Guédiguian revient à ses premières amours et c'est ainsi que je l'aime. Lorsqu'il parle de presque rien mais de tout en fait. De la vie qui va, des petits soucis quotidiens et des grands malheurs qui surprennent en plein bonheur. Il s'entoure sans la changer de son équipe qui gagne : Ariane Ascaride, Jean-Pierre Darroussin, Gérard Meylan mais ajoute à ce trio des nouveaux venus qui trouvent leur place : la fabuleuse Marilyne Canto mais aussi des petits jeunes, Grégoire Leprince-Ringuet, Anaïs Demoustier, Robinson Stévenin, Adrien Jolivet et le craquantissime Pierre Niney, adorable et très particulier serveur de café comme on aimerait en rencontrer dans la vraie vie...
Ancrée dans la réalité brutale cette nouvelle chronique marseillaise nous met en présence de Michel super héros ordinaire adorateur de Jaurès et des "comics". Il perd son travail à quelques années de la retraite. Sa vie et celle de ses proches en est bouleversée mais pas tant que ça finalement. Et puis, le réalisateur bifurque brutalement pour transformer son récit en fait divers sordide qui abîme et cabosse bien davantage que cette perte d'emploi. Il revient finalement à ce qui constitue souvent ses personnages : l'engagement politique, l'honnêteté, la loyauté, l'amitié et tout ce qui peut être remis en cause au cours d'une vie.
Alors, évidemment il y a de bons sentiments, mais pas seulement. Tout le monde n'est pas si bon sous le soleil de Marseille. Et quand bien même. J'aime ces personnages souvent lumineux, qui vacillent parfois mais qui gardent cette espèce de pureté, cette simplicité, cette naïveté même, loin du cynisme ambiant et qui restent fidèles à leurs idéaux. Cela ressemble à quelque chose comme l'utopie ou le rêve. En tout cas c'est bon, sincère, généreux, merveilleusement bien interprété.
Et si vous y arrivez, tenez donc votre mouchoir au sec tiens !