Le rêve de Cassandre de Woody Allen ****
Ian et Terry, deux frères aussi différents que possible mais complices comme les doigts de la main (oui madame !) s’offrent une folie bien au-dessus de leurs moyens : un voilier qu’ils baptisent « Le rêve de Cassandre », quelle idée, je vous demande un peu ! Non seulement ils s’endettent jusqu’au cou et même au-delà mais Terry, joueur invétéré perd une fortune aux cartes. Comment rembourser ces dettes ? Un providentiel oncle d’Amérique propose de les aider en échange d’un "petit" service : assassiner un associé gênant…
Si trilogie londonienne il y a, cet opus est pour moi le meilleur. Cette mécanique bien huilée qui fait monter la pression et la tension jusqu’à un final surprenant (oui, je me laisse encore surprendre au cinéma, en poussant des oh et des ah !!!) digne d’une tragédie antique prouve à quel point Woody Allen peut encore et toujours se renouveler laissant le spectateur littéralement scotché à l’écran. Comme d’habitude les personnages pensent tout haut et les dialogues en cascade même s’ils ne font pas éclater de rire à chaque réplique sont savoureux. Par ailleurs, Woody a eu le génie supplémentaire de s’entourer d’un duo d’acteurs (des garçons, c’est étonnant) formidables dont le plus tordu n’est pas celui qu’on aurait pu croire. Ewan Mc Gregor inspire confiance sous des dehors lisses de premier de la classe mais il cache des trésors de cynisme et d’immoralité. Quant à Colin Farrell admirablement dirigé, prouve enfin quel acteur il peut être. Bombe à retardement, barbe et ongle crades, il intériorise, il est à fleur de nerfs et laisse parfois exploser ses angoisses et ses remords. Rongé de culpabilité et de désarroi, il est extraordinaire.
Captivant et surprenant, filmé avec élégance, et même si je regrette toujours l’absence de Woody acteur, ce film, une totale réussite, est celui d’un jeune homme !