FESTIVAL ANNONAY 2012
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INTERNET C'EST SUPER CHOUETTE !
s'est écrié mon voisin de gauche au ptit déj' après avoir découvert un site de récupération de photos pour les nuls ceux qui auraient cliqué sur "supprimer" en voulant charger les photos !!! Et voilà, nous avons récupéré les photos et vidéos de l'appareil. C'est dingue non ? Il ne nous reste plus qu'à ouvrir le ventre de l'ordinateur qui est décédé pendant le Festival et le meilleur des mondes portera bien son nom !
Reprenons donc.
Bilan de cette année : 18 290 entrées (sachant que la ville d'Annonay compte un peu moins de 17 000 habitants !).
FESTIVAL INTERNATIONAL DU PREMIER FILM D'ANNONAY
LA SOIREE DE CLÔTURE.
Le théâtre se remplit peu à peu.
Marianne, Directrice de la MJC organisatrice du Festival déclare la cérémonie ouverte et empêche les officiels de faire leurs lénifiants discours, gloire à elle :
avant d'être kidnappée par un gorille :
Les deux Gaël(le) (Directeur artistique à droite, Chargée d'Organisation à gauche) toujours partants pour la déconne animent la soirée :
Le groupe Maria Magdalena assure avec talent et énergie les transitions musicales :
And the winners are :
Le réalisateur irlandais Darragh Byrne :
Le jury des lycéens présidé par Tiffany Tavernier :
Le réalisateur marocain : Hicham Lasri :
Le prix de la meilleure musique à "All that remains" de Pierre-Adrian Irlé, Valentin Rotelli - Suisse :
Le jury et son président Raphaël Jacoulot :
Le grand prix est attribué à "Roméo Onze" de Ivan Grbovic - Canada.
C'est l'acteur principal du film Ali Ammar qui reçoit le prix :
Et pour finir, quelques clichés de cet endroit incroyable où l'on se sent si bien, décoré comme chaque année par l'Essaim de Julie :
Une librairie totalement démente, "La Parenthèse" :
Rendez-vous pour le 30ème :
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FESTIVAL INTERNATIONAL DU PREMIER FILM D'ANNONAY
L'heure des bilans et des statistiques a sonné. Ding dong ! J'ai vu 30 films. Je ne vous ai pas parlé de "17 filles", de "Roméo Onze", de "Au cul du loup", de "All that remains", de "Nana" et de son étrange réalisatrice entre autre. J'ai rédigé 18 articles (c'est Mouche qui a compté, pas moi) pour la Feufeuille et j'ai adoré ça. Fabienne m'a aidée à alléger mon style lourdingue. J'aime bien. Il me manque 248 heures de sommeil (je suis mûre pour la photo Harcourt, LDP private joke inside, pardon). Je n'ai pas pu accéder au cinéma deux fois pour voir "Le cochon de Gaza" et une autre fois pour un film que j'ai pu programmer plus tard car les séances sont complètes. Cette ville est folle et follement cinéphile. Je n'ai pas envie de rentrer. Pas envie de travailler. Je veux rester enfermée dans une salle de cinéma. J'aurais adoré vous montrer des photos de la formidable soirée de clôture où les discours officiels étaient INTERDITS pour laisser place exclusivement au cinéma, aux images, à la musique, à l'émotion. J'ai pleuré quand Ali Ammar a reçu un prix. Je pleure facilement car je suis fatiguée et triste car ces 10 jours sont déjà terminés. C'est la première fois que je vis le festival du début à la fin. Je suis addict, je ne peux plus m'en passer. Je ne peux vous montrer les photos et les vidéos de la soirée car au moment de les charger j'ai cliqué sur "supprimer" et pas "copier". Quand je vous dis que ce Festival rend fou ! Vous pouvez trouver certainement des photos, des comptes rendus, des vidéos (il y en a même une où Mouche et moi chantons (cte honte)... il faut chercher :-) celui qui trouve gagne mon estime) sur le site du Festival.
Il y a des gens aussi ici qui font que ce Festival est CE Festival et pas un autre. Les réalisateurs et les acteurs n'en reviennent pas eux-mêmes. C'est le SEUL festival disent-ils où ils se retrouvent à la même table que d'autres réalisateurs, ils échangent entre eux mais aussi avec le public, en permanence et ils n'ont qu'une idée, revenir ! Ce festival est différent parce qu'il est chaleureux même quand il fait moins 8. Il ne se prend pas au sérieux et pourtant il est d'une qualité exceptionnelle. La presse ne se déplace pas pour en parler parce qu'Annonay c'est le bout du monde... après Lyon c'est une galère sans nom pour y arriver et évidemment prendre un train et un bus ce n'est pas assez glamour. Mais c'est simple : Annonay se mérite !
Et puis il y a des gens que j'aime ici Gaël et Florence. Et tous ceux que j'aime retrouver ou que j'ai rencontrés : Fabienne, Eve, Gino, Evelyne, Marianne, Gaëlle, les deux Chloé, Fréd, Rachel, Patrick, Philippe...
PALMARES
Grand Prix du Jury
Roméo Onze - Ivan Grbovic - CanadaPrix Spécial du Jury (mon préféré de cette sélection)
l’Amour et Rien d’Autre (Über uns das All) - Jan Schomburg - AllemagnePrix du Public
Parked - Darragh Byrne - IrlandePrix des Lycéens
The End - Hicham Lasri - MarocPrix de la Meilleure Musique de film
All that Remains - Pierre-Adrian Irlé, Valentin Rotelli - SuisseLe joli jury de cette année avec à gauche Tiffany (fille de) Tavernier et à droite en haut Mister President Raphaël Jacoulot (responsable du merveilleux "Avant l'aube").
Ma copine, la dame de l'Hôtel du Midi me prie de bien vouloir quitter les lieux... je vous joindrai donc d'autres photos dès que je serai de retour vers une connection digne de ce nom !
See U.
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HAPPY BIRTHDAY
Le thème du festival étant cette année "L'Aventure", il a été demandé à certains couples bénévoles du Festival de parler de leur AVENTURE amoureuse. C'est la nôtre qui paraît en dernier. Et en plus c'est l'anniversaire du Warrior Mouche. Photo prise par Rachel et mise en scène par Gaël Labanti à la mode Gone With The Wind.
Pascale et Hervé : Cinéma Paradisio !
La vérité si je mens, lorqu’Hervé est entré dans La Firme, il se sentait Seul au monde. Pascale s’ennuyait ferme dans The Shop around the corner : Belleville Story. Lorsqu’elle aperçut Hervé ce fut une véritable Rencontre du Troisième type (oui, elle avait connu deux types auparavant dont un Gerry et un Crebinsky, mais ça n’avait pas compté). Hervé quant à lui, pensait que La vie n’est pas un long fleuve tranquille. Son seul credo : « J’aime regarder les filles ». Mais en apercevant Pascale, il se dit : «je vais lui faire une Proposition Indécente qu’elle ne pourra pas refuser ». Elle semblait Tombée du ciel, il succomba à La joie de vivre de cette Nana. Ce Sauvage, ce Cochon de Gaza avait déjà connu 17 filles par le passé. Sans qu’ils le sachent l’un et l’autre, leurs Corps impatients brûlaient des mêmes Incendies. Il l’emmena à la patinoire. Lui, tel un Funambule On the Ice l’entendit fredonner Poupoupidou pour la première fois et s’exclama comme à l’accoutumé « Par mon Totem ! Avant l’Aube cette Princess Bride verra le Cul du loup » !!!
Dès lors, ce fut l’Amour et rien d’autre.
Plus tard, alors que dans un souffle elle lui murmurait : « Mon Master and Commander » où irons-nous pour notre lune de miel ? ». Il lui répondit : « En Sibérie, Mon amour ou en Americano si tu préfères ! ». Dans leurs Carnets de voyage, ils consignèrent leur Grand’Tour entrepris en Cheval de Fer. C’est sur le Circuit Carole qu’il lui révéla le Secret de la Pyramide et des Poignards volants. Au retour ils emménagèrent Rue des Cités et leur voiture fut Parked sous Las Acacias. The girl next door (leur voisine de pallier) Louise Wimmer, allias la Tueuse leur conseilla de postuler en tant que jury de cinéphiles au Festival International du Premier Film d’Annonay. « 7, 8, 9… Boniface » s’exclamèrent-ils en un cri de Délivrance ! Qui sème le vent récolte l’Aventure.
Depuis 2005, ils sont Les Adoptés du Festival à tel point que cette année ils ont rejoint l’équipe des rédacteurs de Feufeuille la Tulipe !
The End.
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MASTER AND COMMANDER de Peter Weir
FESTIVAL INTERNATIONAL DU PREMIER FILM D'ANNONAY
A L'AVENTURE
Si l'on vous demandait d'élire votre film d'aventures préféré, que répondriez-vous ? En ce qui me concerne, je citerais celui-ci que je compte parmi les plus grands films vus dans ma vie. Mon statut de cinéphile laisse songeur certains mais je m'en contrefiche j'assume. Quel bonheur ce fut donc qu'il soit programmé dans la section parallèle "A l'aventure" de cette année et de pouvoir le revoir sur grand écran. Ce fut un éblouissement car ce film, je ne crains pas de le dire, est parfait, indémodable, intemporel et ne vieillira jamais.
En 1805, la flotte britannique résiste à Napoléon, Maître de l'Europe. Jack Aubrey, dit Lucky Jack a pour mission de capturer le galion français "L'Acheron" qui répand la guerre à travers toutes les mers du globe. Le Capitaine de l'HMS Surprise fait l'admiration de ses hommes, officiers et matelots. Ils lui obéissent aveuglément tant ils le respectent. A bord du navire se trouve également un médecin naturaliste, le Docteur Stephen Maturin, meilleur ami de Jack. Ils partagent une passion commune pour la musique et s'y adonnent régulièrement, Jack au violon et Stephen au violoncelle. Les deux hommes s'aiment et s'admirent mais s'opposent régulièrement. Le Capitaine se montre souvent intraitable dans sa manière de conduire ses hommes au combat. Le médecin répugne à prendre les armes et préfère souvent la compagnie des animaux chez qui il ne trouve ni mépris ni humiliation. Leurs désaccords ne font néanmoins que renforcer leur solide amitié et finalement chacun veille sur l'autre.
Du Brésil aux mythiques îles Galapagos et au Cap Horn, affrontant des froids polaires et des chaleurs accablantes, les hommes de la Surprise suivent leur capitaine jusqu'au bout du monde. Et pourtant son ami lui fera le reproche de confondre devoir et vanité. Sa poursuite du navire français devient obsessionnelle au point de mettre parfois la vie de l'équipage en péril.
Film d'époque et de combats orchestrés selon les brillantes tactiques militaires du Capitaine, la réalisation de Peter Weir nous en met plein la vue au cours de combats spectaculaires. Mais ce film ne serait pas si grand s'il se contentait d'enchaîner les scènes d'action, aussi géniales soient-elles. La profondeur du propos, des rapports et des liens qui unissent les deux personnages principaux (mais pas seulement) en font aussi un film qui évoque les rapports humains, d'amitié, maître/élève, la superstition, le courage, la lâcheté. L'audace du réalisateur tient au fait d'avoir placé au coeur de son film la relation extraordinaire qui unit deux hommes. Mais aussi d'avoir choisi Russel Crowe massif, gladiateur, chef indiscutable et de le rendre d'une délicatesse inouïe dès qu'il prend son violon. Les scènes où Paul Bettany et lui jouent des morceaux baroques sur leurs instruments pendant que les hommes s'activent sur le pont sont d'une beauté incroyable. Inoubliable.
La scène dans laquelle le médecin dit au capitaine "Je ne pourrai jamais vous rembourser cette dette" est selon moi un summum d'émotion qui m'a une nouvelle fois touchée en plein coeur...
Russel Crowe et Paul Bettany sont ici dans leur meilleur et plus beau rôle, et la musique est extraordinaire.
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THE END de Hicham Lasri
FESTIVAL INTERNATIONAL DU PREMIER FILM D'ANNONAY
FILM EN COMPETITION - MAROC
Mikhi a d'étranges occupations. Chaque nuit il se rend à l'endroit où les flics brûlent les saisies de cannabis. Il consomme donc gratis et profite des effluves. Il est aussi l'ami, l'indic', le protégé du flic local autoproclamé "le pitbull du système". Enfin, il est amoureux d'une beauté, Rita, jeune fille pas bien finie dans sa tête et "protégée" par ses frères qui ne veulent pas qu'elle leur échappe. Rita et Mikhi rêvent de s'aimer, de faire des enfants, de vivre ensemble !
Dire que ce film est un ovni n'est pas exagéré. Le noir et blanc est magnifique et les inventions visuelles abondent : écran large, multiples plans à la grue, à l'envers, au ralenti, volutes quasi permanentes... Les personnages très cinégéniques font très bien dans le décor, notamment la jolie Rita, sorte de poupée manga japonaise enchaînée qui déambule comme un automate. Mais cette surabondance d'effets finissent pas lasser et nuire au déroulement de l'histoire qui s'éternise parce que le réalisateur a tendance à se répéter.
Cela dit, mon voisin de gauche a eu un immense coup de coeur et souhaite pouvoir le revoir d'ici la fin du festival... Ce n'est donc QUE mon avis. Néanmoins, le dernier quart d'heure, plus tourné vers le polar trash avec vengeance du même métal m'a réveillée de cette contemplation nombriliste qui commençait à me paraître un peu vaine.
Et puis j'ai adoré l'explication marketing du graphisme du de Mac Donald's : "les hommes l'aiment car il ressemble à des fesses, et les marocains aiment le cul. Les enfants l'aiment parce qu'il ressemble aux seins de la mère nourricière".
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LE FESTIVAL HORS CHAMPS !
Comme je vous l'explique dans une vidéo qui fera date... mon ordinateur portatif portable de poche a rendu l'âme tout à coup soudainement dans la nuit de jeudi à vendredi. Oui, je vais au cinéma le jour, j'écris la nuit. Je suis devenue une spice de zombie à qui il manque 192 heures de sommeil, mais ce n'est pas grave. Nous avons donc TOUT perdu, les photos, les vidéos... (sans compter le journal du Warrior qu'il avait écrit là où vous savez et d'autres choses encore...) bref tout ce que j'avais "chargé" depuis mon arrivée à Annonay. Passons...nous nous sommes rendus à Davézieux et avons acheté un nouvel ordinateur, plus grand, plus noir, TOUT NEUF ! Le monsieur du magasin fut très compréhensif et a pris sur son temps de déjeûner hier pour me paramatrer et me configurer un bel ordinateur en parfait état de fonctionnement. Je lui ai dit "c'est bien beau tout ça. Un petit régime ne te fera pas de mal mon Philou (il s'appelle Philippe), mais je fais comment avec toutes les photos et tout ça que j'ai perdus ?". Ce à quoi il m'a répondu que pour les miracles fallait s'adresser directement à qui vous savez !
Je vais essayer de prendre le temps de reprendre des photos pour vous montrer Annonay sous le soleil, par moins 10, by night etc, mais je promets rien. On est déjà dimanche et... bref ça commence à se terminer ! Je sais que vous appréciez par dessus le live, alors voilà... mais vous ne m'y reprendrez plus.
Ensuite, votre Warrior vous présente "L'Etape", le lieu de convivialité avant le rush des festivaliers (c'était le matin). Il s'agit d'un endroit chaque année de plus en plus magique. Les vidéos ne lui rendent pas vraiment honneur car en vérité si je mens, c'est un endroit merveilleux. Je tâcherai de refaire une petite vidéo quand il y aura du monde et de la vie à l'intérieur. -
L'AMOUR ET RIEN D'AUTRE de Jan Schomburg
FESTIVAL INTERNATIONAL DU PREMIER FILM D'ANNONAY
FILM EN COMPETITION - ALLEMAGNE
Parfois l'amour est une évidence. Aimer l'autre, être avec lui, se réjouir de ses succès, le soutenir lors de ses échecs, le suivre sans hésitation pour redémarrer une autre vie ailleurs, encore meilleure, forcément, sont les seules réalités quotidiennes. Nul doute ne peut ternir le tableau idyllique et idéal. Erreur. Un mauvais jour, le destin, le sort ou la fatalité s'abat et c'est la stupeur, l'incrédulité. La personne à nos côtés depuis des années n'est pas celle que l'on croyait. En plus d'avoir à surmonter le désastre de perdre l'être qu'elle aimait le plus au monde, Martha se heurte à un mur d'incompréhension infranchissable et à une douleur inattendue. Sans explication Paul disparaît et tout ce qu'elle découvre peu à peu la force à admettre quel étranger mystérieux et incohérent il était. Un imposteur, un mythomane ?
Au lieu de sombrer dans un chagrin logique, voire commode pour l'entourage, Martha va étrangement, amoureusement réagir, à cause ou grâce à une mèche de cheveux... A la lisière de la folie et du fantastique, cette femme déconcertante mais irrésistible refuse de se laisser abattre.
Sandra Hüller, actrice absolument fascinante au visage multiple est capable dans un même plan d'exprimer tous les sentiments ou sensations que traverse son personnage, le bonheur, la colère ,la force et la vulnérabilité.
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AVANT L'AUBE de Raphaël Jacoulot - Président du Jury
FESTIVAL INTERNATIONAL DU PREMIER FILM D'ANNONAY
L’ouverture de « Avant l’aube » évoque « Shinning » ? Raphaël Jacoulot confirme : « il n’y a aucun hasard dans un scenario ».
Belle entrée en matière de la part de celui qui endosse cette année le rôle de Président du Jury. Selon la tradition le jeudi à 18 H 30 est présenté au cinéma les Nacelles un film du Président. Nous pouvons donc découvrir ou revoir puisque ce film est sorti en 2011 « Avant l’aube » de Raphaël Jacoulot.
A la fois humble et ambitieux différent et palpitant, le film de Raphaël Jacoulot impose d’emblée une ambiance propice au polar qu’il est : le froid et la neige. La subtilité de la réalisation et de l'interprétation le rendent différent et palpitant. L'introverti Frédéric (l'intense et fiévreux Vincent Rottiers toujours au bord de l'implosion) va peu à peu relever la tête et sans doute croire en l'avenir grâce à son patron sincèrement touché par sa loyauté, désintéressée ou pas. Tendresse et fascination vont réunir les deux hommes, le patron et l'employé jusqu'à ce que l'enquête policière avance. Mais la France d'en bas ne peut côtoyer celle d'en haut sans dommages et Raphaël Jacoulot le démontre de façon implacable et avec maestria. Et c'est sinistre, cynique et répugnant cette bourgeoisie compatissante, faussement charitable, toujours encline à ces petites bassesses et mesquineries ordinaires et qui verse des larmes de crocodile sur son propre malheur. Il est difficile de ne pas penser à Chabrol pour la peinture au vitriol de ces petits bourgeois imbus d'eux-mêmes et condescendants. Mais le réalisateur se démarque néanmoins du maître en osant des hors champs et des ellipses où d'autres se seraient sans doute montrés trop explicites. Ce ne sont pas les grands discours ni même l'action qui rendent ce film encore plus intense, mais bien ses silences, les regards des uns et des autres, la façon dont tous s'observent de loin avec hypocrisie ou violence.
Si la confrontation patron/prolo des rôles de Bacri, tendu, hésitant et Rottiers avec sa gueule de coupable idéal chemine vers un échec, on ne peut en dire de même de la rencontre des deux acteurs qui impriment au film leur forte personnalité tout en profondeur et subtilité.
A l’issue de la projection, nous pouvons faire plus ample connaissance avec le réalisateur et échanger avec lui à propos du film et de sa carrière. Ses influences se sont construites au fil des années. Il a grandi en découvrant des cinéastes qui l’impressionnent et le nourrissent. Son premier film « Barrage » passé hélas inaperçu auscultait les rapports mère/fils et rôdait à la lisière du fantastique. « Avant l’aube » est un polar qui se concentre sur les rapports père/fils. « Ce genre m’intéresse particulièrement nous précise Raphaël Jacoulot, car il me permet d’étudier les personnages et leur complexité, les placer dans des situations d’urgence et observer leurs réactions. Comment un personnage parvient-il à s’immiscer au centre d’un conflit ? » Ici, le personnage de Vincent Rottiers tente de « s’élever » et d’échapper à son milieu. Mais l’idéal dont il a rêvé va se révéler nocif et l’hôtel où tout se joue est un piège qui va se refermer sur lui. Tout le film est construit sur des rapports de classes sociales et les tentatives de rapprochement des différents milieux représentés. Au-delà de ce contexte, le rapport entre le père et le fils est tellement abîmé qu’en situation de crise, leurs réactions ne seront jamais les bonnes.
En ce qui concerne les acteurs, le réalisateur précise qu’il a écrit le rôle pour Vincent Rottiers chez qui il trouve une véritable force d’incarnation. Pour le rôle du patron de l’hôtel, son choix s’est révélé en cours d’écriture. Raphaël Jacoulot rêvait d’un acteur comme Jean Yanne et c’est Jean-Pierre Bacri qui s’est naturellement imposé « comme une évidence à cause de l’image qu’il véhicule ». On retrouve au début le Bacri qu’on connaît et qu’on aime, bougon, autoritaire et sanguin. Mais le réalisateur a réussi à jouer avec cette image, à amener l’acteur vers autre chose. « Il s’humanise et réalise un travail d’orfèvre dans l’ambiguïté ».
Pour finir, Raphaël Jacoulot insiste : « plus que la résolution de l’intrigue du polar, il est intéressant de construire le rapprochement possible même s’il va jusqu’à l’échec de la relation entre Frédéric et Jacques. Ces deux là auraient dû être père et fils mais on aboutit finalement à l’éloignement, à l’arrachement des deux personnages »
Devant la qualité de cette trop brève rencontre, on ne doute pas un instant que les membres du jury ont cette année la chance d’avoir un Président enthousiaste, cinéphile, attentif. Les débats risquent d’être passionnants.
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CREBINSKY de Enrique Otero
FESTIVAL INTERNATIONAL DU PREMIER FILM D'ANNONAY
FILM EN COMPETITION - ESPAGNE
Deux frères russes, Feodor et Mijail s’élèvent tout seuls en bord de mer. Leurs parents sont morts après avoir reçu un arbre sur la tête. Normal c’est fréquent. Les deux enfants devenus adultes ne brillent pas particulièrement par leur intelligence. Ils sont parfaitement déconnectés du monde qui les entoure mais ont développé un sens de la débrouille hors normes et un art de récupérer les objets que la mer crache sur le rivage pour en confectionner d’autres encore plus zarbis.
L'histoire ? Comment vous la raconter sans vous donner la migraine ? Nous sommes vraisemblablement dans les années 40 puisque sur la plage Mijail et Feodor découvrent un pilote nazi mort. Mais il y a aussi une vache qui répond au doux nom de Mushka et qui marche pour rejoindre ses propriétaires morts. Un des frères la prend pour modèle pour une sculpture. Il y a un gardien de phare, des pigeons voyageurs, des américains dans un sous-marins qui veulent débarquer, des Allemands qui cherchent le pilote disparu, une chanteuse, Loli Marlen... et si j'en oublie pardonnez-moi.
Toute cette humanité se mélange joyeusement. Kusturica n'est pas bien loin mais tout ce grand bazar burlesque m'a semblé un peu vain !