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Sur la Route du Cinéma - Page 283

  • HAPPINESS THERAPY de David O'Russell **

    Happiness Therapy : affiche

    Qu'est-ce qui différencie cette comédie sentimentale américaine de toutes les autres ? Simplement le fait que les deux tourtereaux qui sont les seuls à ne pas savoir qu'ils seront ensemble avant la fin de la dernière bobine, sont deux dépressifs maousses ! Pat sort, aidé par sa mère et contre avis médical, de huit mois d'hôpital psychiatrique. Il a une injonction de ne pas approcher sa femme et le lycée où il était enseignant sous peine de retourner direct chez les barjots. Pat a surpris sa femme sous la douche avec un collègue, ça l'a rendu fou de rage et il a démolli le portrait de l'inconséquent. C'est alors qu'il a été déclaré "bi-polaire non diagnostiqué". Cela signifie qu'il avait déjà une fâcheuse tendance aux sautes d'humeur avant ce déplorable passage à l'acte ! Ayant tout perdu, femme, logement et travail, il est contraint de retourner vivre chez ses parents. Entre sa maman qui le couve et son papa sujet aux tocs et très superstitieux, il aura fort à faire puisque son obsession est par ailleurs de renouer avec sa femme dont il est (seul) persuadé qu'elle est toujours amoureuse de lui. Mais lors d'un repas chez son meilleur ami, il rencontre Tiffany, jeune veuve maniaco-dépressive qui sort d'une période de nymphomanie active !

    En hésitant constamment entre la farce (Pat/Bradley court avec un sac poubelle sur lui et sursaute chaque fois que Tiffany/Jennifer entre dans le champ par exemple) et le drame (les rapports avec les parents, leur culpabilité face au "mal" dont souffre leur fils), le réalisateur nous laisse aussi dans un entre-deux peu convaincant. Et au final, ce film est mignon et joli comme toute rom-com avec deux acteurs craquants, adorables et vraiment très très plaisants à admirer. D'autant que Tiffany met entre les mains de Pat un marché/chantage : elle remettra une lettre à son ex s'il consent en échange à être son partenaire lors d'un concours de danse auquel elle tient beaucoup. Cela donne lieu à des scènes de répétitions et un final dansé qui nous démontrent que Brad et Jenn' ont pris des cours de danse et sont très jolis à regarder.

    Cela dit cette façon de traiter de la dépression est bien étrange. D'abord Pat et Tiff' pètent la santé. Evidemment Pat court avec un sac poubelle sur le dos et porte fréquemment des t-shirts immondes de l'équipe de foot locale, mais c'est pour faire plaisir à son papa. Quant à Tiff', elle est toujours tirée à quatre épingles et décorée comme pour un réveillon. Pourquoi Bradley Cooper, supposé être prof d'histoire semble t'il avoir perdu toute culture et être redevenu un petit garçon incapable de contrôler la moindre émotion ? Par ailleurs j'ai eu un peu de mal à croire au personnage de Jennifer Lawrence. Sans remettre en cause son talent (cette fille toute jeunette a déjà tenu tout un film sur ses épaules), ça saute aux yeux qu'elle a 20 ans et en paraît 15. Difficile donc d'imaginer qu'elle ait eu le temps de se marier pendant trois ans, d'être veuve, de faire une dépressoin et d'être nympho au point que seul le train ne lui soit pas passé dessus. Cette réserve mise à part, elle est magnifique et met toute son énergie à sortir Brad/Pat de sa torpeur. Bradley a toujours un physique très très facile, et un regard à tomber. En grand garçon tout perdu, il est même vraiment touchant et sort complètement de son very bad trip. Et Robert De Niro fait lui aussi une belle prestation décalée, émouvante et sobre.

    Par contre je vous parle pas du boulet meilleur ami et de sa femme : deux caricatures d'êtres humains qui risqueraient de me faire dire des choses désagréables sur les personnages et les acteurs, et je n'ai pas envie. Il y a déjà une autre personne qui me fout les nerfs en ce moment, mais ça, c'est une autre histoire...

    Un gentil film donc, plein de hapiness,

    mais de dépression et de thérapie : point.

  • 7 PSYCHOPATHES de Martin McDonagh ***

    Marty est scénariste à Hollywood mais sèche complètement devant sa page blanche. Pour son prochain scénario il n'a que le titre : 7 psychopathes mais pas la moindre idée de comment commence ou finit l'histoire. Billy son meilleur ami est un barjot qui se rêve acteur mais démolit le portrait des réalisateurs qui ne l'engagent pas. Pour arrondir ses fins de mois, ce fêlé des pâtes a organisé avec un ancien tueur à la retraite un trafic de chiens. Ils les kidnappent et les ramènent à leurs maîtres pour toucher la récompense. Sans mettre ce lucratif passe-temps entre parenthèses, Billy se propose d'aider Marty à retrouver l'inspiration. Il passe une annonce dans un journal dans laquelle il demande à de véritables psychopathes de se manifester. En rencontrant des serial-killers, Marty sera forcé, c'est évident, de faire travailler son imagination. C'est donc ainsi que Marty et Billy vont être confrontés à un gangster sadique dont le chien adoré a disparu, à un serial-killer de serial-killers masqué, à un tueur amoureux et quelques autres tarés bien allumés ! Jusqu'au règlement de comptes final qui doit obligatoirement s'achever dans un bain de sang.

    Tout aussi barré mais forcément moins surprenant que le formidable Bons baisers de Bruges, ce film ne mérite pas ses 3 ***, mais 2 ** ne seraient pas suffisantes. Malgré une loufoquerie, un humour très noir et des situations abracadabrantes totalement improbables, il faut bien reconnaître que le scénario un poil mou, répétitif et paresseux recycle en boucle la bonne idée du départ. La toute première scène est un hommage appuyé mais réjouissant à Tarantino. Hélas toutes les saynètes qui suivront ne seront pas de ce niveau. Le réalisateur semble se reposer entièrement (et il n'a finalement pas complètement tort) sur l'atout imparable du film : son casting de luxe. Et le trio de tête mérite à lui seul de faire le déplacement.

    Marty/Colin Farrell, scénariste irlandais alcoolique en panne sèche d'inspiration est vraiment impayable lorsqu'il prend des notes, écrit trois mots puis en rayent deux. Et ses sourcils mobiles et indépendants l'un de l'autre sont une attraction. On sent bien que ses relations avec Billy/Sam Rockwell, toujours très à l'aise dès qu'il s'agit de faire le mariol et totalement siphonné, vont conduire à la catastrophe. Ces deux là sont parfaits pour jouer les abrutis rapidement dépassés par des événements trop grands pour eux.

    Christopher Walken (adepte comme Clint du pantalon taille hyper haute porté directement sous les aisselles) n'a toujours rien perdu de sa superbe, même si ici, à de nombreuses reprises il se fait appeler sans broncher "le vieux" :-( Son regard transperce toujours l'écran. On ne sait jamais s'il va afficher le plus craquant sourire ou faire déferler sa colère. Son visage est magnétique et sa démarche de danseur chaloupée. Il réussit la performance d'être émouvant dans un film qui n'a pas la prétention de l'être. Et puis encore, il a une tirade unique au monde dans laquelle il défend les femmes au cinéma et encourage son pote scénariste (et tous les scénaristes) à leur écrire des rôles qui soient autre chose que des faire-valoir de leurs homologues masculins. "Je connais des tas de femmes qui savent faire des phrases correctes de plus deux mots" dit-il, ou quelque chose d'approchant. 

    Aaaaaaaaaaaaaaah ! Christopher ! What a fucking legend !

  • LINCOLN de Steven Spielberg **

    Les 4 derniers mois de la vie d'Abraham Lincoln, 16ème Président des Etats-Unis et premier à avoir été assassiné. En 1865, il vient d'être réélu pour un second mandat. Il est confronté à la guerre de Sécession qui fait rage et déchire le pays depuis 4 ans et à laquelle il veut mettre un terme. Le Nord abolitionniste s'oppose au Sud conservateur notamment sur la question de l'esclavage des noirs. Lincoln va mettre toute son énergie et sa détermination pour faire accepter le XIIIème Amendement de la Consitution des Etats-Unis d'Amérique, abolir et interdir l'esclavage et toute servitude involontaire.

    Pour cette noble et légitime cause, Lincoln va faire preuve d'un courage et d'une fermeté sans faille. Il ira jusqu'à faire du porte à porte pour recueillir les dernières voix qui manquent et il semble que l'amendement ait été adopté avec une majorité de seulement deux votes ! Difficile d'entretenir un quelconque suspens avec un événement dont on connaît l'issue et à ce titre la scène du décompte des voix est assez ridicule. La musique de John Williams s'enfle jusqu'à l'explosion comme si le moindre doute subsistait. Spielberg sait-il que nous sommes en 2013 et qu'on sait que l'esclavage est aboli ?

    Néanmoins, ce film est parfait. Oui, parfait. Mais trop. Trop de tout. Trop long. Trop didactique. Trop répétitif. Les mêmes scènes se renouvellent tout au long de deux heures trente interminables où toute une ribambelle de personnages, de noms nous sont imposés sans qu'on comprenne toujours qui est qui et qui fait quoi. A ce titre Tommy Lee Jones (bravo pour la moumoute, il peut remercier le perruquier, c'est un marrant !) dans le rôle de Thaddeus Stevens (jamais entendu parler !) est très représentatif. Au début on est absolument persuadés qu'il est un opposant à Lincoln et ses aberrantes idées progessistes. Or, on découvre un peu plus tard qu'il est un ardent défenseur de l'abolition de l'esclavage à laquelle il travaille depuis trente ans ! Il faut dire que les nombreux dialogues et tirades ampoulées, pompeuses et théâtrales mériteraient la plupart du temps d'être réécoutées une seconde fois pour en saisir toute la finesse, ou au moins le sens. Car Lincoln est un film bavard, très très bavard. Et Lincoln le personnage est un homme bavard. Tout comme ses collaborateurs, on finit par se lasser de ses petites histoires métaphoriques et tortueuses dont il a le secret. Lincoln est incapable d'appeler un chat, un chat. Pour lui c'est un Felis silvestris catus, un mammifère carnivore de la famille des félidés. Et c'est fatigant tout ce verbiage grandiloquent souvent injustifié.

    Oui ce film est fatigant. Et très laid aussi. En 1865, il n'y avait pas l'électricité. Tout se passe donc dans une semi-obscurité, dans des teintes grisouilles et verdâtres donnant à l'ensemble une image très moche, boueuse, craspec comme la sale guerre qui fait rage. Il n'y avait pas le chauffage central non plus et on se les caille menu à la Maison Blanche.

    Lincoln est un type bien, un grand Président, un orateur hors pair, un stratège exceptionnel. Il était aimé, adulté, respecté. Mais Spielberg en fait un saint, une icône figée dans un seul et unique combat qui l'épuisera. Le général Grant, fin psychologue, lui dira d'ailleurs "je vous ai vu l'année dernière, vous avez pris dix ans". Il est vrai que Lincoln a une cinquantaine d'années et ressemble à un vieillard. Il faut dire que sa vie privée est pour le moins tumultueuse aussi et qu'il doit gérer son instable, cyclothymique et autoritaire femme Mary, inconsolable depuis la mort d'un de leur fils et se bagarrer pour que Robert leur fils aîné ne s'engage pas dans l'armée.

    Lincoln est donc un film qui se regarde être LE film politique ultime mais dont on sort en se disant "sitôt vu, sitôt oublié" avec néanmoins (je ne suis pas à une contradiction près) l'envie d'en savoir plus sur ce personnage, sa vie, son oeuvre ! Et puis il y a Daniel Day Lewis, acteur sublime dont chaque rôle est toujours un événement d'autant plus estimable qu'il est rare. L'humour, la douceur, l'humanité, l'intelligence, la fermeté de son personnage déferlent sur l'écran avec une évidence, il EST Lincoln. Pourquoi a t'il fallu qu'on lui ajoute numériquement des échasses pour le faire paraître immense (Lincoln atteignait presque les deux mètres), ses jambes ressemblent  du coup à deux bâtons et lui mettre une tonne de farine sur le visage pour le faire paraître fatigué ?

    Lincoln est un film bizarre, prétentieux, fatigant, à la fois trop grand et comme s'il n'était que le brouillon de ce qu'il aurait dû être.

    Pfiou, je vais dormir un peu...

  • ARRÊTEZ-MOI de Jean-Paul Lilienfeld

    je peux vous faire gagner 5 X 2 places pour ce film grâce à RezoFilms, Flo et Fanny de Cinéfriends.

    Synopsis : Un soir, une femme se rend dans un commissariat pour confesser le meurtre de son mari violent, commis il y a plusieurs années. Seulement plus la policière de permanence interroge cette femme, plus elle connait sa vie, moins elle a envie de l’arrêter. Pourquoi cette femme que personne ne soupçonnait veut-elle absolument être reconnue coupable ? Pourquoi cette policière ne veut-elle absolument pas l’arrêter ? L’une des deux gagnera. Mais que veut dire gagner dans ce genre de circonstances ?

    Répondez à une de ces questions et c'est gagné :

    1) De quel roman est adapté ce film ?

    Lois de la gravité (Les). - Jean Teulé. Trouvé par crotte.

    2) Terminez cette phrase : "Moi je dis que vous avez réussi..."

    "...le crime parfait" trouvé par Ed.

    3) Quel est le thème principal du film ?

    La violence conjugale, trouvé par Aifelle.

    4) Quel autre film de Jean-Paul Lilienfeld a remporté un grand succès de télévision ?

    La journée de la jupe. Trouvé par Carole.

    5) Terminez cette phrase : "ben c'était pas vrai, c'est moi..."

    "..je l'ai poussé du huitième étage" trouvé par Martin K.

  • ULTIMO ELVIS de Armando Bo ***

    Ultimo Elvis : affiche

    Carlos Gutiérrez n'est pas un homme comme les autres. Le jour il est ouvrier, le soir il se transforme en Elvis et travaille pour le compte d'une agence de sosies. Il endosse le costume à paillettes du crooner/rocker, celui de Las Vegas et assure l'animation de mariages ou soirées. Être Elvis est plus qu'un passe-temps, c'est une mission, un ordre, une vocation, un sacerdoce. Carlos (qui ressemble autant à Elvis que moi à Susan Sarandon) est persuadé d'ÊTRE la star au point de se faire appeler Elvis, d'écouter et de regarder ses concerts et ses interviews en boucle et de se nourrir exclusivement de tartines/bananes/beurre de cacahuètes pour grossir autant que le King. Sa vie privée est un ratage total. Sa femme l'a quitté et il voit peu sa fille Lisa Marie (tiens donc !). Elles ont un peu honte de lui, ne le comprennent pas. Mais Carlos a un but dont il ne parle pas. Un accident va le forcer à devoir s'occuper seul de sa petite fille pendant un temps. Il ne renonce pas pour autant à son grand projet car son leitmotiv est qu'il ne faut jamais abdiquer et réaliser ses rêves coûte que coûte.

    Cette histoire est d'une tristesse sans nom voire perturbante par certains côtés, tant l'idée fixe de Carlos frôle parfois la folie. Carlos a manifestement perdu le sens de toute réalité et ne tient debout que par son obsession dont rien ne peut le détourner. Malgré le physique pour le moins ingrat de son interprète, on ne peut que tomber sous le charme de John McInerny, colosse solitaire obsessionnel et pathétique qui a hérité comme don du ciel d'une voix d'ange. Lorsqu'il endort sa fille au son des ballades les plus douces d'Elvis, c'est un véritable enchantement. Chaque fois qu'il endosse le costume du King, c'est de toute façon un émerveillement pour les oreilles.

    Suivre John McInerny pendant une heure trente est une épreuve et un bonheur. Toute cette tristesse, ce désespoir laissent KO mais on ressort accompagné par Elvis et ça réchauffe...

  • RUE MANDAR de Idit Cebula **

    Rue Mandar : affiche

    Charles, Rosemonde et Emma se retrouvent pour assister aux funérailles de leur maman. La fratrie a des liens distendus et la vente de l'appartement familial du 13 rue Mandar à Paris sera l'occasion de révéler les non-dits, les rancoeurs mais aussi les tendres souvenirs.

    Comme pour certains romans, les réalisateurs ont parfois envie de raconter leur expérience personnelle de la famille. En général la "disparition" des parents est déterminante pour la survie d'une famille car c'est le premier jour du reste de la vie. Celui où les enfants même grands, même adultes, deviennent orphelins, sans plus personne sur qui se reposer ou faire peser le poids de leurs échecs, de leurs erreurs, de leurs hésitations ou de leurs réussites. La famille c'est ce grand barnum imposé où des personnes sans affinités particulières, n'ont parfois d'autres liens que ceux du sang et sont parfois obligées de cohabiter. Et même provisoirement, cela peut être l'enfer. Idit Cebula choisit de repeindre les murs de sa vie en rose bonbon. En une heure trente tout est résolu, les discordes, les critiques, les rancoeurs. Il y a toujours celui ou celle qui assure avoir plus de chagrin, celui ou celle qui s'est le plus occupé des parents alors que d'autres ont "fait leur vie", celui ou celle qui était le ou la préféré(e). Et c'est vrai, il y a tout cela dans une famille, et plus encore car ici la famille est juive et tout semble amplifié, plus démonstratif, plus exubérant. Et c'est sans doute ce qui fait le charme de ce gentil film où l'on rit pas mal.

    La réalisatrice n'élude pas le chagrin, et l'on sent bien qu'elle a vécu le drame de devoir vider la maison de ses parents. Le moment où l'on doit trier, éliminer, donner, garder devient celui où tout devient vital. Plonger le nez dans les vêtements, retrouver des saveurs, des senteurs, des moments oubliés, s'immerger une dernière fois dans l'enfance...

    Si Edit Cebula néglige un peu les conjoints réduits à de pauvres pantins compréhensifs que l'on écarte, les deux soeurs et le frère rivalisent de charme et de drôlerie. Il faut dire que Sandrine Kiberlain, grande bringue libre, bordélique, partie trouver ses racines en Israël, Emmanuelle Devos psychanalyste submergée par ses émotions et le départ de son fils du foyer et Richard Berry, grand frère qui retient son chagrin en se montrant agressif savent à la perfection alterner les instants comiques et ceux plus dramatiques de leurs personnages. 

  • LE QUESTIONNAIRE DU MIROIR

    J'ai été "taggée" (on dit bien comme ça ?) par la chasseuse, qui elle-même a répondu à l'invite de Ludovic, tenancier du blog Cinématique. A mon tour donc de me pencher sur ce challenge bigrement difficile : "répondre à des questions cinématographiques... consacrées à l'un des sujets favoris du cinéma (et du cinéphile) : lui-même. Identification et dédoublement, enchâssements et reflets, hommages et copies, mise en abyme ou simple micro dans le champ, voici donc le questionnaire du Miroir !"

    1. Avez-vous déjà accroché chez vous une affiche de film ?

    Celle-ci m'a suivie dès 1978 jusqu'à ce qu'à force de déménagements, de décollages et de recollages, elle tombe en lambeaux. Je dois par ailleurs à Ariane Mnouchkine de m'avoir permis de connaître Philippe Caubère et de ne rater aucun de ses spectacles dans la mesure où le sieur daigne quitter ses oliviers...

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    2. Quelle(s) affiche(s), placardée(s) à l’intérieur d’un film, préférez-vous ?
    Gilda dans Mullholand Drive. Mise en abyme...
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    3. Avez-vous une salle de cinéma régulière ?
    Forcément, n'étant pas parisienne, je n'ai guère le choix mais j'avoue que j'aime particulièrement MON vieux

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    du Centre Ville, mais je ne renie pas MON UGC et son grand parking...

    plus de 10 kms pour me rendre en salle quand même !!!

     
    4. Quelle salle de cinéma, présente dans un film, préférez-vous ?
    And the dream comes true...

     

    5. Avez-vous un souvenir marquant dans une salle de cinéma, n’ayant pas de rapport avec le film projeté ?

    Il m'arrive régulièrement de devoir rappeler aux mal embouchés que si un film ne leur plaît pas, c'est leur droit le plus strict de sortir de la salle !
     
    6. Avez-vous déjà assisté à un tournage ?
    Oui. J'ai tout raconté ICI.

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    7. Qu’avez-vous filmé dont vous soyez le plus satisfait ?
    Rien. Je ne fais que des vidéos du Warrior ou d'une Poupée...
     
    8. Avez-vous une anecdote véridique à nous conter, vous mettant en scène avec une personnalité du cinéma ?
    Mis en scène n'est pas le mot... mais j'ai quand même failli épouser fait rire Jean Marais... ou je l'ai rêvé !
     
    9. Quelle personnalité du cinéma aimeriez-vous rencontrer pour nourrir une telle anecdote ?
    Trop tard. Je crois que l'acteur/réalisateur que j'aime le plus depuis toujours est :
    paul newman
     
    10. Quel est le personnage cinématographique le plus proche de ce que vous êtes, ou de ce que vous avez été ?
    Mon biopic n'a pas encore été rédigé, mais je dirai que le personnage qui m'a le plus marquée, le plus bouleversée, que j'ai le plus compris, dont je me suis imprégnée telle une éponge est celui de Kirsten Dunst dans Melancholia, MA PALME D'or 2011. Et ce visage ravagé aurait pu être MA réponse à la question 13, mais "on" m'aurait taxée de plagiat :

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    11. Avez-vous une quelconque ressemblance physique avec une actrice ou un acteur ?

    Plusieurs personnes ne s'étant pas concertées m'ont déjà dit que je ressemblais à Susan Sarandon. J'ai honte de le dire car vous allez vous moquer. Franchement, j'adorerais... mais je n'ai jamais vu en quoi. Peut-être nos grands yeux étonnés par le vaste monde ?

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    12. Apparaissez-vous réellement dans un film ?
    Il y a bien bien longtemps, j'ai participé à UNE scène d'un film qui se tournait près de chez moi à Maubeuge... Oui je sais, silence ! Ils avaient besoin d'une fille de 18 ans qui avait le permis. Un cauchemar. Etant donné que mon paternel qui n'avait pas les pieds plats et ne me prêtait pas sa voiture chérie, j'avais le permis mais je ne conduisais jamais... Donc, on a dû refaire la scène au moins cinq fois. Je devais à peu près rouler sur 100 mètres et j'ai calé plusieurs fois. L'équipe était allemande et je ne comprenais pas bien ce qui se disait mais je crois qu'ils n'étaient pas enchantés de ma prestation. J'ai touché 50 francs ! Je suis partie sans demander de quel film il s'agissait... Wim si tu me lis ?
     
    13. Quel regard-caméra vous a le plus touché ?
    Je triche mais tant pis...

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    14. Quelle séquence en caméra subjective vous a le plus marqué ? 

     
    15. Existe-t-il un remake que vous appréciez ?
    Les Infiltrés de Martin Scorsese remake génial du non moins génial Infernal Affairs de Andrew Lau et Alan Mak 

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    16. Un que vous détestez ?
    Le bêta Temps d'un week end, soi disant remake du sublime Parfum de femme. Vittorio cte bombasse EST aveugle, AL JOUE à l'aveugle. Tu la sens la grosse différence ?

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    17. Quelle est votre image ou séquence favorite parmi celles faisant allusion, au sein d’un film, à un autre film ?
    Dans Heavenly Creatures de Peter Jackson, les deux "créatures" viennent d'aller voir Le Troisième Homme (chef d'oeuvre) de Carol Reed au cinéma et s'imaginent poursuivies par Orson Welles. Je suis un peu comme ça parfois... je continue de vivre le film dans la vraie vie... Et j'adore ces deux films en plus !

     

     

    18. Citez votre scène préférée parmi celles utilisant un miroir ?

    Fuck the fucking fuck...

     

    19. Avez-vous le souvenir d’une apparition involontaire de l’équipe de tournage à l’image ?

    Non. Il m'arrive d'apercevoir un micro malencontreux... mais une équipe entière !!! Non.

     

    20. Quelle est votre préférence parmi les actrices/acteurs ayant joué plusieurs rôles dans le même film ?

    Sans hésitation. Charlie Chaplin, à la fois Hynkel Adénoïde et le barbier juif dans Le Dictateur. Quelles prestations !

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    21. Quel est pour vous l’interprète idéal d’un personnage décliné par plusieurs films ?

    James Bond c'est : Sean Connery, Georges Lazenby, Roger Moore, Timothy Dalton, Pierce Brosnan, LUI

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    22. Parmi les cinéastes ayant fait l’acteur chez les autres, qui mérite d’être retenu ?

    François Truffaut chez Spielberg Rencontres du troisième type, aaaaaaah, sa voix quand il explique à Richard Dreyfus...

     
    23. Quelle apparition d’un réalisateur dans son propre film vous semble la plus mémorable ?

    Quand j''étais jeune c'était un véritable jeu de trouver Hitchcock apparaissant dans ses films. Ce qui n'était pas toujours évident. Aujourd'hui, n'importe quel réalisateur apparaît dans un de ses films sans que je sois prévenue et je m'exclame : "oh Quentin !!! Oh Peter !!!" J'adore ce jeu.

     
    24. Quel est à vos yeux le plus grand film sur le cinéma ?
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    Synopsis : Pour sauver de la faillite la vieille entreprise familiale de restauration de monuments, Andrea et Nicola partent faire fortune aux Amériques. Plein d'enthousiasme, les deux frères déchantent vite et connaissent rapidement la vie harassante des saisonniers. Pourtant, un jour la chance apparaît sous la forme d'un train chargé d'Italiens. Andrea et Nicola filent ainsi à San Francisco où se prépare l'exposition universelle de 1914. Ils vont rencontrer le célèbre D.W. Griffith qui va les engager pour la construction du décor de son prochain film.

     

    Je n'ai jamais revu ce film de Paolo et Vittorio Taviani qui date de 1987 mais je me souviens dans quel état j'étais en sortant : éblouie ! Et puis je suis tombée amoureuse de Charles Dance dans le rôle de D.W. Griffith et en général à ce moment là mon Jules dit : "de qui t'es pas tombée amoureuse ?", et je réponds : "de Gérard Butler (pas Rhett, Gérard), Sam Whortington, Jason Statham, Jeremy Renner, Ashton Kutcher, Russel Brand...".
    Merci de cliquer sur les noms, j'ai pris beaucoup de soin à choisir les photos pour l'air particulièrement inspiré et expressif des sus-nommés.
  • AUJOURD'HUI de Alain Gomis ***

    Aujourd'hui : affiche

    Satché va mourir aujourd'hui. Il doit mourir. Les esprits sont venus le prévenir, ils viendront le chercher et il sait que ce soir il sera mort. Le premier moment de stupeur passé, Satché sort de sa chambre hébêté, abasourdi et découvre toute sa famille et ses amis réunis. Son père est triste mais fier de cet honneur. Son fils est un peu comme l'élu aujourd'hui. Sa mère est effondrée mais lui murmure "n'aie pas peur mon fils, n'aie pas peur". S'ensuit une étrange cérémonie autour de Satché, muet, à la fois troublé, satisfait puis déconcerté. Car les éloges font place aux reproches et Satché quitte la maison pour un dernier tour. Tout son quartier l'escorte en fanfare et lui offre des cadeaux, jusqu'à la lisière de la ville où il s'éloigne accompagné de son meilleur ami. Il va rendre visite pour un dernier adieu pas forcément chaleureux, à sa maîtresse, ses amis, à un vieux sage qui se chargera de sa "toilette"...

    Avant toute chose, ne pas chercher d'explication, la mort de Satché est inéluctable. Point. C'est le périple pour y mener qui est fascinant. Saul Williams n'est pas acteur, c'est un rappeur. Je ne le connaissais pas. Mais son beau visage est inoubliable et étant donné sa spécialité, il doit être un tchatcheur de première. Sa prestation est d'autant plus louable qu'il est ici pratiquement muet. Il encaisse tout. Les éloges avec un pudique sourire, les reproches avec un étonnement attendrissant.
    Et il traverse cette ville grouillante, agitée, fourmillante qu'est Dakkar, comme on traverse une vie. ( Et quel bonheur de voir une ville d'Afrique où des filles sexys, modernes, aguicheuses se promènent en ville en toute liberté !)
    Satché passe par toutes les émotions qu'on éprouve dans une vie. La plus spectaculaire étant pour moi celle où, brusquement pénétré par la peur ou l'angoisse ou l'appréhension de mourir... ses jambes ne le portent plus. J'ai vu ce film il y a plus d'une semaine... j'ai encore devant les yeux l'image de cet homme dans la foule dont les genoux fléchissent jusqu'à le faire défaillir. Très fort.

    La force des images, de l'agitation (Dakkar est en pleine mutation), l'idée que cet homme jeune va mourir, l'émotion que cela suscite, n'empêchent pas le réalisateur de nous proposer une scène burlesque, absurde. Satché se rend en retard à la cérémonie organisée en son honneur à la Mairie. Tous les invités sont partis. Il ne reste que les dignitaires embarrasés par cet invité improbable dont ils ne savent que faire ! Pathétique et tordant.

    A l'issue de ce périple, Satché rentre chez lui. Sa femme le repousse, évidemment elle sait que son homme n'était pas fidèle. Ses enfants l'ignorent d'abord. Et puis tout s'apaise. Satché joue avec ses enfants pour la dernière fois. Il profite pour la dernière fois d'une conversation (qu'on n'entendra pas) sur la terrasse avec sa femme soudain plus douce. Et c'est sereinement, tranquillement qu'il va se coucher.
    Et c'est beau.