Mouth to mouth d’Alison Murray * * * (Angleterre)
Sherry, gamine paumée en manque de repères et d’affection intègre le groupe SPARK dont le charismatique leader “recueille” à travers l’Europe des « chiens perdus sans collier » comme elle. Fouillant les poubelles ou mendiant pour se nourrir, ce groupe rejoint le Portugal où ils vont vivre et travailler dans une propriété vinicole. Rapidement Sherry va prendre conscience des dérives sectaires (viol à peine dissimulé, rasage du crâne en signe d’appartenance, confiscation des biens personnels, punitions sadiques etc…) de cette communauté et tenter de s’en échapper.
C’est de loin l’un des films les plus maîtrisés de cette compétition, qui a d’ailleurs obtenu le Grand Prix du Jury, le prix de la Meilleure Musique et le prix des Lycéens. Il est porté par une jeune actrice sidérante Ellen Page mais aussi par un récit âpre, douloureux et dérangeant qui n’élude pas les épisodes vraiment perturbants comme la mort d’un enfant qui donne lieu à une scène chorégraphiée bouleversante avec un autre acteur « habité » Maxwell McCabe Lokos.
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Kissed by winter de Sara Johnsen * * * (Norvège)
Victoria, solitaire et énigmatique, se consacre entièrement à son métier de médecin de campagne. Elle vit seule et se trouve associée à une enquête concernant le mystère de la mort d’un jeune homme dont le corps a été découvert enseveli par la neige. Cette mort la ramène à ses propres démons qui la hantent et notamment la mort de son enfant.
Si l’on écarte l’histoire d’amour improbable et à côté de la plaque qui arrive incongrue comme un cheveu sur la soupe, les thèmes forts abordés ici m’ont particulièrement émue, voire bouleversée : la maternité, la culpabilité et le deuil. L’actrice solide et sobre ne joue pas avec notre émotion en essayant de se rendre sympathique à tout prix. Quant aux paysages enneigés de Norvège ils sont un atout supplémentaire à l’atmosphère parfois envoûtante voire inquiétante du film.
Aleluyah une fois encore (mais par Jeff Buckley cette fois) !!!
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L’audition de Luc Picard * * (Québec)
Le rêve de Louis est d’être acteur. Il vit avec une délicieuse poupée Suzie. Ils sont fous l’un de l’autre mais le boulot de Louis (agent de recouvrement aux méthodes musclées) font que Suzie n’ose lui avouer qu’elle est enceinte. Peut-on élever un enfant dans ce climat de violence ? Par ailleurs, Louis, pistonné par une cousine, doit passer une audition. Il répète inlassablement une scène (très belle, où il est question de paternité, de filiation) avec un acteur célèbre.
Entre drame et comédie, ce film hésite mais les rapports « tarentinesques » de Louis et de son complice (sorte de demeuré impassible), le savoureux accent québécois, la belle prestation des comédiens, le mélange d’humour et d’émotion m’ont emportée… malgré les quelques minutes de fin vraiment grotesques…
Notons également qu’effectivement quand on a des problèmes de couple, Léonard Cohen et son Alleluyah ne débarquent jamais opportunément pour les résoudre !!!
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Look both ways de Sarah Watt * * (Australie)
Un jour d’été caniculaire, un tragique accident de train perturbe une petite ville. Quelques personnages vont se croiser et tenter de résoudre leurs problèmes existentiels. Meryl (qui voit la mort partout) est témoin d’un accident, Nick photographie le lieu de l’accident et apprend le même jour qu’il est atteint d’un cancer, Andy est journaliste, il doit affronter son ex femme, assurer la garde (occasionnelle) de ses enfants et faire face à une nouvelle paternité, Julia essaie de surmonter la douleur de la mort de son mari…
Tous ses personnages sont confrontés de près ou de loin à la mort, à la solitude, au deuil, à la paternité… et la réalisatrice intègre judicieusement des scènes d’animation (dont la violence aurait été insupportable en images réelles) dans son récit. C’est parfois dramatique, parfois drôle. On se laisse emporter par l’histoire et par ce film d’autant plus qu’ils nous viennent d’un continent qu’on connaît si peu !
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Judios en el espacio * * de Gabriel Lichtman (Argentine)
Santiago retrouve sa cousine Luciana qu’il aime depuis l’enfance et qu’il n’a pas revu depuis 15 ans. Les membres de la famille éclatée et pleins d’animosité les uns envers les autres essaient sans succès de se réunir autour du grand-père, personnage dépressif, suicidaire et acariâtre. Les deux cousins vont tenter d’organiser un repas de fête le jour de la Pâque Juive comme au temps de leur enfance dans l’espoir d’une grande réconciliation.
Chronique familiale douce amère, ce film tendre, drôle et charmant m’a touchée parce qu’il est sincère, sans prétention et attendrissant.
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Il vento fa il suo giro de Giorgio Diritti * (Italie)
Philippe, berger français s’installe avec sa femme et ses deux enfants dans un petit village des Alpes italiennes. D’abord accueilli chaleureusement, Philippe est rapidement confronté aux problèmes de communautarisme, des traditions ancestrales, de l’intégration et de la solidarité.
Ça commence plutôt bien, entre docu-fiction et « Padre Padrone » on se laisse embarquer par cette chronique rurale qui semble plus vraie que nature. Très rapidement, il nous faut faire face à plusieurs problèmes de taille : une historiette d’amour absolument « abracadabrantesque », le jeu approximatif de certains acteurs et une erreur de casting monumentale en la personne de la femme du berger (dont j’ai appris par la suite qu’elle avait été choisie pour ne pas faire d’ombre au héros… aucun risque). Au final, il ne me reste que cette amère constatation : la bêtise, la méchanceté et l’intolérance ont encore de belles heures devant elles.
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La part animale de Sébastien Jaudeau * (France)
Etienne travaille dans une exploitation agricole où il est chargé de masturber les dindons pour en assurer la reproduction.
Ce travail insolite perturbe sa femme en particulier et tout le monde en général. Confronté à cette tâche très particulière chacun va révéler la part d’animalité qui est en lui et qui se résume en sexe et violence ! Trop de vide entre les pleins, je n’ai pas aimé et rien compris à ce film qui parfois nous gratifie d’une belle séance diapos avec des plans superbes de la nature en automne… Ce n’est pas non plus le jeu outré de Anne Alvaro et le visage poupin de Sava Lolov qui emporteront mon adhésion. Néanmoins, ce film a obtenu le Prix Spécial du Jury.
MAIS, comme je ne peux me résoudre à détester, je dirai que Niels Arestrup (ogre qui vampirise l’écran) est IMMENSE (ce qui n’est pas une surprise) !
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Ping Pong de Matthias Luthardt * (Allemagne)
A noter que ce premier film (film de clôture du Festival, hors compétition) est sorti en salle.
Paul récemment orphelin de père, débarque chez son oncle, sa tante et leur fils Robert. Il n’est pas le bienvenu, d’où l’importance de ne jamais lâcher cette phrase à tort et à travers : « tu viens quand tu veux ». Paul est attiré par sa tante Anna qui devient son initiatrice. C’est une belle jeune femme autoritaire, hystérique et… amoureuse de son chien. Paul est amoureux mais Anna l’utilise. Robert, le fils, jeune homme alcoolique prépare une audition pour le conservatoire (des séances de répétition d’une sonate de Berg virtuose rythme le film), l’oncle part en voyage d’affaires… l’ambiance s’alourdit, le vernis éclate, le drame peut se jouer.
Quatre personnages antipathiques, une issue prévisible, des scènes répétitives m’ont verrouillé l’accès à ce film à côté duquel je suis complètement passée.