W. d’Oliver Stone *
Qui peut encore s’intéresser à George W. Bush aujourd’hui ? Si son passage sur terre et à la tête de la présidence des Etats-Unis pendant 8 ans n’avaient causé autant de « dégâts collatéraux », on pourrait presque rire du personnage, voire le prendre en pitié. Mais ni l’un ni l’autre ne sont possibles car W est un con. Oliver Stone nous le démontre pendant deux heures et on se demande quand même un peu comment les tazuniens ont pu l’élire deux fois. Cela dit, étant donné ce qu’ils ont fait avant-hier, on leur pardonne
et puis, nous autres francofrançais sommes mal placés pour donner des cours d’élection à quiconque (suivez mon regard…). Depuis 13 ans, après chaque présidentielle je me terre pendant 48 heures pour pleurer et j’aimerais bien connaître un jour un « 4 novembre » comme là-bas où tout le monde sortirait dans la rue pour mégateufer.
Mais revenons-en à W avant qu’il ne disparaisse. W ou Junior comme vous voulez est un con, un benêt intégral qui n’avait pas du tout envie de faire président mais d’être aimé par son papou. Mais pour avoir l'honneur de plaire à Bush Senior (l’acteur James Cromwell CRISPANT !!) il faut être meilleur en tout. Sauf que W, c’est pas qu’il soit bon à rien, c’est qu’il est justement mauvais en tout. TOUT ce qu’il entreprend, il le rate… sauf une séance de bizutage dans une grande école. Et tout ce qu’il réussit, il ne le réussit que par piston, ses entrées dans les grandes écoles, ses réussites aux concours. Tout, je vous dis. Même joueur de base-ball, il ne sait pas faire. Ce qu’il aime c’est porter des santiags, un chapeau de cow-boy blanc, ce qui séduira Laura (la future Madame Bush, une pintade stupide qui l’aime son cow-boy à stetson), manger des bretzels en caressant un chien affreux, courir cinq kilomètres par jour sinon il déprime devant son miroir en comptant ses rides, faire des conseils de ministres en pleine nature en faisant marcher tout le monde cadence 22 (même Condoleezza en talons aiguilles quasi muette et même pas décorative pendant tout le film, l’actrice Thandie Newton ridiculement emperruquée), il tutoie tout son entourage même les plus hauts placés et les affuble de surnoms de bisounours, et surtout boire des coups, car Dabeuliou est un alcoolique depuis tout petit... On ne sait pourtant ce qui est le plus terrifiant, le fait qu'il soit alcoolique ou qu'il soit un cul béni persuadé qu'il a entendu Dieu en personne lui parler et le guider dans sa mission, qu'il impose une prière à chaque fin de réunion...
Mais aussi et surtout W est un petit garçon irresponsable, bête comme ses pieds et sans envergure qui n’aurait peut-être pas fait de mal à une mouche s’il n’avait été entouré d’une bande de tarés manipulateurs et belliqueux. En tête Dick Cheney (Richard Dreyfus, très impressionnant), grand malade haineux…
En résumé, Oliver Stone nous balance une psychanalyse de comptoir avec oedipe pas résolu, ce qui semble un peu court. Un Michaël Moore aux manettes aurait sans doute été plus convaincant. De plus, quand le réalisateur suit à la trace son personnage surexcité, hyperactif, sa caméra saute, court et rebondit tout autant, ce qui est épuisant pour les yeux et l’estomac.
Il restera donc dans tout cet empilement de scènes la certitude que W est un pauvre type, et surtout que Josh Brolin est un grand acteur (et Richard Dreyfus aussi).
Mais Oliver Stone est fatigué.