Cortex de Nicolas Boukhrief **
Charles Boyer est un flic à la retraite. Il intègre une clinique qui accueille des personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer dont il souffre également. Les prétendues morts accidentelles qui perturbent l’établissement alertent Charles qui ne croit pas à la version expéditive et rassurante du personnel de l’hôpital. Muni de son cahier, il va mener sa propre enquête.
Il s’agit un peu de la version (pas drôle) du récent et excellent « Vous êtes de la police ? » de Romuald Beugnon, où un pensionnaire (ex-flic) se chargeait également de résoudre l’énigme de morts suspectes. Ici, le lourd handicap de la perte de mémoire de l’enquêteur lui complique particulièrement la tâche.
Je n’ai jamais vu de malades souffrant d’Alzheimer mais on a parfois davantage l’impression d’être dans un hôpital psychiatrique tant les pensionnaires ont l’air absent et drogué et, si ce n'est quelques accès de violence, agissent pour la plupart comme de « doux dingues »... Cette réserve étant faite, j’ai par contre trouvé que la description du personnel médical était en tout point conforme à ce que j’en connais : faussement bienveillant, blasé par la souffrance, infantilisant, rongé d’ambition et convoitant la place de l’autre…
La plus grande réussite de ce film-enquête paranoïaque et anxyogène réside évidemment dans son casting. Quelques « malades » font « leur numéro » : Aurore Clément et Marthe Keller, douces, magnifiques et solaires mais c’est André Dussolier qu’on ne quitte pas d’une semelle qui est magnétique. Son regard inquiet, parfois inquiétant, d'autres fois affolé lorsque le piège commence à se refermer sur lui, son beau visage comme taillé à la serpe, son obstination, son désarroi valent le déplacement pour ce film qui curieusement manque un peu de mobile…