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magnolia

  • MAGNOLIA de Paul Thomas Anderson****

     « Magnolia » était une fleur, c’est devenu un vertige.

    « Magnolia » est un film « choral », exercice cinématographique périlleux, mais celui-ci aboutit. Aucune histoire n’est oubliée en chemin et ici, pas moins de neuf personnages croisent et entremêlent leurs destins. Chaque histoire, cocasse, drôle, émouvante, bouleversante, mais toutes passionnantes, aurait pu faire l’objet d’un film et pourtant à aucun moment P.T. Anderson ne s’égare, délaissant ou privilégiant l’une ou l’autre. Il conserve tout au long de son récit une limpidité absolue sans oublier de surprendre, malmener, ébouriffer le spectateur médusé, déconcerté et consentant.

    Le montage kaléidoscopique, rythmé et énergique est emporté par une caméra virtuose qui transporte dans un tourbillon d’émotions et de sentiments.

    La musique lancinante, envahissante ajoute au trouble permanent, à la tension constante.

    Et puis, en plein milieu de ce long film jamais trop long : une scène, LA scène sublime où tous les personnages dispersés aux quatre coins de la ville fredonnent la même chanson, « Wise up » d’Aimee Mann. C’est un instant de calme et de douceur, d’abandon, de réflexion suspendu dans la tourmente. C'est ici que même le spectateur peut prendre le temps de se reposer avant de repartir vers le tumulte.

    Les thèmes abordés sont forts et universels : l’amour, l’amour filial, le remord, la rédemption, l’inceste… et là encore P.T. Anderson qui n’a aucune pitié, mais beaucoup de respect, pour son spectateur, le secoue sans ménagement comme un shaker.

     Les acteurs ne sont pas négligés dans cette agitation et offrent TOUS une partition haut de gamme. Le cabotinage n’est pas toujours désagréable quand il est maîtrisé et de ce niveau.

    Tom Cruise est parfait, il ne sauve pas le monde. Il est d’abord ignoble, suffisant et pourtant drôle, puis il se décompose sous nos yeux pour s’effondrer finalement, enfin humain, enfin apaisé. Magnifique.

    Philip Seymour Hoffman d’abord mystérieux puis généreux offre une composition superbe d’une humanité bouleversante. Il est le seul acteur que je connaisse qui soit parvenu jusqu’alors à exprimer par son visage, d’une douceur idéale : la compassion !

    John C. Reilly est touchant en colosse amoureux et maladroit.

    William H. Macy est étonnant et comme toujours irréprochable.

    Julianne Moore, border line et au bord de l’hystérie est sublime.

    Jason Robards (qui reste à jamais pour moi le « Chéyenne » d’ « Il était une fois dans l’Ouest ») impose sa présence magnétique alors qu’il est immobile et mourant durant tout le film…

    Aucun acteur de cette distribution de rêve n’est à négliger, ils sont tous à la fois touchants et intenses. Bravo !

    Ce film est un choc, et ce genre de secousse est aussi fréquent au cinéma qu’une pluie de grenouilles sur Los Angelès... mais :

    "ce sont des choses qui arrivent !"...