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jessica chastain - Page 2

  • TAKE SHELTER de Jeff Nichols **(*)

    Take Shelter : photo Jeff Nichols, Michael Shannon (II)Take Shelter : photo Jeff Nichols, Jessica ChastainTake Shelter : photo Jeff Nichols, Jessica Chastain, Michael Shannon (II), Tova Stewart

    Curtis semble posséder ce qu'il y a de mieux sur terre. Il est celui dont ses collègues disent "tu as de la chance !" Et effectivement, il a une femme superbe et aimante, une petite fille délicieuse, une jolie et grande maison, un bon boulot, des potes. La seule ombre au tableau pourrait être le handicap de sa fille, sourde et muette, mais sa femme et lui assument tellement et mettent tellement tout en oeuvre pour qu'elle soit une enfant comme les autres que rien ne pourrait assombrir le tableau. D'ailleurs ne sont-ils pas en attente d'ici quelques semaines d'une opération miraculeuse qui va permettre à la petite de se voir poser des prothèses auditives ? Cerise sur le crumble, Curtis a une excellente mutuelle !

    Fin de l'histoire ? Que nenni. Brusquement Curtis devient la proie de visions d'apocalypse : une terrible tempête menace la terre. D'épouvantables cauchemars qu'il juge prémonitoires confirment ses hallucinations. Mais Curtis se fout comme de l'an 40 de la fin du monde, ce qui le préoccupe uniquement c'est sa petite famille qu'il veut protéger. Dès lors et jusqu'à l'obsession il se met à aménager l'abri anti-tempête de son jardin, multipliant les dépenses, hypothéquant la maison, contractant un prêt, s'absentant du travail...

    "Take shelter" n'était pas loin d'être le grand film qui aurait justifié les termes de "magnifique", "vertigineux", "magistral" lus et entendus un peu partout. J'ai trouvé qu'il ne l'était pas car Jeff Nichols commet de fâcheuses erreurs qui nuisent au climat anxiogène du film qu'il avait pourtant réussi à installer dès les premières images. Dès le premier cauchemar de Curtis et alors que rien ne nous laisse supposer qu'il s'agit d'un cauchemar, le réalisateur nous rassure : ce n'est "qu'un" cauchemar, aussi terrible soit-il. A partir de là, dès que des situations nous paraîtront un tantinet hors normes, l'effet d'angoisse sera largement atténué. La scène où sa femme est seule trempée au milieu d'une pièce avec gros plans insistants sur un grand couteau de cuisine est à ce titre parfaitement ratée et ridicule. Il poussera même la maladresse jusqu'à nous faire sursauter en faisant apparaître des ombres imaginaires donc, devant une porte ou une fenêtre. C'est dommage. Même si on ne doute pas un instant que Curtis devienne de plus en plus dérangé dans sa tête par l'ouragan qui s'y installe, on ne tremble pas comme on aurait dû.

    Néanmoins, il reste le traitement souvent original d'un film de fin du monde qui voudrait en général que chacun prenne soin de chacun. Pas de héros qui veut sauver l'humanité et même s'il est seul contre tous à affirmer que la tempête approche, il ne cherche qu'à mettre sa femme et sa fille à l'abri. Pas d'altruisme exacerbé chez Curtis, le sort de ses semblables lui importe peu. L'autre grande particularité est que Curtis ne s'isole pas dans sa "folie". Il reste conscient des changements qui s'opèrent en lui et cherche à les comprendre. Il ne tarde pas à consulter son médecin qui le dirige vers une psychologue. Il rend visite à sa mère enfermée depuis 25 ans dans une unité de soins spécialisés pour schyzophrénie paranoïde (la totale !) et craint l'hérédité de ses troubles. Il finit par en parler à sa femme dont, autre surprise, l'amour et la compréhension sont infaillibles. Et malgré l'énergie qu'il met à s'en sortir, rien ne l'arrête dans l'aménagement de l'abri. On s'affole parfois de constater à quel point la femme de Curtis lui garde sa confiance et continue de lui confier leur petite fille si fragile et cela met heureusement un peu de stress dans une approche parfois trop lisse de ce qui devrait être terrifiant.

    MAIS, il reste les acteurs. La désormais parfaite mère américaine est une fois encore ici représentée sous les traits gracieux et doux de l'excellente Jessica Chastain. Et il y a Michaël Shannon, géant paumé et anéanti au visage de plus en plus tourmenté. Il incarne avec une intelligence rare les abîmes de perplexité qui peuvent ravager un homme brusquement rongé par un mal qui le domine et finit par l'envahir. Son impressionnant calme apparent, sa douceur contrôlée, ses larmes de panique, son unique scène de colère qui laisse tout le monde pétrifié sont la pièce maîtresse de ce film qui vaut surtout pour lui.

    La tempête extrême va t'elle survenir ou n'est-elle que le fruit de l'aliénation d'un esprit anxieux ? Il faut aller voir le film pour le savoir !

  • LA COULEUR DES SENTIMENTS de Tate Taylor *(*)

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    Dans les années 60, il ne fait toujours pas bon être noir dans l'Etat du Mississippi. Les demeures bourgeoises ressemblent toujours aux plantations d'Autant en Emporte le Vent (qui se passait en Georgie, merci). Elles sont habitées par des hommes souvent absents qui lisent leur journal à table et embrassent chaleureusement leurs épouses sur le front avant d'oeuvrer pour la grandeur de la bannière étoilée. Les femmes ressemblent à des poulettes oisives, fardées, laquées comme des limousines volées qui se donnent bonne conscience en oeuvrant pour des missions caritatives. Les enfants quant à eux sont élevés par des "mamas" noires dont la condition n'est pas très éloignée de celle de leurs grands-mères jadis esclaves. Pour quelques cents de l'heure, 10 heures par jour, 6 jours par semaine, elles s'occupent des petits, font le ménage, la cuisine, la lessive et subissent quotidiennement les affronts d'un racisme ordinaire. Skeeter jeune femme érudite qui rêve d'être journaliste et écrivain se met en tête de recueillir le témoignage de ces "bonnes" qui n'ont jamais la parole et se bat pour que le livre soit publié. D'abord réticentes, les femmes se rassemblent de plus en plus nombreuses pour tenter de faire des révélations surprenantes, amusantes, désolantes, émouvantes, révoltantes (et tous les adjectifs en "antes" que vous pouvez ajouter).

    Comme chacun sait ce film est tiré du roman éponyme de Katrhyn Stockett, best-seller mondial que j'ai lu et adoré. Je suis la première à dire qu'un livre et un film se consomment différemment et je suis toujours d'accord avec mon avis personnel que je partage. Selon moi, on peut aimer un film et pas le livre ou le contraire. Un film peut donner envie de lire le roman dont il est tiré -ça m'est arrivé à de nombreuses reprises- et un livre peut attiser l'impatience de découvrir son adaptation au cinéma. Sauf qu'ici, c'est très étrange, le film me semble fidèle à la virgule près à ce que j'ai lu mais alors que l'on tremblait à chaque page pour le sort de ces femmes noires qui se racontent à une blanche, elle-même obligée de se cacher pour les rencontrer, on est ici face à un exercice minutieux et appliqué mais sans âme. Il y a les gentilles noires d'un côté et les vilaines blanches de l'autre. Les aspérités, le tempérament revêche et indocile de Mimi par exemple sont complètement gommés pour en faire une grosse mama un peu ronchon certes mais plutôt bonne pâte. Ici elle a plutôt tendance à se faire copine avec sa patronne, la décérébrée Celia (excellente Jessica Chastain). Je ne vais donc pas faire un inventaire des plus et des moins et vous laisse découvrir ce film qui se voit sans ennui, mais sans passion, plein de bons sentiments et plutôt dénué d'insoummission.

    Par contre, comme dans le livre, j'ai été assez bouleversée par le sort de la pauvre petite Mae Moblee constamment rejetée, humiliée par sa mère qui ne peut partager ses toilettes avec une femme noire mais qui lui abandonne totalement sa petite fille. Et impressionnée par Brice Dallas Howard, teigne d'anthologie totalement méconnaissable ! Emma Stone quant à elle m'a bien déçue. Décidément, les actrices à 24 grimaces/secondes vont finir par devenir la règle à Hollywood et me rendre désagréable.

  • THE TREE OF LIFE de Terrence Malick**

    The Tree of Life

    Il y a du sublime et du grostesque, du merveilleux et de l'insupportable dans ce film d'un réalisateur chéri entre tous... mais le miracle de films passés tels que Badlands, La ligne rouge,  Le Nouveau Monde ou Les Moissons du Ciel ne se renouvelle pas ici. Loin s'en faut. Il ne reste au fond qu'un sentiment de grande frustration, de grande déception à la hauteur de ce que l'attente des films de ce réalisateur aussi mystérieux qu'envoûtant provoque. Et Vichnou sait combien de temps se passe entre chaque film de Terrence Malick qui n'en est qu'à son cinquième en 40 ans !!!

    Ici, il y a un père dominateur et tyrannique, une mère tellement évanescente qu'elle se met à voler et trois enfants dociles et inquiets qui rêvent d'être comme les autres. Tout le monde s'aime mais le père souhaitant le meilleur pour ses enfants et sa famille se montre d'une autorité et parfois d'une violence totalement injustifiées. Il terrorise sa femme et ses fils, l'aîné surtout qui, à l'âge àdulte et au moment de devenir père à son tour se sent perdu, plein de doutes et en proie avec des démons qui lui rendent visite sous la forme de souvenirs... Un drame épouvatable viendra par ailleurs bouleverser le cours des événements et chacun en viendra à s'interroger sur sa place et...hélas surtout sur l'incertitude de l'existence de Dieu de la façon la plus bêta naïve qui soit : si Dieu existe, pourquoi est-il si méchant ???

    Alors que se passe t'il ? Une certitude, Terrence Malick sait comme jamais et comme personne conquérir, enchanter et fasciner par sa façon incomparable, inouïe et sublime de filmer. De rendre chaque image unique et admirable. Mais dans quel but ? Pourquoi ? Que cherche à nous dire Terrence ? Trop de Requiem, de Lacrymosa enrobant un salmigondis religieux, un préchi précha mystico-dévot finissent pas lasser copieux. Un documentaire animalier d'au moins un quart d'heure sur les fonds marins enveloppé de musique sacrée a d'ailleurs eu raison des moins patients, vidant la salle d'une partie de ses spectateurs. La création du monde, des vues de la lune, de mars, de saturne et de ses si merveilleusement cinégéniques anneaux, quelques dinosaures dont un très facétieux donnent le sentiment d'approcher les visions psychédéliques d'un homme sous effets de plantes hallucinogènes ! C'est troublant, agaçant et parfois, oui, ridicule ! Alors, grande est la déception.

    Et pourtant, c'est beau, d'une beauté à couper le souffle parfois, tant la nature est toujours sublimée et le moindre brin d'herbe offert à l'adoration. Malick entretient sa légende comme personne mais à quoi carbure t'il ? A qui est destiné son poème psychédélique qui s'achève en rêve de métempsycose ? Pourquoi Terrence Malick s'évertue t'il à délaisser son pauvre spectateur, adorateur inconditionnel sur le bord du chemin tout en convoquant des stars (et non des moindres !) pour l'épauler dans son délire ? Trop exigent ou trop marginal, il se montre ici vraiment difficile à suivre, nébuleux jusqu'à l'extravagance. Alors qu'on est affamé à l'idée de ce qu'il pourrait nous offrir comme merveille à propos de l'enfance, de l'émerveillement d'un père qui découvre à la naissance de ses enfants, leur fragilité, leur beauté, leur dépendance... pourquoi nous gave t'il de cette macédoine dévote et illuminée ?

    Dans "The tree of life", il y a aussi les acteurs tout entier acquis à la cause. Brad Pitt ainsi que les enfants et notamment le "fils" qu'il tourmente le plus sont les seuls à apporter un peu de réalisme voire de réalité à l'histoire de cette famille texane. Jessica Castain est belle, insaisissable, fragile, aimante, Brad, de plus en plus solide à mesure qu'il vieillit. Et les rares scènes qui le réunissent à Sean Penn (son père dans le film...), les regards bouleversants qu'ils échangent, laissent imaginer quel film de folie ces deux là pourraient faire ensemble... Mais il y a aussi ici un jeune garçon qui bouffe littéralement l'écran, aimante la caméra et vampirise le film par sa présence, sa souffrance, son amour et sa révolte longtemps muette, il s'appelle Hunter McCracken et il est extraordinaire

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