Les choses s'accélèrent...
Les neutrophiles sont au nombre de 500 ! Souvenez-vous, dans le cas d'une chimio "normale" cela signifiait : par ici la sortie ! Sauf que là, c'est un peu plus compliqué puisqu'il s'agit d'une greffe. Il faut donc que je vous explique certaines choses.
Pour l'instant, la nourriture est toujours "stérile" ce qui provoque un peu une tête ahurie comme celle-ci :
Alors que moi pendant ce temps je m'enfourne un Saint Nicolas entier sur une soirée :
Je découvre une carte totalement lolante envoyée par mon Dada qui n'oublie jamais à quel point j'aime les cartes postales :
Et un ouvrage dans le but de parfaire ma culture défaillante de la part de Fred qui n'oublie jamais à quel point j'aime les cadeaux :
Mais revenons-en à l'accélaration des choses. Aurélien (oui, je sais, ça énerve quand je dis Aurélien) a affirmé que d'ici lundi Hervé ne boufferait plus stérile et qu'il pourrait même s'habiller normalement avec des habits de la maison qui ne seraient pas passés à la décontamination ! Moi j'ai dit "mais euh, tu vas être dans une chambre normale, tu vas sortir dans le couloir ?" Tout ça. Des trucs normaux de malades normaux quoi. Et là, Mouche m'a calmée : "je te rappelle que je suis attachée à une table". "Ah oui, pardon, j'ai tendance à l'oublier, tu conduis tellement bien la table qu'on a l'impression qu'elle fait partie de toi".
Sauf que quand même, petit à petit les branchements vont diminuer. Une des conditions pour sortir et revenir à la maison est de pouvoir avaler les médicaments par la bouche, donc ne plus les avoir en perf'. Surtout les anti-rejets évidemment.
Il est donc temps que je vous cause du risque de rejet mais aussi de la GvH.
1) Le risque de rejet.
Il peut arriver que la greffe ne prenne pas : dans ce cas les neutrophiles n'apparaissent pas dans le sang au moment attendu. Ce n'est pas le cas (ouf) puisque les neutrophiles sont réapparus aujourd'hui même, annonçant la sortie de l'aplasie qui en fait n'a pas eu lieu. On ne va pas pleurer.
Parfois la greffe a pris mais peut être rejetée. Si cela arrive c'est toujours dans les mois qui suivent la greffe et dans ce cas on peut souvent proposer un traitement variable selon la situation. Inutile de vous dire que je vais être très détendue...
2) La GvH (Graft versus Host = Maladie du greffon contre l'hôte). Je ne vous fais pas un dessin le greffon est virginien, l'hôte est warrior.
Dans les premiers mois suivant la greffe, les cellules souches provenant du greffon considèrent certains des tissus ou organes sains de l'hôte comme étrangers ("mais euh c'est pas à moi ces trucs pourris" qui s'dit le greffon) et vont tenter de les détruire. C'est ça la GvH. Elle attaque la peau, le tube digestif, les intestins, le foie.. Joie !
Lorsque cette réaction survient dans les quatre mois qui suivent la greffe, on parle de GvH aiguë. La gravité s'évalue de 0 à 4. A 4, c'est pas bon, mais pas bon du tout. On oublie !
La prise en charge de la GvH se fait en deux phases :
- la phase préventive : choix d'un donneur ayant la meilleure compatibilité possible (9 sur 10 pour notre virginien d'amour) et administration de médicaments immunossuppresseurs et traitement prévenant les infections (c'est le cas actuellement),
- la phase thérapeutique : sitôt après la greffe, surveillance étroite, bilans sanguins quotidiens et j't'en passe et des papouilles et des fouilles caca et fouilles pipi. Selon le grade de la GvH, cette période peut être très éprouvante. Elle survient parfois plus de trois mois après la greffe. Là encore, je vais être bien bien zen comme je sais faire. Il s'agit alors de GvH chronique.
La GvH chronique est une forme plus complexe mais moins agressive que la GvH aiguë. Elle nécessite des traitements prolongés mais à des doses moins fortes.
Une GvH modérée peut annoncer de bonnes nouvelles. Les cellules du greffon s'attaquent aux cellules malades et dans le cas où certaines d'entre elles n'auraient pas été détruites par le conditionnement (préparation à la greffe), les lymphocytes provenant du greffon peuvent les détruire.
J'espère que c'est à peu près clair et que vous avez compris que la GvH peut être une amie. Moi parfois j'ai du mal et je me dis que GvH sera synonyme de maladie, de retour à l'hôpital, de souffrances et tout ça... Sauf que pour l'instant Hervé fait tout bien comme il faut, qu'il obtient toujours les félicitations du jury et que même si ça le fatigue énormément et rapidement de me mettre la patée aux cartes, il a bonne mine je trouve et je suis fière de lui.
Il y aura une interro et très prochainement la leçon aura pour thème :
LA CHIMERE !