Ulzhan de Volker Schlöndorff °
Charles a le cœur dévoré de chagrin. Sur une photo qui ne le quitte pas : une femme et deux enfants manifestement disparus… Nous apprendrons plus tard que oui, ils le sont, disparus. Pour noyer ce chagrin et s’oublier lui-même Charles boit des litres de vodka, abandonne papiers, voiture et portable sur le bord d’une route oubliée du Kazakhstan et part à pied into the wild…
En route il va croiser Ulzhan, institutrice qui enseigne le français à de petits kazakes hilares. Ulzhan est une très jolie jeune fille évidemment aux cheveux savamment enroulés dans un crayon et qui va tout abandonner sur un battement de cils pour suivre Charles qui ne cessera de la repousser. Autre rencontre celle de Shakuni, clodo itinérant « marchand de mots »… En plein cœur des steppes de l’Asie Centrale et compte tenu de l’opulence manifeste de ses habitants, dépenser son argent à acheter des mots semble tout à fait vraisemblable. Le plaisir impatient que j’avais à retrouver plus de trente ans après Heinz Bennent (Oscar le Tambour, souvenez-vous) a été totalement gâché par sa prestation turbulente au-delà du ridicule et du supportable. Il est vrai que tous les « Raymond la Science » de la terre m’ont toujours paru ronflant, gonflant, gavant… Les divagations effleurées sur les goulags et les essais nucléaires dans la « région » (comme ils disent dans le poste) n’arrangent et n’apportent rien à l’affaire. Autant dire qu’on ne croit pas une seconde à ces rencontres providentielles pas plus qu’à cet amour et à cette amitié prétendument salutaires. L’aspect contemplatif de l’histoire échappe totalement, malgré l’application de Philippe Torreton à porter la misère du monde sur ses larges épaules, tant les dialogues sont niais « Pourquoi êtes-vous institutrice Ulzhan ? », « Quel est ton secret Charles ? », et les situations artificielles. Au bout d’un moment la musique pseudo ethnique de l’incontournable Bruno Coulais, la beauté époustouflante des paysages tantôt ravagés tantôt à couper de souffle de magie finissent par ne plus suffire à remplir le vide et l'invraisemblance, ont raison de la patience tandis qu’un ennui et un désintérêt incommensurables se sont installés, définitivement.