi de toutes les filles du monde qui le lui rendent bien parce qu’il est fort joli et très serviable. Il leur promet à toutes le grand amour, trop fort le Spirit.

    Spirit et Octopus adorent dès que la nuit tombe se mettre des coups d’enclume sur la tronche en se disant que de toute façon « même pas mal ».

    Vous l’avez compris, mon année ciné ne commence pas sur les chapeaux de roue d’un chef d’œuvre, loin s’en faut. Bien que l’ennui gagne lors de la dernière demi-heure, ce Spirit se laisse voir car le filmage façon BD est de toute beauté et le héros possède ce qu’il faut de second degré pour faire passer l’absurdité de son personnage et le très joli texte très profond qu’on lui fait dire en voix off.

    La ville est un mix de New-York, Gotham et Sin City et c’est magnifique tout le temps. Quant à l’histoire, elle ronronne tranquillement. Bien qu’il neige beaucoup cela n’empêche pas de très jolies filles de se promener en soutien-gorge en miaulant « Spirrrrrrriiiiiiiiiiiit, je t’aiaiaiaiaime ».

    L’acteur Gabriel Macht est vraiment très bien. Une nouvelle venue, Sarah Paulson est à croquer. Mais Eva Mendes toute en bouche et en fesses (je vous laisse la surprise grande classe) grimace à qui mieux-mieux, Samuel L. Jackson est de film en film de plus en plus insupportable, il porte à ravir le costume nazi, il a beau s’agiter, faire de grandes circonvolutions avec les bras et les yeux, on ne voit que Scarlett Johanson qui nous régale de mimiques comico-agacées.

  • BILAN DE L'ANNEE 2008

    Parce qu'il résume pour moi toute la cruauté, toute l'injustice et en même temps toute la beauté du monde, j'ai choisi d'élire

    "LE CAHIER" (Bouddha s'écroule de honte) d'Hana Makmalbaf en tant que film de l'année 2008.

    Affiche de 'Le Cahier'

    J'ai longtemps hésité entre celui-ci et

    "The visitor",

    "Two lovers"

    et

    "Valse avec Bachir",

    mais puisqu'il n'en faut qu'un, ce sera "Le Cahier" car en relisant ma note de l'époque, les images, l'émotion vive et le visage de Baktay me sont revenus en mémoire. Ce film est bouleversant mais ne joue jamais sur un chantage à l'émotion. Il est nécessaire, indispensable et pour ceux qui ne l'ont pas encore vu, il n'est pas trop tard pour vous rattraper.

    Contrairement aux autres années, je n'établis pas de classement pour les autres films qui m'ont marquée mais simplement je vous signale ceux qui ont eu les "honneurs" de ma catégorie "Incontournable" simplement dans l'ordre où je les ai vus..

    Les plages d’Agnès d’Agnès Varda

     

    Stella de Sylvie Verheyde

     

    L’échange de Clint Eatswood

    Le silence de Lorna de Jean-Pierre et Luc Dardenne

     

    Un millier d’années de bonnes prières de Wayne Wang

    Gomorra de Matteo Garrone

     

    Le premier jour du reste de ta vie de Rémi Besançon

     

    Un conte de Noël, Roubaix ! d’Arnaud Desplechin

    Shine a light de Martin Scorsese

     

    The Darjeeling limited de Wes Anderson

     

    There will be blood de Paul Thomas Anderson

     

    Sweeney Todd –The demon barber of Fleet Street de Tim Burton

    No country for old men de Joël et Ethan Coen

    Sans compter que ma rubrique "Ne les ratez pas" recèle quelques raretés incontournables également... mais là, la liste est vraiment trop longue...

    Et si vous y tenez vraiment, vous pouvez retrouver le pire du pire ici ou !

    A l'année prochaine. Bises à tous, enfin non pas à tous, seulement à ceux que j'embrasse.

  • Je veux voir de Joana Hadjithomas et Khalil Joreige

    Je veux voir - Catherine DeneuveJe veux voir - Rabih Mroué et Catherine Deneuve

    C’est pour éviter une crise matrimoniale majeure que je me sens contrainte de vous parler de ce film. Je vous explique.

    Moi : « non, je ne vais pas faire de note. Je ne vais pas pouvoir parler de ce film on the road ! »

    Lui : « mais c’est scandaleux, sous prétexte que t’as pas aimé et qu’il y a TA Catherine tu vas faire comme si tu ne l’avais pas vu. C’est une honte, je te dénoncerai au Comité d’Ethique pas toc des blogs… et patali et patalère ! »

    Donc voilà, comme « ma » Catherine qui voulait voir le Liban, j’ai vu ce film que je voulais voir depuis le mois de mai et comme elle, je ne suis pas sûre d’avoir compris. Autant dire même que je suis totalement passée à côté. Catherine Deneuve (la vraie) retrouve donc à Beyrouth un acteur star là-bas, Rabih Mroué (très beau, très bien) qui va lui servir de guide et lui montrer les ravages de la guerre du Liban (celle de 2006). Comme Catherine (qui parfois s’endort) on regarde, on découvre des champs de ruines qui succèdent aux paysages sublimes ce qui tendrait à prouver que ce sont bien les habitations et donc les civiles qui étaient visés. On ne doute pas un instant que toutes les images parfois « floutées » de prairies, de ferraille suivies parfois d’un écran noir (reposant) contiennent une foultitude de métaphores ! Mais à force de trop faire confiance à l’intelligence du spectateur, ne risque t’on pas de le perdre en route ? Ce fut mon cas.

    A aucun moment je n’ai cru à une quelconque improvisation, même si Catherine (comme nous) sursaute et s’effraie très sincèrement lorsqu’éclate un bruit assourdissant près de l’endroit où elle se trouve. On est bien sûr scandalisé d’apprendre qu’il s’agit en fait d’avions israëliens qui franchissent le mur du son à basse altitude pour impressionner et alarmer la population. L’imagination guerrière est sans limite. Mais comme il s’agit de guerre et d’un peuple anéanti qui tente encore de se relever, on ose à peine s’indigner que la mer serve de poubelle. Lorsque la caméra s’attarde sur des personnages immobiles au regard fixe, on se demande franchement s’ils sont hébêtés par l’ampleur des dégâts ou parce qu’ils voient devant eux une équipe de cinéma et une star. Evidemment, l'insistance de Catherine à mettre sa ceinture, à vouloir que Rabih mette la sienne est à la fois drôle et émouvant... car même si le port de la ceinture est obligatoire au Liban les priorités ont changé quand on a survécu au pire.

    Mais ce qui dérange le plus (hélas) n’est pas tant ce qui est montré que la façon dont ça l’est. Il semblerait que la caméra soit fixée sur un cheval lancé au galop. C’est tout simplement insupportable. Même lorsque la caméra est très vivement bousculée, agitée par des gens (on ne sait qui) qui veulent empêcher de tourner, elle continue de filmer. Et on se retrouve dans un tour de grand huit qu’on n’a pas souhaité. A un moment, à la frontière israëlienne (scène absconse) il est fortement question d’un trépied et là, je me suis surprise à penser « ils vont enfin poser leur fichue caméra !!! ». Que nenni. Le trépied reste au placard.

    Ce film (expérimental) est donc bel et bien vertigineux mais hélas pas pour les bonnes raisons.

    La scène finale où Catherine Deneuve se rend à une soirée de l’ambassadeur (un type puant l’ennui et l’obséquiosité… drôle donc !) on réalise (sincèrement) que c’est pas tous les jours la fête d’être star. Et lorsque le regard de Catherine qui semble supplier « sortez-moi de là, faites taire ce type ! » croise celui de Rabih qui semble répondre « bouge pas j’arrive ! », on imagine le beau film de fiction et d’amour qu’on aurait pu avoir !!! Le plus bel échange de regards du cinéma depuis longtemps...

     

    P.S. : Il n’y a rien qui ressemble plus à un amas de ruines qu’un autre amas de ruines. Je veux dire qu’on pourrait être ici ou ailleurs, au Liban comme en Afghanistan. Pour moi LE film qui évoque le mieux la (ou les) guerre(s) du Liban, sa monstruosité, son absurdité, ses conséquences sur ses habitants et la vie qui essaie de continuer envers et contre tout, c’est « Falafel » de Michel Kammoun.

  • I feel good de Steve Walker ***

    I Feel Good !I Feel Good !I Feel Good !

    Ce documentaire suit les 7 semaines de répétition et le concert donné par la chorale Young@heart. Cette chorale cumule plusieurs particularités. Ses membres ont entre 73 et 92 ans, ils ne chantent aucun vieux classique de Franck Sinatra mais revisitent des classiques du rock et de la pop (Talking Heads, Sonic Youth, James Brown etc…) et sont dirigés par un gamin de 53 ans, le merveilleux et infatigable Bob Cilman.

    A une époque où le « jeunisme » fait rage et où être jeune est carrément devenu une qualité, c’était un sacré pari d’oser et surtout de réussir un film dont la moyenne d’âge des personnages soit aussi élevée ! Suivre l’évolution, la progression (ou pas), les difficultés parfois insurmontables rencontrées est absolument captivant. Si la justesse et le rythme ne sont pas toujours au rendez-vous, l’énergie et l’enthousiasme sont bien réels et tout à fait communicatifs. D’autant que les chansons, on les connaît et que ces vieux y imprègnent leur vécu rendant par là même à certaines tout leur sens.

    A aucun moment, les personnages, dont certains sont réellement très très attachants ne prennent un ton sentencieux, ne donnent de leçon et ne cèdent à la facilité du « c’était mieux avant ». Par contre, ils ont tous, pour certains plus âgés ou plus malades que d’autres, conscience de l’imminence de la mort ce qui rend le film particulièrement émouvant voire bouleversant par instants. D’ailleurs trois des membres mourront avant ou juste après le concert et la mort d’un des piliers de cette chorale, le très charismatique Bob, donnera l’occasion à une des choristes d’interpréter un saisissant « Nothing compares », et à un autre un très très poignant "I fix you" dont les paroles particulièrement bien adaptées prendront une intensité troublante.

    J’avoue qu’il est parfois difficile d’empêcher les yeux de s’embrumer tant on est conquis par l’humour parfois noir, la bonne volonté pas toujours payante et l’énergie ambiante. La séquence où la chorale donne un mini concert en plein air dans une prison devant des « pensionnaires » d’abord surpris puis conquis et franchement captivés et sincèrement émus est un des beaux moments de ce film toujours étonnant. Lorsqu’on pénètre l’intimité et le quotidien solitaire ou difficile de quelques personnages on est encore plus bouleversé par leur lucidité et le combat qu’ils doivent mener contre la maladie. Et même si c’est contre leur gré et un peu par bravade, un homme dira : « la vie, on n’en sort jamais vivant », une femme sortie du coma à qui on demande si elle a vu la fameuse lumière blanche répondra « j’ai refusé de regarder », déclenchant l’hilarité.

    Mais au-delà de leur « grand » âge ce qui rassemble et unit toutes ces personnes c’est bel et bien la musique qui, je peux en témoigner, quand on la pratique est un merveilleux exutoire, un antidote au spleen, à l’ennui, à la mélancolie. C’est magique, miraculeux… vital, comme ce film !

     

  • L’œil du mal de D.J. Caruso **

    L'Oeil du mal - Shia LaBeoufL'Oeil du mal - Shia LaBeouf et Michelle Monaghan

    Une exécution avec dommages collatéraux minimes (entendez : pas trop de morts innocents…) programmée par le Pentagone et censée éliminer un Ben Laden (ou assimilé) tourne mal. Le grand computador Big Brother-is-watching-you se met à bugger et « active » un brave citoyen lambda (pas tant que ça finalement mais avec trauma familial) et une brave citoyenne oméga (avec moutard et trauma matrimonial) qui vont se rejoindre à l’insue de leur gré et devoir obéir à l’aveuglette à une voix mystérieuse et féminine sous peine d’élimination sommaire. La voix les conduit au bout d’une aventure périlleuse et gouvernementale pas piquée des hannetons.

    Vous suivez ? Non, c’est sans importance. Ça commence pied au plancher, ça ne faiblit pas une seconde, ça n’offre pas le moindre commencement de réflexion, ça vous rince le cerveau et… shame shame shame, ça fait un bien fou ! Jerry et Rachel les deux « plus communs des mortels tu meurs » n’ont pas le choix et doivent se transformer en moins de temps qu’il n’en faut à un portable pour sonner en wonder man et wonder woman et bien sûr s’associer (et plus dès qu’affinités) pour réussir la mission : en gros, sauvez le monde ou mieux encore, le Président des Tas Unis. Et ça ne leur pose aucun problème de sauter d’un toit, courir devant un métro lancé au galop, s'éjecter d’une voiture qui se jette dans le fleuve, braquer un fourgon blindé, atterrir dans des poubelles, voyager dans la soute à bagages d'un avion, s'injecter un produit pour pas faire un arrêt cardiaque, menacer et tirer sur tout ce qui remue si besoin est… et j’en passe et des plus cascadantes, le tout sans que ça déplace une seule mèche du brushing impecc de madame. Waouh !

    Pourquoi c’est plus réussi que la plupart des films copiés/collés sur le même scénario ? J’en sais rien. Peut-être parce que ça se prend très au sérieux en nous démontrant que nous sommes épiés sur nos ordinateurs, nos téléphones et même quand on marche dans la rue. Un film avec caméras de surveillance partout même en plein désert, ça devrait foutre les chocottes. Pas du tout ! L’habitude qu’on a à être épiés certainement !

    Shia Labeouf (clone d’Olivier Besancenot (mon idole) et Edward Norton) s’acquitte comme un chef de son rôle de sauveur qui comprend tout avant le FBI et la CIA, sans bouger une oreille ou palpiter de la mâchoire. Mais le plus fascinant reste le visage de Michelle Monaghan. Attendez je vous la montre. C’est elle :

    L'Oeil du mal - Michelle Monaghan

     Quoi ? Son visage ne vous rappelle personne ? Et là ? :

  • Une fiancée pas comme les autres de Craig Gillespie **

    Une fiancée pas comme les autres - Ryan Gosling, Emily Mortimer et Paul SchneiderUne fiancée pas comme les autres - Ryan Gosling, Emily Mortimer et Paul Schneider

    Depuis que ses parents sont morts Lars vit seul dans le garage de la maison occupée par son frère Gus et sa femme Karin enceinte. Malgré son travail, l’affection de certains collègues et de sa famille, le jeune homme, renfermé et taciturne, refuse tout contact. Un jour, à la grande joie de tous, Lars annonce qu’il va leur présenter Bianca, une jeune femme qu’il a rencontrée par Internet. Mi-danoise, mi-brésilienne, timide, élevée par des nonnes Bianca se déplace en fauteuil roulant, ce qui n’est pas sa plus étrange particularité : elle a été livrée dans une grande boîte et elle est en plastique.

    Le moment de stupeur passé et face au bonheur soudain de Lars, son frère et sa belle-sœur réunissent le village, consultent une femme médecin/psy. Tous sans exception décident d’entrer dans le délire du jeune homme et considérer Bianca comme réelle, l’intégrer dans la communauté de ce petit village enneigé perdu au milieu du Midwest et l’admettre parmi eux.

    Tant de bonté, de gentillesse, de sourires, de compréhension et de générosité réclament un minimum d’adaptation. Mais dès lors qu’on accepte de considérer qu’on est à « Oui-Oui Land », on peut prendre un plaisir fou à voir ce film définitivement bienveillant et chaleureux. Malgré l’attente légèrement teintée d’aingoisse du méchant qui va surgir et faire basculer tout cela dans l’horreur, ce moment n’arrive jamais et voir Lars s’épanouir au contact de Bianca et de sa psy (délicate Patricia Clarkson) est vraiment plaisant. Bianca la poupée n’est pas comme la « Monique » (film raté) d’Albert Dupontel un objet sexuel, mais un être idéal, bon et généreux qui… hum, hum, crée du lien social et permet aux autres de se découvrir ou de se révéler meilleurs. Dommage que le film manque (entre autre) de clarté sur les relations que Lars entretient avec les uns et les autres avant l'arrivée de Bianca. Cela nous aurait permis de mieux comprendre l'élan de solidarité unanime de tout un village !

    C’est drôle, c’est tendre et Ryan Gosling, gentil neuneu, épaissi, braguette ouverte, moustache de beauf, cheveux gras et pulls inommables ne parvient pas à faire oublier « Halph Nelson » mais prouve au contraire quel merveilleux acteur il est. Et puis si vous voulez le voir jouer au bowling, il faut courir voir cette fiancée pas comme les autres…

    Une fiancée pas comme les autres - Ryan Gosling

  • Louise.Michel de Gustave Kervern et Benoît Delépine ***

    Louise-Michel - Yolande MoreauLouise-Michel

    Le patron d’une usine offre à ses ouvrières un cadeau qui les surprend : une blouse neuve. Le lendemain, lorsqu’elles entrent dans l’atelier, tout a disparu. Indemnisées une misère, elles décident, poussées par Louise, de mettre leurs maigres indemnités de licenciement en commun pour engager un tueur et buter le patron. Louise rencontre par hasard Michel, petit malfrat minable qu’elle présente comme l’assassin de JFK… mais il ne faut pas trop en parler.

    Les auteurs examinent les conséquences de la crise et de la délocalisation sauvage sur les « petites » gens qui comprennent parfaitement que ce sont toujours eux les relégués dont on se débarrasse avec une poignée d’euros. Hélas pour les victimes, elles se trompent constamment de cîble. Difficile de savoir qui est réellement le patron : celui qui dirige l’usine, les actionnaires, la grande compagnie invisible masquée derrière une boîte à lettres dans un paradis fical ?

    Le ton libertaire et amoral est servi ici par un humour très noir porté par un duo de bras cassés néanmoins prêt à aller jusqu’au bout du contrat. Peut-on rire de tout ? Oui répondent sans hésiter les réalisateurs qui vont jusqu’à faire utiliser des malades en phase terminale pour effectuer la salle besogne ! Au hasard de ce road movie assassin on croise également Benoît Poelvoorde qui reconstitue dans son jardin l’attentat du 11 septembre… ce qui n’est évidemment pas le moins hilarant de ce film totalement barré qui ne fait pas dans la dentelle. Kervern et Delépine peuvent incontestablement remercier Yolande Moreau à la présence toujours aussi saisissante et Louli Banners veule et attendrissant qui prêtent leur génie à cette farce où l’un et l’autre doivent égalementi jouer avec une identité sexuelle quelque peu malmenée. Difficile de les dissocier tant leur talent, leur ingénuosité, leur poésie extravagante, leur loufoquerie énorme sont en harmonie.

    J’accorde néanmoins un bonus à la grande Yolande Moreau plus massive, inquiétante et implacable que jamais. Cette actrice est un momument sans cesse surprenant.

    Ajoutez encore à cela une bande-son top niveau, quelques corons aux briques rouges, un accent belgo/picard et moi, je suis aux anges !