L'ART D'AIMER
d'Emmanuel Mouret **
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d'Emmanuel Mouret **
de Eric Toledano et Olivier Nakache *
SOUL KITCHEN de Fatih Akin ***
LA REVELATION (STORM) de Hans Christian Schmid***
WHITE MATERIAL de Claire Denis **
BLANC COMME NEIGE de Christophe Blanc **
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MES COUPS DE/AU COEUR
A l'origine de Xavier Giannoli ****
A l'origine, il y a un scarabée. Mais reprenons au commencement...
Philippe est un petit escroc qui vit d'arnaques plutôt gonflées à des entreprises. Avec de faux documents et un téléphone il organise un trafic de revente de matériel. Jusqu'au jour où en passant devant le chantier de construction d'une autoroute il découvre un projet abandonné depuis deux ans suite à une plainte des écologistes. La population, dont 25 % est au chomage, reprend espoir à l'arrivée de Philippe qui se fait passer pour un représentant d'une des filiales du chantier. Jusque là il n'avait eu affaire qu'à des anonymes mais en rencontrant certains habitants de cette petite commune du Nord de la France sinistrée depuis l'arrêt du chantier, il va être pris à son propre piège. Il ne va pas, comme les autres fois, réussir à s'échapper une fois son forfait accompli et va se retrouver à la tête d'un chantier colossal : construire un bout d'autoroute. Son mensonge devient peu à peu plus grand, plus énorme, trop grand pour lui de toute façon, mais des liens se tissent avec une jeune femme attachante et courageuse, Monika (la jeune Soko, extraordinaire) qui cumule deux petits boulots pour essayer de s'en sortir, son petit ami Nicolas (Vincent Rottiers, formidable) en qui Philippe doit sans doute reconnaître le jeune homme magouilleur qu'il a dû être, et surtout Stéphane, la Maire de la commune qui va non seulement lui accorder une confiance aveugle mais lui réapprendre à sourire, à aimer, à vivre. Un peu...
Xavier Giannoli filme avec beaucoup d'ambition cette histoire invraisemblable (et pourtant tirée d'un fait divers) à la fois épique et intime. On pourrait évoquer Ken Loach tant l'aspect social est au cœur même du film. Mais le réalisateur ne tombe jamais dans le misérabilisme ou la compassion facile. Il filme ample des paysages un peu désolés, des briques rouges souvent assombries par la pluie, des ciels bas à l'horizon du plat pays. Il donne aux machines des allures d'oiseaux métalliques, de grands monstres en fer irréels et leur fait exécuter de véritables ballets nocturnes. C'est magnifique mais pas seulement. Giannoli donne une dimension supra-sensible aux joies, aux espoirs et aux drames humains qu'il met en œuvre dans cette aventure incroyable. Il parle d'enthousiasme collectif, d'équipe, de solidarité.
Peut-être qu'à l'origine, les hommes étaient comme cela...
Et tout cela en nous racontant l'histoire d'un petit malfaiteur sans grande envergure mais plutôt malin et opportuniste. Ce truand c'est François Cluzet, une nouvelle fois épatant. Tendu, nerveux, silencieux, parfois désorienté par l'étendue de sa propre escroquerie, puis transfiguré par le bonheur des sentiments qu'il découvre (amour, amitié), il est constamment d'une justesse inouïe. Face à lui, Emmanuelle Devos rayonne de douceur.
Ce film asphyxiant à cause de l'ombre de l'imposture qui plane sur lui, est un GRAND film.
Hervé est patron d’une agence de presse, marié et père d’un grand garçon. Tout serait pour le mieux s’il n’était dépendant depuis de longues années à l’alcool. L’histoire commence le jour où Hervé décide de se rendre dans un centre de désintoxication en pleine nature. Après avoir pris plusieurs « petits déjeuners » à sa façon : deux verres de vin blanc au café du coin, un verre de vin blanc au buffet de la gare… il découvre l’endroit où il a choisi de vivre pendant six semaines, la chambre qu’il partagera avec un autre pensionnaire, le groupe avec qui il vivra chaque jour obligatoirement jusqu’à 22 heures (extinction des feux), la « quarantaine » d’une semaine (aucun contact avec l’extérieur, pas même les proches), les réunions où chacun évoquera tour à tour sa dépendance et les conséquences qu’elle a eues sur la vie… Il fait la connaissance de ces compagnons blessés et de l’équipe soignante qui est intégralement composée d’anciens alcooliques, des médecins aux infirmiers et divers psys…
Ce n’est qu’en quelques flash-backs que l’on voit comment Hervé complètement addict se levait la nuit pour vider des bouteilles seul dans la cave en pleurant de honte, jusqu’à tomber. Comment sa femme le regarde (Anne Consigny, la souffrance faite actrice…) et son fils l’évite.
En écoutant le récit de ses compagnons qui tentent de reprendre goût aux choses avec douleur, ironie, colère ou découragement selon les cas, il découvre qu’il n’est pas seul et que ce « problème avec l’alcool » comme disent la plupart des dépendants, est une maladie dont on ne guérit jamais mais qu’on peut contrôler. Il réalise peu à peu les dégâts irréversibles qu'elle a également provoqués sur les êtres les plus proches (sa femme, son fils) soulagés enfin qu’il ne soit plus à la maison.
Interpréter de façon plus qu’impeccable par un François Cluzet abîmé, constamment dense et profond sans jamais être excessif qui sait d’ailleurs exactement de quoi il est question, mais aussi par quelques autres dont Michel Vuillermoz et Marilyne Canto, ce film souffre de son manque de… souffrance ! Il n’y a pratiquement jamais une tête qui dépasse dans ce scénario bien rangé qui aligne des sentences thérapeutiques bien proprettes et prévisibles et où personne ne semble ressentir le manque (ou si peu).
Les deux (donc trop rares) apparitions du médecin du centre (très très étonnant et inquiétant Philippe du Janerand) qui décrit de façon clinique et chirurgicale les risques, dangers et ravages de l’alcoolisme sur l’organisme (sur le foie : hépatites, cirrhose, reflux, gastrites… ou sur le système nerveux : démence) devant son auditoire épouvanté sont suffocantes.