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paris

  • GRAND PRIX CINEMA "ELLE"

    Je sais, bande de petits curieux impatients, que vous ne vivez plus que dans l'attente du compte-rendu de mon week-end capitalesque. Voici comment tout a commencé !

    En juin j'ai trouvé une annonce dans le magazine Elle qui lançait un concours pour être jury du Premier Grand Prix Cinéma des lectrices de Elle ! Depuis 42 ans existe le prix des lectrices de Elle concernant la littérature et les spécialistes cinéma du magazine rêvaient depuis longtemps d'avoir elles aussi leur Grand Prix.

    Pour participer, il suffisait d'être cinéphile et de rédiger une critique d'un film particulièrement apprécié dans l'année. J'ai choisi "Incendies" de Denis Villeneuve et j'ai été sélectionnée. Joie.

    Les projections avaient lieu les 16, 17 et 18 septembre à Paris, Lyon et Nantes. Ne résidant dans aucune de ces villes, j'ai choisi Paris sâchant que ni les frais de voyage ni les frais d'hébergement ne seraient pris en charge. C'est donc en connaissance de cause que j'ai accepté d'y participer. Je pense que ce sera la dernière fois car ce week end m'a coûté cher compte tenu du fait que les différents cocktails, pauses goûters et autres "déjeûners"... ont fait que j'ai dû également prendre mes repas à ma charge. Vendredi les séances ont commencé à 18 h et se sont terminées à 23 h (pas de repas), samedi : projection de 10 h à 19 h 30 (repas le midi pris debout ou sur les genoux dans des assiettes et gobelets en plastique... rien prévu pour le soir), dimanche projection de 9 h 30 à 14 h 30 (un brunch vers 11 h consistant en minis pains au chocolat et croissants !!!). Je ne sais si j'étais la seule à venir d'un peu loin, toujours est-il qu'à aucun moment on ne s'est inquiété de le savoir. Ce qui m'a le plus surprise voire choquée c'est que lorsque j'ai demandé si lors de la remise du Grand Prix (qui aura lieu le 10 octobre) je pourrais venir accompagnée de mon chéri, il m'a été précisé : "ah vous venez de Nancy ? C'est courageux ! Vous allez revenir ?". J'en ai conclu hâtivement sans doute, que le fait que je sois là ou pas importait peu et que la soirée était facultative. Déception !

    Vous connaissez mon enthousiasme et ma passion dès lors qu'il s'agit de vivre puis de relater ce genre d'événements. J'aime y participer et j'aime vous les raconter, vous inonder de détails à mon retour, de photos floues aussi, vous parler de mes rencontres... Cette fois... pas de rencontre (l'handicapée de la communication que je suis a eu une fois de plus eu la confirmation que les groupes (nous étions 50 !) ne me convenaient pas et que j'étais infoutue de m'y intégrer), pas de photos non plus... si ce n'est celle-ci :

    toutes les projections avaient lieu au Gaumont Champs Elysées,

    gran

    la preuve :

    gran

    et ça c'est pour vous prouver que je suis une grande fille qui voyage en solitaire MÊME DE NUIT dans le métrokipu, mais nulle ne m'oblige à me taire ... :

    gran

    La partie stomacale étant réglée, j'en viens à la partie logistique. Le côté très pratique était que toutes les projections avaient lieu dans la même salle, très belle "toute tendue de damas rouge" comme aurait dit Victor Hugo. Par contre ce qui l'était beaucoup moins c'est que toutes les collations, pauses goûter, brunch et repas selon les critères qui m'échappent avaient également lieu dans le hall :

    Cela signifie que pour boire, manger ou discuter, nous étions soit debout, soit assise sur les "chauffeuses" que vous pouvez admirer ci-dessus, et étant donné leur rotondité... pour éventuellement parler à votre voisine de gauche il fallait tourner le dos à votre voisine de droite, et réciproquement. Par ailleurs, comme lors de tout buffet qui connaît ses spécialistes... nous étions 50, il y en avait donc environ 25 assises gentiment MAIS également 25 debouts devant la table rendue plus ou moins (in)accessible, et je n'avais pas mon Warrior ou Flo pour aller me chercher du ravitaillement.

    Pour en finir avec le côté négatif du séjour... moi qui ai plusieurs fois participé à des jurys de cinéma, j'aime particulièrement ce moment où il faut débattre et défendre son film et surtout entendre les autres qui ouvrent de nouvelles perspectives à des aspects qui parfois ont échappé. Cela donne toujours lieu à des échanges passionnés et passionnants. Rien de tel cette fois. Nous étions 50 réunies dans la même salle où nous avions visionné les films et un micro a circulé vers celles qui ont levé la main (ce que je n'ai pas fait) pour dire pourquoi elles avaient aimé ou pas tel ou tel film... En UNE HEURE, quelques unes (et les remarques m'ont TOUTES paru passionnantes que je sois d'accord ou pas) se sont ainsi exprimées... et je suis partie !

    Je ne sais ce que je m'étais imaginée !!! "Elle", des paillettes, du glamour, de la convivialité... je n'ai trouvé que froideur et manque de chaleur (paraphrase !). 

    Ceci étant dit. Je reviendrai au plus vite vous parler de la partie nettement plus agréable du séjour : les films !!! 8 films absolument différents voire opposés, dont 2 sublimes, 3 formidables que je reverrai... et 3 que j'ai trouvés moins bons mais dont je vous parlerai également.

    J'évoquerai aussi les rencontres et retrouvailles avec Fréd, Leo, Benoît, Sandra... ou pas...

    Non, c'est mon secret.

    A suivre...

  • Paris de Cédric Klapisch **

    Paris est la plus belle ville du monde, si si, et Klapisch donne envie d’y passer ses vacances, ce que je ferais volontiers tellement j’aime cette ville aussi, et tant il y a de choses et d’endroits à découvrir encore et encore. Paris c’est l’ombre et la lumière, les quartiers chics, les quartiers pauvres, les quartiers populaires et leurs marchés qui tentent de lui donner un air de village, les taxis qui râlent, les manifs qui embouteillent, les monuments qui s’illuminent quand la nuit tombe, les grands boulevards, les petites impasses pavées qui montent à la verticale, les terrasses bondées des cafés, les théâtres, le music-hall, le grand tralala, et Rungis... Paris c’est la pluie, puis le soleil, c’est la hâte et la flânerie, Paris brisé, Paris martyrisé… oups, pardon (tais-toi de Gaulle !)… Mais Paris, c’est aussi et c’est surtout des parisiens qui travaillent, qui s’aiment et se déchirent, qui se cherchent sans se trouver, se croisent sans se voir… Paris c’est plein de gens qui vivent en somme et c’est l’histoire de parisiens, de Paris ou d’ailleurs que Klapisch va nous faire partager le temps d’un film. La bande-annonce tourbillonnante, bouleversante, peuplée d’acteurs que j’aime m’avait placée dans une attente fébrile. Le résultat m’a vraiment fait vivre les montagnes russes, des sommets fulgurants et des dégringolades catastrophiques qui donnent au final un avis très mitigé et une déception très inattendue.

    Voici en gros, en vrac, à tort et à travers, les grands bonheurs et les grandes déceptions de ce film.

    Paris - Juliette Binoche et Romain Duris

    Pierre a tout pour lui, la jeunesse, la beauté, la vie devant lui. Il est danseur mais il est très malade. Son « cœur de Pierre » ne fonctionne plus. Il attend une transplantation dans son appartement haut perché (au-dessus d’un cimetière… là, tu pousses Cédric !) et observe les gens d’en bas et d’à côté qui s’agitent, qui ont la vie devant eux « putain ». Il met sa sœur au courant qu’il ne survivra peut-être pas : 40% de chance, ça fait 60% de risques… Elle s’installe chez lui avec ses trois enfants (pourquoi pas un, pourquoi pas 8… on sait pas) pour l’aider car même soulever une fourchette devient héroïque par moments. Du haut de son perchoir Pierre va donc observer ou inventer des vies à un historien chercheur et dépressif (Fabrice Lucchini qui nous offre les plus beaux, profonds, émouvants et drôles moments du film), un maraîcher amoureux (Albert Dupontel), un architecte trop normal (François Cluzet), une boulangère raciste et à la tête farcie de clichés (Karin Viard, dans son premier rôle de composition… enfin, j’espère !), une étudiante hésitante (Mélanie Laurent), un top-model sans cervelle (Audrey Marnay)… et d’autres encore qui gravitent pour trouver leur place, ou pas. Et ça fait trop, beaucoup trop, même si je comprends que multiplier les personnages c'était aussi multiplier toutes les possibilités, tous les destins auxquels s'identifier ou pas... Mais lorsqu’il se concentre sur la relation frère/sœur de Pierre et Elise ou celle frère/frère (Lucchini/Cluzet) de Roland et Philippe, là, Klapisch frappe très fort et très juste et offre à son film des sommets de tension, d’émotion et de vérité qu’on lui connaissait peu…

     

    Paris - Romain Duris et Juliette Binoche
    Paris - François Cluzet et Fabrice Luchini

    Mais commençons par le pire du pire, ce pour quoi je ne te pardonne pas Cédric, jusqu’à ce qu’on m’explique ET que je comprenne le pourquoi du comment de telles scènes qui tombent comme des veuchs sur la soupe. A un moment quatre tops models titubantes, bourrées des quatre fers après une soirée bien arrosée « ouais han, pourtant han, on avait bien dit han, qu’on boirait qu’une coupe han… hi hi hi hi hi hi hi !!! »… se rendent à Rungis comme on se rendrait au zoo pour voir des animaux exotiques. Là, les quatre sans cervelles observent en pouffant comme des sottes des hommes qui travaillent à l’heure où elles vont aller se coucher. Elles regardent médusées et l’une s’exclaffe « oh la la, ça se sont des mains de travailleurs !!! » ou encore « je fais mes courses par internet je ne savais pas qu’il y avait des endroits comme ça avec des vrais fruits et des vrais légumes !! » (et une tête avec un vrai cerveau dedans t’as déjà vu ???). Et comme les hommes ne sont que des hommes qui réfléchissent avec leur entrejambe (excusez l’empilement de clichés mais je n’invente rien !!!), ils emmènent les filles visiter les abattoirs car évidemment le rêve de la bourgeoise est de se faire sauter par un travailleur entre les carcasses de viandes à Rungis !!! Affligeant, consternant et plein de trucs en ant qui me font encore et toujours me poser la question : « comment des acteurs peuvent accepter ce genre de scènes ??? ». Fin de la parenthèse.

    Il y a encore plein de moments dans le film où l’attention baisse (les multiples scènes de marché… en fait la même répétée 10 fois… oui, je sais la vraie vie est faite de répétitions et d’instants monotones mais au cinéma une fois ça va… 10 fois…) mais passons plutôt au meilleur du meilleur et aux moments de pure magie qu’on doit surtout aux acteurs et à la merveilleuse direction d’acteurs qui va avec.

    Romain Duris est Pierre. Son réalisateur et ami (j’imagine puisqu’ils en sont à leur cinquième collaboration) est fou de lui et nous spectateurs, on est fous de Romain parce qu’il est magnifique. Qu’il danse, qu’il sourit, qu’il pleure, qu’il s’essouffle, qu’il s’énerve, on danse, sourit, pleure et s’essouffle avec lui. Comme toujours il ne joue pas, il incarne. Je trouve qu’il symbolise tout ce que j’aime chez un acteur : le naturel (même si parfois j’aime aussi le cabotinage, mais je n’en suis pas à une contradiction près). Jamais on a l’impression qu’il interprète, il EST, toujours entier, frais, vrai, à la fois physique et charnel, intense et profond, sombre et lumineux.

    La vie de Roland (Fabrice Lucchini) est autant mise en évidence que celle de Pierre qui est le « cœur » du film, sans doute parce qu’il est historien, spécialiste de Paris. Sa performance ici m’a littéralement sidérée, jamais je ne l’avais vu si touchant, si humain, pétri de contradictions, de délicatesse… d’humanité, je ne trouve pas d’autre mot. Evidemment, il nous fait aussi plusieurs grands numéros « à la Lucchini » qui donneront de l’urticaire à ceux qui ne l’aiment pas et raviront ses fans (dont je suis), mais il y a ici une dimension supplémentaire et si lors de ses one man shows, on a chaque fois envie que la scène ne s’arrête jamais (sa danse tordante devant une Mélanie Laurent hilare en est une), il est aussi époustouflant lorsqu’il a un autre être humain en face de lui. A ce titre, la scène chez le psy devrait s’inscrire dans les scènes d’anthologie. Face au psy (génial Maurice Bénichou), il nous la joue d’abord à la Lucchini « j’suis z’un pragmatique moâ ! », jusqu’à ce que le psy l’amène à faire une révélation, LA révélation… et là, on hésite (comme le psy) entre éclater de rire ou en sanglots. Bravo. Les scènes qui l'opposent ou le le rapprochent de son "frère" François Cluzet sont elles aussi empreintes de tension et d'émotion vraiment réalistes et troublantes. Chacune des apparitions de Lucchini est un enchantement car si on le voit en histrion cabotin et facétieux, il y a aussi toute une part d’ombre qui apparaît, une authentique fragilité palpable à l’écran. Un bel acteur et je rêve toujours pour lui du premier rôle à la hauteur de sa dé-mesure.

    Paris - Fabrice Luchini

    Alors pour Fabrice, Romain, Juliette… et Paris : OUI !

    ET PUIS N’OUBLIEZ SURTOUT PAS LA MERVEILLE CI-DESSOUS A VOIR AVEC VOS ENFANTS (OU SANS !).

    www.sansebastianfestival.com